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Cuivre

Le cuivre est l'élément chimique de numéro atomique 29, de symbole Cu. Le corps simple cuivre est un métal.

Cuivre
Image illustrative de l’article Cuivre
Cuivre natif
Position dans le tableau périodique
Symbole Cu
Nom Cuivre
Numéro atomique 29
Groupe 11
Période 4e période
Bloc Bloc d
Famille d'éléments Métal de transition
Configuration Ă©lectronique [Ar] 3d10 4s1
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 1
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 63,546 ± 0,003 u[1]
Rayon atomique (calc) 135 pm (145 pm)
Rayon de covalence 132 ± 4 pm[2]
Rayon de van der Waals 140 pm
État d’oxydation 2, 1
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,9
Oxyde Faiblement basique
Énergies d’ionisation[1]
1re : 7,726 38 eV 2e : 20,292 4 eV
3e : 36,841 eV 4e : 57,38 eV
5e : 79,8 eV 6e : 103 eV
7e : 139 eV 8e : 166 eV
9e : 199 eV 10e : 232 eV
11e : 265,3 eV 12e : 369 eV
13e : 401 eV 14e : 435 eV
15e : 484 eV 16e : 520 eV
17e : 557 eV 18e : 633 eV
19e : 670,588 eV 20e : 1 697 eV
21e : 1 804 eV 22e : 1 916 eV
23e : 2 060 eV 24e : 2 182 eV
25e : 2 308 eV 26e : 2 478 eV
27e : 2 587,5 eV 28e : 11 062,38 eV
29e : 11 567,617 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
63Cu69,17 %stable avec 34 neutrons
64Cu{syn.}12,70 h~42,7% Δ
~38,9% ÎČ-
~17,9% ÎČ+
~0,5% Îł/CI
1,675
0,578
0,653
1,354
64Ni
64Zn
64Ni
64Cu
65Cu30,83 %stable avec 36 neutrons
67Cu{syn.}2,58 hÎČ-0,667Zn
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Masse volumique 8,96 g·cm-3 (20 °C)[1]
SystÚme cristallin Cubique à faces centrées
Dureté (Mohs) 3
Couleur Rouge brun
Point de fusion 1 084,62 °C (congĂ©lation)[3]
Point d’ébullition 2 562 °C[1]
Énergie de fusion 13,05 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 300,3 kJ·mol-1
Volume molaire 7,11×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 0,050 5 Pa Ă  1 084,45 °C
Vitesse du son 3 570 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 380 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 59,6×106 S·m-1
Conductivité thermique 401 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans HNO3,

HCl + H2O2,
H2SO4 dilué + ions Hg (II)[5],
NH4OH + H2O2[6]

Divers
No CAS 7440-50-8
No ECHA 100.028.326
No CE 231-159-6
Précautions
SIMDUT[7]

Produit non contrÎlé

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Généralités et corps simple

Le cuivre est un élément du groupe 11, de la période 4, un élément du bloc d métal de transition chalcophile.

Dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments, le cuivre est de la mĂȘme famille que l'argent et l'or, parce que tous possĂšdent une orbitale s occupĂ©e par un seul Ă©lectron sur des sous-couches p et d totalement remplies, ce qui permet la formation de liaisons mĂ©talliques (configuration Ă©lectronique Ar 3d10 4s1). Les trois mĂ©taux de ce « groupe du cuivre » ont un caractĂšre de noblesse et de raretĂ© accru, du cuivre semi-noble Ă  l'or vĂ©ritablement noble, le premier caractĂšre s'expliquant par leur rayon atomique faible et leur compacitĂ© d'empilement atomique, leur potentiel d'ionisation plus important Ă  cause des sous-couches d, leur point de fusion relativement Ă©levĂ© et leur faible rĂ©activitĂ© ou relative inertie chimique[alpha 1].

Naturellement présent dans la croûte terrestre, le cuivre (à faible dose) est essentiel au développement de toute forme de vie. Il est majoritairement utilisé par l'Homme sous forme de métal. Le cuivre pur est un des seuls métaux colorés avec l'or et le césium. Il présente sur ses surfaces fraßches une teinte ou un éclat métallique rose saumon : ce « métal rouge » apprécié en orfÚvrerie et en bijouterie, par exemple comme support de piÚces émaillés ou émaux rares, était dédié à la déesse de la beauté Aphrodite et aux artistes. On le désigne parfois sous le nom de cuivre rouge par opposition aux laitons (alliages de cuivre et de zinc) improprement nommés « cuivre jaune ». Métal ductile, il possÚde des conductivités électrique et thermique particuliÚrement élevées qui lui confÚrent des usages variés. Il intervient également comme matériau de construction et entre dans la composition de nombreux alliages, les cupro-alliages.

Le cuivre, aujourd'hui mĂ©tal usuel, est le plus ancien mĂ©tal utilisĂ© par l’Homme[8]. Le point de fusion n'est pas trop Ă©levĂ©, et la facilitĂ© de rĂ©duction de l'oxyde de cuivre, souvent par un simple feu de bois, est remarquable.

Les plus anciennes traces de fusion du cuivre dans des fours Ă  vent ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans le plateau iranien sur le site archĂ©ologique de Sialk III datĂ© de la premiĂšre moitiĂ© du Ve millĂ©naire av. J.-C. — il y a donc prĂšs de sept mille ans. Il y a 6 000 ans l'extraction de minerai pour en tirer du cuivre est commune en quelques endroits de l'Eurasie et de l'Afrique, Ă  l'instar de la malachite du Sinai pour l'Égypte antique dont les mines sont exploitĂ©es vers 4500 av. J.-C.

Panoplie de casseroles en cuivre.

L'histoire mĂ©diterranĂ©enne antique du cuivre est intimement liĂ©e Ă  l'Ăźle de Chypre qui se nomme tardivement en grec ancien ÎšÏÏ€ÏÎżÏ‚ / KĂœpros : c'est en effet sur cette Ăźle que furent exploitĂ©es les mines de cuivre et cuivre natif, qui permirent Ă  des civilisations humaines mĂ©connues de prospĂ©rer, bien avant les civilisations minoenne, mycĂ©nienne et phĂ©nicienne[9]. Ces diverses civilisations issues de MĂ©diterranĂ©e orientale organisĂšrent le commerce antique du mĂ©tal rouge en MĂ©diterranĂ©e, si bien que les Romains l’appelĂšrent d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rique le cuivre et divers alliages aes cyprium (littĂ©ralement « mĂ©tal de Chypre »), cyprium (grec ancien ÎšÏÏ€ÏÎżÏ‚) dĂ©signant l'Ăźle. Le terme s'est transformĂ© au fil du temps pour devenir « cuprum » en latin pour donner le mot « cuivre » en français.

AlliĂ© principalement Ă  l’étain et parfois Ă  d'autres mĂ©taux, il donne lieu Ă  une rĂ©volution technologique, « l'Ăąge du bronze », aux alentours de 2 300 ans avant notre Ăšre. Les bronzes sont plus durs, plus aisĂ©ment fusibles et aptes Ă  ĂȘtre coulĂ©s dans un moule, plus rĂ©sistants Ă  la corrosion atmosphĂ©rique que le cuivre natif ou purifiĂ©. La fabrication d'ustensiles et d'armes, d'objets d'art et de statues massives, de cloches ou clochettes, de timbres ou cymbales, de chandeliers ou de grands vases Ă©ventuellement sacrĂ©s ou d'offrandes, de mĂ©dailles et de monnaie peut se dĂ©velopper. La maĂźtrise de cette matiĂšre mĂ©tallique alliĂ©e est telle qu'elle permet l'Ă©rection du colosse de Rhodes, une statue-phare de Helios-Apollon de 32 m de haut au IIIe siĂšcle av. J.-C.

Une sĂ©rie d'articles de la revue Science en , de nature transdisciplinaire, regroupant des Ă©quipes d'historiens, d'archĂ©ologues, de physico-chimistes et de glaciologues, a permis de replacer globalement en rapport avec les variations de production artisanale et proto-industrielle, des mesures par analyse spectromĂ©trique de particules et poussiĂšres de cuivre mĂ©tal et ses dĂ©rivĂ©s, piĂ©gĂ©es dans les Ă©chantillons de glaces extraits de la calotte glaciaire du Groenland[10]. Les pics historiques de production de cuivre, par exemple l'introduction de la monnaie, les guerres de la RĂ©publique et de l'Empire Romain, l'ouverture de mine suĂ©doise de Falun ont pu ĂȘtre grossiĂšrement retrouvĂ©s, en prenant une base Ă  -5000 av. J.-C. et en considĂ©rant des pertes atmosphĂ©riques de l'ordre de 15 % au dĂ©but de la mĂ©tallurgie gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans l'ƓkoumĂšne vers -2500 av. J.-C., rĂ©duite seulement Ă  0,25 % vers 1750 par le progrĂšs des procĂ©dĂ©s chimiques[alpha 2]. La production annuelle mondiale de cuivre, stimulĂ© par le monnayage, aurait atteint un sommet longtemps inĂ©galĂ© de 15 kt au dĂ©but du Ier siĂšcle de l'Ăšre chrĂ©tienne. Le chiffre moyen de la production annuelle de cuivre estimĂ©e bon an mal an en Europe occidentale et centrale de la fin de l'Empire Romain Ă  l'aube du XVIIIe siĂšcle est de l'ordre de kt par ce biais. L'essor de la mĂ©tallurgie chinoise permettrait de justifier une production de 13 kt/an au XIIe siĂšcle et XIIIe siĂšcle.

Les adjectifs « cuivreux » et « cuprifÚre » qualifient de maniÚre générique les matériaux à base de cuivre ou la matiÚre contenant du cuivre. Le premier adjectif reste ambigu dans un emploi étendu, puisqu'il désigne précisément pour les chimistes le cuivre au degré d'oxydation (I), alors que le second est employé de maniÚre courante, en particulier en géosciences.

L'adjectif « cuivrique », outre un sens étendu analogue à « cuivreux », désignait surtout l'état d'oxydation II du cuivre le plus commun, surtout en solution aqueuse. Les adjectifs « cuprique » et « cupreux » sont les équivalents savants de cuivrique et cuivreux. Le radical latin cupro- ou cupr- désignant le cuivre se retrouve dans de nombreuses appellations techniques ou chimiques.

Isotopes

Le cuivre possÚde 29 isotopes connus, de nombre de masse variant de 52 à 80, ainsi que sept isomÚres nucléaires. Parmi ces isotopes, deux sont stables, 63Cu et 65Cu, et constituent l'ensemble du cuivre naturel dans une proportion d'environ 70/30. Ils possÚdent tous les deux un spin nucléaire de 3/2[11]. La masse atomique standard du cuivre est de 63,546(3) u.

Les 27 autres isotopes sont radioactifs et ne sont produits qu’artificiellement. Le plus stable des radioisotopes d'entre eux est 67Cu avec une demi-vie de 61,83 heures. Le moins stable est 54Cu avec une demi-vie d'environ 75 ns. La plupart des autres ont une demi-vie infĂ©rieure Ă  une minute.

Occurrences dans les milieux naturels, minéralogie et géologie, gßtes et gisements

Le cuivre est un Ă©lĂ©ment dont le clarke s'Ă©lĂšve Ă  55 Ă  70 g/t[12]. Il est parfois abondant en certains sites miniers.

Le cuivre est un des rares métaux qui existent à l'état natif, ce qui en a fait l'un des premiers métaux utilisés par les humains. Il apparaßt cependant majoritairement dans des minéraux, en particulier sous forme de sulfure, du fait de son caractÚre chalcophile (attirance pour l'élément soufre).

À l'Ă©tat natif, il se prĂ©sente comme un polycristal de structure cubique Ă  faces centrĂ©es. Il se trouve aussi parfois sous la forme d'un monocristal, le plus grand mesurant environ 4,4 Ă— 3,2 Ă— 3,2 cm[13]. Les cristaux bien formĂ©s sont rares. Dans les quelques sites oĂč il peut ĂȘtre observĂ© (son occurrence Ă  l'Ă©tat natif est faible), il se trouve sous forme de fils dentritiques, d'assemblages de feuilles ou de recouvrements d'imprĂ©gnation plus ou moins massifs. Au NĂ©olithique, le mĂ©tal ainsi rĂ©cupĂ©rĂ© Ă©tait ensuite facilement mis en forme par un lĂ©ger martelage.

Cristaux d'azurite et de malachite sur cuivre natif.

Sous forme minérale, le cuivre apparaßt le plus fréquemment sous forme de sulfure ou de sulfosel dans des minéraux comme la chalcopyrite (CuFeS2), la bornite (Cu5FeS4), la cubanite (CuFe2S3) et surtout la covelline (CuS) et la chalcosine (Cu2S). Il se trouve également dans des carbonates tels que l'azurite (Cu3(CO3)2(OH)2) et la malachite (Cu2CO3(OH)2), ainsi que dans un oxyde, la cuprite (Cu2O)[14].

Les minéraux contenant l'élément cuivre ont souvent un bel aspect coloré, à l'instar de la pierre d'Eilat.

Cuivre natif

Les gisements de cuivre natif attestent le plus souvent d'un hydrothermalisme trĂšs actif et de roches magmatiques basiques.

Cristaux de cuivre natif de 12 Ă— 8,5 cm.

On trouve le cuivre natif :

  • dans des zones poreuses des basaltes : les rĂ©actions entre solution hydrothermale et minerais ferrifĂšres gĂ©nĂšrent le cuivre des principaux gisements de ce minĂ©ral. Dans la presqu'Ăźle de Keweenaw aux États-Unis, les couches de basalte alternent avec des grĂšs et des conglomĂ©rats, les cavitĂ©s sont emplies par le cuivre associĂ© Ă  la calcite, l'Ă©pidote, des minĂ©raux cuprifĂšres, des zĂ©olites, un peu d'argent ; d'importantes masses de cuivre natif jusqu'Ă  environ 500 000 kg y ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es, en particulier dans l'État du Michigan, oĂč les gĂ©ologues estiment parmi des amas de forte puissance au bord du lac SupĂ©rieur un bloc Ă  caractĂšre fractal interne et externe au moins Ă  420 kg de cuivre ;
  • dans des grĂšs et des schistes, oĂč le cuivre Ă©tait probablement d'origine hydrothermale ;
  • en petites quantitĂ©s dans les mĂ©tĂ©orites[alpha 3].

Quelques gisements remarquables de cuivre natif sont :

Sulfures

Cuivre gris, extrait de la mine alsacienne d'Urbeis.

Cuivres gris

Les cuivres gris sont des sulfures complexes oĂč le cuivre accompagne l'arsenic et/ou l'antimoine
 Ainsi la tennantite, la tĂ©traĂ©drite, la freibergite.

Sulfo-sel

Oxydes

Le cuivre s'oxyde :

  • ion cuivreux Cu+, ou ion Cu(I) :
  • ion cuivrique Cu2+, ou ion Cu(II) :

Les potentiels standards des principales demi-réactions sont :

Cu2O(s) + H2O + 2 e− ⇄ 2 Cu(s) + 2 HO− ;
Cu2+ + e− ⇄ Cu+ E0 = +0,159 V ;
Cu2+ + 2 e− ⇄ Cu (s) E0 = +0,340 V ;
Cu+ +  e− ⇄ Cu (s) E0 = +0,522 V.

Carbonates

Silicates

Chlorures (et autres halogénures)

Sulfates

Phosphates

La reichenbachite, la cornétite et la libéthénite sont des hydroxy-phosphates de cuivre de formules respectives Cu5(PO4)2(OH)4, Cu3(PO4)(OH)3 et Cu2PO4(OH).

La torbernite est un phosphate d'uranium et de cuivre Cu(UO2)2(PO4)2 · 12 H2O.

Autres minéraux rares

La rickardite est un tellurure de cuivre. La berzélianite ou berzéline est un séléniure de cuivre Cu2Se. La quetzalcoatlite est un minéral complexe, association intime d'une hydroxy-tellurite de cuivre et de zinc, et d'un chlorure de plomb et d'argent Zn6Cu3(TeO6)2 (OH)6·AgxPbyClx+2y.

La szenicsite est un hydroxy-molybdate de cuivre de formule Cu3(MoO4)(OH)4.

La stranskiite est un arséniate de cuivre et de zinc de formule Zn2CuII(AsO4)2. L'olivénite, l'euchroïte et la cornubite sont des hydroxy-arséniates de cuivre, soient respectivement Cu2AsO4(OH), Cu2(AsO4)(OH) ·3H2O et Cu5(AsO4)2(OH)4·H2O.

La bayldonite est un hydroxy-arséniate de plomb et de cuivre hydraté PbCu3(AsO4)2(OH)2H2O.

La mixite est un hydroxy-arsĂ©niate de cuivre et de bismuth trihydratĂ© BiCu6(AsO4)3(OH)6‱3(H2O).

Mine de cuivre à ciel ouvert, Chino Copper Mine, Nouveau-Mexique, États-Unis.

Gisements

DÚs l'Antiquité, le cuivre a été extrait en quantités importantes dans l'ßle de Chypre, surnommée l'ßle aux mille mines[21].

Durant l'AntiquitĂ© et parfois localement jusqu'au Moyen Âge, les gisements de cuivres gris ont Ă©tĂ© exploitĂ©s.

L’essentiel du minerai de cuivre est extrait sous forme de sulfures ou de roches Ă  base de chalcopyrite, dans de grandes mines Ă  ciel ouvert, des filons de porphyre cuprifĂšre qui ont une teneur en cuivre de 0,4 Ă  1,0 %. En surface, les minerais qui comportent de grandes quantitĂ©s de stĂ©riles sont plus oxygĂ©nĂ©s, mais restent soufrĂ©s en couches profondes. Dans les annĂ©es 1990, un minerai exploitable devait ne jamais descendre en dessous de 0,5 % en masse, et assurer une teneur de l'ordre de 1 % et plus. Les mines de Kennecott (Alaska), exploitĂ©es jusqu'aux annĂ©es 1940, Ă©taient les plus pures de la planĂšte.

Exemples : Chuquicamata, au Chili ; Bingham Canyon Mine, dans l’Utah et El Chino Mine au Nouveau-Mexique (États-Unis). En 2005, le Chili Ă©tait le premier producteur mondial de cuivre avec au moins un tiers de la production mondiale, suivi par les États-Unis, l’IndonĂ©sie et le PĂ©rou, d’aprĂšs le British Geological Survey[14].

Dans le dĂ©sert d'Atacama, Ă  environ 2 800 m d'altitude, Chuquicamata est la plus grande mine de cuivre Ă  ciel ouvert au monde Ă  la fin des annĂ©es 2000.

L'exploitation des nodules polymétalliques, à base de Cu, Mn, Co, Ni, etc., des fonds sous-marins, autre source potentielle de cuivre, reste confidentielle.

Corps simple, chimie et combinaisons chimiques

Propriétés physiques et chimiques du corps simple

Métal de couleur rougeùtre, rouge ou rouge orangée, le cuivre possÚde une exceptionnelle conductivité thermique et électrique. Le métal trÚs pur est résistant à la corrosion atmosphérique et marine, mais aussi trÚs malléable, tenace et ductile, relativement mou.

Sur la photo ci-dessus, le cuivre, juste au-dessus de son point de fusion, conserve sa couleur rose Ă©clatante lorsqu’une lumiĂšre suffisante Ă©clipse la couleur orange due Ă  l’incandescence.
    • RĂ©seau de Bravais : cubique Ă  faces centrĂ©es
    • Macle : trĂšs frĂ©quente sur {111} par accolement ou pĂ©nĂ©tration
    • SolubilitĂ© : insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'acide nitrique, l'acide sulfurique concentrĂ© et Ă  chaud, l'ammoniaque
  • PropriĂ©tĂ©s optiques

Le cuivre figure parmi les mĂ©taux les plus ductiles et les plus mallĂ©ables. Relativement mou, le mĂ©tal peut aisĂ©ment ĂȘtre Ă©tirĂ©, laminĂ© et trĂ©filĂ©.

Frotté, ses surfaces dégagent une odeur particuliÚre et désagréable, effet indirect de la densité d'électrons libres au sein du réseau cristallin métallique.

Le métal peut s'altérer superficiellement aprÚs une longue exposition à l'air en une fine couche de carbonates de cuivre basique d'un beau vert ou vert-de-gris, qui forme la « patine » de certains toits recouverts de cuivre. Cette couche peut parfois comporter de la malachite et de l'azurite.

Propriétés mécaniques et optiques

Comme l’argent et l’or, le cuivre se travaille facilement, Ă©tant ductile et mallĂ©able. La facilitĂ© avec laquelle on peut lui donner la forme de fils, ainsi que son excellente conductivitĂ© Ă©lectrique le rendent trĂšs utile en Ă©lectricitĂ©. On trouve usuellement le cuivre, comme la plupart des mĂ©taux Ă  usage industriel ou commercial, sous une forme polycristalline Ă  grains fins. Les mĂ©taux polycristallins prĂ©sentent une meilleure soliditĂ© que ceux sous forme monocristalline, et plus les grains sont petits, et plus cette diffĂ©rence est importante[22].

La résistance à la traction est faible et l'allongement avant la rupture est important. AprÚs le fer, le cuivre est le métal usuel le plus tenace. Les propriétés mécaniques du cuivre confirment les techniques anciennes de mise en forme de ce métal, à froid communes et à chaud plus rares. Sa malléabilité explique en partie la fabrication de vase ou forme par martelage au repoussé.

Chariot portant des cuves en cuivre.

La densité pratique du cuivre fondu est de l'ordre de 8,8 à 8,9. Elle augmente sensiblement avec le laminage jusqu'à 8,95. L'écrouissage permet de rendre le cuivre à la fois dur et élastique.

Le cuivre prĂ©sente une couleur rougeĂątre, orangĂ©e ou brune due Ă  une couche mince en surface (incluant les oxydes). Le cuivre pur est de couleur rose saumon. Le cuivre, l’osmium (bleu), le cĂ©sium et l’or (jaune) sont les quatre seuls mĂ©taux purs prĂ©sentant une couleur autre que le gris ou l’argent. La couleur caractĂ©ristique du cuivre rĂ©sulte de sa structure Ă©lectronique : le cuivre constitue une exception Ă  la loi de Madelung, n’ayant qu’un Ă©lectron dans la sous-couche 4s au lieu de deux. L’énergie d’un photon de lumiĂšre bleue ou violette est suffisante pour qu’un Ă©lectron de la couche d l’absorbe et effectue une transition vers la couche s qui n’est qu’à-demi occupĂ©e. Ainsi, la lumiĂšre rĂ©flĂ©chie par le cuivre ne comporte pas certaines longueurs d’onde bleues/violettes et apparaĂźt rouge. Ce phĂ©nomĂšne est Ă©galement prĂ©sent pour l’or, qui prĂ©sente une structure correspondante 5s/4d[23]. Le cuivre liquide apparaĂźt verdĂątre, une caractĂ©ristique qu’il partage avec l’or lorsque la luminositĂ© est faible.

Propriétés électriques et thermiques

Barres de distribution Ă©lectriques en cuivre fournissant l’énergie Ă  un grand bĂątiment.

La similitude de leur structure Ă©lectronique fait que le cuivre, l’argent et l’or sont analogues sur de nombreux points : tous les trois ont une conductivitĂ© thermique et Ă©lectrique Ă©levĂ©e, et tous trois sont mallĂ©ables. Parmi les mĂ©taux purs et Ă  tempĂ©rature ambiante, le cuivre prĂ©sente la seconde conductivitĂ© la plus Ă©levĂ©e (59,6 × 106 S/m), juste aprĂšs l’argent. Cette valeur Ă©levĂ©e s’explique par le fait que, virtuellement, tous les Ă©lectrons de valence (un par atome) prennent part Ă  la conduction. Les Ă©lectrons libres en rĂ©sultant donnent au cuivre une densitĂ© de charges Ă©norme de 13,6 Ă— 109 C/m3. Cette forte densitĂ© de charges est responsable de la faible vitesse de glissement des courants dans un cĂąble de cuivre (la vitesse de glissement se calcule comme Ă©tant le rapport de la densitĂ© de courant Ă  la densitĂ© de charges). Par exemple, pour une densitĂ© de courant de 5 × 106 A·m-2 (qui est normalement la densitĂ© de courant maximum prĂ©sente dans les circuits domestiques et les rĂ©seaux de transport), la vitesse de glissement est juste un peu supĂ©rieure Ă  1⁄3 mm/s[24].

Toutefois, la résistivité du cuivre est sensible aux traces d'impuretés, elle augmente fortement avec de faibles teneurs étrangÚres, contrairement à celle du fer. Aussi le cuivre pur a été et est utilisé abondamment comme fil électrique, pour confectionner les cùbles sous-marins et les lignes aériennes.

La conductivitĂ© Ă©lectrique ou son inverse la rĂ©sistivitĂ©, celle d'un fil de cuivre pur Ă  l'Ă©tat recuit tĂ©moin nommĂ© IACS ou International Annealed Copper Standard (en), qui, mesurĂ©e Ă  20 °C, s'Ă©tablit Ă  1,724 Ă— 10−8 Ω m sert d'Ă©talon de mesure en physique. La conductivitĂ© est exprimĂ©e en pourcentage IACS[alpha 4].

Ce métal est un trÚs bon conducteur de la chaleur, moins toutefois que l'argent. C'est en partie pourquoi le cuivre est utilisé comme ustensile de cuisinier, réfrigérant de brasserie, dans les chaudiÚres d'évaporation, des alambics aux sucreries. Il existait une autre raison au choix de ce métal, les capacités catalytiques du cuivre dans un grand nombre de réactions thermiques.

Le cuivre fond vers 1 085 °C. Il se vaporise Ă  une tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e, son point d'Ă©bullition Ă©tant situĂ© vers 2 562 °C. Sa vapeur brĂ»le avec une flamme verte intense, ce qui permet sa dĂ©tection quantitative en spectromĂ©trie de flamme ou qualitative par simple test de flamme.

Propriétés chimiques

Le cuivre n'est pas altĂ©rĂ© dans l'air sec, ni dans l'oxygĂšne gazeux. Seules des traces d'eau et surtout la prĂ©sence indispensable de dioxyde de carbone ou anhydride carbonique initie une rĂ©action. Le cuivre ne rĂ©agit pas avec l’eau, mais rĂ©agit lentement avec le dioxygĂšne de l’air en formant une couche d’oxyde de cuivre brun-noir, de nature passivante. Contrairement Ă  l’oxydation du fer par une atmosphĂšre humide, cette couche d’oxyde empĂȘche toute corrosion en masse.

En absence de dioxyde de carbone, l'oxydation du cuivre à l'air ne commence qu'à 120 °C. Il est facile de comprendre que l'action de l'eau n'est observable surtout qu'à l'état de vapeur d'eau et à haute température.

2Cu solide + Âœ O2 gaz → Cu2O sous-oxyde solide rouge.
Cu2O + Âœ O2 gaz → CuO solide noir.

Le cuivre est au contraire altĂ©rĂ© au contact de l'air et de l'eau acidulĂ©e, l'air accĂ©lĂ©rant l'oxydation initiĂ©e. Le vinaigre forme ainsi des oxydes de cuivre solubles. De mĂȘme des traces de corps gras par leur fonction acide ou oxydante. La toxicitĂ© alimentaire des oxydes formĂ©s a justifiĂ© l'Ă©tamage (ajout d'une couche protectrice d'Ă©tain) traditionnel des instruments et rĂ©cipients culinaire en cuivre. Les anciens Ă©leveurs ou fromagers, distillateurs, cuisiniers ou confituriers veillaient Ă  une propretĂ© rigoureuse des surfaces de cuivre aprĂšs utilisation lors d'un chauffage.

L'air humide joue un rÎle toutefois limité. Une couche verte de carbonate de cuivre ou hydroxycarbonate de cuivre basique Cu2CO3·Cu(OH)2, appelée vert-de-gris, se remarque souvent sur les constructions anciennes en cuivre ou sur les structures en bronze en milieu urbain (présence de dioxyde de carbone et d'humidité), telles que les toitures en cuivre ou la statue de la Liberté[alpha 5]. Cette couche joue en partie le rÎle de patine protectrice. Mais en milieu marin ou salin (présence de chlorures apporté par des bruines) ou en milieu industriel (présence de sulfates), ils se forment d'autres composés, respectivement l'hydroxychlorure Cu2Cl2·Cu(OH)2 et l'hydroxysulfate Cu2SO4·Cu(OH)2.

Le cuivre rĂ©agit avec le sulfure d’hydrogĂšne — et toutes les solutions contenant des sulfures, formant divers sulfures de cuivre Ă  sa surface. Dans des solutions contenant des sulfures, le cuivre, prĂ©sentant un avilissement de potentiel par rapport Ă  l’hydrogĂšne, se corrodera. On peut observer ceci dans la vie de tous les jours, oĂč les surfaces des objets en cuivre se ternissent aprĂšs exposition Ă  l’air contenant des sulfures.

La rĂ©action-type pour obtenir les sulfures de cuivre en prĂ©cipitĂ©s noirs peut ĂȘtre utilisĂ© pour dĂ©tecter le cuivre, elle est trĂšs lente Ă  20 °C, plus efficace Ă  100 °C et surtout trĂšs rapide Ă  550 °C, oĂč elle s'Ă©crit simplement :

2 Cu solide + H2S gaz → Cu2S solide noir + H2gaz.

La réaction avec l'acide chlorhydrique est trÚs lente.

Cu solide + HCl gaz → CuCl solide noir + ÂœH2gaz.

Ainsi le cuivre n'est pas véritablement attaqué à température ambiante par l'acide chlorhydrique concentré en milieu aqueux. Il y est trÚs peu soluble. Le cuivre se dissout par contre dans les autres acides halogénohydriques, tels que HBr ou HI.

D'une maniÚre générale, ce sont les acides oxydants ou les autres acides en présence de gaz oxygÚne dissous qui peuvent attaquer le cuivre. Pourtant le cuivre n'est pas attaqué par l'acide sulfurique concentré à froid, mais uniquement par cet acide fort concentré et à chaud. Il se forme des sulfates d'oxyde de cuivre et de l'acide sulfureux en phase gazeuse.

L'acide nitrique est le dissolvant par excellence du cuivre. La rĂ©action chimique est active mĂȘme avec l'acide diluĂ©[alpha 6]. Elle explique les possibilitĂ©s graphique des gravures sur cuivre Ă  l'eau forte. Voici les deux rĂ©actions de base, la premiĂšre en milieu concentrĂ©, la seconde en milieu diluĂ©.

Cu solide mĂ©tal + 4 HNO3 aqueux, concentrĂ© → Cu(NO3)2 aqueux + 2 NO2 gaz + 2 H2O eau.
3 Cu solide mĂ©tal + 8 HNO3 aqueux, diluĂ© → 3 Cu(NO3)2 aqueux + 2 NO gaz + 4 H2Oeau.

Le cuivre rĂ©agit en prĂ©sence d’une association d’oxygĂšne et d’acide chlorhydrique pour former toute une sĂ©rie de chlorures de cuivre. Le chlorure de cuivre(II) bleu/vert, lorsqu’il est portĂ© Ă  Ă©bullition en prĂ©sence de cuivre mĂ©tallique, subit une rĂ©action de rĂ©trodismutation produisant un chlorure de cuivre(I) blanc.

Le cuivre réagit avec une solution acide de peroxyde d'hydrogÚne qui produit le sel correspondant :

Cu + 2 HCl + H2O2 → CuCl2 + 2 H2O.

L'ammoniaque oxyde le cuivre mĂ©tal au contact de l'air. Il se forme de l'oxyde de cuivre soluble et du nitrate d'ammonium, avec excĂšs d'ammoniac. Le cuivre se dissout lentement dans les solutions aqueuses d’ammoniaque contenant de l’oxygĂšne, parce que l’ammoniac forme avec le cuivre des composĂ©s hydrosolubles. L'ammoniaque concentrĂ© le dissout facilement en donnant une solution bleue, dĂ©nommĂ©e traditionnellement « liqueur de Schweitzer », Ă  base du cation complexĂ© Cu(NH3)42+ ou mieux en milieu basique Cu(NH3)4(H20))2+. Cette liqueur est susceptible de dissoudre la cellulose et les fibres cellulosiques, comme le coton ou les charpies textiles des chiffonniers. Ainsi se fabrique la rayonne au cuivre ammoniacal[alpha 7].

Le cuivre surtout en poudre a des propriétés catalytiques diverses. Par exemple, c'est un catalyseur permettant la synthÚse du cyclopropÚne[alpha 8].

Lorsque le cuivre est en contact avec des mĂ©taux prĂ©sentant un potentiel Ă©lectrochimique diffĂ©rent (par exemple le fer), en particulier en prĂ©sence d’humiditĂ©, la fermeture d’un circuit Ă©lectrique fera que la jonction se comportera comme une pile Ă©lectrochimique. Dans le cas par exemple d'une canalisation en cuivre raccordĂ©e Ă  une canalisation en fer, la rĂ©action Ă©lectrochimique entraĂźne la transformation du fer en d’autres composĂ©s et peut Ă©ventuellement endommager le raccord.

Au cours du XXe siĂšcle aux États-Unis, la popularitĂ© temporaire de l’aluminium pour les cĂąblages Ă©lectriques domestiques a fait que les circuits de nombre d’habitations se composaient en partie de fils de cuivre et en partie de fils d’aluminium. Le contact entre les deux mĂ©taux a occasionnĂ© des problĂšmes pour les usagers et les constructeurs (cf. article consacrĂ© aux cĂąbles d’aluminium).

Les fondeurs ne placent jamais Ă  proximitĂ© les stocks d'aluminium et de cuivre. MĂȘme s'il existe des alliages cupro-aluminium spĂ©cifiques, les traces d'aluminium dans un alliage cuivreux provoquent de graves inconvĂ©nients techniques. Connaissant par contre les propriĂ©tĂ©s du cuivre pur, les hommes de l'art ont dĂ©veloppĂ© des cuivres alliĂ©s, par exemple des cuivres Ă  environ 1 % de chrome, celui-ci permettant de durcir le mĂ©tal obtenu.

MĂ©tallurgie et affinage

Cuivre, métal pur à 99,95 %.

Les minerais soufrés primaires, déjà décrits, permettent plus de 80 % de la production, il s'agit de la pyrométallurgie du cuivre. Le cuivre est accompagné des autres éléments métalliques Fe, Co, Ni, Zn, Mo, Pb, etc., et parfois des précieux Ag, Au, Pt et platinoïdes qu'il est intéressant de récupérer dans les boues anodiques, mais aussi de Ge, Se, Te, As, etc.

Le minerai cuprifÚre de l'ordre de 2 % de cuivre, est concentré en cuivre aprÚs des étapes techniques mécanisées de tamisage, concassage, broyage et triage, notamment une séparation par flottation par des agents tensio-actifs sélectifs et hydrophobes tels que l'amylxanthate de potassium. Ce « minerai concentré » contenant de 20 % à 40 % de cuivre est grillé en présence de silice, pour obtenir un laitier surnageant à base de minéraux stériles et des mattes à base de sulfures de fer et cuivre contenant de l'ordre de 40 à 75 % de cuivre selon les procédés.

La matte liquide est oxydée en présence de silice dans un convertisseur. Voici la réaction globale, ne nécessitant quasiment pas de chauffage car rassemblant deux réactions fortement exothermiques, qui ne prend en compte que le cuivre et délaissant les phases technique concernant la matte, le laitier et le slag (scories ou crasses).

3 Cu2S liquide + 3 O2 gaz → 6 Cu mĂ©tal liquide + 3 SO2 gaz.

Tout se passe comme si la matte est convertie en cuivre impur, qui est coulĂ© en blisters (matiĂšre de cuivre coulĂ© avec des cloques de surface caractĂ©ristiques, appelĂ©es blisters en anglais technique, Ă  moins de 2 % d'impuretĂ©s) de 140 Ă  150 kg.

Les minerais oxygénés secondaires (malachite, azurite, cuprite) ouvre la voie vers une hydrométallurgie du cuivre. L'étape du triage est associé à une lixiviation par l'acide sulfurique ou une extraction liquide-liquide. L'ion cuprique se dissout en solvant organique, type kérosÚne, grùce à des agents extractants du type hydroxyoxime ou hydroxyquinoléine, une étape de stripping permet d'obtenir des solutions concentrées en ions cupriques, qu'il est possible de séparer par électrodéposition ou par cémentation à l'aide de déchets d'acier. Le premier procédé électrolytique permet de recueillir du « cuivre rouge », parfois quasi-pur de l'ordre de 99,9 % de cuivre. Le second procédé donne un cuivre pollué par le fer, il nécessite un affinage électrolytique.

L'affinage peut ĂȘtre en principe thermique ou Ă©lectrolytique. Le cuivre impur peut ĂȘtre purifiĂ© en partie par fusion. Mais ce procĂ©dĂ© thermique ancien impliquant une oxydation, puis un « perchage » dans le bain de mĂ©tal liquide pour Ă©liminer la charge d'oxygĂšne restante, sous forme de molĂ©cules d'oxydes volatiles, reste coĂ»teux. Par exemple, la fusion du blister permet d'oxyder les impuretĂ©s As, Sb, S sous forme d'oxydes volatiles. Le perchage emploie des troncs ou perches de bois vert ou, de plus en plus, des hydrocarbures gazeux ou liquides, il permet par brassage d'Ă©liminer l'oxygĂšne prĂ©sent dans le mĂ©tal sous forme de monoxyde de carbone et de vapeur d'eau.

L'affinage industriel du cuivre s'effectue aujourd'hui surtout par Ă©lectrolyse d'anodes de cuivre brut ou de blister (contenant du fer, parfois de l'argent, etc.) dans une solution de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique[alpha 9].

Cu2+ + 2 e− → Cu0 mĂ©tal avec un potentiel d'Ă©lectrode normal Δ0 de l'ordre de 0,34 V[alpha 10].

Les ions cuivre migrent vers la cathode, les métaux nobles comme l'argent sont piégés dans les boues anodiques, au fond du compartiment de l'anode et les impuretés, par exemple le fer oxydé en ions ferreux, restent dans le bain d'électrolyse[alpha 11]. Ce procédé permet d'obtenir du métal pur de 99,9 % à 99,95 %. Mais ce cuivre cathodique ou technique est parfois poreux ou comporte des inclusions ou poches d'électrolytes. Il faut le refondre au four sous diverses atmosphÚres contrÎlées (par exemple avec du phosphore P de désoxydation) ou à l'air pour obtenir des coulées de billettes, des plaques ou fils de cuivre. Ces matériaux sont alors transformés en demi-produits.

Il n'en reste pas moins que pour les spécialistes, il existe différentes nuances de cuivre selon les normes nationales (par exemple la norme NF A50-050), en particulier diverses catégories : sans oxygÚne, avec oxygÚne, désoxygéné avec reliquat désoxygénant, désoxygéné sans traces de désoxygénants[alpha 12].

Le cuivre peut ĂȘtre distribuĂ©, outre les cylindres, les tubes ou les fils d'usages spĂ©cifiques, par tĂŽles (pleines ou perforĂ©es) ou plaques, barres pleines qui peuvent ĂȘtre mĂ©plates, carrĂ©es, rondes, par barres perforĂ©es, par barrettes taraudĂ©es, par barres souples isolĂ©es, par fils trolley, par feuillards, par bandes paratonnerre, par bandes spĂ©cifiques pour cĂąbles ou transformateurs, par disques (emboutissage), etc.

Le cuivre recyclĂ© peut ĂȘtre revendu sous forme de grenailles de diverses qualitĂ©s (puretĂ©) et granulomĂ©tries.

Le cuivre prĂ©sente un aspect nettement plus mou vers 830 °C et fond vers 1 085 °C.

Le cuivre se prĂȘte mal au moulage de fonderie. Si la tempĂ©rature de la coulĂ©e est trop faible, donc proche du point de fusion, le refroidissement trop rapide n'est pas maĂźtrisĂ©, le mĂ©tal coulĂ© ne prend pas l'empreinte des moules. Si la coulĂ©e est trop chaude, le cuivre aprĂšs refroidissement prĂ©sente des soufflures. Aussi dans les arts et industries, il existe depuis des temps forts lointains diffĂ©rents alliages pratiques.

Alliages notables

TrÚs tÎt, des alliages plus fusibles, plus durs que le cuivre purifié et surtout aptes à un moulage de qualité, ont été mis au point par essai et erreur, sans qu'on sache leur véritable nature chimique. Parfois, ils étaient réalisés directement à partir de minerais, et considérés comme des métaux singuliers à part, ainsi les bronzes antiques obtenus avec des minerais d'étain et les laitons anciens avec ceux de zinc


Il existe un grand nombre d'alliages de cuivre anciens et modernes. Voici les principaux :

Airain, AlNiCo (parfois un peu de cuivre), alfĂ©nide ou mĂ©tal blanc (cuivre avec Zn, Ni, Fe), Alliage d'aluminium pour corroyage sĂ©rie 2000, Alliage de Devarda (Al avec un peu de Zn), amalgame de cuivre (mercure), argenton (Ni,Sn), avional (aluminium, Mg, Si), billon (alliage) (cuivre alliĂ© Ă  l'argent), britannium (Sn,Sb), bronze (Ă©tain), bronze arsĂ©niĂ© (Ă©tain et arsenic), bronze au bĂ©ryllium (bĂ©ryllium), bronze phosphoreux (idem avec un petit peu de P), constantan (nickel), cuproaluminium (aluminium), cunife (Ni, Fe), cuprochrome, cupronickel (nickel), Dural ou duralium, laiton (zinc), Laiton rouge (un peu Zn), maillechort (nickel et zinc), moldamax (bĂ©ryllium), Orichalque, Mu-mĂ©tal type (NiFe15Cu5Mo3, or nordique (un peu de Zn, Al et Sn), potin (Ă©tain et plomb), ruolz (Ni,Ag), shakudƍ (avec un peu d'or), tumbaga (or), tombac (un peu de Zn), virenium (un peu de Zn, Ni), zamak (zinc, aluminium et magnĂ©sium)

Le cuivre entre dans la composition d'alliages à mémoire de forme.

L'airain des Romains est une variété de bronze, employée pour fabriquer des armes et des ustensiles et objets trÚs divers. Les bronzes modernes, conçus comme des alliages à composition déterminée de cuivre et d'étain, couvrent un champ d'application encore plus étendu, des monnaies et médailles au vannes et robinets, des socles pesants à des composants d'objets d'arts variés, statuettes ou statues, supports pour piÚces émaillées ou émaux de bijouterie, etc. Les bronzes incluant jusqu'à 3 % de phosphore (P) augmentent fortement leur dureté. Le bronze phosphoreux à 7 % Sn et 0,5 % P présente une oxydation réduite, un meilleur comportement pendant la fusion.

Les laitons, malléables et ductiles à froid, présentent une couleur d'autant plus dorée que la teneur en cuivre est élevée. Cette belle couleur justifie son emploi comme garniture de lampes et de meubles flambeaux, mais inspire aussi la création de faux-bijoux, autrefois à base de « chrysocolle » ou d'« or de Mannheim ». Les laitons laissent pourtant une mauvaise odeur aux bouts des doigts qui les manipulent. Ils ont été et sont parfois encore utilisés en tuyauterie, robinetterie et visserie, comme ustensiles de ménages, instrument de physique (désuet), boutons, épingles et fils, garniture de couteaux, pistolets, ressorts, engrenages et pignons, échangeurs de chaleur, radiateurs. Les supports d'instrument de marine étaient en laiton jaune à 20-40 % Zn, alors que les sextants l'étaient en laiton blanc à 80 % Zn.

L'addition de zinc et de nickel permet d'obtenir des maillechorts, par exemple à 20-28 % Zn et 9-26 % Ni. Ils sont idoines à la fabrication de couverts, de vaisselles et de gobelets, de théiÚres, de piÚces de sellerie et des éperons du fait de leur grande dureté, d'instruments d'optique et de mécanique de précision, par exemple des piÚces pour les mouvements d'horlogerie, du fait de leur faible altérabilité à l'air. Ce sont aussi des alliages monétaires.

Les alliages de cuivre et de nickel sont dĂ©nommĂ©s cupronickels. Le mĂ©tal Monel Ă  65-70 % de Ni servir comme monnaie. À moindre teneur, les cupronickels sont utilisĂ©s pour le matĂ©riel de laboratoire et de chimie, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ainsi que les rĂ©sistances de prĂ©cision. Le constantan Ă  40 % de Ni se caractĂ©rise par une valeur de la rĂ©sistance Ă©lectrique, indĂ©pendante de la tempĂ©rature.

Outre le Zn, le Ni et le Sn, les alliages de cuivre peuvent ĂȘtre Ă  base de plomb Pb, d'argent Ag ou d'or Au, ou Ă  faibles teneur d'Al ou de Si.

L'addition de plomb permet de concevoir des alliages anti-friction, par exemple à 10-30 % Pb et 7 % Sn. Le cuivre, l'or et l'argent sont miscibles en toutes proportions, ces alliages relativement chers donnent naissance à l'or anglais. Mentionnons les alliages pour brasure, à base de d'argent, du type Ag 20 % Zn 30 % Cu 45 % Cd 5 % en masse qui fond vers 615 °C ou encore Ag 35 % Zn 21 % Cu 26 % Cd 18 % en masse qui fond encore plus bas vers 607 °C.

Le bronze d'aluminium est un alliage à 5-10 % Al, utilisé comme monnaie ou matériau pour instruments résistants à la corrosion marine, valves et pompes.

Il existe aussi des alliages au silicium, Ă  des teneurs de 1-2 % Si.

Le cuivre au tellure, ainsi que le cuivre au soufre Ă  moindre mesure, est un matĂ©riau mĂ©tallique idĂ©al pour le dĂ©colletage ou la fabrication rapide et prĂ©cise de piĂšces par usinage, voire le matriçage Ă  chaud. Le cuivre au tellure peut ĂȘtre employĂ© Ă©galement en soudage par buse plasma, pour les connexions Ă©lectriques des batteries et la boulonnerie.

Chimie et principaux composés

Les composés du cuivre se présentent sous plusieurs états d'oxydation, généralement +2, par lesquels ils confÚrent une couleur bleue ou verte due aux minéraux qu'ils constituent, comme la turquoise. Cette propriété des sels de cuivre Cu2+ fait qu'ils ont été largement utilisés à travers l'histoire dans la fabrication des pigments. Les éléments architecturaux et les statues en cuivre se corrodent et acquiÚrent une patine verte caractéristique. Le cuivre se retrouve de maniÚre significative dans les arts décoratifs, à la fois sous forme métallique et sous forme de sels colorés.

Les composĂ©s de cuivre prĂ©sentent quatre Ă©tats d’oxydation :

  • le cuivre(I), souvent nommĂ© cuivreux ;
  • le cuivre(II), souvent nommĂ© cuivrique ;
  • le cuivre(III) ;
  • le cuivre(IV).

Les deux premiers et surtout le second en solution aqueuse sont les plus fréquents.

Avant de présenter les différents états du cuivre, à noter l'existence d'une gamme d'ions complexes caractérisée par la géométrie des trois séries de composés de coordination du cuivre. Ainsi selon le nombre de coordination n :

  • si n = 2, elle est linĂ©aire comme dans [CuI (NH3)2](SCN) ;
  • si n = 4, elle forme un plan carrĂ© comme pour l'ion cuproammonium bleu foncĂ© [CuII(NH3)4]2+ par exemple prĂ©sent dans le corps chimique [CuII (NH3)4](SO4), obtenu Ă  partir du sulfate cuprique et l'ammoniaque en milieu aqueux[alpha 13] ;
  • si n = 6, la symĂ©trie est octaĂ©drique comme pour le composĂ© [CuII(NH3)6](Br)2.

Cuivre(I)

Poudre d’oxyde de cuivre(I).

Le cuivre(I) est la principale forme que l’on rencontre dans ses gütes.

L'oxyde de cuivre Cu2O, insoluble dans l'eau, est rouge. Les sels cuivreux anhydres sont blancs.

L'ion Cu+ est incolore et diamagnĂ©tique. Il se caractĂ©rise par un rayon ionique assez important 0,91 Ă…, il ne donne pas d'hydrates stables, il est surtout prĂ©sent sous forme de complexes qui ne sont pas tous stables.

Cu+ + e− → Cu0 mĂ©tal avec un potentiel d'Ă©lectrode normal Δ0 de l'ordre de 0,52 V[alpha 14]

Pourtant il est rare ou n'existe pratiquement pas en solution aqueuse, car ce cation est soumis à dismutation ou oxydé facilement en solution.

2 Cu+ → Cu2+ + Cu mĂ©tal avec Ks ≈ 1,6 Ă— 10−6 et ΔΔ0 ≈ 0,18 V

Donnons un exemple concret de cette réaction globale en équilibre, d'abord en solution aqueuse portée à ébullition en milieu chlorure concentré :

Cu2+ + Cu mĂ©tal en excĂšs + 4 Cl− chlorure en excĂšs → 2 Cu2Cl− complexe de cuivre I en milieu aqueux

Ensuite, par effet de dilution des ions chlorures, s'opÚre la précipitation du chlorure cupreux de formule simplifiée CuCl.

Cu2Cl− aqueux + H2O → CuClprĂ©cipitĂ© solide + Cl− avec Ks ≈ 6,5 Ă— 10−2

Ses composĂ©s, Ă  l'exception d'un certain nombre de complexes, sont trĂšs souvent non stƓchiomĂ©triques, instables et peu solubles, voire quasiment insolubles dans l'eau. L'ion cuivreux s'apparente par certaines propriĂ©tĂ©s aux cations Ag+ Tl+ Hg22+.

Cu2O est un oxyde basique rouge, qui réagit avec les acides halogénés HX, avec X = Cl, Br, I. Les halogénures cuivreux, insolubles ou peu solubles dans l'eau, précipitent.

Les halogĂ©nures cuivreux, sels anhydres blancs Ă  structure cristalline affichant un nombre de coordination 4, typique du cristal de la blende, trĂšs peu solubles ou dissociable dans l'eau, facilement fusibles et semi-conducteurs CuCl, CuBr, CuI sont bien connus, sauf le fluorure[alpha 15]. En rĂ©alitĂ©, le chlorure est autant Ă  l'Ă©tat solide un dimĂšre Cu2Cl2 qu'un monomĂšre, en solution HCl sous forme (nĂ©o)prĂ©cipitĂ© CuCl ou sous forme d'ion complexe CuCl2−, Ă  l'Ă©tat vapeur un mĂ©lange de monomĂšre, de dimĂšre et de trimĂšre[alpha 16]. L'ion complexe CuCl2− explique l'association au gaz monoxyde de carbone CO et l'absorption de ce gaz.

On dĂ©tecte souvent les sucres grĂące Ă  la capacitĂ© de ces derniers Ă  convertir les composĂ©s de cuivre(II) bleus en composĂ©s d’oxyde de cuivre(I) (Cu2O), tel que le rĂ©actif de Benedict. Le principe est le mĂȘme pour la liqueur de Fehling, dont les ions cupreux sont rĂ©duits par les sucres en Cu2O, oxyde rouge brique.

La recherche qualitative et quantitative du cuivre dans les urines (cuprémie) s'effectue en milieu basique concentré en provoquant le dépÎt caractéristique d'oxyde cupreux, par exemple :

2 Cu2+ + 4 HO− → CuI2O prĂ©cipitĂ© d'oxyde de cuivre (I) + 2 H2O + Âœ O2 gaz

Le sulfure cupreux Cu2S tout comme l'oxyde Cu2O, peuvent ĂȘtre obtenus par rĂ©action chimique Ă  hautes tempĂ©ratures du cuivre et des corps simples respectifs, le soufre et le gaz oxygĂšne.

Il existe l'acétylure de cuivre, le thiophÚne-2-carboxylate de cuivre(I), l'acétylacétonate de cuivre(I), le cyanure de cuivre blanc, l'hydroxyde cuivreux jaune orange, le thiocyanate de cuivre, etc.

Le précipité de thiocyanate cuivreux, insoluble dans l'eau, sert au dosage gravimétrique des ions cuivriques en solution aqueuse.

2 Cu2+ + 2 SCN2− + SO32− + H2O → CuISCNprĂ©cipitĂ© de thiocyanate de cuivre (I) + 2 H+ + SO42−.

Cuivre(II)

Précipité naturel hydraté de cuivre(II) dans une ancienne mine souterraine de fer vers Irun, Espagne.

Le cation cuivre divalent ou cuprique Cu2+, de configuration d9, est coloré et paramagnétique à cause de son électron non apparié. Il présente un grand nombre d'analogie avec les cations divalents des métaux de transition. Avec les corps donneurs d'électrons, il forme de nombreux complexes stables.

Il est caractérisé en chimie analytique fondamentale par sa précipitation par H2S à pH 0,5 en milieu aqueux. Le groupe des cations Hg2+ Cd2+ Bi3+, etc., auquel il appartient ont des chlorures solubles et ses sulfures insolubles dans le sulfure d'ammonium[alpha 17].

Le cuivre(II) se rencontre trĂšs couramment dans notre vie de tous les jours. Un grand nombre de ses sels n'ont pas les mĂȘmes aspects de coloration Ă  la lumiĂšre s'ils sont anhydres ou hydratĂ©s, en solutions concentrĂ©es ou diluĂ©es. Toutefois les solutions diluĂ©es de sels cuivriques dans l'eau sont gĂ©nĂ©ralement bleues ou parfois bleu-vert.

Le carbonate de cuivre(II) constitue le dépÎt vert qui donne leur aspect spécifique aux toits ou coupoles recouverts de cuivre des bùtiments anciens.

Le sulfate de cuivre(II) est constituĂ© d’un pentahydrate bleu cristallin qui est peut-ĂȘtre le composĂ© de cuivre le plus commun au laboratoire. Le sulfate cuivrique anhydre est blanc, le sulfate de cuivre hydratĂ© (notamment pentahydrate) est bleu, le sulfate de cuivre aqueux est bleu en solution concentrĂ©e. Ce sulfate peut ainsi servir de test Ă  la prĂ©sence d'eau. On s’en sert aussi de fongicide, sous le nom de bouillie bordelaise[25]. En lui ajoutant une solution aqueuse basique d’hydroxyde de sodium, on obtient la prĂ©cipitation d’hydroxyde de cuivre(II), bleu, solide. L’équation simplifiĂ©e de la rĂ©action est :

Cu2+ + 2 HO− → Cu(OH)2 prĂ©cipitĂ© d'hydroxyde de cuivre.

Une équation plus fine montre que la réaction fait intervenir deux ions hydroxyde avec déprotonation du composé de cuivre(II) 6-hydraté :

Cu(H2O)62+ aqueux + 2 HO− → Cu(H2O)4(OH)2 + 2 H2O.

L'hydroxyde de cuivre est soluble dans les acides, et Ă©galement dans un excĂšs de base Ă  un certain point, Ă  cause de l'espĂšce complexe Cu(OH)42−.

Une solution aqueuse d’hydroxyde d'ammonium (NH4+ + HO−) provoque la formation du mĂȘme prĂ©cipitĂ©. Lorsqu’on ajoute un excĂšs de cette solution, le prĂ©cipitĂ© se redissout, formant un composĂ© d’ammoniaque bleu foncĂ©, le cuivre(II) tĂ©traamine :

Cu(H2O)4(OH)2 + 4 NH3 → Cu(H2O)2(NH3)42+ + 2 H2O + 2 HO−.

Ce composé était jadis important dans le traitement de la cellulose. Il l'est encore dans les procédés de la rayonne au cuivre ammoniacal[alpha 18].

D’autres composĂ©s bien connus de cuivre(II), souvent anhydres ou hydratĂ©s, comprennent l’acĂ©tate de cuivre(II), le formiate, l'oxalate, le tartrate de cuivre(II), le carbonate de cuivre(II), le chlorure de cuivre(II), le nitrate de cuivre(II), le phosphate, le chromate, l'arsĂ©niate, le sulfure et l’oxyde de cuivre(II). Mentionnons la couleur brune du chlorure de cuivre anhydre, la couleur verte des chlorures de cuivre hydratĂ©es, la couleur jaune-vert de leurs solutions concentrĂ©es, ainsi que la couleur verte de l'acĂ©tate de cuivre anhydre, la couleur bleu-vert des acĂ©tates de cuivre hydratĂ©s, la couleur vert-bleu des solutions concentrĂ©es.

La méthode du biuret est un dosage colorimétrique des protéines.

Les ions cuivriques sont oxydants, ils oxydent les aldéhydes selon la réaction de Fehling en milieu basique, détectent les oses réducteurs, les coumarines ou les flavonoïdes selon la réaction-test de Benedict. La méthode de Bertrand permet de doser les sucres du lait. La réaction de Barfoed est un test de détection des oses avec l'acétate cuivrique en milieu acide, alors que la liqueur de Fehling n'opÚre dans ce cas qu'en milieu basique.

L'action des aldéhydes ou des sucres sur la liqueur de Fehling permet de réduit Cu2+ à terme en l'oxyde de cuivre Cu2O, laissant un précipité rouge brique. Rappelons que cette liqueur de détection à base de complexe de cuivre cuprique s'utilise fraßche (fraßchement préparée) et avec un léger chauffage thermique[alpha 19].

Le fluorure cuivrique CuF2 anhydre et incolore se caractérise par un réseau ionique cristallin, analogue à la fluorine.

Le chlorure cuivrique ou le bromure cuivrique anhydres forment quant Ă  eux des chaĂźnes en principe illimitĂ©es (CuCl2)n ou (CuBr2)n oĂč les deux atomes de chlore donneurs potentiels d'Ă©lectron semblent chĂ©later ou pincer l'atome de cuivre accepteur[alpha 20]. Ces polymĂšres linĂ©aires sont hydrolysĂ©s par dissolution dans l'eau.

Le cuivre mĂ©tal peut ĂȘtre extrait de ses solutions salines par des mĂ©taux, nĂ©cessairement moins nobles ou non nobles, comme le fer et le magnĂ©sium. Cette rĂ©action de cĂ©mentation s'Ă©crit par exemple avec le fer Fe.

Cu2+ aqueux + Fe0 limaille ou poudre de mĂ©tal fer → Cu0 mĂ©tal + Fe2+ aqueux (ions ferreux).

Il existe de nombreuses mĂ©thodes de dĂ©tection des ions cuivre, l’une faisant intervenir le ferrocyanure de potassium, qui donne un prĂ©cipitĂ© brun et des sels de cuivre. La mise en milieu soude NaOHaq des sels cuivriques, par exemple l'ion cuivrique de sulfate, du chlorure ou de l'acĂ©tate de cuivre, prĂ©alablement dĂ©crits, laisse un prĂ©cipitĂ© bleu. De mĂȘme, le milieu ammoniaque NH4OHaq engendre une liqueur bleue, l'addition de ferrocyanure de potassium un prĂ©cipitĂ© brun, la rĂ©action par bullage d'hydrogĂšne sulfurĂ© H2Sgaz un prĂ©cipitĂ© noir caractĂ©ristique.

Les solutions ammoniacales des sels cuivriques sont souvent bleu foncé, cette coloration profonde est apportée par les ions complexes Cu(NH3)n2+ impliquant n molécules d'ammoniac. Ces ions complexes expliquent l'absorption du monoxyde de carbone CO.

Les complexes cuivriques sont en général trÚs stables. Ils sont également paramagnétiques lorsqu'ils disposent d'un électron célibataire et d'une structure coordonnée en dsp3.

Le tartrate de cuivre dilué dans une solution alcaline à base de soude NaOHaq et potasse caustique KOHaq donne une liqueur bleu intense.

Le tartrate de cuivre est facilement transformé par H2S en sulfure de cuivre CuS, formant un précipité noir.

La formule du sulfure cuivrique est trompeuse, car il existe dans le rĂ©seau cristallin des concatĂ©nations de soufre, un cuivre CuI Ă  coordination tĂ©traĂ©drique et un cuivre CuII au centre de triangle Ă©quilatĂšre de S, d'oĂč la formule des cristallographes CuI4CuII2(S2)2S2

Le cyanure double de cuivre et de potassium en milieu aqueux ne présente aucune transformation ni altération, car il s'agit d'une structure de complexe.

Les cyanures sont à la fois des réducteurs de l'ion cuprique et surtout des complexants en fortes quantités ou en excÚs.

Cu2+ aqueux + 2 CN− aqueux → (CN)2 gaz cyanogùne + Cu+ aqueux.
Cu2+ aqueux + 4 CN− aqueux → Cu(CN)4 3−

La rĂ©duction de l'ion cuprique par les ions iodure I− permet le dosage volumĂ©trique du cuivre, car l'iode est titrĂ© en retour par le thiosulfate de sodium. La rĂ©action de base en milieu aqueux s'Ă©crit :

Cu2+ + 2 I− → CuI iodure cuivreux + Âœ I2 iode.

L'acétylacétonate de cuivre(II) catalyse des réactions de couplage et de transfert de carbÚnes. Le triflate ou trifluorométhylsulfonate de cuivre(II) est également un catalyseur.

L'oxyde mixte de baryum de cuivre et d'yttrium figure parmi les premiers matériaux céramiques supra-conducteur à température de l'azote liquide.

Cuivre(III)

Le cation Cu3+ est peu stable et n'existe que par stabilisation sous forme de complexes. Il existe Cu2O3

Un composĂ© reprĂ©sentatif du cuivre(III) est le CuF63−. Il existe aussi K3CuF6, KCuO2, etc.

Les composés de cuivre(III) sont peu courants mais sont impliqués dans une grande variété de réactions en biochimie non organique et en catalyse homogÚne. Les cuprates supraconducteurs contiennent du cuivre(III), tels que YBa2Cu3O7-Ύ.

Cuivre(IV)

Les composĂ©s de cuivre(IV), tels que les sels de CuF62−, sont trĂšs rares.

Dosage

La quantitĂ© de cuivre dans diffĂ©rents milieux est quantifiable par diffĂ©rentes mĂ©thodes analytiques. Pour dissocier le cuivre de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion Ă  l’aide d’un acide (en gĂ©nĂ©ral l’acide nitrique et/ou l’acide chlorhydrique). Le centre d’expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec[26] utilise des techniques couplĂ©es, soient l’ICP-MS pour les analyses dans la chair de poissons et des petits invertĂ©brĂ©s, et l’ICP-OES pour les analyses dans l’eau qui doit prĂ©alablement ĂȘtre acidifiĂ©e.

Anciens ustensiles de cuisine en cuivre, dans un restaurant de JĂ©rusalem.

Utilisations et applications du corps simple, des alliages et des composés

Assortiment de raccords en cuivre.
Toiture en cuivre du Minneapolis City Hall, recouverte de patine.

Environ 98 % de l'Ă©lĂ©ment cuivre est utilisĂ© sous forme du corps simple mĂ©tallique ou de ses alliages, profitant de ses propriĂ©tĂ©s physiques spĂ©cifiques - mallĂ©abilitĂ© et ductilitĂ©, bonne conductivitĂ© thermique et Ă©lectrique et du fait qu’il est rĂ©sistant Ă  la corrosion. Le cuivre s’avĂšre souvent trop mou pour certaines applications, aussi est-il intĂ©grĂ© Ă  de nombreux alliages. On compte parmi ceux-ci le laiton, alliage de cuivre et de zinc ou le bronze, alliage de cuivre et d'Ă©tain. On peut usiner le cuivre, bien qu’il soit souvent nĂ©cessaire de faire appel Ă  un alliage pour les piĂšces de forme complexe, comme les piĂšces filetĂ©es, afin de conserver des caractĂ©ristiques d’usinabilitĂ© satisfaisantes. Sa bonne conductivitĂ© thermique permet de l’utiliser pour les radiateurs et les Ă©changeurs de chaleur, comme autrefois les chaudiĂšres et les alambics.

Les propriétés du cuivre (haute conductivité électrique et thermique, résistance à la corrosion, recyclabilité) font de ce métal une ressource naturelle trÚs utilisée. Il permet de confectionner du matériel de conduction électrique (barre, cùbles, fils électriques fils téléphoniques, gaines hertziennes), des plaques et tÎles de cuivre pour couverture, des ustensiles de cuisine, des objets décoratifs, des plaques pour galvanoplastie et clichage sur cuivre.

Il sert ainsi dans le secteur de l'Ă©lectricitĂ©, l'Ă©lectronique, les tĂ©lĂ©communications (rĂ©seaux cĂąblĂ©s, microprocesseurs, batteries), dans la construction (tuyauterie d'eau, couverture de toit), dans l'architecture, les transports (composants Ă©lectromĂ©caniques, refroidisseurs d'huile, rĂ©servoirs, hĂ©lices), les machines-outils, des produits d'Ă©quipement (plateformes pĂ©troliĂšres) et de consommation (ustensiles de cuisine, parfois par doublage des vaisseaux en feuilles minces, autrefois ustensiles de boulangerie) mais aussi des piĂšces de monnaie comme l'euro[27]. Le cuivre sert frĂ©quemment en galvanoplastie, en gĂ©nĂ©ral comme substrat pour le dĂ©pĂŽt d’autres mĂ©taux, comme le nickel.

La piÚce d'un euro (l'Arbre étoilé dessiné par Joaquin Jimenez pour les euros frappés en France) est constituée d'un centre « blanc » en cupronickel (75 % Cu 25 % Ni) sur ùme de nickel et d'une couronne « jaune » en maillechort (75 % Cu 20 % Zn 5 % Ni). Les alliages (centre et couronne) sont inversés pour la piÚce de deux euros[28].

Industries mécaniques et électriques

On retrouve du cuivre dans un grand nombre d’applications contemporaines et dans de nombreuses industries diffĂ©rentes : tĂ©lĂ©communications, bĂątiment, transports, Ă©nergie et Ă©nergies renouvelables. Du fait de sa trĂšs bonne conductivitĂ© Ă©lectrique et thermique, le cuivre est utilisĂ© dans de nombreuses applications. Il est le meilleur conducteur Ă©lectrique parmi l’ensemble des mĂ©taux non prĂ©cieux. À titre d’exemple, la conductivitĂ© Ă©lectrique du cuivre (59,6 Ă— 106 S m−1) est supĂ©rieure de 58 % Ă  celle de l’aluminium (37,7 Ă— 106 S m−1).

Les Ă©quipements Ă©lectriques et Ă©lectroniques contiennent jusqu'Ă  20 % de leur poids en cuivre. Du fait de sa grande densitĂ© (8,94 g/cm3) il ne peut cependant pas ĂȘtre utilisĂ© dans les lignes haute tension aĂ©riennes oĂč l’aluminium s’impose en raison de sa lĂ©gĂšretĂ©. Ses propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques sont largement exploitĂ©es, et son utilisation en tant que conducteur, dans les Ă©lectroaimants, les relais, les barres de distribution et les commutateurs. Les circuits intĂ©grĂ©s utilisent de plus en plus le cuivre au lieu de l’aluminium du fait de sa conductivitĂ© Ă©lectrique plus Ă©levĂ©e, tout comme les circuits imprimĂ©s. Il est Ă©galement utilisĂ© comme matĂ©riau pour la fabrication des radiateurs pour ordinateurs, du fait de sa meilleure conductivitĂ© thermique que celle de l’aluminium. Les tubes Ă  vide, les tubes Ă  rayons cathodiques et les magnĂ©trons prĂ©sents dans les fours Ă  micro-ondes font appel au cuivre, comme les guides d’ondes pour l’émission de micro-ondes.

Dans certaines applications thermiques (les radiateurs d’automobile par exemple), pour des raisons Ă©conomiques, il est parfois remplacĂ© par des matĂ©riaux moins performants en termes de rendement (aluminium, matĂ©riaux de synthĂšse). Le cuivre est rarement utilisĂ© pur, sauf pour les conducteurs Ă©lectriques et dans le cas oĂč l'on souhaite une grande conductivitĂ© thermique, car le cuivre pur est trĂšs ductile (capacitĂ© Ă©levĂ©e d'allongement sans rupture). Il est montrĂ© que les conductivitĂ©s thermique et Ă©lectrique du cuivre sont trĂšs fortement liĂ©es. Cela rĂ©sulte du mode de transmission de la chaleur et de l'Ă©lectricitĂ© dans les mĂ©taux, qui se fait majoritairement par dĂ©placement d'Ă©lectrons. À noter Ă  ce titre que le cuivre servant dans ce domaine doit ĂȘtre extrĂȘmement pur (minimum 99,90 % selon les normes internationales). Les impuretĂ©s solubles dans la matrice de cuivre telles que le phosphore (mĂȘme en trĂšs faible proportion) diminuent trĂšs fortement la conductivitĂ©. Le cuivre est couramment utilisĂ© en laboratoire comme cible dans les tubes Ă  rayons X pour la diffraction sur poudres. La raie K du cuivre a pour longueur d'onde moyenne 1,541 82 Ă….

Architecture et industrie

Alors que, pour les applications Ă©lectriques, on utilise du cuivre non oxydĂ©, le cuivre utilisĂ© en architecture est du cuivre phosphoreux dĂ©soxydĂ© (Ă©galement nommĂ© Cu-DHP). Depuis l’antiquitĂ©, on utilise le cuivre comme matĂ©riau de couverture Ă©tanche, ce qui donne Ă  nombre de bĂątiments anciens l’aspect vert de leurs toitures et coupoles. Au dĂ©but se forme de l’oxyde de cuivre, bientĂŽt remplacĂ© par du sulfure cuivreux et cuivrique, et enfin par du carbonate de cuivre. La patine finale de sulfate de cuivre (dĂ©nommĂ©e « vert-de-gris ») est trĂšs rĂ©sistante Ă  la corrosion[29].

  • Statuaire : la statue de la LibertĂ©, par exemple, comporte 179 220 livres (81,29 tonnes mĂ©triques) de cuivre.
  • AlliĂ© au nickel, par exemple dans le cupronickel et le monel, il est utilisĂ© en construction navale en tant que matĂ©riau rĂ©sistant Ă  la corrosion.
  • Du fait de son excellente dissipation thermique, il est utilisĂ© pour la boĂźte Ă  feu des chaudiĂšres Ă  vapeur de Watt.
  • Les composĂ©s de cuivre sous forme liquide servent Ă  la prĂ©servation du bois contre les dĂ©gĂąts causĂ©s par la pourriture sĂšche, en particulier lors du traitement de parties originales de structures en cours de restauration.
  • On peut placer des fils de cuivre sur des matĂ©riaux de toiture non conducteurs pour limiter le dĂ©veloppement des mousses (on peut Ă©galement utiliser le zinc Ă  cet effet.)
  • Le cuivre sert Ă©galement pour empĂȘcher les Ă©clairs de frapper directement un bĂątiment. PlacĂ©es en hauteur au-dessus du toit, des pointes de cuivre (paratonnerres) sont reliĂ©es Ă  un cĂąble de cuivre de forte section lui-mĂȘme connectĂ© Ă  une grande plaque mĂ©tallique enterrĂ©e. La charge est dispersĂ©e dans le sol, au lieu de dĂ©truire la structure principale.

Le cuivre prĂ©sente une bonne rĂ©sistance Ă  la corrosion, cependant infĂ©rieure Ă  celle de l’or. Il a d’excellentes propriĂ©tĂ©s en soudage et brasage et peut Ă©galement ĂȘtre soudĂ© Ă  l’arc, bien que les rĂ©sultats obtenus soient meilleurs avec la technique de soudage Ă  l’arc sous gaz neutre, avec apport de mĂ©tal.

Principe du brasage.

Alliages

Les alliages de cuivre sont trĂšs largement utilisĂ©s dans de nombreux domaines. Les alliages les plus cĂ©lĂšbres sont certainement le laiton (cuivre-zinc) et le bronze (cuivre-Ă©tain) qui ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s bien avant qu'on ne fasse les premiĂšres coulĂ©es de cuivre pur. Les fonts baptismaux de la collĂ©giale Saint-BarthĂ©lemy de LiĂšge ont fascinĂ© les chercheurs Ă  ce niveau. Il a fallu se rendre Ă  l'Ă©vidence que le laiton est nettement plus facile Ă  mettre en Ɠuvre que le cuivre pur et le zinc pur sĂ©parĂ©s.

  • PiĂšces conductrices : par exemple pour usage Ă©lectrotechnique, en particulier en laiton rouge ou en tombac.
  • PiĂšces mĂ©caniques : le cuivre pur ou lĂ©gĂšrement alliĂ© prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques satisfaisantes mais il n'est gĂ©nĂ©ralement pas utilisĂ© en raison de sa densitĂ© Ă©levĂ©e.
  • PiĂšces de frottement et d'usure : voir l'article Tribologie.
  • PiĂšces devant rĂ©sister Ă  la corrosion, l'oxyde de cuivre est stable Ă  tempĂ©rature ambiante et recouvre gĂ©nĂ©ralement par une fine couche isolante les piĂšces en cuivre.
  • Instruments de musique, en particulier en tombac ou laiton rouge Ă  20 % de zinc, les cuivres, mais aussi les cymbales, les timbales, les cloches ou clochettes en diffĂ©rents bronzes Ă  20 Ă  25 % d'Ă©tain.
  • PiĂšces de bijouterie.
  • PiĂšce de cartouches, par exemple en tombac : voir infra Armement.

Applications des composés de cuivre

Environ 2 % de la production de cuivre sert Ă  la production de composĂ©s chimiques. Les applications principales sont les complĂ©ments alimentaires et les fongicides pour l’agriculture[30].

Le sulfate de cuivre, Ă  l'instar d'autres sels de cuivre, peut ĂȘtre utilisĂ© comme pigment vert pour peintures, comme fongicides et algicides. On le retrouve dans la bouillie bordelaise.

Les carboxylates de cuivre servent comme fongicides et comme catalyseurs.

Les usages des sels de cuivre sont Ă©galement divers :

  • en tant que composant des glaçures pour cĂ©ramique et pour colorer le verre ;
  • produit d’extinction Classe D utilisĂ© sous forme de poudre pour Ă©teindre les feux de lithium par Ă©touffement du mĂ©tal en combustion et en jouant le rĂŽle de dissipateur thermique ;
  • fibres textiles, pour rĂ©aliser des tissus de protection antimicrobiens[31].

Armement

  • Les ogives (« balles ») des munitions dites « blindĂ©es » pour armes longues ou de poing sont constituĂ©es couramment d’une chemise en cuivre entourant un cƓur gĂ©nĂ©ralement en plomb.
  • Le cuivre, sous forme de laiton, est souvent utilisĂ© pour rĂ©aliser des boĂźtiers.
  • Le cuivre est Ă©galement utilisĂ© dans les munitions dites Ă  charge creuse destinĂ©es Ă  percer les blindages, ainsi que dans les explosifs utilisĂ©s en dĂ©molition (lame).

Pyrotechnie

En pyrotechnie, les composés du cuivre ou autrefois la poudre fine de cuivre colorent une gerbe de feux d'artifice en bleu.

Supraconductivité

L'oxyde cuprique CuO associĂ© Ă  l'oxyde d'yttrium Y2O3, l'oxyde de baryum BaO, l'oxyde de strontium SrO, l'oxyde de bismuth Bi2O3 peut former des cĂ©ramiques ou nano-assemblages supraconducteurs vers −140 °C.

De mĂȘme, mais Ă  plus basses tempĂ©ratures, CuS. CuS2 et CuSe2 se remarquent par leur supraconductivitĂ©.

L'intĂ©rĂȘt pour les cuprates dans ce domaine a Ă©tĂ© lancĂ© par les travaux de deux spĂ©cialistes des pĂ©rovskites Georg Bednorz et Alex MĂŒller publiĂ©s en 1986 qui supposaient initialement une supraconductivitĂ© Ă  −238 °C pour BaLaCuO[32].

Applications biomédicales

  • Le sulfate de cuivre(II) est utilisĂ© comme fongicide et pour limiter la prolifĂ©ration des algues dans les Ă©tangs et piscines domestiques. On l’utilise sous forme de poudre et de pulvĂ©risation, en jardinage, pour lutter contre le mildiou[30].
  • Le cuivre 62 PTSM, composĂ© contenant du cuivre-62 radioactif, sert de marqueur radioactif en tomographie par Ă©mission de positron (PET) pour la mesure des dĂ©bits sanguins au niveau du cƓur.
  • Le cuivre-64 en tant que marqueur radioactif en tomographie par Ă©mission de positron (PET) en imagerie mĂ©dicale. AssociĂ© dans un complexe chĂ©latĂ©, il peut ĂȘtre utilisĂ© pour le traitement du cancer par radiothĂ©rapie.

Applications en aquaculture

Les alliages de cuivre ont pris une place importante en tant que matĂ©riaux utilisĂ©s dans les filets dans l’industrie de l’aquaculture. Ce qui place les alliages de cuivre Ă  part des autres matĂ©riaux est qu’ils sont antimicrobiens. Dans un environnement marin, les propriĂ©tĂ©s antimicrobiennes et algicides des alliages de cuivre empĂȘchent l’encrassement biologique. En plus de leurs propriĂ©tĂ©s antifouling, les alliages de cuivre prĂ©sentent des propriĂ©tĂ©s de rĂ©sistance structurale et Ă  la corrosion en milieu marin. C’est la combinaison de toutes ces propriĂ©tĂ©s – antifouling, haute rĂ©sistance mĂ©canique et Ă  la corrosion – qui font des alliages de cuivre des matĂ©riaux de choix pour les filets et comme matĂ©riaux de structure dans les exploitations de pisciculture commerciales Ă  grande Ă©chelle.

Toxicologie et rÎle d'oligo-élément en biologie

Le cuivre et surtout ses sels solubles sont reconnus toxiques et vĂ©nĂ©neux Ă  doses consĂ©quentes ou fortes. À trĂšs faible dose, il s'agit d'un oligo-Ă©lĂ©ment bien connu. Le corps humain contient environ 150 mg de cuivre sous diverses formes, et les besoins quotidiens sont de l'ordre de mg pour une personne de 75 kg.

Il ne faut pas conserver des aliments dans des vases ou récipients en cuivre. La sagesse antique réservait ce métal à surface propre aux opérations de chauffage ou de transferts thermiques avec parfois des effets catalytiques recherchés, car les opérateurs connaissaient la dangerosité des sels solubles et vénéneux. Une solution technique possible a été l'étamage, c'est-à-dire l'application d'une fine couche d'étain à chaud, par exemple à certains ustensiles de cuisine. Mais dans ce cas, les surfaces protégées perdent leurs propriétés catalytiques.

L'ion cuivrique Cu2+ est soluble dans l'eau, ses solutions aqueuses sont un poison violent pour les micro-organismes et mĂȘme Ă  faible concentration, il a un effet bactĂ©riostatique et fongicide, assez Ă©phĂ©mĂšre, rarement pluriannuel. Dans certaines applications, cette propriĂ©tĂ© sert Ă  prĂ©venir le dĂ©veloppement des germes et champignons (canalisations d'eau sanitaire, culture de la vigne, coques de bateaux et boiseries, etc.).

Il est par ailleurs un oligo-élément vital pour toutes les plantes supérieures et les animaux[33]. Il est naturellement présent dans le corps humain et indispensable au bon fonctionnement de nombreuses fonctions physiologiques : systÚme nerveux et cardiovasculaire, absorption du fer, croissance osseuse, bonne marche des fonctions immunitaires et régulation du cholestérol.

Écotoxicologie

Sur cette pierre tombale, deux clous de laiton riches en cuivre ont libéré de trÚs faibles doses de cuivre. Ces doses, bien qu'infimes ont tué la totalité des bactéries, mousses et lichens, laissant la pierre comme neuve.

Le cuivre, quand il est prĂ©sent sous forme d'ions ou de certains composĂ©s biodisponibles peut ĂȘtre Ă©cotoxique mĂȘme Ă  faible dose notamment pour certains organismes aquatiques, et sur terre pour les mousses et lichens, ce pourquoi il est employĂ© dans de nombreux antifoolings et agent de traitement des bois utilisĂ©s Ă  l'extĂ©rieur[34].

Risques pour l'agriculture et l'Ă©levage

Du fait de ses propriĂ©tĂ©s algicides, bactĂ©ricides et antifongiques, le cuivre est Ă©galement utilisĂ© comme pesticide pour l’agriculture. ConformĂ©ment Ă  la Directive europĂ©enne 2092/91[35], il peut ĂȘtre utilisĂ© en agriculture biologique sous forme d’hydroxyde de cuivre, d’oxychlorure de cuivre, de sulfate de cuivre et d’oxyde de cuivre. Il est en particulier utilisĂ© en viticulture biologique sous forme de bouillie bordelaise pour lutter contre le mildiou. Cette technique ancestrale est efficace, mais doit ĂȘtre raisonnĂ©e : un Ă©pandage trop intensif peut entraĂźner une accumulation de cuivre dans le sol et - Ă  long terme - en dĂ©tĂ©riorer la qualitĂ©. Des effets toxiques ont par exemple Ă©tĂ© observĂ© chez le mouton pĂąturant prĂšs de vignes. Ce mammifĂšre est l'un des plus sensibles au cuivre - parmi ceux dont les rĂ©actions au cuivre ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es : 15 mg de Cu par kg d'aliment est le seuil lĂ©tal[36]. L’Union europĂ©enne a fixĂ© Ă  150 mg/kg la teneur maximale des sols en cuivre en agriculture biologique[37].

Les moĂ»ts de raisin issus de la viticulture biologique peuvent renfermer du cuivre. Celui-ci est soustrait des vins par traitement au ferrocyanure de potassium ou par le monosulfure de sodium qui le prĂ©cipite Ă  l’état de sulfures Ă©liminĂ©s avec les levures et les lies.

D'autres problĂ©matiques liĂ©es Ă  une utilisation du cuivre en trop grande quantitĂ© existent, par exemple dans l’élevage porcin, oĂč le cuivre est parfois utilisĂ© comme complĂ©ment alimentaire. Facteur de croissance pour le porcelet en post-sevrage, il est parfois incorporĂ© Ă  des niveaux jusqu'Ă  trente fois supĂ©rieurs aux besoins de l’animal. De telles pratiques conduisent Ă  une trop forte concentration de cuivre dans les lisiers, qui aprĂšs Ă©pandage, peuvent alors poser des problĂšmes environnementaux (des phĂ©nomĂšnes de phytotoxicitĂ© pourraient apparaĂźtre Ă  moyen terme dans certaines rĂ©gions d'Ă©levage intensif)[38]. Une rĂ©duction des apports de cuivre dans l'alimentation du porc serait un moyen de diminuer ces risques environnementaux.

Risques pour l'Homme

Pour l’Homme, le cuivre ingĂ©rĂ© Ă  trĂšs haute dose, en particulier sous ses formes oxydĂ©es (vert-de-gris, oxyde cuivreux, oxyde cuivrique) ou sous des formes souvent chroniques de poussiĂšres de composĂ©s de cuivre peut se rĂ©vĂ©ler nocif. Quelques cas d’exposition prolongĂ©e au cuivre ayant entraĂźnĂ© des dĂ©sordres sur la santĂ© ont Ă©tĂ© observĂ©s. La Fiche de donnĂ©es toxicologiques et environnementales des substances chimiques de l’INERIS consacrĂ©e au cuivre et Ă  ses dĂ©rivĂ©s peut ĂȘtre consultĂ©e librement[39].

L'empoisonnement aigu est rare, car l'ingestion de grande quantitĂ© provoque des rĂ©actions violentes de l'organisme, notamment des vomissements[alpha 21]. Les anciens chimistes de laboratoire, qui pouvaient ĂȘtre confrontĂ©s Ă  quelques accidents, proposaient des contre-poisons peu ou prou efficaces, comme l'ingestion rĂ©gulĂ©e d'albumine (blanc d'Ɠuf dĂ©layĂ© dans l'eau), de la limaille de zinc [sic] ou de la poudre de fer rĂ©duite par de l'hydrogĂšne comme rĂ©ducteur, car le cuivre mĂ©tallique n'Ă©tait pas considĂ©rĂ© comme vĂ©nĂ©neux.

La contamination à la poussiÚre de cuivre et à ses composés peut provoquer un état de malaise fiévreux proche d'une maladie virale ou petite grippe, autrefois dénommée la « fiÚvre du fondeur ». Avec le repos, le malaise disparaßt en deux jours.

L'exposition quotidienne au cuivre, Ă  long terme peut provoquer une irritation des zones affectĂ©es pour les particules ou poussiĂšres, les muqueuses, les fosses nasales et la bouche, sans oublier les yeux. Elle entraĂźne maux de tĂȘte, maux d'estomac, vertiges, ainsi que vomissements et diarrhĂ©es. Les prises volontaires de fortes doses de cuivre peuvent provoquer des dommages irrĂ©versibles aux reins et au foie et conduire Ă  la mort[40].

C'est un oligo-élément indispensable à la spermatogenÚse (un taux anormalement bas de cuivre dans le plasma séminal est associé à l'oligospermie et à l'azoospermie[41]), mais il peut, comme d'autres métaux, avoir un effet inhibiteur sur la motilité des spermatozoïdes. C'est ce que révÚle une étude menée dans les années 1970 sur les métaux suivants : cuivre, laiton, nickel, palladium, platine, argent, or, zinc et cadmium)[42].

D'autres travaux menĂ©s in vitro sur des rats ont montrĂ© dans les annĂ©es 1980 que l’inhalation prolongĂ©e de chlorure de cuivre pouvait entraĂźner une immobilisation non rĂ©versible du sperme chez le rat[43] - [44] - [45] - [46]. Les auteurs, du DĂ©partement d'Ă©tudes vĂ©tĂ©rinaires de l'universitĂ© de Sydney, remarquent que cet effet pourrait expliquer l'efficacitĂ© contraceptive des stĂ©rilets en cuivre, en plus de l'effet mĂ©canique du stĂ©rilet qui inhibe le processus contraceptif en milieu utĂ©rin humain[45] - [47]. Une autre Ă©tude montre que c'est une phagocytose activĂ©e par les leucocytes de la cavitĂ© utĂ©rine qui expliquerait l'efficacitĂ© des stĂ©rilets de cuivre[48].

Un oligo-élément indispensable à la vie

Le cuivre est un oligo-Ă©lĂ©ment indispensable Ă  la vie (hommes, plantes, animaux, et micro-organismes). Le corps humain contient normalement du cuivre Ă  une concentration d’environ 1,4 Ă  2,1 mg/kg. On trouve du cuivre dans le foie, les muscles et les os. Le cuivre est transportĂ© par la circulation sanguine au moyen d’une protĂ©ine nommĂ©e cĂ©rulĂ©oplasmine[49]. AprĂšs absorption du cuivre au niveau de l’intestin, il est acheminĂ© vers le foie, liĂ© Ă  l’albumine. Le mĂ©tabolisme et l’excrĂ©tion du cuivre sont contrĂŽlĂ©s par la fourniture au foie de cĂ©rulĂ©oplasmine, et le cuivre est excrĂ©tĂ© dans la bile. Au niveau cellulaire, le cuivre est prĂ©sent dans nombre d’enzymes et de protĂ©ines, y compris la cytochrome c oxydase et certaines superoxydes dismutases (SOD). Le cuivre sert au transport biologique d’électrons, par exemple les protĂ©ines « bleu cuivre », azurine et plastocyanine. La dĂ©nomination « bleu cuivre » vient de leur intense couleur bleue due Ă  une bande d’absorption (autour de 600 nm) par transfert de charge coordinat/mĂ©tal (LMCT). Nombre de mollusques et certains arthropodes, tels que la limule, font appel, pour le transport de l’oxygĂšne, Ă  un pigment Ă  base de cuivre, l’hĂ©mocyanine, plutĂŽt qu’à l’hĂ©moglobine, possĂ©dant un noyau fer, et leur sang est bleu, et non rouge, lorsqu’il est oxygĂ©nĂ©[50].

Diverses agences de santĂ© dans le monde ont dĂ©fini des normes nutritionnelles journaliĂšres. Les chercheurs spĂ©cialisĂ©s en microbiologie, toxicologie, nutrition et Ă©valuation des risques sanitaires travaillent ensemble Ă  dĂ©finir avec prĂ©cision les quantitĂ©s de cuivre requises par l'organisme, en Ă©vitant les dĂ©ficits ou les surdosages en cuivre[51]. En France, les apports nutritionnels conseillĂ©s (ANC) par l’Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments[52] sont de mg/j chez l’enfant jusqu’à 9 ans, 1,5 mg/j chez l’adolescent jusqu’à 19 ans, et mg/j chez l’adulte.

ExcĂšs et manque de cuivre

Chez l'Homme et les mammifĂšres, le cuivre est notamment nĂ©cessaire Ă  la formation de l'hĂ©moglobine, il intervient dans la fonction immunitaire et contre le stress oxydant. Comme il facilite l’assimilation du fer, un dĂ©ficit en cuivre peut souvent donner lieu Ă  des symptĂŽmes analogues Ă  une anĂ©mie. Chez certaines espĂšces, il remplace mĂȘme le fer pour le transport de l'oxygĂšne. C’est le cas de la limule (arthropode) dont le sang est bleu[53], ou de certains chironomes qui sont verts.

Un déficit en cuivre est également associé à une diminution du nombre de certaines cellules sanguines (cytopénie)[54] et à une myélopathie[55]. Le déficit se voit essentiellement aprÚs une chirurgie digestive (dont la chirurgie bariatrique et les surcharges en zinc[56] (le zinc étant absorbé de maniÚre compétitive avec le cuivre par le tube digestif)).

Inversement, une accumulation de cuivre dans les tissus peut provoquer chez l’Homme la maladie de Wilson.

Propriétés antibactériennes

Depuis l’AntiquitĂ©, le mĂ©tal rouge est utilisĂ© par l’Homme pour ses vertus sanitaires, notamment pour soigner les infections et prĂ©venir les maladies[57]. Avant mĂȘme la dĂ©couverte des micro-organismes, les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les AztĂšques utilisaient des prĂ©parations Ă  base de cuivre pour leurs maux de gorge, Ă©ruptions cutanĂ©es et pour l’hygiĂšne quotidienne. Au XIXe siĂšcle, aprĂšs la dĂ©couverte du lien de causalitĂ© entre le dĂ©veloppement de germes pathogĂšnes et la dĂ©claration des maladies, de nombreux scientifiques se sont intĂ©ressĂ©s Ă  l’exploitation des propriĂ©tĂ©s antibactĂ©riennes[58] du cuivre. Actuellement, le cuivre est utilisĂ© par l’industrie pharmaceutique, dans des applications allant des antiseptiques et antimycosiques aux produits de soins et d’hygiĂšne (crĂšmes, ampoules d’oligo-Ă©lĂ©ments, etc.).

S’il est bĂ©nĂ©fique Ă  faibles doses, l'ion Cu2+ peut cependant, comme la plupart des Ă©lĂ©ments chimiques, se rĂ©vĂ©ler toxique pour certains organismes Ă  des concentrations trĂšs Ă©levĂ©es (des cas de contaminations ont Ă©tĂ© identifiĂ©s Ă  l'Ăąge du bronze sur des squelettes d’hommes ou d’animaux Ă  proximitĂ© des anciennes mines de cuivre de l'actuelle Jordanie[59]) ou lorsqu’il est associĂ© Ă  d’autres matĂ©riaux comme le plomb (une telle association pourrait aggraver le risque de maladie de Parkinson[60]).

En , l’Agence amĂ©ricaine de protection de l’environnement (EPA)[61] a homologuĂ© le cuivre et ses alliages en tant qu’agents antibactĂ©riens capables de lutter contre la prolifĂ©ration de certaines bactĂ©ries responsables d’infections potentiellement mortelles. Le cuivre, le bronze et le laiton sont ainsi les premiers matĂ©riaux officiellement autorisĂ©s Ă  revendiquer des propriĂ©tĂ©s sanitaires aux États-Unis. Cette reconnaissance est une Ă©tape importante pour l’utilisation du cuivre comme agent antibactĂ©rien.

Construction

Dans le domaine de la construction, les vertus bactĂ©riostatiques et antifongiques du cuivre, sa rĂ©sistance Ă  la corrosion et son impermĂ©abilitĂ© justifient Ă©galement son utilisation dans les canalisations d'eau, et dans certains pays, pour les toitures et gouttiĂšres (ni mousse ni plantes ne s'y installent). Le cuivre est le matĂ©riau le plus utilisĂ© Ă  travers le monde pour la distribution d’eau sanitaire, et celui pour lequel on dispose du retour d’expĂ©rience le plus important, portant sur plusieurs dĂ©cennies d’utilisation. Des canalisations en cuivre contribuent Ă  prĂ©venir et limiter le risque de contamination des rĂ©seaux d’eau par certaines bactĂ©ries comme les lĂ©gionelles[62], responsables de la lĂ©gionellose, maladie pulmonaire mortelle dans 10 % des cas[63]. Selon le Pr Yves LĂ©vi, directeur du Laboratoire SantĂ© Publique et Environnement, universitĂ© Paris-Sud 11 : « Si aucun matĂ©riau ne peut garantir l’absence totale de bactĂ©ries dans les rĂ©seaux, le cuivre permet nĂ©anmoins de limiter les risques[64] ».

Peintures antifouling

Les propriĂ©tĂ©s antibactĂ©riennes sont Ă  l’origine d’une autre application : les peintures dites « antifouling », ou anti-salissures, dont sont recouvertes les coques des bateaux. Celle-ci empĂȘche la prolifĂ©ration et la fixation d'algues et de micro-organismes marins qui ralentissent les embarcations et augmentent les risques de corrosion. Le cuivre pur est le principal composant actif de ces peintures (jusqu’à deux kilogrammes de poudre de cuivre par litre). Aujourd’hui utilisĂ©es pour la plupart des bateaux, elles ont remplacĂ© les feuilles de cuivre qui Ă©taient autrefois clouĂ©es sur les parties immergĂ©es de la coque des navires et qui avaient le mĂȘme effet. InventĂ©e par les phĂ©niciens, cette technique avait Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle par tous les chantiers navals. Dans la marine, le cuivre et ses alliages (bronze ou laiton) sont Ă©galement utilisĂ©s pour leur rĂ©sistance Ă  la corrosion (clous, hublots, accastillage, hĂ©lice). Le mĂȘme principe est parfois appliquĂ© pour protĂ©ger les toitures : un simple fil de cuivre tendu sur le faĂźte d'un toit empĂȘche l’apparition de mousses ou d’algues qui pourraient y pousser.

Surfaces de contact

Depuis 2007, une nouvelle application d’avenir a vu le jour dans plusieurs pays Ă  travers le monde : l’utilisation de surfaces de contact en cuivre (poignĂ©es de porte, tirettes de chasse d'eau, barres de lits) en milieu hospitalier pour rĂ©duire les risques d’infections nosocomiales.

En , l’hĂŽpital privĂ© St Francis en Irlande a Ă©tĂ© Ă©quipĂ© de poignĂ©es de porte en cuivre dans le but de limiter les risques d’infections nosocomiales[65]. C’est la premiĂšre fois qu’un Ă©tablissement de santĂ© va exploiter les propriĂ©tĂ©s antibactĂ©riennes du cuivre dans le but de se prĂ©munir contre ce type d’infection et d’accroĂźtre la sĂ©curitĂ© de ses patients. Les rĂ©sultats trĂšs prometteurs des Ă©tudes de laboratoire et de terrain menĂ©es en Grande-Bretagne depuis 2007 sur le potentiel antibactĂ©rien du mĂ©tal rouge sont Ă  l’origine de la dĂ©cision des dirigeants de l’hĂŽpital[66]. Les rĂ©sultats de l’expĂ©rimentation de l’hĂŽpital de Birmingham montrent en effet que les surfaces en cuivre permettent d’éradiquer 90 Ă  100 % des micro-organismes tels que le staphylocoque dorĂ© rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline (SARM) en milieu hospitalier.

En France, c'est le service de réanimation et de pédiatrie de l'hÎpital public de Rambouillet qui a testé le premier ce métal pour lutter contre les maladies nosocomiales (sur les poignées de porte, barres de lits, mains courantes, plaques de propreté)[67] - [68].

Lors du 25e congrĂšs de la SociĂ©tĂ© française d'hygiĂšne hospitaliĂšre, le Centre hospitalier d’Amiens a rĂ©vĂ©lĂ© publiquement les rĂ©sultats d'une expĂ©rimentations confirmant l’efficacitĂ© du cuivre contre les bactĂ©ries en milieu hospitalier. Selon les rĂ©sultats de cette expĂ©rience, le cuivre a permis de faire baisser de façon significative la prĂ©sence de bactĂ©ries au sein du service de nĂ©o-natalitĂ© du CHU d’Amiens[69].

La clinique Arago, établissement sanitaire parisien spécialisé dans des soins orthopédiques, situé dans l'enceinte de l'hÎpital Saint-Joseph à Paris, a fait installer des poignées de porte et des mains courantes en cuivre afin de prévenir les maladies nosocomiales[70].

Mais le coĂ»t Ă©levĂ© de la matiĂšre premiĂšre devient vite un frein pour les Ă©tablissements de santĂ©. L'entreprise française MĂ©talSkin dĂ©veloppe alors un procĂ©dĂ© de revĂȘtement constituĂ© de cuivre recyclĂ© en poudre mĂ©langĂ© Ă  de la rĂ©sine[71] - [72]. Un test, rĂ©alisĂ© en 2013 Ă  la clinique Saint-Roch de Montpellier, s'est avĂ©rĂ© probant[73]. Ce revĂȘtement peut diviser par 3 000 le nombre de bactĂ©ries en une heure[74]. La forme soluble de ce revĂȘtement permet d'Ă©largir les supports sur lesquels il peut ĂȘtre appliquĂ©. Ainsi, les claviers ou souris d'ordinateur, les coques de portable et toutes les surfaces potentiellement propagatrices de bactĂ©ries peuvent ĂȘtre traitĂ©es pour devenir auto-dĂ©contaminantes[74].

Normes antibactériennes

Initialement, la norme ISO 22196 (version internationale de la norme japonaise JIS Z 2801) définissait la mesure de l'action antibactérienne sur les surfaces en plastique et autres surfaces non poreuses. Mais trÚs vite, le protocole de mesure s'est trouvé trop éloigné des conditions réelles du terrain[75].

À partir de 2016, une Ă©tude sur le rĂ©fĂ©rentiel normatif est menĂ©e et l'Afnor crĂ©e une commission de normalisation, regroupant diffĂ©rents experts, telle que l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, des microbiologistes ou des spĂ©cialistes de la rĂ©glementation et des matĂ©riaux. En , la norme NF S90-700 est crĂ©Ă©e[76]. La norme S90-700 sur la mesure de l’activitĂ© de base des surfaces non poreuses demande que, sur quatre souches distinctes, une mortalitĂ© de 99 % soit observĂ©e en une heure (division par 100 ou 2 log) avec chacune d’entre elles.

Production et Ă©conomie

Le cuivre est le troisiÚme métal le plus utilisé au monde aprÚs le fer et l'aluminium. Il s'agit du second des métaux non ferreux en importance, loin devant le zinc, le plomb, le nickel ou l'étain.

La production miniĂšre de cuivre a Ă©tĂ© multipliĂ©e par vingt entre 1900 et 1990, puis Ă  nouveau par deux entre 1990 et 2019, pour y atteindre annuellement 20,3 Mt. La production mondiale de cuivre raffinĂ© dĂ©passe quant Ă  elle les 18 Mt. La consommation mondiale totale de cuivre (cuivre primaire raffinĂ© plus cuivre recyclĂ©) a plus que doublĂ© entre le dĂ©but des annĂ©es 1970 et 2008 pour atteindre 23,5 Mt[77]. En 1990, pour une consommation mondiale annuelle rĂ©pertoriĂ©e de 8,5 Mt, 470 kt l'Ă©taient en France. Environ 70 % du cuivre mĂ©tal commercialisĂ© se prĂ©sentait Ă  cette Ă©poque Ă  l'Ă©tat pur sous forme de fils Ă©lectriques, de tubes, de laminĂ©s, et le reste sous forme d'alliages.

La forte corrélation du cuivre à la conjoncture industrielle fait de l'étude du marché du cuivre un excellent indicateur avancé de l'état de l'économie[27].

Tendance de la production mondiale : 1900-2000.

Production miniĂšre

La production miniĂšre annuelle de cuivre a fortement augmentĂ© depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, passant de 0,5 Mt en 1900 Ă  11 Mt en 1990, puis 15 Mt en 2008, et 20,3 Mt en 2019.

Les onze principaux pays producteurs en 2019 totalisent 73,7 % de cette production : le Chili, le PĂ©rou, la Chine, les États-Unis, la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, l'Australie, la Zambie, le Mexique, la Russie, le Kazakhstan et l'IndonĂ©sie. Quatre des dix plus importantes mines du cuivre du monde se situaient au Chili (Escondida, Collahuasi, El Teniente, Chuquicamata) et trois au PĂ©rou (Cerro Verde II, Antamina et Las Bambas)[78] - [79].

Selon le webzine Illuminem, les principaux producteurs sont des sociĂ©tĂ©s constituĂ©es au Royaume-Uni, suivies des sociĂ©tĂ©s constituĂ©es au Chili, aux États-Unis et au Mexique, tandis que la Chine se classe au cinquiĂšme rang pour le contrĂŽle Ă©conomique des mines de cuivre[80].

Production de cuivre[79]
Rang Pays Production 2020 (kt) % mondial
1 Drapeau du Chili Chili 5 700 28,5
2 Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou 2 200 11,0
3 Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 1 700 8,5
4 Drapeau des États-Unis États-Unis 1 200 6,0
5 Drapeau de la rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo 1 300 6,5
6 Drapeau de l'Australie Australie 870 4,4
7 Drapeau de la Zambie Zambie 830 4,2
8 Drapeau du Mexique Mexique 690 3,5
9 Drapeau de la Russie Russie 850 4,3
10 Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 580 2,9
11 Drapeau du Canada Canada 570 2,9
12 Drapeau de l'Indonésie Indonésie 380 1,7
autres 370 18,5
Monde 20 000 100

La production peine à suivre la forte progression de la demande, due aux besoins de la transition énergétique. Le premier obstacle est la baisse structurelle des teneurs : selon un rapport du Bureau de recherches géologiques et miniÚres (BRGM), la concentration moyenne en cuivre dans les mines en exploitation atteint 0,62 %. Dans les sites récemment ouverts, elle ne dépasse pas 0,53 % et pour les projets à l'étude, elle tombe à 0,43 %. La seconde difficulté est l'impact des mines sur l'environnement, en particulier à cause de l'utilisation de l'eau, devenue hautement problématique pour de nombreuses mines situées dans des zones soumises à un fort stress hydrique. L'opposition des populations locales est grandissante : c'est l'une des causes de la victoire en 2021 des partis de gauche au Pérou ou au Chili[78].

La Russie a commencĂ© en 2022 Ă  exploiter la mine de cuivre de Novaya Chara, au nord de la SibĂ©rie orientale, qui serait le troisiĂšme gisement au monde, avec des rĂ©serves de 26 Mt et une teneur Ă©levĂ©e (plus de 1 %), selon son exploitant Udokan Copper, qui compte commencer par produire 160 kt de cuivre par an pour monter, Ă  terme, Ă  400 kt[81].

On a utilisĂ© le cuivre depuis au moins 10 000 ans, mais plus de 95 % de tout le cuivre jamais extrait et fondu l’a Ă©tĂ© depuis 1900. Comme pour nombre de ressources naturelles, la quantitĂ© totale de cuivre sur terre est importante (environ 1014 t dans le premier kilomĂštre de la croĂ»te terrestre, correspondant Ă  environ cinq millions d’annĂ©es de rĂ©serve au taux d’extraction actuel). Toutefois, seule une petite partie de ces rĂ©serves est Ă©conomiquement viable, Ă©tant donnĂ© les prix et les technologies actuelles. Diverses estimations des rĂ©serves de cuivre disponibles pour l’extraction vont de 25 Ă  60 ans, en fonction des hypothĂšses de dĂ©part, telles que la demande en cuivre[82].

Le cours du cuivre, une des mesures de la disponibilitĂ© en approvisionnement en cuivre par rapport Ă  la demande mondiale, a quintuplĂ© lors des soixante derniĂšres annĂ©es ; faible en 1999, passant de 0,60 USD par livre (1,32 USD/kg) en Ă  3,75 USD par livre (8,27 USD/kg) en , et chutant Ă  partir de cette date Ă  2,40 USD par livre (5,29 USD/kg) en ; il est ensuite remontĂ© Ă  3,50 USD par livre (7,71 USD/kg = 3,89 ÂŁ = 5 €) en [83]. Au dĂ©but de , cependant, l’affaiblissement de la demande mondiale et une chute brutale du cours des matiĂšres premiĂšres depuis les valeurs Ă©levĂ©es de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente ramenĂšrent le cours du cuivre Ă  1,51 USD par livre[84].

Le Conseil intergouvernemental des pays exportateurs de cuivre (CIPEC), disparu depuis 1992, a tentĂ© jadis de jouer le mĂȘme rĂŽle que celui de l’OPEP pour le pĂ©trole, mais il n’a jamais exercĂ© la mĂȘme influence, en particulier parce que le second plus gros producteur, les États-Unis, n’en ont jamais fait partie. CrĂ©Ă© en 1967, ses principaux membres Ă©taient le Chili, le PĂ©rou, le ZaĂŻre et la Zambie.

RĂ©serves mondiales

Les rĂ©serves mondiales estimĂ©es de cuivre s'Ă©levaient Ă  2,1 milliards de tonnes en 2019, auxquelles s’ajoutent 3,5 milliards de tonnes non dĂ©couvertes (estimation moyenne) rĂ©parties dans onze rĂ©gions du monde. Treize pays regroupent 75 % des rĂ©serves identifiĂ©es : 23 % au Chili, 10 % au PĂ©rou, 10 % en Australie, 7 % en Russie, 6 % aux États-Unis, 6 % au Mexique, 3 % en Chine, 3 % au Kazakhstan, 3 % en IndonĂ©sie, 2 % en Zambie, 2 % en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo[79].

Les plus grandes réserves de cuivre dans le monde en 2020[85]
Pays Millions de tonnes
Drapeau du Chili Chili 200
Drapeau de l'Australie Australie 93
Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou 77
Drapeau de la Russie Russie 62
Drapeau du Mexique Mexique 53
Drapeau des États-Unis États-Unis 48
Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo 31
Drapeau de l'Indonésie Indonésie 24
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 26
Drapeau de la Zambie Zambie 21
Autres pays 180

Principales mines de cuivre

Les vingt plus grandes mines représentent plus de 40 % de la production mondiale. La mine Escondida au Chili, notamment, produit à elle seule plus de 1,2 million de tonnes de cuivre par an. Sur ces 20 mines, 14 sont entrées en production au XXe siÚcle, dont 6 avant 1975.

Demande

Du fait de ses multiples propriĂ©tĂ©s (conductivitĂ©s thermique et Ă©lectrique, rĂ©sistance Ă  la corrosion), le cuivre est devenu un mĂ©tal incontournable dans les sociĂ©tĂ©s modernes. Il est couramment employĂ© pour la fabrication des cĂąbles et fils Ă©lectriques, dans la plomberie, dans les Ă©quipements Ă©lectroniques (circuits imprimĂ©s, puces Ă©lectroniques), dans le secteur des transports (circuits de freinage, systĂšmes d’injection, etc.), dans les bĂątiments et pour la fabrication de la monnaie. Sa demande est promise Ă  une forte progression en tant que matĂ©riau essentiel dans le cadre de la transition Ă©nergĂ©tique. Les vĂ©hicules Ă©lectriques consomment prĂšs de quatre fois plus de cuivre que ceux Ă  moteurs thermiques et les besoins en cuivre par mĂ©gawatt sont beaucoup plus Ă©levĂ©s pour l'hydroĂ©lectricitĂ©, le solaire et l'Ă©olien que pour les centrales nuclĂ©aires ou Ă  combustibles fossiles : une Ă©olienne terrestre nĂ©cessite prĂšs de t/MW de cuivre et des panneaux photovoltaĂŻques en toiture prĂšs de 11 t/MW contre environ 1,5 t/MW pour le nuclĂ©aire et t/MW pour une centrale Ă  gaz[79].

Recyclage

Dans le monde moderne, le recyclage est une des principales sources de cuivre[87]. De ce fait, ainsi que du fait d’autres facteurs, l’avenir de la production et de la fourniture en cuivre est l’objet de nombreux dĂ©bats, incluant le concept de pic du cuivre, analogue Ă  celui de pic pĂ©trolier.

Le cuivre, du fait de sa stabilitĂ© chimique, se prĂȘte particuliĂšrement bien au recyclage, car contrairement Ă  de nombreuses autres matiĂšres premiĂšres, il est recyclable Ă  l'infini, sans altĂ©ration ni perte de performances[alpha 22]. Le processus de recyclage permet une Ă©conomie d’énergie jusqu’à 85 % par rapport Ă  la production de cuivre via ses dĂ©chets[88]. D'autre part le recyclage Ă©met moins de gaz Ă  effet de serre. « La seule production de cathodes Ă  partir de cuivre recyclĂ© permet d’économiser prĂšs de 700 000 tonnes de CO2 chaque annĂ©e[89] ».

En 2008, 2,5 millions de tonnes de cuivre recyclĂ© ont Ă©tĂ© utilisĂ©es en Europe, soit 43 % de l’utilisation totale sur la pĂ©riode selon l’ICSG[alpha 23]. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, un tiers du cuivre consommĂ© en Europe occidentale provenait dĂ©jĂ  du cuivre recyclĂ©, soit par l'Ă©tape du raffinage soit par fabrication directe de demi-produits (laminĂ©s ou tubes en cuivre, barre de laiton, etc.).

Le recyclage provient de deux sources :

  • la revalorisation du « cuivre secondaire » issu des produits arrivĂ©s au terme de leur cycle de vie, qui sont rĂ©cupĂ©rĂ©s, triĂ©s et dont le cuivre peut ĂȘtre refondu ;
  • la rĂ©introduction directe des chutes d’usine dans le processus productif (Ă©galement appelĂ©e « refonte des chutes neuves »).

Parmi les applications contenant les plus fortes proportions de cuivre et prĂ©sentant le potentiel de recyclage le plus Ă©levĂ©, on peut citer les cĂąbles, les canalisations, valves et raccords, les toitures et bardages cuivre, les moteurs industriels, l’équipement mĂ©nager, ainsi que l’équipement informatique et Ă©lectronique.

L’augmentation constante de la demande, en hausse de 134 % depuis 1970, associĂ©e aux importantes fluctuations du prix de la matiĂšre premiĂšre, font du recyclage du cuivre un complĂ©ment indispensable Ă  la production primaire. Outre l’argument environnemental, la disponibilitĂ© du cuivre recyclĂ© Ă  des prix compĂ©titifs constitue aujourd’hui une nĂ©cessitĂ© Ă©conomique et une partie essentielle de la chaĂźne de valeur du cuivre.

Production de cuivre en 2005.

Quelques données économiques

Prix du cuivre 2003–2011 en USD/t.
  • DĂ©but 2022, le cours du cuivre Ă©tait Ă  environ 9 000 â‚Ź/t, en forte hausse par rapport Ă  2020, son cours ayant oscillĂ© entre 4500 et 6500 €/t entre 2012 et 2020.
  • Les plus importantes sociĂ©tĂ©s productrices de cuivre sont la compagnie nationale chilienne Codelco, puis l'amĂ©ricain Freeport-McMoRan, l'anglo-australien Rio Tinto et l'anglo-suisse Xstrata.
  • Le cuivre, ses contrats Ă  terme et ses options se nĂ©gocient sur trois bourses des mĂ©taux Ă  travers le monde : le London Metal Exchange (LME), la Comex, marchĂ© des mĂ©taux du Nymex (New York Mercantile Exchange), et le SHME (ShanghaĂŻ Metal Exchange). À Londres, le cuivre est nĂ©gociĂ© en lots de 25 t et cotĂ© en dollars amĂ©ricains par tonne. À New York, il est nĂ©gociĂ© en lots de 25 000 livres et cotĂ© en cents amĂ©ricains par livre. À Shanghai, il est nĂ©gociĂ© en lots de t et cotĂ© en yuans par tonne[27].
  • À la suite de la crise de 2008-2009, le cuivre, qui cotait 9 000 $/t en Ă  Londres, a plongĂ© Ă  un plus bas de 2 800 $/t fin 2008, puis repris 140 % en 2009 et atteint 8 501 $/t en [90].
  • Le recyclage primaire a gagnĂ© 20 % en cinq ans dans le monde, puis a chutĂ© de 2,6 % Ă  la suite de la crise de 2008 (par rapport Ă  2007), en raison d'une moindre refonte des « chutes neuves[91] ».
  • Le recyclage secondaire a augmentĂ© de 3 % en 2008 dans le monde (soit + 49 % de 2002 Ă  2008)[91] (pour 23,5 Mt utilisĂ©es dans le monde en 2008, ce qui correspond Ă  une consommation ayant cru de 140 % depuis 1976, les besoins ont augmentĂ© de 140 %. Mt ont ainsi Ă©tĂ© recyclĂ©es en 2005, soit 13 % de la production totale de ce mĂ©tal.
  • Les ferrailleurs participent pleinement au recyclage en rachetant les anciens mĂ©taux et dĂ©chets de mĂ©taux aux particuliers et entreprises. En 2015, le cours de cuivre au rachat varie de 4 Ă  5 â‚Ź/kg en France[92].
  • L'Europe (en incluant la Russie) serait le premier utilisateur mondial de cuivre recyclĂ©, avec plus de 40 % de sa consommation[91], et serait la rĂ©gion ou la proportion de cuivre recyclĂ© a progressĂ© (passant de 41,3 % en 2007 Ă  43 % en 2008), avec 2,5 Mt de cuivre recyclĂ©es utilisĂ©es en 2008[91].
  • Les derniers chiffres indiquent, selon l'ICSG[93], que plus du tiers des besoins mondiaux et 42 % des besoins europĂ©ens proviennent du recyclage en 2009. Ce taux atteint mĂȘme 70 % dans la construction. La Chine est le premier producteur de cuivre de recyclage secondaire[27].
  • De 1967 et 1988, les gros pays producteurs de cuivre s’étaient regroupĂ©s au sein d’un consortium : le CIPEC. CrĂ©Ă© et dissous Ă  l’initiative du Chili, le Conseil intergouvernemental des pays exportateurs de cuivre (CIPEC) reprĂ©sentait environ 30 % du marchĂ© mondial de cuivre, et plus de 50 % des rĂ©serves mondiales connues.
  • En 2020, l'Europe est exportatrice de cuivre, d'aprĂšs la Direction gĂ©nĂ©rale des Douanes et Droits indirects ; le prix moyen Ă  l'export et Ă  l'import Ă©tait respectivement de 2 232 et 5 598 â‚Ź/t[94].
  • En , le cours du cuivre atteint un niveau record avec une tonne s'Ă©changeant Ă  plus de 10 300 dollars sur le London Metal Exchange (LME), tirĂ© par la reprise consĂ©cutive Ă  la pandĂ©mie de Covid-19 en 2020[95].

Histoire

NĂ©olithique

Le cuivre est, avec l'or, le premier mĂ©tal Ă  avoir Ă©tĂ© utilisĂ© par l'Homme, dĂšs le Ve millĂ©naire av. J.-C., parce qu'il fait partie des rares mĂ©taux qui se trouvent naturellement en tant que minĂ©ral pur, sous une forme native. Il est probable que l’or et le fer mĂ©tĂ©orique Ă©taient les seuls mĂ©taux utilisĂ©s par l’Homme avant la dĂ©couverte du cuivre[96]. Il est a ce titre trĂšs Ă©tudiĂ© en archĂ©omĂ©tallurgie.

Sur le site de Tell Qaramel en Syrie, une pépite de cuivre polie transformée en perle ornementale datant du Xe millénaire av. J.-C., a été trouvée et est la plus ancienne piÚce en cuivre connue des archéologues[97].

Dans les Balkans, les archĂ©ologues retrouvent communĂ©ment des pingen ou fosses miniĂšres de 20 Ă  25 m de profondeur pour extraire le cuivre dont le creusement Ă  partir de la surface peut ĂȘtre datĂ© avant le IVe millĂ©naire av. J.-C. Le grain d'un collier en cuivre, mis au jour en GrĂšce, remonte Ă  4700 av. J.-C. Mais des objets des environs de l'ancienne MĂ©sopotamie ou actuelle Irak datant du IXe millĂ©naire av. J.-C. ont Ă©tĂ© aussi mis au jour.

On a retrouvĂ© des traces de fusion du cuivre, dues au raffinage de celui-ci Ă  partir de composĂ©s simples comme l’azurite et la malachite, datant d'environ 5 000 ans avant notre Ăšre. Parmi les sites archĂ©ologiques d’Anatolie, Çatal HöyĂŒk (environ 6000 av. J.-C.) recĂšle des artefacts en cuivre et des couches de plomb fondu, mais pas de cuivre fondu. Le plus ancien artefact en cuivre fondu dĂ©couvert (un ciseau en cuivre du site chalcolithique de Prokuplje, en Serbie) date de 5500 av. J.-C. Un peu plus tard, le peuple de Can Hasan (environ 5000 av. J.-C.) a laissĂ© des traces de l'utilisation de cuivre fondu.

Les sites mĂ©tallurgiques des Balkans semblent avoir Ă©tĂ© plus avancĂ©s que ceux d’Anatolie. Il est donc assez probable que la technique de fusion du cuivre prenne son origine dans les Balkans.

On utilisait par ailleurs le moulage Ă  la cire perdue vers 4500 Ă  4000 av. J.-C. en Asie du Sud-Est[98].

Quant aux débuts de l'exploitation miniÚre, des sites miniers d'Alderley Edge dans le Cheshire, Royaume-Uni, ont été datés par le carbone 14 et remonteraient à 2280 et 1890 av. J.-C.[99].

Cette piĂšce en cuivre corrodĂ©e provenant de Zakros, CrĂšte, a la forme d’une peau d’animal, typique de cette Ă©poque.

La mĂ©tallurgie du cuivre semble s’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e indĂ©pendamment dans plusieurs parties du monde. En plus de son dĂ©veloppement dans les Balkans vers 5500 av. J.-C., elle s’était dĂ©veloppĂ©e en Chine avant 2800 av. J.-C., dans la Andes autour de 2000 av. J.-C., en AmĂ©rique centrale vers l’an 600 et en Afrique occidentale vers l'an 900 avant notre Ăšre[100]. On le trouve de maniĂšre systĂ©matique dans la civilisation de la vallĂ©e de l’Indus pendant le IIIe millĂ©naire avant notre Ăšre. En Europe, Ötzi, une momie masculine bien conservĂ©e datant de la pĂ©riode du Chalcolithique (4 546 Â± 15 ans BP avant calibration) Ă©tĂ© retrouvĂ©e accompagnĂ©e d’un fer de hache en cuivre pur Ă  99,7 %. Des concentrations Ă©levĂ©es d’arsenic trouvĂ©es dans sa chevelure font penser qu’il travaillait Ă  la fusion du cuivre. Au fil des siĂšcles, l’expĂ©rience acquise en mĂ©tallurgie du cuivre a aidĂ© au dĂ©veloppement de celle des autres mĂ©taux ; par exemple, la connaissance des techniques de fusion du cuivre a conduit Ă  la dĂ©couverte des techniques de fusion du fer.

Martelage traditionnel du cuivre.

Sur le continent amĂ©ricain, la production dans le Old Copper Complex, situĂ© dans le Michigan et le Wisconsin actuels, date d’environ 6000 Ă  3000 av. J.-C.[101]. Certains ouvrages affirment que les anciennes civilisations amĂ©ricaines, telles que les Mound Builders, connaissaient une mĂ©thode de trempe du cuivre qui n’a toujours pas Ă©tĂ© redĂ©couverte. Selon l’historien Gerard Fowke, il n’existe aucune preuve d’un tel « savoir-faire perdu » et la meilleure technique connue pour durcir le cuivre Ă  cette Ă©poque Ă©tait le battage[102].

Âge du cuivre

Les environs lointains de l'ßle de Chypre attestent avant cette période d'un commerce important du cuivre extrait de l'ßle.

En Europe occidentale, on situe l'Ăąge du cuivre ou Chalcolithique, entre 3200 et 2000 environ av. J.-C.[103], suivant les rĂ©gions (Italie, Suisse, Alpes, CĂ©vennes, Espagne et Portugal). Cette pĂ©riode technologique est bien plus ancienne Ă  l'est de la MĂ©diterranĂ©e. Des objets en cuivre datant de 8700 av. J.-C. ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s au Moyen-Orient[104]. C'est le cas d'un pendentif en cuivre retrouvĂ© au nord de l’actuel Irak[105].

Mine de cuivre au chalcolithique, vallée de Timna, désert du Néguev, Israël.

La pĂ©riode de transition, dans certaines rĂ©gions, entre la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente (NĂ©olithique) et l’ñge du bronze a Ă©tĂ© nommĂ©e « chalcolithique » (« pierre-cuivre »), certains outils en cuivre trĂšs pur Ă©tant utilisĂ©s en mĂȘme temps que les outils de pierre.

Âge du bronze

Le fait d’allier artificiellement du cuivre avec de l’étain ou du zinc, d'abord par traitement de leurs minerais intimement associĂ©s, puis par traitement de mĂ©lange raffinĂ© de minerais choisis, puis par fusion de mĂ©taux dĂ©jĂ  prĂ©alablement obtenus et pesĂ©s, pour obtenir, selon notre conception moderne, du bronze ou du laiton se pratique 2 300 ans aprĂšs la dĂ©couverte du cuivre lui-mĂȘme. Ce qui a amenĂ© prĂ©cocement les peuples de l'Europe centrale Ă  un art maĂźtrisĂ© du martelage de grande feuille de bronze.

Les artefacts de cuivre et de bronze provenant des citĂ©s sumĂ©riennes datent de 3000 av. J.-C.[106], et les objets Ă©gyptiens en cuivre et en alliage cuivre-Ă©tain sont Ă  peu prĂšs aussi anciens. L’utilisation du bronze s’est tellement propagĂ©e en Europe autour de 2500 Ă  600 av. J.-C. que cette pĂ©riode a Ă©tĂ© nommĂ©e « Ăąge du bronze ». Les lingots de bronze servent vraisemblablement d'unitĂ©s monĂ©taires dans le monde mĂ©diterranĂ©en. Comme le minerai de cuivre, sans ĂȘtre abondant, mais parfois concentrĂ© en certains sites, n'est pas rare, le contrĂŽle des ressources d'Ă©tain, nettement plus rares et aux lieux d'exploitation restrictifs, est devenu crucial. D'oĂč la recherche par les marchands et marins-nĂ©gociateurs des terres ou Ăźles lĂ©gendaires qualifiĂ©es de CassitĂ©rides[alpha 24].

Au XIIIe, les navires de commerce, non dépourvus de ponts étanches, transportent souvent plus de deux cents lingots de bronze en Méditerranée orientale[alpha 25].

AntiquitĂ© et Moyen Âge

En GrĂšce, le nom donnĂ© Ă  ce mĂ©tal Ă©tait chalkos (χαλÎșός) ; selon Pline l'Ancien d’aprĂšs ThĂ©ophraste[107], couler le cuivre et le tremper sont des inventions d'un Phrygien nommĂ© DĂ©las. Le cuivre constituait, pour les Romains, les Grecs et d’autres peuples de l’AntiquitĂ© une ressource importante. À l’époque romaine, il Ă©tait connu sous le nom d’aes Cyprium (aes Ă©tant le terme latin gĂ©nĂ©rique dĂ©signant les alliages de cuivre tels que le bronze et les autres mĂ©taux, et cyprium parce que, puisque la plus grande partie venait de Chypre, le monde hellĂ©nique dĂ©signait ainsi ce mĂ©tal rougeĂątre et ses composĂ©s notables. Ensuite, on simplifia ce terme en cuprum, d’oĂč le nom anglais copper. Dans la mythologie et l’alchimie, le cuivre Ă©tait associĂ© avec la dĂ©esse Aphrodite (VĂ©nus), du fait de son Ă©clat brillant, de son utilisation ancienne pour la production de miroirs, et de son association avec Chypre, Ăźle consacrĂ©e Ă  la dĂ©esse. En astrologie et en alchimie, les sept corps cĂ©lestes connus des anciens Ă©taient associĂ©s Ă  sept mĂ©taux Ă©galement connus dans l’AntiquitĂ©, et VĂ©nus Ă©tait associĂ©e au cuivre[108].

Laiton

Le laiton (alliage cuivre-zinc) Ă©tait aussi connu nominalement des Grecs, mais ne vint complĂ©ter le bronze de maniĂšre significative que sous l’Empire romain. Le premier usage connu du laiton, en Grande-Bretagne, date du IIIe au IIe siĂšcle av. J.-C. En AmĂ©rique du Nord, l’extraction du cuivre commença avec une mĂ©tallurgie marginale pratiquĂ©e chez les AmĂ©rindiens. On sait que le cuivre natif Ă©tait extrait de sites sur l’Isle Royale Ă  l’aide d’outils primitifs en pierre entre 800 et 1600[109]. L’industrie du cuivre Ă©tait florissante en AmĂ©rique du Sud, en particulier au PĂ©rou, vers le dĂ©but du premier millĂ©naire de notre Ăšre. La technologie du cuivre a progressĂ© plus lentement sur d’autres continents. Les rĂ©serves de cuivre les plus importantes en Afrique sont situĂ©es en Zambie. Des ornements funĂ©raires en cuivre datant du XVe siĂšcle ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, mais la production commerciale de ce mĂ©tal n’a pas commencĂ© avant le dĂ©but du XXe siĂšcle. Il existe des artefacts australiens en cuivre, mais ils n’apparaissent qu’aprĂšs l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens ; la culture aborigĂšne ne semble pas avoir dĂ©veloppĂ© sa mĂ©tallurgie. Vital pour le monde mĂ©tallurgique et technologique, le cuivre a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle culturel important, en particulier dans la monnaie. Les Romains, entre le VIe et le IIIe siĂšcle av. J.-C. se servaient de morceaux de cuivre comme monnaie. Au dĂ©but, on ne prenait en compte que la valeur du cuivre lui-mĂȘme, mais progressivement, la forme et l’apparence de la monnaie de cuivre devinrent prĂ©pondĂ©rants. Jules CĂ©sar avait sa propre monnaie, faite d’un alliage cuivre-zinc, alors que les monnaies d’Octave Ă©taient rĂ©alisĂ©es en alliage Cu-Pb-Sn. Avec une production annuelle estimĂ©e d’environ 15 000 tonnes, les activitĂ©s romaines en termes d’extraction et de mĂ©tallurgie du cuivre avaient atteint une Ă©chelle qui n’a Ă©tĂ© dĂ©passĂ©e qu’à l’époque de la rĂ©volution industrielle ; les provinces dans lesquelles l’activitĂ© miniĂšre Ă©tait la plus importante Ă©taient l’Hispanie, Chypre et l’Europe centrale[110] - [111].

Les portes du Temple de JĂ©rusalem Ă©taient en bronze corinthien, obtenu par dorure par appauvrissement. Le bronze corinthien Ă©tait prisĂ© Ă  Alexandrie, oĂč certains pensent que l’alchimie a pris naissance[112]. Dans l’Inde ancienne (avant 1000 av. J.-C.), le cuivre Ă©tait utilisĂ© en mĂ©decine holistique ayurvĂ©dique pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et autres Ă©quipements mĂ©dicaux. Les anciens Égyptiens (environ 2400 av. J.-C.) se servaient du cuivre pour stĂ©riliser les blessures et l’eau de boisson, puis plus tard (environ 1500 av. J.-C.) pour soigner les maux de tĂȘte, les brĂ»lures, et le prurit. Hippocrate (environ 400 av. J.-C.) se servait du cuivre pour soigner les ulcĂšres variqueux des jambes. Les anciens AztĂšques combattaient les atteintes Ă  la gorge par gargarisme composĂ© de divers mĂ©langes Ă  base de cuivre.

Le cuivre est Ă©galement prĂ©sent dans certaines lĂ©gendes et histoires, telles que celle de la « pile de Bagdad ». Des cylindres de cuivre, soudĂ©s au plomb, datant de 248 av. J.-C. Ă  226 apr. J.-C., ressemblent Ă  des Ă©lĂ©ments de pile, conduisant certaines personnes Ă  penser qu’il s’agissait peut-ĂȘtre de la premiĂšre pile. Cette affirmation n’a, Ă  l’heure actuelle, pas Ă©tĂ© confirmĂ©e.

La Bible fait Ă©galement allusion Ă  l’importance du cuivre : « Il existe, pour l’argent, des mines, pour l’or, des lieux oĂč on l’épure. Le fer est tirĂ© du sol, la pierre fondue livre du cuivre. » (Job 28:1–2) [NdT : traduction de la Bible de JĂ©rusalem].

Une statue en bronze d'un temple de Nara au Japon, représentant un grand bouddha, représenterait une fabrication par coulée, en 749, de presque 16 mÚtres de haut et impliquant 400 tonnes de matiÚre[alpha 26].

En 922, les mines cuprifÚres de Saxe, en particulier le secteur de Frankenberg, font la prospérité de la lignée d'Henri, souverain saxon du royaume de Francie orientale.

La fabrication par cĂ©mentation connue dĂšs l'AntiquitĂ© s'est maintenue au Moyen Âge[113].

Époque moderne

La grande montagne de cuivre de Falun était une mine située en SuÚde, qui a fonctionné pendant un millénaire, du Xe siÚcle à 1992. Au XVIIe siÚcle, elle produisait environ les deux tiers des besoins européens et permit, à cette époque, de financer une partie des guerres menées par la SuÚde. Le cuivre était considéré comme trésor national ; la SuÚde possédait une monnaie (papier) garantie par du cuivre[114].

Tout au long de l’histoire, l’utilisation du cuivre dans le domaine de l’art s’étendit bien au-delĂ  de la monnaie. Il a Ă©tĂ© utilisĂ© par les sculpteurs de la Renaissance, dans la technique prĂ©-photographique connue sous le nom de daguerrĂ©otype, et pour la statue de la LibertĂ©. Le placage et le doublage en cuivre des coques de navires Ă©taient largement rĂ©pandus. Les navires de Christophe Colomb furent parmi les premiers Ă  bĂ©nĂ©ficier de cette protection[115]. La Norddeutsche Affinerie de Hambourg fut la premiĂšre usine galvanoplastique, dont la production a commencĂ© en 1876[116]. Le scientifique allemand Gottfried Osann inventa la mĂ©tallurgie des poudres et l’appliqua au cuivre en 1830 en dĂ©terminant le poids atomique de ce mĂ©tal. Par ailleurs, on dĂ©couvrit Ă©galement que le type et la quantitĂ© de mĂ©tal d’alliage (ex. : Ă©tain) affectait la sonoritĂ© des cloches, ce qui a entraĂźnĂ© la fonderie de cloches. La fusion Ă©clair a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par Outokumpu en Finlande et fut appliquĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  l’usine de Harjavalta en 1949. Ce processus Ă©conome en Ă©nergie fournit 50 % de la production mondiale de cuivre brut[117].

Une fraction de communautés rurales, souvent à l'origine des fundi gallo-romains, se sont spécialisées dans le travail des métaux, en particulier pour les chaudrons et ustensiles en cuivre vendus au foire de printemps et d'automne. Ainsi le musée de Durfort dans la montagne Noire rappelle cette activité[118].

Les banquiers et financiers Fugger ont construit un monopole marchand sur la ressource en cuivre autour des annĂ©es 1500. À cette Ă©poque les canons sont essentiellement coulĂ©s en bronze.

Époque contemporaine

À la fin du XIXe siĂšcle, le sous-oxyde Cu2O et le carbonate CuCO3 sont des minerais massivement exportĂ©s en Europe par le PĂ©rou, le Chili et l'Oural russe. La France dans la mouvance de l'Ă©conomie maritime anglo-saxonne prĂ©fĂšre importer d'AmĂ©rique latine, PĂ©rou et Chili. Ces minerais sont traitĂ©s au voisinage des ports de rĂ©ception, par fusion avec du charbon dans des fours Ă  cuve. La rĂ©action pour l'obtention de cuivre mĂ©tal plus ou moins impur, parfois appelĂ© « cuivre de rosette », implique un dĂ©gagement de dioxyde de carbone.

Cu(CO3·Cu(OH)2 minerai ou vert-de-gris + C charbon de bois → 2 Cu mĂ©tal impur + 2 CO2 gaz + H2O vapeur d'eau

Il s'agit d'une voie de facilité, car l'autre catégorie de minerais trÚs abondants et encore moins coûteux, du type chalcosine Cu2S ou chalcopyrite ou pyrite cuivreuse à base de sulfure double de cuivre et de fer, Cu2S.Fe2S3 nécessite un long traitement du fait de la rémanence du S et du Fe (parfois Ag). Il

Une oxydation partielle du stock de minerai chalcosine est nécessaire.

Cu2S minerai sulfurĂ© + O2 gaz de l'air → 2 Cu2O oxyde cuivreux

Une fusion à haute température du mélange est ensuite nécessaire, nécessitant un fort chauffage.

2 Cu2O oxyde cuivreux + Cu2S minerai sulfurĂ© → 6 Cu cuivre noir impur (Fe,Ag) (en partie sulfurĂ©) + SO2 gaz

Les pays exportateurs de ces minerais cuprifÚres soufrés sont l'Angleterre, l'Allemagne, le Mexique, le Chili, la Chine et le Japon. Les mines de Chessy et de Saint-Bel, prÚs de Lyon, dans le département du RhÎne, extraient ce type de minerais.

Le sou de 1900, piÚce de vingt centimes de la République française, est une piÚce de cuivre trouée. Encore en 1990, le cent US ou la piÚce d'un ou deux pfennigs est à base de cuivre.

Dans le monde sociologique et Ă©conomique, le cuivre s’est avĂ©rĂ© un Ă©lĂ©ment crucial, du fait essentiellement des conflits impliquant des mines de cuivre. La grĂšve de Cananea de 1906 Ă  Mexico porta sur les problĂšmes d’une organisation mondiale. La mine de cuivre de Teniente (1904–1951) mit en lumiĂšre les problĂšmes politiques liĂ©s au capitalisme et Ă  la structure de classes. La plus grosse mine de cuivre du Japon, la mine d’Ashio, fut le thĂ©Ăątre d’une Ă©meute en 1907[119]. La grĂšve des mineurs de l’Arizona en 1938 fut dĂ©clenchĂ©e par les problĂšmes liĂ©s au travail des AmĂ©ricains, notamment le droit de grĂšve.

Chaudron-chaudiĂšre en cuivre du maĂźtre fromager-gruyĂšre.

L'industriel EugÚne Secrétan est un acteur-inventeur et témoin de l'évolution des techniques industriels du cuivre.

Le terme français pour désigner une fabrique de cuivre et d'alliages communs de cuivre, tels le maillechort, est « cuivrerie ». Ainsi par exemple la cuivrerie de Cerdon dans l'Ain.

Au XXIe siĂšcle

Au XXIe siÚcle, le cuivre est utilisé dans différentes industries, entre autres pour le cùble électrique, les tuyaux de plomberie et les supraconducteurs.

Symbolique alchimique

En Alchimie, le symbole du cuivre, peut-ĂȘtre un miroir stylisĂ©, Ă©tait Ă©galement le symbole de la dĂ©esse et de la planĂšte VĂ©nus.

Traditionnellement, le cuivre est associĂ© Ă  la planĂšte VĂ©nus. Les alchimistes utilisaient le symbole ♀ pour le reprĂ©senter. C'est donc un mĂ©tal associĂ© Ă  la fĂ©minitĂ©, la jeunesse et l'amour. Des miroirs anciens, symbole de narcissisme, Ă©taient faits de cuivre.

RĂ©gionalisme

  • Au QuĂ©bec, un terme couramment utilisĂ© pour dĂ©signer le cuivre est la coppe, francisation de l'anglais copper. Le passĂ© industriel de cette province du Canada a amenĂ© les travailleurs d'usine Ă  s'approprier certains termes industriels. Richard Desjardins, chansonnier quĂ©bĂ©cois, y fait rĂ©fĂ©rence dans la chanson Et j'ai couchĂ© dans mon char. Il souligne alors les variations du prix du cuivre dans les annĂ©es 1970-1980 en AmĂ©rique du Nord : la gang est splittĂ©e, c'Ă©tait rien qu'un Ă©poque. Sa valeur est tombĂ©e, comme le prix de la coppe.
  • Dans le monde hispanique et surtout en AmĂ©rique du Sud, on utilise l'expression « sin un cobre » (littĂ©ralement « sans le cuivre »), se traduisant chez nous « sans le sou » ou sans argent. L'usage de l'expression se trouve dans certaines monnaies de peu de valeur qui Ă©taient fabriquĂ©es en cuivre[120].

Calendrier

Dans le calendrier républicain, Cuivre était le nom donné au 24e jour du mois de nivÎse[121].

Notes et références

Notes

  1. Dans la nature, le rapport d'occurrence Ă©lĂ©mentaire de l'or et de l'argent est respectivement grosso modo de 1 et 20 sur la base de 1 000 pour le cuivre plus abondant.
  2. La trace aérienne de l'activité métallurgique n'est significative pour ces observateurs des glaces qu'à partir de -2500 av. J.-C. L'affinement des techniques métallurgiques est pris en compte dans cette modélisation chronique.
  3. Météorite à Saint-Robert (MRC Pierre-De Saurel, Montérégie, Québec, Canada).
  4. La valeur de conductivité de l'argent est supérieure à 100 % IACS, en l'occurrence 106 % IACS.
  5. L'eau est chargée d'ions hydrogénocarbonate car elle a dissous du dioxyde de carbone en excÚs de l'air.
  6. En milieu concentré, il se forme le gaz que les anciens chimistes nommaient « bioxyde d'azote ».
  7. La rayonne au cuivre est une fibre chimique trĂšs fine, d'aspect assez proche de la soie naturelle. La cellulose en flocons est dissoute dans la liqueur de Schweitzer. La solution obtenue est purifiĂ©e, puis mise en filiĂšre et finalement coagulĂ©e et prĂ©cipitĂ©e dans un bain d'eau chaude. La dissolution par une solution d'acide sulfurique diluĂ©e de l'hydroxyde de cuivre Cu(OH)2 est la derniĂšre Ă©tape, qui permet d'obtenir un fil solide, enroulĂ© puis teint (de maniĂšre similaire Ă  du coton). Cette rayonne au toucher soyeux se retrouve dans des doublures de vĂȘtements, des sous-vĂȘtements et des bas.
  8. Le chimiste emploie aussi le sulfate de cuivre.
  9. La cathode initiale est constituée de minces feuilles ou de tiges de cuivre pur. L'anode perd son cuivre, la cathode en reçoit au cours de cette électrolyse.
  10. Par comparaison, Fe2+ + 2 e− → Fe0 mĂ©tal avec un potentiel d'Ă©lectrode Δ0 de −0,44 V et Ag+ + e− → Ag0 mĂ©tal avec un potentiel d'Ă©lectrode Δ0 de 0,8 V. L'argent est plus difficile Ă  oxyder que le cuivre et surtout le fer.
  11. Les ions ferreux sont plus difficiles à réduire que les ions cupriques ou l'ion argentique. Il est assez facile de trouver un réglage convenable de la cellule d'électrolyse.
  12. Les normes Afnor distinguent ainsi Cu-a1, Cu-b1, Cu-c1 et Cu-c2.
  13. L'atome cuivre présente ici une hybridation sp2d.
  14. Par comparaison, toujours en milieu aqueux : Cu2+ + 2 e− → Cu0 mĂ©tal avec un potentiel d'Ă©lectrode normal Δ0 de l'ordre de 0,34 V.
  15. À noter que le produit de solubilitĂ© en milieu aqueux est trĂšs faible, et de plus en plus du chlorure au iodure, soient :
    CuCl → Cu+ + Cl− avec Ks ≈ 3,2 Ă— 10−7 ;
    CuBr → Cu+ + Br− avec Ks ≈ 5,9 Ă— 10−9 ;
    CuI → Cu+ + I− avec Ks ≈ 1,1 Ă— 10−12.
  16. L'énergie réticulaire est supérieure au résultat estimé par modélisation de réseau ionique, ce qui implique des liaisons en partie covalentes.
  17. Ce groupe comprend aussi les principaux cations du Ru, Os, Pd et Os.
  18. La rayonne au cuivre, parfois assimilée à une viscose, est une fibre chimique trÚs fine, aux propriétés analogues à la soie.
  19. Il s'agit d'un mélange liquide bleu profond, d'une solution de sulfate de cuivre(II) avec une solution alcaline de sel de Seignette ou tartrate sodico-potassique KNaC4H406.
  20. Ce seraient des liaisons en partie covalentes, ou Ă  caractĂšre covalent.
  21. Une solution aqueuse de sulfate de cuivre à 5 % est un vomitif, connu dÚs l'Antiquité.
  22. De façon plausible, mais improuvable, certains chercheurs estiment que la moitiĂ© Ă  80 % du cuivre utilisĂ© depuis l’AntiquitĂ© pourrait ĂȘtre toujours en circulation.
  23. L'International Copper Study Group (ICSG) est l’organisme de rĂ©fĂ©rence en matiĂšre d’analyse des statistiques de la production miniĂšre, du recyclage et du raffinage de cuivre. Son siĂšge est situĂ© Ă  Lisbonne, au Portugal.
  24. Les minerais de fer sont par contre assez abondants.
  25. L'usage technique de lest momentané n'est pas à écarter. Le pont étanche ne serait généralisé que vers Xe sur ces navires.
  26. La statue véritablement ciselée et ornée n'est terminée qu'en 757.

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  9. Il ne faut pas dĂ©placer la dĂ©couverte du cuivre Ă  Chypre de maniĂšre exagĂ©rĂ©e, les archĂ©ologues raisonnables estiment que l'Ăźle devient une ressource en cuivre Ă  partir de 3 500 Ă  3 000 ans avant notre Ăšre. Se rĂ©fĂ©rer aux travaux de Jean Guilaine et son cours au CollĂšge de France sur la protohistoire ancienne de la MĂ©diterranĂ©e (Ăźles et continents). De nombreux sites continentaux seraient plus anciens.
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Voir aussi

Bibliographie de chimie nucléaire

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Articles connexes

Liens externes



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