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Monoxyde de carbone

Le monoxyde de carbone est le plus simple des oxydes du carbone. La molĂ©cule est composĂ©e d'un atome de carbone et d'un atome d'oxygĂšne ; sa formule brute s'Ă©crit CO et sa formule semi-dĂ©veloppĂ©e C≡O ou |C≡O|. Ce corps composĂ© est Ă  l'Ă©tat gazeux dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression.

Monoxyde de carbone
Image illustrative de l’article Monoxyde de carbone
Image illustrative de l’article Monoxyde de carbone
Identification
No CAS 630-08-0
No ECHA 100.010.118
No CE 211-128-3
PubChem 281
ChEBI 17245
Apparence gaz comprimé incolore, inodore, insipide[1].
Propriétés chimiques
Formule CO [IsomĂšres]CO
Masse molaire[2] 28,010 1 ± 0,001 1 g/mol
C 42,88 %, O 57,12 %,
Moment dipolaire 0,109 80 D[3]
Propriétés physiques
T° fusion −205 °C[1]
T° Ă©bullition −191 °C[1]
SolubilitĂ© dans l'eau Ă  20 °C : 2,3 ml/100 ml[1]
Masse volumique 1,145 (gaz Ă  298K)
T° d'auto-inflammation 605 °C[1]
Point d’éclair Gaz Inflammable[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 12,5–74,2 %vol[1]
Pression de vapeur saturante
Point critique −140,05 °C, 3,50 MPa[5]
Vitesse du son 338 m·s-1 (0 °C,1 atm)[6]
Thermochimie
ΔfH0gaz −110,53 kJ·mol-1[7]
Cp
PCS 283,0 kJ·mol-1 (25 °C, gaz)[9]
PCI 283,4 kJ·mol-1[10]
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 14,014 ± 0,000 3 eV (gaz)[11]
Cristallographie
Symbole de Pearson [12]
Classe cristalline ou groupe d’espace P213, (no 198) [12]
Strukturbericht B21[12]
Précautions
SGH[13] - [14]
SGH02 : InflammableSGH04 : Gaz sous pressionSGH06 : ToxiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H220, H331, H360D, H372, P201, P210, P261, P311, P403 et P410
SIMDUT[15]
A : Gaz compriméB1 : Gaz inflammableD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats graves
A, B1, D1A, D2A,
Transport
-
Inhalation TrĂšs dangereuse, mortelle
Ingestion Cause possible de nausée et vomissements avec risque d'intoxication

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le monoxyde de carbone est un gaz incolore, inodore, insipide et non irritant, indĂ©tectable par les mammifĂšres bien que particuliĂšrement toxique. Le mĂ©lange avec l’air est facile puisque les deux gaz ont une densitĂ© proche[16]. Chez l'ĂȘtre humain, il est la cause de nombreuses intoxications domestiques, parfois mortelles, qui peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©es par l'utilisation d'un dĂ©tecteur de monoxyde de carbone[17]. Son Ă©manation, provenant d'une combustion incomplĂšte de composĂ©s carbonĂ©s, est accentuĂ©e par une mauvaise alimentation en air frais et/ou une mauvaise Ă©vacuation des produits de combustion (ventilation).

Structure orbitalaire

Les orbitales molĂ©culaires qui dĂ©crivent la structure du monoxyde de carbone sont relativement semblables Ă  celle du diazote N2. Les deux molĂ©cules ont chacune quatorze Ă©lectrons et quasiment la mĂȘme masse molaire. À premiĂšre vue, on pourrait penser, Ă  tort, que l'atome de carbone est divalent dans le mĂ©somĂšre C=O et que c'est donc un carbĂšne. Cependant, l'isomĂšre de rĂ©sonance −C≡O+ est la forme prĂ©dominante[18], comme l'indique la distance interatomique de 112 pm, qui correspond plutĂŽt Ă  une triple liaison. En consĂ©quence, la molĂ©cule CO prĂ©sente un moment dipolaire inversĂ© par rapport aux prĂ©visions que l'on pourrait faire grĂące Ă  l'Ă©lectronĂ©gativitĂ© de C et de O : une lĂ©gĂšre charge partielle nĂ©gative rĂ©side sur le carbone.

Propriétés chimiques

Dans les conditions normales de température et de pression, le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore, trÚs peu soluble dans l'eau. Ses points d'ébullition et de fusion, et surtout sa densité gazeuse sont proches de ceux de l'azote moléculaire. Mais l'asymétrie d'électronégativité explique qu'il est beaucoup plus réactif que l'azote moléculaire et joue un rÎle de ligand dans des complexes métalliques. Sa toxicité ((voir infra)) ou sa métastabilité en dessous de 950 °C en sont une preuve.

Le premier sens de l'Ă©quation rĂ©versible de Boudouard est une rĂ©action de dĂ©composition chimique exothermique (ΔH < 0).

avec une variation d'enthalpie (ΔH) de −39 kcal/mol (−163 kJ/mol).

La cinĂ©tique de cette rĂ©action rĂ©versible est catalysĂ©e par les surfaces de mĂ©taux et d'oxydes mĂ©talliques, par exemple le fer et ses oxydes. Si la rĂ©action a lieu avec une cinĂ©tique suffisante, elle est Ă  moitiĂ© rĂ©alisĂ©e vers 700 °C et complĂšte en dessous de 400 °C. Comme la rĂ©action de Boudouard prĂ©sentĂ©e dans cette direction est exothermique, elle est donc, d'aprĂšs la loi de van 't Hoff, thermodynamiquement favorisĂ©e par une diminution de la tempĂ©rature qui favorise l'Ă©vacuation de la chaleur produite par la rĂ©action. NĂ©anmoins la tempĂ©rature doit ĂȘtre suffisante du point de vue de la cinĂ©tique rĂ©actionnelle.

Le monoxyde de carbone est absorbé par une solution saturée de chlorure cuivreux dans de l'acide chlorhydrique qui précipite. Ce précipité, composé d'addition sous forme de cristaux blancs permettait avec l'appareil Orsat de doser de maniÚre volumétrique le monoxyde de carbone parmi d'autres gaz. L'analyse de ce gaz industriel, combustible, était pratiquée communément bien avant 1880.

Formation du monoxyde de carbone lors des combustions incomplĂštes

Lorsque l'oxygĂ©nation du foyer est insuffisante pour brĂ»ler complĂštement les gaz formĂ©s Ă  partir de la matiĂšre, mais que la rĂ©action est assez exothermique pour Ă©lever et maintenir la tempĂ©rature au-delĂ  de 950 °C, le monoxyde de carbone se forme prĂ©fĂ©rentiellement au dioxyde de carbone, selon l'Ă©quilibre de Boudouard. En dessous de ce seuil, la molĂ©cule CO est mĂ©tastable, a fortiori Ă  tempĂ©rature et pression ambiantes. Elle se dĂ©compose toutefois trĂšs lentement, et surtout au contact de surfaces pour former du dioxyde de carbone et du carbone. C'est selon cette rĂ©action rĂ©versible que le carbone est transportĂ© au cƓur des procĂ©dĂ©s sidĂ©rurgiques ou, plus surprenant, au cƓur de mĂ©canismes biochimiques in vivo.

Combustion et vieux usages industriels

Le monoxyde de carbone rĂ©agit avec le dioxygĂšne pour former du dioxyde de carbone suivant la rĂ©action exothermique (ΔH < 0) :

avec une variation d'enthalpie (ΔH) de −67,5 kcal/mol (−282 kJ/mol).

C'est pourquoi il était préparé en quantité considérable dans le gazogÚne de type Siemens. Ce gaz (combustible en présence d'air) est le produit d'une combustion incomplÚte de lits de charbon, le but étant de maintenir une température importante (supérieure à 950 °C) pour favoriser la production de monoxyde de carbone face au dioxyde.

La pyrolyse de la houille ou gazéification du charbon par exemple permet d'obtenir le gaz de houille qui contient environ un dixiÚme de masse en monoxyde de carbone (en général, les gaz manufacturés d'abord produits pour les besoins de l'éclairage contiennent principalement du dihydrogÚne, du méthane, des oxydes de carbone).

En termes de pyrolyse (qui était interdite par la législation française sur le gaz d'éclairage) ou sur un

Autre exemple: la projection d'eau ou de vapeur d'eau sur du charbon porté au rouge, permet d'obtenir le gaz à l'eau, encore appelé aprÚs purification gaz de synthÚse.

Cette rĂ©duction de la vapeur d'eau est conduite Ă  500 °C, catalysĂ©e sur un lit de Fe2O3 et d'autres oxydes mĂ©talliques. Cette rĂ©action autrefois commune en carbochimie est endothermique (ΔH > 0), avec une variation d'enthalpie libre (ΔH) de +10 kcal/mol (+41,8 kJ/mol).

Le monoxyde de carbone est le gaz rĂ©ducteur des divers oxydes mĂ©talliques. Il se forme en traversant les couches de charbon de bois des bas fourneaux antiques et des hauts fourneaux, communs Ă  partir du XIVe siĂšcle. Les mĂ©tallurgistes, et en particulier les sidĂ©rurgistes de l'AntiquitĂ© ou du Moyen Âge, soupçonnent dĂ©jĂ  l'existence d'un corps subtil qui rĂ©duit les minerais finement triĂ©s et concassĂ©s.

RĂ©duction du CO par le dihydrogĂšne H2

Suivant les catalyseurs employĂ©s, les stƓchiomĂ©tries et les conditions des phases gazeuses, une gamme de molĂ©cules organiques ou, en prĂ©sence de mĂ©taux rĂ©actifs, de carbures mĂ©talliques comme le carbure de tungstĂšne (utilisation de poudres carbonĂ©es dans la production) a Ă©tĂ© obtenue au tournant du XXe siĂšcle. Les chimistes allemands et français ont Ă©tĂ© les prĂ©curseurs.

Senderens et Sabatier en 1902 proposent le nickel à 240 °C sous 1 atm.

Si on augmente la pression au-delà de 100 atm et si on adapte la catalyse, la synthÚse de combustibles liquides, sous forme d'hydrocarbures, ou encore d'alcÚnes, d'alcools, de glycols ou de cétones est réalisable.

La synthÚse du méthanol, une des plus importantes matiÚres premiÚres industrielles de synthÚse, illustre ce type de procédé :

À une pression d'environ 300 atm, et une tempĂ©rature de 370 °C, l'emploi de catalyseurs Ă  base de ZnO, Cr2O3 permet d'obtenir un mĂ©thanol trĂšs pur.

Une autre possibilité de catalyse à 50 atm, à une température de 250 °C avec CuO, ZnO, Al2O3 est encore commune pour obtenir du méthanol.

On peut produire de l'acide acétique en faisant réagir du monoxyde de carbone et du méthanol avec une catalyse homogÚne de rhodium (procédé Monsanto).

Cependant, ces rĂ©actions ne sont pas utilisĂ©es dans tous les cas, d'autres rĂ©actions catalysĂ©es par l'activitĂ© microbienne sont plus efficaces, plus faciles Ă  mettre en Ɠuvre ou moins coĂ»teuses, ainsi l'acide acĂ©tique (acide Ă©thanoĂŻque) peut ĂȘtre produit Ă  partir d'Ă©thanol lors de la fermentation acĂ©tique par des bactĂ©ries, l'Ă©thanol Ă©tant lui-mĂȘme produit Ă  partir de sucres lors de la fermentation alcoolique par des levures ou des bactĂ©ries.

RĂ©action d'addition

L'addition de CO en présence de dihydrogÚne avec les alcÚnes, appelée hydroformylation, permet la synthÚse industrielle des aldéhydes.

alcĂšne monosubstituĂ© + CO2 + H2 → mĂ©lange d'aldĂ©hydes, puis aprĂšs rĂ©duction, d'alcools primaires.

L'action catalytique de Co(CO)4, à P # 120 bars, T = 80 °C, permet de fixer CO sur la chaßne carbonée. Les proportions de racémiques sont fonction de la facilité d'accÚs au site électrophile. De façon prépondérante, la chaßne est allongée plutÎt que ramifiée.

Une rĂ©action conduite en prĂ©sence d'eau donne des acides carboxyliques. S'ils sont produits en mĂȘme temps que des cĂ©tones, rĂ©duites en alcools, des Ă©quilibres d'estĂ©rification favorisent un mĂ©lange complexe avec des esters.

Le procédé Aldox permet à partir d'alcÚnes terminaux (voir alpha-olefin), propÚne, et de gaz de synthÚse, une premiÚre réaction OXO. AprÚs aldolisation avec la soude NaOH, puis une crotonisation à l'aide d'un acide, et enfin une hydrogénation sur Ni, des alcools primaires en C6-C9 peuvent servir de plastifiants sous forme d'ester.

Outre les alcĂšnes, CO s'additionne aussi au dioxygĂšne (combustion), aux dihalogĂšnes ou au cyanogĂšne, au soufre ou Ă  la soude.

Composés d'addition avec des métaux de transition : les carbonyles de métaux

Avec le nickel et le fer, comme avec les autres métaux de transition du groupe VI, du groupe VII et du groupe VIII, le monoxyde de carbone forme des composés d'addition. La structure de ces complexes a été élucidée par les travaux pionniers d'Alfred Werner.

Le tétracarbonyle de nickel Ni(CO)4 est un composé volatil découvert en 1888 par Mond, Langer et Quincke qui a permis de purifier le nickel du cobalt. Ce composé, cancérogÚne, se décompose immédiatement en monoxyde de carbone et nickel, ce qui permet la purification du nickel. L'emploi de monoxyde de carbone sous forte pression a permis de découvrir une multitude d'autres carbonyles de métaux entre 1890 et 1910, parmi lesquels Co(CO)4 utilisé ci-dessous comme catalyseur de la synthÚse OXO. Ces transporteurs d'oxyde de carbone sur les molécules organiques, communément usités dÚs 1940 et appelés carbonyles métalliques, donneront cours à une intense littérature de brevets dans les années 1950. Fernand Gallais a apporté une meilleure compréhension physicochimique de ce domaine désormais établi de la chimie de coordination.

Le monoxyde de carbone dans la nature

Une petite partie est d'origine gĂ©ologique, une partie substantielle vient de la combustion de ressources Ă©nergĂ©tiques fossiles, mais l'essentiel provient des feux de biomasse. Ces feux sont en partie d'origine naturelle, mais le plus souvent d'origine anthropique (feux de forĂȘt, de brousse, etc.).

Pour les panaches les plus concentrĂ©s en CO, hormis au Japon et en Inde oĂč la source anthropique domine, les feux de biomasse en sont l'origine premiĂšre. Les feux contribuent « en moyenne Ă  45 % aux 1 % plus forts panaches observĂ©s en Allemagne, ce chiffre atteignant 70 % pour le nord-est des États-Unis et le sud-est de la Chine, et 90 % pour la Namibie »[19]. Ceci explique aussi la saisonnalitĂ© des pics de concentration en CO dans l'atmosphĂšre, saisonnalitĂ© qui varie selon la proximitĂ© du pĂŽle ou de l'Ă©quateur. Ces panaches touchent la couche limite des rĂ©gions touchĂ©es (de 0 Ă  km au-dessus de la surface terrestre) et en partie transportĂ©s plus haut jusque dans la troposphĂšre libre (au-dessus de la couche limite) oĂč des vents plus forts les dispersent plus largement, et oĂč ils peuvent persister un certain temps[19]. En aĂ©rologie, CO est un traceur parfois utilisĂ© pour cartographier le dĂ©placement de panaches de pollutions crĂ©Ă©es par de grands feux.

Intoxication au monoxyde de carbone

L’intoxication par le monoxyde de carbone reprĂ©sente en France 6 000 Ă  8 000 cas par an dont 90 (en 2006[20]) Ă  300 dĂ©cĂšs[21]. C'est la premiĂšre cause de dĂ©cĂšs par intoxication en France. En revanche la mortalitĂ© hospitaliĂšre est infĂ©rieure Ă  1 %.

Ces causes sont le plus souvent accidentelles, par mauvais fonctionnement ou mauvaise utilisation de moyens de chauffage (bois, fuel, etc.) ou de moteurs thermiques (par exemple : fonctionnement d'un groupe électrogÚne dans un garage mal ventilé).

En France, entre et , 1 008 incidents d’intoxication domestique au CO et impliquant 3 490 personnes ont Ă©tĂ© signalĂ©s Ă  l’Institut de veille sanitaire (InVS), malgrĂ© les conditions mĂ©tĂ©orologiques clĂ©mentes pendant l'hiver. De Ă  mi-, 53 Ă©pisodes d’intoxication au monoxyde de carbone ont concernĂ© 170 personnes[17].

Signes cliniques

Les signes cliniques les plus frĂ©quents sont des cĂ©phalĂ©es (environ 80 % des cas), des vertiges (75 % des cas), des nausĂ©es (51 % des cas). Le malaise est aussi frĂ©quent. L’asthĂ©nie, l’impotence musculaire surtout des membres infĂ©rieurs sont aussi classiques.

Une exposition plus importante provoque des signes neurologiques et sensoriels : excitation, agitation, ataxie (trouble neurologique), confusion, et plus graves, perte de conscience (16 % des cas) et coma (3 Ă  13 % des cas).

Utilisation pour des meurtres de masse

Au cours de la Seconde Guerre mondiale le monoxyde de carbone fut utilisĂ© par le rĂ©gime nazi en concurrence avec le Zyklon B pour mettre Ă  mort les handicapĂ©s, les juifs et d’autres victimes. Plusieurs moyens furent utilisĂ©s pour asphyxier les victimes avec ce gaz.

Lors de l’Aktion T4 visant Ă  Ă©liminer les handicapĂ©s, le gaz Ă©tait fourni sous forme de bonbonnes dont le contenu Ă©tait diffusĂ© par des canalisations dans les chambres Ă  gaz amĂ©nagĂ©es dans les « instituts d'euthanasie ».

Pour la solution finale, deux techniques furent mises en Ɠuvre. Soit les victimes montaient Ă  bord de camions spĂ©cialement amĂ©nagĂ©s. Les gaz d’échappement pouvaient ĂȘtre dĂ©rivĂ©s vers la caisse hermĂ©tique du vĂ©hicule oĂč Ă©taient enfermĂ©es les victimes. Ce procĂ©dĂ© fut utilisĂ© au camp d’extermination de Chelmno et en d’autres endroits. Dans les trois camps d’extermination de l’Aktion Reinhard, les gaz d’échappement de moteurs Ă  explosion Ă©taient canalisĂ©s Ă  l’intĂ©rieur des chambres Ă  gaz oĂč se trouvaient les victimes[22].

Valeurs seuils ou guide

En France, l'AFSSET a publiĂ© en 2007 des Valeurs guides de qualitĂ© d’air intĂ©rieur (VGAI)[23] :

  • 10 mg·m-3, pour une exposition de h
  • 30 mg·m-3, pour une exposition d’h
  • 60 mg·m-3, pour une exposition de 30 min
  • 100 mg·m-3, pour une exposition de 15 min
  • 1,28 % de CO dans l'air entraĂźne la perte de connaissance aprĂšs quelques respirations et la mort survient en moins de 3 minutes.
  • 30 minutes d'exposition Ă  0,32 % de CO dans l'air provoque Ă©galement un dĂ©cĂšs.

Monoxyde de carbone et pollution atmosphérique

Ă©missions de Co issus des feux de forĂȘt d'Alaska en 2022 (donnĂ©es du satellite Copernicus Sentinel-5P) : taux moyens de monoxyde de carbone (CO), du 1er au 10 juillet 2022, suite aux incendies de forĂȘt d'Alaska et du Canada.
Composition informatique issue des données MOPITT pour CO (monoxyde de carbone) en ; avec mise en évidence des impacts du chauffage urbain en zone froide et tempérée.

Le monoxyde de carbone est plus connu comme polluant de l'air intérieur, mais il est aussi impliqué de façon majeure dans les effets délétÚres de la pollution atmosphérique.

Diverses mesures (y compris satellitaires[24] - [25]) montrent qu'il est Ă©mis en grande quantitĂ© par les feux de forĂȘts, et de maniĂšre plus diffuse par les chaudiĂšres et moteurs thermiques, y compris dans la haute atmosphĂšre par les tuyĂšres d'avion oĂč le monoxyde de carbone pourrait contribuer Ă  perturber les Ă©quilibres physico-chimiques aux altitudes de vol des avions Ă  rĂ©action, altitudes oĂč des phĂ©nomĂšnes photochimiques complexes sont en jeu, avec de probables interactions avec l'ozone et la vapeur d'eau.

Dans la troposphĂšre, le monoxyde de carbone est un gaz toxique reconnu Ă  des concentrations assez basses.

Plusieurs Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ont mis en Ă©vidence une corrĂ©lation entre la pollution au monoxyde de carbone et la mortalitĂ© due Ă  des causes cardiovasculaires[26], sans qu'il soit possible d'affirmer si la relation de cause Ă  effet n'est pas plutĂŽt due Ă  d'autres polluants prĂ©sents. Toutefois certaines Ă©tudes expĂ©rimentales ont confirmĂ© la possibilitĂ© d'un lien direct. En effet, une Ă©tude[27] a permis de mettre en Ă©vidence le dĂ©veloppement d'un phĂ©notype cardiomyocytaire pathologique chez une population de rats exposĂ©s Ă  ce polluant. De plus, une Ă©tude[28] a permis d'observer une augmentation de la sensibilitĂ© du myocarde Ă  l'ischĂ©mie-reperfusion (simulation d'un infarctus du myocarde). Cependant cette mĂȘme Ă©quipe a Ă©galement rapportĂ© que les effets dĂ©lĂ©tĂšres du monoxyde de carbone sur la sensibilitĂ© Ă  l'ischĂ©mie-reperfusion pourraient ĂȘtre contrecarrĂ©s par une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre et modĂ©rĂ©e, susceptible de prĂ©venir le dĂ©veloppement du phĂ©notype pathologique[29].

Le tabagisme est aussi une source d'exposition chronique à de petites quantités de CO[30].

Notes et références

  1. MONOXYDE DE CARBONE, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) M.Dubite, Handbook of chemistry and physics, Vienne, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1 et 142006679X), p. 9-50
  4. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 978-0-07-049841-9 et 0-07-049841-5, LCCN 96051648), p. 2-50
  5. (en) Irving M. Klotz et Robert M. Rosenberg, Chemical Thermodynamics, Basic Concepts and Methods, Hoboken, Wiley-VCH Verlag GmbH & Co. KGaA, , 7e Ă©d., 564 p. (ISBN 978-0-471-78015-1 et 0-471-78015-4, LCCN 2008275257), p. 98.
  6. (en) W. M Haynes, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, 2010-2011, 91e Ă©d., 2610 p. (ISBN 978-1-4398-2077-3), p. 14-40
  7. (en) Irvin Glassman et Richard A. Yetter, Combustion, Londres, Elsevier, , 4e Ă©d., 773 p. (ISBN 978-0-12-088573-2, LCCN 2008274100), p. 6
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  11. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205
  12. « The CO (B21) Structure », sur http://cst-www.nrl.navy.mil/ (consulté le )
  13. Numéro index 006-001-00-2 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  14. « Monoxyde de carbone » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  15. L’air a une masse molaire moyenne de 29 g/mol, le CO a une masse molaire de 28 g/mol. Le CO2 (44 g/mol), est par ailleurs moins toxique et non combustible, et a tendance Ă  s’accumuler au niveau du sol dans les lieux calmes.
  16. « Responsables d’une centaine de dĂ©cĂšs en France chaque annĂ©e. Comment Ă©viter les intoxications au monoxyde de carbone ? », sur MinistĂšres des solidaritĂ©s et de la santĂ©, (consultĂ© le ).
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  18. RÎle des feux de biomasse dans les profils troposphériques de monoxyde de carbone et résumé en français (Données brutes accessibles dans la base de données IAGOS ; (http://www.iagos.org).
  19. Intoxication Ă  SaliĂšs dans le Tarn, sur le site de la DĂ©pĂȘche du Midi
  20. [PDF] méthodologie du BaromÚtre français Santé-Environnement
  21. Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert Ruckerl, Les Chambres Ă  gaz, secret d'État, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Points », , 300 p. (ISBN 2-02-040960-7, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  22. « Anses - Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail », sur www.anses.fr (consultĂ© le )
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

  • « Intoxications au monoxyde de carbone », sur MinistĂšres des solidaritĂ©s et de la santĂ© (consultĂ© le )
  • « L'intoxication au monoxyde de carbone — Un diagnostic pas toujours facile Ă  poser! »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur Direction de la SantĂ© publique de MontrĂ©al
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