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Europium

L'europium est un élément chimique, de symbole Eu et de numéro atomique 63.

Europium
Image illustrative de l’article Europium
Échantillon d'europium dans une ampoule.
Position dans le tableau périodique
Symbole Eu
Nom Europium
Numéro atomique 63
Groupe –
Période 6e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Lanthanide
Configuration Ă©lectronique [Xe] 6s2 4f7
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 25, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 151,964 ± 0,001 u[1]
Rayon atomique (calc) 185 pm (247 pm)
Rayon de covalence 198 ± 6 pm[2]
État d’oxydation 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,2
Oxyde Base
Énergies d’ionisation[3]
1re : 5,670 38 eV 2e : 11,25 eV
3e : 24,92 eV 4e : 42,7 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
150Eu{syn.}36,9 ansΔ2,261150Sm
151Eu47,8 %stable avec 88 neutrons
152Eu{syn.}13,537 ansΔ
ÎČ-
1,847
1,819
152Sm
152Gd
153Eu52,2 %stable avec 90 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 5,244 g·cm-3 (25 °C)[1]
SystÚme cristallin Cubique centré
Couleur blanc argenté
Point de fusion 822 °C[1]
Point d’ébullition 1 596 °C[1]
Énergie de fusion 9,21 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 143,5 kJ·mol-1
Volume molaire 28,97×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 144 Pa Ă  1 095 K
Chaleur massique 180 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 1,12×106 S·m-1
Conductivité thermique 13,9 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-53-1[4]
No ECHA 100.028.328
No CE 231-161-7[5]
Précautions
SGH
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Attention
H302, H373 et H411
Directive 67/548/EEC[5]
Facilement inflammable
F



Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Caractéristiques notables

Europium

L'europium est le plus réactif des éléments des terres rares.

  • Il s'oxyde rapidement Ă  l'air, pour donner du trioxyde d'europium selon la rĂ©action : 4 Eu + 3 O2 → 2 Eu2O3
  • Sa rĂ©action Ă  l'eau est comparable Ă  celle du calcium 20Ca lorsqu'il rĂ©agit avec l'eau : 2 Eu + 6 H2O → 2 Eu(OH)3 + 3 H2
  • Il est aisĂ©ment soluble dans l'acide sulfurique :

2 Eu + 3 H2SO4 + 18 H2O → 2 [Eu(H2O)9]3+ + 3 SO42− + 3H2

  • Comme les autres terres rares (Ă  l'exception du lanthane 57La), l'europium brĂ»le dans l'air Ă  environ 150 Ă  180 °C.
  • Il est aussi dur que le plomb et assez ductile.
  • Refroidi Ă  1,8 K et soumis Ă  une pression de 80 GPa, l’europium devient supraconducteur[6].

Isotopes

L'europium naturel est composé de 151Eu et de 153Eu. L'europium 153 étant le plus présent avec une abondance naturelle d'environ 52,2 %.

Applications

Domaine nucléaire

Produits de fission Ă  vie moyenne
Propriété :
Unité :
tœ
a
Rendement
%
Q *
keV
ÎČÎł
*
155Eu4,760,0803252ÎČÎł
85Kr10,760,2180687ÎČÎł
113mCd14,10,0008316ÎČ
90Sr28,94,5052826ÎČ
137Cs30,236,3371176ÎČÎł
121mSn43,90,00005390ÎČÎł
151Sm88,80,531477ÎČ
  • Comme tous les isotopes des lanthanides pauvres en neutron, l'europium a une bonne capacitĂ© Ă  absorber les neutrons. On a aussi Ă©tudiĂ© son utilisation dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Majoritairement les barres de contrĂŽle des rĂ©acteurs nuclĂ©aires des sous-marins russes utilisent l'europium. La section efficace est de 2 980 barns et les deux isotopes stables sont capturants.
  • L'europium est un produit de fission, dont les rendements de fission sont faibles car les nombres de nuclĂ©ons sont proches de la limite supĂ©rieure des gros fragments de fission. Les isotopes les plus stables formĂ©s sont :
    • d'une part l'europium 151 (stable) par dĂ©croissance bĂȘta du samarium 151 (pĂ©riode 96,6 ans) qui est un poison neutronique (15 000 barns de section efficace) qui se transforme majoritairement en samarium 152 (stable) dans le cours du fonctionnement du rĂ©acteur ;
    • d'une part l'europium 153 (stable) formĂ© par dĂ©croissance bĂȘta du samarium 153 (pĂ©riode 46,8 h) ;
    • d'autre part l'europium 155 (pĂ©riode 4,76 an) qui est un poison neutronique qui se retrouve parmi les dĂ©chets Ă  vie courte ;
    • d'autre part l'europium 156 (pĂ©riode 15 jours).
Sections efficaces de capture thermique
Isotope 151Eu152Eu153Eu154Eu155Eu156Eu
Rendement <<0,45%neg.0,14 %neg.0,03%0,01 %
Barns 5 90012 8003121 3403 950

Autres domaines

Les applications commerciales de l'europium sont limitées.

  • Il est utilisĂ© pour doper certains verres afin de faire des lasers.
  • L'europium trivalent en particulier sous forme d'oxyde d'europium(III) (en) Eu2O3 est utilisĂ© pour doper les phosphores de tubes cathodiques notamment le vanadate d'yttrium YVO4 dans des phosphores rouges. L'europium divalent est utilisĂ© dans une autre matrice pour produire des phosphores bleus. Le thiogallate de strontium SrGa2S4 dopĂ© par l'europium donne une phosphorescence verte persistant plusieurs secondes. L'aluminate de strontium SrAl2O4 dopĂ© par l'europium Ă©met dans le bleu (450 nm) Ă  basse tempĂ©rature, et dans le vert (520 nm) Ă  tempĂ©rature ambiante et basse tempĂ©rature. Des phosphorescences avec des longueurs plus grandes sont possibles au prix du rendement.
  • L'europium est utilisĂ© en gĂ©ochimie, pour retracer l'origine de roches et de minĂ©raux. Il se concentre en particulier, Ă  l'Ă©tat EuII, dans les plagioclases calciques (riches en anorthite), par substitution du calcium. Par exemple, les highlands lunaires (anorthosites) prĂ©sentent une anomalie positive en europium par rapport aux autres terres rares, alors que les mers lunaires (coulĂ©es basaltiques) sont appauvries en cet Ă©lĂ©ment.
  • L'europium et ses dĂ©rivĂ©s peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour modifier le dĂ©placement chimique de certains noyaux en RMN (rĂ©sonance magnĂ©tique nuclĂ©aire), aprĂšs fixation sĂ©lective sur des atomes de type base de Lewis par exemple. Ceci permet de dĂ©terminer des structures molĂ©culaires complexes de produits organiques naturels ou de synthĂšse[7].

Histoire

DĂ©couvertes des terres rares.
Yttrium (1794)

Yttrium



Terbium (1843)



Erbium (1843)
Erbium

Erbium



Thulium (1879)



Holmium (1879)

Holmium



Dysprosium (1886)






Ytterbium (1878)

Ytterbium

Ytterbium



Lutécium (1907)




Scandium (1879)








CĂ©rium (1803)

CĂ©rium


Lanthane (1839)

Lanthane


Didyme (1839)
Didyme

NĂ©odyme (1885)



Praséodyme (1885)



Samarium (1879)

Samarium

Samarium



Europium (1901)





Gadolinium (1880)







Prométhium (1947)


Diagrammes des découvertes des terres rares. Les dates entre parenthÚses sont les dates d'annonces des découvertes[8]. Les branches représentent les séparations des éléments à partir d'un ancien (l'un des nouveaux éléments conservant le nom de l'ancien, sauf pour le didyme).

L'europium fut dĂ©couvert par Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran en 1890, qui obtint une fraction concentrĂ©e de samarium-gadolinium possĂ©dant des lignes spectrales n'appartenant ni au samarium ni au gadolinum. Toutefois, le crĂ©dit de la dĂ©couverte est gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© au chimiste français EugĂšne Anatole Demarçay, qui suspecta en 1896 que des Ă©chantillons de samarium rĂ©cemment dĂ©couverts Ă©taient contaminĂ©s par un Ă©lĂ©ment inconnu. Il fut capable d'isoler l'europium en 1901.

Des clathrates d'europium ont été synthétisés dans l'espoir qu'ils aient des propriétés thermoélectriques intéressantes[9].

Toxicologie, Ă©cotoxicologie

Les phĂ©nomĂšnes de complexation et de bioaccumulation de l'europium au niveau cellulaire et molĂ©culaire sont longtemps restĂ©s inconnus, faute d'Ă©tudes. À l'Ă©tat trivalent l'europium (en tant qu'analogue des actinides trivalents) et l'uranium(VI) interagissent avec certaines protĂ©ines (phytochĂ©latines) connues pour protĂ©ger les cellules des effets de l'intrusion dans un organisme vĂ©gĂ©tal de mĂ©taux lourds toxiques, et qu'on pensait aussi impliquĂ©es dans la sĂ©questration des radionuclĂ©ides au sein d'organismes vivants[10]. La rĂ©activitĂ© de leurs sous-entitĂ©s constitutives (glycine, acide glutamique, cystĂ©ine ; polypeptides (glutathion rĂ©duit et oxydĂ©) a aussi Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e[11], de mĂȘme que la spĂ©ciation des contaminants en solution (stƓchiomĂ©trie) et que les constantes d’équilibre associĂ©es Ă  la formation de ces espĂšces.

Les sous-entitĂ©s ont montrĂ© un pouvoir complexant moyennement Ă©levĂ© vis-Ă -vis des radionuclĂ©ides (log ß1,1 de l’ordre de 2 ou de 5, Ă  pH 3 ou 6 respectivement), avec des espĂšces produites qui sont mononuclĂ©aires (une seule molĂ©cule de ligand par espĂšce (1:1)) et des interactions liĂ©es aux groupements durs (oxygĂ©nĂ©s). Mais certaines phytochĂ©latines (PC2 Ă  PC4) complexent plus efficacement l’europium, tant pour des solutions synthĂ©tiques imitant le contexte « biologique » (pH neutre et force ionique de 0.1mol/L, etc.), que lors de contaminations cellulaires rĂ©elles par diffĂ©rentes quantitĂ©s d'europium. Les cellules ont significativement captĂ© l'europium.

Gisements

En avril 2018, alors que la Chine et l'Australie sont les premiers producteurs de terres rares, dans la revue Nature des chercheurs japonais estiment que les gisements nouveaux dĂ©tectĂ©s Ă  l'Est du Japon reprĂ©sentent sur 2 500 km2 environ 16 millions de tonnes de terres rares, situĂ©es dans le sĂ©diment marin, Ă  plus de 5 000 mĂštres de profondeur ; sur 2 499 km2, le fond contiendrait lĂ  plus de 16 millions de tonnes d'oxydes de terres rares, soit 620 ans d'approvisionnement mondial d'Europium (et aussi 780 ans de rĂ©serve d'yttrium, 730 ans pour le dysprosium, 420 ans pour le terbium, selon une publication d'avril 2018 dans Scientific Reports[12] - [13].

La Roumanie a des mines de terres rares produisant de l'europium et du dysprosium. Fermées dans les années 1980, on envisage en 2019 de les rouvrir[14].

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
  4. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  5. EntrĂ©e « Europium Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais) (JavaScript nĂ©cessaire)
  6. Laurent Sacco, L’europium, le nouveau supraconducteur, futura-sciences.com, 20 mai 2009.
  7. "Heterocycles with a quinone function. An abnormal reaction of butanedione with 1-2 diaminoanthraquinone-Crystalline structure obtained from naphto(2,3-f)quinoxaline-7,12-dione". M. Baron, S. Giorgi-Renault, J. Renault, P. Mailliet, D. Carré, J. Etienne, Can. J. Chem, (1984), 62, 3, 526-530.
  8. (en) Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 9789401066143 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9), xxi.
  9. Ya. Mudryk, P. Rogl, C. Paul, S. Berger, E. Bauer, G. Hilscher, C. Godart, H. Noël, A. Saccone, R. Ferro, Crystal chemistry and thermoelectric properties of clathrates with rare-earth substitution ; Physica B: Condensed Matter, Volume 328, Issues 1-2, April 2003, Pages 44-48 (Résumé)
  10. ValĂ©rie Lourenco, thĂšse de Doctorat (UniversitĂ© Paris XI) soutenue Ă  l'Institut de Physique NuclĂ©aire d'Orsay « Étude de la spĂ©ciation des radionuclĂ©ides avec les molĂ©cules d’intĂ©rĂȘt biologique», 5 juillet 2007.
  11. Ă©tudes faites par SpectrofluorimĂ©trie Laser Ă  RĂ©solution Temporelle (SLRT), ElectroSpray-SpectromĂ©trie de Masse (ES-MS) et Spectroscopie d’Absorption X (EXAFS)
  12. (en)The tremendous potential of deep-sea mud as a source of rare-earth elements, Nature, 10 avril 2018.
  13. Science (2018), Global trove of rare earth metals found in Japan’s deep-sea mud par Roni Dengler | 13 avril 2018
  14. Olivier Duquesne, « Voitures électriques : la Roumanie va rouvrir des mines », sur www.moniteurautomobile.be, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Donnot, M., Guigues, J., Lulzac, Y., Magnien, A., Parfenoff, A., & Picot, P. (1973). Un nouveau type de gisement d'europium: la monazite grise Ă  europium en nodules dans les schistes palĂ©ozoĂŻques de Bretagne. Mineralium Deposita, 8(1), 7-18.



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