Yttrium
Lâyttrium est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 39, de symbole Y. L'yttrium est un Ă©lĂ©ment de transition d'apparence mĂ©tallique, qui possĂšde un comportement chimique proche de celui des lanthanides, et classĂ© historiquement parmi les terres rares, avec le scandium et les lanthanides[7]. Dans la nature, il ne se rencontre jamais Ă l'Ă©tat natif, mais le plus souvent combinĂ© avec des lanthanides dans des minerais de terres-rares. Son seul isotope stable est 89Y. C'est Ă©galement le seul isotope naturel.
Yttrium | |||||||||||
Yttrium sublimĂ©-dendritiques pur Ă 99,99 % placĂ© Ă cĂŽtĂ© d'un cube d'un cm d'arĂȘte. | |||||||||||
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Position dans le tableau périodique | |||||||||||
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Symbole | Y | ||||||||||
Nom | Yttrium | ||||||||||
Numéro atomique | 39 | ||||||||||
Groupe | 3 | ||||||||||
Période | 5e période | ||||||||||
Bloc | Bloc d | ||||||||||
Famille d'éléments | Métal de transition | ||||||||||
Configuration Ă©lectronique | [Kr] 4d1 5s2 | ||||||||||
Ălectrons par niveau dâĂ©nergie | 2, 8, 18, 9, 2 | ||||||||||
Propriétés atomiques de l'élément | |||||||||||
Masse atomique | 88,905 84 ± 0,000 02 u | ||||||||||
Rayon atomique (calc) | 180 pm (212 pm) | ||||||||||
Rayon de covalence | 190 ± 7 pm[1] | ||||||||||
Ătat dâoxydation | 3 | ||||||||||
ĂlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) | 1,22 | ||||||||||
Oxyde | Base faible | ||||||||||
Ănergies dâionisation[2] | |||||||||||
1re : 6,217 3 eV | 2e : 12,224 eV | ||||||||||
3e : 20,52 eV | 4e : 60,597 eV | ||||||||||
5e : 77,0 eV | 6e : 93,0 eV | ||||||||||
7e : 116 eV | 8e : 129 eV | ||||||||||
9e : 146,2 eV | 10e : 191 eV | ||||||||||
11e : 206 eV | 12e : 374,0 eV | ||||||||||
Isotopes les plus stables | |||||||||||
Propriétés physiques du corps simple | |||||||||||
Ătat ordinaire | Solide | ||||||||||
Masse volumique | 4,469 g·cm-3 (25 °C)[2] | ||||||||||
SystĂšme cristallin | Hexagonal compact | ||||||||||
Couleur | Blanc argenté | ||||||||||
Point de fusion | 1 522 °C[2] | ||||||||||
Point dâĂ©bullition | 3 345 °C[2] | ||||||||||
Ănergie de fusion | 11,4 kJ·mol-1 | ||||||||||
Ănergie de vaporisation | 363 kJ·mol-1 | ||||||||||
Volume molaire | 19,88Ă10-6 m3·mol-1 | ||||||||||
Pression de vapeur | 5,31 Pa à 1 525,85 °C |
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Vitesse du son | 3 300 m·s-1 à 20 °C | ||||||||||
Chaleur massique | 300 J·kg-1·K-1 | ||||||||||
ConductivitĂ© Ă©lectrique | 1,66Ă106 S·m-1 | ||||||||||
Conductivité thermique | 17,2 W·m-1·K-1 | ||||||||||
Divers | |||||||||||
No CAS | [3] | ||||||||||
No ECHA | 100.028.340 | ||||||||||
No CE | 231-174-8 | ||||||||||
Précautions | |||||||||||
SGH[4] - [5] | |||||||||||
Danger |
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SIMDUT[6] | |||||||||||
B6, |
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Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |||||||||||
L'yttrium a été découvert en 1789, sous forme d'oxyde, par Johan Gadolin[8] dans un échantillon de gadolinite découvert par Carl Axel Arrhenius. Anders Gustaf Ekeberg baptisa ce nouvel oxyde yttria. Il a été isolé pour la premiÚre fois en 1828 par Friedrich Wöhler[9].
L'utilisation la plus importante de l'yttrium est la fabrication de luminophores, tels ceux utilisés dans les téléviseurs à tube cathodiques ou les LEDs[10]. Ses autres applications incluent la production d'électrodes, d'électrolytes, de filtres électroniques, de lasers et de matériaux supraconducteurs, et des applications médicales variées. L'yttrium ne joue aucun rÎle biologique connu, mais une exposition à ce métal peut causer des maladies pulmonaires chez l'homme[11].
Histoire
En 1787, Carl Axel Arrhenius, un lieutenant de l'armĂ©e et chimiste amateur, dĂ©couvre une roche noire lourde dans une ancienne carriĂšre proche du village suĂ©dois d'Ytterby (aujourd'hui dans l'archipel de Stockholm[8]). Pensant qu'il s'agit d'un minĂ©ral inconnu contenant du tungstĂšne, Ă©lĂ©ment qui vient d'ĂȘtre dĂ©couvert[12], il le baptise ytterbite (d'aprĂšs le nom du village oĂč il l'a dĂ©couvert, plus le suffixe -ite pour indiquer qu'il s'agit d'un minĂ©ral) et envoie des Ă©chantillons Ă plusieurs chimistes pour des analyses[8].
Johan Gadolin, de l'universitĂ© d'Ă bo, identifie un nouvel oxyde ou "terre" dans l'Ă©chantillon d'Arrhenius en 1789 et publie son analyse complĂšte en 1794[13]. Ces travaux sont confirmĂ©s en 1797 par Anders Gustaf Ekeberg qui baptise le nouvel oxyde yttria[14]. Dans les dĂ©cennies qui suivent les travaux de Lavoisier, qui a dĂ©veloppĂ© la premiĂšre dĂ©finition moderne des Ă©lĂ©ments chimiques, on pense que les terres peuvent ĂȘtre rĂ©duites pour obtenir les Ă©lĂ©ments purs, ce qui signifie que la dĂ©couverte d'une nouvelle terre Ă©tait Ă©quivalente Ă la dĂ©couverte d'un nouvel Ă©lĂ©ment, qui aurait alors Ă©tĂ© dans ce cas l'yttrium (on donnait aux oxydes une terminaison en -a et aux Ă©lĂ©ments en -ium).
En 1843, Carl Gustav Mosander dĂ©couvre que les Ă©chantillons d'yttria de Gadolin contiennent trois oxydes diffĂ©rents : de l'oxyde d'yttrium blanc (yttria), de l'oxyde de terbium jaune (baptisĂ© Ă l'Ă©poque "erbia" ce qui peut prĂȘter Ă confusion), et de l'oxyde d'erbium rose (baptisĂ© Ă l'Ă©poque "terbia" ce qui peut lĂ encore prĂȘter Ă confusion)[15]. En 1878, Jean Charles Galissard de Marignac isole un quatriĂšme oxyde, l'oxyde d'ytterbium[16]. Les nouveaux Ă©lĂ©ments seront ensuite isolĂ©s Ă partir de chacun de leurs oxydes, et baptisĂ©s d'une maniĂšre qui rappelle le nom du village "Ytterby" (yttrium, ytterbium, terbium, et erbium)[17]. Au cours des dĂ©cennies suivantes, sept autres mĂ©taux seront dĂ©couverts dans l'yttria de Gadolin[8]. Comme finalement cet yttria n'Ă©tait pas une terre mais un minĂ©ral, Martin Heinrich Klaproth le renomme gadolinite en hommage Ă Gadolin[8].
L'yttrium métal a été isolé pour la premiÚre fois en 1828 par Friedrich Wöhler en chauffant du chlorure d'yttrium anhydre avec du potassium[18] - [19] selon la réaction :
- YCl3 + 3 K â 3 KCl + Y
Jusqu'aux années 1920, le symbole chimique utilisé pour l'yttrium était Yt, puis le Y s'est imposé dans les usages[20].
Caractéristiques
Isotopes
L'yttrium possÚde 33 isotopes connus, de nombre de masse variant entre 76 et 108, et 29 isomÚres nucléaires. Parmi ces isotopes, un seul est stable, 89Y, et constitue l'intégralité de l'yttrium naturellement présent, faisant de l'yttrium un élément monoisotopique et aussi un élément mononucléidique. Sa masse atomique standard est donc la masse isotopique de 89Y, soit 88,905 85(2) u.
Propriétés
L'yttrium est un métal mou, d'apparence métallique, appartenant aux éléments du groupe 3 de la classification périodique. Comme attendu de par la périodicité des propriétés, il est moins électronégatif que le scandium et le zirconium, mais plus électronégatif que le lanthane[21] - [22]. C'est le premier élément du groupe d de la cinquiÚme période de la classification.
L'yttrium pur est relativement stable à l'air sous forme massive du fait de la formation d'une couche de passivation d'oxyde d'yttrium à sa surface. Ce film peut atteindre une épaisseur de 10 micromÚtres lorsqu'il est chauffé à 750 °C en présence de vapeur d'eau[23]. Réduit en poudre ou copeaux, l'yttrium n'est pas stable à l'air, et peut s'enflammer spontanément si la température dépasse 400 °C[9]. Lorsqu'il est chauffé à 1 000 °C sous azote, il se forme du nitrure d'yttrium YN[23].
Points communs avec les lanthanides
L'yttrium partage tellement de points communs avec les lanthanides qu'historiquement il a été regroupé avec ces éléments parmi les terres rares[7] et se rencontre toujours dans des minerais de terres-rares dans la nature[24].
Chimiquement, l'yttrium ressemble plus aux lanthanides que son voisin dans la classification périodique le scandium[25]. Si ces propriétés physiques étaient tracées en fonction du numéro atomique, il aurait alors un numéro apparent entre 64,5 et 67,5, qui le placerait entre le gadolinium et l'erbium dans la classification[26].
Sa réactivité chimique ressemble à celle du terbium et du dysprosium[10]. Son rayon atomique est si proche de ceux des terres-rares lourdes qu'en solution il se comporte comme l'une d'entre elles[23] - [27]. Bien que les lanthanides soient situés une ligne en dessous de l'yttrium dans la classification périodique, cette similitude de rayons ioniques s'explique par la contraction des lanthanides[28].
L'une des quelques différences notables entre la chimie des lanthanides et celle de l'yttrium c'est que ce dernier ne se rencontre quasiment qu'à l'état trivalent, alors qu'à peu prÚs la moitié des terres rares peuvent posséder des états de valence différents[23].
Composés de l'yttrium et réactions le mettant en jeu
En tant que métal de transition trivalent, l'yttrium forme de nombreux composés inorganiques, généralement à l'état d'oxydation +3, en mettant en jeu ses trois électrons de valence dans des liaisons[29]. C'est le cas par exemple de l'oxyde d'yttrium (Y2O3).
L'yttrium se rencontre sous forme de fluorure, d'hydroxyde ou d'oxalate insolubles dans l'eau. En revanche, le bromure, le chlorure, l'iodure, le nitrate et le sulfate sont solubles dans l'eau[23]. L'ion Y3+ en solution est incolore du fait de l'absence d'Ă©lectrons Ă©lectron d ou f dans sa structure Ă©lectronique[23].
L'yttrium réagit vivement avec l'eau pour former de l'oxyde d'yttrium[24]. Il n'est pas attaqué rapidement par l'acide nitrique concentré ou l'acide fluorhydrique, mais l'est par d'autres acides forts[23].
Avec les halogÚnes, il forme des trihalogénures à des températures de l'ordre de 200 °C[11]. Il forme également des composés binaires avec le carbone, le phosphore, le sélénium, le silicium et le soufre à températures élevées.
L'yttrium est Ă©galement prĂ©sent dans des composĂ©s organomĂ©talliques. Un petit nombre sont connus avec l'yttrium au degrĂ© d'oxydation 0[30] - [31] (le degrĂ© +2 a Ă©tĂ© observĂ© dans des chlorures fondus[32] et l'Ă©tat +1 dans des clusters d'oxyde en phase gazeuse[33]). Des rĂ©actions de trimĂ©risation ont Ă©tĂ© observĂ©es mettant en jeu des organo-yttriens comme catalyseurs[31]. Ces composĂ©s ont Ă©tĂ© obtenus Ă partir de chlorure d'yttrium, lui-mĂȘme formĂ© par rĂ©action d'oxyde d'yttrium, d'acide chlorhydrique concentrĂ© et de chlorure d'ammonium[34] - [35].
Les complexes d'yttrium furent le premier exemple de complexes oĂč des ligands carboranyl sont liĂ©s Ă un ion central en d0 avec une hapticitĂ© η7[31].
Occurrence
Abondance, gisements
L'yttrium est présent dans la plupart des minéraux contenant des terres-rares[22], ainsi que dans certains minerais d'uranium, mais ne se rencontre jamais à l'état natif dans la nature[36].
On trouve l'yttrium dans les sables de monazite ((Ce, La,Th, Nd,Y)PO4) et bastnĂ€site ((Ce, La,Th, Nd,Y)(CO3)F). Il est trĂšs difficile Ă sĂ©parer des autres mĂ©taux de la mĂȘme famille auxquels il y est toujours associĂ©. L'yttrium apparaĂźt dans un grand nombre de minĂ©raux, toujours associĂ© aux autres terres rares :
- l'allanite (sorosilicate), ou orthite, la bastnÀsite ;
- la bĂ©tafite et la samarskite oĂč il est associĂ© Ă l'uranium ;
- et encore l'euxénite, la fergusonite, la gadolinite, le xénotime.
Ces minerais sont plus ou moins radioactifs.
Les échantillons lunaires collectés au cours du programme Apollo contiennent une quantité notable d'yttrium[17].
L'yttrium est présent dans la croute terrestre à hauteur de 31 ppm[10], ce qui en fait le 28e élément le plus abondant, avec une abondance 400 fois plus élevée que celle de l'argent[37]. On le trouve dans les sols à une concentration de 10 à 150 ppm (moyenne dans les masses à sec de 23 ppm) et dans l'eau de mer à une concentration de 9 ppt[37].
L'yttrium ne joue aucun rÎle biologique connu, mais on le rencontre dans la plupart (si ce n'est tous) des organismes, et il se concentre chez l'homme dans le foie, les reins, les poumons, la rate et les os[38]. Il n'y a normalement pas plus de 0,5 mg d'yttrium dans le corps humain. On le trouve à hauteur de 4 ppm dans le lait maternel[39]. Les plantes comestibles en contiennent à des concentrations comprises entre 20 et 100 ppm, les concentrations les plus élevées se rencontrant dans le chou[39]. Les plantes ligneuses possÚdent les concentrations d'yttrium les plus élevées connues avec 700 ppm[39].
Gisements
En avril 2018, alors que la Chine et l'Australie sont les premiers producteurs de terres rares, dans la revue Nature des chercheurs japonais estiment que les gisements nouveaux détectés à l'Est du Japon représentent sur 2 500 km2 environ 16 millions de tonnes de terres rares, situées dans le sédiment marin, à plus de 5 000 mÚtres de profondeur ; sur 2499 km2, le fond contiendrait là plus de 16 millions de tonnes d'oxydes de terres rares, soit 780 ans d'approvisionnement mondial en yttrium (et aussi 730 ans de réserve de dysprosium, 620 ans pour l'europium, 420 ans pour le terbium, selon une publication d'avril 2018 dans Scientific Reports[40] - [41].
Formation
Dans le systĂšme solaire, l'yttrium s'est formĂ© par nuclĂ©osynthĂšse stellaire, majoritairement par processus s (â72 %) et minoritairement par processus r (â28 %)[42].
Tous les Ă©lĂ©ments du groupe 3 possĂšdent un nombre impair de protons et ont donc peu d'isotopes stables[21]. L'yttrium n'en possĂšde qu'un, 89Y, qui est Ă©galement le seul qui se rencontre dans la nature. L'abondance de l'yttrium 89 est plus Ă©levĂ©e que ce qu'elle devrait ĂȘtre au premier abord. Ceci s'explique par le fait que son processus de formation, lent, tend Ă favoriser les isotopes de nombre de masse voisin de 90, 138 ou 208, qui possĂšde un noyau atomique inhabituellement stable avec 50, 82 et 126 neutrons respectivement[43] - [9]. 89Y possĂšde un nombre de masse de 89 et 50 neutrons dans son noyau.
Production
Les similitudes de propriĂ©tĂ©s chimiques de l'yttrium et des lanthanides font qu'il est concentrĂ© dans la nature selon les mĂȘmes procĂ©dĂ©s et qu'on le retrouve dans des minerais au sein de minĂ©raux contenant des terres rares. On peut observer une sĂ©paration partielle entre les terres rares lĂ©gĂšres (dĂ©but de la famille) et les terres rares lourdes (fin de la famille), mais cette sĂ©paration n'est jamais complĂšte. Bien qu'il possĂšde une masse atomique plus faible, l'yttrium se concentre du cĂŽtĂ© des terres rares lourdes[44] - [45].
Il y a quatre sources principales d'yttrium[46]:
- Les minerais contenant des carbonates ou des fluorures de terres rares lĂ©gĂšres, comme la bastnĂ€site ([(Ce, La, etc.)(CO3)F]), contiennent en moyenne 0,1 % d'yttrium[9] - [44] ainsi que des terres rares lourdes. Entre les annĂ©es 1960 et 1990, la principale source de bastnĂ€site Ă©tait la mine de terres rares de Mountain Pass en Californie, ce qui a fait des Ătats-Unis le plus gros fournisseur de terres rares lourdes de cette pĂ©riode[44] - [46].
- La monazite ([(Ce, La, etc.)PO4]), qui est principalement un phosphate, est un gisement alluvionnaire créé par l'érosion du granit. C'est un minerai de terres rares légÚres contenant 2 %[44] (ou 3 %)[47] d'yttrium. Les gisements les plus importants ont été découverts en Inde et au Brésil au début du XIXe siÚcle, ce qui a fait de ces deux pays les premiers producteurs d'yttrium durant la premiÚre moitié de ce siÚcle[44] - [46].
- La xénotime, un phosphate de terres rares lourdes, est le principal minerai de ces derniÚres et contient jusqu'à 60 % de phosphate d'yttrium (YPO4)[44]. Les plus grandes mines pour ce minéral sont le gisement de Bayan Obo en Chine, ce qui fait de ce pays le plus gros exportateur de terres-rares lourdes depuis la fin de l'exploitation de la mine de Mountain Pass au cours des années 1990[44] - [46].
- Les argiles absorbeuses d'ions ou argiles de Lognan sont produits par la météorisation du granit, et contiennent 1 % de terres rares lourdes[44]. Le minerai concentré peut contenir jusqu'à 8 % d'yttrium. Ces argiles sont principalement exploités dans le sud de la Chine[44] - [46] - [48]. On trouve également de l'yttrium dans la samarskite et la fergusonite[37].
L'yttrium est difficile à séparer des autres terres rares. Une méthode pour l'obtenir pur à partir du mélange d'oxyde contenu dans le minerai est de dissoudre l'oxyde dans l'acide sulfurique puis d'utiliser la chromatographie à échange d'ions. L'ajout d'acide oxalique permet de faire précipiter l'oxalate d'yttrium. Cet oxalate est ensuite transformé en oxyde par chauffage sous oxygÚne. On obtient ensuite du fluorure d'yttrium par réaction avec le fluorure d'hydrogÚne[49].
La production mondiale annuelle d'oxyde d'yttrium a atteint 600 tonnes en 2001, avec des rĂ©serves estimĂ©es de 9 millions de tonnes[37]. Seules quelques tonnes d'yttrium mĂ©tal sont produites chaque annĂ©e par rĂ©duction du fluorure d'yttrium en une Ă©ponge mĂ©tallique par rĂ©action avec un alliage de calcium et magnĂ©sium. L'yttrium peut ĂȘtre fondu Ă 1 600 °C au four Ă arc[37] - [49].
Applications
Utilisations grand public
L'oxyde d'yttrium peut ĂȘtre dopĂ© par des ions Eu3+ et servir de rĂ©actif pour obtenir de l'orthovanadate d'yttrium YVO4:Eu3+ ou de l'oxysulfure d'yttrium Y2O2S:Eu3+, qui sont des luminophores utilisĂ©s pour obtenir la couleur rouge dans les tĂ©lĂ©viseurs Ă tube cathodique[9] - [10]. La couleur rouge en elle-mĂȘme est produite par la dĂ©sexcitation des atomes d'europium[50]. Les composĂ©s d'yttrium peuvent ĂȘtre dopĂ©s par diffĂ©rents cations lanthanides. Tb3+ peut ĂȘtre utilisĂ© pour obtenir une luminescence verte. L'oxyde d'yttrium est Ă©galement utilisĂ© comme additif de frittage pour la production de nitrure de silicium poreux[51].
Des composés de l'yttrium sont utilisés comme catalyseur pour la polymérisation de l'éthylÚne[9]. Sous forme métallique, il est utilisé dans les électrodes de certaines bougies d'allumage à hautes performances[52]. L'yttrium est également utilisé dans la fabrication de manchons à incandescence pour les lampes au propane, en remplacement du thorium radioactif[53].
L'utilisation de zircone stabilisé à l'yttrium est en plein développement, notamment comme électrolyte solide (conducteur d'oxygÚne) et comme capteur d'oxygÚne dans les systÚmes d'échappement automobile[10].
Grenats
L'yttrium est utilisé dans la production d'une grande variété de grenats synthétiques[54], et l'oxyde d'yttrium est utilisé pour produire des YIG (grenat de fer et d'yttrium) qui sont des filtres micro-ondes trÚs efficaces[9]. Les grenats d'yttrium, fer, aluminium et gadolinium (par ex. Y3(Fe, Al)5O12 et Y3(Fe, Ga)5O12) possÚdent des propriétés magnétiques importantes[9]. Les YIG sont également trÚs performants en tant que transmetteur d'énergie acoustique et comme transducteur[55].
Les grenats d'aluminium et d'yttrium (Y3Al5O12 ou YAG) possÚdent une dureté de 8,5 (échelle de Mohs) et sont utilisés en joaillerie pour imiter le diamant[9]. Dopé par du cérium, les cristaux de YAG:Ce sont utilisés comme luminophores dans des LEDs blanches[56] - [57] - [58].
Les YAG, l'oxyde d'yttrium, le fluorure d'yttrium et de lithium, et l'orthovanadate d'yttrium sont utilisĂ©s dopĂ©s notamment par le nĂ©odyme, l'erbium ou l'ytterbium dans les lasers proches infrarouge[59] - [60]. Les lasers YAG peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă haute puissance et sont utilisĂ©s pour la dĂ©coupe de mĂ©taux[47]. Les monocristaux de YAG dopĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement fabriquĂ©s par la mĂ©thode Czochralski[61].
Additif
De petites quantités d'yttrium (0,1 à 0,2 %) ont été utilisés pour réduire la taille des grains du chrome, du molybdÚne, du titane et du zirconium[62]. Il est également utilisé pour améliorer les propriétés mécaniques d'alliages d'aluminium et de magnésium[9]. L'ajout d'yttrium à des alliages facilite généralement leur mise en forme, réduit la recristallisation à haute température et augmente de maniÚre significative la résistance à l'oxydation à hautes températures[50].
L'yttrium peut ĂȘtre utilisĂ© pour dĂ©soxyder le vanadium et d'autres mĂ©taux non ferreux[9]. L'oxyde d'yttrium est utilisĂ© pour stabiliser la zircone cubique, utilisĂ©e notamment en joaillerie[63].
L'oxyde d'yttrium peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© dans la formulation de cĂ©ramiques et de verres, auxquels il confĂšre une meilleure rĂ©sistance aux chocs ainsi qu'un coefficient de dilatation thermique plus faible[9]. Il est donc notamment utilisĂ© pour les objectifs photographiques[37].
MĂ©decine
L'isotope radioactif 90Y est utilisĂ© dans des mĂ©dicaments comme l'Yttrium Y 90-DOTA-tyr3-octreotide et l'ibritumomab tiuxĂ©tan, utilisĂ©s dans le traitement de plusieurs cancers dont les lymphomes, les leucĂ©mies, les cancers des ovaires, du pancrĂ©as, des os et le cancer colorectal[39]. Il agit en se fixant aux anticorps monoclonaux, qui Ă leur tour se lient aux cellules cancĂ©reuses et les dĂ©truisent du fait des Ă©missions ÎČ liĂ©es aux dĂ©sintĂ©grations de l'yttrium 90[64].
Des aiguilles en yttrium-90, qui peuvent couper de maniÚre plus précises que des scalpels, ont été utilisées pour agir sur les nerfs qui transmettent la douleur dans la moelle épiniÚre[12], et l'yttrium 90-est également utilisé pour pratiquer des synoviorthÚses isotopiques dans le traitement d'inflammations articulaires, particuliÚrement des genoux, pour des patients atteints par exemple de polyarthrite rhumatoïde[65].
Supraconducteurs
En 1987, de la supraconductivité à haute température critique a été observé dans un matériau contenant de l'yttrium, YBa2Cu3O7[66]. Il ne s'agissait que du deuxiÚme matériau à posséder cette propriété[66] et le premier pour lequel la température critique (Tc = 93K) était supérieure à la température d'ébullition de l'azote liquide (77K).
Sécurité
Les composĂ©s de l'yttrium solubles dans l'eau sont considĂ©rĂ©s comme modĂ©rĂ©ment toxiques, ceux insolubles dans l'eau comme non toxiques[39]. Au cours d'expĂ©riences sur des animaux, l'yttrium et ses composĂ©s ont entraĂźnĂ© des dommages au foie et aux poumons, mais la toxicitĂ© est variable suivant le composĂ© considĂ©rĂ©. Chez le rat, l'inhalation de citrate d'yttrium cause des ĆdĂšmes pulmonaires et des dyspnĂ©es, tandis que l'inhalation de chlorure d'yttrium occasionne des ĆdĂšmes du foie, des Ă©panchements pleuraux et des hyperĂ©mies pulmonaires[11].
Une exposition à des composés yttriés peut entraßner chez l'homme des maladies des poumons[11]. Des travailleurs exposés à des poussiÚres de vanadate d'europium et d'yttrium en suspension ont ressenti des irritations légÚres des yeux, de la peau et des voies respiratoires, mais qui peuvent avoir été causées par le vanadium plutÎt que par l'yttrium[11]. Une exposition intense à des composés yttriés peut entraßner des essoufflements, de la toux, des douleurs à la poitrine et une cyanose[11]. Le NIOSH recommande de ne pas dépasser une exposition limite de 1 mg/m3 et un DIVS de 500 mg/m3[67]. Les poussiÚres d'yttrium sont inflammables[11].
Notes et références
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- SIGMA-ALDRICH
- « Yttrium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
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Voir aussi
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Articles connexes
Liens externes
- (en) « Technical data for Yttrium » (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope
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2 | Li | Be | B | C | N | O | F | Ne | |||||||||||||||||||||||||
3 | Na | Mg | Al | Si | P | S | Cl | Ar | |||||||||||||||||||||||||
4 | K | Ca | Sc | Ti | V | Cr | Mn | Fe | Co | Ni | Cu | Zn | Ga | Ge | As | Se | Br | Kr | |||||||||||||||
5 | Rb | Sr | Y | Zr | Nb | Mo | Tc | Ru | Rh | Pd | Ag | Cd | In | Sn | Sb | Te | I | Xe | |||||||||||||||
6 | Cs | Ba | La | Ce | Pr | Nd | Pm | Sm | Eu | Gd | Tb | Dy | Ho | Er | Tm | Yb | Lu | Hf | Ta | W | Re | Os | Ir | Pt | Au | Hg | Tl | Pb | Bi | Po | At | Rn | |
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