AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Ytterbium

L'ytterbium est un élément chimique de symbole Yb et de numéro atomique 70.

Ytterbium
Image illustrative de l’article Ytterbium
Fragment d'ytterbium.
Position dans le tableau périodique
Symbole Yb
Nom Ytterbium
Numéro atomique 70
Groupe –
Période 6e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Lanthanide
Configuration Ă©lectronique [Xe] 4f14 6s2
Électrons par niveau d’énergie 2,8,18,32,8,2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 173,04 ± 0,03 u[1]
Rayon atomique (calc) 175 pm (222 pm)
Rayon de covalence 187 ± 8 pm[2]
État d’oxydation 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,1
Oxyde Base
Énergies d’ionisation[3]
1re : 6,254 16 eV 2e : 12,176 eV
3e : 25,05 eV 4e : 43,56 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
168Yb0,13 %stable avec 98 neutrons
170Yb3,05 %stable avec 100 neutrons
171Yb14,3 %stable avec 101 neutrons
172Yb21,9 %stable avec 102 neutrons
173Yb16,12 %stable avec 103 neutrons
174Yb31,8 %stable avec 104 neutrons
176Yb12,7 %stable avec 106 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 6,903 g·cm-3 (α)

6,966 g·cm-3 (ÎČ)[1]

SystÚme cristallin Cubique à faces centrées
Couleur blanc argenté
Point de fusion 824 °C[1]
Point d’ébullition 1 196 °C[1]
Énergie de fusion 7,66 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 128,9 kJ·mol-1
Volume molaire 24,84×10-3 m3·mol-1
Vitesse du son 1 590 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 150 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 3,51×106 S·m-1
Conductivité thermique 34,9 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-64-4[4]
No ECHA 100.028.339
Précautions
SGH[5]
État pulvĂ©rulent :
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Danger
H228, H302, H312, H315, H319, H332, H335, P210, P261, P280 et P305+P351+P338
Transport[5]
État pulvĂ©rulent :
-

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L'ytterbium est un mĂ©tal du groupe des terres rares. Comme les autres lanthanides, il est gris argent, mallĂ©able et ductile Ă  la tempĂ©rature ambiante. Il doit ĂȘtre conservĂ© Ă  l'abri de l'air, surtout humide.

L'appellation ytterbium, provient de l'endroit, Ytterby prĂšs de Stockholm en SuĂšde, oĂč l'on a dĂ©couvert le minerai dans lequel ont Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ©es plusieurs autres terres rares. Les Ă©lĂ©ments chimiques yttrium, erbium et terbium partagent la mĂȘme Ă©tymologie.

Comme la plupart des lanthanides, il est extrait de la monazite oĂč on le trouve dans une proportion de 0,03 %. L'ytterbium a trois formes allotropiques. Les tempĂ©ratures de transition sont −13 °C et 795 °C. Entre ces deux tempĂ©ratures, (forme bĂ©ta) il adopte une structure cubique Ă  faces centrĂ©es, tandis qu'Ă  haute tempĂ©rature (forme gamma), il devient cubique centrĂ©. L'ytterbium naturel est un mĂ©lange de 7 isotopes stables.


Échantillon d'ytterbium.

DĂ©couverte

En 1789, le chimiste finlandais Johan Gadolin identifie un nouvel oxyde (ou « terre ») dans un échantillon d'ytterbite (rebaptisée plus tard « gadolinite » en son honneur). Cette nouvelle roche avait été découverte deux ans auparavant par le lieutenant Carl Axel Arrhenius prÚs du village d'Ytterby en SuÚde. Ces travaux sont confirmés en 1797 par Anders Gustaf Ekeberg qui baptise le nouvel oxyde yttria[6].

PrÚs d'un demi-siÚcle plus tard, le Suédois Carl Gustav Mosander parvient à isoler trois composés distincts à partir de l'yttria grùce à de nouveaux procédés de cristallisation fractionnée. Il décide de conserver le terme yttria pour la fraction incolore (oxyde d'yttrium pur) et nomme la fraction jaune erbia et la fraction rose terbia, toujours en rappel du village d'Ytterby. Pour d'obscures raisons, les successeurs de Mosander intervertiront ces deux termes. C'est ainsi que erbia (l'erbine) finit par désigner l'oxyde d'erbium (rose) et terbia (la terbine) l'oxyde de terbium (jaune)[7].

En 1878, le chimiste suisse Jean Charles Galissard de Marignac découvre que l'erbine n'est pas homogÚne et contient en fait plusieurs éléments distincts. En traitant les chlorures en solution avec de l'acide hyposulfureux, il parvient à séparer un nouveau sel, incolore, des sels roses d'oxyde d'erbium. Consacrant la place d'Ytterby dans l'histoire de la nomenclature chimique, il nomme cette « terre » ytterbine (en latin ytterbia) et la considÚre comme un composé d'un nouvel élément chimique, l'ytterbium[7].

Ces expériences sont répétées l'année suivante en SuÚde par Lars Fredrik Nilson qui confirme la découverte et parvient à isoler un élément supplémentaire en poursuivant la procédure de fractionnement. Il le nomme scandium en l'honneur de la Scandinavie[8].

Le Français Georges Urbain, l'Autrichien Carl Auer von Welsbach et l'Américain Charles James (en) découvrent presque simultanément et indépendamment en 1907 que l'ytterbine de Marignac est constituée de deux éléments distincts. Le 4 novembre 1907, Urbain présente ses recherches à l'Académie des Sciences de Paris et propose de nommer les deux éléments néo-ytterbium, « afin d'éviter les confusions avec l'ancien élément de Marignac », et lutécium, « dérivé de l'ancien nom de Paris »[9]. Le 19 décembre, Le baron von Welsbach annonce à son tour le résultat de ses travaux menés depuis 1905. Il recommande les noms cassiopeium (Cp, d'aprÚs la constellation Cassiopée, correspondant au lutécium) et aldebaranium (Ad, d'aprÚs l'étoile Aldébaran, en remplacement de l'ytterbium)[10]. ParallÚlement, à l'Université du New Hampshire, Charles James avait pu isoler des quantités importantes du compagnon de l'ytterbium durant l'été 1907. Apprenant l'annonce faite par Georges Urbain, il renonce à revendiquer la paternité du nouvel élément. Pourtant, parmi les trois scientifiques, il était probablement celui dont les recherches étaient les plus avancées[7].

Durant les années qui suivent, Urbain et von Welsbach se disputent la paternité de la découverte dans un conflit exacerbé par les tensions politiques entre la France et l'Autriche-Hongrie. En 1909, la Commission Internationale des Poids atomiques donne finalement la préséance au lutécium de Georges Urbain (réorthographié lutetium), tout en conservant le nom ytterbium pour le second élément[7].

DĂ©couvertes des terres rares.
Yttrium (1794)

Yttrium



Terbium (1843)



Erbium (1843)
Erbium

Erbium



Thulium (1879)



Holmium (1879)

Holmium



Dysprosium (1886)






Ytterbium (1878)

Ytterbium

Ytterbium



Lutécium (1907)




Scandium (1879)








CĂ©rium (1803)

CĂ©rium


Lanthane (1839)

Lanthane


Didyme (1839)
Didyme

NĂ©odyme (1885)



Praséodyme (1885)



Samarium (1879)

Samarium

Samarium



Europium (1901)





Gadolinium (1880)







Prométhium (1947)


Diagrammes des découvertes des terres rares. Les dates entre parenthÚses sont les dates d'annonces des découvertes[11]. Les branches représentent les séparations des éléments à partir d'un ancien (l'un des nouveaux éléments conservant le nom de l'ancien, sauf pour le didyme).

Utilisations

TrĂšs peu d'utilisations courantes :

  • acier inoxydable : amĂ©lioration des propriĂ©tĂ©s de traitement de l'acier inoxydable ;
  • horloge atomique[12];
  • ion actif pour cristaux laser : ion actif de plus en plus utilisĂ© dans des cristaux laser comme Yb:YAG ou Yb:KYW Ă©mettant Ă  environ 1030-1070 nm (environ 1 micromĂštre) dans le proche infrarouge.

Quelques pistes, actuellement en phase de recherche :

  • activateur de substance phosphorescente pour la lumiĂšre infrarouge sous forme de Yb2O3 ;
  • dopant des lentilles acoustiques en silicone pour barrettes Ă©chographiques sous forme de Yb2O3 ;
  • mĂ©decine, radiographie industrielle : source de rayonnement entre autres pour des appareils radiographiques portables utilisant 169Yb, son spectre d'Ă©mission permet de rĂ©aliser des clichĂ©s de trĂšs bonne qualitĂ©, voisins de clichĂ©s obtenus avec un tube Ă  rayons X ;
  • semi-conducteur : halogĂ©nure de Yb ;
  • supraconducteur : YbAlAu, YbAlB4;
  • jauge de contrainte : permettrait de mesurer les trĂšs fortes contraintes en utilisant la variation de sa conductivitĂ© ;
  • Informatique quantique : crĂ©ation de mĂ©moires quantiques permettant de maintenir l'information quantique reprĂ©sentĂ©e par la polarisation d'un photon le temps nĂ©cessaire pour assurer sa duplication[13] - [14] ;
  • Informatique quantique : crĂ©ation de cristaux temporels, nouvelle phase de la matiĂšre[15] - [16].

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
  4. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  5. Fiche Sigma-Aldrich du composĂ© Ytterbium powder, ≄99.9% trace rare earth metals basis, consultĂ©e le 28 aoĂ»t 2018.
  6. (en) John Emsley, Nature's building blocks : an A-Z guide to the elements, Oxford, Oxford University Press, , 240–242 p. (ISBN 0-19-850341-5, lire en ligne).
  7. (en) Per Enghag, Encyclopedia of the Elements : Technical Data - History - Processing - Applications, John Wiley & Sons, , 1309 p. (lire en ligne).
  8. (en) Nagaiyar Krishnamurthy et Chiranjib Kumar Gupta, Extractive Metallurgy of Rare Earths, CRC Press, , 504 p. (lire en ligne)
  9. Georges Urbain, « Un nouvel Ă©lĂ©ment, le lutĂ©cium, rĂ©sultant du dĂ©doublement de l'ytterbium de Marignac », dans Comptes rendus hebdomadaires des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des sciences, t. 144, , p. 759–762, lire en ligne sur Gallica
  10. (de) Carl Auer von Welsbach, « Die Zerlegung des Ytterbiums in seine Elemente », Monatshefte fĂŒr Chemie, vol. 29,‎ , p. 181–225
  11. (en) Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 9789401066143 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9), xxi.
  12. https://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/08/23/l-horloge-la-plus-precise-au-monde-devoilee_3465319_1650684.html
  13. « L'ytterbium, la mémoire quantique de demain », sur CNRS, (consulté le ).
  14. « L'ytterbium, la mémoire quantique de demain » [PDF], sur Université de GenÚve, (consulté le ).
  15. « Une toute nouvelle forme de la matiÚre a été confirmée : le cristal temporel », sur Trust My Science, (consulté le )
  16. « L'ordinateur quantique de Google aurait produit un cristal temporel », sur Trust My Science, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes



Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.