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Silicium

Le silicium est l'élément chimique de numéro atomique 14, de symbole Si. Ce métalloïde tétravalent appartient au groupe 14 du tableau périodique. C'est l'élément le plus abondant dans la croûte terrestre aprÚs l'oxygÚne, soit 25,7 % de sa masse[8], mais il n'est comparativement présent qu'en relativement faible quantité dans la matiÚre constituant le vivant. Il n'existe pas dans la nature à l'état de corps simple, mais sous forme de composés : sous forme de dioxyde de silicium (SiO2), d'origine biogénique (fabriqué par un organisme vivant comme les diatomées ou les radiolaires), on le trouve sous forme de silice amorphe (dans le sable), ou d'origine lithogénique lorsqu'il est sous la forme de silice minérale (le quartz, la cristobalite, etc.) ou d'autres silicates (dans les feldspaths, la kaolinite
).

Silicium
Image illustrative de l’article Silicium
Morceau de wafer poli et bloc de silicium pur.
Position dans le tableau périodique
Symbole Si
Nom Silicium
Numéro atomique 14
Groupe 14
Période 3e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Métalloïde
Configuration Ă©lectronique [Ne] 3s2 3p2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 4
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 28,085 5 ± 0,000 3 u[1]
Rayon atomique (calc) 110 pm (111 pm)
Rayon de covalence 111 ± 2 pm[2]
Rayon de van der Waals 210 pm
État d’oxydation +1, +2, +3, +4
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,90
Oxyde amphotĂšre
Énergies d’ionisation[3]
* 1re : 8,151 68 eV* 8e : 303,54 eV
* 2e : 16,345 84 eV* 9e : 351,12 eV
* 3e : 33,493 02 eV* 10e : 401,37 eV
* 4e : 45,141 81 eV* 11e : 476,36 eV
* 5e : 166,767 eV* 12e : 523,42 eV
* 6e : 205,27 eV* 13e : 2 437,63 eV
* 7e : 246,5 eV* 14e : 2 673,182 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
28Si92,22 %stable avec 14 neutrons
29Si4,68 %stable avec 15 neutrons
30Si3,09 %stable avec 16 neutrons
31Si{syn.}2,6 heuresÎČ-1,4931P
32Si{syn.}172 ansÎČ-0,22432P
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide diamagnĂ©tique
Autres allotropes SilicĂšne
Masse volumique 2,33 g·cm-3 (25 °C)[1]
SystĂšme cristallin Cubique diamant
Dureté (Mohs) 6,50
Couleur gris foncé
Point de fusion 1 414 °C[1]
Point d’ébullition 3 265 °C[1]
Énergie de fusion 50,55 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 384,22 kJ·mol-1
Volume molaire 12,06×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 4,77 Pa
Vitesse du son 8 433 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 700 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 2,52×10-4 S·m-1
Bande interdite Ă  300 K 1,12 eV
Conductivité thermique 148 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-21-3[5]
No ECHA 100.028.300
No CE 231-130-8
Précautions
SGH[6]
État pulvĂ©rulent :
SGH02 : Inflammable
Attention
H228 et P210
SIMDUT[7]
B4 : Solide inflammable
B4,
Transport[6]
État pulvĂ©rulent :
-

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Sous sa forme amorphe, la silice (SiO2) provenant généralement de la terre de diatomées, est utilisée depuis trÚs longtemps comme composant essentiel du verre. Il a depuis le milieu du XXe siÚcle de nouveaux usages en électronique (transistor), pour la production de matériaux tels que les silicones ou, pour fabriquer des panneaux solaires photovoltaïques et en tant que biominéral, la silice amorphe est actuellement étudiée pour ses utilités en nanotechnologie[9].

Le nom dérive du latin silex, silicĭs qui signifie caillou ou silex[10] - [11].

Histoire

En raison de l'abondance de silicium dans la croĂ»te terrestre, des matĂ©riaux naturels Ă  base de silicium sont utilisĂ©s depuis des milliers d'annĂ©es. Les cristaux de roche de silicium sont connus de diverses civilisations anciennes, comme les Égyptiens prĂ©dynastiques qui les utilisaient pour fabriquer des perles et des petits vases, ainsi que les Chinois de l'AntiquitĂ©. Du verre contenant de la silice est fabriquĂ© par les Égyptiens depuis au moins 1500 av. J.-C. ainsi que par les anciens PhĂ©niciens. Les composĂ©s de silicate naturel sont Ă©galement utilisĂ©s dans divers types de mortier pour la construction des premiĂšres logements[12].

DĂ©couverte

Jöns Jacob Berzelius découvre l'élément silicium en 1823.

En 1787, Antoine Lavoisier soupçonne que la silice pourrait ĂȘtre l'oxyde d'un Ă©lĂ©ment chimique fondamental, mais l'affinitĂ© chimique du silicium pour l'oxygĂšne est trop Ă©levĂ©e pour qu'il puisse rĂ©duire l'oxyde et isoler l'Ă©lĂ©ment[13]. AprĂšs une tentative d'isolement du silicium en 1808, Sir Humphry Davy propose le nom anglais de « silicium », du latin « silex », « silicis » pour silex, et en ajoutant la terminaison « -ium » parce qu'il croit qu'il s'agit d'un mĂ©tal[14]. La plupart des autres langues utilisent dĂšs lors des formes translitĂ©rĂ©es du nom de Davy, parfois adaptĂ©es Ă  la phonologie locale (par exemple, en allemand : Silizium ; en turc : silisyum ; en catalan : silici). Quelques autres utilisent plutĂŽt un calque de la racine latine (par exemple, en russe : ĐșŃ€Đ”ĐŒĐœĐžĐč, de « ĐșŃ€Đ”ĐŒĐ”ĐœŃŒ », « silex » ; en grec moderne : hÏ€Ï…ÏÎŻÏ„ÎčÎż de « πυρ », « feu » ; en finnois : pii de « piikivi », « silex » ; en tchĂšque : kƙemĂ­k de « kƙemen », « quartz » ou « silex »)[15].

En 1811, Joseph Louis Gay-Lussac et Louis Jacques Thénard auraient préparé du silicium amorphe impur en chauffant du potassium métallique récemment isolé avec du tétrafluorure de silicium, mais ils n'ont ni purifié et caractérisé le produit, ni identifié comme un nouvel élément[16]. En anglais, le silicium est renommé « silicon » en 1817 par le chimiste écossais Thomas Thomson, qui pense qu'il s'agit d'un non-métal comme le bore (« boron » en anglais) et le carbone (« carbon »)[17]. En 1824, Jöns Jacob Berzelius prépare du silicium amorphe en utilisant une méthode similaire à celle de Gay-Lussac, mais il purifie le produit par des lavages répétés pour obtenir une poudre brune[18]. Il est ainsi généralement considéré comme celui qui a découvert le silicium[19] - [20].

Le silicium sous sa forme cristalline plus courante n'a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© que 31 ans plus tard, par Henri Sainte-Claire Deville[21]. En Ă©lectrolysant un mĂ©lange de chlorure de sodium et de chlorure d'aluminium contenant environ 10 % de silicium, il obtient un allotrope lĂ©gĂšrement impur de silicium en 1854[22]. Par la suite, des mĂ©thodes plus rentables sont mises au point pour isoler plusieurs formes d'allotrope, la plus rĂ©cente Ă©tant le silicĂšne en 2010[23] - [24]. Pendant ce temps, la recherche sur la chimie du silicium se poursuit : Friedrich Wöhler dĂ©couvre les premiers hydrures volatils de silicium, synthĂ©tisant le trichlorosilane en 1857 et le silane lui-mĂȘme en 1858, mais une Ă©tude dĂ©taillĂ©e des silanes n'est menĂ©e qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle par Alfred Stock, malgrĂ© des spĂ©culations sur le sujet remontant aux dĂ©buts de la chimie organique synthĂ©tique dans les annĂ©es 1830. De mĂȘme, le premier composĂ© organosiliciĂ©, le tĂ©traĂ©thylsilane, est synthĂ©tisĂ© par Charles Friedel et James Mason Crafts en 1863, mais la caractĂ©risation dĂ©taillĂ©e de la chimie des organosiliciĂ©s n'est rĂ©alisĂ©e qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle par Frederic Kipping[13].

À partir des annĂ©es 1920, les travaux de William Lawrence Bragg sur la cristallographie aux rayons X permettent d'Ă©lucider les compositions des silicates, qui Ă©taient auparavant connues par la chimie analytique mais n'avaient pas encore Ă©tĂ© comprises, ainsi que le dĂ©veloppement de la cristallochimie par Linus Pauling et celui de la gĂ©ochimie par Victor Goldschmidt. Le milieu du XXe siĂšcle voit le dĂ©veloppement de la chimie et de l'utilisation industrielle des siloxanes et l'utilisation croissante des polymĂšres, Ă©lastomĂšres et rĂ©sines de silicone. À la fin du XXe siĂšcle, la complexitĂ© de la chimie cristalline des siliciures est cartographiĂ©e, ainsi que la physique de l'Ă©tat solide des semi-conducteurs dopĂ©s[13].

Semi-conducteurs en silicium

Les premiers composants semi-conducteurs n'utilisaient pas de silicium, mais de la galÚne[25] - [26]. Le premier dispositif semi-conducteur en silicium est un détecteur à cristal radio en silicium, mis au point par l'ingénieur américain Greenleaf Whittier Pickard en 1906[26].

En 1940, Russell Ohl dĂ©couvre la jonction p-n et les effets photovoltaĂŻques du silicium. En 1941, des techniques de production de cristaux de germanium et de silicium de haute puretĂ© (en) sont mises au point pour les cristaux des dĂ©tecteurs radar Ă  micro-ondes pendant la Seconde Guerre mondiale[25]. En 1947, le physicien William Shockley thĂ©orise un transistor Ă  effet de champ fabriquĂ© Ă  partir de germanium et de silicium, mais il ne rĂ©ussit pas Ă  construire un dispositif fonctionnel, avant de travailler finalement avec du germanium. Le premier transistor fonctionnel est un transistor Ă  contact ponctuel (en) construit par John Bardeen et Walter Brattain plus tard dans l'annĂ©e alors qu'ils travaillent sous la direction de Shockley[27]. En 1954, le physico-chimiste Morris Tanenbaum fabrique le premier transistor bipolaire en silicium aux laboratoires Bell[28]. En 1955, Carl Frosch et Lincoln Derick dĂ©couvrent par hasard aux laboratoires Bell que le dioxyde de silicium (SiO2) peut ĂȘtre obtenu sur du silicium[29], et ils proposent en 1958 que cela puisse masquer les surfaces de silicium pendant les processus de diffusion (en)[30].

Âge du silicium

Le MOSFET, également connu sous le nom de transistor MOS, est le composant clé de l'Úre du silicium. Il a été inventé par Mohamed M. Atalla et Dawon Kahng (en) aux laboratoires Bell en 1959.

L'« Ăąge du silicium » fait rĂ©fĂ©rence Ă  la fin du XXe siĂšcle et au dĂ©but du XXIe siĂšcle[31] - [32] - [33], car le silicium est le matĂ©riau dominant de l'Ăšre de l'information, Ă©galement connue sous le nom d'Ăšre du numĂ©rique, de la mĂȘme maniĂšre que l'Ăąge de la pierre, l'Ăąge du bronze et l'Ăąge du fer ont Ă©tĂ© dĂ©finis par des matĂ©riaux dominants au cours de la PrĂ©histoire[31].

Le silicium Ă©tant un Ă©lĂ©ment important des dispositifs semi-conducteurs de haute technologie, de nombreux endroits dans le monde portent son nom. Par exemple, la vallĂ©e de Santa Clara en Californie a acquis le surnom de Silicon Valley, car cet Ă©lĂ©ment est le matĂ©riau de base de l'industrie des semi-conducteurs dans cette rĂ©gion[34]. Depuis, de nombreux autres endroits ont Ă©tĂ© surnommĂ©s de la mĂȘme maniĂšre, notamment Silicon Wadi en IsraĂ«l, Silicon Forest en Oregon, Silicon Saxony en Allemagne, Silicon Valley Bangalore en Inde, Silicon Fen Ă  Cambridge en Angleterre, Silicon Alley Ă  New York et Silicon Beach Ă  Los Angeles en Californie[35] - [36] - [37] - [38] - [39].

Isotopes

Il existe trois isotopes naturels du silicium, tous stables : 28Si (92,18 %), 29Si (4,71 %) et 30Si (3,12 %). Il existe Ă©galement des isotopes artificiels, instables : 25Si, 26Si et 27Si qui sont Ă©metteurs ÎČ+, ainsi que 31Si Ă  34Si qui sont Ă©metteurs ÎČ−.

Corps simple

Le silicium est solide dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression, avec sous 1 atm un point de fusion de 1 414 °C et un point d'Ă©bullition de 3 265 °C. Comme l'eau, il est plus dense Ă  l'Ă©tat liquide[40] qu'Ă  l'Ă©tat solide, contrairement Ă  la plupart des autres substances. C'est par ailleurs un assez bon conducteur de la chaleur (conductivitĂ© thermique : 149 W m−1 K−1).

Sous forme cristalline, le silicium pur est gris avec des reflets métalliques bleutés. Comme le germanium, il est peu déformable et trÚs cassant. Comme le carbone et le germanium, il cristallise dans le systÚme cubique (structure diamant). Les cristaux de silicium sont gris à noirs, en forme d'aiguilles ou d'hexaÚdres. Le silicium est semi-conducteur, sa conductivité électrique est trÚs inférieure à celle des métaux.

Il existe deux autres allotropes du silicium : le silicyne oĂč les atomes de silicium sont reliĂ©s en chaĂźnes, et le silicĂšne oĂč ils forment des couches planes.

Le silicium existe aussi à l'état amorphe, sous la forme d'une poudre marron foncé.

Le silicium s'oxyde trĂšs vite Ă  l'air pour former une couche de silice en surface, qui isole l'Ă©chantillon de l'oxygĂšne et le protĂšge d'une oxydation plus poussĂ©e (passivation) ; cette couche d'oxyde peut ĂȘtre Ă©liminĂ©e par de l'acide fluorhydrique HF ou par abrasion thermique. Insoluble dans l'eau sauf Ă  haute tempĂ©rature, le silicium est attaquĂ© par l'acide fluorhydrique HF ou par un mĂ©lange acide fluorhydrique/acide nitrique (HNO3) en fonction de la phase.

  • Poudre de silicium.
    Poudre de silicium.
  • Échantillon monolithique de silicium (polycristallin).
    Échantillon monolithique de silicium (polycristallin).

Cristallographie

Maille élémentaire de type diamant du silicium.

Le silicium a une structure de type diamant (comme le germanium et la forme diamant du carbone), avec un paramĂštre de maille de 0,543 071 0 nm[41].

Occurrence

Cristal d'olivine.

Le silicium est le huitiÚme élément le plus abondant dans l'univers, aprÚs l'hydrogÚne, l'hélium, le carbone, l'azote, l'oxygÚne, le fer et le néon. Ces abondances ne sont pas bien reproduites sur Terre en raison de la séparation des éléments qui a eu lieu pendant la formation du systÚme solaire. Le silicium constitue 27,2 % de la masse de la croûte terrestre, juste derriÚre l'oxygÚne à 45,5 %, avec lequel le silicium est toujours associé dans la nature. La différenciation planétaire à la formation de la Terre a donné lieu à une répartition des éléments encore plus fractionnée : le noyau terrestre, qui représente 31,5 % de la masse de la Terre, a une composition approximative de Fe25Ni2Co0.1S3 ; le manteau, qui représente 68,1 % de la masse de la Terre, est composé principalement d'oxydes et de silicates plus denses, comme l'olivine, (Mg,Fe)2SiO4 ; des minéraux siliceux plus légers, tels que les aluminosilicates, forment la croûte terrestre, qui représente 0,4 % de la masse de la Terre[42].

La cristallisation des roches ignées à partir du magma dépend d'un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la composition chimique du magma, la vitesse de refroidissement et certaines propriétés des minéraux individuels à former, comme l'énergie réticulaire, le point de fusion et la complexité de leur structure cristalline. Au fur et à mesure que le magma se refroidit, l'olivine apparaßt en premier, suivie par le pyroxÚne, l'amphibole, le mica biotite, le feldspath orthoclase, le mica muscovite, le quartz, les zéolithes et, enfin, les minéraux hydrothermaux. Cette séquence montre que la complexité des unités contenant du silicium augmente avec le refroidissement et l'introduction d'anions hydroxydes et fluorures en plus des oxydes ont un impact. De nombreux métaux peuvent remplacer le silicium. AprÚs que ces roches ignées ont subi la météorisation, le transport et le dépÎt, des roches sédimentaires comme l'argile, le schiste et le grÚs se forment. Le métamorphisme peut également se produire à des températures et des pressions élevées, créant une variété encore plus grande de minéraux[43].

Il existe quatre sources de flux de silicium dans l'océan : l'altération chimique des roches continentales, le transport fluvial, la dissolution des silicates terrigÚnes continentaux et la réaction entre les basaltes sous-marins et les fluides hydrothermaux qui libÚrent du silicium dissous. Ces quatre flux sont interconnectés dans le cycle biogéochimique de l'océan car ils ont tous été initialement formés à partir de l'altération de la croûte terrestre[44].

Environ 300 Ă  900 mĂ©gatonnes de poussiĂšre sont dĂ©posĂ©es dans les ocĂ©ans du monde par le vent chaque annĂ©e. De cette valeur, 80 Ă  240 mĂ©gatonnes se prĂ©sentent sous la forme de particules de silicium. La quantitĂ© totale de particules de silicium dĂ©posĂ©e dans l'ocĂ©an par le vent est infĂ©rieure Ă  la quantitĂ© de silicium introduite dans l'ocĂ©an par le biais du transport fluvial[45]. Les apports du vent de particules de silicium lithogĂ©nique dans l'ocĂ©an Atlantique Nord et l'ouest du Pacifique Nord proviennent respectivement du Sahara et du dĂ©sert de Gobi[44]. Le transport fluvial est la principale source d'introduction de silicium dans l'ocĂ©an dans les rĂ©gions cĂŽtiĂšres, tandis que le dĂ©pĂŽt de silicium en haute mer est grandement influencĂ© par le dĂ©pĂŽt de la poussiĂšre par le vent[44].

Production industrielle

Le silicium d'une puretĂ© de 96 Ă  99 % est obtenu en rĂ©duisant du quartzite ou du sable avec du coke trĂšs pur. La rĂ©duction s'effectue dans un four Ă  arc Ă©lectrique, un excĂšs de dioxyde de silicium Ă©tant utilisĂ© pour empĂȘcher l'accumulation de carbure de silicium[46] :

SiO2 + 2 C → Si + 2 CO
2 SiC + SiO2 → 3 Si + 2 CO

Cette rĂ©action, connue sous le nom de rĂ©duction carbothermique du dioxyde de silicium, est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©e en prĂ©sence de ferraille contenant de faibles quantitĂ©s de phosphore et de soufre, produisant ainsi du ferrosilicium, un alliage fer-silicium qui contient des ratios variables de silicium Ă©lĂ©mentaire et de fer[46]. En 2021, le ferrosilicium a reprĂ©sentĂ© prĂšs de 70 % de la production mondiale de silicium Ă©lĂ©mentaire et la Chine a fourni prĂšs de 70 % du silicium mondial, soit six millions de tonnes. Le deuxiĂšme plus gros producteur est la Russie (580 000 t), suivi par le BrĂ©sil (390 000 t), la NorvĂšge (350 000 t), et les États-Unis (310 000 t)[47]. Le ferrosilicium est principalement utilisĂ© par l'industrie du fer et de l'acier, notamment comme addition d'alliage dans le fer ou l'acier et pour la dĂ©soxydation de l'acier dans les aciĂ©ries intĂ©grĂ©es[46]. Une autre rĂ©action parfois utilisĂ©e est la rĂ©duction aluminothermique du dioxyde de silicium, comme suit[48] :

3 SiO2 + 4 Al → 3 Si + 2 Al2O3

La lixiviation Ă  l'eau de silicium pur Ă  96-97 % en poudre permet d'obtenir un silicium pur Ă  98,5 %, qui est utilisĂ© dans l'industrie chimique. Cependant, une puretĂ© encore plus grande est nĂ©cessaire pour les applications de semi-conducteurs, et celle-ci est produite Ă  partir de la rĂ©duction du tĂ©trachlorosilane ou du trichlorosilane. Le premier est obtenu en chlorant des dĂ©chets de silicium et le second est un sous-produit de la production de silicone. Ces composĂ©s sont volatils et peuvent donc ĂȘtre purifiĂ©s par distillation fractionnĂ©e rĂ©pĂ©tĂ©e, suivie d'une rĂ©duction en silicium Ă©lĂ©mentaire avec du zinc mĂ©tallique trĂšs pur comme agent rĂ©ducteur. Les morceaux de silicium spongieux ainsi produits sont fondus puis cultivĂ©s pour former des monocristaux cylindriques, avant d'ĂȘtre purifiĂ©s par raffinage en zone. D'autres mĂ©thodes utilisent la dĂ©composition thermique du silane ou du tĂ©traiodosilane. Un autre procĂ©dĂ© utilisĂ© est la rĂ©duction de l'hexafluorosilicate de sodium, un dĂ©chet commun de l'industrie des engrais phosphatĂ©s, par le sodium mĂ©tallique : ce procĂ©dĂ© est hautement exothermique et ne nĂ©cessite donc aucune source de combustible extĂ©rieure. Le silicium hyperfin est fabriquĂ© Ă  un degrĂ© de puretĂ© supĂ©rieur Ă  celui de presque tous les autres matĂ©riaux : la production de transistors exige des niveaux d'impuretĂ© dans les cristaux de silicium infĂ©rieurs Ă  1 partie par 1010, et dans des cas particuliers, des niveaux d'impuretĂ© infĂ©rieurs Ă  1 partie par 1012 sont nĂ©cessaires et atteints[46].

Utilisations et applications

SynthĂšse des silicones

La synthÚse des silicones représente également une utilisation importante du silicium (environ 40 % de la consommation). Ces polymÚres [(CH3)2SiO]n sont utilisés dans des mastics pour joint, des graisses résistantes à l'eau ou conductrices de la chaleur, les poudres lessivielles ou les shampoings conditionneurs, etc.

Semi-conducteur

Les propriétés de semi-conducteur du silicium ont permis la création de la deuxiÚme génération de transistors, puis les circuits intégrés (les « puces »). C'est aujourd'hui encore l'un des éléments essentiels pour l'électronique, notamment grùce à la capacité technologique actuelle permettant d'obtenir du silicium pur à plus de 99,999 99 % (tirage Czochralski, zone fondue flottante).

PhotovoltaĂŻque

Cellule photovoltaĂŻque en silicium.

En tant que semi-conducteur, le silicium est aussi l'élément principal utilisé pour la fabrication de cellules solaires photovoltaïques. Celles-ci sont alors montées en panneaux solaires pour la génération d'électricité.

Composants mécaniques

Le silicium prĂ©sente Ă  l'Ă©tat pur des caractĂ©ristiques mĂ©caniques Ă©levĂ©es qui le font utiliser pour la rĂ©alisation de petites piĂšces destinĂ©es Ă  certains micromĂ©canismes et mĂȘme Ă  la fabrication de ressorts spiraux destinĂ©s Ă  des montres mĂ©caniques haut de gamme[49].

Alliages aluminium-silicium

La principale utilisation du silicium en tant que corps simple est comme Ă©lĂ©ment d'alliage avec l'aluminium. Les alliages aluminium-silicium (AS ou sĂ©rie 40000 suivant NF EN 1780-1, Ă©galement appelĂ©s « sialumins ») sont utilisĂ©s pour l'Ă©laboration de piĂšces moulĂ©es, en particulier pour l'automobile (par exemple jantes en alliage) et l'aĂ©ronautique (par exemple Ă©lĂ©ments de moteurs Ă©lectriques embarquĂ©s). Les alliages aluminium-silicium reprĂ©sentent Ă  peu prĂšs 55 % de la consommation mondiale de silicium. L'alliage le plus connu est l'Alpax, proche de la composition eutectique (env. 13 %m de Si).

Micro et nanostructure

Du fait de la performance des procédés de gravure et de formation de forme avec le silicium, le silicium est utilisé pour :

  • la formation de silicium nanoporeux pour dissocier l'hydrogĂšne de l'oxygĂšne de molĂ©cule d'eau dans les piles Ă  combustibles ;
  • la formation de nanopics sur une surface de silicium par Gravure Ionique RĂ©active (RIE) en vue de relier des puces de semi-conducteur[50].

Composés

Outre les propriétés du silicium élémentaire, de nombreux composés du silicium possÚdent des applications. Parmi les plus connus :

  • la silice se trouve dans la nature sous forme compacte (galets, quartz filonien par exemple), ou sous forme de sable plus ou moins fin. On l'obtient aussi industriellement, sous forme pulvĂ©rulente (silice synthĂ©tique). Elle a de nombreux usages :
    • le verre est fabriquĂ© depuis des millĂ©naires en faisant fondre du sable principalement composĂ© de SiO2 avec du carbonate de calcium CaCO3 et du carbonate de sodium Na2CO3. Le verre peut ĂȘtre amĂ©liorĂ© par diffĂ©rents additifs,
    • le sable de silice est un des composants des cĂ©ramiques,
    • le quartz forme de superbes cristaux. Il est utilisĂ© comme matĂ©riau transparent, plus rĂ©sistant Ă  la chaleur que le verre (ampoule de lampes halogĂšnes). Il est Ă©galement beaucoup plus difficile Ă  fondre et Ă  travailler,
    • la silice intervient aux cĂŽtĂ©s du noir de carbone dans la fabrication des pneumatiques Ă©conomes en Ă©nergie (pneus « verts »),
    • la silice trĂšs fine est utilisĂ©e comme adjuvant pour les bĂ©tons Ă  haute performance ;
  • le ferrosilicium et le silico-calcium sont utilisĂ©s comme Ă©lĂ©ments d'addition dans l'Ă©laboration d'aciers ou de fontes ;
  • le carbure de silicium possĂšde une structure cristalline analogue Ă  celle du diamant ; sa duretĂ© en est trĂšs proche. Il est utilisĂ© comme abrasif ou sous forme cĂ©ramique dans les outils d'usinage ;
  • le silicate de calcium CaSiO3 est un des composants des ciments.

Datation

Le silicium 32 peut ĂȘtre utilisĂ© en datation radiomĂ©trique pour dĂ©terminer des Ăąges de l'ordre du siĂšcle[51].

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, TF-CRC, , 87e Ă©d. (ISBN 0849304873), p. 10-202
  4. (en) « Silicon », sur NIST/WebBook, consulté le 28 juin 2010
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  6. Fiche Sigma-Aldrich du composé Silicon powder, 99.9995% trace metals basis, consultée le 23 août 2018.
  7. « Silicium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  8. WebElements Periodic Table of the Elements — Silicon
  9. (en) Kröger, N., and E. Brunner. 2014. Complex-shaped microbial biominerals for nanotechnology: Complex-shaped microbial biominerals for nanotechnology. Wiley Interdiscip. Rev. Nanomed. Nanobiotechnol. 6: 615–627.
  10. Jean-Louis Vigne, « Silicium », sur lelementarium.fr, Société Chimique de France & France Chimie (consulté le )
  11. Dictionnaire Gaffiot Latin-Français 1934, entrée silex, p. 1442.
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Voir aussi

Bibliographie

  • Norman N. Greenwood et Alan Earnshaw, Chemistry of the Elements, Butterworth-Heinemann, (ISBN 978-0-08-037941-8). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Werner Zulehner, Bernd Neuer et Gerhard Rau, « Silicon », dans Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry, Weinheim, Wiley-VCH, (DOI 10.1002/14356007.a23_721). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

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