Europium
L'europium est un élément chimique, de symbole Eu et de numéro atomique 63.
Caractéristiques notables
L'europium est le plus réactif des éléments des terres rares.
- Il s'oxyde rapidement Ă l'air, pour donner du trioxyde d'europium selon la rĂ©action : 4 Eu + 3 O2 â 2 Eu2O3
- Sa rĂ©action Ă l'eau est comparable Ă celle du calcium 20Ca lorsqu'il rĂ©agit avec l'eau : 2 Eu + 6 H2O â 2 Eu(OH)3 + 3 H2
- Il est aisément soluble dans l'acide sulfurique :
2 Eu + 3 H2SO4 + 18 H2O â 2 [Eu(H2O)9]3+ + 3 SO42â + 3H2
- Comme les autres terres rares (à l'exception du lanthane 57La), l'europium brûle dans l'air à environ 150 à 180 °C.
- Il est aussi dur que le plomb et assez ductile.
- Refroidi Ă 1,8 K et soumis Ă une pression de 80 GPa, lâeuropium devient supraconducteur[6].
Isotopes
L'europium naturel est composé de 151Eu et de 153Eu. L'europium 153 étant le plus présent avec une abondance naturelle d'environ 52,2 %.
Applications
Domaine nucléaire
Propriété : Unité : |
tœ a |
Rendement % |
Q * keV |
ÎČÎł * |
---|---|---|---|---|
155Eu | 4,76 | 0,0803 | 252 | ÎČÎł |
85Kr | 10,76 | 0,2180 | 687 | ÎČÎł |
113mCd | 14,1 | 0,0008 | 316 | ÎČ |
90Sr | 28,9 | 4,505 | 2826 | ÎČ |
137Cs | 30,23 | 6,337 | 1176 | ÎČÎł |
121mSn | 43,9 | 0,00005 | 390 | ÎČÎł |
151Sm | 88,8 | 0,5314 | 77 | ÎČ |
- Comme tous les isotopes des lanthanides pauvres en neutron, l'europium a une bonne capacité à absorber les neutrons. On a aussi étudié son utilisation dans les réacteurs nucléaires. Majoritairement les barres de contrÎle des réacteurs nucléaires des sous-marins russes utilisent l'europium. La section efficace est de 2 980 barns et les deux isotopes stables sont capturants.
- L'europium est un produit de fission, dont les rendements de fission sont faibles car les nombres de nucléons sont proches de la limite supérieure des gros fragments de fission. Les isotopes les plus stables formés sont :
- d'une part l'europium 151 (stable) par dĂ©croissance bĂȘta du samarium 151 (pĂ©riode 96,6 ans) qui est un poison neutronique (15 000 barns de section efficace) qui se transforme majoritairement en samarium 152 (stable) dans le cours du fonctionnement du rĂ©acteur ;
- d'une part l'europium 153 (stable) formĂ© par dĂ©croissance bĂȘta du samarium 153 (pĂ©riode 46,8 h) ;
- d'autre part l'europium 155 (période 4,76 an) qui est un poison neutronique qui se retrouve parmi les déchets à vie courte ;
- d'autre part l'europium 156 (période 15 jours).
Isotope | 151Eu | 152Eu | 153Eu | 154Eu | 155Eu | 156Eu |
---|---|---|---|---|---|---|
Rendement | <<0,45% | neg. | 0,14 % | neg. | 0,03% | 0,01 % |
Barns | 5 900 | 12 800 | 312 | 1 340 | 3 950 |
Autres domaines
Les applications commerciales de l'europium sont limitées.
- Il est utilisé pour doper certains verres afin de faire des lasers.
- L'europium trivalent en particulier sous forme d'oxyde d'europium(III) (en) Eu2O3 est utilisé pour doper les phosphores de tubes cathodiques notamment le vanadate d'yttrium YVO4 dans des phosphores rouges. L'europium divalent est utilisé dans une autre matrice pour produire des phosphores bleus. Le thiogallate de strontium SrGa2S4 dopé par l'europium donne une phosphorescence verte persistant plusieurs secondes. L'aluminate de strontium SrAl2O4 dopé par l'europium émet dans le bleu (450 nm) à basse température, et dans le vert (520 nm) à température ambiante et basse température. Des phosphorescences avec des longueurs plus grandes sont possibles au prix du rendement.
- L'europium est utilisé en géochimie, pour retracer l'origine de roches et de minéraux. Il se concentre en particulier, à l'état EuII, dans les plagioclases calciques (riches en anorthite), par substitution du calcium. Par exemple, les highlands lunaires (anorthosites) présentent une anomalie positive en europium par rapport aux autres terres rares, alors que les mers lunaires (coulées basaltiques) sont appauvries en cet élément.
- L'europium et ses dĂ©rivĂ©s peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour modifier le dĂ©placement chimique de certains noyaux en RMN (rĂ©sonance magnĂ©tique nuclĂ©aire), aprĂšs fixation sĂ©lective sur des atomes de type base de Lewis par exemple. Ceci permet de dĂ©terminer des structures molĂ©culaires complexes de produits organiques naturels ou de synthĂšse[7].
Histoire
DĂ©couvertes des terres rares. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Diagrammes des découvertes des terres rares. Les dates entre parenthÚses sont les dates d'annonces des découvertes[8]. Les branches représentent les séparations des éléments à partir d'un ancien (l'un des nouveaux éléments conservant le nom de l'ancien, sauf pour le didyme). |
L'europium fut dĂ©couvert par Paul-Ămile Lecoq de Boisbaudran en 1890, qui obtint une fraction concentrĂ©e de samarium-gadolinium possĂ©dant des lignes spectrales n'appartenant ni au samarium ni au gadolinum. Toutefois, le crĂ©dit de la dĂ©couverte est gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© au chimiste français EugĂšne Anatole Demarçay, qui suspecta en 1896 que des Ă©chantillons de samarium rĂ©cemment dĂ©couverts Ă©taient contaminĂ©s par un Ă©lĂ©ment inconnu. Il fut capable d'isoler l'europium en 1901.
Des clathrates d'europium ont été synthétisés dans l'espoir qu'ils aient des propriétés thermoélectriques intéressantes[9].
Toxicologie, Ă©cotoxicologie
Les phĂ©nomĂšnes de complexation et de bioaccumulation de l'europium au niveau cellulaire et molĂ©culaire sont longtemps restĂ©s inconnus, faute d'Ă©tudes. Ă l'Ă©tat trivalent l'europium (en tant qu'analogue des actinides trivalents) et l'uranium(VI) interagissent avec certaines protĂ©ines (phytochĂ©latines) connues pour protĂ©ger les cellules des effets de l'intrusion dans un organisme vĂ©gĂ©tal de mĂ©taux lourds toxiques, et qu'on pensait aussi impliquĂ©es dans la sĂ©questration des radionuclĂ©ides au sein d'organismes vivants[10]. La rĂ©activitĂ© de leurs sous-entitĂ©s constitutives (glycine, acide glutamique, cystĂ©ine ; polypeptides (glutathion rĂ©duit et oxydĂ©) a aussi Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e[11], de mĂȘme que la spĂ©ciation des contaminants en solution (stĆchiomĂ©trie) et que les constantes dâĂ©quilibre associĂ©es Ă la formation de ces espĂšces.
Les sous-entitĂ©s ont montrĂ© un pouvoir complexant moyennement Ă©levĂ© vis-Ă -vis des radionuclĂ©ides (log Ă1,1 de lâordre de 2 ou de 5, Ă pH 3 ou 6 respectivement), avec des espĂšces produites qui sont mononuclĂ©aires (une seule molĂ©cule de ligand par espĂšce (1:1)) et des interactions liĂ©es aux groupements durs (oxygĂ©nĂ©s). Mais certaines phytochĂ©latines (PC2 Ă PC4) complexent plus efficacement lâeuropium, tant pour des solutions synthĂ©tiques imitant le contexte « biologique » (pH neutre et force ionique de 0.1mol/L, etc.), que lors de contaminations cellulaires rĂ©elles par diffĂ©rentes quantitĂ©s d'europium. Les cellules ont significativement captĂ© l'europium.
Gisements
En avril 2018, alors que la Chine et l'Australie sont les premiers producteurs de terres rares, dans la revue Nature des chercheurs japonais estiment que les gisements nouveaux détectés à l'Est du Japon représentent sur 2 500 km2 environ 16 millions de tonnes de terres rares, situées dans le sédiment marin, à plus de 5 000 mÚtres de profondeur ; sur 2 499 km2, le fond contiendrait là plus de 16 millions de tonnes d'oxydes de terres rares, soit 620 ans d'approvisionnement mondial d'Europium (et aussi 780 ans de réserve d'yttrium, 730 ans pour le dysprosium, 420 ans pour le terbium, selon une publication d'avril 2018 dans Scientific Reports[12] - [13].
La Roumanie a des mines de terres rares produisant de l'europium et du dysprosium. Fermées dans les années 1980, on envisage en 2019 de les rouvrir[14].
Notes et références
- (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
- (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂa, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,â , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
- (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
- Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
- Entrée « Europium » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais) (JavaScript nécessaire)
- Laurent Sacco, Lâeuropium, le nouveau supraconducteur, futura-sciences.com, 20 mai 2009.
- "Heterocycles with a quinone function. An abnormal reaction of butanedione with 1-2 diaminoanthraquinone-Crystalline structure obtained from naphto(2,3-f)quinoxaline-7,12-dione". M. Baron, S. Giorgi-Renault, J. Renault, P. Mailliet, D. Carré, J. Etienne, Can. J. Chem, (1984), 62, 3, 526-530.
- (en) Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 9789401066143 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9), xxi.
- Ya. Mudryk, P. Rogl, C. Paul, S. Berger, E. Bauer, G. Hilscher, C. Godart, H. Noël, A. Saccone, R. Ferro, Crystal chemistry and thermoelectric properties of clathrates with rare-earth substitution ; Physica B: Condensed Matter, Volume 328, Issues 1-2, April 2003, Pages 44-48 (Résumé)
- ValĂ©rie Lourenco, thĂšse de Doctorat (UniversitĂ© Paris XI) soutenue Ă l'Institut de Physique NuclĂ©aire d'Orsay « Ătude de la spĂ©ciation des radionuclĂ©ides avec les molĂ©cules dâintĂ©rĂȘt biologique», 5 juillet 2007.
- Ă©tudes faites par SpectrofluorimĂ©trie Laser Ă RĂ©solution Temporelle (SLRT), ElectroSpray-SpectromĂ©trie de Masse (ES-MS) et Spectroscopie dâAbsorption X (EXAFS)
- (en)The tremendous potential of deep-sea mud as a source of rare-earth elements, Nature, 10 avril 2018.
- Science (2018), Global trove of rare earth metals found in Japanâs deep-sea mud par Roni Dengler | 13 avril 2018
- Olivier Duquesne, « Voitures électriques : la Roumanie va rouvrir des mines », sur www.moniteurautomobile.be, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Technical data for Europium » (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope.
Bibliographie
- Donnot, M., Guigues, J., Lulzac, Y., Magnien, A., Parfenoff, A., & Picot, P. (1973). Un nouveau type de gisement d'europium: la monazite grise à europium en nodules dans les schistes paléozoïques de Bretagne. Mineralium Deposita, 8(1), 7-18.
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1 | H | He | |||||||||||||||||||||||||||||||
2 | Li | Be | B | C | N | O | F | Ne | |||||||||||||||||||||||||
3 | Na | Mg | Al | Si | P | S | Cl | Ar | |||||||||||||||||||||||||
4 | K | Ca | Sc | Ti | V | Cr | Mn | Fe | Co | Ni | Cu | Zn | Ga | Ge | As | Se | Br | Kr | |||||||||||||||
5 | Rb | Sr | Y | Zr | Nb | Mo | Tc | Ru | Rh | Pd | Ag | Cd | In | Sn | Sb | Te | I | Xe | |||||||||||||||
6 | Cs | Ba | La | Ce | Pr | Nd | Pm | Sm | Eu | Gd | Tb | Dy | Ho | Er | Tm | Yb | Lu | Hf | Ta | W | Re | Os | Ir | Pt | Au | Hg | Tl | Pb | Bi | Po | At | Rn | |
7 | Fr | Ra | Ac | Th | Pa | U | Np | Pu | Am | Cm | Bk | Cf | Es | Fm | Md | No | Lr | Rf | Db | Sg | Bh | Hs | Mt | Ds | Rg | Cn | Nh | Fl | Mc | Lv | Ts | Og | |
8 | 119 | 120 | * | ||||||||||||||||||||||||||||||
* | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 |