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Digestibilité

En alimentation animale, la digestibilité est un critère qui définit le degré auquel une matière organique est digérée par un animal. On distingue la digestibilité réelle de la digestibilité apparente.

La digestibilité apparente correspond à :

da = (ingesta - fèces) / ingesta

Avec ingesta : la quantité d'aliments ingérée, et les fèces, les excréments.

La digestibilité réelle :

dr = (ingesta - (fèces - fèces endogènes) / ingesta

Les fèces endogènes correspondent à des cellules de l'animal qui partent par desquamation, des enzymes, des bactéries du tube digestif, qui ne faisaient pas partie de l'aliment.

On définit ainsi le « coefficient d'utilisation digestive » (CUD).

Chez le porc, on parle de digestibilité iléale (dans l'iléon, dernier segment de l'intestin grêle), qui néglige les phénomènes fermentaires ayant lieu dans le gros intestin (car des acides aminés non digérés y sont métabolisés).

Facteurs de variation

La digestibilité est plus forte pour les constituants cellulaires, moins pour les parois des cellules végétales (qui constituent la cellulose brute, taux de CB figurant sur les étiquettes d'aliments). Chez les ruminants, la digestibilité des parois avoisine 80 à 90 %, cela est dû aux phénomènes de fermentation dans le rumen, qui permettent, grâce à la flore cellulolytique de digérer la cellulose. Cependant, la lignine (constituant du bois) reste indigestible (exception faite des termites).

Ainsi, la teneur en cellulose brute détermine la digestibilité des aliments. La dMO (digestibilité de la matière organique) baisse quand la teneur en parois augmente. Elle est meilleure chez les ruminants et espèces de grande taille (du fait de la longueur du tube digestif).

Il existe deux catégories de facteurs de variation :

  • ceux liĂ©s Ă  l'aliment : la teneur en parois (d'oĂą l'intĂ©rĂŞt de privilĂ©gier un rapport feuilles/tiges maximum pour l'exploitation des prairies), qui dĂ©pend aussi du stade d'exploitation des prairies (idĂ©al : stade montaison, avant l'Ă©piaison). La dMO est plus Ă©levĂ©e pour les aliments concentrĂ©s, plus faible pour des aliments broyĂ©s fins (car la vitesse de transit dans le tube digestif est plus importante). On peut utiliser de l'ammoniac anhydre pour amĂ©liorer la dMO. Elle varie Ă©galement selon la composition de la ration (un apport important de fourrage favorise la flore cellulolytique aux dĂ©pens de la flore amylolytique et donc amĂ©liore la digestibilitĂ© des fourrages), et le rythme de distribution des repas.
  • ceux liĂ©s Ă  l'animal : meilleure chez les ruminants et animaux de grande taille, faible chez le cheval car les phĂ©nomènes de fermentation ont lieu dans les cĂ´lons et le cæcum, oĂą les aliments ne restent pas assez longtemps pour permettre au cheval de bien les valoriser.

Mesure

La digestibilitĂ© d'un aliment dĂ©termine sa valeur Ă©nergĂ©tique. On peut la prĂ©voir en faisant des expĂ©rimentations in vivo en mettant un « mouton standard » (un mâle de race Texel de 90 kg) dans une cage de digestibilitĂ© (on pèse l'aliment distribuĂ©, les refus pour obtenir la part ingĂ©rĂ©e, puis les fèces pour connaĂ®tre la fraction digĂ©rĂ©e). Il existe une mĂ©thode in-sacco, on plonge un petit sac contenant un aliment Ă  tester dans le rumen d'une vache fistulĂ©e (un hublot permet d'accĂ©der Ă  son rumen). Sinon, on a recours aux Ă©quations de prĂ©vision en fonction du taux de cellulose brute ou de l'ADF (acid detergent fiber, ou fibres insolubles dans un dĂ©tergent acide). Pour mesurer la digestibilitĂ© rĂ©elle, on utilise des isotopes radioactifs.

Pour mesurer la digestibilité iléale, on peut réaliser l'ablation du cæcum chez le poulet (opération), ou le shunt (court-circuit) du cæcum et du côlon chez le porc.

Notes et références

    Référence : Nutrition et alimentation des animaux d'élevage, de Carole Drogoul, Raymond Gadoud, Marie-Madeleine Joseph, Roland Jussiau).

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