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Calcaire

Les calcaires sont des roches sédimentaires, tout comme les grÚs ou les gypses, facilement solubles dans l'eau (voir karst), composées majoritairement de carbonate de calcium CaCO3, mais aussi de carbonate de magnésium MgCO3. Ces roches carbonatées ont une grande importance du point de vue géologique et économique.

Calcaire perforé, Prådena de la Sierra, Ségovie, Espagne.
La lecture du paysage révÚle les différentes formations géologiques qui s'expriment par leurs morphologies : les calcaires, roches cohérentes, forment ici des falaises abruptes qui, à l'affleurement, présentent des strates plus ou moins épaisses et déformées. Les niveaux plus tendres donnent des vires boisées au niveau desquelles les roches plus friables subissent une érosion mécanique qui se manifeste par un fort ravinement. La photo représente la Dent de Crolles et les Rochers du midi dans le Massif de la Chartreuse.
Blocs de calcaire bruts de sciage de carriĂšre.
Bloc de calcaire en région lyonnaise (Bloc erratique de Saint-Fons).

RĂ©partition

C'est en France, en Suisse et en Belgique, la roche la plus courante qui compose autant des montagnes (Alpes, Jura, Pyrénées) que des plaines (Champagne), bassins (Bassin parisien) ou des plateaux (Jura, Larzac, Poitou-Charentes). Le calcaire est reconnaissable par sa teinte blanche et généralement la présence de fossiles.

Carte de répartition mondiale des affleurements de roches carbonatées (calcaires et dolomies).

Formation

Il se forme par accumulation, principalement au fond des mers, mais parfois en milieu lacustre, à partir des coquillages et squelettes des micro-algues et animaux marins. Il se forme aussi par précipitation en milieu continental.

Précipitation du carbonate de calcium

Le carbonate de calcium se forme dans les milieux aquatiques (le plus souvent dans l'eau de mer). Il résulte de la précipitation d'ions dissous. Cette précipitation suit la réaction :

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Cette prĂ©cipitation est facilitĂ©e par les organismes Ă  coquille ou carapace (mollusques, oursins, coraux, algues planctoniques, etc.), par la respiration des ĂȘtres vivants, ou par le brusque dĂ©gazage des eaux.

Formation des roches calcaires

Les calcaires sont assez souvent fossilifĂšres.

Les calcaires peuvent se former en milieu continental (tufiÚre, stalactites, stalagmites), lacustre, ou (le plus souvent) en milieu océanique.

Il existe plusieurs modes de formation des roches calcaires, ou roches carbonatées :

  • par prĂ©cipitation (calcaire chimique) :
    • la lente sĂ©dimentation et/ou l'accumulation des Ă©lĂ©ments microscopiques obtenus par prĂ©cipitation (voir paragraphe prĂ©cĂ©dent), et leur consolidation par la diagenĂšse, aboutit Ă  la formation de la roche calcaire. Ces calcaires sont souvent fossilifĂšres,
    • le brusque dĂ©gazage d'une eau souterraine arrivant Ă  l'air libre (grotte, source) ou soumise au prĂ©lĂšvement par des vĂ©gĂ©taux du CO2, peut provoquer une prĂ©cipitation localisĂ©e produisant, selon les circonstances, des travertins, ou des stalactites et stalagmites. Ces calcaires formĂ©s en milieu continental sont rarement fossilifĂšres ;
  • par action des ĂȘtres vivants (calcaire biogĂšne). Ils peuvent rĂ©sulter d'une forte accumulation de coquilles ou de carapaces calcaires (intactes ou en dĂ©bris), comme la craie, le tuffeau, ou ĂȘtre bioconstruits (calcaire rĂ©cifal). Ils sont toujours fossilifĂšres ;
  • par Ă©rosion (calcaire dĂ©tritique), par exemple les brĂšches calcaires ou ophicalcite.

Caractéristiques physiques

Pour des usages dans le bĂątiment et les travaux publics, les caractĂ©ristiques mĂ©caniques des calcaires sont importantes, d'autant que trĂšs variables. Les calcaires peuvent ĂȘtre diffĂ©remment adaptĂ©s selon les usages auxquels ils sont destinĂ©s (il n'y a aucune commune mesure entre un marbre et une craie). On les soumet Ă  divers essais : la rĂ©sistance Ă  l'usure par frottement mesurĂ©e par l'essai Micro-Deval en prĂ©sence d'eau et l'essai de rĂ©sistance aux chocs (aptitude Ă  se casser) par l'essai Los Angeles[1]. Les pierres calcaires sont souvent de couleur blanche.

Caractéristiques chimiques

Le calcaire peut ĂȘtre identifiĂ© car il peut ĂȘtre attaquĂ© par les acides tels que l'acide chlorhydrique en solution, l'acide Ă©thanoĂŻque ou acĂ©tique contenu dans le vinaigre ou encore par l'acide tartrique (il forme alors du tartrate de calcium et du CO2). L'hydrogĂ©nocarbonate Ă©tant une base, il rĂ©agit avec l'acide chlorhydrique en solution selon l'Ă©quation :

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Composition minéralogique

Par dĂ©finition les roches carbonatĂ©es contiennent plus de 50 % de carbonates en poids. Les calcaires purs sont composĂ©s d'au moins 90 % de calcite. Les principaux autres constituants sont les minĂ©raux carbonatĂ©s de type aragonite « avec, dans les variĂ©tĂ©s impures, la dolomite et l'ankĂ©rite (dolomite ferreuse)
 Dans les types passant aux roches dĂ©tritiques, on trouve des Ă©lĂ©ments allogĂšnes non carbonatĂ©s : quartz, feldspaths, micas, argiles ; on peut trouver aussi des minĂ©raux authigĂšnes : feldspaths, glauconie, phosphates, minerais de fer[2] ».

La calcite est le polymorphe d'origine secondairement géologique du carbonate de calcium. Le polymorphe d'origine primairement biogénique est l'aragonite (exemple d'aragonite : le squelette des coraux hermatypiques).

Degré de pureté et couleurs

Au premier ordre, les microcristaux de calcite leur donnent une couleur blanche. Diverses impuretĂ©s peuvent nĂ©anmoins lui confĂ©rer des couleurs trĂšs diverses (teintes de jaune, gris, brun ou mĂȘme noir) : les argiles qui peuvent piĂ©ger des hydroxydes de fer et oxydes de fer selon le processus d'adsorption, donnant des teintes allant de l'ocre clair, au jaune jusqu'au rouge, suivant leur niveau d'oxydation et d'hydratation ; les oxydes de manganĂšse et les charbons de bois colorent les calcaires en noir. D'autres impuretĂ©s ont des effets antagonistes : certaines favorisent la dissolution de la calcite (Ă©lĂ©ments mĂ©talliques, chlorures), d'autres augmentent la rĂ©sistance Ă  sa dissolution (prĂ©sence de grains de quartz)[3].

« Les calcaires sont considérés comme impurs lorsqu'ils contiennent de 10 à 50 % de ces impuretés. Si cela dépasse 50 % on ne parle plus de calcaires (ou alors de calcaires gréseux, marneux, argileux, etc.) »[4].

Calcaire et eau

L'action d'un acide sur le calcaire conduit à la formation d'un dégagement de dioxyde de carbone. Cette réaction effervescente est utile au géologue qui peut, sur le terrain, reconnaßtre une roche calcaire ou au pédologue pour déterminer qu'une terre contient du calcaire libre ou actif. Cette effervescence est modélisée par la réaction acido-basique suivante (mise en évidence par le dégagement de bulle de dioxyde de carbone qui trouble l'eau de chaux)[5] :

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Cette transformation chimique est frĂ©quemment utilisĂ©e dans les cours et travaux pratiques de biologie, de gĂ©ologie ou de chimie pour mettre en Ă©vidence la dissolution de carbonate de calcium (expĂ©rience de l'Ɠuf cru qui rebondit[6], effervescence du calcaire, des coquillages, du corail et des Ă©cailles de moules, expĂ©rience du bĂąton de craie d'Ă©colier qui mousse)[7], la prĂ©sence de calcaire dans un sol[5].

La concentration en ions calcium (et magnésium) dans l'eau potable ou dureté s'exprime en « degré français ». Un degré correspond à 4 mg/l de Ca2+. Il n'y a pas de teneur maximum réglementaire.

La prĂ©sence de calcaire dans l'eau ne prĂ©sente pas d'inconvĂ©nient pour la santĂ© lorsqu'on la boit, en ce sens qu'il apporte une supplĂ©mentation en calcium et ne cause par ailleurs pas de dommage. Cependant, il a un effet nĂ©faste sur la peau, qu'il assĂšche, et constitue une source de complications (irritations, voire eczĂ©ma, psoriasis, etc.). De plus, une duretĂ© trop Ă©levĂ©e peut ĂȘtre source de dĂ©sagrĂ©ments Ă  l'usage (entartrage, difficultĂ© Ă  faire mousser le savon, linge rĂȘche). Il est possible de baisser cette duretĂ© de l'eau avec un adoucisseur d'eau ou une station de traitement de l'eau. Les eaux distribuĂ©es dans la plupart des rĂ©gions calcaires de France sont dans ce cas (Bassin parisien, Causses du Quercy, PrĂ©alpes, PiĂ©mont pyrĂ©nĂ©en).

Typologie

Les gĂ©ologues ont crĂ©Ă© des classifications fondĂ©es surtout sur la structure des roches carbonatĂ©es, ce qui nĂ©cessite souvent l’emploi du microscope, ou au moins d’une forte loupe. Ils utilisent aussi une nomenclature pratique fondĂ©e sur les caractĂšres les plus marquants[8] :

  • selon les proportions de calcite et de dolomite, la terminologie est la suivante : calcaire pur (100 % Ă  95 % de calcite, dolomite 5% maximum), calcaire magnĂ©sien (avec 5 Ă  10 % de dolomite), calcaire dolomitique (avec 10 Ă  50 % de dolomite) ;
  • selon les proportions de calcaire et d’argile : calcaire marneux (5 Ă  35 % d’argile), marne (35 Ă  65 % d’argile) ;
  • selon les milieux de dĂ©pĂŽt : calcaire marin (pĂ©lagique Ă  nĂ©ritique) et calcaire continental (calcaire lacustre, fluviatiles, croĂ»tes calcaires de certains sols. Selon le grain : calcaire Ă  grain fin ou trĂšs fin (micrite, calcaire microcristallin Ă  cristaux de 20 Â”m, calcaire lithographique ou sublithographique) ou calcaires Ă  grain plus grossier (calcaire cristallins, Ă  cristaux supĂ©rieurs Ă  64 ou 100 Â”m, en gĂ©nĂ©ral dus Ă  des recristallisations ; calcaires microgrenus Ă  cristaux de 100 Ă  250 Â”m ; calcaires saccharoĂŻdes, calcaires grenus) ;
  • selon les structures et les textures : calcaire massif ou litĂ©, calcaire oolitique, pisolitique, graveleux, noduleux, Ă  nodules ou Ă  accidents phosphatĂ©s, siliceux ;
  • selon l’importance des fossiles ou de leurs dĂ©bris : calcaire construit ou calcaire rĂ©cifal oĂč les organismes sont en position de vie (bioherme, biostrome), calcaires lumachellique et coquiller, calcaires biodĂ©tritique et bioclastique (biosparite, biomicrite), calcaire Ă  ammonites, etc. ;
  • selon la prĂ©sence de matĂ©riel terrigĂšne : calcaire sableux, silteux, argileux, avec passage progressif aux roches dĂ©tritiques calcaires (calcirudites, calcarĂ©nites).

Transformations

MĂ©tamorphisme

Calcaire mélangé

  • Le calcaire mĂ©langĂ© avec de l'argile donne de la marne.
  • La prĂ©sence de rognons, de bancs de silex et de chaille tĂ©moigne de la prĂ©cipitation de la silice dissoute dans l'eau de mer, qui est issue de la diagenĂšse des squelettes enfouis, lors de la formation du calcaire.
  • Le calcaire mĂ©langĂ© Ă  de la serpentine est une ophicalcite.

Chaux vive

Lorsque le calcaire est chauffĂ© aux environs de 900 °C dans des fours Ă  calcination (fours Ă  chaux), il prend l'apparence de pierres pulvĂ©rulentes en surface — chimiquement parlant de l'oxyde de calcium — appelĂ©es chaux vive. Cette chaux vive rĂ©agit vigoureusement avec l'eau pour produire la chaux Ă©teinte ou hydroxyde de calcium. Des suspensions de chaux dans l'eau (eau de chaux) rĂ©pandues sur les murs (chaulage) rĂ©absorbent le CO2 de l'air et les couvrent d'une couche de carbonate de calcium.

Érosion

  • L'Ă©rosion marine des affleurements de calcaires en Haute-Normandie donne des reliefs en creux (portes) et des aiguilles.
  • La dissolution des calcaires solides et massifs forme des surfaces aux modelĂ©s particuliers : les lapiaz.

Modelés karstiques

Selon le type de calcaire, celui-ci est plus ou moins résistant et plus ou moins soluble dans les eaux acides. Ces phénomÚnes de dissolution des calcaires, via circulation des fluides dans les diverses fractures et cassures, sont appelés phénomÚnes karstiques (grottes, dolines, pertes, aven, etc.). Le calcaire ainsi dissous peut se reprécipiter sous forme de stalactites et stalagmites dans les grottes.

Utilisations

Les roches de calcaires sont utilisées :

Dans la construction

  • comme matĂ©riau en sculpture (technique de la taille directe) ;
  • comme roche Ă  bĂątir utilisĂ©e dans la construction : par exemple, la pierre de Caen a servi Ă  Ă©difier de nombreux Ă©difices religieux au Moyen Âge ou tout simplement pour construire des maisons. Cet usage est Ă  prĂ©sent marginal dans la construction. La taille de pierre est un mĂ©tier de la restauration des monuments historiques ;
  • comme matĂ©riau d'empierrement de la voirie : macadam, graves calcaires, ballast, d'un usage trĂšs frĂ©quent ;
  • comme matiĂšre premiĂšre entrant dans la fabrication du ciment ;
  • comme sable et granulat dans la fabrication des bĂ©tons, plus rarement dans les enrobĂ©s bitumineux, pour les calcaires les plus durs ;
  • comme « blanc de Meudon », « blanc d'Espagne », de Toulouse, ou encore de Champagne (Troyes).

Dans l'industrie

  • pour produire du carbonate de sodium et du chlorure de calcium selon le procĂ©dĂ© Solvay, avec des consĂ©quences impressionnantes telles que les Plages Blanches de Toscane ;
  • comme charge minĂ©rale pulvĂ©rulente dans divers produits industriels (plastiques, peintures, colles, rĂ©currents, etc.) ;
  • comme fondant dans la fusion du verre (en sable) et dans la fusion des mĂ©taux ferreux (en castines) ;
  • comme amendement calcique agricole pour lutter contre l'acidification du sol ;
  • comme apport de calcium, dans l'alimentation des animaux d'Ă©levage ;
  • comme couche de finition du papier (une tonne de papier contient 250 Ă  300 kg de calcaire) ;
  • comme traitement des eaux, boues, et dĂ©chets mĂ©nagers.

Un m3 d'eau potable demande de 50 Ă  200 g de chaux afin de prĂ©cipiter les mĂ©taux lourds et les boues.

Dans la décoration d'intérieur

  • pour crĂ©er des bas-reliefs selon la technique d'incrustation sur moulage[9], comme aux Fontaines PĂ©trifiantes de Saint-Nectaire[10] ;
  • pour cristalliser des objets (faire recouvrir ces objets de calcaire) Ă  l'aide de sources thermo-minĂ©rales ;
  • pour reproduire tout objet, Ă  l'aide d'un moulage, grĂące Ă  des Ă©chelles de pĂ©trification, outil utilisĂ© par Jean Serre Ă  Saint-Nectaire ou encore par De Vigni Ă  Bagni San Filippo, en Italie[11].

Production en France

Il s'agit :

  • des granulats calcaires de carriĂšres : 101 700 000 t en 2004[12] ;
  • des calcaires industriels : 3 170 800 t en 2005[12] ;
  • des amendements calciques : 1 400 000 t en 2003[13] ;
  • du blanc de Meudon et du blanc d'Espagne (calcaire rĂ©duit en poudre fine habituellement de 40 Â”m).

Le calcaire calciné produit de la chaux dont les usages sont multiples.

Calendrier républicain

Notes et références

  1. MĂ©canique des roches et des sols, sur u-picardie.fr.
  2. André Vatan, Manuel de sédimentologie, éditions Technip, (lire en ligne), p. 233-234.
  3. Jean-Noël Salomon, Précis de karstologie, Presses universitaires de Bordeaux, (lire en ligne), p. 21-22.
  4. Jean-Noël Salomon, op. cit., p. 21.
  5. G. Lannoy, Mon grand livre d'expériences, Chantecler, , p. 84.
  6. « Comment un Ɠuf cru peut-il rebondir ? », sur wikidebrouillard.org, .
  7. L'expérience consiste à placer le coquillage, le corail, les écailles de moules ou la craie dans un verre rempli de vinaigre. Tous ces objets dégagent du CO2 qui « trouble l'eau de chaux ».
  8. Alain Foucault et Jean-François Raoult, Dictionnaire de géologie, Masson, , p. 49.
  9. « Incrustations sur moulage — Fontaines PĂ©trifiantes de Saint Nectaire », sur fontaines-petrifiantes.fr (consultĂ© le ).
  10. « À la dĂ©couverte des fontaines pĂ©trifiantes de Saint-Nectaire », sur LCI (consultĂ© le ).
  11. « La Toscane, paradis thermal », sur voyages.michelin.fr, (consulté le ).
  12. Unicem.
  13. Association nationale professionnelle des engrais et des amendements (ANPEA).
  14. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait Ă  la Convention nationale dans la sĂ©ance du 3 du second mois de la seconde annĂ©e de la RĂ©publique Française, p. 22.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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