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Diazote

Le diazote, communément nommé azote, est une molécule diatomique composée de deux atomes d'azote. Elle est notée N2.

Diazote
Image illustrative de l’article Diazote
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Identification
Nom UICPA Diazote
No CAS 7727-37-9
No ECHA 100.028.895
No CE 231-783-9
Code ATC V03AN04
No E E941
SMILES
InChI
Apparence gaz : incolore, inodore
liquide : extrĂȘmement froid, incolore, inodore[1].
Propriétés chimiques
Formule N2 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 28,013 4 ± 0,000 4 g/mol
N 100 %,
DiamÚtre moléculaire 0,315 nm
Propriétés physiques
T° fusion −210,01 °C[3]
T° Ă©bullition −195,79 °C[3]
Solubilité 100 vol. d'eau absorbe 2,4 vol. de N2 (0 °C),

100 vol. d'eau absorbe 1,6 vol. de N2 (20 °C),
sol.dans l'ammoniac liquide,
1 vol. d'alcool dissout 0,1124 vol. de N2 (20 °C)[3]

Masse volumique 0,808 kg·l-1 au point d'ébullition du liquide[1]
Pression de vapeur saturante 1 atm (−195,8 °C)[3]
Point critique −147,1 °C, 33,5 atm, 3,216 dm3·kg-1[3]
Point triple −210,05 °C, 0,127 atm[3]
Vitesse du son 336,96 m·s-1 (101,325 kPa, 0 °C)[3]
Thermochimie
ΔvapH° 5,57 kJ·mol-1 (1 atm, −195,79 °C)[5]
Cp
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 15,580 8 eV (gaz)[6]
Constante diĂ©lectrique 1,454 (−203 °C),

1,0005480 (20 °C, 101,325 kPa, gaz)[3]

Propriétés optiques
Indice de rĂ©fraction 1,000 273 2 (101,325 kPa)[3]
Précautions
SGH
SGH04 : Gaz sous pression
Attention
SIMDUT[7]
A : Gaz comprimé
A,
NFPA 704
réfrigéré, liquide cryogénique[8]:
Transport


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'appellation « azote » sans autre précision est ambiguë parce que ce terme peut désigner l'élément azote (N) ou la molécule d'azote (N2).[alpha 1]

Dans les conditions normales de température et de pression, les molécules de diazote forment un gaz incolore constituant le principal composant de l'air, avec une concentration de 78,06 % en volume et de 75,5 % en masse.

Le diazote est à la source des principales réactions chimiques utilisée pour synthétiser industriellement des composés azotés, ainsi que dans de nombreuses réactions biochimiques.

On parle d'azote liquide quand le gaz diazote est refroidi en dessous de son point d'Ă©bullition, et d'azote solide si on continue de refroidir, en dessous du point de fusion.

Histoire

La dĂ©couverte du diazote est gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©e au chimiste Ă©cossais Daniel Rutherford en 1772. GrĂące Ă  ses travaux entrepris Ă  l'universitĂ© d'Édimbourg, Rutherford le distingua du dioxyde de carbone, appelĂ© alors air fixe ou air mĂ©phitique et prĂ©cĂ©demment identifiĂ© par son professeur Joseph Black[9]. Toutefois, le gaz n'est pas clairement identifiĂ© comme tel, mais plutĂŽt comme une rĂ©manence du fluide phlogistique, thĂ©orie en cours Ă  l'Ă©poque pour expliquer la combustion des corps.

Six mois avant la publication de Rutherford, Joseph Priestley rapporta à la Société royale de Londres une expérience de Henry Cavendish qui met en évidence un gaz autre que le dioxygÚne et le dioxyde de carbone, sans toutefois tirer de conclusions apparentes[10].

À la mĂȘme Ă©poque, Ă  l'universitĂ© d'Uppsala, Carl Wilhelm Scheele isole et identifie clairement le diazote et le dioxygĂšne, qu'il nomme respectivement verdorbene Luft et Feuerluft mais ses travaux ne seront publiĂ©s qu'en 1777[11].

Ce n'est qu'en 1789 que l'azote est reconnu comme un élément à part entiÚre, par Antoine Lavoisier[12].

Production

Au XXIe siÚcle, le diazote est généralement obtenu par liquéfaction de l'air, suivie d'une distillation fractionnée.

L'extraction du diazote hors de l'air peut Ă©galement ĂȘtre rĂ©alisĂ©e au moyen de membranes semi-permĂ©ables alimentĂ©es en air comprimĂ©. Ces membranes sont composĂ©es de faisceaux de fibres d'oxyde polyphĂ©nilique creuses Ă  enveloppe permĂ©able enduites d'une couche de 40 nm. La puretĂ© du diazote produit par une membrane dĂ©pend du dĂ©bit demandĂ© : par exemple, l'obtention d'une puretĂ© de 95 % permet des dĂ©bits allant jusqu'Ă  5 000 Nm3/h, alors qu'une production d'azote Ă  99,5 % ne permet que 0,5 Nm3/h.

Une autre méthode pour produire de diazote à partir d'air comprimé est par adsorption : ce type de générateur de diazote est composé d'un tamis moléculaire à base de carbone (appelé CMS pour « Carbon Molecular Sieve »). La taille des micropores du CMS est ajustée pour adsorber les molécules comme le dioxygÚne, mais pas le diazote, légÚrement plus gros. AprÚs récupération du diazote non adsorbé, la pression est relùchée et le CMS libÚre le dioxygÚne. Le CMS est régénéré et le cycle peut reprendre[13].

Fixation biologique

Plusieurs bactéries sont capables de fixer le diazote moléculaire de l'air, premiÚre étape avant de pouvoir l'incorporer dans des molécules organiques comme les protéines ou les bases nucléiques constitutives des acides nucléiques support de l'hérédité comme l'ADN et l'ARN. On rencontre notamment ces bactéries en symbiose dans les racines des plantes de la famille des fabacées.

Stabilité

Le diazote, caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence d'une liaison covalente triple (une liaison σ et deux liaisons π), est une molĂ©cule trĂšs stable qui est pour cette raison utilisĂ©e comme gaz inerte pour remplacer l'atmosphĂšre en synthĂšse chimique. Le diazote ne rĂ©agit directement qu'avec le lithium et le magnĂ©sium pour former les nitrures correspondants Li3N et Mg3N2.

La stabilité de la molécule de diazote est la force motrice, l'origine de l'instabilité, voire de l'explosivité des composés pouvant libérer une molécule de diazote : azotures, sels de diazonium, azodicarbonamide, etc.

Utilisation

Le diazote atmosphĂ©rique peut ĂȘtre converti en ammoniac grĂące au ProcĂ©dĂ© Haber ou au procĂ©dĂ© Frank-Caro suivi d'une hydratation. L'ammoniac ainsi produit sert surtout Ă  la fabrication d'engrais[14].

Comme fluide frigorigÚne, le diazote porte la dénomination « R728 » dans la nomenclature des réfrigérants, régie par la norme 34-1992 d'ANSI/ASHRAE. Il est notamment employé dans les domaines suivants.

  • Le diazote non liquide est utilisĂ© comme gaz cryogĂ©nique.
  • Le diazote gazeux est utilisĂ© comme atmosphĂšre inerte pour protĂ©ger des produits (sodium, composĂ©s organiques, par exemple vins et viandes), des objets ou des contenants (citernes) de l'oxydation, de la corrosion, des insectes, des champignons, etc.
  • Le diazote sert Ă  ajuster la composition des mĂ©langes respiratoires dans les caissons de dĂ©compression ou les bouteilles de plongĂ©e sous-marine.
  • Autres usages :
    • pesticide doux pour Ă©liminer par asphyxie les vers du bois ou certains organismes (exemple : petite vrillette) ayant colonisĂ© des objets anciens fragiles (cadres, sculptures et objets de bois, incunables, parchemins, gravures, etc.) ;
    • gaz de gonflage des accumulateurs hydrauliques en raison de sa passivitĂ© vis-Ă -vis des huiles ;
    • agent de lutte contre les incendies : alliĂ© Ă  50 % d'argon et parfois avec du dioxyde de carbone, il est prĂ©sent dans certaines installations d'extinction automatique Ă  gaz protĂ©geant des salles informatiques ou des stockages particuliers ne devant pas ĂȘtre endommagĂ©s par de la poudre ou de l'eau. ConservĂ© dans des bonbonnes mĂ©talliques sous une pression d'environ 200 bars, il est libĂ©rĂ© dans un local oĂč un dĂ©but d'incendie a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©. Le volume de diazote injectĂ© remplace une partie de l'atmosphĂšre de la piĂšce et entraĂźne une chute du taux d'oxygĂšne dans l'air. Le niveau gĂ©nĂ©ralement retenu de 15 % de comburant interrompt le phĂ©nomĂšne de combustion sans effet lĂ©tal sur la respiration humaine ;
    • gaz de gonflage de pneumatiques. Bien que l'air contienne dĂ©jĂ  78 % de diazote, certains professionnels de l'aviation, de l'automobile ou de la Formule 1, par exemple, augmentent cette proportion dans les pneumatiques jusqu'Ă  atteindre de l'azote presque pur. Ce gaz, ayant la propriĂ©tĂ© d'ĂȘtre inerte et stable, conserve une pression plus constante mĂȘme en cas d'Ă©chauffement intense du pneumatique. De plus, il fuit plus difficilement[15].

Le diazote, contrairement aux gaz inhibiteurs chimiques halogénés et aux CFC ne présente a priori aucun effet nocif pour l'environnement (pas d'impact sur l'effet de serre, ni sur la couche d'ozone). Mais il requiert des réservoirs volumineux, des canalisations adaptées et des mesures constructives pour faire face à la détente brutale d'un équivalent de 40 à 50 % du volume protégé.

Sécurité

Risque d'anoxie : le cas le plus fréquemment rencontré est celui de personnes pénétrant dans des réservoirs remplis d'azote sans s'en apercevoir, du fait que ce gaz est inodore et ne provoque pas de sensation de suffocation (causée par l'excÚs de dioxyde de carbone, et non par l'absence d'oxygÚne). Ces personnes sont alors prises de malaises, perdent connaissance, et, si on ne les retire pas trÚs rapidement de cette situation, succombent. Il est nécessaire de vérifier la présence d'une proportion suffisante d'oxygÚne dans de tels espaces confinés avant d'y pénétrer, ou de s'équiper d'un appareil respiratoire autonome.

Référence ONU pour le transport de matiÚres dangereuses

  • Nom (français) : azote comprimĂ©
    • Classe : 2
    • numĂ©ro : 1066
  • Nom (français) : azote liquide rĂ©frigĂ©rĂ©
    • Classe : 2
    • numĂ©ro : 1977

Masse molaire du diazote 28,0 g mol−1

Notes et références

Notes

  1. La mĂȘme ambiguĂŻtĂ© concerne de nombreux autres Ă©lĂ©ments (hydrogĂšne, oxygĂšne, chlore, etc.).

Références

  1. AZOTE (GAZ COMPRIME) et AZOTE (LIQUEFIE), Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. « Nitrogen », sur Hazardous Substances Data Bank (consulté le )
  4. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
  5. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-4200-9084-0)
  6. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205
  7. « Azote » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 24 avril 2009
  8. « Office of Radiation, Chemical & Biological Safety (ORCBS) » (consulté le )
  9. (la) Daniel Rutherford, Dissertatio inauguralis de aere fixo dicto, aut mephitico, Balfour et Smellie, (lire en ligne)
  10. (en) « XIX. Observations on different kinds of air. », sur royalsocietypublishing.org (DOI 10.1098/rstl.1772.0021, consulté le )
  11. (de) Carl Wilhelm Scheele, Chemische Abhandlung von der Luft und dem Feuer, Verlegt von Magn. Swederus, BuchhÀndler zu finden bey S. L. Crusius, (lire en ligne)
  12. Antoine-Laurent de (1743-1794) Auteur du texte Lavoisier, Traité élémentaire de chimie , présenté dans un ordre nouveau, et d'aprÚs les découvertes modernes ; Avec figures ; Par M. Lavoisier,..., (lire en ligne)
  13. « Le "Carbon Molecular Sieve" est le coeur des générateurs d'azote Nitrocraft », sur Nitrocraft, (consulté le )
  14. Voir par exemple (en) Stephen A. Lawrence, Amines. Synthesis, Properties and Applications, Cambridge University Press, , 384 p. (ISBN 978-0-521-02972-8, lire en ligne), « An introduction to the amines ».
  15. Pourquoi gonfler ses pneus Ă  l’azote ?, Norauto (consultĂ© en septembre 2017).


Voir aussi

Articles connexes

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