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Dioxyde de carbone

Le dioxyde de carbone, aussi appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un composé inorganique dont la formule chimique est CO2, la molécule ayant une structure linéaire de la forme O=C=O. Il se présente, sous les conditions normales de température et de pression, comme un gaz incolore, inodore, à la saveur piquante.

Dioxyde de carbone
Représentation en 2D du CO2Représentation en 3D du CO2
Structure du dioxyde de carbone.
Identification
Nom UICPA Dioxyde de carbone
Synonymes

Gaz carbonique, anhydride carbonique

No CAS 124-38-9
No ECHA 100.004.271
No CE 204-696-9
Code ATC V03AN02
PubChem 280
ChEBI 16526
No E E290
SMILES
InChI
Apparence Gaz comprimé liquéfié, incolore et inodore[1]
Propriétés chimiques
Formule CO2 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 44,009 5 ± 0,001 4 g/mol
C 27,29 %, O 72,71 %,
Propriétés physiques
T° fusion −78,48 °C (sublimation Ă  760 mmHg)[3]
T° Ă©bullition −56,6 °C (5,12 atm)[3]
Solubilité dans l'eau à 20 °C :
88 ml/100 ml[1] sous 1 bar de CO2, soit 1,69 g/kg d'eau (3,35 g Ă  0 °C, 0,973 g Ă  40 °C et 0,576 g Ă  60 °C)[4]
Masse volumique 1,87 kg m−3 (gaz Ă  15 °C 1,013 bar)
plus dense que l'air
Pression de vapeur saturante 5 720 kPa (20 °C)[1]

569,1 mmHg (−82 °C) ;
104,2 mmHg (−100 °C) et
10,5 mmHg (−120 °C)[3]

ViscositĂ© dynamique 0,07 mPa s Ă  −78 °C
Point critique 31,3 °C ; 72,9 atm et 0,464 g cm−3[3]
Point triple −56,6 °C Ă  5,11 atm[3]
ConductivitĂ© thermique 3,840 Ă— 10−5 cal cm−1 s−1 K−1
à 20 °C
Vitesse du son 259 m s−1 (0 °C,1 atm)[6]
Thermochimie
ΔfH0gaz −393,52 kJ mol−1[7]
Cp
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 13,773 Â± 0,002 eV (gaz)[9]
Cristallographie
Classe cristalline ou groupe d’espace P42/mnm
ParamĂštres de maille a = 3,535 Ă…

b = 3,535 Ă…
c = 4,140 Ă…
α = 90,00°
ÎČ = 90,00°
γ = 90,00°[10]

Volume 51,73 Ă…3[10]
Propriétés optiques
Indice de rĂ©fraction 1,000 45 (1 atm)
Précautions
SGH[11]
SGH04 : Gaz sous pressionSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Attention
H280, P403 et P410
SIMDUT[12]
A : Gaz comprimé
A,
Transport


[13]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le CO2 est utilisé par l'anabolisme des végétaux pour produire de la biomasse à travers la photosynthÚse, processus qui consiste à réduire le dioxyde de carbone par l'eau, grùce à l'énergie lumineuse reçue du Soleil et captée par la chlorophylle, en libérant de l'oxygÚne pour produire des oses, et en premier lieu du glucose par le cycle de Calvin. Le CO2 est libéré, à travers le cycle de Krebs, par le catabolisme des plantes, des animaux, des fungi (mycÚtes, ou champignons) et des micro-organismes. Ce catabolisme consiste notamment à oxyder les lipides et les glucides en eau et en dioxyde de carbone grùce à l'oxygÚne de l'air pour produire de l'énergie et du pouvoir réducteur, sous forme respectivement d'ATP et de NADH + H+. Le CO2 est par conséquent un élément fondamental du cycle du carbone sur notre planÚte. Il est également produit par la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le gaz naturel et le pétrole, ainsi que par celle de toutes les matiÚres organiques en général. C'est un sous-produit indésirable dans les processus industriels à grande échelle.

Des quantités significatives de CO2 sont par ailleurs rejetées par les volcans et autres phénomÚnes géothermiques tels que les geysers.

En janvier 2021, l'atmosphĂšre terrestre comportait 415,13 ppmv (parties par million en volume) de CO2, soit 0,04153 %. Cette teneur Ă©tait de 283,4 ppmv en 1839 d'aprĂšs des carottes de glace prĂ©levĂ©es dans l'Antarctique, soit une augmentation globale d'environ 46 % en 182 ans.

Le CO2 est un gaz Ă  effet de serre majeur, transparent en lumiĂšre visible mais absorbant dans le domaine infrarouge, de sorte qu'il tend Ă  bloquer la rĂ©Ă©mission vers l'espace de l'Ă©nergie thermique reçue au sol sous l'effet du rayonnement solaire. Il est responsable d'environ 26 % de l'effet de serre Ă  l'Ɠuvre dans l'atmosphĂšre terrestre (la vapeur d'eau en assurant 60 %) ; l'augmentation de sa concentration est en partie responsable du rĂ©chauffement climatique constatĂ© Ă  l'Ă©chelle de notre planĂšte depuis les derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle. Par ailleurs, l'acidification des ocĂ©ans rĂ©sultant de la dissolution du dioxyde de carbone atmosphĂ©rique pourrait compromettre la survie de nombreux organismes marins avant la fin du XXIe siĂšcle.

Caractéristiques physico-chimiques

À pression atmosphĂ©rique, il se sublime Ă  −78,5 °C[13] (passage de l'Ă©tat solide Ă  l'Ă©tat gazeux), mais ne fond pas (passage de l'Ă©tat solide Ă  l'Ă©tat liquide).

La phase liquide ne peut exister qu'Ă  une pression minimale de 519 kPa (soit 5,12 atm), et dans un intervalle de tempĂ©rature allant de −56,6 °C (point triple) Ă  31,1 °C au maximum Ă  7,38 MPa (soit 72,8 atm) (point critique).

Diagramme de phase pression-température du dioxyde de carbone, montrant le point triple et le point critique.
Structure cristalline de la « glace sÚche » : cubique à faces centrées.
Chaleurs latentes de transition d’état
TransitionTempératureChaleur latente
Vaporisation0 °C234,5 kJ kg−1
Vaporisation−16,7 °C276,8 kJ kg−1
Vaporisation−28,9 °C301,7 kJ kg−1
Fusion−56,6 °C199 kJ kg−1

Il existerait au moins cinq phases solides moléculaires (existant à « basse » pression, moins de 30 à 60 GPa) et trois phases solides polymériques (aux pressions plus élevées) du CO2[15] :

  • phases molĂ©culaires :
    • I : la « glace sĂšche », jusqu'Ă  800 K et 11-12 GPa
    • II : entre 400 et 5-600 K et une pression de 12 Ă  environ 50 GPa
    • III : au-delĂ  de 12 GPA et moins de 500 K
    • IV : au-delĂ  de 11 GPa et plus de 500 K
    • VII : de 600 Ă  900 K (jusqu'Ă  1000 K en incluant la partie supercritique) et 11 Ă  20 GPa
  • phases polymĂ©riques :
    • V : plus de 30 GPa et plus d'environ 1 300 K
    • VI : tempĂ©rature comprise entre environ 500 K et 1 300 K et pression supĂ©rieure Ă  de 30 (Ă  1300 K) Ă  50 GPa (Ă  500 K)
    • amorphe, Ă  moins de 500 K et plus de 50 GPa

Solubilité aqueuse

Le CO2 se dissout dans l’eau et y forme de l’acide carbonique H2CO3 : CO2 (aq) + H2O (l) H2CO3 (aq), avec Kh = [H2CO3] / [CO2] ≈ 1,70 Ă— 10−3 Ă  25 °C.

Il est Ă©galement liposoluble (soluble dans les corps gras).

L’acide carbonique n’est que modĂ©rĂ©ment stable et il se dĂ©compose facilement en H2O et CO2. En revanche, lorsque le dioxyde de carbone se dissout dans une solution aqueuse basique (soude, potasse
), la base dĂ©protone l’acide carbonique pour former un ion hydrogĂ©nocarbonate HCO–
3
, aussi appelĂ© ion bicarbonate, puis un ion carbonate CO2–
3
. De cette façon, la solubilité du CO2 est considérablement augmentée. Le carbonate de potassium K2CO3 a par exemple une solubilité de 1,12 kg/l d'eau à 20 °C.

C'est ainsi que le calcaire se dissout dans l'eau, dans la plage de pH dans laquelle l'hydrogénocarbonate acide est stable, en produisant une solution d'hydrogénocarbonate(s) (de calcium et de magnésium
). Il est donc susceptible de précipiter lorsque le CO2 dissous est dégazé, comme dans la formation des stalagmites et des stalactites. Le calcaire a ainsi, en présence de CO2, une solubilité qui diminue quand la température augmente, à l'instar des gaz et au contraire de la plupart des solides (dont la solubilité augmente généralement avec la température).

Dans certaines conditions (haute pression + basse tempĂ©rature) le CO2 peut ĂȘtre piĂ©gĂ© dans des cages d'eau dites clathrates[16] - [17] - [18]. C'est un des moyens possibles de sĂ©paration industrielle du CO2 contenu dans un gaz[19] en prĂ©- ou post-combustion[20]. C'est aussi un des moyens envisagĂ©s de sĂ©questration industrielle de CO2[21] - [22] ou de stockage gĂ©ologique Ă©tudiĂ©, Ă©ventuellement corrĂ©lativement Ă  la dĂ©salinisation d'eau de mer[23] - [24] (il peut thĂ©oriquement mĂȘme ĂȘtre substituĂ© Ă  l'hydrate de mĂ©thane)[25].

Historique des connaissances

Évolution des teneurs connues de CO2 de l'atmosphĂšre terrestre. Pour rendre ces variations plus visibles, l'Ă©chelle temporelle n'est pas linĂ©aire
La teneur en CO2 Ă  mi-hauteur de la troposphĂšre (ici en , environ 8 000 m au-dessus du niveau des mers) est influencĂ©e par les Ă©missions au sol et celles des avions, mais subit aussi les grands courants de circulation atmosphĂ©rique (source : NASA/Atmospheric Infrared Sounder).

Le dioxyde de carbone est l'un des premiers gaz (avec la vapeur d'eau) à avoir été décrit comme étant une substance distincte de l'air. Au XVIIe siÚcle, le chimiste et médecin flamand Jean-Baptiste Van Helmont observa qu'en brûlant du charbon de bois en vase clos, la masse des cendres résultantes est inférieure à celle du charbon. Son interprétation était que la masse manquante s'était transmutée en une substance invisible qu'il nomme « gas » ou spiritus sylvestre (« esprit sauvage »)[26].

Les propriétés du dioxyde de carbone furent étudiées plus en détail dans les années 1750 par le chimiste et physicien écossais Joseph Black. Il découvrit qu'en chauffant ou en versant un acide sur du calcaire (roche composée de carbonate de calcium), il en résultait l'émission d'un gaz, qu'il nomma « air fixe », mettant à mal la théorie du phlogiston encore enseignée à cette époque. Il observa que celui-ci est plus dense que l'air et qu'il ne peut ni entretenir une flamme, ni la vie d'un animal. Black découvrit également que lorsque le dioxyde de carbone est introduit dans une solution calcaire (hydroxyde de calcium), il en résulte un précipité de carbonate de calcium. Il utilisa ce phénomÚne pour illustrer le fait que le dioxyde de carbone est produit par la respiration animale et la fermentation microbienne[27].

En 1772, le chimiste anglais Joseph Priestley publia un ouvrage intitulé Impregnating Water with Fixed Air dans lequel il décrivit un processus consistant à verser de l'acide sulfurique (ou « huile de vitriol » comme on la nommait à cette époque) sur de la craie afin de produire du dioxyde de carbone, puis forçant le gaz à se dissoudre dans un bol d'eau. Il venait d'« inventer » l'eau gazeuse[28]. Le procédé est ensuite repris par Johann Jacob Schweppe qui fonda, en 1790, à Londres une usine de production de soda connue sous le nom de Schweppes.

En 1781, le chimiste français Antoine Lavoisier mit en évidence le fait que ce gaz est le produit de la combustion du carbone avec le dioxygÚne.

Le dioxyde de carbone fut liquéfié pour la premiÚre fois en 1823 par Humphry Davy et Michael Faraday[29]. La premiÚre description du dioxyde de carbone en phase solide fut écrite par Adrien Thilorier, qui en 1834 ouvrit un container pressurisé de gaz carbonique liquéfié et découvrit que le refroidissement produit par la rapide évaporation du liquide générait de la « neige » de CO2[30] - [31].

Utilisations

Le dioxyde de carbone est commercialisé sous différentes formes pour des usages variés, dans un marché dominé par des grandes entreprises comme Messer, Air liquide et Air Products[32]. Pour l'industrie agro-alimentaire, la norme de référence en Europe est éditée par l'European Industrial Gases Association (de) (association européenne des gaz industriels)[33]. En France, elle représente 70 % de la consommation[32].

L'Agence internationale de l'Ă©nergie a publiĂ© en septembre 2019 un rapport sur les utilisations du CO2, qu'il Ă©value Ă  230 Mt/an, dont 130 Mt/an pour la fabrication d'engrais et 80 Mt/an pour la rĂ©cupĂ©ration assistĂ©e de pĂ©trole et de gaz naturel. L'objectif de ce rapport est d'Ă©valuer leur potentiel de contribution Ă  la compensation des Ă©missions de CO2. Il conclut que ce potentiel est faible Ă  court terme, et restera Ă  long terme trĂšs infĂ©rieur Ă  celui de la capture et sĂ©questration du dioxyde de carbone ; les pistes les plus prometteuses sont les utilisations dans les matĂ©riaux de construction, dans la fabrication de polymĂšres et dans les serres[34].

Sous forme gazeuse

Le CO2 a de nombreuses utilisations, dont :

  • l’extinction des feux : beaucoup de centres de donnĂ©es (salles de serveurs d’ordinateurs) ou de salles d'archives sont Ă©quipĂ©s d’un systĂšme qui, en cas d’incendie, remplit la salle de CO2 ce qui a pour effet d’éteindre le feu ;
  • composant pĂ©tillant dans les boissons gazeuses ;
  • en aquariophilie et culture sous serre pour une meilleure croissance des plantes ;
  • en emballages Ă  atmosphĂšre contrĂŽlĂ©e comme Ă©lĂ©ment neutralisant ;
  • en distribution d’eau potable, associĂ© au carbonate, pour relever la duretĂ© de l'eau (TH) des eaux trop agressives ;
  • solubilisation du calcaire dans les eaux dures (TH supĂ©rieur Ă  25 °F) ;
  • les pompes Ă  biĂšre : en Ă©tant en contact avec la surface de la biĂšre, il Ă©vite son oxydation et prolonge sa conservation, contrairement Ă  un compresseur utilisant de l'air (ambiant) ;
  • on se sert aussi parfois du CO2 dans les grands abattoirs de porcs afin de les insensibiliser avant de les saigner ; il a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la conservation de la viande ;
  • composant nĂ©cessaire au phĂ©nomĂšne de photosynthĂšse qui permet aux vĂ©gĂ©taux de croĂźtre en transformant les matiĂšres inorganiques en matiĂšres organiques constituant ainsi leur bois[35] ;
  • fluide caloporteur dans certains types de rĂ©acteurs nuclĂ©aires tels que ceux de la filiĂšre UNGG en France ;
  • il est utilisĂ© de par sa diffusibilitĂ© (aptitude Ă  se diffuser) pour la crĂ©ation du pneumopĂ©ritoine lors des cƓlioscopies.

Sous forme liquide

Sous forme liquide, il est utilisé comme :

  • rĂ©frigĂ©rant pour congeler certains aliments ;
  • rĂ©frigĂ©rant dans l’industrie Ă©lectronique ;
  • agent d’extinction dans les extincteurs dits « au dioxyde de carbone », on parle parfois de neige carbonique parce qu'une partie du CO2 liquide se solidifie immĂ©diatement Ă  la sortie de l’extincteur en produisant une poudre blanche en mĂ©lange avec du dioxyde de carbone gazeux ;
  • agent propulseur (et parfois Ă©galement carbonatant) pour les boissons servies Ă  la pression.

Quand il est utilisé comme fluide frigorigÚne, le CO2 porte la dénomination de nomenclature industrielle « R744 ». Son utilisation comme fluide frigorigÚne tend à se démocratiser ces derniÚres années : il est considéré comme « frigorigÚne naturel », et son potentiel de réchauffement global est trÚs faible comparé aux fluides frigorigÚnes « traditionnels ».

À pression atmosphĂ©rique, le dioxyde de carbone n’est jamais sous forme liquide. Il passe directement de la forme solide Ă  la forme gazeuse (sublimation).

Sous forme solide

BĂątonnets de glace carbonique se sublimant Ă  l'air.

Le dioxyde de carbone sous forme solide a de nombreuses appellations : « glace carbonique », « neige carbonique », « Carboglace »[36], « glace sÚche ». Il est issu de la solidification du CO2 liquide. On obtient de la neige carbonique qui est ensuite comprimée pour obtenir de la glace carbonique.

Dans sa phase solide, cette glace carbonique se sublime en ne laissant aucun rĂ©sidu, avec une enthalpie de sublimation de 573 kJ kg−1[37] (soit 25,2 kJ mol−1), Ă  −78,5 °C et Ă  1 atm. On lui a donc rapidement trouvĂ© de multiples utilisations en tant que rĂ©frigĂ©rant.

Il est commercialisé sous différentes présentations selon son usage :

  • en granules (de la taille d'un grain de riz de mm de diamĂštre) : essentiellement pour le nettoyage et le dĂ©capage cryogĂ©nique ;
  • en bĂątonnets (d'une longueur d'environ 16 mm) :
    • pour la conservation, le transport des produits sous tempĂ©rature dirigĂ©e (produits pharmaceutiques, transport de surgelĂ©s, transport d'Ă©chantillons, etc.),
    • dans l'Ă©vĂšnementiel : la glace carbonique dans l'eau forme un brouillard trĂšs dense qui glisse le long des parois du contenant ;
  • pour la recherche fondamentale ou appliquĂ©e, par exemple :
    • en chimie, comme rĂ©frigĂ©rant en mĂ©lange avec un solvant organique (le plus souvent l'acĂ©tone) afin de mieux conduire la chaleur, plus rarement comme rĂ©actif. Dans ce domaine, on utilise le terme de « Carboglace » en France, ou juste « carbo » dans le langage parlĂ©, et jamais le terme « glace sĂšche » qui est par contre privilĂ©giĂ© au QuĂ©bec ;
  • pour la vinification : il ralentit la fermentation et Ă©vite l'oxydation ;
  • en plaquette ou en blocs :
    • pour le ravitaillement aĂ©rien (catering), les traiteurs, les pompes funĂšbres, etc. ;
  • en pains :
    • pour faire du brouillard Ă©pais (effets spĂ©ciaux, cinĂ©ma, vidĂ©o).

Le dioxyde de carbone solide est Ă©galement prĂ©sent sous forme de neige carbonique aux pĂŽles de la planĂšte Mars, oĂč il couvre pendant l'hiver local les calottes glaciaires (composĂ©es d'eau trĂšs majoritairement) et leurs pĂ©riphĂ©ries, ainsi que sous forme de givre carbonique Ă  plus basse latitude, en fin de nuit au dĂ©but des printemps locaux (photographies prises par les atterrisseurs Viking, le rover Sojourner, l’atterrisseur Phoenix, et de nombreuses images HRSC). Des dĂ©pĂŽts importants en sont gĂ©ologiquement sĂ©questrĂ©s au pĂŽle sud[38].

En phase supercritique

Au-delà de son point critique, le dioxyde de carbone entre dans une phase appelée supercritique. La courbe d'équilibre liquide-gaz est interrompue au niveau du point critique, assurant à la phase supercritique un continuum des propriétés physico-chimiques sans changement de phase. C'est une phase aussi dense qu'un liquide mais assurant des propriétés de transport (viscosité, diffusion) proches de celles d'un gaz. Le dioxyde de carbone supercritique est utilisé comme solvant vert, les extraits étant exempts de trace de solvant.

Sous cette forme, il sert comme :

Sous-produit de processus industriels

C'est un sous-produit de processus industriels à grande échelle. Un exemple est la production d'acide acrylique qui est produit dans une quantité de plus de cinq millions de tonnes par an. Le défi dans le développement de ces procédés est de trouver un catalyseur et des conditions de procédé appropriés qui maximisent la formation du produit et minimisent la production de CO2[39] - [40] - [41] - [42].

Réactivité

Le dioxyde de carbone est une molĂ©cule trĂšs stable, avec une enthalpie standard de formation de −393,52 kJ mol−1. Le carbone prĂ©sente une charge partielle positive, ce qui rend la molĂ©cule faiblement Ă©lectrophile. Par exemple, un carbanion peut rĂ©aliser une addition nuclĂ©ophile sur le CO2 et former un acide carboxylique aprĂšs hydrolyse. Par ailleurs, le CO2 peut ĂȘtre utilisĂ© pour former des carbonates organiques, par addition sur des Ă©poxydes.

Enfin, le CO2 peut ĂȘtre rĂ©duit, par exemple en monoxyde de carbone, acide formique, formaldĂ©hyde, mĂ©thanol ou methane[43]. La rĂ©action implique un rĂ©ducteur - dihydrogĂšne, Ă©lectrons ou hydrures - et le plus souvent un catalyseur mĂ©tallique[43] - [44]. IdĂ©alement, ces catalyseurs doivent ĂȘtre sĂ©lectifs pour la rĂ©duction du CO2 en un produit unique. Le cuivre et le platine sont des catalyseurs hĂ©tĂ©rogĂšnes efficaces pour l’hydrogĂ©nation du CO2 en mĂ©thanol. Quand les Ă©lectrons sont apportĂ©s Ă  un catalyseur molĂ©culaire par une Ă©lectrode, on cherche Ă  identifier des catalyseurs qui minimisent la surtension nĂ©cessaire Ă  la rĂ©action, et Ă  Ă©viter la production compĂ©titive d'hydrogĂšne. Des porphyrines de fer peuvent ĂȘtre utilisĂ©e pour rĂ©duire le CO2 en CO[45]. Des systĂšmes molĂ©culaires artificiels permettent de mimer la photosynthĂšse en couplant l'absorption de lumiĂšre Ă  un transfert d'Ă©lectrons vers un catalyseur de rĂ©duction du CO2[46] - [47]. Certaines mĂ©talloenzymes (CO-dĂ©shydrogenase, formate dĂ©shydrogĂ©nase) utilisent des cofacteurs Ă  base de nickel, fer ou molybdĂšne pour catalyser sĂ©lectivement, rapidement et presque sans surtension la rĂ©duction du CO2[48].

Toxicité

L'air extérieur contient, en 2019, environ 0,04 % de CO2 (412 ppm en janvier 2019)[49].

À partir d'une certaine concentration dans l'air, ce gaz s'avĂšre dangereux voire mortel Ă  cause du risque d'asphyxie ou d'acidose, bien que le CO2 ne soit pas chimiquement toxique. La valeur limite d'exposition est de 3 % sur une durĂ©e de quinze minutes[50]. Cette valeur ne doit jamais ĂȘtre dĂ©passĂ©e. Au-delĂ , les effets sur la santĂ© sont d'autant plus graves que la teneur en CO2 augmente. Ainsi, Ă  2 % de CO2 dans l'air, l'amplitude respiratoire augmente. À 4 % (soit 100 fois la concentration actuelle dans l’atmosphĂšre), la frĂ©quence respiratoire s'accĂ©lĂšre. À 10 %, peuvent apparaĂźtre des troubles visuels, des tremblements et des sueurs. À 15 %, c'est la perte de connaissance brutale. À 25 %, un arrĂȘt respiratoire entraĂźne la mort.

L'inhalation de dioxyde de carbone concentré entraßne un blocage de la ventilation, parfois décrit comme une violente sensation d'étranglement, un souffle coupé, une détresse respiratoire ou encore une oppression thoracique, pouvant rapidement mener à la mort si l'exposition est prolongée.

Des Ă©tudes signalent selon l'ANSES « des concentrations associĂ©es Ă  des effets sanitaires intrinsĂšques du CO2 (seuil Ă  environ 10 000 ppm correspondant Ă  l'apparition d'une acidose respiratoire (baisse du pH sanguin), premier effet critique du CO2) ». Une acidose respiratoire peut survenir dĂšs 1 % (10 000 ppm) de CO2 dans l'air, s'il est respirĂ© durant trente minutes ou plus par un adulte en bonne santĂ© avec une charge physique modĂ©rĂ©e, et probablement plus tĂŽt chez des individus vulnĂ©rables ou sensibles. Ces taux « sont supĂ©rieurs aux valeurs limites rĂ©glementaire et/ou normative de qualitĂ© du renouvellement d'air en France et au niveau international, qui varient usuellement entre 1 000 et 1 500 ppm de CO2 ». Une petite Ă©tude expĂ©rimentale (ayant concernĂ© 22 adultes) a conclu Ă  un effet du CO2 sur la psychomotricitĂ© et la fonction intellectuelle (prise de dĂ©cision, rĂ©solution de problĂšmes) dĂšs de 1 000 ppm (Ă©tude de Satish et al., 2012), mais cette Ă©tude doit ĂȘtre confirmĂ©e par des travaux ayant une puissance statistique plus Ă©levĂ©e[51]. L'ANSES note qu'il y a finalement peu d'Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques sur ce gaz commun, dont sur d'Ă©ventuels effets CMR (cancĂ©rigĂšnes, mutagĂšnes et reprotoxiques)[51].

Le dioxyde de carbone étant un gaz incolore et lourd s'accumulant en nappes, il est difficilement détectable par une personne non expérimentée.

Dans l'air intérieur

Les humains passent de plus en plus de temps en atmosphĂšre confinĂ©e (environ 80-90 % du temps dans un bĂątiment ou un vĂ©hicule). Selon l'ANSES et divers acteurs[52] en France, le taux de CO2 dans l'air intĂ©rieur des bĂątiments (liĂ© Ă  l'occupation humaine ou animale et Ă  la prĂ©sence d'installations de combustion), pondĂ©rĂ© par le renouvellement de l'air, est « habituellement compris entre 350 et 2 500 ppm environ »[51].

Dans les logements, les écoles, les crÚches et les bureaux, il n'y a pas de relations systématiques entre les taux de CO2 et d'autres polluants, et le CO2 intérieur n'est statistiquement pas un bon prédicteur de polluants liés au trafic routier (ou aérien...) extérieur[53]. Le CO2 est le paramÚtre qui change le plus vite (avec l'hygrométrie et le taux d'oxygÚne quand des humains ou des animaux sont rassemblés dans une piÚce fermée ou mal aérée[54]. Dans les pays pauvres de nombreux foyers ouverts sont sources de CO2 et de CO émis directement dans le lieu de vie.

Dans les Ă©coles

SĂ©journer toute la journĂ©e dans un air dont le taux de CO2 atteint ou dĂ©passe 600 ppm dĂ©grade nos capacitĂ©s cognitives (penser, raisonner, se souvenir, dĂ©cider)[55]. Selon une Ă©tude publiĂ©e dans Environmental Health Perspectives, de faibles variations du taux de CO2 dans l'air affectent fortement nos capacitĂ©s de pensĂ©e complexe et de prise de dĂ©cision. Ce taux de 600 ppm est souvent atteint dans l'air intĂ©rieur oĂč il dĂ©passe souvent 1 000 ppm, plusieurs fois par jour avec par exemple une teneur moyenne de 3 110 mg/m3 de CO2 dans les salles de classes Ă©tudiĂ©es ; au dĂ©triment des capacitĂ©s d'apprentissage des enfants[56].

Une Ă©tude menĂ©e dans 150 salles de classe pendant la pandĂ©mie de Covid-19 a montrĂ© que la qualitĂ© de l'air est insuffisante et augmente le nombre de contaminations par le coronavirus. Il est donc trĂšs important d'aĂ©rer rĂ©guliĂšrement les salles de classe, mĂȘme pendant l'hiver. Dans 60 % des salles de classe, la teneur en CO2 est supĂ©rieure Ă  2 000 ppm, des concentrations qui nuisent aux performances cognitives et donc Ă  la capacitĂ© d'apprentissage. Dans les Ă©coles Ă  haut risque, le taux de CO2 moyen dĂ©passe souvent 3 000 ppm, alors que les recommandations officielles françaises prĂ©conisent d'Ă©vacuer les locaux accueillant du public au-delĂ  de 1 000 ppm[57].

Dans les salles de sport

Un cas particulier est celui des salles de sport oĂč l'effort physique implique un besoin supplĂ©mentaire en oxygĂšne et une augmentation du CO2 expirĂ© par les joueurs (et les spectateurs). Par exemple, lors des matchs de hockey sur glace, le CO2 augmente de 92 Ă  262 ppm lors d'un match (surtout jouĂ© par des hommes adultes). Au centre de la patinoire, le taux de CO2 dĂ©passe les 1000 ppm Ă  chaque match (seuil max. recommandĂ© par l'Institut norvĂ©gien de la santĂ© publique)[58]. Les mesures in situ montrent qu'un joueur respire un air plus enrichi en CO2 que les spectateurs, et que le taux de CO2 descend durant les temps de repos et remonte durant le temps jouĂ©. La nuit aprĂšs un match, dans une salle de hockey fermĂ©e, il faut prĂšs d'une dizaines d'heures pour retrouver un taux de CO2 bas (600 Ă  700 ppm), qui est encore au-dessus de la normale[58]. En outre dans les pays froids, tempĂ©rĂ©s ou chauds, de nombreuses salles de sport sont climatisĂ©es ; pour des raisons d'Ă©conomies d'Ă©nergie elles n'ont pas un renouvellement d'air extĂ©rieur constant ou suffisant. Durant un match de hockey sur glace, les femmes et les enfants Ă©mettent moins de CO2 que les hommes, mais dans une mĂȘme salle, le degrĂ© d'augmentation du taux de CO2 dans l'air de la salle de sport est comparable, et dans tous les cas Ă©tudiĂ©s la pause entre deux matchs ne rĂ©duit pas la concentration en CO2 assez pour que le dĂ©but de la deuxiĂšme pĂ©riode soit aussi faible que le dĂ©but de la premiĂšre[59]. Quand le nombre de spectateurs augmente, le taux de CO2 dans la salle augmente plus encore[58]. Le nombre d'ouvertures/fermetures de portes donnant sur l'extĂ©rieur influe aussi sur le renouvellement d'air et donc le taux de CO2 dans la salle de sport. Des Ă©tudes ont montrĂ© une diminution des performances cognitives et de dĂ©cision ou d'apprentissage quand le CO2 augmente. Peu d'Ă©tudes ont portĂ© sur l'effet de ce mĂȘme CO2 sur les performances sportives d'un individu ou de son Ă©quipe[60].

Dans les logements

Il n'est pas rĂ©glementĂ© dans l'air du domicile ; mais il doit ĂȘtre mesurĂ© en tant qu'« indicateur de confinement et de la qualitĂ© du renouvellement de l'air » dans certains lieux confinĂ©s, sur la base de normes dont l'ANSES estime qu'elles n'ont pas de bases sanitaires[51].

Dans les bùtiments non résidentiels

En France, le rĂšglement sanitaire dĂ©partemental (RSD) recommande de ne pas passer le seuil de 1 000 ppm (partie par million) « dans des conditions normales d'occupation », avec une tolĂ©rance Ă  1 300 ppm dans les lieux oĂč il est interdit de fumer (« sans fondement sanitaire explicite de ces deux valeurs » selon l'Anses[51].

Un dĂ©cret du impose une surveillance de la qualitĂ© de l'air intĂ©rieur Ă  certains Ă©tablissements recevant du public sensible tel que les enfants ; il propose le calcul d'un « indice de confinement » dit « indice Icone » (proposĂ© par le Centre scientifique et technique du bĂątiment (CSTB) sur la base de la frĂ©quence de dĂ©passement des niveaux de CO2 par rapport Ă  deux seuils de 1 000 et 1 700 ppm dans les salles de classe[51].

En milieu professionnel, la question de la sécurité et de la prévention liée aux risques d'intoxication au dioxyde de carbone est une préoccupation majeure pour limiter les risques d'accident du travail[61]. Faute de données épidémiologiques, il n'a cependant pas été considéré comme pertinent en France comme indicateur de la qualité sanitaire de l'air intérieur par l'Anses qui ne prévoit pas de valeur guide de qualité d'air intérieur (VGAI) pour ce polluant[51].

Dans de fortes concentrations approchant les 50 à 100 %, telles que celles retrouvées dans les nappes de dioxyde de carbone d'origine artificielle en milieu professionnel, il peut se produire un effet de sidération nerveuse et une perte de conscience immédiate, suivie d'une mort rapide en l'absence d'aide extérieure. Ces accidents présentent un risque élevé de suraccident, des témoins pouvant se précipiter au secours de la victime sans penser à leur propre sécurité et devenir eux aussi victimes de l'intoxication.

CO2 dans l'atmosphĂšre terrestre

Augmentation annuelle de CO2. En quarante ans, de 1960 à l'an 2000 (un peu plus d'une génération humaine), le taux moyen annuel de CO2 a augmenté de 37 % (NOAA)[62].
Évolution depuis 1958 du taux de CO2 mesurĂ© dans l'air Ă  l'observatoire de Mauna Loa, dite courbe de Keeling.
La figure en encart détaille la chute saisonniÚre du CO2 durant la saison de végétation (d'avril à octobre) et son élévation en automne/hiver de l'hémisphÚre nord (la végétation terrestre est plus importante dans l'hémisphÚre nord).
Comparaison des courbes de température, de concentration en CO2 et d'activité solaire. La part anthropique du réchauffement semble augmenter depuis la révolution industrielle.
LĂ©gende et sources :
* bleu clair : CO2 d'aprĂšs les carottes de glace polaire, NOAA/ Law Dome[63] ;
* bleu : CO2 à Mauna Loa, NOAA/Mauna Loa[64] ; * rouge : température (°C), Unité de recherche climatique (Univ. East Anglia)[65] ; * orange : taches solaires, Solar Influences Data Analysis Center (SIDC)[66].
PremiÚre courbe de reconstitution sur mille ans des températures passées à partir des carottes de glace polaires. Cette courbe, reprise par le GIEC, a été contestée par les climato-sceptiques jugeant qu'elle sous-estimait les taux de CO2 des années 1920 ou antérieures, ou que les bulles piégées dans la glace ne sont pas assez représentatives des teneurs passées de l'air. Des travaux plus récents ont confirmé un profil de ce type[67]. La rapidité d'augmentation du taux de CO2 depuis la révolution industrielle n'est pas contestée, et semble sans commune mesure avec ce qui est rétrospectivement observé pour les derniers millénaires (depuis la fin de la derniÚre glaciation).

Le dioxyde de carbone n'est normalement présent dans l'atmosphÚre terrestre qu'à l'état de traces. Il est mesuré par un indice, nommé « Annual Greenhouse Gas Index » (AGGI) depuis 1979 par un réseau d'une centaine de stations sur terre et en mer, disposées de l'Arctique au pÎle Sud.

Depuis la rĂ©volution industrielle, en raison de la combustion constante de trĂšs grandes quantitĂ©s de carbone fossile, alors que la rĂ©gression des incendies, des forĂȘts et des superficies vĂ©gĂ©talisĂ©es se poursuit, le taux de CO2 dans l'air augmente rĂ©guliĂšrement (en , il vaut 415,13 ppm en volume[68], soit aussi 632,96 ppm en masse. Cela correspond Ă  une masse totale de CO2 atmosphĂ©rique d'environ 3,258 Ă— 1015 kg (environ trois mille gigatonnes). Cette teneur Ă©tait de 283,4 ppmv en 1839 d'aprĂšs les carottes de glace prĂ©levĂ©es dans la rĂ©gion du cap Poinsett dans l'Antarctique[69], soit une augmentation globale d'environ 42 % en 177 ans. Le taux de CO2 atmosphĂ©rique attendu Ă  la fin du XXIe siĂšcle est estimĂ© entre 540 et 970 ppmv selon les simulations (modĂšle ISAM et modĂšle Bern-CC)[70]. L'annĂ©e 1990 (qui correspond Ă  un surplus d'environ 2,1 W/m2 par rapport Ă  1980) est l'annĂ©e de rĂ©fĂ©rence retenue pour le protocole de Kyoto (elle a donc un « indice AGGI » de 1)[71]. Un groupe de recherche spĂ©cifique sur le cycle du carbone et les gaz Ă  effet de serre a Ă©tĂ© mis en place[72].

La teneur en CO2 diffÚre entre les hémisphÚres, chacun connaissant des variations saisonniÚre réguliÚres (voir le motif « en dents de scie » sur le graphique de droite, montrant une baisse de CO2 en saison de végétation et une augmentation en hiver). Apparaissent aussi des variations régionales, en particulier au niveau de la couche limite atmosphérique, c'est-à-dire dans les couches proches du sol.

Les taux de CO2 sont généralement plus élevés dans les zones urbaines et dans les habitations (jusqu'à dix fois le niveau de fond).

Peu aprĂšs la formation de la Terre (bien avant l'apparition de la vie), alors que le Soleil Ă©tait presque deux fois moins « chaud », la pression initiale de CO2 Ă©tait environ 100 000 fois plus Ă©levĂ©e qu'aujourd’hui (30 Ă  60 atmosphĂšres de CO2 (soit 3 000 000 Ă  6 000 000 pascals), soit 100 000 fois la quantitĂ© actuelle de CO2 il y a environ 4,5 milliards d'annĂ©es)[73].

Puis la vie et la photosynthÚse sont apparues, prélevant le CO2 de l'atmosphÚre et de l'eau pour le transformer en roches carbonatées et en charbon, pétrole et gaz naturel, en grande partie enfouis dans les profondeurs de la Terre[73]. Le taux de CO2 a néanmoins encore connu quelques pics de bien moindre importance (vingt fois plus élevée qu'aujourd'hui il y a environ un demi milliard d'années, mais le Soleil était alors moins chaud qu'aujourd'hui (le rayonnement solaire croßt avec le temps ; il a augmenté d'environ 40 % dans les quatre derniers milliards d'années)[73]. Le taux de CO2 a encore chuté de quatre à cinq fois durant le Jurassique, puis a diminué lentement, sauf, de maniÚre accélérée durant un épisode géologiquement bref, dit « évÚnement Azolla » (il y a environ 49 millions d'années)[74] - [75].

Le volcanisme Ă©met aussi du CO2, qui reprĂ©sente jusqu'Ă  40 % des gaz Ă©mis par certains volcans lors des Ă©ruptions subaĂ©riennes[76], de mĂȘme que certaines sources chaudes (par exemple sur le site italien de Bossoleto, prĂšs de Rapolano Terme, oĂč dans une dĂ©pression en forme de cuvette d'environ 100 m de diamĂštre, par nuit calme, le taux de CO2 peut grimper de 75 % en quelques heures, assez pour tuer les insectes et petits animaux ; mais la masse de gaz se rĂ©chauffe rapidement quand le site est ensoleillĂ© et est alors dispersĂ©e par les courants de convection de l'air durant la journĂ©e[77]). Localement, des concentrations Ă©levĂ©es de CO2, produites par la perturbation de l'eau d'un lac profond saturĂ© en CO2 peuvent aussi tuer (exemple : 37 morts lors d'une Ă©ruption de CO2 Ă  partir du lac Monoun au Cameroun en 1984 et 1 700 victimes autour du lac Nyos, au Cameroun Ă©galement, en 1986[78].

Les Ă©missions de CO2 par les activitĂ©s humaines sont actuellement plus de 130 fois supĂ©rieures Ă  la quantitĂ© Ă©mise par les volcans, atteignant prĂšs de 27 milliards de tonnes par an en 2007[79]. En 2016, l’agence mĂ©tĂ©orologique de l’ONU indique que la concentration de dioxyde de carbone a atteint un nouveau record historique, soit 403,3 ppm[80], et un record de tempĂ©rature a Ă©tĂ© battu pour l'El Niño de 2017 selon l'OMM[81] alors qu'Ă  405 ppm, le taux de CO2 de l'air n'a jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ© depuis environ 800 000 ans[81].

Les Ă©missions mondiales de CO2 augmentent de 2,7 % en 2018, ce qui constitue la plus forte hausse en sept ans[82]. Selon un rapport de 2019, les concentrations en CO2 ont atteint 407,8 ppm en 2018, un constat corrĂ©lĂ© Ă©galement Ă  l'augmentation des concentrations de mĂ©thane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O)[83].

Des thÚses climatosceptiques réapparaissent sur les réseaux sociaux en 2023, s'appuyant sur le fait avéré que la teneur en CO2 de l'atmosphÚre est seulement de 0,04 % et sur l'affirmation erronée selon laquelle « l'activité humaine n'y contribue que pour 5 % » pour nier sa responsabilité dans l'effet de serre, contrairement au consensus scientifique[84].

Nutriment des végétaux

Un taux plus élevé de CO2 stimule la photosynthÚse et la croissance des plantes, avec des avantages potentiels pour la productivité des cultures céréaliÚres, premiÚre source alimentaire dans le monde[85] pour les humains et les animaux d'élevage. Le carbone, tiré du dioxyde de carbone de l'air par les plantes autotrophes grùce au processus de la photosynthÚse, ou tiré du carbone du sol, est effectivement l'un des principaux nutriments du réseau trophique. L'augmentation de la biomasse est l'un des effets des simulations d'expériences prédisant une augmentation de 5 à 20 % du rendement des cultures à 550 ppm de CO2. Il a été démontré que les taux de photosynthÚse foliaire augmentent de 30 à 50 % dans les plantes C3 et de 10 à 25 % dans le C4 sous des niveaux de CO2 doublés[86].

À partir de 2010, un tableau plus complet se dessine, avec une diffĂ©rence significative des rĂ©ponses observĂ©es pour diffĂ©rentes espĂšces vĂ©gĂ©tales, les disponibilitĂ©s en eau et la concentration d'ozone. Par exemple, le projet Horsham Free-air concentration enrichment (en) (FACE) 2007-2010 (utilisant des cultures de blĂ©) Ă  Victoria, en Australie, a constatĂ© que « l'effet du CO2 Ă©tait d'augmenter la biomasse des cultures Ă  maturitĂ© de 20 % et la biomasse des racines de l'anthĂšse de 49 % »[87]. Il a Ă©tĂ© constatĂ© qu'une augmentation du dioxyde de carbone atmosphĂ©rique rĂ©duisait la consommation d'eau des plantes et, par consĂ©quent, l'absorption d'azote, ce qui bĂ©nĂ©ficiait particuliĂšrement aux rendements des cultures dans les rĂ©gions arides[88].

Effets envisagés sur la valeur alimentaire des plantes

Cependant, si l'Ă©lĂ©vation du taux de CO2 atmosphĂ©rique dope effectivement la croissance (des cĂ©rĂ©ales par exemple), pour des raisons encore mal comprises, elle diminue alors la valeur nutritionnelle des principales cultures de base (riz, blĂ© et pomme-de-terre notamment), en diminuant leur taux de protĂ©ines[89], d'oligo-Ă©lĂ©ments et de vitamines du groupe B[90] - [91]. En conditions expĂ©rimentales, le taux de CO2 augmentĂ© (mĂȘme non-combinĂ© Ă  une tempĂ©rature augmentĂ©e) se traduit par un taux de sucres plus Ă©levĂ© dans les vĂ©gĂ©taux cultivĂ©s (source d'alcools de plus en plus forts pour le raisin), mais aussi par des carences en protĂ©ines et en minĂ©raux[92]. Le riz prĂ©sente en outre souvent des concentrations Ă©levĂ©es d'arsenic[93], que l'acidification des milieux peut aggraver. Enfin, des concentrations plus Ă©levĂ©es de CO2 exacerbent l'acidification des eaux douces et l'acidification des ocĂ©ans, ce qui pourrait affecter la productivitĂ© des algues (et donc l'algoculture).

Pour cette raison, selon une Ă©tude rĂ©cente (2018), dĂšs 2015-2050, le taux anormalement Ă©levĂ© de CO2 de notre atmosphĂšre pourrait dans le monde entraĂźner avant 2050 des maladies induites chez l'homme et certains animaux d'Ă©levage (porcs, vaches, volailles) par des carences alimentaires[94]. Dans une Ă©tude publiĂ©e dans un numĂ©ro spĂ©cial de PLOS Medicine sur le changement climatique et la santĂ©, Christopher Weyant et ses collĂšgues de l'universitĂ© Stanford se sont concentrĂ©s sur deux micronutriments essentiels, le zinc et le fer[94] - [95]. En tenant compte du dĂ©rĂšglement climatique et des habitudes alimentaires, ils montrent que le risque de maladie Ă©voluera dans les 137 pays[96]. Si rien n'est fait, l'augmentation du taux de CO2 diminuera le taux de zinc et de fer des aliments, coĂ»tant environ 125,8 millions d'annĂ©es de vie corrigĂ©es de l'incapacitĂ© (intervalle de confiance de 95 % [CrI] 113,6–138,9) dans le monde pour la pĂ©riode 2015–2050, en raison d'une augmentation des maladies infectieuses, des diarrhĂ©es et des cas d'anĂ©mie, tout particuliĂšrement en Asie du Sud-Est et Afrique oĂč la population est dĂ©jĂ  trĂšs affectĂ©e par des carences en zinc et fer[94]. Les enfants seraient particuliĂšrement affectĂ©s, avec des risques de troubles irrĂ©versibles du dĂ©veloppement liĂ©s Ă  ces carences, transmissible sur plusieurs gĂ©nĂ©rations au moins pour des raisons Ă©pigĂ©nĂ©tiques[97].

L'Ă©tude de Weyant indiquerait aussi que l'inĂ©galitĂ© nutritionnelle pourrait augmenter, et montrerait que les rĂ©ponses traditionnelles de santĂ© publique (dont la supplĂ©mentation en minĂ©raux et vitamines, et le contrĂŽle renforcĂ© des maladies humaines et animales) pourraient ne pas suffire Ă  endiguer le phĂ©nomĂšne. En effet, de telles rĂ©ponses ne permettraient de rĂ©duire que 26,6 % (95 % des IC 23,8–29,6) de ce fardeau sanitaire, humain et Ă©conomique, tandis qu'une stratĂ©gie efficace de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre, telle que proposĂ©e par l'Accord de Paris sur le climat, permettrait d'Ă©viter jusqu'Ă  48,2 % (95% de l'indice CIF 47,8–48,5) de cette charge[94].

Bien que le CO2 nourrisse la croissance des plantes, son excÚs induit une dégradation de leur valeur alimentaire qui aura des conséquences globales pour toutes les créatures vivantes qui consomment des plantes, y compris l'homme[94]. Les auteurs incitent à mieux étudier les effets de l'augmentation du CO2 atmosphérique sur d'autres composés d'origine végétale ayant des implications pour la santé humaine (ex : acides gras, vitamines, composés pharmacologiques[98] - [91], d'autant que cette étude n'a pas tenu compte d'autres conséquences de l'augmentation du CO2, sur les aléas météorologique et biologiques (déprédation accrue...) sur la sécurité alimentaire, l'accÚs aux aliments, leur usage et la stabilité des prix, ni les chaines de conséquences différées dans l'espace et le temps (effets à long terme de la dénutrition notamment)[99].

Les rendements agricoles stagnent ou se dĂ©gradent dans une partie du monde, en raison notamment du rĂ©chauffement (vagues de chaleur...) et de rĂ©gimes de prĂ©cipitations modifiĂ©s. Les cultures vitales (blĂ© et riz notamment) sont dĂ©jĂ  affectĂ©es en zone tropicale et tempĂ©rĂ©e et des Ă©tudes prospectives laissent penser que les cultures de riz et de maĂŻs pourrait dĂ©cliner de 20 Ă  40 % rien qu'Ă  cause des hausses de tempĂ©rature prĂ©vues en zone tropicale et subtropicale d'ici Ă  2100, dans mĂȘme prendre en compte les effets des Ă©vĂšnements climatiques extrĂȘmes[100]. Ce contexte pourrait causer des hausses des prix des aliments, les rendant inabordable pour les plus pauvres, alors que la hausse des teneurs de l'air en CO2 pourrait aussi rĂ©duire la qualitĂ© nutritionnelle, des cĂ©rĂ©ales notamment, importantes pour la santĂ© humaine et, potentiellement, pour celle des animaux (Ă©galement sources de lait et de viande (et donc de protĂ©ines)[94], pendant qu'en mer la biomasse en poisson diminue aussi.

« On ignore encore si le déclin de la valeur nutritive des cultures vivriÚres induit par le CO2 est linéaire et si la qualité nutritionnelle a déjà baissé en raison de l'augmentation du CO2 depuis le début de la révolution industrielle. »

En complément des mesures d'adaptation au Changement climatique, les mesures de réduction des émissions de CO2 et piégeage biologique du CO2 restent urgemment nécessaires. Des cultivars moins sensibles aux déficits nutritionnels dans un climat qui se réchauffe sont à rechercher concluent les travaux de Weyant et ses collÚgues[94].

Les effets de l'augmentation du CO2 sur les plantes se montrent plus prĂ©occupants que ce qui Ă©tait prĂ©dit par les premiers modĂšles des annĂ©es 1990 et du dĂ©but des annĂ©es 2000[101]. Morgan et al., sur la base d'expĂ©riences de laboratoire et in situ, ont confirmĂ© dĂšs 2004 que dans les Ă©cosystĂšmes Ă©mergĂ©s, le CO2, mĂȘme quand il amĂ©liore la productivitĂ© en termes de biomasse, peut nĂ©anmoins avoir des effets nĂ©gatifs en modifiant la composition des espĂšces et en rĂ©duisant la digestibilitĂ© des graminĂ©es courtes par exemple dans la vĂ©gĂ©tation steppique)[102].

Gaz Ă  effet de serre et acidifiant

Simulation numérique de la teneur future de l'atmosphÚre en CO2 si la terre et les océans ne peuvent plus absorber prÚs de la moitié des émissions de CO2 à l'origine du réchauffement climatique.

Le CO2 est le deuxiĂšme gaz Ă  effet de serre le plus important dans l'atmosphĂšre aprĂšs la vapeur d'eau, contribuant respectivement Ă  hauteur de 26 % et 60 % Ă  ce phĂ©nomĂšne[103]. La rĂ©alitĂ© du rĂ©chauffement climatique observĂ© Ă  l'Ă©chelle planĂ©taire depuis le siĂšcle dernier n'est aujourd'hui plus guĂšre contestĂ©e d'un point de vue scientifique[104], mais la part exacte de responsabilitĂ© du dioxyde de carbone dans ce processus (par rapport au mĂ©thane notamment) doit encore ĂȘtre prĂ©cisĂ©e, grĂące aux enregistrements fossiles des palĂ©oclimats notamment[105].

Par ailleurs, l'acidification des océans résultant de la dissolution du dioxyde de carbone atmosphérique pourrait compromettre la survie de nombreux organismes marins[106] avant la fin du XXIe siÚcle[107], notamment tous ceux à exosquelette calcifié tels que les coraux[108] - [109] et les coquillages[110], mais aussi de certains poissons[111].

Une rĂ©duction des Ă©missions anthropiques est visĂ©e par le protocole de Kyƍto ainsi que par la directive 2003/87/CE ; sa sĂ©questration gĂ©ologique Ă  long terme fait l'objet de recherches mais est une solution controversĂ©e quand il s'agit simplement d'injecter du CO2 dans les couches gĂ©ologiques.

Dans l'eau

Le CO2 a un certain effet eutrophisant (c'est un nutriment de base, essentiel pour les plantes), mais il est aussi un facteur d'acidification des océans et de certaines masses d'eau douce, qui peut négativement interférer avec de nombreuses espÚces (dont certaines microalgues et autres microorganismes aquatiques protégées par des structures calcaires que l'acide carbonique peut dissoudre). L'acidification favorise aussi la libération et la circulation et donc la biodisponibiltié de la plupart des métaux lourds, métalloïdes ou radionucléides (naturellement présent dans les sédiments ou d'origine anthropique depuis la révolution industrielle surtout).

Dans l'air

L'augmentation de la teneur de l'atmosphĂšre en CO2 peut aussi avoir des effets diffĂ©renciĂ©s voire antagonistes selon son taux, le contexte environnemental et biogĂ©ographique et selon des donnĂ©es plus rĂ©centes selon la saison et les variations saisonniĂšres de la pluviomĂ©trie (au-dessus des forĂȘts notamment[112]) ;

Il existe chez les écologues associés à l'étude des effets du changement climatique un consensus sur le fait qu'au-delà d'une augmentation de 2 °C en un siÚcle, les écosystÚmes terrestres et marins seront sérieusement négativement affectés[113].

En 2013, la rĂ©ponse rĂ©elle des Ă©cosystĂšmes au CO2 et ses modulations biogĂ©ographiques sont encore considĂ©rĂ©es comme complexes et Ă  mieux comprendre, en raison de nombreux « feedbacks biogĂ©ochimiques »[114] - [115]. Elle doit ĂȘtre nĂ©anmoins Ă©lucidĂ©e si l'on veut correctement Ă©valuer voire prĂ©dire les capacitĂ©s planĂ©taires ou locales des Ă©cosystĂšmes en termes de stockage naturel du carbone et d'amortissement des effets du dĂ©rĂšglement climatique induit par l'Homme[116].

Les rĂ©troactions mĂ©diĂ©s par le cycle hydrologique sont particuliĂšrement importantes[117] et la pluviomĂ©trie y joue un rĂŽle majeur. La physiologie des plantes a au moins un rĂŽle bien connu ; jusqu'Ă  un certain stade (au-delĂ  duquel la plante dĂ©pĂ©rit), l'augmentation du taux de CO2 de l'air rĂ©duit la conductance stomatique et augmente l'efficacitĂ© d'utilisation de l'eau par les plantes[115] (la quantitĂ© d'eau nĂ©cessaire pour produire une unitĂ© de matiĂšre sĂšche), la diminution de l'utilisation de l'eau se traduisant par une plus grande disponibilitĂ© de l'humiditĂ© du sol[118]. Il a Ă©tĂ© estimĂ©, en 2008, que les effets de l'augmentation du CO2 dans l'air sur l'Ă©cosystĂšme devraient ĂȘtre exacerbĂ©s quand l'eau est un facteur limitant[119] (mais les apports d'azote sont aussi Ă  prendre en compte[119] - [120] - [121]) ; ceci a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par quelques expĂ©riences[122], mais est un facteur qui a Ă©tĂ© « oubliĂ© » par de nombreuses Ă©tudes[123] - [124] - [125] - [126].

Cette relation semble si forte qu'elle permet — en zone tempĂ©rĂ©e — de prĂ©dire avec prĂ©cision les variations annuelles de la stimulation de la biomasse aĂ©rienne Ă  la suite de l'Ă©lĂ©vation du taux de CO2 dans une prairie mixte contenant des vĂ©gĂ©taux de type C3 et C4, sur la base du total des prĂ©cipitations saisonniĂšres ; les pluies d'Ă©tĂ© ayant un effet positif, alors que celles d'automne et du printemps ont des effets nĂ©gatifs sur la rĂ©ponse au CO2[115]. L'effet du taux croissant de CO2 dĂ©pendra donc principalement des nouveaux Ă©quilibres ou dĂ©sĂ©quilibres qui s'Ă©tabliront entre les prĂ©cipitations estivales et d'automne / printemps[115].

Le lien Ă  l'azote (autre Ă©lĂ©ment perturbĂ© par les activitĂ©s humaines dont l'agriculture industrielle, l'industrie et les Ă©missions de la circulation automobile) est ici retrouvĂ© : de fortes prĂ©cipitations en saisons froides et humides conduisent Ă  limiter l'accĂšs des plantes terrestres Ă  l'azote et, de ce fait, rĂ©duisent ou interdisent la stimulation de la biomasse par un taux de CO2 Ă©levĂ©[115]. Cette prĂ©diction valait aussi pour des parcelles « rĂ©chauffĂ©es » de 2 °C ou non-rĂ©chauffĂ©es, et Ă©tait similaire pour les plantes en C3 et de la biomasse totale, ce qui semble permettre aux prospectivistes de faire des prĂ©visions robustes sur les rĂ©ponses aux concentrations Ă©levĂ©es de CO2 de l'Ă©cosystĂšme[115]. Ceci est un atout prĂ©cieux car les projections climatiques des modĂšles Ă  haute rĂ©solution confirment la trĂšs forte probabilitĂ© de changements importants dans la rĂ©partition annuelle des pluies, mĂȘme lĂ  oĂč la quantitĂ© annuelle totale de pluie tombĂ©e au sol ne changera pas[127]. Ces donnĂ©es, scientifiquement confirmĂ©es en 2013, devraient aider Ă  expliquer certaines diffĂ©rences apparues dans les rĂ©sultats des expĂ©riences sur l'exposition de plantes Ă  un taux accru de CO2 et amĂ©liorer l'efficacitĂ© prospective des modĂšles qui ne tenaient pas assez compte des effets saisonniers des prĂ©cipitations sur les rĂ©ponses de la biodiversitĂ© au CO2[122] - [128] 14, notamment en milieux forestiers[129].

RĂ©duction du taux de CO2 dans l'atmosphĂšre

Plusieurs voies sont explorĂ©es ou mises en Ɠuvre pour limiter l'accumulation du CO2 dans l'atmosphĂšre. Elles peuvent faire appel Ă  des processus naturels comme la photosynthĂšse ou Ă  des procĂ©dĂ©s industriels. Il faut Ă©galement distinguer la capture Ă  la source de la capture dans l'atmosphĂšre.

La startup indienne Carbon Clean Solutions (CCSL) a lancĂ© sa premiĂšre installation, qui capte et rĂ©utilise Ă  100 % les Ă©missions de CO2 (60 000 tonnes par an) d'une petite centrale au charbon en Inde, Ă  Chennai (Madras) ; ce CO2 est purifiĂ©, puis revendu Ă  un industriel local, qui l'utilise pour fabriquer de la soude. La technologie de CCSL ramĂšne le coĂ»t de revient du CO2 vendu Ă  30 dollars la tonne en Inde et Ă  40 dollars en Europe ou aux États-Unis, trĂšs en dessous du prix du marchĂ© : 70 Ă  150 dollars la tonne. Veolia a signĂ© avec CCSL un contrat pour commercialiser ce procĂ©dĂ© Ă  l'international[130]. En parallĂšle, l'entreprise Climeworks cherche Ă  capturer le CO2 en filtrant l’air ambiant.

La sociĂ©tĂ© canadienne Carbon Engineering, fondĂ©e par l'ingĂ©nieur David Keith et financĂ©e par Bill Gates et plusieurs entreprises pĂ©troliĂšres et miniĂšres, a dĂ©veloppĂ© un rĂ©acteur qui extrait le CO2 de l'atmosphĂšre Ă  un coĂ»t infĂ©rieur Ă  celui des technologies de capture existantes. Les fonds apportĂ©s par les investisseurs seront employĂ©s Ă  combiner ce procĂ©dĂ© de capture directe avec un procĂ©dĂ© « Air to fuels » permettant de transformer le carbone rĂ©cupĂ©rĂ© dans l’atmosphĂšre en un carburant similaire Ă  l'essence. Elle envisage la construction d'une importante usine Ă  Houston en partenariat avec Occidental Petroleum. Cependant, les rĂ©acteurs capteurs de CO2 sont trĂšs Ă©nergivores et doivent donc ĂȘtre alimentĂ©s par des sources d’énergie renouvelable ; le Conseil scientifique des AcadĂ©mies des sciences europĂ©ennes (EASAC) Ă©met des rĂ©serves : selon lui, l’élimination du CO2 dans l’air n’empĂȘchera pas le changement climatique et n’est, Ă  ce jour, pas Ă  la hauteur des recommandations du GIEC[131] - [132].

Vers une production de « méthane solaire » à partir de CO2 ?[133].

En théorie, transformer du CO2 en carburant ou en matiÚres premiÚres chimiques permettrait de diminuer l'utilisation de combustibles fossiles et de réduire les émissions de CO2[134] - [135].

La conversion électrochimique à partir de sources d'électricité renouvelable est une piste qui fait l'objet de nombreux travaux de recherche depuis les années 2010[136] - [137] - [138].

Un espoir, reposant sur la photochimie, est de pouvoir n'utiliser que la lumiĂšre du soleil[139] et des catalyseurs non polluants, peu coĂ»teux et abondants sur Terre[140]. Parmi les photocatalyseurs et les Ă©lectrocatalyseurs molĂ©culaires Ă©voquĂ©s par la littĂ©rature scientifique des annĂ©es 2010, seuls quelques-uns sont stables et sĂ©lectifs pour la rĂ©duction du CO2 ; de plus ils produisent principalement du CO ou du HCOO, et les catalyseurs capables de gĂ©nĂ©rer des rendements mĂȘme faibles Ă  modĂ©rĂ©s en hydrocarbures fortement rĂ©duits restent rares[141] - [142] - [143] - [144] - [145] - [146] - [147] - [148] - [149] - [150].

Quatre chercheurs, dont deux français (Julien Bonin & Marc Robert) ont produit un catalyseur qui est un complexe de tĂ©traphĂ©nylporphyrine de fer fonctionnalisĂ©e avec des groupes trimĂ©thylammonium, qu'ils prĂ©sentent comme Ă©tant (au moment de la publication) l'Ă©lectrocatalyseur molĂ©culaire le plus efficace et le plus sĂ©lectif pour convertir le CO2 en CO[151] - [133] - [152] car pouvant catalyser la rĂ©duction de huit Ă©lectrons du CO2 en mĂ©thane sous simple lumiĂšre, Ă  tempĂ©rature et pression ambiantes. Le catalyseur doit cependant ĂȘtre utilisĂ© dans une solution d’acĂ©tonitrile contenant un photosensibilisateur et un donneur d’électrons sacrificiel, il fonctionne alors de maniĂšre stable durant quelques jours. Le CO2 est d’abord principalement transformĂ© en CO par photorĂ©duction et s’il y a deux rĂ©acteurs CO gĂ©nĂšre ensuite du mĂ©thane avec une sĂ©lectivitĂ© atteignant 82 % et avec un rendement quantique, c'est-Ă -dire une efficacitĂ© de la lumiĂšre, de 0,18 %). Les auteurs estiment que d'autres catalyseurs molĂ©culaires pourraient s’en inspirer[153].

Des systÚmes de « co-catalyse » sont aussi envisagés[154], de catalyseurs moléculaires[155], ainsi que des systÚmes à base de pérovskite[156], ou de complexes de métaux de transition[157].

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Voir aussi

Bibliographie

  • GĂ©rard Borvon, Histoire du carbone et du CO2. De l’origine de la vie jusqu’au dĂ©rĂšglement climatique, Vuibert, 2013, 256 p.

Articles connexes

Liens externes

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