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Xe millénaire av. J.-C.

Le Xe millĂ©naire av. J.-C. couvre la pĂ©riode allant de l’an 10 000 av. J.-C. Ă  l’an 9 001 av. J.-C. compris.

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Liste des millénaires | Chiffres romains


Le Xe millénaire av. J.-C. voit les prémices de l'agriculture au Proche-Orient. Dans cette région, les populations se sédentarisent et quelques foyers de domestication agricole apparaissent. Dans de nombreuses autres régions du monde où l'agriculture commence plus tard, cette période fait partie du Mésolithique.

Évènements

Carte du monde montrant les centres approximatifs d'origine de l'agriculture et de sa propagation dans la prĂ©histoire : le Croissant fertile (11 000 av. J.-C), les bassins du YangtsĂ© et du fleuve Jaune (9000 av. J.-C) et les Highlands de Nouvelle-GuinĂ©e (9000-6000 av. J.-C), le Mexique Central (5000-4000 av. J.-C), le nord de l'AmĂ©rique du Sud (5000-4000 av. J.-C), l'Afrique sub-saharienne (5000-4000 av. J.-C, emplacement exact inconnu), et l'AmĂ©rique du Nord (4000-3000 av. J.-C)[3].
  • 10 000 av. J.-C. : dĂ©but de la rĂ©volution nĂ©olithique. L'agriculture apparait dans diverses rĂ©gions du globe entre 10 000 et 7 000 av. J.-C.[4]. La Terre est affectĂ©e par une sĂ©rie de changements climatiques radicaux qui ont des effets importants sur les communautĂ©s humaines : Les tempĂ©ratures en s'Ă©levant entraĂ®nent la fonte des glaciers et permettent Ă  la flore et Ă  la faune d'occuper des territoires jusqu'alors inhospitaliers. Les dĂ©serts qui occupaient plus de la moitiĂ© des surfaces entre les tropiques reculent car l'eau libĂ©rĂ©e par les glaciers alimente des pluies abondantes. Les conditions de vie deviennent plus douces et les ressources de nourriture sont plus abondantes et plus variĂ©es, ce qui favorise des populations plus nombreuses, plus groupĂ©es et plus facilement sĂ©dentaires. Les hommes commencent Ă  domestiquer certains animaux, et dĂ©couvrent l'intĂ©rĂŞt de l'agriculture qui permet de se nourrir de façon moins alĂ©atoire que la chasse et la cueillette. Le dĂ©veloppement de communautĂ©s agricoles spĂ©cialisĂ©es va entrainer des recherches dans le besoin de stockage (cĂ©ramique, vannerie) et des demandes dans les Ă©changes commerciaux (troc, premières monnaies d’échange, produits de luxe, obsidienne, pierres semi-prĂ©cieuses).

Afrique

  • Avant 9500 av. J.-C. : la cĂ©ramique apparait Ă  Ounjougou, au Mali, au cours de la première moitiĂ© du millĂ©naire. Elle est utilisĂ©e par des chasseurs-cueilleurs dans une rĂ©gion oĂą les conditions climatiques de plus en plus humides favorisent la mise en place de savanes tropicales. Une Ă©conomie proto-agricole se dĂ©veloppe certainement par la collecte sĂ©lective et intensive de graminĂ©es. Ă€ partir du VIIIe millĂ©naire, apparaissent associĂ©s Ă  la cĂ©ramique des meules et des molettes utilisĂ©es pour le broyage des grains[5].

Amérique

Reconstitution du visage de Luzia.

Asie et Pacifique

  • Vers 9500 av. J.-C. : le site de Nanzhuangtou dans le Hebei livre des traces de Setaria italica (millet des oiseaux) et de Panicum miliaceum vers 9 500 av. J.-C.[12]. C'est le plus ancien site connu montrant des signes d'agriculture en Chine, suivi par ceux de Donghulin (9000-7000), Zhuannian (9300-8300), Lijiagou et Bianbiandong (8500-6900) au nord et Shangshan au sud (9400/8000-6600)[13]. La chasse et la cueillette y dominent toujours, mais la collecte des plantes comestibles, la production de poteries et l’habitat sĂ©dentaire s’accroissent. L’outillage lithique est dominĂ© par les microlithes, la pierre polie restant rare (ciseaux Ă  bois). Des meules, très prĂ©sentes, sont utilisĂ©es pour broyer des plantes (millet, riz, noix, racines, tubercules)[14].
  • MontĂ©e des eaux en Australie. Les zones cĂ´tières sont inondĂ©es. Les hommes doivent coloniser l’hinterland aride. L’assèchement des lacs entraine une concentration de leurs Ă©tablissements le long des principaux fleuves et rivières. Ils y rĂ©coltent le millet sauvage dont ils broient les graines avec des meules de pierre.

Proche-Orient

  • 10 000-9 500 av. J.-C. :
    • le Khiamien, du nom d'un site IsraĂ©lien « El Khiam », occupĂ© entre et av. J.-C., est une pĂ©riode de transition entre le Natoufien et le NĂ©olithique dit PrĂ©cĂ©ramique A (PPNA). On dĂ©couvre les première figurines fĂ©minines dans les tombes de Mureybet, en IsraĂ«l. La prĂ©sence de bucrane et de cornes dans les maisons, attestent une vĂ©nĂ©ration particulière pour le taureau. Selon Jacques Cauvin, ce serait une mutation culturelle, « la rĂ©volution des symboles », qui prĂ©figureraient l'Ă©mergence du culte de la femme et du taureau attestĂ© aux Ă©poques postĂ©rieures[15].
    • dĂ©couverte progressive de l’agriculture entre 10 000 et 9500 environ, attestĂ© notamment Ă  JĂ©richo (pollens de blĂ© amidonnier domestique) et Tell Aswad (amidonnier, lentille et pois). Disparition des sites secondaires ou temporaires et renforcement de l’importance des agglomĂ©rations villageoises, qui atteignent 2 ou 3 ha[16].
  • 9500-9000 av. J.-C. : les fouilles du site Jerf el Ahmar en Syrie montrent une intensification de l’exploitation des cĂ©rĂ©ales sauvages (restes de cĂ©rĂ©ales carbonisĂ©es, utilisation de la balle comme dĂ©graissant dans la terre Ă  bâtir, espaces de stockage et meules). Les cĂ©rĂ©ales (orge, engrain, seigle) ne portent pas de marque de domestication, mais la prĂ©sence de semences d’adventices indique qu’elles sont dĂ©jĂ  cultivĂ©es (agriculture « prĂ©domestique »)[17].
Un des enclos de Göbekli Tepe.
  • Utilisation du plâtre (cuisson entre 100 °C et 200 °C) et de la vaisselle blanche. Technique de la chaux (cuisson entre 750 °C et 850 °C) Ă  Beidha, dans le NĂ©guev. Essai de cuisson de la terre Ă  Mureybet, sans lendemain[16].
  • Premières pointes de flèche taillĂ©es dans de la pierre. L’invention de l’arc a pu ĂŞtre antĂ©rieure[16].
  • DĂ©but de la construction du site de Göbekli Tepe, près de Ĺžanlıurfa, en Turquie, le plus ancien sanctuaire monumental connu[18]. Il est constituĂ© d'un tell (colline artificielle) haut de 15 mètres et de vastes enclos circulaires dĂ©limitĂ©s par des piliers en pierre dont beaucoup sont gravĂ©s de figures d'animaux. Les plus anciens vestiges sont datĂ©es de 9500 av. J.-C.[19].
  • Tell Qaramel, site nĂ©olithique Ă  25 km au nord d'Alep, en Syrie, occupĂ© depuis 10 700 av. J.-C., livre cinq tours rondes de pierre, les plus anciens vestiges d'Ă©difice public connus, construites vers 9 650 av. J.-C.[20].
  • Introduction probable du sanglier Ă  Chypre par les premiers occupants de l’île[21].

Europe

  • 10 500-9 000 av. J.-C. : cultures Hensbacka en Suède (Bohuslän), Fosna (10 000-9 000 av. J.-C.) et Komsa (9 500-8 000 av. J.-C.) en Norvège. Ces premières populations de pĂŞcheurs et de chasseurs utilisent de grossiers instruments de silex et possèdent des barques de peau Ă  armature de bois. Elles semblent ĂŞtre arrivĂ©es du sud (Ahrensbourgien)[22].
  • 10 000-9 000 av. J.-C. : dĂ©but de la transgression nĂ©oeuxine. La mer Noire est alors un lac gĂ©ant d'eau douce qui lentement s’assèche jusqu'Ă  ĂŞtre Ă  110 m au-dessous du niveau de la MĂ©diterranĂ©e. Après la fin de l'ère glaciaire, les glaciers ont commencĂ© Ă  fondre entraĂ®nant avec eux une montĂ©e des eaux. Entre 10 000 et 9 000 av. J.-C., elles atteignent les Dardanelles (-78 m) et le Bosphore (-40 m) pour se rĂ©pandre dans la MĂ©diterranĂ©e qui elle mĂŞme reflue dans la mer Noire. Une hypothèse catastrophiste suppose un dĂ©bordement de la MĂ©diterranĂ©e dans le Pont Euxin vers 6100 av. J.-C., inondant de vastes plaines en quelques annĂ©es[23]. Cette thĂ©orie est aujourd'hui remise en cause[24].
Un os d'auroch du Maglemosien découvert à Ryemarksgård dans l'ouest de la Zélande, gravé de cinq individus stylisés et de trois lignes en zigzag.
  • 9 800-6 400 av. J.-C. : culture de Maglemose (chasseurs-pĂŞcheurs) sur les rives de la mer du Nord et du lac baltique Ancylus[22]. Microlithes, industrie osseuse (hameçons), burins, apparition de tranchets en silex. Habitations groupĂ©es autour des lacs et sur les rives de divers fleuves. Civilisation cĂ´tière, se dĂ©veloppant d’abord au bord de la mer, avec possibilitĂ© de migration vers l’intĂ©rieur des terres.
  • 9600-8600 av. J.-C. : PrĂ©borĂ©al[25]. Fin du MagdalĂ©nien, dernière phase du PalĂ©olithique supĂ©rieur europĂ©en[26].
  • 9600-5200 av. J.-C. : pĂ©riode mĂ©solithique en Europe : le retrait des glaciers libère d'immenses zones basses qui s'inondent et oĂą s'Ă©panouissent une flore et une faune nouvelles, faciles Ă  cueillir et Ă  chasser (vers 8300 av. J.-C.). Usage accru de l'outillage microlithique. Invention de l’arc (arc de Holmegaard), des vanneries et de pirogues creusĂ©es dans des troncs d’arbres par les derniers chasseurs-cueilleurs du mĂ©solithique (site de Noyen-sur-Seine)[27]. Les cultures mĂ©solithiques europĂ©ennes ont Ă©tĂ© regroupĂ©es en trois techno-complexes : le techno-complexe septentrional comprend la Grande-Bretagne, la Scandinavie, la Pologne et la Lituanie (Maglemosien, Kongemosien, cultures de Star Carr, de Duvensee (en), d’Ertebølle, de Janislawice...) ; le techno-complexe nord-oriental couvre les Pays-Baltes, le nord-ouest de la Pologne, la BiĂ©lorussie, la plaine russe et la SibĂ©rie jusqu'Ă  l'Oural (cultures de Kunda, de Kama et de Yangelka) ; le techno-complexe occidental regroupe la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le sud de l'Allemagne, une partie de la RĂ©publique tchèque et de l'Autriche, la Suisse, la France, l'Espagne et le Portugal (Sauveterrien, Tardenoisien ou Beuronien et Castelnovien)[28]. La population europĂ©enne est alors estimĂ©e entre 600 000 et 3,8 millions de personnes, pour une population mondiale estimĂ©e entre 5 et 10 millions[29].


  • L’exode du renne Ă  la suite de l’adoucissement climatique entraĂ®ne l’adaptation Ă  de nouvelles techniques de chasse. Le renne ne compte plus que pour 3 % dans les espèces chassĂ©es par les occupants de la Grotte de la Vache (PyrĂ©nĂ©es)[30].
  • Civilisation de Klosterlund (de) dans le Jutland central (Danemark) de la fin du PrĂ©borĂ©al Ă  7 000 av. J.-C., phase prĂ©coce de la culture de Maglemose ; trace de tribus de chasseurs venus du sud-est ; fabrication de harpons, d’objets en corne et d’os, apparition des premières vĂ©ritables haches de silex[31].

Notes et références

  1. Alain Foucault, Climatologie et paléoclimatologie, Dunod, , 320 p. (ISBN 978-2-10-075664-3, présentation en ligne)
  2. « Voilà 4.900 ans, le Sahara est abruptement passé du vert au jaune », sur Futura
  3. (en) J. Diamond et P. Bellwood, « Farmers and Their Languages: The First Expansions », Science, vol. 300, no 5619,‎ , p. 597–603 (PMID 12714734, DOI 10.1126/science.1078208, Bibcode 2003Sci...300..597D)
  4. Jean-Paul Demoule, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'Histoire, Fayard, , 320 p. (ISBN 978-2-213-67923-5, présentation en ligne)
  5. Sylvain Ozainne, Un néolithique ouest-africain : cadre chrono-culturel, économique et environnemental de l'Holocène récent en pays dogon (Mali), Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag, , 259 p. (ISBN 978-3-937248-33-2, présentation en ligne)
  6. Patrice Lecoq et Eric Taladoire, Les civilisations précolombiennes : « Que sais-je ? » n° 567, Presses Universitaires de France, , 128 p. (ISBN 978-2-13-073679-0, présentation en ligne)
  7. Richar LOewis, « The secret of Little Salt Spring », New Scientist, vol. 83, no 1166,‎ (présentation en ligne)
  8. Dictionnaire de la Préhistoire : Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-341-00223-3, présentation en ligne)
  9. Harper Collins atlas of archaeology, Borders Press in association with Harper Collins Publishers, (ISBN 978-0-7230-1005-0, présentation en ligne)
  10. Mark Kurlansky, Salt : A World History, Penguin, , 496 p. (ISBN 978-0-698-13915-2, présentation en ligne)
  11. Sigfried J. de Laet, Joachim Herrmann, History of Humanity : From the seventh century B.C. to the seventh century A.D., UNESCO, , 626 p. (ISBN 978-92-3-102812-0, présentation en ligne)
  12. Graeme Barker et Candice Goucher, The Cambridge World History. A World with Agriculture, 12,000 BCE–500 CE, vol. 2, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-29778-0, présentation en ligne)
  13. Gina L. Barnes, Archaeology of East Asia : The Rise of Civilization in China, Korea and Japan, Oxbow Books, , 432 p. (ISBN 978-1-78570-073-6, présentation en ligne)
  14. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 201.
  15. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, vol. 1, UNESCO, , 1658 p. (ISBN 978-92-3-202810-5, présentation en ligne)
  16. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  17. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 186.
  18. Marion Benz, « Les premiers sanctuaires des chasseurs-cueilleurs », sur Pourlascience.fr, .
  19. Henry de Lumley, Sur le chemin de l'humanité, CNRS Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-271-08778-2, présentation en ligne)
  20. Davis K. Thanjan, Pebbles, Bookstand Publishing, , 218 p. (ISBN 978-1-58909-817-6, présentation en ligne)
  21. Jean-Denis Vigne, Les débuts de l'élevage, Humensis, , 192 p. (ISBN 978-2-7465-1222-1, présentation en ligne)
  22. Theron Douglas Price, Ancient Scandinavia : An Archaeological History from the First Humans to the Vikings, Oxford University Press, , 560 p. (ISBN 978-0-19-023197-2, présentation en ligne)
  23. Nicolas Cauwe, Pavel Dolukhanov, Pavel Kozlowzki, Paul-Louis Van Berg, Le Néolithique en Europe, Armand Colin, , 384 p. (ISBN 978-2-200-24241-1, présentation en ligne)
  24. Sylvestre Huet, « L’entrée en sel de la mer Noire », Libération,‎ (présentation en ligne)
  25. Marcel Otte, La protohistoire, Bruxelles/Paris, De Boeck Supérieur, , 382 p. (ISBN 978-2-8041-5923-8, présentation en ligne)
  26. Marc Azéma et Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 420 p. (ISBN 978-2-10-075789-3, présentation en ligne)
  27. Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils préhistoriques - 7e éd. : De l'éclat à la flèche, Dunod, , 344 p. (ISBN 978-2-10-075334-5, présentation en ligne)
  28. André Leroi-Gourhan, José Garanger, La préhistoire dans le monde, Presses Universitaires de France, , 848 p. (ISBN 978-2-13-073824-4, présentation en ligne)
  29. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, Une histoire des civilisations : comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, Paris, Éditions La Découverte, , 601 p. (ISBN 978-2-7071-8878-6, présentation en ligne), p. 150
  30. Louis-René Nougier, L'économie préhistorique, Presses Universitaires de France, (présentation en ligne)
  31. C.F.C. Hawkes, The Prehistoric Foundations of Europe to the Mycenean Age, Routledge, , 462 p. (ISBN 978-1-317-60268-2, présentation en ligne)
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