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Gastronomie moléculaire

La gastronomie moléculaire est, selon Hervé This, la discipline scientifique qui a pour objectif la recherche des mécanismes des phénomènes qui surviennent lors des transformations culinaires. Parfois, le terme est fautivement utilisé pour désigner ce qui est appelé cuisine moléculaire (mode culinaire faisant usage d'ingrédients, méthodes et ustensiles modernes, c'est-à-dire qui n'existaient pas dans les pays occidentaux avant les années 1980)[1].

Version moléculaire des œufs bénédictine (œufs mayonnaise).

Il s'agit d'une discipline scientifique[2] : son objet est de participer au progrès de la connaissance scientifique, avec des applications possibles aux "arts chimiques", notamment la cuisine et les activités de formulation. Le terme "gastronomie moléculaire et physique" (molecular and physical gastronomy) a été proposé en 1988 par Nicholas Kurti, physicien d’Oxford, et Hervé This, physico-chimiste français, qui travaille aujourd’hui dans l’UMR 1145 de l’INRA à AgroParisTech. La première mention de ce terme apparaît sur les lettres envoyées lors de la préparation de l'International Workshop on Molecular and Physical Gastronomy à Erice (Sicile) en . Et la première mention officielle de la discipline apparaît dans le titre de la thèse de doctorat de Hervé This, à l'Université Paris VI : "La gastronomie moléculaire et physique". Soutenue à l'ESPCI ParisTech, cette soutenance avait pour jury : Jean-Marie Lehn, Pierre-Gilles de Gennes, Pierre Potier (qui avait accepté de figurer comme "directeur de thèse" pour des raisons simplement administratives), Nicholas Kurti, Georges Bram, M. Pétroff, C. Contincini.

Depuis le décès de Nicholas Kurti, en 1998, le nom de la discipline a été abrégé en « gastronomie moléculaire ».

En cuisine, la première application des résultats de la gastronomie moléculaire a été la "cuisine moléculaire", dont la définition est "cuisiner avec des ustensiles rénovés" : azote liquide, siphons, évaporateurs rotatifs, filtres à fritté, circulateurs, etc. Pour désigner la cuisine moléculaire, divers cuisiniers ont proposé d'autres appellations, sans changer le contenu de la chose : « cuisine technico-émotionnelle » selon les Espagnols[3], « cuisine technico-conceptuelle », « cuisine moderniste »… Dans tous les cas, il s'agit de cuisine, c'est-à-dire de production de mets, et l'originalité réside dans l'utilisation d'ustensiles issus des laboratoires : siphons, azote liquide, sondes à ultrasons, évaporateurs rotatifs, thermocirculateurs…

Selon Hervé This, la gastronomie moléculaire a pour objet :

  • l’étude scientifique des « dĂ©finitions » et des « prĂ©cisions » culinaires (par « prĂ©cisions », on entend dictons, tours de main, adages, maximes, trucs, astuces, modes d’emploi, etc.) ;
  • l’étude scientifique de la composante artistique de l’activitĂ© culinaire ;
  • l’étude scientifique de la composante sociale de l’activitĂ© culinaire[4].

La gastronomie moléculaire a de nombreuses applications, soit dans l'enseignement de la pratique culinaire, soit dans sa pratique. Notamment, la gastronomie moléculaire a modélisé les réactions chimiques spécifiques de la cuisine, ainsi d'ailleurs que divers phénomènes physiques qui interviennent dans l’émulsion, la floculation, la cuisson à cœur, la convection, les effets tensioactifs, etc.

Depuis sa création, de plus en plus de laboratoires de gastronomie moléculaire sont créés dans le monde : Liban, États-Unis, Finlande, Irlande, etc.

Historique

  • IIIe siècle av. J.-C. Papyrus retrouvĂ© d'un Égyptien sur la fermentation de la viande[5].
  • 1783 Antoine Lavoisier a Ă©tudiĂ© le bouillon de bĹ“uf[6].
  • 1847 Antonin CarĂŞme Ă©crit un traitĂ© en quatre volumes dans lequel il Ă©crit, dans la première page du premier volume, que l'on fait de la chimie quand on cuisine[7].
  • 1911 Louis Camille Maillard publie ses travaux sur la rĂ©action qui porte son nom.
  • 1972 La cuisine traditionnelle subit une rĂ©volution par certains grands chefs : Michel GuĂ©rard, Alain Senderens, les frères Troisgros ou encore Alain Chapel. Les critiques gastronomiques Henri Gault, Christian Millau proclamèrent alors la Nouvelle Cuisine, reprenant un nom dĂ©jĂ  utilisĂ© au XVIIIe siècle.
  • HervĂ© This rĂ©alisait une fiche pour le magazine Elle sur le soufflĂ© au roquefort. Alors qu'il Ă©tait inscrit dans la recette d'y ajouter les jaunes d'Ĺ“ufs deux par deux, HervĂ© This a pensĂ© que c'Ă©tait sans intĂ©rĂŞt, et le soufflĂ© a Ă©tĂ© mĂ©diocre. Puis, quelques jours plus tard, alors qu'il avait des amis Ă  dĂ®ner, il a voulu refaire la mĂŞme recette et ce fut un nouvel Ă©chec. Il a alors dĂ©cidĂ© de se consacrer Ă  l'Ă©tude scientifique des "prĂ©cisions culinaires", et de la cuisine en gĂ©nĂ©ral.
  • HervĂ© This s'est donnĂ© la mission de collectionner et de tester les dictons culinaires. Il en a aujourd’hui plus de 25 000, rien que pour les livres de cuisine français.
  • 1986 HervĂ© This rencontre le physicien britannique d'origine hongroise Nicholas Kurti, et ces deux scientifiques se mettent Ă  collaborer, dans leurs recherches.
  • 1988 HervĂ© This et Nicolas Kurti observent que la science des aliments se dĂ©veloppe depuis des siècles et dĂ©cident de crĂ©er une nouvelle discipline scientifique : la gastronomie molĂ©culaire et physique, qui Ă©tudie les phĂ©nomènes culinaires.
  • HervĂ© This et Nicholas dĂ©cident d'organiser des congrès internationaux de gastronomie molĂ©culaire (dès 1992), au Centre scientifique d'Erice (Sicile, Italie).
  • 1998 Ă€ la mort de Nicolas Kurti, le nom de cette discipline est rĂ©duit Ă  "gastronomie molĂ©culaire", la terminologie initiale ayant Ă©tĂ© jugĂ©e encombrante.

Actuellement, Hervé This donne des séminaires mensuels et des cours annuels à Paris, et invente une recette par mois qu'il publie sur le site de Pierre Gagnaire pour que celui-ci l'utilise dans ses restaurants. Les recettes sont toutes publiées.

La gastronomie moléculaire se développe dans le monde entier, avec des groupes de scientifiques de nombreux pays, au point que Hervé This organise, depuis 2009, un congrès pour les scientifiques du monde entier qui portera sur la gastronomie moléculaire.

Histoire de l'Ă©tude physico-chimique de la cuisine

Parmentier, pionnier de la chimie des aliments.

Des scientifiques réputés tels que Lavoisier, Parmentier, Appert, Liebig, Rumford, Chevreul ont exploré certaines transformations culinaires[8].

Dans la première moitié du XXe siècle, le microbiologiste français Édouard de Pomiane fait une large publicité aux études scientifiques de la cuisine, mais il confondit science, technologie, technique et art. En 1922, il invente le terme de « gastrotechnie »[9], technologie culinaire ancêtre de la gastronomie moléculaire[10].

En 1984, l’Américain Harold McGee (en) publie On Food and Cooking, suivi en 1990 par The Curious Cook, qui deviennent rapidement une référence pour les cuisiniers anglo-saxons.

Kurti, This et la gastronomie moléculaire

Bain chauffant utilisé pour la cuisson à basse température.

L’appellation de la discipline résulte de la rencontre de Nicholas Kurti et d'Hervé This, qui ont compris qu’un champ scientifique pouvait utilement être identifié, non pas dans l’étude des aliments mais, plus spécifiquement, dans l’étude scientifique des phénomènes culinaires. L’un et l’autre ayant procédé à des recherches sur les processus physico-chimiques mis en œuvre par les méthodes empiriques de l’art culinaire, ils collaborèrent à partir de 1985, et leur collaboration fructueuse ne devait prendre fin qu’avec la disparition de Kurti en 1998, à l’âge de 90 ans.

En 1998, la terminologie « gastronomie moléculaire et physique » étant encombrante, Hervé This décida d’utiliser désormais « gastronomie moléculaire », et il donna le nom de Kurti aux congrès internationaux d'Erice (Sicile), dont ils étaient tous deux directeurs.

Le terme « gastronomie moléculaire » se réfère à la biologie moléculaire : en 1934, Warren Weaver, alors directeur des National Institute of Health, avait proposé cette terminologie pour désigner cette nouvelle pratique de la biologie où l’on introduisait des méthodes chimiques et physiques. Pour la gastronomie moléculaire, l’idée est la même : initialement, le programme de la discipline correspondait à l’introduction en cuisine de pratiques tirées de la chimie et de la physique, à côté de l’étude physico-chimique des transformations culinaires (macération, caramélisation, doubles cuissons, etc.).

Le programme initial de la discipline, publié notamment dans la thèse de Hervé This et soutenue en 1996 sous le titre La gastronomie moléculaire et physique, à l’Université Paris VI, était fautif puisqu’il était libellé comme suit :

  • le recensement et l’exploration physico-chimique des dictons culinaires ;
  • la modĂ©lisation des pratiques culinaires en vue de perfectionnements ;
  • l’introduction d’outils, mĂ©thodes et ingrĂ©dients nouveaux en cuisine domestique ou de restaurant ;
  • l’invention de plats nouveaux fondĂ©s sur les analyses des mets classiques ;
  • la prĂ©sentation des sciences au public, fondĂ©e sur l’analyse des gestes culinaires.

Comme les trois derniers objectifs sont de nature technologique ou sociologique, Hervé This a proposé un nouveau programme scientifique en 2005 :

  • explorer la composante technique de la cuisine (modĂ©lisation des « dĂ©finitions » et tests des « prĂ©cisions », c’est-Ă -dire dictons, tours de mains, adages, trucs, astuces, etc.) ;
  • explorer la composante artistique de la cuisine ;
  • explorer la composante relationnelle de la cuisine[11].

Intérêts et enjeux

Évaporateur rotatif utilisé dans la préparation des distillats et des extraits.

La gastronomie moléculaire[12] est une branche particulière de la science des aliments. D’après Hervé This, il est légitime que le contribuable soutienne une telle activité, car son développement est important. La gastronomie moléculaire a un intérêt industriel vis-à-vis de la commercialisation des plats préparés et de l’agroalimentaire : prenons l’exemple de l’œuf qui est fréquemment utilisé dans l’industrie alimentaire. Chacun sait que l’œuf peut être à l’origine d’intoxications alimentaires à la Salmonella. L’OMS indique qu’en Europe, la consommation d’œufs infectés, crus ou mal cuits est responsable de 40 % des cas de salmonellose. Les risques de contaminations semblent donc assez importants. Dans ce cas, les études de la gastronomie moléculaire sont appliquées en mettant en jeu la chimie des aliments, la biochimie, la physique et la microbiologie alimentaire pour assurer la salubrité des produits de l’industrie agroalimentaire.

D’autre part, certaines protéines alimentaires ont des propriétés allergisantes ; il est donc indispensable de pouvoir substituer certains aliments dans des recettes. Par exemple, l’œuf est un aliment intéressant au niveau physico-chimique : il présente un pouvoir émulsifiant, moussant et coagulant. Dans la préparation d’un flan, l’œuf est un coagulant qui peut être remplacé par de l’agar-agar – substance mucilagineuse extraite de certaines algues rouges – car il présente des propriétés comparables. La gastronomie moléculaire permet de chercher des substituts adéquats à partir de l’étude des propriétés physico-chimiques des aliments.

Diffusion dans le grand public

Cuisine moléculaire : livre de recette et kit.

Sur la chaîne de télévision France 5, Hervé This a régulièrement animé une chronique appelée Toque à la loupe, face à un chef de cuisine en tenue de chef, et avec qui il dialoguait (lui-même ne portant pas une blouse de chimiste, mais le gilet qui sied à un professeur). L’un des moments forts de cette série fut celui consacré à la sorbetière, où Hervé This montra qu’on peut se passer de cet instrument, destiné à empêcher la formation de gros cristaux de glace, en refroidissant très vite la préparation, et cela en y versant de l’azote liquide. La glace préparée en direct par ce moyen fut dégustée par le chef et trouvée excellente. Puis il présenta d'autres innovations dans l'émission Côté Labo, Côté Cuisine.

Les grands chefs et la gastronomie moléculaire

De nombreux cuisiniers ont utilisé les résultats de la gastronomie moléculaire. Parmi eux, Pierre Gagnaire, Denis Martin, Marc Veyrat, Ferran Adria, Emile Jung, Grant Achatz, Wilie Dufresne, Heston Blumenthal, Raymond Blanc, Thierry Marx, etc. La "cuisine moléculaire", cette cuisine moderne dérivée de la science qu'est la gastronomie moléculaire, s'est popularisée, puisque des enseignes de grande distribution se sont mis à vendre des siphons ou des systèmes de cuisson à basse température. Mais à la fin des années 2010, elle marque le pas face notamment à la bistronomie, devant les difficultés techniques pour la réaliser correctement et l'émergence de nouvelles formes de cuisine qui privilégient de nouvelles modes de consommation et de nouveaux ingrédients (comme les cuisines végan, sans gluten, faciles à faire ou plus conviviales…).

En outre, les chefs Ferran Adrià, Heston Blumenthal, Thomas Keller et l’écrivain Harold McGee (en), qui fut directeur invité du premier International Workshop on Physical and Molecular Gastronomy, ont pris une certaine distance avec la gastronomie moléculaire, même s'ils utilisent de nombreux résultats de cuisine moléculaire. Dans un article publié dans le Guardian en 2006, ils écrivent ainsi « le terme de gastronomie moléculaire ne décrit pas notre cuisine, ni d’ailleurs, aucun style de cuisine »[13]. Ainsi, Ferran Adrià préfère définir ses travaux « d’avant-garde créative »[14] et dit même faire de la tecnoemoción.

Notes et références

  1. Thierry Marx, Raphaël Haumont, L'innovation aux fourneaux, Dunod, , p. 14
  2. https://www.dailymotion.com/video/xbqvr1_herve-this-science-et-gastronomie-m_techundefined Une conférence d’Hervé This aux Ernest de l’École Normale Supérieure sur la gastronomie moléculaire
  3. Jean Lebrun, « La nouveauté en cuisine », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, 6 mai 2013
  4. Conférence à l’UTLS, mars 2000
  5. Hervé This, Cours de gastronomie moléculaire : Science, technologie, technique, Paris/Versailles, Editions Quae, , 159 p. (ISBN 978-2-7592-0389-5, lire en ligne)
  6. Hervé This, « Le bouillon de Lavoisier », sur Pourlascience.fr (consulté le )
  7. « Livre-Rare-Book », sur Livre Rare Book (consulté le )
  8. Catherine Vincent, « La cuisine, art moléculaire », Le Monde,‎ , p. 17
  9. Terme apparu en 1922 dans son livre « Bien manger pour bien vivre. Le code de la bonne chère », Albin Michel, 1922
  10. (en) Hervé This, Molecular Gastronom. Exploring the Science of Flavor, Columbia University Press, , p. 6.
  11. « Cette discipline veut comprendre et perfectionner les procédés culinaires, s’interroger sur des gestes familiers, venus de l’habitude ou du développement empirique de la cuisine, transmettre du savoir scientifique et technique à partir d’élément de la vie quotidienne. » Hervé This dans Traité élémentaire de cuisine, chap 5.
  12. Peter Barham,Leif H. Skibsted, Wender L. P. Bredie, Michael Bom Frøst, Per Møller, Jens Risbo, Pia Snitkjær, Louise Mørch Mortensen: Molecular Gastronomy: A New Emerging Scientific Discipline, Chemical Reviews 2010, 110, 2313–2365
  13. « The fashionable term “molecular gastronomy” was introduced relatively recently, in 1992, to name a particular academic workshop for scientists and chefs on the basic food chemistry of traditional dishes. That workshop did not influence our approach, and the term “molecular gastronomy” does not describe our cooking, or indeed any style of cooking. » (Ferran Adrià, Heston Blumenthal, Thomas Keller, Harold McGee (en), « Statement on the 'new cookery' », The Observer, 10 décembre 2006. Cf. également « 'Molecular gastronomy is dead.' Heston speaks out », The Observer
  14. Stéphane Leblanc, « Avant-garde », 20 Minutes, édition du 31 mars 2008.

Annexes

Bibliographie

  • Antoine-François Fourcroy, Système des connaissances chimiques et de leurs applications aux phĂ©nomènes de la nature et de l’air, t. IX, Paris, Baudouin, Brumaire An IX.
  • (en) Friedrich Accum, Culinary Chemistry, Exhibiting The Scientific Principles of Cookery, With Concise Instructions for Preparing Good and Wholesome Pickles, Vinegar, Conserves, Fruit Jellies, Marmalades, And Various Other Alimentary Substances Employed In Domestic Economy, With Observations On the Chemical Constitution And Nutritive Qualities of Different Kinds of Food, With Copper Plates, R. Ackermann, 101 Strand London, 1821.
  • Anselme Payen, Des substances alimentaires et des moyens de les amĂ©liorer, de les conserver et d’en reconnaĂ®tre les altĂ©rations, Hachette, Paris, 1854.
  • Édouard de Pomiane, Travaux pratiques de cuisine raisonnĂ©e, Librairie Le François, Paris, 1926.
  • (en) Harold McGee, On Food and Cooking: The Science and Lore of the Kitchen, Fireside, New York 1984 (ISBN 0-684-80001-2), 2004.
  • (en) Harold McGee, The Curious Cook: More Kitchen Science and Lore, MacMillan, New York, 1990 (ISBN 0-02-009801-4), 1990.
  • HervĂ© This, Les Secrets de la casserole, Éditions Belin, Paris, 1993 (ISBN 2-7011-1585-X)
  • HervĂ© This, RĂ©vĂ©lations gastronomiques, Éditions Belin, Paris, 1995 (ISBN 2-7011-1756-9)
  • HervĂ© This, La Casserole des enfants, Éditions Belin, Paris, 1999 (ISBN 2-7011-2309-7)
  • HervĂ© This, Six lettres gourmandes, Éditions Jane Otmezguine, 2002.
  • HervĂ© This, TraitĂ© Ă©lĂ©mentaire de cuisine, Éditions Belin, Paris, 2002 (ISBN 2-7011-3303-3)
  • HervĂ© This, Casseroles & Ă©prouvettes, Éditions Belin/pour la science, Paris, (ISBN 2-8424-5039-6)
  • HervĂ© This et Pierre Gagnaire, La Cuisine c’est de l’amour, de l’art et de la technique, Paris, (ISBN 978-2-7381-2200-1)
  • HervĂ© This, Marie-Odile Monchicourt, Construisons un repas, Éditions Odile Jacob, Paris, 2007 (ISBN 2-7381-1876-3)
  • HervĂ© This, De la science aux fourneaux, Éditions Pour la Science/Belin, Paris, 2007 (ISBN 2-8424-5087-6)
  • HervĂ© This, Pierre Gagnaire et N. de Bonnefons, Alchimistes aux fourneaux, Éditions Flammarion, Paris, 2007 (ISBN 2-0820-1534-3)
  • Anne Cazor et Christine LiĂ©nard, Petit prĂ©cis de cuisine molĂ©culaire, Éditions Marabout, Paris, 2007 (ISBN 978-2-501-05866-7)
  • HervĂ© This, Mon histoire de cuisine, Éditions Belin, 2014.
  • RaphaĂ«l Haumont, Les papilles du chimiste. Saveurs et parfums en cuisine, Dunod, , 176 p. (lire en ligne)
  • (en) Alan L. Kelly, Christophe Lavelle, Herve This, Roisin Burke, Handbook of Molecular Gastronomy. Scientific Foundations, Educational Practices, and Culinary Applications, CRC Press, , 894 p. (lire en ligne)

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