Argon
L'argon est l'élément chimique de numéro atomique 18 et de symbole Ar. Il appartient au groupe 18 du tableau périodique et fait partie de la famille des gaz nobles, également appelés « gaz rares », qui regroupe également l'hélium, le néon, le krypton, le xénon et le radon. L'argon est le troisiÚme constituant le plus abondant de l'atmosphÚre terrestre, avec une fraction massique de 1,288 %, correspondant à une fraction volumique de 0,934 % (soit 9 340 ppm), et est le gaz noble le plus abondant de l'écorce terrestre, dont il représente 1,5 ppm. L'argon de l'atmosphÚre terrestre est presque entiÚrement constitué d'argon 40, nucléide radiogénique provenant de la désintégration du potassium 40, tandis que l'argon observé dans l'univers est essentiellement constitué d'argon 36, produit par nucléosynthÚse stellaire dans les supernovae.
Argon | |||||||||||
Argon solide et liquide. | |||||||||||
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Position dans le tableau périodique | |||||||||||
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Symbole | Ar | ||||||||||
Nom | Argon | ||||||||||
Numéro atomique | 18 | ||||||||||
Groupe | 18 | ||||||||||
Période | 3e période | ||||||||||
Bloc | Bloc p | ||||||||||
Famille d'éléments | Gaz noble | ||||||||||
Configuration Ă©lectronique | [Ne] 3s2 3p6 | ||||||||||
Ălectrons par niveau dâĂ©nergie | 2, 8, 8 | ||||||||||
Propriétés atomiques de l'élément | |||||||||||
Masse atomique | 39,948 ± 0,001 u | ||||||||||
Rayon atomique (calc) | (71 pm) | ||||||||||
Rayon de covalence | 106 ± 10 pm[1] | ||||||||||
Rayon de van der Waals | 188 pm | ||||||||||
Ătat dâoxydation | 0 | ||||||||||
Oxyde | inconnu | ||||||||||
Ănergies dâionisation[2] | |||||||||||
1re : 15,759 610 eV | 2e : 27,629 66 eV | ||||||||||
3e : 40,74 eV | 4e : 59,81 eV | ||||||||||
5e : 75,02 eV | 6e : 91,009 eV | ||||||||||
7e : 124,323 eV | 8e : 143,460 eV | ||||||||||
9e : 422,45 eV | 10e : 478,69 eV | ||||||||||
11e : 538,96 eV | 12e : 618,26 eV | ||||||||||
13e : 686,10 eV | 14e : 755,74 eV | ||||||||||
15e : 854,77 eV | 16e : 918,03 eV | ||||||||||
17e : 4 120,885 7 eV | 18e : 4 426,229 6 eV | ||||||||||
Isotopes les plus stables | |||||||||||
Propriétés physiques du corps simple | |||||||||||
Ătat ordinaire | Gaz (non magnĂ©tique) | ||||||||||
Masse volumique | 1,783 7 g·L-1 (0 °C, 1 atm)[3] |
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SystÚme cristallin | Cubique à faces centrées | ||||||||||
Couleur | incolore | ||||||||||
Point de fusion | â189,36 °C[3] | ||||||||||
Point dâĂ©bullition | â185,85 °C[3] | ||||||||||
Ănergie de fusion | 1,188 kJ·mol-1 | ||||||||||
Ănergie de vaporisation | 6,43 kJ·mol-1 (1 atm, â185,85 °C)[3] | ||||||||||
TempĂ©rature critique | â122,3 °C | ||||||||||
Point triple | â189,344 2 °C[5] | ||||||||||
Volume molaire | 22,414Ă10-3 m3·mol-1 | ||||||||||
Pression de vapeur | |||||||||||
Vitesse du son | 319 m·s-1 à 20 °C | ||||||||||
Chaleur massique | 520 J·kg-1·K-1
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Conductivité thermique | 0,017 72 W·m-1·K-1 | ||||||||||
Divers | |||||||||||
No CAS | [6] | ||||||||||
No ECHA | 100.028.315 | ||||||||||
No CE | 231-147-0 | ||||||||||
Précautions | |||||||||||
SGH[7] | |||||||||||
Attention |
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SIMDUT[8] | |||||||||||
A, |
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Transport[7] | |||||||||||
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |||||||||||
Le nom argon provient du grec ancien áŒÏÎłÏÎœ, signifiant « oisif », « paresseux » [dĂ©rivĂ© du mot grec áŒÎ”ÏÎłÏÏ, formĂ© de áŒ-ΔÏÎłÏÏ, signifiant « sans travail », « oisif »], en rĂ©fĂ©rence au fait que cet Ă©lĂ©ment est chimiquement inerte. Sa configuration Ă©lectronique prĂ©sente une couche de valence saturĂ©e Ă l'origine de sa stabilitĂ© et de la quasi impossibilitĂ© d'Ă©tablir des liaisons covalentes. La tempĂ©rature de son point triple, 83,805 8 K, est l'un des points de rĂ©fĂ©rence de l'Ăchelle internationale de tempĂ©rature de 1990 (ITS-90).
L'argon est produit industriellement par distillation fractionnée d'air liquiéfié. Il est utilisé essentiellement comme atmosphÚre inerte pour le soudage et divers procédés industriels à haute température faisant intervenir des substances réactives. On utilise ainsi une atmosphÚre d'argon dans les fours à arc électrique au graphite pour éviter la combustion de ce dernier. On emploie également l'argon dans l'éclairage par lampes à incandescence, tubes fluorescents et tubes à gaz. Il permet de réaliser des lasers à gaz bleu-vert.
Propriétés principales
L'argon est incolore, inodore, ininflammable et non toxique aussi bien à l'état gazeux que liquide ou solide. Sa solubilité dans l'eau est à peu prÚs comparable à celle de l'oxygÚne et vaut 2,5 fois celle de l'azote. Il est chimiquement inerte dans à peu prÚs toutes les conditions et ne forme aucun composé chimique confirmé à température ambiante.
L'argon est cependant susceptible de former des composĂ©s chimiques dans certaines conditions extrĂȘmes hors Ă©quilibre. Le fluorohydrure d'argon HArF a ainsi Ă©tĂ© obtenu par photolyse ultraviolette de fluorure d'hydrogĂšne HF dans une matrice cryogĂ©nique d'iodure de cĂ©sium CsI et d'argon Ar[9] ; stable en dessous de 27 K (â246,15 °C), il a Ă©tĂ© identifiĂ© par spectroscopie infrarouge[10]. Le fluorohydrure d'argon est le seul composĂ© connu de l'argon qui soit neutre et stable Ă l'Ă©tat fondamental.
L'argon peut Ă©galement former des clathrates dans l'eau lorsque ses atomes sont emprisonnĂ©s dans le rĂ©seau tridimensionnel formĂ© par la glace[11]. Il existe par ailleurs des ions polyatomiques contenant de l'argon, comme le cation hydrure d'argon ArH+, et des exciplexes, tels qu'Ar2* et ArF*. Divers composĂ©s prĂ©sentant des liaisons ArâC et ArâSi stables ont Ă©tĂ© prĂ©dits par simulation numĂ©rique mais n'ont pas Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ©s en laboratoire[12].
Isotopes
Les principaux isotopes d'argon prĂ©sents dans l'Ă©corce terrestre sont l'argon 40 (40Ar) pour 99,6 %, l'argon 36 (36Ar) pour 0,34 % et l'argon 38 (38Ar) pour 0,06 %. Le potassium 40 (40K) se dĂ©sintĂšgre spontanĂ©ment Ă raison de 11,2 % en argon 40 par capture Ă©lectronique ou Ă©mission de positron et Ă raison de 88,8 % en calcium 40 (40Ca) par dĂ©sintĂ©gration ÎČâ avec une pĂ©riode radioactive (demi-vie) de 1,25 milliard d'annĂ©es. Cette durĂ©e et le rapport entre les sous-produits formĂ©s permettent de dĂ©terminer l'Ăąge de roches par la mĂ©thode de la datation au potassium-argon[13].
Dans l'atmosphĂšre terrestre, l'argon 39 est produit essentiellement par l'interaction du rayonnement cosmique sur l'argon 40 par capture neutronique suivie par une double Ă©mission de neutron[14]. Dans le sous-sol, il peut ĂȘtre Ă©galement produit Ă partir de potassium 39 par capture neutronique suivie par une Ă©mission de proton.
L'argon 37 est produit lors d'essais nucléaires souterrains à partir de calcium 40 par capture neutronique suivie d'une désintégration α ; il présente une période radioactive de 35 jours[15].
L'argon est remarquable par le fait que sa composition isotopique varie sensiblement d'une rĂ©gion du SystĂšme solaire Ă l'autre. L'argon dont la source principale est la dĂ©sintĂ©gration radioactive du potassium 40 des roches est constituĂ© majoritairement d'argon 40, comme sur les planĂštes telluriques retenant une atmosphĂšre : VĂ©nus, la Terre et Mars. En revanche, l'argon formĂ© directement par nuclĂ©osynthĂšse stellaire est essentiellement constituĂ© d'argon 36 produit par rĂ©action alpha, ce qui est le cas du Soleil, dont l'argon est Ă 84,6 % de l'argon 36 selon les mesures du vent solaire[16]. Il en est de mĂȘme dans les planĂštes gĂ©antes, oĂč l'abondance relative des isotopes 36Ar : 38Ar : 40Ar vaut 8400 : 1600 : 1[17].
Outre l'atmosphÚre terrestre, qui présente une fraction volumique de 0,934 % d'argon, soit 9 340 ppm, l'atmosphÚre de Mercure en contient 0,07 ppm, celle de Vénus en contient 70 ppm, et celle de Mars en contient 19 300 ppm, soit 1,93 %[18].
La prĂ©dominance de l'argon 40 radiogĂ©nique dans l'atmosphĂšre terrestre est responsable du fait que la masse atomique de l'argon terrestre, de l'ordre de 39,95 u, est supĂ©rieure de 0,85 u Ă celle du potassium, qui le suit dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments et dont la masse atomique est de l'ordre de 39,10 u. Ceci semblait paradoxal lors de la dĂ©couverte de l'argon en 1894[19] car Dmitri MendeleĂŻev avait rangĂ© son tableau pĂ©riodique par ordre de masse atomique croissante, ce qui conduisait Ă devoir placer l'argon entre le potassium et le calcium, de masse atomique voisine de 40,08 u et confondue avec celle de l'argon Ă 0,13 u prĂšs, alors qu'il y avait une diffĂ©rence de masse atomique de 3,65 u entre le chlore (35,45 u) et le potassium (39,10 u). Ce problĂšme fut rĂ©solu par Henry Moseley, qui dĂ©montra en 1913 que le tableau pĂ©riodique devait ĂȘtre rangĂ© par ordre de numĂ©ro atomique croissant, et non par masse atomique croissante, ce qui classait les Ă©lĂ©ments dans le bon ordre.
L'abondance atmosphĂ©rique relative de l'argon par rapport aux autres gaz nobles â 9 340 ppm d'argon, contre 5,24 ppm d'hĂ©lium, 18,18 ppm de nĂ©on, 1,14 ppm de krypton et 0,087 ppm de xĂ©non â peut aussi ĂȘtre attribuĂ©e Ă l'argon 40 radiogĂ©nique : l'argon 36 prĂ©sente en effet une abondance de seulement 31,5 ppm (0,337 % de 9 340 ppm), du mĂȘme ordre de grandeur que celle du nĂ©on (18,18 ppm).
Composés
L'atome d'argon présente une couche de valence saturée d'électrons, avec des sous-couches s et p complÚtes. Ceci rend cet élément chimiquement inerte et trÚs stable, c'est-à -dire qu'il ne forme de liaison chimique avec d'autres atomes que trÚs difficilement. Jusqu'en 1962, les gaz nobles étaient considérés comme totalement inertes et impropres à la formation de composés chimiques ; à cette date cependant, la synthÚse de l'hexafluoroplatinate de xénon[20] XePtF6 ouvrit la voie à la chimie des gaz nobles.
Le premier composĂ© d'argon avec le pentacarbonyle de tungstĂšne, de formule chimique W(CO)5Ar, fut publiĂ© en 1975, mais son existence rĂ©elle demeura contestĂ©e[21]. En aoĂ»t 1962 fut synthĂ©tisĂ© Ă l'UniversitĂ© d'Helsinki le fluorohydrure d'argon HArF par photolyse ultraviolette de fluorure d'hydrogĂšne HF dans une matrice cryogĂ©nique d'iodure de cĂ©sium CsI et d'argon Ar, composĂ© stable en dessous de 27 K (â246,15 °C) identifiĂ© par spectroscopie infrarouge[10]. Cette dĂ©couverte fit accepter l'idĂ©e que l'argon puisse former des composĂ©s faiblement liĂ©s[22].
Le dication mĂ©tastable ArCF22+, isoĂ©lectronique avec le fluorure de carbonyle COF2 et le phosgĂšne COCl2 du point de vue des Ă©lectrons de valence, a Ă©tĂ© observĂ© en 2009[23], mettant en Ćuvre une liaison carboneâargon. L'ion molĂ©culaire 36ArH+, correspondant au cation hydrure d'argon 36 (argonium), a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans le milieu interstellaire au niveau de la nĂ©buleuse du Crabe[24] ; c'est le premier composĂ© de gaz noble dĂ©tectĂ© dans l'espace.
L'hydrure d'argon solide Ar(H2)2 est un composĂ© de van der Waals prĂ©sentant la mĂȘme structure cristalline que la phase de Laves (en) MgZn2. Il se forme Ă des pressions comprises entre 4,3 et 220 GPa, bien que des rĂ©sultats obtenus par spectroscopie Raman suggĂšrent que les molĂ©cules H2 du composĂ© Ar(H2)2 se dissocient au-dessus de 175 GPa[25].
Production industrielle et applications
L'argon est produit industriellement par distillation fractionnée d'air liquéfié dans des unités cryogéniques de distillation de l'air (en), procédé qui permet de séparer l'azote liquide, qui bout à 77,3 K, de l'argon, qui bout à 87,3 K, et de l'oxygÚne liquide, qui bout à 90,2 K. La production mondiale d'argon est de l'ordre de 700 000 tonnes par an[13] - [26].
L'argon présente plusieurs propriétés intéressantes qui justifient son utilisation industrielle :
- c'est un gaz chimiquement inerte ;
- c'est une alternative bon marché lorsque l'azote n'est pas suffisamment inerte ;
- il a une faible conductivité thermique (c'est donc un isolant thermique) ;
- ses propriétés électroniques (ionisation, spectre d'émission) sont mises à profit dans certaines applications d'éclairage.
D'autres gaz nobles prĂ©sentent des propriĂ©tĂ©s semblables et pourraient ĂȘtre Ă©galement utilisĂ©s, mais l'argon est de loin le moins cher de tous, Ă©tant obtenu comme sous-produit de l'extraction de l'oxygĂšne et de l'azote de l'air par distillation fractionnĂ©e cryogĂ©nique.
Applications industrielles
L'argon est utilisé dans certains procédés industriels à haute température au cours desquels des substances chimiquement inertes tendent à devenir réactives. Une atmosphÚre d'argon est ainsi utilisée dans les fours électriques à électrodes de graphite afin de prévenir la combustion de ce matériau.
Pour certains de ces procédés, la présence d'azote ou d'oxygÚne provoquerait des défauts dans le matériau. L'argon est utilisé dans certains types de soudage à l'arc comme le soudage MIG-MAG et le soudage TIG, ainsi que dans le traitement du titane et d'autres éléments réactifs. On fait également croßtre les cristaux de silicium et de germanium destinés à l'industrie des semi-conducteurs sous atmosphÚre d'argon pour en assurer la qualité cristalline.
L'argon est utilisé dans l'industrie avicole comme méthode d'abattage par atmosphÚre contrÎlée pour asphyxier les volailles, que ce soit pour un abattage de masse aprÚs l'apparition d'une maladie ou comme moyen d'abattage alternatif à l'électronarcose. La densité relative de l'argon par rapport à l'air le fait rester prÚs du sol lors du gazage[27]. Sa nature non réactive le rend compatible avec les produits alimentaires[28], et le fait qu'il se substitue partiellement à l'oxygÚne dans les tissus allonge la durée de conservation alimentaire[29].
L'argon est parfois utilisé pour éteindre des incendies en préservant les équipements de valeur, comme des serveurs informatiques, qui seraient endommagés par l'utilisation d'eau ou de mousses[30].
Applications médicales
Des procédures de cryochirurgie (en) telles que la cryoablation (en) utilisent l'argon liquide pour détruire des tissus comme des cellules cancéreuses. On a pu l'employer dans une procédure dite argon-enhanced coagulation, qui est une forme d'électrochirurgie (en) par torche à plasma, mais qui présente un risque d'embolie gazeuse matérialisé par la mort d'au moins un patient[31].
Des lasers bleus à argon sont utilisés en chirurgie pour la suture des artÚres, détruire des tumeurs, en chirurgie oculaire[13], ou encore pour l'électrocoagulation par voie endoscopique de lésions responsables de saignements digestifs[32].
L'argon a également été expérimenté pour remplacer l'azote dans le gaz respiratoire appelé Argox (en) afin d'accélérer l'élimination de l'azote dissous dans le sang[33].
Recherche scientifique
L'argon liquide est utilisé comme cible pour la détection des neutrinos et les recherches sur la matiÚre noire. Les interactions entre les hypothétiques WIMPs et les noyaux des atomes d'argon devrait produire une scintillation observable à travers des tubes photomultiplicateurs. Les détecteurs à deux phases contenant de l'argon gazeux sont utilisés pour détecter les électrons produits par ionisation lors des interactions WIMP-noyaux d'argon.
Comme les autres gaz nobles liquĂ©fiĂ©s, l'argon liquide a un taux de scintillation Ă©levĂ© (environ 51 photons/keV[34]), est transparent pour sa propre scintillation, et est relativement facile Ă purifier. Il est moins cher que le xĂ©non et prĂ©sente un profil temporel de scintillation diffĂ©rent, ce qui permet de distinguer les interactions Ă©lectroniques des interactions nuclĂ©aires. Il prĂ©sente en revanche une plus forte radioactivitĂ© ÎČ en raison de sa contamination par l'argon 39, sauf Ă utiliser de l'argon issu du sous-sol terrestre, appauvri en 39Ar, dont la pĂ©riode radioactive n'est que de 269 ans et dont le stock n'est pas reconstituĂ© par l'interaction 40Ar(n,2n)39Ar du rayonnement cosmique sur l'argon atmosphĂ©rique[35].
Dans un autre registre, l'argon 39 a été employé notamment pour dater des eaux souterraines et des carottes de glace en Antarctique[14]. La datation par le potassium-argon et la datation argon-argon sont également employées pour la datation radiométrique de roches sédimentaires, métamorphiques et ignées[13].
Conservateur
L'argon, numéro E938, est utilisé comme conservateur alimentaire afin d'éliminer l'oxygÚne et l'humidité de l'atmosphÚre contenue dans les emballages et retarder leur date limite de consommation. L'oxydation par l'air, l'hydrolyse et les autres réactions qui dégradent les produits sont ainsi retardées ou entiÚrement bloquées. Les réactifs chimiques et les molécules pharmaceutiques sont parfois emballés sous atmosphÚre d'argon. Ce gaz noble est également utilisé comme conservateur pour les vernis, le polyuréthane ou encore les peintures.
L'argon est Ă©galement utilisĂ© en vinification pour protĂ©ger le vin de l'oxygĂšne et prĂ©venir son oxydation ainsi que les interactions bactĂ©riennes indĂ©sirables (notamment les bactĂ©ries acĂ©tiques, qui produisent de l'acide acĂ©tique et font tourner le vin en vinaigre). Il peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© comme gaz propulseur pour sprays.
Ăquipements de laboratoire
L'argon peut ĂȘtre utilisĂ© comme gaz inerte pour rampe Ă vide et boĂźte Ă gants ; il est prĂ©fĂ©rĂ© Ă l'azote, moins cher, car l'azote est susceptible de rĂ©agir avec des composĂ©s particuliĂšrement rĂ©actifs, ainsi qu'avec certains Ă©quipements. De plus, l'argon prĂ©sente l'avantage d'ĂȘtre plus dense que l'air, contrairement Ă l'azote, ce qui le rend plus simple Ă utiliser en pratique.
L'argon peut ĂȘtre utilisĂ© comme gaz porteur en chromatographie en phase gazeuse et en ionisation par Ă©lectronĂ©buliseur. C'est le gaz de prĂ©dilection pour le plasma utilisĂ© en spectromĂ©trie Ă plasma Ă couplage inductif. L'argon est utilisĂ© prĂ©fĂ©rentiellement en dĂ©pĂŽt par pulvĂ©risation cathodique (en) sur les spĂ©cimens Ă Ă©tudier par microscopie Ă©lectronique Ă balayage et pour le nettoyage des wafers en microfabrication.
Ăclairage
Une lampe à incandescence est généralement remplie d'argon afin de préserver son filament de l'oxydation à haute température. L'argon est également utilisé pour son rayonnement par ionisation, comme dans les lampes à plasma et les calorimÚtres en physique des particules. Les lampes à décharge remplies d'argon pur produisent une lumiÚre violet pùle tirant sur le bleu lavande, qui devient bleue en ajoutant un peu de mercure.
L'argon est également utilisé pour les lasers ioniques (en) bleus et verts.
Applications diverses
L'argon est utilisé comme isolant thermique pour double vitrage. On l'utilise également pour le remplissage des combinaisons étanches pour plongée en scaphandre autonome en raison de son inertie chimique et de sa faible conductivité thermique.
L'argon est l'un des gaz pouvant ĂȘtre utilisĂ© en astronautique comme propulseur des VASIMR. Dans le domaine de l'armement aĂ©rien, il est utilisĂ© sous pression pour refroidir, en se dĂ©tendant, la tĂȘte de certains missiles air-air, dont des missiles AIM-9 Sidewinder.
L'argon a Ă©tĂ© utilisĂ© en athlĂ©tisme comme dopant simulant l'hypoxie. Il a de ce fait Ă©tĂ© inclus, avec le xĂ©non, Ă la liste des mĂ©thodes et des substances interdites par l'Agence mondiale antidopage en 2014 avant d'en ĂȘtre retirĂ© en 2020.
Histoire et Ă©tymologie
Le mot argon dĂ©rive du grec ancien áŒÏÎłÏÏ / argĂłs, « oisif, paresseux, stĂ©rile », formĂ© du prĂ©fixe grec privatif áŒ- / a- et du mot áŒÏÎłÎżÎœ / Ă©rgon, « travail », cette Ă©tymologie Ă©voquant le caractĂšre inerte de l'Ă©lĂ©ment[36].
La prĂ©sence dans lâair d'un gaz chimiquement inerte fut suspectĂ©e par Henry Cavendish dĂšs 1785[37] mais sa dĂ©couverte par Lord Rayleigh et Sir William Ramsay Ă l'University College de Londres attendit 1894. Ils procĂ©dĂšrent en Ă©liminant d'un Ă©chantillon d'air pur son oxygĂšne, son dioxyde de carbone, sa vapeur d'eau et son azote, ce qui laissait un gaz inerte qu'ils appelĂšrent argon[38] - [39] - [40]. Ces deux scientifiques firent Ă la Royal Society la communication officielle de leur dĂ©couverte le [41].
Ils furent mis sur la piste par le fait que lâazote produit chimiquement Ă©tait 0,5 % plus lĂ©ger que celui extrait de lâair par Ă©limination des autres gaz atmosphĂ©riques connus Ă l'Ă©poque. La distillation fractionnĂ©e dâair liquĂ©fiĂ© leur permit de produire une quantitĂ© notable dâargon en 1898 et par la mĂȘme occasion dâisoler deux autres gaz nobles le nĂ©on et le xĂ©non.
Lâargon fut Ă©galement observĂ© en 1882 au cours de travaux indĂ©pendants par H. F. Newall et W. N. Hartley, qui notĂšrent des raies spectrales dans le spectre d'Ă©mission de l'air ne correspondant Ă aucun Ă©lĂ©ment chimique connu[42].
Le symbole chimique de lâargon fut A jusqu'en 1957, date Ă laquelle il devint Ar[43].
Dangers
Tout comme lâhĂ©lium, lâargon nâest pas dangereux Ă faible concentration. Toutefois, il est 38 % plus dense que l'air et l'inhalation dâune grande quantitĂ© d'argon comporte des risques dâasphyxie par privation dâoxygĂšne (anoxie) ; ceci peut se produire par exemple lors d'opĂ©rations de soudage dans un espace confinĂ©.
Notes et références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Technical data for Argon » (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope
- (en) Images de l'argon sous différentes formes
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