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Seaborgium

Le seaborgium (symbole Sg) est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 106. Il a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© pour la premiĂšre fois en 1974 indĂ©pendamment et presque simultanĂ©ment par une Ă©quipe aux États-Unis et une autre en URSS, alors en pleine guerre froide, et qui s'opposĂšrent quant au nom Ă  donner Ă  ce nouvel Ă©lĂ©ment ; la controverse ne fut rĂ©solue qu'en 1997 dans le cadre d'un compromis global concernant la dĂ©nomination des Ă©lĂ©ments 104 Ă  108, et l'Ă©lĂ©ment 106 reçut alors son nom dĂ©finitif en rĂ©fĂ©rence Ă  Glenn Seaborg, l'un des rares scientifiques Ă  ĂȘtre ainsi honorĂ© de son vivant.

Il s'agit d'un transactinide trÚs radioactif, dont l'isotope connu le plus stable, le 269Sg, a une période radioactive d'environ 3,1 min. Situé sous le tungstÚne dans le tableau périodique des éléments, il appartient au bloc d et présente les propriétés chimiques d'un métal de transition.

Histoire

L'élément 106 a été découvert presque simultanément par deux laboratoires différents. En juin 1974, une équipe de chercheurs soviétiques conduite par Gueorgui Fliorov à l'Institut unifié de recherches nucléaires (JINR) de Doubna rapporta avoir produit un isotope d'une masse atomique de 259 et d'une demi-vie de ms ; il s'avéra en fait qu'il s'agissait de seaborgium 260[4] :

54
24
Cr
+ 208
82
Pb
⟶ 262
106
Sg*
⟶ 260
106
Sg
+ 2 1
0
n
.
54
24
Cr
+ 208
82
Pb
⟶ 262
106
Sg*
⟶ 261
106
Sg
+ 1
0
n
.

En septembre 1974, une Ă©quipe amĂ©ricaine dirigĂ©e par Albert Ghiorso au Lawrence Berkeley National Laboratory (LBNL) rapporta avoir rĂ©alisĂ© la fusion 249Cf (18O, n) 263mSg, identifiĂ© par une septantaine de dĂ©sintĂ©grations α avec une pĂ©riode de 0,9 Â± 0,2 s et une section efficace de 0,3 nanobarns en accord avec les prĂ©visions.

18
8
O
+ 249
98
Cf
⟶ 267
106
Sg*
⟶ 263m
106
Sg
+ 4 1
0
n
⟶ 259
104
Rf
+ α → 255
102
No
+ α.

Étant donnĂ© que le travail des AmĂ©ricains fut confirmĂ© indĂ©pendamment en premier lieu, ceux-ci suggĂ©rĂšrent comme nom seaborgium en l'honneur du chimiste amĂ©ricain Glenn T. Seaborg. Ce nom suscita une grande controverse car Seaborg Ă©tait encore vivant. Un comitĂ© international dĂ©cida en 1992 que les laboratoires de Berkeley et de Doubna devaient partager le crĂ©dit de la dĂ©couverte de l'Ă©lĂ©ment 106.

Entretemps, l'UICPA adopta le nom unnilhexium (symbole Unh) comme nom systématique provisoire. En 1994, un comité de l'UICPA recommanda que le nom rutherfordium fût adopté pour l'élément 104 et adopta une rÚgle pour que plus aucun élément ne soit nommé en l'honneur d'une personne vivante. La société chimique américaine (American Chemical Society) s'opposa vivement à cette rÚgle. En 1997, dans le cadre d'un compromis portant sur l'attribution des noms pour les éléments 104 à 108, le nom seaborgium fut reconnu internationalement pour l'élément 106.

Isotopes

Douze radioisotopes sont connus, de 258Sg à 271Sg, ainsi que deux isomÚres (261mSg et 263mSg). L'isotope à la plus grande durée de vie est 269Sg avec une demi-vie de 3,1 minutes[5].

Propriétés physiques et chimiques

Comme pour les autres Ă©lĂ©ments super-lourds, il est difficile d'Ă©tudier les propriĂ©tĂ©s du seaborgium parce qu'on ne produit qu'un petit nombre d'atomes et qu'ils sont trĂšs instables. Il a nĂ©anmoins Ă©tĂ© possible de produire une quantitĂ© suffisante d'un isotope dont la demi-vie est d'une dizaine de secondes, et de le faire rĂ©agir avec du monoxyde de carbone CO. Il s'est formĂ© un composĂ© volatil montrant la mĂȘme volatilitĂ© et la mĂȘme rĂ©activitĂ© avec une surface de silice SiO2 que les hexacarbonyles de molybdĂšne Mo(CO)6 et de tungstĂšne W(CO)6. L'enthalpie d'adsorption de ce composĂ©, comparĂ©e Ă  celles de Mo(CO)6 et W(CO)6 ainsi qu'aux prĂ©dictions thĂ©oriques, permet d'affirmer qu'il s'agit de l'hexacarbonyle de seaborgium, Sg(CO)6. Plus gĂ©nĂ©ralement, ces rĂ©sultats montrent la parentĂ© chimique, et sans doute physique, du seaborgium avec le molybdĂšne et le tungstĂšne[6].

Notes et références

  1. (en) Darleane C. Hoffman, Diana M. Lee et Valeria Pershina, « Transactinide Elements and Future Elements », The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements,‎ , p. 1652-1752 (ISBN 978-94-007-0210-3, DOI 10.1007/978-94-007-0211-0_14, Bibcode 2011tcot.book.1652H, lire en ligne)
  2. (en) Andreas Östlin et Levente Vitos, « First-principles calculation of the structural stability of 6d transition metals », Physical Review B, vol. 84, no 11,‎ , article no 113104 (DOI 10.1103/PhysRevB.84.113104, Bibcode 2011PhRvB..84k3104O, lire en ligne)
  3. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  4. (en) Robert C. Barber, N. N. Greenwood, A. Z. Hrynkiewicz, Y. P. Jeannin, M. Lefort, M. Sakai, I. Ulehla, A. H. Wapstra et D. H. Wilkinson, « Discovery of the transfermium elements. Part II: Introduction to discovery profiles. Part III: Discovery profiles of the transfermium elements (Note: For Part I see Pure Appl. Chem., Vol. 63, No. 6, pp. 879-886, 1991) », Pure and Applied Chemistry, vol. 65, no 8,‎ , p. 1757-1814 (DOI 10.1351/pac199365081757, lire en ligne)
  5. (en) V.K. Utyonkov, « Synthesis of superheavy nuclei at limits of stability: 239,240Pu + 48Ca and 249-251Cf + 48Ca reactions », Super Heavy Nuclei International Symposium, Texas A & M University, College Station TX, USA, march 31 – april 2, 2015
  6. (en) J. Even, A. Yakushev, Ch. E. DĂŒllmann, H. Haba, M. Asai et al., « Synthesis and detection of a seaborgium carbonyl complex », Science, vol. 345, no 6203,‎ , p. 1491-1493 (DOI 10.1126/science.1255720).

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes



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