AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Point de fusion

Le point de fusion (ou la tempĂ©rature de fusion) d'un corps pur ou d'un eutectique est, Ă  une pression donnĂ©e, la tempĂ©rature Ă  laquelle les Ă©tats liquide et solide de cette substance peuvent coexister Ă  l'Ă©quilibre. Si l'on chauffe la substance (initialement solide), elle fond Ă  cette tempĂ©rature et la tempĂ©rature ne peut pas augmenter tant que tout le solide n'a pas disparu. RĂ©ciproquement, si l'on refroidit la substance (initialement liquide), elle se solidifie Ă  cette mĂȘme tempĂ©rature, qu'on peut donc aussi appeler point de solidification (ou tempĂ©rature de solidification). Pour certaines substances dont l'eau, la solidification est souvent dĂ©nommĂ©e congĂ©lation : le point de congĂ©lation de l'eau Ă  1 atm est 0,002 519 Â± 0,000 002 °C[1].

Un panneau routier québécois rappelle le point de congélation de l'eau à 0 °C.

Les substances autres que les corps purs et les eutectiques n'ont pas de point de fusion car leur fusion (ou leur solidification) se produit sur une plage de températures. Il y a donc une température de début de fusion (appelée température du solidus ou simplement solidus) et une température de fin de fusion (température du liquidus ou simplement liquidus).

Théorie

Graphique de la dépendance de la pression sur la température de fusion de l'eau (MPa/K).

La plupart des substances se liquĂ©fient et se solidifient approximativement Ă  la mĂȘme tempĂ©rature. Par exemple, pour le mercure, le point de fusion et de congĂ©lation sont 234,32 K (−38,82 °C). Cependant, plusieurs substances ont la caractĂ©ristique de pouvoir ĂȘtre en surfusion et peuvent donc geler Ă  une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă  leur point de congĂ©lation thĂ©orique. L'eau en est un exemple car la pression de surface des molĂ©cules d'eau pure est difficile Ă  Ă©liminer et on peut retrouver des gouttelettes d'eau jusqu'Ă  −42 °C dans les nuages si elles ne contiennent pas un noyau de congĂ©lation[1].

Thermodynamique

Lorsqu'un corps pur solide est chauffé, la température augmente jusqu'à atteindre le point de fusion. A ce point, la température reste constante tant que le corps n'est pas entiÚrement passé sous phase liquide. La différence d'énergie pour entrainer la fusion complÚte de ce corps pur n'est donc pas seulement due a celle qu'on doit ajouter pour atteindre la température critique, mais il faut également y ajouter la chaleur latente () pour passer de l'état solide à l'état liquide.

Du point de vue de la thermodynamique, l’enthalpie () et l’entropie () du matĂ©riau augmentent donc () Ă  la tempĂ©rature de fusion de telle façon qu’on peut les exprimer lors du changement d’un corps de masse m ainsi :

et ce qui donne

avec :

  • Chaleur latente massique exprimĂ©e en J/kg ;
  • Variation d'enthalpie en J ;
  • Variation d'entropie en J/K ;
  • masse en kg ;
  • TempĂ©rature en K.

Caractéristiques

Contrairement à la température de vaporisation (point d'ébullition), la température de fusion est assez indépendante des changements de pression, car les volumes molaires de la phase solide et de la phase liquide sont assez proches[2] - [3].

GĂ©nĂ©ralement, lorsque l'on reste dans la mĂȘme famille de composĂ©s chimiques, le point de fusion augmente avec la masse molaire.

L'Ă©lĂ©ment du tableau pĂ©riodique ayant la plus haute tempĂ©rature de fusion est le tungstĂšne, 3 410 °C, ce qui en a fait un excellent choix pour les lampes Ă  incandescence par exemple. Toutefois, le carbone (graphite) reste solide jusqu'Ă  3 825 °C (point de sublimation). Le carbure de tantale-hafnium Ta4HfC5 est un des matĂ©riaux rĂ©fractaires qui ont le point de fusion le plus Ă©levĂ© : 4 215 °C[4].

À l'autre bout du spectre, l’hĂ©lium ne se congĂšle qu'Ă  une tempĂ©rature proche du zĂ©ro absolu et sous une pression de 20 atmosphĂšres.

Le point de fusion est donc un moyen de vérifier la pureté d'une substance : toute impureté fera varier le point de fusion de la substance testée.

Cas particuliers

La transition entre solide et liquide se produit cependant sur une certaine plage de tempĂ©rature pour certaines substances. Par exemple, l’agar-agar fond Ă  85 °C mais se solidifie entre 31 °C et 40 °C par un processus d’hystĂ©rĂ©sis. D'autre part, les substances amorphes, comme le verre ou certains polymĂšres, n'ont en gĂ©nĂ©ral pas de point de fusion, car elles ne subissent pas de fusion proprement dite mais une transition vitreuse.

Il existe Ă©galement d’autres exceptions :

  • deux formes polymorphes ont souvent deux points de fusion diffĂ©rents ;
  • certaines substances n'ont pas de point de fusion observable. Ceci peut ĂȘtre dĂ» Ă  plusieurs phĂ©nomĂšnes :
    • la sublimation, c'est-Ă -dire le passage direct Ă  l'Ă©tat gazeux (par exemple l'iode ou le carbone),
    • une dĂ©composition Ă  l'Ă©tat solide (exemple des sels de diazonium).

Le cas des polymÚres semi-cristallins réticulés est intermédiaire :

Appareils de mesure

Appareil de mesure de point de fusion automatique M5000.

Il existe diffĂ©rents appareils de mesure de point de fusion reposant tous sur la restitution d'un gradient de tempĂ©rature. Ils peuvent ĂȘtre constituĂ©s soit d'une plaque mĂ©tallique chauffante telle le Banc Kofler ou le bloc Maquenne, soit d'un bain d'huile tel le tube de Thiele.

Dans le travail pratique de laboratoire on utilise des appareils de mesure de point de fusion automatique. Ils sont faciles à manier, fonctionnent plus vite, fournissent des résultats reproductibles et sont plus précis[8].

Point de fusion des corps simples sous pression atmosphérique

Le tableau ci-dessous donne la température de fusion, en degrés Celsius (°C), des éléments chimiques (corps simples) dans leur état standard[9].

H
−259
He
−272
Li
181
Be
1 287
B
2 075
C
3 500
N
−210
O
−219
F
−219
Ne
−249
Na
98
Mg
650
Al
660
Si
1 414
P
44
S
115
Cl
−102
Ar
−189
K
64
Ca
842
Sc
1 541
Ti
1 668
V
1 910
Cr
1 907
Mn
1 246
Fe
1 538
Co
1 495
Ni
1 455
Cu
1 085
Zn
420
Ga
30
Ge
938
As
817
Se
221
Br
−7
Kr
−157
Rb
39
Sr
777
Y
1 522
Zr
1 855
Nb
2 477
Mo
2 623
Tc
2 157
Ru
2 333
Rh
1 964
Pd
1 555
Ag
962
Cd
321
In
157
Sn
232
Sb
631
Te
450
I
114
Xe
−112
Cs
29
Ba
727
*
Lu
1 663
Hf
2 233
Ta
3 017
W
3 422
Re
3 185
Os
3 033
Ir
2 446
Pt
1 768
Au
1 064
Hg
−39
Tl
304
Pb
327
Bi
271
Po
254
At
302
Rn
−71
Fr
27
Ra
696
**
Lr
1 627
Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og
↓
*
La
920
Ce
799
Pr
931
Nd
1 016
Pm
1 042
Sm
1 072
Eu
822
Gd
1 313
Tb
1 359
Dy
1 412
Ho
1 472
Er
1 529
Tm
1 545
Yb
824
**
Ac
1 050
Th
1 750
Pa
1 572
U
1 135
Np
644
Pu
640
Am
1 176
Cm
1 345
Bk
986
Cf
900
Es
860
Fm
1 527
Md
827
No
827

On remarque notamment que, Ă  pression ambiante :

  • onze Ă©lĂ©ments (peut-ĂȘtre douze), gazeux Ă  la tempĂ©rature ambiante, ont un point de fusion nettement infĂ©rieur, de −71 °C (Rn) Ă  −272 °C (He) : les gaz nobles (He, Ne, Ar, Kr, Xe et Rn, plus peut-ĂȘtre Og) ; les halogĂšnes F et Cl ; le chalcogĂšne O ; le pnictogĂšne N ; l'hydrogĂšne (H) ;
  • sept Ă©lĂ©ments, liquides ou solides Ă  tempĂ©rature ambiante, ont un point de fusion proche de cette tempĂ©rature ambiante : l'halogĂšne Br (−7 °C) ; les mĂ©taux[10] Hg (−39 °C), Fr (27 °C), Cs (29 °C), Ga (30 °C) et Rb (39 °C) ; le pnictogĂšne P (44 °C) ;
  • tous les autres Ă©lĂ©ments, solides Ă  tempĂ©rature ambiante, ont un point de fusion nettement supĂ©rieur : de 64 °C (K) Ă  3 500 °C (C).

Notes et références

  1. (en) R. Feistel et W. Wagner, « A New Equation of State for H2O Ice Ih », Journal of Physical and Chemical Reference Data, vol. 35,‎ , p. 1021-1047 (DOI 10.1063/1.2183324).
  2. La relation exacte est exprimée dans la formule de Clapeyron
  3. (en) « J10 Heat: Change of aggregate state of substances through change of heat content: Change of aggregate state of substances and the equation of Clapeyron-Clausius » (consulté le )
  4. (en) C. Agte et H. Alterthum, « Researches on Systems with Carbides at High Melting Point and Contributions to the Problem of Carbon Fusion », Zeitschrift fĂŒr technische Physik, vol. 11,‎ , p. 182-191
  5. (en) H.A. Khonakdar, S.H. Jafari, U. Wagenknecht et D. Jehnichen, « Effect of electron-irradiation on cross-link density and crystalline structure of low- and high-density polyethylene », Radiation Physics and Chemistry, vol. 75,‎ , p. 78–86 (DOI 10.1016/j.radphyschem.2005.05.014)
  6. De mĂȘme, la rĂ©ticulation dÊŒun polymĂšre amorphe ne supprime pas sa transition vitreuse, mais, comme dans le cas semi-cristallin, on a un gel au lieu dÊŒun liquide au-dessus de cette tempĂ©rature.
  7. (en) Hao Tang, Jianhui Piao, Xinfang Chen, Yunxia Luo et Shuhua Li, « The positive temperature coefficient phenomenon of vinyl polymer/ CB composites », Journal of Applied Polymer Science, vol. 48,‎ , p. 1795-1800 (DOI 10.1002/app.1993.070481013)
  8. Appareils de mesure de point de fusion, sur le site kruess.com, consulté le
  9. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-4200-9084-0).
  10. (en) Christine Middleton, « The many faces of liquid gallium », Physics Today,‎ (DOI 10.1063/PT.6.1.20210420a).

Voir aussi

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.