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Copernicium

Le copernicium (symbole Cn[7]) est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 112. Il correspond Ă  l'ununbium (Uub) de la dĂ©nomination systĂ©matique de l'IUPAC, et est encore appelĂ© Ă©lĂ©ment 112 dans la littĂ©rature. Il a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© pour la premiĂšre fois le 9 fĂ©vrier 1996 par la rĂ©action 208Pb (70Zn, n) 277Cn au Gesellschaft fĂŒr Schwerionenforschung (GSI) de Darmstadt, en Allemagne, et son identification a Ă©tĂ© validĂ©e par l'IUPAC en mai 2009[8]. Il a reçu son nom dĂ©finitif en fĂ©vrier 2010 en l'honneur de Nicolas Copernic[alpha 1].

Il s'agit d'un transactinide trĂšs radioactif, dont l'isotope connu le plus stable, le 285Cn, a une pĂ©riode radioactive de 29 s. SituĂ© sous le mercure dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments, il appartiendrait au bloc d. Contrairement aux autres Ă©lĂ©ments du groupe 12, qui sont des mĂ©taux pauvres, il pourrait s'agir d'un mĂ©tal de transition, en raison d'effets relativistes stabilisant la sous-couche Ă©lectronique s au dĂ©triment de la sous-couche d : le cation Cn2+ aurait ainsi la configuration Ă©lectronique [Rn] 5f14 6d8 7s2. Le copernicium serait trĂšs volatil, et il n'est pas exclu qu'il puisse ĂȘtre gazeux[3] aux conditions normales de tempĂ©rature et de pression.

SynthĂšse

Le copernicium a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© pour la premiĂšre fois le , Ă  Darmstadt, en Allemagne, au GSI (Gesellschaft fĂŒr Schwerionenforschung). Il a Ă©tĂ© obtenu en bombardant une cible de plomb 208 avec des ions de zinc 70[11], lors d'une expĂ©rience oĂč un seul atome a Ă©tĂ© produit :

70
30
Zn
+ 208
82
Pb
⟶ 278
112
Cn*
⟶ 277
112
Cn
+ 1
0
n
.

Le GSI a confirmé ses résultats en avec la synthÚse d'un second atome de 277Cn[12] - [13].

L'expérience a été reproduite en 2004 au RIKEN et se solda par la synthÚse de deux nouveaux atomes, confirmant les données expérimentales recueillies en Allemagne[14].

L'Ă©tat de l'art en matiĂšre de production d'isotopes de copernicium peut ĂȘtre rĂ©sumĂ© par le tableau suivant :

Ion Cible Isotope Statut de l'expérience
70Zn 208Pb 278Cn SuccĂšs
50Ti 232Th 282Cn Réaction non tentée
48Ca 238U 286Cn SuccĂšs
48Ca 242Pu 283Cn SuccĂšs
40Ar 244Pu 284Cn Réaction non tentée
36S 248Cm 284Cn Réaction non tentée
30Si 249Cf 279Cn Réaction non tentée

Isotopes

Le premier isotope Ă  avoir Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© est 277Cn en 1996. Six radioisotopes sont connus, de 277Cn Ă  285Cn et possiblement deux isomĂšres nuclĂ©aires (non confirmĂ©s). L'isotope confirmĂ© Ă  la plus grande durĂ©e de vie est 285Cn avec une demi-vie de 29 secondes.

Expériences en phase gazeuse

Les propriétés chimiques du copernicium ont été particuliÚrement étudiées à la suite d'indications selon lesquelles il présenterait les effets relativistes les plus sensibles parmi tous les éléments de la période 7. Sa configuration électronique à l'état fondamental étant [Rn] 5f14 6d10 7s2, il appartient au groupe 12 du tableau périodique, et devrait par conséquent se comporter comme le mercure et former des composés binaires avec des métaux nobles comme l'or. On a ainsi cherché à caractériser l'enthalpie d'adsorption d'atomes de copernicium sur des surfaces d'or à diverses températures. Compte tenu de la stabilisation relativiste des électrons 7s, le copernicium présente des propriétés rappelant celles d'un gaz noble comme le radon. On a ainsi cherché à mesurer les différences de caractéristiques d'adsorption entre le copernicium, le mercure et le radon[15].

La premiĂšre expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  l'aide de la rĂ©action 238U (48Ca, 3n) 283Cn. La dĂ©tection reposait sur les produits de fission spontanĂ©e de l'isotope parent, avec une pĂ©riode radioactive de 5 min. L'analyse des donnĂ©es montra que le copernicium Ă©tait plus volatil que le mercure et prĂ©sentait des propriĂ©tĂ©s de gaz noble. Cependant, l'incertitude concernant la synthĂšse du copernicium 283 a semĂ© le doute sur ces rĂ©sultats. D'autres Ă©tudes ont par consĂ©quent Ă©tĂ© menĂ©es en gĂ©nĂ©rant cet isotope comme produit de dĂ©sintĂ©gration du flĂ©rovium 287, Ă  la suite de la rĂ©action 242Pu (48Ca, 3n) 287Fl. Deux atomes de copernicium 283 ont Ă©tĂ© identifiĂ©s au cours de cette expĂ©rience, dont les propriĂ©tĂ©s d'adsorption ont permis de dĂ©terminer que le copernicium forme de faibles liaisons mĂ©tal-mĂ©tal avec l'or, ce qui en fait un homologue plus volatil du mercure, et le place rĂ©solument dans le groupe 12[15].

Cette expérience a été répétée en avril 2007, permettant d'identifier trois nouveaux atomes de copernicium. Les propriétés d'adsorption du copernicium ont été confirmées, et sont en plein accord avec sa position d'élément le plus lourd du groupe 12[15]. Ces expériences ont également permis la premiÚre estimation de la température d'ébullition du copernicium : 84+112
−108
°C
, ce qui en ferait peut-ĂȘtre un gaz aux conditions normales de tempĂ©rature et de pression[5].

Notes et références

Notes

  1. Le [9], décision publiée par la revue Pure and Applied Chemistry dans son édition de [10].

Références

  1. (en) « Copernicium », Periodic Table, sur Royal Society of Chemistry (consulté le )
  2. (en) Darleane C. Hoffman, Diana M. Lee et Valeria Pershina, « Transactinide Elements and Future Elements », The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements,‎ , p. 1652-1752 (ISBN 978-94-007-0210-3, DOI 10.1007/978-94-007-0211-0_14, Bibcode 2011tcot.book.1652H, lire en ligne)
  3. (en) Sandra Soverna, « Indication for a gaseous element 112 » [PDF], GSI Scientific Report 2003, sur Institut de chimie nucléaire de l'université de Mayence (consulté le ).
  4. (en) Jyoti Gyanchandani, Vinaya kMishra, G. K. Dey et S. K. Sikka, « Super heavy element Copernicium: Cohesive and electronic properties revisited », Solid State Communications, vol. 269,‎ , p. 16-22 (DOI 10.1016/j.ssc.2017.10.009, Bibcode 2018SSCom.269...16G, lire en ligne)
  5. (en) Robert Eichler, Nikolay V. Aksenov, Alexey V. Belozerov, Gospodin A. Bozhikov, Victor I. Chepigin, Sergey N. Dmitriev, Rugard Dressler, Heinz W. GĂ€ggeler, Alexander V. Gorshkov, Mikhail G. Itkis, Florian Haenssler, Andreas Laube, Viacheslav Y. Lebedev, Oleg N. Malyshev, Yuri Ts. Oganessian, Oleg V. Petrushkin, David Piguet, Andrei G. Popeko, Peter Rasmussen, Sergey V. Shishkin, Alexey A. Serov, Alexey V. Shutov, Alexander I. Svirikhin, Evgeny E. Tereshatov, Grigory K. Vostokin, Maciej Wegrzecki, Alexander V. Yeremin, « Thermochemical and physical properties of element 112 », Angewandte Chemie, vol. 47, no 17,‎ , p. 3262-3266 (PMID 18338360, DOI 10.1002/anie.200705019, lire en ligne)
  6. Mark Winter, « WebElements – Element 112 », The University of Sheffield & WebElements Ltd, UK, (consultĂ© le )
  7. Le symbole initialement proposé par le GSI était Cp, mais l'UICPA avait rapidement émis une recommandation provisoire pour le symbole Cn, afin d'éviter les confusions avec l'ancien symbole du cassiopéium, dénomination alternative du lutécium utilisée en Allemagne jusqu'en 1949, et avec le symbole couramment employé en chimie inorganique pour le ligand cyclopentadiÚne.
  8. Article Techno-Science.Net : « Nouvel élément chimique enfin reconnu : reste à lui trouver un nom ».
  9. (en) « IUPAC News – 20 fĂ©vrier 2010 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ) « Element 112 is Named Copernicium. »
  10. (en) Kazuyuki Tatsumi et John Corish, « Name and symbol of the element with atomic number 112 (IUPAC Recommendations 2010) », Pure and Applied Chemistry, vol. 82, no 3,‎ , p. 753-755 (ISSN 1365-3075, lire en ligne)
    DOI 10.1351/PAC-REC-09-08-20
  11. (en) S. Hofmann, et al., « The new element 112 », Zeitschrift fĂŒr Physik: A Hadrons and Nuclei, vol. 354, no 1,‎ , p. 229–230 (DOI 10.1007/BF02769517)
  12. (en) Hofmann et al., « New Results on Element 111 and 112 », European Physical Journal A Hadrons and Nuclei, vol. 14, no 2,‎ , p. 147–57 (DOI 10.1140/epja/i2001-10119-x)
  13. (en) Hofmann et al., « New Results on Element 111 and 112 », GSI Scientific Report, vol. 2000,‎ (lire en ligne)
  14. K. Morita « Decay of an Isotope 277112 produced by 208Pb + 70Zn reaction » () (DOI 10.1142/9789812701749_0027)
    —Exotic Nuclei (EXON2004)
    — « (ibid.) », dans Proceedings of the International Symposium, World Scientific, p. 188-191
  15. (en) Heinz W. GĂ€ggeler et Andreas TĂŒrler, « Gas-Phase Chemistry of Superheavy Elements », The Chemistry of Superheavy Elements,‎ , p. 415-483 (DOI 10.1007/978-3-642-37466-1_8, lire en ligne)

Voir aussi

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