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Kelvin

Le kelvin (du nom de William Thomson, dit Lord Kelvin)[Note 1], de symbole K[Note 1], est l'unité de base SI de température thermodynamique.

kelvin
ThermomĂštre Celsius/Kelvin.
ThermomĂštre Celsius/Kelvin.
Informations
SystÚme SystÚme international (unité de base)
Unité de
 Température thermodynamique
Symbole K
Éponyme William Thomson, Lord Kelvin

Jusqu’au , le kelvin Ă©tait dĂ©fini comme la fraction 1/273,16 de la tempĂ©rature thermodynamique du point triple de l'eau (H2O), une variation de tempĂ©rature d'1 K Ă©tant Ă©quivalente Ă  une variation d'1 °C[1]. La nouvelle dĂ©finition a pour objectif de respecter cette valeur, mais en l’ancrant sur une valeur fixĂ©e de la constante de Boltzmann.

À la diffĂ©rence du degrĂ© Celsius, le kelvin est une mesure absolue de la tempĂ©rature qui a Ă©tĂ© introduite grĂące au troisiĂšme principe de la thermodynamique. La tempĂ©rature de 0 K est Ă©gale Ă  −273,15 °C et correspond au zĂ©ro absolu (le point triple de l'eau est donc Ă  la tempĂ©rature 0,01 °C).

Le kelvin, n'étant pas une mesure relative, n'est jamais précédé du mot « degré » ni du symbole « ° », contrairement aux degrés Celsius ou Fahrenheit.

Échelle kelvin des tempĂ©ratures

L'échelle des températures Celsius est, par définition, la température absolue décalée en origine de 273,15 K :

avec :
  • la tempĂ©rature en kelvins ;
  • la tempĂ©rature en degrĂ©s Celsius.

On en déduit que :

  • le zĂ©ro absolu est situĂ© Ă  −273,15 °C ;
  • les tempĂ©ratures en kelvins ne sont jamais nĂ©gatives[Note 2] ;
  • les intervalles de l'Ă©chelle du degrĂ© Celsius sont identiques Ă  ceux du kelvin.

L'inverse de la tempĂ©rature est un paramĂštre qui intervient souvent dans les formules. Les physiciens utilisent parfois le paramĂštre ÎČ tel que :

avec en kelvins et oĂč est la constante de Boltzmann.

Conversion vers les autres unités

En pratique :

  • kelvins en degrĂ©s Celsius : °C = K − 273,15
  • degrĂ©s Celsius en kelvins : K = °C + 273,15
  • kelvins en degrĂ©s Fahrenheit : °F = K × 1,8 − 459,67
  • degrĂ©s Fahrenheit en kelvins : K = (°F + 459,67) / 1,8

Ainsi, 0 °C = 273,15 K, 1 °C = 274,15 K, etc.

Construction de l'unité kelvin et conséquences

De 1954 à 2019, l'unité de température du SystÚme international et ses unités dérivées, déterminées par une convention internationale, sont fondées sur la température thermodynamique du point triple de l'eau, TH2O
T
= 273,16 K :

  • kelvin (K) :
    • origine : 0 K = zĂ©ro absolu,
    • valeur : TH2O
      T
      /273,16
      (fraction 1/273,16 de la température thermodynamique du point triple de l'eau) ;
  • degrĂ© Celsius (°C) :
    • valeur : identique au kelvin (c'est-Ă -dire qu'une diffĂ©rence de tempĂ©ratures a la mĂȘme valeur en degrĂ©s Celsius et en kelvins),
    • origine : 0 °C = 273,15 K. Le point triple de l'eau est donc Ă  0,01 °C exactement. Le point de fusion de la glace Ă  pression atmosphĂ©rique est Ă  0 °C, approximativement.

La fraction 1⁄273,16 est donc due au choix du point triple de l'eau comme point de rĂ©fĂ©rence et Ă  la volontĂ© de dĂ©finir une unitĂ© de tempĂ©rature qui permette de retrouver les intervalles de tempĂ©ratures usuels associĂ©s aux anciennes Ă©chelles de tempĂ©rature. Bien que la dĂ©finition officielle actuelle du degrĂ© Celsius repose sur celle du kelvin, ce dernier a Ă©tĂ© Ă©tabli postĂ©rieurement.

Historiquement, les points de référence choisis pour construire les échelles de température étaient la température de congélation de l'eau, qui définit le zéro, et la température d'ébullition, fixée à 100. Ces deux points définissaient ainsi une échelle centigrade dont le pas est un centiÚme de la différence de température entre ces deux points. Cette échelle de température a longtemps été confondue avec l'échelle Celsius.

La notion de tempĂ©rature thermodynamique, et implicitement celle de tempĂ©rature absolue, introduit la notion de zĂ©ro absolu, rendant inutile la rĂ©fĂ©rence Ă  deux points. Un seul point fixe de rĂ©fĂ©rence suffit. Le point triple de l'eau, c'est-Ă -dire les conditions dans lesquelles coexistent les trois Ă©tats (liquide, solide et gazeux) de l'eau, est un point de tempĂ©rature et de pression invariantes (variance nulle). Il constitue donc un point fixe fondamental de rĂ©fĂ©rence[1], plus stable que ne l'est la tempĂ©rature de congĂ©lation, par exemple, qui dĂ©pend de nombreux paramĂštres et qui peut descendre Ă  −38 °C pour de l'eau pure en surfusion[2] - [3].

Une fois ce point de rĂ©fĂ©rence adoptĂ©, il reste Ă  dĂ©finir l'intervalle d'un kelvin qui est fixĂ© comme suit : Le kelvin est la fraction 1⁄273,16 de la tempĂ©rature thermodynamique du point triple de l'eau.

Celui-ci devient en retour la rĂ©fĂ©rence de la dĂ©finition du degrĂ© Celsius. À la suite de cette rĂ©forme, ce dernier est rĂ©duit au statut d'unitĂ© dĂ©rivĂ©e du SystĂšme international : l'unitĂ© de tempĂ©rature Celsius est Ă©gale par dĂ©finition Ă  l'unitĂ© de tempĂ©rature kelvin, tout intervalle de tempĂ©rature ayant la mĂȘme valeur numĂ©rique dans les deux unitĂ©s[1].

En revanche, du fait de ce choix d'unitĂ©, la tempĂ©rature d'Ă©bullition de l'eau Ă  la pression atmosphĂ©rique normale n'est plus fixĂ©e Ă  100 °C mais Ă  99,983 9 °C. NĂ©anmoins, ce choix menant Ă  un Ă©cart trĂšs faible avec la valeur 100, il permet de maintenir les dĂ©finitions courantes des points de congĂ©lation et d'Ă©bullition de l'eau sous pression atmosphĂ©rique : environ 0 °C et environ 100 °C.

En toute rigueur, seule l'échelle centigrade, obsolÚte, attribue encore la valeur exacte 100 à la température de ce point d'ébullition.

En 2005, la dĂ©finition a Ă©tĂ© affinĂ©e[4] en spĂ©cifiant la composition isotopique de l’eau dont le point triple est utilisĂ© :

  • 0,000 155 76 mole de 2H par mole de 1H ;
  • 0,000 379 9 mole de 17O par mole de 16O ;
  • 0,002 005 2 mole de 18O par mole de 16O.

Cette composition est celle du matĂ©riau de rĂ©fĂ©rence de l’Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA), connu sous le nom de « Eau ocĂ©anique moyenne normalisĂ©e de Vienne » (VSMOW, de l'anglais Vienna Standard Mean Ocean Water), tel que recommandĂ© par l’Union internationale de chimie pure et appliquĂ©e (UICPA)[5].

En 2018, il est décidé de redéfinir les unités du systÚme international.

À partir du , Ă  la suite des travaux du ComitĂ© international des poids et mesures, la dĂ©finition du kelvin change fondamentalement[6]. Au lieu de se fonder sur les changements d'Ă©tat de l’eau pour dĂ©finir l’échelle, la nouvelle dĂ©finition se fonde sur l'Ă©nergie Ă©quivalente comme donnĂ©e par l'Ă©quation de Boltzmann.

Nouvelle définition

La valeur du kelvin, K, est dĂ©finie en fixant la valeur numĂ©rique de la constante de Boltzmann Ă  exactement 1,380 649 Ă— 10−23 J K−1 (ou s−2 m2 kg K−1)[7] - [8].

Le kelvin est ainsi le changement de tempĂ©rature thermodynamique rĂ©sultant d’un changement de l’énergie thermique de , ou de unitĂ©s d'action h par seconde[9].

Multiples et sous-multiples

En pratique on utilise trÚs peu les multiples et sous-multiples du kelvin pour exprimer une température (quand c'est nécessaire on emploie plutÎt une puissance de dix). En revanche on utilise quelques sous-multiples (notamment le millikelvin et le microkelvin, mK et ”K) pour exprimer de petites différences ou variations de la température.

Autres échelles de température

DiffĂ©rentes Ă©chelles sont utilisĂ©es pour mesurer la tempĂ©rature : l’échelle Newton (Ă©tablie vers 1700), RĂžmer (1701), Fahrenheit (1724), RĂ©aumur (1731), Delisle (1738), centigrade (de Celsius) (1742), Rankine (1859), kelvin (1848), Leyden (ca. 1894 ?), Celsius (1948).

Comparaison des échelles de température[alpha 1]
Échelle →
TempĂ©rature ↓
Kelvin Celsius Centigrade (historique) Fahrenheit Rankine Delisle Newton RĂ©aumur RĂžmer
originelle historique actuelle
ZĂ©ro absolu 0 −273,15 −273,197 −459,67 0 559,725 −90,14 −218,52 −135,90
Plus basse tempĂ©rature naturelle relevĂ©e Ă  la surface de la Terre par tĂ©lĂ©dĂ©tection[alpha 2] 180,0 −93,2 −135,8 323,9 289,8 −30,8 −74,6 −41,4
MĂ©lange eau/sel de Fahrenheit 0
Origine de l'Ă©chelle Celsius moderne 273,15 0 32 491,67 150 0 0 7,5
Point de fusion de l'eau (Ă  pression atmosphĂ©rique)[alpha 3] 273,150 089(10) 0,000 089(10) 0 32 32 32,000 160(18) 491,670 160(18) ≈ 150 ≈ 0 ≈ 0 ≈ 7,5
Point triple de l'eau 273,160 0(1) 0,010 0(1) 32,018 0(18)
Température moyenne à la surface de la Terre 288 15 59 518,67 127,5 4,95 12 15,375
Température moyenne du corps humain 309,95 36,8 98,24 557,91 94,8 12,144 29,44 26,82
Plus haute température naturelle enregistrée à la surface de la Terre[alpha 4] 329,8 56,7 134 593,67 67,5 18,7 45,3 33,94
Point d'Ă©bullition de l'eau (Ă  pression atmosphĂ©rique) 373,133 9 99,983 9 100 ≈ 212 212 211,971 671,641 0 33 80 60
Point de fusion du titane 1 941 1 668 3 034 3 494 −2 352 550 1 334 883
TempĂ©rature estimĂ©e de la surface du Soleil 5 800 5 526 9 980 10 440 −8 140 1 823 4 421 2 909
  1. Certains nombres de ce tableau ont été arrondis. Les valeurs en gras sont celles qui, par définition des différentes échelles, sont exactes (c'est-à-dire qui ont un nombre infini de chiffres significatifs).
  2. Enregistrée par satellite en Antarctique le [10].
  3. Les Ă©chelles de tempĂ©rature modernes Ă©tant dĂ©finies par le point triple de l'eau Ă  0,01 °C, la tempĂ©rature de fusion de l'eau mesurĂ©e prĂ©cisĂ©ment est de 0,000 089(10) °C.
  4. EnregistrĂ©e Ă  Furnace Creek aux États-Unis le [11].

Notes et références

Notes

  1. Par convention, les noms d'unité sont des noms communs et s'écrivent en minuscule (« kelvin » et non « Kelvin »). En revanche, le symbole du kelvin s'écrit avec une majuscule, selon la norme SI concernant le symbole des unités dont le nom provient d'un nom propre de personne. La lettre k minuscule est par ailleurs l'initiale du symbole SI des unités multiples en « kilo- » : km, kg, etc. ; en particulier, le symbole du kilokelvin est kK.
  2. Il existe cependant des cas trĂšs particuliers oĂč on parle de tempĂ©ratures nĂ©gatives en K, par exemple, pour des systĂšmes avec une inversion de population. Cette tempĂ©rature nĂ©gative (T < 0 K) ne correspond cependant pas Ă  la notion habituelle de chaud et de froid. Ici, T est la dĂ©rivĂ©e

Références

  1. Unité de température thermodynamique (kelvin), Bureau international des poids et mesures.
  2. (en) « Heterogeneous ice nucleation on atmospheric aerosols: a review of results from laboratory experiments », sur atmos-chem-phys.net (consulté le 8 mai 2017).
  3. (en) Thomas Peter, Athanasios Tsias, Beiping Luo et Thomas Koop, « Water activity as the determinant for homogeneous ice nucleation in aqueous solutions », Nature, vol. 406, no 6796,‎ , p. 611-614 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/35020537, lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. CIPM PV 94, recommandation 2 CI-2005 [PDF], Bureau international des poids et mesures.
  5. (en) J. R. de Laeter, J. K. Böhlke, P. De BiÚvre, H. Hidaka, H. S. Peiser, K. J. R. Rosman et P. D. P. Taylor (2003), Atomic Weights of the Elements: Review 2000 (IUPAC Technical Report), Pure and Applied Chemistry, vol. 75, no 6, p. 683-800.
  6. Mathieu Grousson, « Mesures : le grand renversement », sur CNRS, (consulté le ).
  7. Christophe Daussy, « Le SI reprend sa tempĂ©rature », CNRS Le journal,‎ , p. 58-59 (lire en ligne [PDF]).
  8. « Projet de rĂ©solution A – 26e rĂ©union de la CGPM (13-16 novembre 2018) » [PDF], sur Bureau international des poids et mesures, 13-16 novembre 2018 (consultĂ© le )
  9. Brochure sur le SI : Le SystÚme international d'unités, 9e éd. (lire en ligne).
  10. NASA, « La Nasa identifie l'endroit le plus froid de la Terre », Le Figaro, (consulté le ).
  11. Commission de climatologie, « Communiqué de presse no 956 », Organisation météorologique mondiale, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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