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Américium

L’amĂ©ricium (symbole Am) est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 95. C'est un Ă©lĂ©ment transuranien de la famille des actinides, radioactif et synthĂ©tique. Le corps simple est un mĂ©tal dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression.

Américium
Image illustrative de l’article AmĂ©ricium
Disque d'américium 241 vu au microscope.
Position dans le tableau périodique
Symbole Am
Nom Américium
Numéro atomique 95
Groupe –
Période 7e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Actinide
Configuration Ă©lectronique [Rn] 5f7 7s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 32, 25, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 241,06 u
Rayon atomique (calc) 173 pm
Rayon de covalence 180 ± 6 pm[1]
État d’oxydation 6, 5, 4, 3
Énergies d’ionisation[2]
1re : 5,973 8 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
240Am{syn.}50,8 hÎČ+1,379240Pu
241Am{syn.}432,2 aα5,638237Np
242Am{syn.}16,02 hÎČ–0,661242Cm
242mAm{syn.}141 aIT0,049242Am
243Am{syn.}7 370 aα5,438239Np
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Masse volumique 12 g·cm-3[3]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Couleur Blanc argenté
Point de fusion 1 176 °C[3]
Point d’ébullition 2 011 °C[3]
Énergie de fusion 14,39 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 238,12 kJ·mol-1
Volume molaire 17,78×10-6 m3·mol-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 1,5×106 S·m-1 (20 °C)
Conductivité thermique 10 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-35-9[4]
No ECHA 100.028.313
Précautions
ÉlĂ©ment radioactif
Radioélément à activité notable

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Caractéristiques notables

L’amĂ©ricium est un Ă©lĂ©ment radioactif de la famille des actinides. Sous forme mĂ©tallique, il a une couleur blanche et un lustre argentĂ© (plus argentĂ© que le plutonium ou le neptunium). À tempĂ©rature ambiante, il se ternit lentement dans l’air sec.

Du fait de son instabilitĂ©, l’amĂ©ricium n’est pas prĂ©sent dans la croĂ»te terrestre. C’est un Ă©lĂ©ment artificiel produit lors de rĂ©actions successives intervenant dans le cƓur des rĂ©acteurs nuclĂ©aires, et il est actuellement considĂ©rĂ© comme un dĂ©chet radioactif.

Historique

L’amĂ©ricium a Ă©tĂ© nommĂ© en rĂ©fĂ©rence au continent amĂ©ricain, par analogie avec l’europium, Ă©lĂ©ment de la famille des lanthanides dont il est l’homologue chimique. Tout comme les autres Ă©lĂ©ments plus lourds que l’uranium, il a Ă©tĂ© dĂ©couvert relativement rĂ©cemment. Le dĂ©veloppement de la physique nuclĂ©aire expĂ©rimentale dans les annĂ©es 1940 a permis de le crĂ©er artificiellement.

Il fut synthĂ©tisĂ© pour la premiĂšre fois par Glenn T. Seaborg, Leon Morgan (de), Ralph James, et Albert Ghiorso vers la fin de l’annĂ©e 1944 au laboratoire mĂ©tallurgique de l’universitĂ© de Chicago (connu maintenant sous le nom d’Argonne National Laboratory). Cette Ă©quipe forma l’isotope d’amĂ©ricium 241 en soumettant du plutonium 239 Ă  plusieurs rĂ©actions successives de capture de neutrons dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire. On crĂ©e alors du 240Pu puis du 241Pu (demi-vie : 14,2 ans) qui se transforme en 241Am par Ă©mission bĂȘta selon la chaine de rĂ©action suivante (identique Ă  celle qui se dĂ©roule dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires actuels) :

239
94
Pu
+ 1
0
n
⟶ 240
94
Pu
240
94
Pu
+ 1
0
n
⟶ 241
94
Pu
241
94
Pu
⟶ 241
95
Am
+ e− + Îœe.

À la suite de la mise en place dans les annĂ©es 1970 de parcs de rĂ©acteurs nuclĂ©aires destinĂ©s Ă  la production d’électricitĂ©, des quantitĂ©s non nĂ©gligeables d’amĂ©ricium ont Ă©tĂ©, et sont toujours produites dans plusieurs pays (en France : environ 1 tonne par an, mĂ©langĂ© aux autres actinides et aux produits de fissions). Ceci a eu pour consĂ©quence un dĂ©ploiement important de recherches concernant les propriĂ©tĂ©s physicochimiques de l’amĂ©ricium et de ses composĂ©s.

L’amĂ©ricium fait encore actuellement l’objet de recherches dans diffĂ©rents domaines liĂ©s Ă  l’industrie nuclĂ©aire :

Isotopes

Parmi les dix-huit isotopes connus de l’amĂ©ricium (231Am Ă  247Am), seuls trois ont une pĂ©riode radioactive supĂ©rieure Ă  un an[5]. Ces isotopes les plus stables sont 243Am (demi-vie 7 370 ans), 241Am (demi-vie 432 ans) et 242mAm (demi-vie 141 ans).

L’amĂ©ricium 241 et l’amĂ©ricium 243 Ă©mettent majoritairement des rayonnements alpha — ils se dĂ©composent respectivement en neptunium 237 et neptunium 239 —, tandis que l’amĂ©ricium 242m subit essentiellement une transition isomĂ©rique vers son Ă©tat stable, l’amĂ©ricium 242 dont la demi-vie est de 16 heures.

Ce dernier se dĂ©sintĂšgre par radiation bĂȘta Ă  83 % en donnant du curium 242 ou par capture Ă©lectronique Ă  17 %, donnant du plutonium 242[6].

L’amĂ©ricium 241, qui fait partie de la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration du plutonium 241, est le plus frĂ©quent du fait de son apparition en Ă©quilibre avec le plutonium produit dans les centrales nuclĂ©aires. Il dĂ©croĂźt par dĂ©sintĂ©gration alpha (demi-vie 432 ans) en neptunium 237, lui-mĂȘme un Ă©metteur alpha et gamma avec une pĂ©riode de 2 millions d’annĂ©es.

Les isotopes 241Am, 242mAm et 243Am sont en outre fissiles[7]. L’amĂ©ricium 241 aurait une masse critique (sphĂšre nue) comprise entre 60 et 100 kg. L’amĂ©ricium 242m a une masse critique trĂšs faible (entre 9 et 18 kg), ce qui fait envisager son utilisation comme combustible spatial. La masse critique de l’amĂ©ricium 243 varie suivant les estimations, entre 50 et 150 kg.

Propriétés chimiques

Am4+ (Ă  gauche) et Am6+ (Ă  droite) en solution.

L’amĂ©ricium est un mĂ©tal dont l’état solide prĂ©sente trois formes cristallographiques, notĂ©es α (jusqu’à 1042 K ; 729 °C), ÎČ (entre 1042 et 1350 K ; 729 °C et 1 077 °C), et Îł (entre 1350 et 1449 K ; 1 077 °C et 1 176 °C). Il devient liquide Ă  1449 K (1 176 °C) et gazeux Ă  2284 K (2 011 °C).

Il existe de nombreux composĂ©s chimiques de l’amĂ©ricium :

En milieu aqueux, l’amĂ©ricium est essentiellement Ă  l’état d’oxydation +3. Le cation Am3+ est susceptible de se complexer avec diffĂ©rents ligands (CO32−, OH−, NO2−, NO3− et SO4-2) :

Il existe Ă©galement en milieu aqueux des complexes de l’ion amĂ©ricyle AmO2+ :

  • AmO2CO3−, AmO2(CO3)23− et AmO2(CO3)35−.

Applications

La forte radiotoxicitĂ© de l’amĂ©ricium le rend peu compatible avec une utilisation en quantitĂ© importante, et il est uniquement utilisĂ© pour des applications liĂ©es Ă  son rayonnement ionisant. Il est conservĂ© dans des sources scellĂ©es et conditionnĂ©es dans une double enveloppe cylindrique en acier inoxydable.

Les applications concernent surtout l’isotope 241Am, dont l’élaboration sous forme pure est la plus aisĂ©e.

L’amĂ©ricium a ainsi trouvĂ© une application domestique :

Dans la source 241Am-Be, les neutrons sont ainsi produits selon deux réactions successives :

241
95
Am
⟶ 237
93
Np
+ 4
2
He
,
9
4
Be
+ 4
2
He
⟶ 12
6
C
+ 1
0
n
.

L’amĂ©ricium 242 a aussi Ă©tĂ© utilisĂ© dans la radiographie, mais son coĂ»t de production est trĂšs Ă©levĂ©.

Aspects sanitaires et environnementaux

L’amĂ©ricium 241 mesurĂ© dans l’environnement provient soit d’un rejet direct, soit indirectement de la dĂ©croissance de l’isotope 241Pu.

On distingue trois causes majeures de rejets[8] :

AprĂšs dissĂ©mination dans l’environnement, l’amĂ©ricium peut ĂȘtre incorporĂ© dans tous les constituants de la chaine alimentaire et prĂ©senter diverses formes chimiques plus ou moins solubles. L’amĂ©ricium est un composĂ© moyennement transfĂ©rable, qui se dĂ©pose principalement dans le squelette, le foie et les gonades, quelle que soit l’espĂšce considĂ©rĂ©e[9]. À ce titre, il a un comportement proche de ceux des autres Ă©lĂ©ments transuraniens. Il se distingue toutefois du plutonium par un temps de rĂ©tention dans les organes moins important et une toxicitĂ© moins prononcĂ©e. La CIPR retient une pĂ©riode biologique de 20 ans.

Références

  1. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  5. These fact sheets
  6. Universal Nuclide Chart and Radioactive Decay Applet, Institut des Transuraniens (en), http://www.nuclides.net/applets/radioactive_decay.htm
  7. DonnĂ©es des masses critiques d’aprĂšs Challenges of Fissile Material Control, David Albright and Kevin O’Neill, ISIS 1999 (chap. 5).
  8. Fiche radionuclĂ©ide : AmĂ©ricium 241 et environnement, IRSN
  9. Fiche radionuclĂ©ide : AmĂ©ricium 241 - aspects sanitaires, IRSN

Voir aussi

Liens externes



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