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Diagenèse

La diagenèse, ou diagénèse, désigne l'ensemble des processus physico-chimiques et biochimiques par lesquels les dépôts de sédiments meubles sont transformés en roches sédimentaires. Ces transformations ont généralement lieu à faible profondeur, donc dans des conditions de pression et de température peu élevées et où les interactions eaux-roches jouent un rôle tout à fait prépondérant dans les processus d'induration. Ces transformations engagent des processus variés, notamment : compaction, déshydratation, dissolution, cimentation, épigénisation, métasomatose.

Les sédiments sont généralement d'origine détritique (débris d'anciennes roches), mais ils peuvent également comporter, en plus ou moins grandes quantités, des restes d'organismes et de fossiles (le plus souvent microscopiques) et des minéraux apparus par transformations chimiques. Selon le pourcentage de chacun de ces divers éléments, on distingue donc trois types de roches : roches détritiques, roches biochimiques et roches chimiques. Les sédiments sont généralement meubles et riches en eau. La diagenèse consiste en leur transformation chimique, biochimique et physique en roches sédimentaires compactes. Cette transformation se fait en plusieurs étapes, plus ou moins respectées selon la nature du sédiment :

Différents modes de formation des roches.
Cycle virtuel émersif « shallowing upward sequence » de la plate-forme carbonatée du Lias moyen Haut Atlas, Maroc. Au sommet du cycle métrique on observe une cimentation en milieu vadose.
Ciment stalactite dans la zone supratidale d'une sĂ©quence mĂ©trique Ă©mersive en milieu vadose. Lias moyen du Haut Atlas, Maroc. Lame mince, L = 0,3 mm.

En surface on assiste Ă  :

  • l'action des ĂŞtres vivants : les animaux fouisseurs favorisent le mĂ©lange des sĂ©diments fins, et les protozoaires et bactĂ©ries[1] interviennent dans la dolomitisation, la formation des phosphates, de la pyrite, du pĂ©trole, des charbons ; les algues, les cyanophycĂ©es et certaines bactĂ©ries encroutantes ou certaines mousses (bryophytes) favorisent la cristallisation de carbonates en solution sursaturĂ©e pour former les travertins ; le rĂ´le des ĂŞtres vivants est donc loin d'ĂŞtre nĂ©gligeable dans la diagenèse ;
  • la pĂ©dogenèse (naissance des sols), qui intervient dans la formation de roches meubles (argile Ă  silex, latĂ©rites) et de roches dures (grès, meulières) ; par exemple, la silice dissoute sous climat humide peut cimenter les sables en grès lors des saisons plus sèches ;
  • la dissolution, qui concerne les sĂ©diments Ă©mergĂ©s : les parties superficielles du sĂ©diment sont dissoutes par action de l'eau et entraĂ®nĂ©es en profondeur (poupĂ©es du lĹ“ss) ;
  • la dĂ©shydratation : lorsqu'un sĂ©diment aquatique est assĂ©chĂ©, il y a durcissement et modification de ses propriĂ©tĂ©s physiques ;
  • la cimentation prĂ©coce, Ă  la surface de la zone supratidale ou cĂ´tière, dans le cas d'une plate-forme « bahamienne », comme la vaste plate-forme carbonatĂ©e ancienne du Lias moyen au Maroc (Haut Atlas, Moyen Atlas, rides sud rifaines etc.) soit env. 200 x 300 km[2]. La plate-forme carbonatĂ©e s'Ă©tend en AlgĂ©rie et en Tunisie jusqu'en Oman, le long de la marge sud-tĂ©thysienne. Un bon exemple actuel de sĂ©dimentation et de diagenèse est donnĂ© par les dĂ©pĂ´ts cĂ´tiers (de marĂ©e et de tempĂŞtes) platiers et « chotts » (sĂ©dimentaton cyclique) du fond du golfe de Gabès en Tunisie[3].

Ă€ faible profondeur ont lieu :

  • la cimentation : les Ă©lĂ©ments dissous par l'eau peuvent, en prĂ©cipitant, cimenter les particules de sĂ©diment entre elles ; on parle aussi de lithification ;
  • le concrĂ©tionnement : les concrĂ©tions sont des accumulations de minĂ©raux particuliers qui ont lieu au cours du dĂ©pĂ´t sĂ©dimentaire, ou ultĂ©rieurement ; selon leur forme, elles portent plusieurs noms : les sphĂ©rolites, les nodules, les gĂ©odes, les septarias ;
  • l'Ă©pigĂ©nisation et la mĂ©tasomatose : l'Ă©pigĂ©nisation correspond Ă  la transformation d'un minĂ©ral prĂ©existant en un autre de mĂŞme composition ; il s'agit souvent d'un changement dans la structure du minĂ©ral : par exemple, l'aragonite, contenue gĂ©nĂ©ralement dans des restes calcaires d'organismes, se transforme en calcite ; la mĂ©tasomatose a lieu Ă  plus grande Ă©chelle et correspond Ă  la substitution d'un minĂ©ral par un autre sans changement de volume : par exemple, le carbonate calcique (CaCO3) est parfois remplacĂ© par du sulfate de fer (ammonites pyriteuses) ;
  • la compaction : sous l'effet de la pression des sĂ©diments sus-jacents il y a dĂ©part d'eau ; dans un premier temps, l'eau tend Ă  fuir en grande quantitĂ© sous l'effet de la charge supportĂ©e ; dans un second temps, ce sont les grains qui se rĂ©arrangent de façon Ă  supporter cette charge, et il y a tassement.

Une classification de la diagenèse

  • L’éogĂ©nèse est aussi appelĂ©e diagĂ©nèse prĂ©coce. Les fluides agissant dans ce domaine sont en contact avec la surface et avec le CO² atmosphĂ©rique. Il peut s’agir de fluides de type mĂ©tĂ©orique ou de fluides de type marin. Ici la chimie des fluides interstitiels est directement contrĂ´lĂ©e par l’environnement de surface.
  • La mĂ©sogĂ©nèse, ou diagĂ©nèse d’enfouissement. Le domaine de l’enfouissement dĂ©bute lorsque les eaux porales ne sont plus en relation avec le milieu extĂ©rieur (marin ou continental). La chimie des fluides interstitiels est contrĂ´lĂ©e par les rĂ©actions chimiques de prĂ©cipitation ou de dissolution au sein de l’encaissant. En gĂ©nĂ©ral, il est considĂ©rĂ© que la limite entre l’éogĂ©nèse et la mĂ©sogĂ©nèse est situĂ©e environ vers la profondeur de 1 Ă  2 km et autour d'une tempĂ©rature de 30 Ă  70 °C (Morad et al. 2000). Les effets de la diagĂ©nèse d’enfouissement sont progressifs et non brutaux. Pour cette raison, il est difficile de relier prĂ©cisĂ©ment un processus diagĂ©nĂ©tique Ă  une profondeur.
  • La tĂ©logĂ©nèse est enfin la diagĂ©nèse liĂ©e Ă  l’exhumation des roches. On identifie la limite de la tĂ©logĂ©nèse lorsque les roches sont de nouveau en contact avec des eaux de surface.

Galerie

  • Pisolithes vadoses ferrugineux (ancien sol) et birdseyes dans un sĂ©diment cĂ´tier, diagenèse aĂ©rienne. Lias moyen (Carixien) du Haut Atlas.
    Pisolithes vadoses ferrugineux (ancien sol) et birdseyes dans un sédiment côtier, diagenèse aérienne. Lias moyen (Carixien) du Haut Atlas.
  • Ciment menisque et « point contact », cimentation prĂ©coce superficielle dans un sable Ă  foraminifères dĂ©placĂ©s par les courants de marĂ©e ou les tempĂŞtes sur le platier supratidal. Sommet de sĂ©quence Ă©mersive, Lias moyen du Moyen Atlas. Lame mince, L = 1 mm.
    Ciment menisque et « point contact », cimentation précoce superficielle dans un sable à foraminifères déplacés par les courants de marée ou les tempêtes sur le platier supratidal. Sommet de séquence émersive, Lias moyen du Moyen Atlas. Lame mince, L = mm.
  • Calcrètes (croĂ»te calcaire « stalagmitique » formĂ©e en milieu vadose) remaniĂ©es dans un niveau de tempĂŞtes ; sommet de cycle Ă©mersif. Lias moyen, Haut Atlas. Lame mince.
    Calcrètes (croûte calcaire « stalagmitique » formée en milieu vadose) remaniées dans un niveau de tempêtes ; sommet de cycle émersif. Lias moyen, Haut Atlas. Lame mince.
  • Calcrètes (concrĂ©tions « stalagmitiques ») dans une cavitĂ© horizontale. SĂ©diment cĂ´tier avec keystone vugs, diagenèse aĂ©rienne, vadose. Lias moyen (Carixien) du Haut Atlas.
    Calcrètes (concrétions « stalagmitiques ») dans une cavité horizontale. Sédiment côtier avec keystone vugs, diagenèse aérienne, vadose. Lias moyen (Carixien) du Haut Atlas.
  • Structure en teepee due Ă  l'augmentaton de volume du sĂ©diment superficiel, Ă  la suite d'une cristallisation (dolomitisation) en milieu aĂ©rien. Sommet de sĂ©quence mĂ©trique, Lias moyen, Haut Atlas.
    Structure en teepee due à l'augmentaton de volume du sédiment superficiel, à la suite d'une cristallisation (dolomitisation) en milieu aérien. Sommet de séquence métrique, Lias moyen, Haut Atlas.
  • Structures en "teepee" actuelles (diagenèse prĂ©coce) dans un lac salĂ© "chott" de Tunisie.
    Structures en "teepee" actuelles (diagenèse précoce) dans un lac salé "chott" de Tunisie.

Références

  1. J.-P. Adolphe et C. Billy, « Biosynthèse de la calcite par une association bactérienne aérobie », Comptes-rendus de l'Académie des sciences de Paris, no 278,‎ , p. 2873-2875.
  2. M. Septfontaine, « Milieux de dépôts et foraminifères (lituolidés) de la plate-forme carbonatée du Lias moyen au Maroc », Rev. de Micropal., Paris, vol. 28, no 4,‎ , p. 265-289.
  3. (en) E. Davaud et M. Septfontaine, « Post-mortem onshore transportation of epiphytic foraminifera: recent example from the Tunisian coastline », Jour. Sediment. Research, vol. 65, no 1A,‎ , p. 136-142.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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