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Concrétion

Une concrĂ©tion (du latin concrescere, « devenir solide ») est l'Ă©paississement par accumulation de matiĂšre, souvent en couches successives, autour d'un noyau (concrĂ©tion globuleuse, nodules) ou sur une surface rocheuse (encroĂ»tements, revĂȘtements), ou Ă  partir d'un point d'Ă©coulement d'eau (concrĂ©tions en milieu karstique), d'origine biochimique (par exemple la concrĂ©tion algaire) ou chimique (par exemple la concrĂ©tion ferrugineuse ou la concrĂ©tion calcaire dans les grottes). Le concrĂ©tionnement est le processus aboutissant aux concrĂ©tions.

PoupĂ©e du lƓss : concrĂ©tion calcaire dans le lƓss (localisation : Geispolsheim).

Concrétions en milieu karstique

Les concrĂ©tions (stalactites, stalagmites, planchers stalagmitiques, draperies, etc.) au sein d'un massif calcaire se forment par le processus de concrĂ©tionnement. L'eau, chargĂ©e de dioxyde de carbone par les Ă©lĂ©ments issus du sol[1], dissout le calcaire des roches qu'elle traverse[2] et en arrivant au contact de l'air, plus chaud, des cavitĂ©s elle dĂ©pose la calcite transportĂ©e. Celle-ci s'accumule pour former des concrĂ©tions regroupĂ©es sous le nom de spĂ©lĂ©othĂšme. Ce sont les mĂȘmes rĂ©actions chimiques qui Ă©laborent les galeries, les salles et ces spĂ©lĂ©othĂšmes.

Le processus de la dissolution du calcaire peut s'exprimer de la façon suivante[3] :

CaCO3 → Ca2+ + CO32−

Le processus de la dissolution du dioxyde de carbone dans l'eau donne de l'acide carbonique qui se dissocie en ions bicarbonates et hydrogĂšne :

H2O + CO2 → H2CO3 → H+ + HCO3−

En pH acide, les ions hydrogĂšne attaquent les ions carbonates

H+ + CO32− → HCO3−

Le processus entier se résume ainsi :

CaCO3 + H2O + CO2 → Ca2+ + 2 HCO3−

Lorsque l'eau chargée en ions calcium et bicarbonates atteint la grotte ou pénÚtre dans un vide karstique, se produit un dégazage de CO2 dû à une pression partielle en CO2 moindre (par rapport à celle du sol). Sous l'effet de ce changement de pression, et surtout de la baisse de température, la réaction inverse a lieu, à l'origine de la précipitation du carbonate de calcium selon la réaction suivante :

Ca2+ + 2 HCO3− → CaCO3 + H2O + CO2

C'est le naturaliste Buffon qui décrit le premier le rÎle du gaz carbonique dans la formation des concrétions, en réalisant deux excursions aux grottes d'Arcy-sur-Cure mais sa théorie sur la formation des stalactites fait rapidement l'objet de controverses[4].

Les principales variables de ces réactions sont « la pression partielle en gaz carbonique, l'épaisseur du film d'eau, la température et la concentration en carbonates. Quant au moteur des processus physiques de la cristallisation (formation des cristaux), c'est essentiellement le gradient de gaz carbonique (taux de variation) qui est primordial : il fait intervenir différents mécanismes comme la sursaturation, l'évaporation et la nucléation (apparition de cristaux) avec souvent la présence d'impuretés[5] ».

Concrétions dans le sol

Il existe de nombreuses concrĂ©tions dans le sol : calcaire (poupĂ©e de lƓss)[6], le plus souvent calcaire mais parfois ferrugineuse (pisolite (en), oolithe)[7].


Dans le sable siliceux de la forĂȘt de Fontainebleau, des concrĂ©tions grĂ©seuses aux formes Ă©tranges, appelĂ©es gogottes, peuvent se former[8].

Galerie

Notes et références

  1. Plus la pression partielle en dioxyde de carbone contenu dans l'eau est élevée, plus l'agressivité de l'eau (acidité) est importante. Si le gaz carbonique est dans l'atmosphÚre à des concentrations de l'ordre de 0,03 % par volume, sa concentration dans les sols est bien supérieure (2 % et pouvant atteindre 10 %). Ces fortes concentrations résultent de la respiration des racines des plantes et des micro-organismes du sol, enfin et surtout à la minéralisation de matiÚre. L'eau qui percole au travers du sol s'enrichit ainsi en CO2 (les eaux minérales naturelles gazeuses contiennent notamment ce gaz). Les karstologues parlent d' « agressivité » de l'eau, sa capacité à pouvoir dissoudre du carbonate de calcium étant liée à sa plus ou moins grande acidité.
  2. Cette dissolution peut s'observer en plaçant une roche calcaire dans une eau gazeuse.
  3. Jean-Noël Salomon, Précis de karstologie, Presses universitaires de Bordeaux, (lire en ligne), p. 34.
  4. Vincent Biot, « Les cavitĂ©s naturelles - Du fond du gouffre Ă  la reconnaissance patrimoniale », GĂ©ographie et cultures, no 66 « Le patrimoine naturel entre culture et ressource »,‎ (DOI 10.4000/gc.3698, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Jean-François Hody, « Les plus belles concrĂ©tions de nos grottes et anciennes mines: un patrimoine minĂ©ral souvent mĂ©connu », L'Érable, no 2,‎ , p. 14.
  6. Alain Foucault, Jean-François Raoult,, Dictionnaire de Géologie, Dunod, , p. 280.
  7. Alain Foucault, Jean-François Raoult,, Dictionnaire de Géologie, Dunod, , p. 245 et 269.
  8. Pierre Thomas, Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon, « Les gogottes des Sables de Fontainebleau et d'ailleurs, de rares beautés naturelles qui ont séduit le Roi Soleil »,

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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