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Molécule

Une molécule est une structure de base de la matière appartenant à la famille des composés covalents. L'Union internationale de chimie pure et appliquée définit la molécule comme « une entité électriquement neutre comprenant plus d'un atome »[1]. C'est l'assemblage chimique électriquement neutre d'au moins deux atomes, différents ou non, qui peut exister à l'état libre, et qui représente la plus petite quantité de matière possédant les propriétés caractéristiques de la substance considérée. Les molécules constituent des agrégats atomiques liés par des forces de valence (liaisons covalentes) et elles conservent leur individualité physique. Des forces plus faibles, telles les liaisons hydrogène et celles de type van der Waals, les maintiennent à proximité les unes des autres à l'état liquide et/ou solide.

Modèle en 3 dimensions d'une molĂ©cule de saccharose.
Schéma de la liaison covalente de deux atomes d'oxygène.

L'assemblage d'atomes constituant une molécule n'est pas définitif, il est susceptible de subir des modifications, c’est-à-dire de se transformer en une ou plusieurs autres molécules ; une telle transformation est appelée réaction chimique. En revanche, les atomes qui la constituent sont des assemblages (de particules) beaucoup plus stables, qui se conservent durant une réaction chimique car la transformation d'atomes, appelée transmutation, nécessite des apports d'énergie beaucoup plus importants faisant l'objet des réactions nucléaires.

La composition chimique d'une molécule est donnée par sa formule chimique. Exemples :

Histoire

Le nom « molécule » provient du latin scientifique molecula, diminutif du nom latin moles, se traduisant par « masse ».

Le concept de molécule, sous sa forme actuelle, a été présenté la première fois en 1811 par Avogadro, qui a su surmonter la confusion faite à cette époque entre atomes et molécules, en raison des lois des proportions définies et multiples de John Dalton (1803-1808).

L'analyse d'Avogadro a été acceptée par beaucoup de chimistes, à des exceptions notables (Boltzmann, Maxwell, Gibbs). Mais l'existence des molécules est restée en discussion ouverte dans la communauté scientifique jusqu'au travail de Jean Perrin (1911) qui a alors confirmé expérimentalement l'explication théorique du mouvement brownien en termes d'atomes proposée par Einstein (1905). Jean Perrin a également recalculé le nombre d'Avogadro par plusieurs méthodes.

Types particuliers de molécules

Dipôle de la molécule d'eau.
  • L'Ă©tude des composĂ©s biochimiques a conduit les chimistes Ă  distinguer les molĂ©cules organiques et inorganiques. En 2011, il existe près de 10 millions de composĂ©s organiques connus (composĂ©s dont un des Ă©lĂ©ments chimiques constitutifs est le carbone), soit plus de 25 fois le nombre de molĂ©cules inorganiques[2].
  • Une molĂ©cule Ă©lĂ©mentaire ou homonuclĂ©aire est une molĂ©cule constituĂ©e d'un seul type d'atomes, par exemple le dioxygène (O2). Lorsqu’une molĂ©cule est composĂ©e de plusieurs types d’atomes, elle est dite hĂ©tĂ©ronuclĂ©aire.
  • Une molĂ©cule polaire ou apolaire est respectivement une molĂ©cule ayant un moment dipolaire rĂ©sultant non nul (cas de la molĂ©cule d'eau) ou nul.
  • Une molĂ©cule hydrophile ou hydrophobe est une molĂ©cule qui a de l'affinitĂ© pour l'eau ou qui fuit l'eau (non soluble ou non miscible avec l'eau), respectivement ; comme l'acide olĂ©ique, molĂ©cule hydrophobe qui fuit donc l'eau.
  • Une molĂ©cule amphiphile est une molĂ©cule ayant une ou plusieurs parties hydrophiles et une ou plusieurs parties hydrophobes.
  • En appliquant strictement la dĂ©finition, les ions polyatomiques ne sont pas des molĂ©cules. En revanche, les zwitterions, globalement neutres mais possĂ©dant des charges de signe opposĂ© dans diffĂ©rentes parties de leur structure, sont des molĂ©cules.
  • Une molĂ©cule marquĂ©e est une molĂ©cule dans laquelle un ou plusieurs atomes sont remplacĂ©s par un de leurs isotopes. Cette pratique est courante avec des isotopes radioactifs, dans un but mĂ©dical.
  • Une molĂ©cule activĂ©e (ou excitĂ©e) est une molĂ©cule qui contient un ou plusieurs atomes excitĂ©s, atomes dont un ou plusieurs Ă©lectrons se trouvent Ă  des niveaux d'Ă©nergie plus Ă©levĂ©s que celui de l'Ă©tat fondamental.
  • Deux molĂ©cules sont dites isoĂ©lectroniques si elles ont la mĂŞme configuration Ă©lectronique de valence.
  • MolĂ©cule mĂ©dicamenteuse : on appelle abusivement molĂ©cule la substance active d'un mĂ©dicament (par opposition Ă  son nom de marque), quand bien mĂŞme la substance active est composĂ©e de plusieurs espèces chimiques diffĂ©rentes (exemple : cas de la gentamicine). Il est prĂ©fĂ©rable de parler de substance active ou de principe actif.

Caractéristiques

Ordonnancement

Les molécules d'un corps sont en agitation permanente (sauf au zéro absolu). Cette agitation, appelée mouvement brownien, a été décrite la première fois par Robert Brown en 1821 dans les liquides (mais expliquée presque 100 ans plus tard).

  • Ă€ l'Ă©tat gazeux, les molĂ©cules sont très espacĂ©es, très agitĂ©es, avec des mouvements dĂ©sordonnĂ©s provoquĂ©s par les chocs entre elles ou avec les parois (les corps solides avec lesquels elles sont en contact).
  • Ă€ l'Ă©tat liquide, l'espace entre les molĂ©cules est beaucoup plus restreint, et l'agitation beaucoup plus lente.
  • Ă€ l'Ă©tat solide, les molĂ©cules sont rangĂ©es selon un empilement, rĂ©gulier ou non, et vibrent autour d'une position moyenne.

La température d'un corps donne une indication du degré d'agitation des molécules.

Les forces d'interaction de très faible intensité qui s'exercent à distance entre les molécules, appelées forces de van der Waals, conditionnent ces arrangements et par conséquent les propriétés physiques des composés moléculaires.
Ainsi, par exemple, les propriétés physiques exceptionnelles de l'eau sont dues pour beaucoup aux liaisons hydrogène.

Stabilité

Les molécules sont des ensembles a priori électriquement neutres, dans lesquels les atomes sont liés entre eux majoritairement par des liaisons covalentes (il existe de nombreux exemples d'assemblages supra-moléculaires par liaisons de type van der Waals, hydrogène ou ionique), où apparaissent parfois des dissymétries électroniques pouvant aller jusqu'à donner des ions par solvatation (solvants polaires). Dès lors, on doit conclure que le dihydrogène (H2), le dichlore, le difluor et tant d'autres gaz diatomiques, sont électriquement neutres. Ce qui laisse entendre que lorsqu'ils sont isolés, ils sont zérovalents, pour respecter l'équivalence qu'il doit y avoir dans toute équation équilibrée en charges et globalement neutre comme : 2 H2 + O2 = 2H2O. Ici, dans la partie des réactifs, le dihydrogène et le dioxygène sont des molécules isolées et donc n'ont pas de charge propre, comme H2O (bien que molécule polaire). L'équation chimique vérifie donc la neutralité de la charge globale.

La forme et la taille d'une molécule (ou de l'une de ses parties) peut jouer un rôle dans son aptitude à réagir. La présence de certains atomes ou groupes d'atomes à l'intérieur d'une molécule joue un rôle majeur dans sa capacité à se rompre ou à fixer d'autres atomes issus d'autres corps, c’est-à-dire à se transformer pour donner naissance à d'autres molécules.

Les différents modes de représentation des molécules sont destinés à expliciter les différents sites réactifs ; certains enchaînements d'atomes, appelés groupes fonctionnels, produisent ainsi des similitudes de propriétés, tout particulièrement dans les composés organiques.

Macromolécules et polymères

Les molécules possédant au moins plusieurs dizaines d'atomes sont appelées macromolécules ou polymères.

Exemples :

  • les protĂ©ines, les lipides, les sucres, les acides nuclĂ©iques tels l'ADN et autres biomolĂ©cules de grandes tailles sont Ă©galement des macromolĂ©cules oĂą la grande variĂ©tĂ© des liaisons chimiques internes induit une rĂ©activitĂ© chimique souvent très sĂ©lective jouant un rĂ´le majeur dans l'activitĂ© biologique des ĂŞtres vivants ;
  • les polyolĂ©fines telles le polyĂ©thylène (polymère synthĂ©tique) sont constituĂ©es d'enchaĂ®nements -C-C- ; le nombre d'atomes de carbone des chaĂ®nes peut atteindre plusieurs dizaines de milliers (correspondant Ă  un degrĂ© de polymĂ©risation Ă©levĂ©), d'oĂą des propriĂ©tĂ©s physiques particulières.

Corps non moléculaires

On distingue quatre catégories de substances non moléculaires :

  • les gaz nobles (Ă  l'Ă©tat gazeux, liquide ou solide) qui, ayant une couche de valence saturĂ©e, ne se composent que d'atomes indĂ©pendants (ce sont des substances monoatomiques). Ă€ l'Ă©tat condensĂ© (liquide ou solide), la cohĂ©sion de l'ensemble est assurĂ©e par les forces de London ;
  • les mĂ©taux (Ă  l'Ă©tat gazeux, liquide ou solide), purs ou en alliage. Ă€ l'Ă©tat condensĂ© (liquide ou solide), les atomes sont liĂ©s les uns aux autres par la mise en commun globale et dĂ©localisĂ©e d'Ă©lectrons (liaison mĂ©tallique), mais sans formation de petits groupes. Les mĂ©taux solides forment une structure tridimensionnelle appelĂ©e rĂ©seau mĂ©tallique ;
  • les composĂ©s ioniques (ou sels) Ă  l'Ă©tat solide ou liquide, qui regroupent des cations et des anions c'est-Ă -dire des Ă©lĂ©ments portant une charge positive (cations) ou nĂ©gative (anions). La cohĂ©sion de l'ensemble est assurĂ©e par la force Ă©lectrostatique qui attire les ions ayant des charges Ă©lectriques de signes opposĂ©s (liaison ionique). Lorsqu'un ion n'est pas monoatomique mais constituĂ© d'un groupe d'atomes dotĂ© d'une charge globale non nulle, on parle d'ion polyatomique (ou molĂ©culaire). Les sels solides forment une structure tridimensionnelle appelĂ©e rĂ©seau ionique ;
  • les rĂ©seaux covalents solides, qui sont des composĂ©s covalents non molĂ©culaires comme le diamant, le graphite, le graphène ou encore le dioxyde de silicium. Ce sont des structures covalentes gĂ©antes, crĂ©ant un rĂ©seau tridimensionnel comparable aux structures des rĂ©seaux mĂ©talliques ou ioniques.

Dans le milieu interstellaire

Dans les régions entre des systèmes solaires, la probabilité de rencontre entre atomes est très faible, mais il existe des assemblages moléculaires, tels que le dihydrogène, le monoxyde de carbone ou encore certains fullerènes. Les comètes et les atmosphères gazeuses des planètes contiennent une plus grande variété de molécules.

Niveau moléculaire

La structure des organismes biologiques qui constituent la biosphère peut être décomposée en plusieurs niveaux d'organisation : atomique, moléculaire, cellulaire, tissulaire, organique, des systèmes nerveux, et enfin celui de l'organisme dans sa totalité fonctionnelle.

L'étude scientifique du vivant se fait par des recherches sur les éléments de chacun de ces niveaux, puis par la compréhension des interactions entre ces différents niveaux (voir l'article Méthode scientifique).

L'étude du niveau des molécules permet de comprendre le fonctionnement de la cellule, qui est l'unité fonctionnelle élémentaire du vivant.

Notes et références

  1. (en) EntrĂ©e « molecule », (DOI 10.1351/goldbook.M04002), d'après IUPAC (compilĂ© par Alan D. McNaught et Andrew Wilkinson), Compendium of chemical terminology : IUPAC recommendations (the Gold Book) [« Compendium de terminologie chimique : recommandations IUPAC »], Oxford, Blackwell science, (rĂ©impr. 2000), 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1987), VIII-450 p., 28 cm (ISBN 0-8654268-4-8 et 978-0-8654268-4-9).
  2. (en) Raymond L. Neubauer, Evolution and the Emergent Self: The Rise of Complexity and Behavioral Versatility in Nature, Columbia University Press, (lire en ligne), p. 259.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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