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PĂ©trologie

La pétrologie (ou « science des roches ») s'intéresse aux mécanismes (physiques, chimiques et biologiques) qui sont à l'origine de la formation et de la transformation des roches. Le spécialiste qui applique ou développe la pétrologie est un pétrologue.

Abondance des éléments dans la croûte terrestre supérieure en fonction de leur numéro atomique (éléments pétrogènes et éléments métallogènes).

La pétrologie, dans un sens plus large, inclut la pétrographie et la pétrogenèse ou lithogenèse (étude des processus pétrogénétiques ou lithogénétiques à l'origine des roches)[1].

De la pétrographie à la pétrologie

Les deux termes de pétrographie et de pétrologie reflètent surtout le développement historique de la science des roches : historiquement, la première discipline est la pétrographie qui depuis la fin du XVIIIe siècle décrit ces roches (en ce qui a trait aux structures, textures, compositions, etc.) et leurs relations avec l'environnement géologique, alors que la pétrologie est une science qui se développe au XXe siècle et se démarque de la première par sa démarche phénoménologique, en expliquant les processus pétrogénétiques à l'origine des roches. Ainsi la distinction entre pétrographie et pétrologie est-elle parfois considérée comme dépassée :

« […] le nouveau nom était un anglicisme, ou plutôt un américanisme, puisque le terme de « petrology » a été créé en 1902, pour qualifier la chaire attribuée à Joseph Paxon (1857-1920) par l'université de Chicago. En fait, cette différence entre description et interprétation […] est parfaitement spécieuse : tout scientifique cherche à interpréter ce qu'il a décrit, en fonction des connaissances de l'époque et des données dont il dispose. Mais, dans le cas présent, les deux noms, consacrés par l'usage, se justifient. »

— Jacques Touret, L'essor de la géologie française[2].

Depuis les années 1950, l'observation au microscope est complétée par des techniques d'analyse issues de la physique (microscope électronique à balayage, micro-sonde électronique ou l'analyseur en micro-fluorescence X…), de la géochimie (méthode de datation absolue des roches en géochronologie), de l'informatique (accroissement des capacités de calcul), ainsi que par les progrès de l'expérimentation (cellules à enclumes de diamant qui permettent d'atteindre de très hautes pressions et températures).

PĂ©trologie classique

Différents modes de formation des roches.

La pétrologie est classiquement l'étude des roches par l'observation sur le terrain et au microscope (optique ou électronique) et par l'analyse spectroscopique et chimique des roches elles-mêmes ou de leurs minéraux. Du fait de la nature des phénomènes impliqués, on peut parler non pas d'une mais de trois disciplines pétrologiques :

  • la pĂ©trologie magmatique (parfois aussi dĂ©nommĂ©e pĂ©trologie « cristalline ») s'intĂ©resse aux roches magmatiques, telles que les basaltes ou les granites. L'histoire de la formation d'une roche magmatique peut ĂŞtre très complexe : elle dĂ©bute par la genèse d'un magma (schĂ©matiquement, un liquide produit de la fusion de roches prĂ©existantes) et se poursuit par la cristallisation progressive de ce magma, Ă©tape pendant et après laquelle se dĂ©roulent maintes transformations chimiques. Par abus de langage, on restreint souvent l'usage du terme « pĂ©trologie » Ă  la seule pĂ©trologie magmatique ;
  • la pĂ©trologie sĂ©dimentaire (ou sĂ©dimentologie) s'intĂ©resse aux mĂ©canismes prĂ©sidant Ă  la formation des roches sĂ©dimentaires, telles que les calcaires ou les grès ;
  • la pĂ©trologie mĂ©tamorphique se donne pour objectif la comprĂ©hension des transformations qui conduisent Ă  la formation de roches mĂ©tamorphiques, telles que les schistes ou les gneiss. Ă€ l'origine simples roches magmatiques ou sĂ©dimentaires, ces roches ont connu, lors d'une pĂ©riode d'enfouissement Ă  grande profondeur dans la croĂ»te terrestre, les effets d'une longue exposition Ă  de fortes pressions et Ă  de hautes tempĂ©ratures. En vertu de quoi leur textures, leur minĂ©ralogie, leur chimie aussi, ont pu connaĂ®tre de profondes transformations.

Ces trois champs d'étude se distinguent nettement par les outils et méthodes qui s'y prêtent. Divers logiciels de systématisation et de simulation permettent une approche dynamique générale, mais les études de terrain sont variées. Globalement, les trois disciplines s'appuient sur des approches pétrographiques et puisent largement dans les outils, méthodes et concepts proposés par d'autres sciences (aux premiers rangs desquelles la chimie, la chimie organique, la physique, la physico-chimie et l'analyse numérique), et plus particulièrement des géosciences (géochimie, géodésie, géophysique, minéralogie).

Pétrologie expérimentale

La pétrologie expérimentale vise à reproduire au laboratoire les conditions de température et de pression que les minéraux, les roches ou leurs précurseurs (magmas, fluides hydrothermaux) ont subies à l'intérieur de la croûte ou du manteau terrestres. L'objectif est d'établir les propriétés d'équilibre des matériaux terrestres (voire extraterrestres) dans ces conditions, ainsi que la nature et la cinétique de leur évolution .

La pĂ©trologie expĂ©rimentale emploie des appareils permettant d'atteindre de hautes tempĂ©ratures (jusqu'Ă  un maximum de 3 700 °C environ) Ă  pression atmosphĂ©rique ou bien haute voire très haute pression (jusqu'Ă  600 GPa environ, soit six millions d'atmosphères). L'inconvĂ©nient est que, plus les conditions Ă  atteindre sont extrĂŞmes, plus la taille des Ă©chantillons doit ĂŞtre rĂ©duite : quelques cm3 dans les cas les plus favorables, moins d'un mm3 dans les conditions les plus extrĂŞmes. Les appareils employĂ©s sont typiquement des autoclaves, des pistons-cylindre (en) ou des cellules Ă  enclumes de diamant. Ce sont les travaux de pĂ©trologie expĂ©rimentale, dont le pionnier fut Norman Bowen (1887-1956), qui ont permis d'Ă©tablir les diagrammes de phases et les tables de donnĂ©es thermodynamiques (en) nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension des processus pĂ©trogĂ©nĂ©tiques (les mĂ©canismes responsables de la formation des roches).

Notes et références

  1. (en) G.W. Tyrrell, The Principles of Petrology. An Introduction to the Science of Rocks, Springer Science & Business Media, (lire en ligne), p. 2
  2. Jacques Touret, « De la pétrographie à la pétrologie », dans Jean Gaudant, L'essor de la géologie française, Presses des Mines, (lire en ligne), p. 172.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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