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MĂ©tal pauvre

En chimie, un métal pauvre, parfois appelé métal de post-transition ou métal post-transitionnel, est un élément chimique métallique situé, dans le tableau périodique, entre les métaux de transition à leur gauche et les métalloïdes à leur droite. Le terme métal pauvre est assez peu employé, et en concurrence avec diverses autres appellations, également peu employées, recouvrant des notions apparentées, par exemple métal du bloc p ; il rend compte du fait que les propriétés métalliques de ces éléments sont les moins marquées de l'ensemble des métaux. Il est employé ici à défaut d'une terminologie validée par l'IUPAC pour désigner collectivement les éléments de cette nature.

Il s'agit de métaux mous ou fragiles et à la résistance mécanique médiocre, avec un point de fusion inférieur à celui des métaux de transition. Leur structure cristalline présente un caractÚre covalent plus marqué et des structures plus complexes que les autres éléments métalliques, avec un nombre plus réduit de liaisons par atome. Leur chimie est marquée, à des degrés divers, par une tendance à former des liaisons covalentes, un caractÚre amphotÚre acide/basique, et la formation d'espÚces anioniques telles que les aluminates, les stannates (en) et les bismuthates (en), respectivement par l'aluminium, l'étain et le bismuth. Ils peuvent également former des phases de Zintl (en) avec un métal vrai (métal alcalin ou métal alcalino-terreux), comme les composés intermétalliques NaTl et Na2Tl.

ÉlĂ©ments appartenant Ă  cette famille d'Ă©lĂ©ments chimiques

Parmi les mĂ©taux pauvres, on range gĂ©nĂ©ralement le gallium 31Ga, l'indium 49In, l'Ă©tain 50Sn, le thallium 81Tl, le plomb 82Pb et le bismuth 83Bi. L'aluminium 13Al peut ĂȘtre vu comme un mĂ©talloĂŻde, sinon il est rangĂ© parmi les mĂ©taux pauvres. La chimie du polonium 84Po est globalement semblable Ă  celle du tellure, qui est un mĂ©talloĂŻde, mais ses propriĂ©tĂ©s physiques — hormis sa radioactivitĂ© — peuvent l'apparenter davantage aux mĂ©taux pauvres. Sur le flanc gauche, la dĂ©finition IUPAC des Ă©lĂ©ments de transition[1] conduit Ă  inclure tout ou partie des Ă©lĂ©ments du 12e groupe — zinc 30Zn, cadmium 48Cd, mercure 80Hg et copernicium 112Cn — parmi les mĂ©taux pauvres. Les manuels et de trĂšs nombreux ouvrages incluent cependant ces Ă©lĂ©ments dans les mĂ©taux de transition, ce qui permet d'assimiler ces derniers aux Ă©lĂ©ments du bloc d, lanthanides et actinides Ă©tant traitĂ©s Ă  part. D'un point de vue conceptuel, si le zinc et le cadmium sont exclus sans ambiguĂŻtĂ© des mĂ©taux de transition par la dĂ©finition de l'IUPAC, les cas du mercure et du copernicium peuvent ĂȘtre discutĂ©s :

  • Un composĂ© du mercure — le fluorure de mercure(IV) HgF4 — dans lequel ce dernier serait Ă  l'Ă©tat d'oxydation +4 aurait Ă©tĂ© observĂ© dans des conditions expĂ©rimentales trĂšs particuliĂšres. Dans la mesure oĂč il met en jeu des Ă©lectrons de la sous-couche 5d, il pourrait faire de cet Ă©lĂ©ment un mĂ©tal de transition. Il s'agit cependant d'une observation isolĂ©e et incertaine, la chimie du mercure restant par ailleurs celle d'un mĂ©tal pauvre.
  • Le copernicium serait en revanche probablement un mĂ©tal de transition, en raison d'effets relativistes stabilisant les orbitales 7s au dĂ©triment des orbitales 6d : l'ion Cn2+ aurait ainsi une configuration [Rn] 5f14 6d8 7s2, avec par consĂ©quent une sous-couche 6d incomplĂšte. En solution aqueuse, il serait Ă  l'Ă©tat d'oxydation +2, voire +4.

Sur la 7e période, le flérovium est le seul élément à avoir été caractérisé comme métal pauvre[2] - [3], bien qu'il ait initialement été identifié comme ayant des propriétés de gaz noble[4] ; sa nature chimique demeure par conséquent indéterminée. Il est possible que d'autres éléments du bloc p de cette période soient des métaux pauvres, mais leurs propriétés chimiques n'ont pas été suffisamment étudiées pour les identifier.

D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le positionnement d'un Ă©lĂ©ment dans une famille est parfois rendu dĂ©licat en raison de l'existence d'allotropes aux propriĂ©tĂ©s diffĂ©rentes. C'est par exemple le cas de l'Ă©tain : il existe d'une part sous une phase α grise de structure cubique de type diamant, stable aux basses tempĂ©ratures, aux propriĂ©tĂ©s mĂ©talloĂŻdes proches d'un non-mĂ©tal, et, d'autre part, une phase ÎČ blanche de structure tĂ©tragonale, dont les propriĂ©tĂ©s sont celles d'un mĂ©tal pauvre ; cette phase Ă©tant stable Ă  tempĂ©rature ambiante, l'Ă©tain est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un mĂ©tal pauvre.

Propriétés

Le tableau ci-dessous résume quelques propriétés physiques des métaux pauvres ; les données relatives au flérovium figurent à titre indicatif et proviennent toutes de calculs sur la base des modÚles numériques existants[5] - [6] :

ÉlĂ©ment Masse
atomique
Température
de fusion
Température
d'Ă©bullition
Masse
volumique
Rayon
atomique
Configuration
Ă©lectronique
[7]
Énergie
d'ionisation
ÉlectronĂ©gativitĂ©
(Pauling)
Aluminium 26,981 538 5 u 660,32 °C 2 519 °C 2,70 g·cm-3 143 pm [Ne] 3s2 3p1 577,5 kJ·mol-1 1,61
Zinc 65,38(2) u 419,53 °C 907 °C 7,14 g·cm-3 134 pm [Ar] 4s2 3d10 906,4 kJ·mol-1 1,65
Gallium 69,723(1) u 29,771 °C 2 204 °C 5,91 g·cm-3 135 pm [Ar] 4s2 3d10 4p1 578,8 kJ·mol-1 1,81
Cadmium 112,414(4) u 321,07 °C 767 °C 8,65 g·cm-3 151 pm [Kr] 5s2 4d10 867,8 kJ·mol-1 1,69
Indium 114,818(1) u 156,60 °C 2 072 °C 7,31 g·cm-3 167 pm [Kr] 5s2 4d10 5p1 558,3 kJ·mol-1 1,78
Étain 118,710(7) u 231,93 °C 2 602 °C 7,27 g·cm-3 140 pm [Kr] 5s2 4d10 5p2 708,6 kJ·mol-1 1,96
Mercure 200,592(3) u −38,83 °C 357 °C 13,53 g·cm-3 151 pm [Xe] 6s2 4f14 5d10 1 007,1 kJ·mol-1 2,00
Thallium 204,383 5 u 304 °C 1 473 °C 11,85 g·cm-3 170 pm [Xe] 6s2 4f14 5d10 6p1 589,4 kJ·mol-1 1,62
Plomb 207,2(1) u 327,46 °C 1 749 °C 11,34 g·cm-3 175 pm [Xe] 6s2 4f14 5d10 6p2 715,6 kJ·mol-1 1,87
Bismuth 208,980 40 u 271,40 °C 1 564 °C 9,78 g·cm-3 156 pm [Xe] 6s2 4f14 5d10 6p3 703 kJ·mol-1 2,02
Polonium [209] 254 °C 962 °C 9,40 g·cm-3 168 pm [Xe] 6s2 4f14 5d10 6p4 812,1 kJ·mol-1 2,0
FlĂ©rovium [289] 67 °C 147 °C 14 g·cm-3 180 pm [Rn] 7s2 5f14 6d10 7p2 823,9 kJ·mol-1 —

Notes et références

  1. (en) « transition element », IUPAC, Compendium of Chemical Terminology [« Gold Book »], Oxford, Blackwell Scientific Publications, 1997, version corrigée en ligne : (2019-), 2e éd. (ISBN 0-9678550-9-8) :
    « Transition element: an element whose atom has an incomplete d sub-shell, or which can give rise to cations with an incomplete d sub-shell. »
  2. (en) Robert Eichler, N. V. Aksenov, Yu. V. Albin, A. V. Belozerov, G. A. Bozhikov, V. I. Chepigin, S. N. Dmitriev, R. Dressler, H. W. GĂ€ggeler, V. A. Gorshkov, G.S. Henderson et al., « Indication for a volatile element 114 », Radiochimica Acta, vol. 98, no 3,‎ , p. 133-139 (DOI 10.1524/ract.2010.1705, lire en ligne)
  3. (en) J. V. Kratz, « The impact of the properties of the heaviest elements on the chemical and physical sciences », Radiochimica Acta, vol. 100, nos 8-9,‎ , p. 569-578 (DOI 10.1524/ract.2012.1963, lire en ligne)
  4. (en) Heinz W. GĂ€ggeler et Andreas TĂŒrler, Gas-Phase Chemistry of Superheavy Elements, (ISBN 978-3-642-37465-4, DOI 10.1007/978-3-642-37466-1_8, lire en ligne), « The Chemistry of Superheavy Elements », p. 415-483
  5. (en) Darleane C. Hoffman, Diana M. Lee et Valeria Pershina, « Transactinide Elements and Future Elements », The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements,‎ , p. 1652-1752 (ISBN 978-94-007-0210-3, DOI 10.1007/978-94-007-0211-0_14, Bibcode 2011tcot.book.1652H, lire en ligne)
  6. (en) Burkhard Fricke, « Superheavy elements a prediction of their chemical and physical properties », Structure and Bonding, vol. 21,‎ , p. 89-144 (DOI 10.1007/BFb0116498, lire en ligne)
  7. (en) CRC Handbook of Chemistry and Physics, section 1 : Basic Constants, Units, and Conversion Factors, sous-section : Electron Configuration of Neutral Atoms in the Ground State, 84e Ă©dition en ligne, CRC Press, Boca Raton, Floride, 2003.



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