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Zirconium

Le zirconium est l'élément chimique de numéro atomique 40, de symbole Zr.

Zirconium
Image illustrative de l’article Zirconium
Position dans le tableau périodique
Symbole Zr
Nom Zirconium
Numéro atomique 40
Groupe 4
Période 5e période
Bloc Bloc d
Famille d'éléments Métal de transition
Configuration Ă©lectronique [Kr] 4d2 5s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 10, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 91,224 ± 0,002 u[1]
Rayon atomique (calc) 155 pm (206 pm)
Rayon de covalence 175 ± 7 pm[2]
Rayon de van der Waals 160 pm (?)
État d’oxydation 4
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,33
Oxyde AmphotĂšre
Énergies d’ionisation[3]
1re : 6,633 90 eV 2e : 13,1 eV
3e : 22,99 eV 4e : 34,34 eV
5e : 80,348 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
90Zr51,45 %stable avec 50 neutrons
91Zr11,22 %stable avec 51 neutrons
92Zr17,15 %stable avec 52 neutrons
93Zr{syn.}
trace
1,53 MaÎČ-0,09193Nb
94Zr17,38 %stable avec 54 neutrons
95Zr{syn.}64,02 jÎČ-0,3695Nb
96Zr2,80 %>20×1018 a2ÎČ-3,35096Mo
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 6,52 g·cm-3 (20 °C)[1]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Dureté (Mohs) 5
Couleur Blanc argenté
Point de fusion 1 855 °C[1]
Point d’ébullition 4 409 °C[1]
Énergie de fusion 16,9 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 573,2 kJ·mol-1[4]
Volume molaire 14,02×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 1,68 mPa Ă  1 851,85 °C
Vitesse du son 3 800 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 25,36 J·mol-1·K-1 (25 °C)
ConductivitĂ© Ă©lectrique 2,36×106 S·m-1
Conductivité thermique 22,7 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-67-7[5]
No ECHA 100.028.342
No CE 231-176-9
Précautions
SGH[6] - [7] - [8]
État pulvĂ©rulent (pyrophorique) :
SGH02 : Inflammable
Danger
H250, H251, H260, P222, P223, P231, P232, P235, P370, P378, P410 et P422
SIMDUT[9]

Produit non contrÎlé
Transport[7]

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Il a été découvert par Martin Heinrich Klaproth à Berlin, qui l'a extrait du zircon en 1789 sous forme d'oxyde. Mais ce n'est qu'en 1824, que Jöns Jacob Berzelius l'a isolé sous forme de métal à Stockholm, en SuÚde. En 1999 est trouvé en Australie un fin morceau de cristal de zircon de 4,4 milliards d'années d'ùge : hormis certains fragments de météorites, c'est le plus vieil objet terrestre connu[10].

C'est un métal de transition appartenant, avec le titane et l'hafnium, à la colonne IVb de la classification périodique des éléments.

Il est trois fois plus abondant que le cuivre dans la croĂ»te terrestre, dont il compose 0,0165 % jusqu'Ă  une profondeur de 16 km[11] (principalement sous forme de zircon ZrSiO4 et de zircone appelĂ© aussi zirconia ou baddeleyite (en) ou dioxyde de zirconium ZrO2).

Étymologie

« Zirconium » dérive de « zircon », le nom du minerai à partir duquel il a été extrait pour la premiÚre fois. Ce dernier vient de l'allemand Zirkon, un nom créé par le géologue et minéralogiste Abraham Gottlob Werner en 1783, que Martin Heinrich Klaproth décidera de reprendre en 1789. La formation du mot allemand reste obscure et pourrait venir de l'arabe de zarkûn, lequel découlerait du persan zargûn signifiant « couleur de l'or ».

Isotopes

Le zirconium possĂšde 33 isotopes connus, de nombre de masse variant de 78 Ă  110, et 5 isomĂšres nuclĂ©aires. Parmi ces isotopes, quatre sont stables, 90Zr, 91Zr, 92Zr et 94Zr, et sont prĂ©sents dans la nature dans un ratio 51/11/17/17 avec un radioisotope naturel, nuclĂ©ide primordial, 96Zr qui se dĂ©sintĂšgre par double dĂ©sintĂ©gration ÎČ avec une demi-vie observĂ©e de 2,0×1019 annĂ©es[12].

La masse atomique standard attribuĂ©e au zirconium est de 91,223 Â± 0,002 u.

Production et réserves

Minerai

Son principal minerai, le zircon ZrSiO4 se présente quelquefois sous forme d'une pierre précieuse, l'hyacinthe. Il est généralement associé au titane et à l'hafnium. La teneur massique en hafnium est à peu prÚs constante et égale à 2 %. Le zircon est un constituant des granites, il se concentre dans les sables issus de la décomposition du granite.

Production

La production mondiale de zircon est d'environ 1,25 million de tonnes par an. La Chine a une production significative qui lui permet d'alimenter son marchĂ© intĂ©rieur[13].

RĂ©serves

Les rĂ©serves sont estimĂ©es Ă  56 millions de tonnes, ce qui reprĂ©sente un peu plus de 40 ans de production au rythme de consommation actuel. Cependant, la consommation a crĂ» en moyenne de 3,4 % par an sur la pĂ©riode 1990-2008, en raison notamment d'une forte croissance de la demande chinoise (17,2 % par an en moyenne). Deux pays, l'Australie et l'Afrique du Sud, se partagent les deux tiers de la production et des rĂ©serves. Les États-Unis, le BrĂ©sil, l'Inde et l'Ukraine ont aussi des rĂ©serves significatives. Le zirconium pose donc des problĂšmes d'une part dans le niveau des rĂ©serves, et d'autre part dans le dĂ©sĂ©quilibre de la rĂ©partition gĂ©ographique des rĂ©serves[13].

Propriétés

Aspect

Lingot de zirconium cristallisé.

Le zirconium est un métal dur de couleur argenté et satiné. Sous sa forme commercialisée, il se présente en flocons durs et brillants, ou en poudre grise amorphe.

Propriétés physiques

À pression atmosphĂ©rique ambiante, le zirconium peut exister sous deux variĂ©tĂ©s allotropiques :

Le zirconium présente une section efficace d'absorption des neutrons dans les deux domaines thermique et rapide, trÚs faible égale à 0,182 barn (valeur moyenne pondérée sur l'ensemble des isotopes naturels).

Caractéristiques physiques (complémentaires de celles données ci-contre) :

Caractéristiques mécaniques :

Propriétés chimiques

Le mĂ©tal est extrĂȘmement rĂ©sistant Ă  l'oxydation du fait de la formation d'un film d'oxyde stable, il n'est pas corrodĂ© par les acides (Ă  l'exception de l'acide fluorhydrique) ou les bases.

Le zirconium est un métal spécialement résistant à la corrosion par l'eau et l'eau de mer ce qui, associé à ses caractéristiques nucléaires, permet son utilisation comme matériau du gainage des combustibles utilisés dans les réacteurs à eau (REP et REB). L'eau forme une mince couche de zircone sur le métal qui le protÚge de la corrosion.

Les propriĂ©tĂ©s chimiques du zirconium sont trĂšs similaires Ă  celles du hafnium. Par consĂ©quent, les procĂ©dĂ©s chimiques normaux utilisĂ©s pour l'exploitation du zirconium ne supprimeront pas le hafnium, qui peut ĂȘtre prĂ©sent dans les qualitĂ©s commerciales du zirconium Ă  des niveaux aussi Ă©levĂ©s que 4,5 %. Le zirconium utilisĂ© dans le domaine nuclĂ©aire doit contenir moins de 0,01 % de hafnium qui est un poison neutronique.

Extraction séparation

L'attaque du minerai est effectuĂ©e par le chlore en prĂ©sence de carbone Ă  1 200 °C. le chlorure de silicium est sĂ©parĂ© des chlorures de zirconium et hafnium par condensation. La sĂ©paration zirconium hafnium s'effectue suivant deux techniques:

  • un procĂ©dĂ© liquide - liquide mettant notamment en Ɠuvre la rĂ©action de Kroll utilisant le magnĂ©sium liquide Ă  800 °C
  • un procĂ©dĂ© par distillation extractive mis au point en France

Le produit de séparation obtenu est une masse métallique spongieuse appelé "l'éponge de zirconium" qui constitue le point initial du raffinage ultérieur du métal

Mise en Ɠuvre

  • Usinage : l'usinage du zirconium requiert la prise de prĂ©cautions compte tenu du caractĂšre pyrophorique du matĂ©riau
  • Soudage : le zirconium est soudable via des procĂ©dĂ©s adaptĂ©s tels que le soudage par faisceau d'Ă©lectrons. Les assemblages bimĂ©talliques sont Ă©galement rĂ©alisables

Usages

Le zirconium peut ĂȘtre utilisĂ© pour les effets spĂ©ciaux : il provoque une Ă©tincelle lors de sa friction avec le sable (gros grain) dans des billes prĂ©vues Ă  cet effet.

Carrelages

La plus grande partie du zirconium est utilisée soit sous forme de zircon (silicate), soit sous forme de zircone (oxyde) pour réaliser des matériaux céramiques (opacifiant pour les émaux vitreux et comme pigment). Cet usage représente 53 % de l'utilisation mondiale de zirconium[14].

Secteur de la chimie

Du fait de sa rĂ©sistance Ă  la corrosion le zirconium est trĂšs utilisĂ© dans l'industrie chimique oĂč sont utilisĂ©s des agents corrosifs. Le mĂ©tal pur est Ă©galement utilisĂ© comme revĂȘtement des moteurs Ă  rĂ©action. Le zirconium est utilisĂ© comme Ă©lĂ©ment d'alliage, les alliages qui en rĂ©sultent ayant des caractĂ©ristiques mĂ©caniques amĂ©liorĂ©es.

Secteur de l'industrie nucléaire et des déchets radioactifs

En raison de ses excellentes propriétés aux températures élevées, et couplé à sa faible absorption des neutrons, il est utilisé dans la construction des réacteurs nucléaires fonctionnant à moins de 400 °C, dont notamment les réacteurs à eau.

  • Le zirconium sous forme mĂ©tallique est utilisĂ© pour fabriquer la gaine des « crayons » contenant les pastilles de combustible fissile introduits dans les rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e de centrale nuclĂ©aire. Il s'agit alors d'un alliage de zirconium purifiĂ© (notamment Ă©purĂ© de l'hafnium qui est un poison neutronique prĂ©sent dans le minerai naturel Ă  des concentrations situĂ©es entre 1 et 3 %). Cette utilisation reprĂ©sente 90 % de la production de zirconium mĂ©tal. Cependant, le zirconium mĂ©tal ne reprĂ©sente qu'un faible pourcentage de l'utilisation de l'Ă©lĂ©ment zirconium, de l'ordre de 1 %[15].
  • Pour ses propriĂ©tĂ©s physico-chimiques (rĂ©sistance Ă  la corrosion, rĂ©sistance Ă  l'irradiation, grande pĂ©nĂ©trabilitĂ© des neutrons lents, conservation des propriĂ©tĂ©s Ă  haute tempĂ©rature), ce mĂ©tal est utilisĂ© dans l'industrie nuclĂ©aire ou chimique, sous forme d'alliages tels que le Zircaloy (avec de l'Ă©tain, du fer et du chrome) ou de verre de zircon employĂ© pour le confinement en sarcophage de dĂ©chets radioactifs (par ex. du plutonium). Selon les recherches actuelles, ce type de sarcophage pourrait contenir la radioactivitĂ© au moins 2 000 ans, ce qui est encore loin du minimum de 100 000 ans requis pour les dĂ©chets radioactifs les plus dangereux[16].

La quantité de zirconium consommée pour la fabrication du combustible nucléaire en France est voisine de 321 tonnes par an.

RevĂȘtement rĂ©fractaire

Le zirconium est utilisé pour protéger la paroi intérieure de fours et de réacteurs (chimiques) : fabrication de creusets de fonderie, de briques et d'abrasifs. Cet usage représente 13 % de l'utilisation du zirconium[14].

Faux diamant

L'oxyde de zirconium, appelé zircone ou baddeleyite (en), permet de fabriquer des imitations de diamant (un peu moins éclatant).

L'orthosilicate de zirconium (hyacinthe ou zircon) Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ© par les anciens Égyptiens, notamment pour des bijoux en forme du dieu scarabĂ©e, Khepri, symbole de la fertilitĂ©.

Il est aujourd'hui notamment utilisé pour traiter la surface des verres de lunette, contre les rayures.

ProthĂšse dentaire

L'oxyde de zirconium, par ses propriétés mécaniques, son excellente biocompatibilité et son rendu esthétique, est un matériau de choix pour l'élaboration de restaurations dentaires de grande qualité. Les armatures contenant du zirconium, légÚrement translucides, sont parfois jugées plus esthétiques car un peu moins visibles que les armatures métalliques classiques. Les forces de van der Waals assurent une cohésion aussi efficace de la céramique sur le zirconium que sur un support métallique.

De l'oxyde de zirconium peut ĂȘtre utilisĂ© pour les couronnes unitaires, les bridges, les reconstitutions intracoronaires (inlay core), les facettes esthĂ©tiques.

Selon les différentes marques, il reste aprÚs le fraisage, et avant de procéder au montage de la céramique, une étape de sintérisation ou de frittage dans des fours spéciaux.

L'oxyde de zirconium rentre dans la fabrication de piliers d'implants dentaires qui sont fraisés par ordinateur ou par copie manuelle.

Il semble ĂȘtre le seul matĂ©riau Ă  n'offrir aucune adhĂ©rence Ă  la plaque dentaire (ce qui laisse penser qu'il pourrait avoir des propriĂ©tĂ©s biocides).

Sonde Ă  oxygĂšne

Les sondes de mesure de la teneur en oxygÚne associées aux catalyseurs des moteurs à essence sont à base d'oxyde de zirconium, dopé à l'yttrium.

Ces sondes sont également utilisées dans les fours de traitement thermique des métaux (cémentation et carbonitruration) pour en déduire par calcul le potentiel carbone de l'atmosphÚre du four.

MĂ©tallurgie

Le zirconium est un anti-recristallisant fréquemment utilisé dans certains alliages d'aluminium.

Coutellerie

Le dioxyde de zirconium, ou zircone (ZrO2), est aussi utilisé pour la fabrication de couteaux céramiques dont les lames plus légÚres et plus résistantes aux acides et à la chaleur conservent leur tranchant plus longtemps. La premiÚre lame céramique aurait été produite en 1984 par le groupe japonais Kyocera.

Autres

Il est également utilisé en tant que pigment, additif et réactif dans l'industrie métallurgique, en tant que composant dopant de supraconducteurs, dans des composés céramiques (PZT), ou dans certains implants utilisés en orthopédie du fait de sa bonne tolérance par l'organisme humain.

Le zirconium est également utilisé comme « getter », c'est-à-dire comme piÚge à gaz, dans les tubes électroniques sous vide.

Il est également utilisé afin de donner un aspect "or" au boitier de montres, avec un coût de revient inférieur au placage d'or.

Risques et dangers

Sous forme de poudre, poussiÚre ou flocons, en contact avec l'air ou des oxydants, le zirconium est instable, pyrophorique et trÚs explosif (notamment en présence d'impuretés)[17].

DÚs les années 1950, on a montré, par étude micrographique d'alliages zirconium-hydrogÚne que l'hydrure de zirconium pouvait se présenter sous deux phases différentes dont l'une se forme à pression ambiante, produisant un métal saturé en hydrogÚne et alors fragilisé. Cette phase est caractérisée par un réseau tétragonal laissant supposer qu'elle résulte d'une transformation pseudo-martensitique d'une phase cubique du métal[18].

Le métal réagit :

  • violemment avec les oxydants, le borax et le tĂ©trachlorure de carbone quand il est chauffĂ©[17] ;
  • violemment avec des hydroxydes des mĂ©taux alcalins (en provoquant une explosion)[17] ;
  • avec l'eau. À tempĂ©rature Ă©levĂ©e ( > 1 200 °C ), le zirconium absorbe de l'hydrogĂšne prĂ©levĂ© dans l'eau lors d'un phĂ©nomĂšne dit « corrosion aqueuse », qui est un facteur limitant au sĂ©jour prolongĂ© de gaines de combustible nuclĂ©aire en alliages de zirconium dans les piscines ou rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e[19]. A tempĂ©rature trĂšs Ă©levĂ©e, une rĂ©action avec l'eau peut produire un dĂ©gagement important d'hydrogĂšne. Ainsi, le zirconium surchauffĂ© de crayons de combustibles nuclĂ©aire mal refroidis semble avoir Ă©tĂ© Ă  l'origine de la production de l'hydrogĂšne responsable de l'explosion des bĂątiments des rĂ©acteurs 1 et 3 de la centrale nuclĂ©aire Fukushima Daiichi, ainsi probablement que du bĂątiment de l'unitĂ© 4 mais cette fois Ă  partir de la piscine de refroidissement du combustible[20]. Divers matĂ©riaux et alliages sont concernĂ©s (Zircaloy 2, Zircaloy 4, Zr98Sn2, alliage Cr/Fe/Ni/Sn/Zr, Zr96Sn4, alliage Cr/Fe/Sn/Zr)[19]. Parmi les facteurs en jeu, figurent la microstructure de l'alliage, et des prĂ©cipitĂ©s intermĂ©talliques (par exemple Zr(Fe,Cr)2 et Zr2(Fe,Ni) dans les alliages Zircaloys−2 et −4), qui contribuent Ă  la diffusion d'hydrogĂšne au travers de la couche d'oxyde superficielle formĂ©e par corrosion aqueuse[19].

La couche d'oxyde qui se forme sur les Zircaloys se compose d'une couche externe poreuse et d'une sous-couche interne plus dense formant une barriÚre vis-à-vis de l'absorption de l'hydrogÚne[19]. Ce sont les précipités intermétalliques qui permettent l'absorption d'hydrogÚne en offrant à la fois des sites de réduction des protons de l'eau et des chemins privilégiés de l'hydrogÚne dans la couche dense de l'oxyde dense protecteur. Dans ces précipités, certains éléments (fer et nickel notamment) semblent aussi participer à l'absorption d'hydrogÚne (en inhibant sa réaction de recombinaison). Certains alliages (ex : Zr-1Nb) ne contient pas de précipités intermétalliques[19].

Toxicité, effets du zirconium sur la santé humaine

Le zirconium et ses sels sont généralement considérés comme ayant une basse toxicité systémique. Le zirconium n'est pas classé cancérigÚne, ni cancérigÚne potentiel, mais semble pouvoir générer des allergies et une sensibilisation[21] - [22] - [23].

Le zirconium 93 (Ă©metteur bĂȘta moins de 60 keV donc peu nocif, sauf en cas d'ingestion, de pĂ©riode 1,53 Ma donc peu radioactif) est nĂ©anmoins l'un des radionuclĂ©ides rĂ©siduels des essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques des annĂ©es 1950 et 60. Il compte parmi les radionuclĂ©ides qui ont produit et continueront Ă  produire un risque accru de cancers pour les dĂ©cennies Ă  venir.

Les bases de données de toxicologie ne contiennent que peu de références d'études sur les risques de sensibilisation avec le zirconium pur, mais la littérature scientifique cite des cas de sensibilisation pour certains composés (lactate de zirconium et de sodium, dioxyde de zirconium, tétrachlorure de zirconium) qui provoquent des granulomes cutanés[24] - [25]. Les allergies ont été surtout constatées chez des patients ayant utilisé des bùtons déodorants contenant du lactate de sodium et de zirconium[26] ou des crÚmes topiques destinées à traiter des dermites et contenant du dioxyde de zirconium[21]. Les lésions apparaissaient aux points de contacts et 4 à 6 semaines aprÚs l'utilisation de ces produits, aussi bien avec des sels solubles qu'insolubles de zirconium[21].

Une alvéolite allergique a été signalée chez un travailleur du nucléaire aprÚs soudage de couvertures tubulaires contenant du zirconium (les granulomes trouvés dans les poumons du patient contenaient principalement du zirconium).

Sous forme de poussiÚre en suspension, il peut provoquer une irritation mécanique des yeux avec « Risque d'atteinte pulmonaire lors d'une exposition répétée ou prolongée à la poussiÚre »[17].

On suppose que :

  • la pĂ©nĂ©tration dans la peau est facilitĂ©e par des actions tels que friction, rasage, ou des Ă©tats physiologiques particuliers (sudation, inflammation dermatologique induite par une dermite[21] ;
  • Les granulomes se dĂ©veloppent chez les personnes ayant acquis une hypersensibilitĂ© au zirconium[21]. Ceux qui ont Ă©tĂ© formĂ©s par des sels solubles de zirconium disparaissent aprĂšs quelques mois. Les autres (induites par des sels insolubles) persisteront plusieurs annĂ©es, en rĂ©sistant aux traitements dermatologiques.

Une hypersensibilitĂ© allergique aux composĂ©s de zirconium peut ĂȘtre confirmĂ©e par des tests cutanĂ©s (patch) et intradermiques, avec respectivement chez les allergiques la formation de papules rouge-brun aprĂšs environ 4 semaines, et sous la peau des papules discrĂštes 8 Ă  14 jours aprĂšs le dĂ©but du test (persistant 6 Ă  24 mois)[21].

En 2010, selon le site de REPTOX, la littĂ©rature consultĂ©e n'Ă©voquait pas de cas certains de sensibilisation respiratoire asthmatiforme[21]. Des cas d'asthme bronchique et de toux chronique ont Ă©tĂ© relevĂ©s chez des travailleurs respirant de l'air contenant du zirconium dans les usines produisant du zirconium[27], mais cet air contenant aussi des chlorures d'autres mĂ©taux, l'Ă©ventuelle part de responsabilitĂ© du zirconium n'a pu ĂȘtre Ă©tablie[21].

Effets du zirconium sur l'environnement

L'écotoxicologie a peu étudié les éventuels effets écosystémiques de ce métal ou de ses sels.

Au vu de ses caractéristiques générales on a longtemps considéré que - au moins sous ses formes naturelles - le zirconium était peu susceptible de présenter un risque pour l'environnement.

Quelques études l'ont testé pour les bactéries et poissons ; chez ces taxons (et chez les algues), ce métal ne semble pas toxique pour l'ADN ; aucun effet mutagÚne (test de fluctuation) ou génotoxique (test SOS Chromotest) n'a été relevé lors des expériences in vitro[28].

Cependant les tests in vitro ont aussi montré une « réelle toxicité pour les algues à des concentrations de 1,3 à 2,5 mg/l», via une inhibition de leur métabolisme (« ATP energy stress »)[28].

Il est généralement déconseillé d'ingérer ou inhaler le zirconium, ou de mettre certains de ses sels en contact direct avec la peau.

Chez l'animal de laboratoire :

Gaines de zirconium du combustible nucléaire

Les gaines de zirconium entourant le combustible nucléaire des réacteurs à eau pressurisée français sont cisaillées et séparées du combustible à l'usine de La Hague par dissolution du combustible par l'acide nitrique. Elles font partie des déchets à vie longue et ne sont pas recyclables pour le moment[29].

Le transport des crayons de combustibles usagĂ©s est un transport dangereux qui dans le cycle du combustible nuclĂ©aire en France s'effectue uniquement dans des containers blindĂ©s spĂ©ciaux. Selon l'ASN, ces emballages sont susceptibles de transporter des crayons aux gaines fissurĂ©es et donc « inĂ©tanches »[30]. À la suite d'analyses ayant dĂ©montrĂ© « des taux d’hydrogĂšne supĂ©rieurs Ă  ceux prĂ©vus dans les dossiers de sĂ»retĂ© »[30], et pour « limiter les consĂ©quences de la radiolyse et donc de la production d’hydrogĂšne sous l’effet des rayonnements » car « cette production d’hydrogĂšne induit un risque en cas de dĂ©passement du seuil d’inflammabilitĂ© de l’hydrogĂšne »[30] (Ă©tat, pouvant conduire Ă  l’explosion, en situation de surchauffe des gaz de la cavitĂ©). En 2009, l'ASN a revu les puissances du chargement, la durĂ©e maximale de transport et le procĂ©dĂ© de sĂ©chage du container avant transport pour les six certificats d’agrĂ©ment relatifs aux« emballages de transport de combustibles irradiĂ©s TN 12/2, TN 13/2, TN 17/2 et TN 106 » ; les colis Ă©tant chargĂ©s « sous eau »[30].

En effet, les fissures prĂ©sentes dans l'enveloppe des crayons diminuent l’efficacitĂ© de leur sĂ©chage et du sĂ©chage de la cavitĂ© interne du container, sĂ©chage qui doit ĂȘtre correctement assurĂ© avant le transport[30] car la prĂ©sence de fissures et donc d'eau « accĂ©lĂšre la production d’hydrogĂšne »[30].

Valeurs d'exposition admissibles

Dans l'air, au QuĂ©bec (oĂč « ce produit n'est pas contrĂŽlĂ© selon les critĂšres de classification du SIMDUT »),

En Belgique : la valeur courte durĂ©e Ă©tait comme au QuĂ©bec - en 2002 - de 10 mg m−3, et le zircon doit respecter la rĂ©glementation sur les poussiĂšres de silicates[32].

Selon sa fiche toxicologique internationale[17] :

  • TLV: mg m−3
  • TWA; 10 mg m−3
  • STEL A4 ; C'est une substance impossible Ă  classer comme cancĂ©rigĂšne chez l'homme[33] - [17].
  • MAK: (Fraction inhalable) mg m−3
  • Sah
  • Classe de limitation des taux les plus Ă©levĂ©s: I(1)
  • Classe de substances pouvant prĂ©senter un risque pendant la grossesse: IIc; (DFG 2004)

Mesures de prévention et protection

La fiche toxicologique internationale[17] recommande d'éviter de disperser les poussiÚres, des précautions contre l'incendie et l'explosion, le port de gant et lunette de protection pour les travailleurs manipulant le zirconium, ne pas manger, ni boire ou fumer durant le travail.

MĂ©thodes et protocoles analytiques

La spectrophotométrie d'absorption atomique-avec flamme(SAAF) permet de le doser, mais il faut savoir que lors des analyses, divers corps chimiques peuvent interférer avec le zirconium et fausser les analyses ; ces facteurs d'inférences sont notamment les sels de type fluorures, chlorures, sels d'ammonium, sulfates, nitrates, le bromure de nickel[34] - [35].

Commerce

En 2014, la France est nette importatrice de zirconium, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă  la tonne importĂ©e Ă©tait de 1 100 €[36].

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, TF-CRC, , 87e Ă©d. (ISBN 0849304873), p. 10-202
  4. « Zirconium, elemental » dans la base de données Hazardous Substances Data Bank, consulté le 1 mai 2010
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  6. Numéro index 040-001-00-3 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  7. EntrĂ©e « Zirconium powder (pyrophoric) Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais) (JavaScript nĂ©cessaire)
  8. SIGMA-ALDRICH
  9. « Zirconium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  10. D'aprĂšs
  11. Philippe Bihouix et Benoßt de Guillebon, Quel futur pour les métaux ? Raréfaction de métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, p. 203
  12. (en) « Adopted Double Beta Decay Data », sur nndc.bnl.gov (consulté le ).
  13. Philippe Bihouix et Benoßt de Guillebon, Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, p. 203
  14. Source : Robert Porter, ILUKA
  15. Philippe Bihouix, Benoßt de Guillebon, Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, p. 203
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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes



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