Cryogénie
La cryogĂ©nie est l'Ă©tude et la production des basses tempĂ©ratures (infĂ©rieures Ă â150 °C ou 120 K) dans le but de comprendre les phĂ©nomĂšnes physiques qui s'y manifestent. La limite de â153,15 °C reprĂ©sente la limite Ă partir de laquelle les gaz de l'air se liquĂ©fient. La cryogĂ©nie possĂšde de trĂšs nombreuses applications notamment dans les secteurs alimentaire, mĂ©dical, industriel, physique et de l'Ă©levage. La cryogĂ©nie a ouvert beaucoup de possibilitĂ©s comme :
- la conservation des aliments Ă l'aide d'azote liquide,
- la suspension du métabolisme,
- l'étude de la supraconductivité (absence de résistance électrique),
- l'étude de la superfluidité (absence de viscosité pour un liquide),
- la transformation en une fine poudre de toutes sortes de matiĂšres,
- la récupération de plus de 90 % des gaz destructeurs de la couche d'ozone,
- la création, à partir d'azote liquide, de toutes sortes de neiges,
- le transport sur de longues distances de gaz naturel à un coût réaliste,
- le traitement de certaines maladies de peau comme les verrues.
Histoire
Les grandes dates de l'histoire de la cryogénie sont :
- 1789 : Martin van Marum liquĂ©fie lâammoniac par simple compression en voulant vĂ©rifier la loi de Boyle-Mariotte :
- 1823 : Michael Faraday liquĂ©fie le chlore de la mĂȘme façon mais Ă©choue avec les gaz de lâair quâil considĂšre donc comme des « gaz permanents ». En 1845 : Michael Faraday Ă©tait capable de liquĂ©fier les gaz les plus connus alors. Six d'entre eux, cependant, rĂ©sistaient encore, ils Ă©taient dĂ©signĂ©s Ă l'Ă©poque gaz permanents : oxygĂšne, hydrogĂšne, azote, monoxyde de carbone, mĂ©thane, monoxyde d'azote.
- 1852 : James Prescott Joule et William Thomson montrent que la dĂ©tente rapide dâun gaz peut conduire Ă un refroidissement sensible de celui-ci.
- 1863 : T. Andrews montre que : Tliq = f(P) < Tcritique du gaz.
- 1877 : Louis Paul Cailletet liquĂ©fie lâoxygĂšne et lâazote. Cela invalide lâappellation « gaz permanents ». Mais il rencontre des problĂšmes de stockage des gaz liquĂ©fiĂ©s.
- 1892 : James Dewar rĂ©sout le problĂšme du stockage des gaz liquĂ©fiĂ©s en crĂ©ant le premier cryostat, puis liquĂ©fie lâhydrogĂšne.
- 1908 : H. K. Onnes liquĂ©fie lâhĂ©lium dans le cadre de ses travaux sur la supraconductivitĂ©.
Résumé
La cryogénie possÚde de trÚs nombreuses applications, notamment dans le secteur alimentaire, médical, industriel, physique et de l'élevage. La cryogénie a ouvert beaucoup de possibilités.
La cryogénie alimentaire consiste en la conservation d'aliments par une surgélation trÚs rapide "figeant" l'aliment (il est conservé dans l'état dans lequel il était au moment de la cryogénie). Pour cela, l'aliment est plongé dans de l'azote liquide.
La cryoconservation a pour but de suspendre l'Ă©volution des cellules et de pouvoir les remettre en mouvement par la suite. Elle est utilisĂ©e pour conserver le sperme, les tissus et comme dernier recours pour les gens atteint de maladies graves n'ayant plus d'espoir de guĂ©rison avec les techniques mĂ©dicales actuelles. Elle fonctionne comme la cryogĂ©nie alimentaire mais elle est plus complexe Ă appliquer, car les dĂ©gĂąts que peuvent entraĂźner les trĂšs basses tempĂ©ratures, qui ne sont pas un problĂšme en cryogĂ©nie alimentaire, doivent obligatoirement ĂȘtre Ă©vitĂ©s pour la cryoconservation.
La supraconductivité est un phénomÚne rencontré dans certains matériaux à de trÚs basses températures, elle est caractérisée par l'absence totale de résistance électrique et l'annulation du champ magnétique à l'intérieur du matériau. Elle est utilisée pour l'imagerie médicale et les accélérateurs de particules. Elle permet aussi de stocker de l'énergie et de réaliser la fusion thermonucléaire contrÎlée.
La superfluidité est une phase de matiÚre caractérisée par l'absence totale de viscosité. Ainsi, les superfluides, placés dans une boucle fermée, peuvent couler indéfiniment sans frottements. La science qui étudie la superfluidité s'appelle « quantum hydrodynamics ». La superfluidité est utilisée dans les réfrigérateurs cryogéniques et comme « dissolvant de quantum » dans les techniques spectroscopiques.
Le cryo-broyage utilise un liquide cryogénique (azote liquide) pour refroidir avec précision les matériaux jusqu'à leur point de fragilisation afin d'en faciliter la réduction mécanique.
Le procédé de givrage est un systÚme cryogénique de récupération des composés organiques volatils (COV) dans les flux gazeux. L'azote liquide refroidit le flux de gaz chargé en solvants. Les COV se condensent et gÚlent pour former une neige qui est alors éliminée grùce à des filtres en acier inoxydable.
Le nettoyage par cryogénie est un procédé qui permet de nettoyer par projection de micro-pellets de glace carbonique, sans qu'il en résulte d'effluents.
Cryogénie alimentaire
La cryogénie alimentaire consiste en la conservation d'aliments par une surgélation trÚs rapide laissant l'aliment dans l'état dans lequel il était au départ, contrairement à la congélation classique qui provoque la déshydratation de surface et la formation de gros cristaux de glace dans le produit.
Fonctionnement technique
La cryogénie est utilisée dans le secteur alimentaire pour la congélation rapide de nombreux produits alimentaires. Cette opération est couramment réalisée au moyen de tunnels de congélation dans lesquels circule un fort flux d'azote liquide et d'air. L'azote liquide stocké à l'extérieur des bùtiments alimentaires dans des réservoirs dits « super isolés sous vide » est acheminé vers ces tunnels de congélation par des tuyauteries également super isolées sous vide.
Cryoconservation
La cryoconservation a pour but de suspendre l'Ă©volution des cellules et de pouvoir les remettre en mouvement par la suite. Elle est utilisĂ©e pour conserver le sperme, les tissus et comme dernier espoir pour les gens ne pouvant plus ĂȘtre guĂ©ris avec les techniques mĂ©dicales actuelles.
La cryonie ou la cryoconservation des humains en est encore Ă ses dĂ©buts et est vue par les scientifiques avec beaucoup de scepticisme, voire comme une pseudo-science car il n'est pas encore possible de rĂ©veiller ce que l'on congĂšle : les cellules et les organes sâabĂźment durant les changements de tempĂ©rature.
En effet, des micro-cristaux de glace se forment dans les cellules Ă cause de l'eau qu'elles contiennent en elles (de plus, la formation de ces cristaux augmente la concentration saline, par effet d'osmose, dans les cellules. Ces deux phĂ©nomĂšnes, la formation de micro-cristaux et l'effet d'osmose, font Ă©clater les cellules) ; durant la phase de dĂ©congĂ©lation ces cristaux abĂźment les cellules, dont celles du cerveau, c'est pourquoi on ne peut pas rĂ©veiller les personnes en Ă©tat de stase. RĂ©cemment, des chercheurs de Californie ont rĂ©ussi Ă congeler et dĂ©congeler un rein (soit un des organes les plus difficiles Ă cryoconserver) avec la mĂ©thode appelĂ©e vitrification. Cryonics Institute au Michigan utilise dĂ©sormais le CI-VM-1 qui protĂšge les cellules et les corps dans l'azote liquide (â196 °C).
Pour les promoteurs de la cryoconservation, l'Ă©volution technologique constante de l'HumanitĂ© permet d'envisager Ă relativement court terme le dĂ©veloppement des techniques permettant de dĂ©congeler un ĂȘtre humain.
Certains animaux peuvent survivre aprĂšs une congĂ©lation totale ou partielle de plusieurs semaines (65 % de leur eau corporelle transformĂ©e en glace et le cĆur est arrĂȘtĂ©) : la grenouille des bois (Rana sylvatica), la rainette crucifĂšre (Hyla crucifer), la rainette versicolore (Hyla versicolor) et la rainette Ă trois bandes (Pseudacris triseriata). Elles peuvent supporter des tempĂ©ratures allant jusqu'Ă â8 °C et deviennent alors cassantes comme du verre tout en restant « vivantes »[1].
Fonctionnement
La cryoconservation fonctionne comme la cryogénie alimentaire.
Supraconductivité
La supraconductivité est un phénomÚne rencontré dans certains matériaux à de trÚs basses températures. Elle est caractérisée par l'absence totale de résistance électrique et l'annulation du champ magnétique à l'intérieur du matériau.
Utilité
La supraconductivité permet de créer des électro-aimants plus puissants et au champ magnétique trÚs homogÚne, elle est utilisée pour l'imagerie médicale, le fonctionnement des trains à sustentation magnétique (maglev, transrapid) et les accélérateurs de particules. Mais elle sert aussi à stocker de l'énergie et à réaliser la fusion thermonucléaire contrÎlée (deux noyaux atomiques s'assemblent pour en former un plus gros).
Utilisation
Le LHC constitue le plus grand systĂšme de refroidissement et de cryogĂ©nie au monde et ainsi reprĂ©sente l'un des endroits les plus froids de la planĂšte. La tempĂ©rature de fonctionnement des principaux aimants du LHC qui se situe Ă 1,9 degrĂ© Kelvin (-271,3°C donc ainsi est quasiment au niveau du zĂ©ro absolue) est infĂ©rieure Ă celle de lâespace intersidĂ©ral sâĂ©levant Ă 2,7 degrĂ© Kelvin (-270,5°C)[2].
Superfluidité
La superfluidité est une phase de matiÚre caractérisée par l'absence totale de viscosité. Ainsi, les superfluides, placés dans une boucle fermée, peuvent couler indéfiniment sans frottement et passer au travers de trous aussi petits qu'un atome, ils défient la gravité en remontant le long des parois de leur récipient. La science qui étudie la superfluidité s'appelle l'« hydrodynamique quantique ».
Utilité
La superfluidité est utilisée dans les réfrigérateurs cryogéniques et comme « dissolvant de quanta » dans les techniques spectroscopiques.
Cryo-broyage
Le cryo-broyage utilise un liquide cryogénique (azote liquide) pour refroidir avec précision les matériaux jusqu'à leur point de fragilisation afin d'en faciliter la réduction mécanique.
Fonctionnement
D'abord, la matiÚre est découpée en blocs d'à peu prÚs 1 cm puis elle est introduite au centre du broyeur. Le broyage est obtenu par percussion et projection, entre les morceaux mobiles du rotor tournant à grande vitesse et les morceaux fixes. La matiÚre est broyée progressivement et la finesse est contrÎlée par une couronne tamisante. Le réglage de la finesse du produit à broyer est déterminé en choisissant l'équipement de broyage, la vitesse de rotation du rotor, le type et les perforations de la couronne tamisante.
Givrage ou condensation cryogénique
Le procédé du givrage ou de la condensation cryogénique est un systÚme cryogénique de récupération des composés organiques volatils (COV) dans les flux gazeux. Il est particuliÚrement efficace dans les situations à faible concentration de solvant.
Fonctionnement
La technologie fonctionne par contact direct avec l'azote liquide qui refroidit le flux de gaz chargé en solvants. Les COV se condensent et gÚlent pour former une neige qui est alors éliminée grùce à des filtres en acier inoxydable. Ces filtres sont nettoyés à intervalles réguliers par des jets inversés de gaz comprimé qui font tomber la neige au fond du dispositif. Là , un chauffage électrique la fait fondre et les COV liquéfiés sont évacués. La technologie n'utilise qu'un seul condenseur et élimine avec efficacité les COV pour obtenir des concentrations trÚs basses sans l'aide d'un dégivreur ou d'un lit de charbon actif.
Fonctionnement du systĂšme classique
Le systÚme classique fonctionne en semi-continu avec deux condenseurs utilisés alternativement. Comme le résidu de COV qui passe au travers du condenseur peut poser problÚme, beaucoup d'installations incluent un dispositif de dégivrage basse tension ou une autre technologie de récupération des COV en complément.
Nettoyage par cryogénie
Principe
Le nettoyage par cryogĂ©nie repose sur la projection pneumatique de pellets de glaces carboniques (billes de glace entre -70 et â80 °C) sur la surface Ă traiter. La technique tire son efficacitĂ© de trois phĂ©nomĂšnes :
- L'impact : effet mécanique dû au choc du pellet sur la piÚce.
- Choc thermique : exposĂ©s au froid extrĂȘme, les rĂ©sidus se fragilisent et se rĂ©tractent ; une fracture se crĂ©e sous l'effet du froid.
- L'effet de souffle : créé par la sublimation de la glace carbonique (augmentation du volume par 500) et qui décolle le résidu.
Le procĂ©dĂ© de cryogĂ©nie est employĂ© pour l'Ă©limination de dĂ©pĂŽts et divers rĂ©sidus (ciment, goudron, peinture, huile, bitume, encre, vernis, caoutchouc) mais aussi pour le nettoyage de lignes de production, d'armoire Ă©lectrique, de radiateurs, de circuits Ă©lectriques et mĂȘme de ventilateurs qui nĂ©cessitent des nettoyages sous tension, donc Ă sec. Seulement quelques sociĂ©tĂ©s utilisent ce procĂ©dĂ© Ă ce jour, dont la manufacture de pneumatiques Michelin (nettoyage des moules de cuisson).
Avantages
- Aucun effluent Ă traiter
- Environnement protégé
- Aucune agression du support
- Nettoyage sans trace dâhumiditĂ©
- RĂ©duction du temps dâimmobilisation
- Aucune dépense liée aux traitements des déchets
- Intervention directe sur site
- Rendements spectaculaires
- Rapidité d'exécution
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- [PDF] Philippe Lebrun, La Cryogénie, clé de la science et de la technologie avancées
- (en) [PDF] Ph. Lebrun, An Introduction to Cryogenics