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Titane

Le titane est l'élément chimique de numéro atomique 22, de symbole Ti. La variante titanium, bien qu'attestée en français depuis 1872[7], est considérée comme un anglicisme incorrect.

Titane
Image illustrative de l’article Titane
Barre de titane obtenue par le procédé Van-Arkel-de-Boer.
Position dans le tableau périodique
Symbole Ti
Nom Titane
Numéro atomique 22
Groupe 4
Période 4e période
Bloc Bloc d
Famille d'éléments Métal de transition
Configuration Ă©lectronique [Ar] 3d2 4s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 10, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 47,867 ± 0,001 u[1]
Rayon atomique (calc) 140 pm (176 pm)
Rayon de covalence 160 ± 8 pm[2]
État d’oxydation 4
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,54
Oxyde AmphotĂšre
Énergies d’ionisation[1]
1re : 6,828 12 eV2e : 13,575 5 eV
3e : 27,491 7 eV4e : 43,267 2 eV
5e : 99,30 eV6e : 119,53 eV
7e : 140,8 eV8e : 170,4 eV
9e : 192,1 eV10e : 215,92 eV
11e : 265,07 eV12e : 291,500 eV
13e : 787,84 eV14e : 863,1 eV
15e : 941,9 eV16e : 1 044 eV
17e : 1 131 eV18e : 1 221 eV
19e : 1 346 eV20e : 1 425,4 eV
21e : 6 249,0 eV22e : 6 625,82 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
44Ti{syn.}63 ansΔ0,26844Sc
46Ti8,0 %stable avec 24 neutrons
47Ti7,3 %stable avec 25 neutrons
48Ti73,8 %stable avec 26 neutrons
49Ti5,5 %stable avec 27 neutrons
50Ti5,4 %stable avec 28 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Allotrope à l'état standard Titane α (hexagonal compact)
Autres allotropes Titane ÎČ (cubique centrĂ©)
Masse volumique 4,51 g·cm-3[1]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Dureté (Mohs) 6
Couleur Blanc argenté
Point de fusion 1 668 °C[1]
Point d’ébullition 3 287 °C[1]
Énergie de fusion 15,45 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 421 kJ·mol-1
Volume molaire 10,64×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 0,49 Pa Ă  1 659,85 °C
Vitesse du son 5 990 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 520 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 2,34×106 S·m-1
Conductivité thermique 21,9 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans HCl (lentement, catalysé par les ions Pt (IV)),

H2SO4 diluĂ© (+ 1 Ă  2 gouttes HNO3)[4] coefficient de dilatation = 8,5 × 10−6 K−

Divers
No CAS 7440-32-6[5]
No ECHA 100.028.311
No CE 231-142-3
Précautions
SGH[6]
SGH02 : Inflammable
Danger
H250, P222, P231 et P422

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le titane appartient au groupe 4 du tableau périodique (groupe du titane) avec le zirconium (Zr), le hafnium (Hf) et le rutherfordium (Rf), c'est un métal de transition. On trouve cet élément dans de nombreux minerais mais ses principales sources sont le rutile et l'anatase.

Le corps pur titane est un mĂ©tal lĂ©ger, rĂ©sistant, d'aspect blanc mĂ©tallique, qui rĂ©siste Ă  la corrosion. Il est principalement utilisĂ© dans les alliages lĂ©gers et rĂ©sistants, et son oxyde est utilisĂ© comme pigment blanc. Les propriĂ©tĂ©s industriellement intĂ©ressantes du titane sont sa rĂ©sistance Ă  la corrosion, souvent associĂ©e Ă  la rĂ©sistance Ă  l’érosion et au feu, la biocompatibilitĂ©, mais aussi ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques (rĂ©sistance, ductilitĂ©, fatigue, etc.) qui permettent notamment de façonner des piĂšces fines et lĂ©gĂšres comme les articles de sport, mais aussi des prothĂšses orthopĂ©diques.

Histoire

Le titane a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le rĂ©vĂ©rend William Gregor en 1791[8], minĂ©ralogiste et pasteur britannique. En analysant des sables de la riviĂšre Helford dans la vallĂ©e de Menachan en Cornouailles, il isola ce qu'il nomma du sable noir, connu aujourd’hui sous le nom d'ilmĂ©nite. À la suite de plusieurs manipulations physico-chimiques (extraction du fer par des procĂ©dĂ©s magnĂ©tiques et traitement du rĂ©sidu par de l’acide chlorhydrique), il produisit un oxyde impur d'un mĂ©tal inconnu. Il nomma cet oxyde menachanite. IndĂ©pendamment de cette dĂ©couverte, en 1795[8], Martin Heinrich Klaproth, professeur de chimie analytique Ă  l'universitĂ© de Berlin, identifia le mĂȘme mĂ©tal. Alors qu'il analysait les propriĂ©tĂ©s du schörlite rouge, aujourd’hui connu sous le nom de rutile, il conclut que le minerai contenait un mĂ©tal inconnu identique Ă  celui de Gregor. Il lui donna son nom actuel de « Titane », tirĂ© de la mythologie grecque, d'aprĂšs les Titans, en ignorant totalement ses propriĂ©tĂ©s physico-chimiques. C'est Berzelius qui l'isola en 1825[8].

Il a fallu attendre plus d'un siÚcle aprÚs la découverte de Gregor pour que l'Américain Matthew Albert Hunter, chercheur au Rensselaer Polytechnic Institute à Troy (New York), soit capable, en 1910, de produire du titane pur à 99 %. Les premiÚres obtentions de titane par Hunter ne furent pas suivies du moindre développement industriel.

En 1939, le procédé industriel de production fut finalement mis au point par Wilhelm Justin Kroll, métallurgiste et chimiste luxembourgeois, consultant au Union Carbide Research Laboratory de Niagara Falls (New York) par réduction du TiCl4 avec du magnésium.

Propriétés physiques

Propriétés physiques de base

Caractéristiques physiques remarquables du titane :

  • sa masse volumique est environ 60 % de celle de l’acier ;
  • sa tenue Ă  la corrosion est exceptionnelle dans de nombreux milieux tels que l’eau de mer ou l’organisme humain ;
  • ses caractĂ©ristiques mĂ©caniques restent Ă©levĂ©es jusqu’à une tempĂ©rature d’environ 600 °C et restent excellentes jusqu’aux tempĂ©ratures cryogĂ©niques ;
  • il est disponible sous des formes et des types de produits trĂšs variĂ©s : lingots, billettes, barres, fils, tubes, brames, tĂŽles, feuillard ;
  • sa valeur de susceptibilitĂ© magnĂ©tique (1,8 Ă  2,3 Ă— 10−4) est trĂšs infĂ©rieure Ă  celle du fer (3 Ă— 105). C'est donc un matĂ©riau avantageux en cas de diagnostic par IRM : diminution des artefacts ;
  • son coefficient de dilatation, lĂ©gĂšrement infĂ©rieur Ă  celui de l’acier, est moitiĂ© moins que celui de l’aluminium. On prendra pour valeur moyenne un coefficient de dilatation de 8,5 Ă— 10−6 K−1 ;
  • son module de Young ou module d'Ă©lasticitĂ© longitudinal se situe entre 100 000 et 110 000 MPa. Cette valeur assez faible comparĂ©e Ă  l'acier inox (220 000 MPa) en fait un matĂ©riau particuliĂšrement intĂ©ressant pour sa biocompatibilitĂ©.

Propriétés cristallographiques

Le titane pur est le siĂšge d’une transformation allotropique de type martensitique au voisinage de 882 °C. En dessous de cette tempĂ©rature, la structure est hexagonale pseudo-compacte (a = 0,295 nm, c = 0,468 nm, c/a = 1,587) et est appelĂ©e Ti α (groupe d'espace no 194 P63/mmc). Au-dessus de cette tempĂ©rature la structure est cubique centrĂ©e (a = 0,332 nm) et est appelĂ©e Ti ÎČ. La tempĂ©rature de transition α → ÎČ est appelĂ©e transus ÎČ. La tempĂ©rature exacte de transformation est largement influencĂ©e par les Ă©lĂ©ments substitutifs et interstitiels. Elle dĂ©pend donc fortement de la puretĂ© du mĂ©tal.

Structure cristallographique des mailles α et ÎČ du titane.

Isotopes

On trouve le titane sous la forme de 5 isotopes dans la nature : 46Ti, 47Ti, 48Ti, 49Ti, 50Ti. Le 48Ti reprĂ©sente l'isotope majoritaire avec une abondance naturelle de 73,8 %. 21 radioisotopes ont Ă©tĂ© observĂ©s, le plus stable le 44Ti possĂšde une demi-vie de 63 ans.

Oxydes

Le titane peut se trouver sous plusieurs états d'oxydation comme de nombreux métaux de transition. Il possÚde donc plusieurs oxydes correspondant à ces degrés d'oxydation :

Propriétés mécaniques

Érosion

La couche d’oxyde trĂšs adhĂ©rente et dure explique la longĂ©vitĂ© de piĂšces en titane soumises aux chocs de particules en suspension dans les fluides. Cet effet est amplifiĂ© par la capacitĂ© qu'a cette couche de se rĂ©gĂ©nĂ©rer. L'Ă©rosion dans l’eau de mer est augmentĂ©e par un dĂ©bit plus Ă©levĂ© ou une granulomĂ©trie plus faible.

Résistance et ductilité

Le titane est considĂ©rĂ© comme un mĂ©tal ayant une rĂ©sistance mĂ©canique importante et une bonne ductilitĂ© dans les conditions normales de tempĂ©rature. Sa rĂ©sistance spĂ©cifique (rapport rĂ©sistance Ă  la traction / densitĂ©) est, par exemple, plus Ă©levĂ©e que celle de l’aluminium ou l’acier. Sa rĂ©sistance est dĂ©croissante Ă  la tempĂ©rature avec un replat entre −25 °C et 400 °C. En dessous de −50 °C, dans les domaines de tempĂ©ratures cryogĂ©niques, sa rĂ©sistance augmente et sa ductilitĂ© diminue grandement.

Usure et grippage

Jusqu’à ce jour, aucune solution satisfaisante n’a encore Ă©tĂ© mise au point. On a essayĂ© principalement l’oxydation, la nitruration, la boruration et la carburation. On se heurte Ă  de nombreuses difficultĂ©s technologiques de rĂ©alisation et d’adhĂ©rence. Ajoutons que les traitements de surface du titane, modifiant la nature ou la structure de la surface, ne sont Ă  employer qu’avec la plus grande prudence et aprĂšs une Ă©tude approfondie de leur influence ; ils ont gĂ©nĂ©ralement un effet nĂ©faste plus ou moins prononcĂ© sur la rĂ©sistance et la fatigue.

Biocompatibilité

Le titane est l’un des mĂ©taux les plus bio-compatibles, avec l’or et le platine, c’est-Ă -dire qu’il rĂ©siste totalement aux fluides corporels.

De plus, il possĂšde une haute rĂ©sistance mĂ©canique et un module d’élasticitĂ© trĂšs bas (100 000 MPa Ă  110 000 MPa), plus proche de celui des structures osseuses (20 000 MPa[9]) que l'acier inox (220 000 MPa). Cette Ă©lasticitĂ© qui favorise le remodelage osseux en obligeant l'os Ă  travailler (prĂ©vention du stress shielding ou ostĂ©oporose pĂ©ri-implantaire) fait du titane un bio-matĂ©riau particuliĂšrement intĂ©ressant. Il faut cependant noter qu'une Ă©lasticitĂ© excessive peut aussi compromettre la fonction du bio-matĂ©riau qui aurait subi une dĂ©formation inacceptable.

RĂ©sistance au feu

Sa rĂ©sistance au feu, notamment d’hydrocarbures, est trĂšs bonne. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’un tube de mm d’épaisseur pouvait sans dommage ni risque de dĂ©formation ou d’explosion supporter une pression de dix atmosphĂšres tout en Ă©tant soumis Ă  un feu d’hydrocarbures Ă  une tempĂ©rature de 600 °C. Cela est dĂ» en premier lieu Ă  la rĂ©sistance de la couche d’oxyde qui Ă©vite la pĂ©nĂ©tration de l’hydrogĂšne dans le matĂ©riau. En outre, la faible conductivitĂ© thermique du titane protĂšge plus longtemps les Ă©lĂ©ments internes d’une Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature.

Propriétés chimiques

Corrosion classique du titane

Le titane est un mĂ©tal extrĂȘmement oxydable. Dans la sĂ©rie des potentiels Ă©lectrochimiques standards, il se place au voisinage de l’aluminium, entre le magnĂ©sium et le zinc. Il n’est donc pas un mĂ©tal noble, son domaine de stabilitĂ© thermodynamique ne prĂ©sente, en effet, aucune partie commune avec le domaine de stabilitĂ© thermodynamique de l’eau et est situĂ© fortement au-dessous de ce dernier. L’une des causes de la rĂ©sistance Ă  la corrosion du titane est le dĂ©veloppement d’une couche protectrice passivante de quelques fractions de micromĂštre, constituĂ©e majoritairement d’oxyde TiO2, mais il est reconnu qu’elle peut contenir d’autres variĂ©tĂ©s. Cette couche est intĂšgre et trĂšs adhĂ©rente. En cas de rayure de la surface, l’oxyde se reforme spontanĂ©ment en prĂ©sence d’air ou d’eau. Il y a donc inaltĂ©rabilitĂ© du titane dans l’air, l’eau et l’eau de mer. De plus, cette couche est stable sur une large gamme de pH, de potentiel et de tempĂ©rature.

Des conditions trĂšs rĂ©ductrices, ou des environnements trĂšs oxydants, ou encore la prĂ©sence d’ions fluor (agent complexant), diminuent le caractĂšre protecteur de cette couche d’oxyde ; les rĂ©actifs d’attaque pour relever les micrographies sont le plus souvent Ă  base d’acide fluorhydrique. Lors d’une rĂ©action par cet acide, il y a formation de cation titane (II) et (III). La rĂ©activitĂ© des solutions acides peut nĂ©anmoins ĂȘtre rĂ©duite par l’adjonction d’agents oxydants et/ou d’ions lourds mĂ©talliques. L’acide chromique ou nitrique et les sels de fer, nickel, cuivre ou chrome sont alors d’excellents agents inhibiteurs. Cela explique pourquoi le titane peut ĂȘtre utilisĂ© dans des procĂ©dĂ©s industriels et des environnements oĂč les matĂ©riaux conventionnels se corroderaient.

On peut bien entendu modifier les Ă©quilibres Ă©lectrochimiques par adjonction d’élĂ©ments d’addition qui rĂ©duisent l’activitĂ© anodique du titane ; cela conduit Ă  amĂ©liorer la tenue Ă  la corrosion. Selon les desiderata de modifications, on ajoute des Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques. Une liste non exhaustive de quelques adjuvants classiques est reprise ci-dessous :

Ces trois mĂ©thodes peuvent ĂȘtre combinĂ©es.

Corrosion spécifique du titane

Le titane est trĂšs peu sensible aux modes particuliers de corrosion tels que la corrosion caverneuse ou la corrosion par piqĂ»re. Ces phĂ©nomĂšnes ne sont observĂ©s qu’en cas d’utilisation dans un domaine proche d’une limite pratique de tenue Ă  la corrosion gĂ©nĂ©rale. Les risques de corrosion sous contrainte apparaissent dans les conditions suivantes :

  • Ă  froid dans l’eau de mer (en prĂ©sence d’entailles aiguĂ«s seulement) ;
  • dans certains milieux particuliers tels que le mĂ©thanol anhydre ;
  • Ă  chaud, en prĂ©sence de NaCl fondu.

Les deux structures allotropiques se distinguent au niveau de la rĂ©sistance Ă  ce dernier type de corrosion ; le titane α y est fort sensible alors que le ÎČ quasiment pas.

Purification du titane

Le procédé Van-Arkel-de-Boer

Ce procédé sert à isoler le titane ou le zirconium par formation réversible d'iodure volatil et dépÎt du métal par pyrolyse sur un filament de tungstÚne.

Le procédé Kroll

Ce procĂ©dĂ© permet de rĂ©duire l'oxyde de titane en titane par du magnĂ©sium. La premiĂšre Ă©tape consiste Ă  opĂ©rer une carbochloration sur le dioxyde de titane. Le produit est obtenu par action du chlore gazeux sur l’oxyde vers 800 °C, le tout sur lit fluidisĂ© selon la rĂ©action :

TiO2(s) + 2 C(s) + 2 Cl2(g) → TiCl4(g) + 2 CO(g)

Le tĂ©trachlorure de titane, dont la tempĂ©rature d’ébullition est de 136 °C, est rĂ©cupĂ©rĂ© par condensation, dĂ©cantĂ©, filtrĂ© et purifiĂ© par distillation fractionnĂ©e. Le procĂ©dĂ© de rĂ©duction qui s’ensuit consiste alors Ă  faire rĂ©agir ce tĂ©trachlorure en phase gazeuse sur du magnĂ©sium liquide selon la rĂ©action :

TiCl4 (g) + 2 Mg (l) → 2MgCl2 (l) + Ti (s)

La rĂ©action est rĂ©alisĂ©e sous vide ou sous gaz inerte (argon). Le chlorure de magnĂ©sium est sĂ©parĂ© par dĂ©cantation, puis, dans une seconde Ă©tape, par distillation sous vide vers 900 Ă  950 °C, ou par lavage Ă  l’acide. Le titane obtenu est un solide poreux faisant penser Ă  une Ă©ponge, d’oĂč son nom d’éponge de titane.

Depuis le dĂ©but de sa mise en exploitation industrielle en 1945, le procĂ©dĂ© Kroll n’a pas subi d’évolution notable dans son principe physico-chimique mais son rendement a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©.

Le procédé de Hunter

Le procédé de Hunter (en) est similaire au procédé de Kroll à la différence prÚs que le magnésium est remplacé par du sodium dans la réduction du tétrachlorure de titane.

L'Ă©ponge de titane est ensuite broyĂ©e avant d'ĂȘtre utilisĂ© en granules de 1 Ă  50mm[10].

Élaboration du titane haute puretĂ©

Une fois l’éponge obtenue, on la broie afin d’obtenir des copeaux de titane. Ce lot est ensuite homogĂ©nĂ©isĂ© dans un mĂ©langeur soit sous gaz neutre soit sous aspiration violente, de maniĂšre Ă  prĂ©venir toute inflammation des particules fines de titane (particules d’une centaine de micromĂštres) pouvant conduire Ă  la formation d’oxynitrure de titane fragilisant et insoluble dans le bain liquide. Le lot homogĂšne est ensuite introduit dans la matrice d’une presse oĂč il est comprimĂ© Ă  froid, sous forme de cylindre dense appelĂ© compact. La densitĂ© relative du compact autorise alors toute manutention en vue de constituer une Ă©lectrode par empilement de ces compacts, Ă©tage par Ă©tage, et soudage entre eux par plasma ou faisceau d’électrons. On fabrique ainsi une Ă©lectrode primaire.

Le lingot de titane pur Ă  99,9 % peut finalement ĂȘtre obtenu par diffĂ©rentes techniques de fusion :

  1. la fusion sous vide par Ă©lectrode consommable ou VAR (Vacuum Arc Reduction (en)) : les Ă©lectrodes de titane sont fusionnĂ©es par refusion Ă  l’arc sous vide. Cela revient Ă  crĂ©er un arc Ă©lectrique de faible tension et haute intensitĂ© (30 Ă  40 V ; 20 000 Ă  40 000 A) entre le bas de l’électrode de titane et un creuset en cuivre refroidi par eau. Le bas de l’électrode s’échauffe et sa tempĂ©rature passe au-delĂ  du liquidus ; les gouttelettes de mĂ©tal tombent alors dans un puits liquide contenu dans une gaine de mĂ©tal que l’on nomme la peau du lingot. On refond ainsi le lingot plusieurs fois selon la puretĂ© dĂ©sirĂ©e. À chaque refusion, on augmente le diamĂštre des lingots ; ces derniers pĂšsent couramment entre 1 et 10 tonnes et ont un diamĂštre de 0,5 Ă  1 mĂštre.
  2. la fusion Ă  foyer froid par faisceau d’électron ou EB (Electron Beam)
  3. la fusion Ă  foyer froid par faisceau plasma ou PAM (Plasma Arc Melting)
  4. la fusion par induction ou ISM (Induction Skull Melting).

Pour fabriquer un lingot de titane pur, la matiĂšre fondue peut ĂȘtre soit exclusivement de l’éponge, soit un mĂ©lange d’éponge et de dĂ©chet de titane (scrap), soit exclusivement du dĂ©chet de titane. Les lingots d’alliage de titane sont obtenus en mĂ©langeant Ă  la matiĂšre titane les Ă©lĂ©ments d’addition, comme le vanadium et l’aluminium, pour obtenir aprĂšs fusion l’alliage souhaitĂ©. L’alliage le plus couramment utilisĂ© est le TiAl6V4. Il reprĂ©sente Ă  lui seul plus de la moitiĂ© de l'utilisation d'alliages de titane dans le monde [11].

En fonction des techniques de fusion utilisĂ©es et selon les besoins en termes d’homogĂ©nĂ©itĂ© des produits obtenus, le cycle de production peut comprendre deux, voire trois fusions successives du mĂȘme lingot.

Les lingots sont en général transformés par forgeage à chaud et usinage pour obtenir des demi-produits sous forme de brames, bloom ou billette. Puis on obtient des produits finis (feuilles, bobines, barres, plaques, cùbles, etc.) par différentes étapes de transformation de laminage, forgeage, extrusion, usinage, etc. Les piÚces de fonderie sont en général réalisées directement à partir du lingot de fusion auquel est rajoutée une proportion variable de scrap.

Composés

Bien que le titane mĂ©tallique soit assez rare Ă  cause de son prix, le dioxyde de titane est bon marchĂ© et largement rĂ©pandu comme pigment blanc pour les peintures et les plastiques. La poudre de TiO2 est chimiquement inerte, rĂ©siste Ă  la lumiĂšre du Soleil et est trĂšs opaque. Le dioxyde de titane pur possĂšde un indice de rĂ©fraction trĂšs Ă©levĂ©[12] (2,70 Ă  λ = 590 nm) et une dispersion optique plus Ă©levĂ©e que celle du diamant.

Précautions, toxicologie

Lorsqu'il est sous forme métallique divisée le titane est trÚs inflammable, mais on considÚre généralement que les sels de titane sont sans danger. Les composés chlorés comme le TiCl4 et le TiCl3 sont corrosifs. Le titane peut s'accumuler dans les tissus vivants qui contiennent du silicium, mais il ne possÚde aucun rÎle biologique connu.

Occurrence et production

On trouve du titane dans les mĂ©tĂ©orites, dans le Soleil et dans les Ă©toiles, ses raies sont bien marquĂ©es pour les Ă©toiles de type M. Les roches rapportĂ©es de la Lune par la mission Apollo 17 sont composĂ©es Ă  12,1 % de TiO2. On en trouve Ă©galement dans le charbon, les plantes et mĂȘme dans le corps humain.

Sur Terre, le titane n’est pas une substance rare. Il est le neuviĂšme Ă©lĂ©ment le plus abondant dans la croĂ»te terrestre, et le cinquiĂšme mĂ©tal le plus abondant[13], sa teneur moyenne y est de 0,63 %. Seuls les Ă©lĂ©ments suivants y ont plus d'atomes, par ordre dĂ©croissant : l’oxygĂšne, le silicium, l’aluminium, le fer, l'hydrogĂšne, le calcium, le sodium, le magnĂ©sium et le potassium.

La plupart des minĂ©raux, roches et sols contiennent de petites quantitĂ©s de titane. On dĂ©nombre 87 minĂ©raux ou roches contenant au moins 1 % de titane. Les minerais riches en titane sont par contre trĂšs peu nombreux, Ă  savoir, l’anatase (TiO2), la brookite (TiO2), l’ilmĂ©nite (FeTiO3) et ses altĂ©rations par carence de fer : le leucoxĂšne, la perovskite (CaTiO3), le rutile (TiO2), la sphĂšne ou titanite (CaTiO(SiO4)) et la titanomagnĂ©tite (Fe(Ti)Fe2O4).

La majoritĂ© du titane sur Terre se trouve sous forme d’anatase ou de titanomagnĂ©tite, mais ces derniers ne peuvent ĂȘtre exploitĂ©s avec les technologies actuelles de maniĂšre rentable. Seuls l’ilmĂ©nite, le leucoxĂšne et le rutile sont intĂ©ressants Ă©conomiquement, Ă©tant donnĂ© la facilitĂ© avec laquelle ils peuvent ĂȘtre traitĂ©s.

On trouve des gisements de titane à Madagascar et en Australie, Scandinavie, Amérique du Nord, Malaisie, Russie, Chine, Afrique du Sud et Inde.

La rĂ©serve mondiale totale, Ă  savoir celle qui n’est pas encore technologiquement et Ă©conomiquement exploitable, est estimĂ©e Ă  2 milliards de tonnes. Les rĂ©serves prouvĂ©es de rutile et d’ilmĂ©nite, calculĂ©es en pourcentage de TiO2 utilisable et technologiquement extractible en 2005, sont estimĂ©es Ă  600 millions de tonnes.

Répartition des réserves exploitables d'oxyde de titane en 2005.

Source : U.S. Geological Survey,

Principaux producteurs d'oxyde de titane en 2003, Chiffres de 2003, en milliers de tonnes de dioxyde de titane[14] :

PaysMilliers de tonnes % du total
Australie 1 291,0 30,6
Afrique du Sud 850,0 20,1
Canada 767 18,2
NorvĂšge 382,9 9,1
Ukraine 357 8,5
Total 5 pays 3647,9 86,4
Total monde 4 221,0 100,0

Enjeux Ă©conomiques

Évolution du prix du titane sur le marchĂ© mondial

Le nombre de producteurs de titane Ă  haute puretĂ© est trĂšs limitĂ© et est concentrĂ© dans les rĂ©gions Ă  forte demande intĂ©rieure. En effet, le titane Ă©tant un matĂ©riau stratĂ©gique pour les secteurs aĂ©ronautique, Ă©nergĂ©tique et militaire, les gouvernements des pays industrialisĂ©s ont organisĂ© leur propre industrie de production. L’émergence rĂ©cente de production en Chine et en Inde dans le cadre des plans pluriannuels de dĂ©veloppement de l’industrie de dĂ©fense, confirme cette analyse. Le fait que cette industrie soit destinĂ©e en premier lieu Ă  satisfaire des besoins intĂ©rieurs stratĂ©giques explique en partie le flou de l’information sur les capacitĂ©s rĂ©elles de production.

Le dĂ©veloppement de l’industrie dans le monde libĂ©ral a permis aux producteurs occidentaux d’accroĂźtre leur offre jusqu’à l’arrivĂ©e des producteurs des pays de l’ex-URSS. On peut considĂ©rer que le niveau des prix du marchĂ©, avant 1990, Ă©tait principalement basĂ© sur les coĂ»ts de production des pays occidentaux (États-Unis, Europe de l’Ouest, Japon) et sur le positionnement par spĂ©cialisation de produit de ces fournisseurs aboutissant Ă  un certain lobbying. L’arrivĂ©e sur le marchĂ© des producteurs russes, ukrainiens et, Ă  plus long terme, chinois marque de nouvelles Ă©tapes dans l’évolution du marchĂ© du titane.

Ainsi, une pression sur les prix s’exerce pour gagner des parts sur le marchĂ© actuellement dominĂ© par les États-Unis et le Japon. Cette pression se caractĂ©rise par une baisse des prix que les coĂ»ts de production rendent possible. Et, par le jeu de la concurrence, la diversification de l’offre peut contribuer Ă  briser le positionnement par spĂ©cialisation de produit.

Utilisations

Pigments, additifs et revĂȘtements

 poudre blanche de dioxyde de titane
Le dioxyde de titane est la forme la plus communément utilisée du titane (95% du minerai exploité en 2017)

Environ 95 % du minerai de titane est destiné au raffinement en dioxyde de titane dioxyde de titane TiO2 (anatase)[15], qui est un pigment important utilisé à la fois dans les peintures domestiques et les pigments des artistes, les matiÚres plastiques, le papier, les médicaments



Certains systĂšmes de dĂ©pollution emploient une de ses formes en tant que photocatalyseur de rĂ©actions chimiques. Chimiquement inerte — il remplace la cĂ©ruse, interdite Ă  cause de sa toxicitĂ©, le dioxyde de titane fait partie de la formulation de cosmĂ©tiques, de mĂ©dicaments et d'aliments. L'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments ne le considĂšre plus comme « sĂ»r en tant qu'additif alimentaire » depuis 2021, parce qu'il intervient comme catalyseur dans des rĂ©actions chimiques. Il sert comme filtre ultraviolet dans des crĂšmes solaires sous sa forme nanoparticulaire, soupçonnĂ©e d'ĂȘtre Ă©cotoxique.

Il rĂ©siste Ă  la dĂ©coloration au soleil, il est trĂšs opaque, a un bon pouvoir couvrant et est assez rĂ©sistant au temps. il confĂšre une couleur blanche pure et brillante aux produits chimiques bruns ou gris qui forment la majoritĂ© des plastiques mĂ©nagers[16]. Dans la nature, ce composĂ© se trouve dans les minĂ©raux anatase, brookite et rutile. La peinture fabriquĂ©e avec du dioxyde de titane rĂ©siste bien Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es et aux agressions corrosives des environnements marins. Le dioxyde de titane pur a un indice de rĂ©fraction trĂšs Ă©levĂ© et une dispersion optique supĂ©rieure Ă  celle du diamant. En plus d'ĂȘtre un pigment trĂšs important, le dioxyde de titane est Ă©galement utilisĂ© dans les Ă©crans solaires. Les peintures Ă  base de titane sont de trĂšs bons rĂ©flecteurs des infrarouges, et sont donc trĂšs utilisĂ©es par les astronomes. L'usage du titane en tant que pigment prĂ©sente l'inconvĂ©nient de disperser la ressource Ă  de faibles concentrations, ce qui rend sa rĂ©cupĂ©ration et son recyclage quasiment inenvisageable.


Usages sous forme métalique

un. Cylindre de titane de qualité "grade 2"

Autrefois rĂ©putĂ© cher Ă  cause de sa valeur d’achat, le titane mĂ©tallique est de plus en plus considĂ©rĂ© comme Ă©conomique dans les coĂ»ts d’exploitation. La clĂ© du succĂšs pour sa rentabilitĂ© rĂ©side au maximum dans l'utilisation de ses propriĂ©tĂ©s et caractĂ©ristiques uniques dĂšs la conception, plutĂŽt que de les substituer ex abrupto Ă  un autre mĂ©tal. Les coĂ»ts d’installation et d’exploitation des tubes de forage en titane dans des exploitations pĂ©troliĂšres offshore sont jusqu'Ă  deux fois plus bas qu’avec la rĂ©fĂ©rence acier. En effet, d’une part, la rĂ©sistance Ă  la corrosion Ă©vite les opĂ©rations de revĂȘtement des tubes et permet des durĂ©es de vie trois Ă  cinq fois supĂ©rieures Ă  l’acier, et, d’autre part, la valeur Ă©levĂ©e de sa rĂ©sistance spĂ©cifique permet de rĂ©aliser des tubes fins et ultra lĂ©gers. Cet exemple photographique montre Ă  souhait que le titane, initialement employĂ© dans le domaine aĂ©ronautique, touche de plus en plus de segments d'utilisation.

Industries aéronautique et aérospatiale

Des piĂšces en titane pour l'avion de combat McDonnell Douglas F-15 Eagle avant et aprĂšs avoir Ă©tĂ© pressĂ©es par la presse Ă  forger de 45 400 t exploitĂ©e par Alcoa construit dans le cadre du Heavy Press Program.

Les domaines de l’aĂ©ronautique et de l’aĂ©rospatiale constituent la premiĂšre des applications historiques du titane. Dans ce secteur on utilise totalement ses caractĂ©ristiques spĂ©cifiques.

De nos jours, le titane constitue 6 Ă  9 % de la masse des avions. On en trouve tout d’abord sous forme de piĂšces forgĂ©es. Quant aux piĂšces coulĂ©es, leurs moules en cĂ©ramique convenant aux piĂšces dĂ©taillĂ©es (aĂ©ronautique) sont obtenus par procĂ©dĂ© de cire perdue au dĂ©part de moules en acier ou au dĂ©part de piĂšces imprimĂ©es en 3D. Les moules en sable comprimĂ© conviennent aux grosses piĂšces (pompes, canons, industrie nuclĂ©aire...) La coulĂ©e se fait sous vide par gravitĂ© ou, bien mieux, centrifugation. Il existe des procĂ©dĂ©s d'impression 3D directs au dĂ©part de poudre de titane. On en fait aussi des Ă©crous et boulons. Il ne faut pas oublier les Ă©lĂ©ments de moteurs, Ă  savoir les Ă©tages basse et haute pression Ă  moyennes tempĂ©ratures : disques de compresseurs, aubes de compresseurs, carters structuraux, carter Fan, aubes Fan, 'torque tubes' des Ă©lĂ©ments de freinage des roues, etc; la tempĂ©rature maximale d’utilisation Ă©tant limitĂ©e Ă  600 °C.

Le titane peut se former à chaud (température < 800 °C). Ses caractéristiques de superplasticité (température de formage 920 °C) permettent d'obtenir des formes trÚs complexes. Il est également utilisé comme élément de structure en présence de composites carbone.

Dans le domaine spatial, ce matĂ©riau est utilisĂ© pour les Ă©lĂ©ments du moteur Vulcain d’Ariane 5 en contact avec le mĂ©lange H2 / O2 et sa combustion ; les rouets centrifuges sont ainsi soumis Ă  des tempĂ©ratures cryogĂ©niques d’un cĂŽtĂ© (tempĂ©rature H2 liquide) et Ă  celles de la combustion de l’autre. Il sert aussi de rĂ©servoir aux gaz de propulsion pour les satellites grĂące Ă  ses bonnes propriĂ©tĂ©s cryogĂ©niques et Ă  sa rĂ©sistance Ă  la corrosion des gaz propulseurs. Enfin, comme c’est un mĂ©tal faiblement soumis au magnĂ©tisme, il est embarquĂ© sur les stations spatiales sous forme d'outil. Ceux-lĂ  mĂȘmes qui, en apesanteur, Ă©voluent prĂšs des appareillages Ă©lectriques, Ă©lectroniques, sans risque d'ĂȘtre gĂ©nĂ©rateurs d'arcs et de perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques[alpha 1].

De plus, il est désormais utilisé pour fabriquer les ailettes des lanceurs réutilisables Falcon 9 de SpaceX, sa grande résistance thermique permet aux ailettes de servir plusieurs fois sans maintenance.

L'Union europĂ©enne importe chaque annĂ©e environ 70 000 tonnes de titane, dont les deux tiers Ă  destination de l'industrie aĂ©ronautique et spatiale. La Russie est la premiĂšre source d'approvisionnement en titane de l'aĂ©ronautique mondiale par l’intermĂ©diaire de l’entreprise VSMPO-AVISMA. Le gĂ©ant russe dĂ©tient 25 Ă  30 % du marchĂ© mondial. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le secteur aĂ©ronautique, 50 % du titane est importĂ© de Russie. La sociĂ©tĂ© russe est mĂȘme le premier fournisseur d'Airbus comme de Safran, avec des accords Ă  long terme[17].

Industrie chimique

Le secteur de la chimie, au sens large du terme, constitue le second secteur d'activitĂ© oĂč le titane est prĂ©sent.

Ainsi, on retrouve des tubes en titane dans de nombreux condenseurs, oĂč sa rĂ©sistance Ă  la corrosion et Ă  l’abrasion permet des durĂ©es de vie Ă©levĂ©es.

Il sert également, sous forme de réacteurs dans les raffineries (résistance à H2S et CO2) et pour le blanchiment de la pùte à papier (résistance au Cl).

Au Japon, il est également utilisé dans le traitement des eaux en raison de sa bonne résistance à la corrosion, ainsi qu'aux agents biologiques.

Industrie militaire

On l’emploie comme blindage (navires, vĂ©hicules, cockpit des avions de chasse) oĂč ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques et sa rĂ©sistance Ă  la corrosion et au feu sont mises en avant. Aux États-Unis, on est mĂȘme allĂ© jusqu’à concevoir des vĂ©hicules lĂ©gers, dont la carrosserie en titane possĂšde une rĂ©sistance spĂ©cifique inĂ©galable et facilite le transport par hĂ©licoptĂšre.

Mais la plus spectaculaire des utilisations est, bien sûr, la réalisation de plusieurs sous-marins nucléaires par les Russes comme la classe Alfa dont la coque entiÚre est en titane. L'avantage du titane, dans ce cas, est double :

  • sa grande rĂ©sistance permet au sous-marin d'atteindre de plus grandes profondeurs ;
  • le titane Ă©tant amagnĂ©tique, le sous-marin Ă©chappe aux dĂ©tections satellitaires qui utilisent les changements ponctuels du champ magnĂ©tique terrestre crĂ©Ă©s par les coques en aciers. (Cette mĂ©thode est devenue obsolĂšte Ă  cause de l'adjonction de circuits Ă©lectroniques spĂ©cialisĂ©s qui rendent imperceptible la signature magnĂ©tique d'un sous-marin)[18].

Ainsi, le titane est considéré comme l'une des huit matiÚres premiÚres stratégiques indispensables en temps de guerre comme en temps de paix[alpha 2].

Le défaut majeur de ces coques est leur prix, dû au titane ainsi qu'à la difficulté de le souder.

Secteur biomédical

Plaque de titane utilisée pour la fixation d'une fracture du poignet

On dispose actuellement d’un retour d’expĂ©rience d’une petite cinquantaine d’annĂ©es d’utilisation dans le domaine mĂ©dical (premiers implants dentaires en titane posĂ©s en 1964 par le Pr Per-Ingvar BrĂ„nemark). Son emploi s’est dĂ©veloppĂ© en raison de son caractĂšre biocompatible. En effet, l'os adhĂšre spontanĂ©ment au titane ce qui en fait un matĂ©riau privilĂ©giĂ© pour la rĂ©alisation de prothĂšses. En plus de cet aspect biocompatible, le titane est mĂ©canocompatible. Son intĂ©rĂȘt rĂ©el pour la chirurgie et l'ostĂ©osynthĂšse reste toutefois Ă  dĂ©montrer.

Le titane a aussi fait une percĂ©e importante dans le domaine de l’odontologie oĂč il sert d’implant dans l'os pour les supports de prothĂšses ainsi que pour la confection d'infrastructures prothĂ©tiques appelĂ©es « chapes » ou « armatures » dans le jargon du prothĂ©siste dentaire et du chirurgien-dentiste. Le NiTi est aussi utilisĂ© en endodontie sous forme de petites limes super-Ă©lastiques servant Ă  instrumenter les canaux dentaires pour les dĂ©vitalisations et en orthodontie oĂč ses propriĂ©tĂ©s de mĂ©moire de forme et d'Ă©lasticitĂ© en font un matĂ©riau de choix pour la fabrication des arcs qui permettent de corriger la position des dents.

Il faut signaler l’apparition d’outillage en titane pour la chirurgie, comme les forets creux refroidis Ă  l’eau. À l’inverse de l’acier, tout dĂ©bris d’outil en titane pouvant rester dans le corps n’occasionnera pas d’infection postopĂ©ratoire, du fait de sa biocompatibilitĂ©.

Enfin, le titane rentre dans la composition des bobines supraconductrices des appareils IRM en association avec un autre métal de transition : le niobium.

Industrie énergétique

Le titane est Ă©galement utilisĂ©, notamment aux États-Unis, dans les circuits secondaires de rĂ©acteurs nuclĂ©aires afin de minimiser le nombre d’arrĂȘts de tranches qui sont extrĂȘmement coĂ»teux. Il faut aussi noter son utilisation dans la gĂ©othermie sous forme de canalisations et de carters et dans les Ă©changeurs de chaleur (tubes droits ou en U), toujours pour sa tenue Ă  la corrosion et sa rĂ©sistance Ă  l’érosion. Enfin grĂące Ă  sa rĂ©sistance spĂ©cifique mĂ©canique Ă©levĂ©e, on en utilise dans les turbines gĂ©nĂ©ratrices de vapeur sous forme d’aubes ; dans ce cas, on rĂ©duit fortement les arrĂȘts de centrale dus aux ruptures d’aubes.

Industrie automobile

Un nouveau secteur d’application semble bien ĂȘtre la construction automobile. Ce sont surtout les marques allemandes, japonaises et amĂ©ricaines qui introduisent des piĂšces de titane dans les voitures de tourisme. Ce qui est recherchĂ© est l’allĂ©gement des structures visant Ă  rĂ©duire Ă  la fois les Ă©manations du moteur et le bruit ; on trouve ainsi des soupapes, des ressorts et des bielles en titane.

Le cas des ressorts est typique d’une bonne utilisation des propriĂ©tĂ©s du titane : comme son module de Young est deux fois plus faible que celui de l’acier, il faut deux fois moins de spires ; comme il est deux fois moins dense que l’acier, le ressort est quatre fois plus lĂ©ger, et il faut deux fois moins de place pour le loger dans la suspension. Si on ajoute Ă  cela qu’il a une durĂ©e de vie quasi illimitĂ©e, mĂȘme sur les routes Ă  haut degrĂ© de salinitĂ©, on comprend l’intĂ©rĂȘt de l’industrie automobile.

Optique

Le titane est utilisĂ© comme dopant pour la rĂ©alisation du milieu amplificateur de lasers accordables (type laser titane-saphir). L'intĂ©rĂȘt du titane pour un laser accordable est que c'est un mĂ©tal de transition avec une couche 3d Ă©lectrostatiquement peu Ă©crantĂ©e, ce qui conduit a des amplificateurs optiques saphir dopĂ© titane avec une courbe de gain trĂšs large, et donc une grande accordabilitĂ© en frĂ©quence.

Dans un tout autre domaine de l'optique, le titane est utilisé depuis 1981[19] pour réaliser des montures de lunettes, pour lesquelles il offre une bonne combinaison en résistance, flexibilité et légÚreté, tout en étant bien biocompatible.

Sports

Montre en titane.

Le titane est utilisé dans le cyclisme pour construire des cadres haut de gamme d'une légÚreté égale au carbone et aussi résistants que l'acier.

Il est utilisé dans le domaine de la trottinette freestyle pour construire des piÚces (plus particuliÚrement des guidons) plus légÚres et particuliÚrement résistantes aux chocs.

Il est utilisé en alpinisme pour construire des mousquetons, pratiques pour leurs propriétés à des températures cryogéniques.

Autres utilisations

  • Le dioxyde de titane est un composĂ© employĂ© dans les crĂšmes solaires comme filtre contre les ultraviolets.
  • Le tĂ©trachlorure de titane est utilisĂ© pour iriser le verre, et comme Ă©cran de fumĂ©e car il fume beaucoup au contact de l'air.
  • Il est utilisĂ© en cĂ©ramique dans la prĂ©paration de certains Ă©maux.
  • Son cĂŽtĂ© inerte et sa couleur agrĂ©able en font un mĂ©tal courant pour les bijoux de piercing ; la coloration du titane par anodisation est actuellement largement utilisĂ©e en bijouterie artisanale[20] ;
  • Il est parfois utilisĂ© comme catalyseur.
  • Il est utilisĂ© en architecture comme matĂ©riau de recouvrement. Ses propriĂ©tĂ©s de rĂ©sistance Ă  la corrosion mais surtout sa facultĂ©, par anodisation thermique, Ă  se couvrir d’une couche d’oxyde extrĂȘmement rĂ©sistante, pouvant prendre toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, en font un matĂ©riau de choix (exemple du musĂ©e Guggenheim Ă  Bilbao ou de la sculpture The Shoal Ă  Londres).
  • Il est utilisĂ© en pyrotechnie, soit en mĂ©lange sous forme de copeaux avec la poudre noire pour produire des Ă©tincelles blanches, soit en complĂ©ment de perchlorates pour provoquer de fortes explosions : par exemple un « marron d'air titanium » n'est autre qu'une bombe de feu d'artifice qui produit un Ă©clair blanc avec une forte dĂ©tonation.
  • Échangeurs de chaleur pour la production d'Ă©nergie (centrales conventionnelles et nuclĂ©aires)
  • Utilisation dans la fabrication d'armures de type mĂ©diĂ©val pour la pratique du combat rĂ©el dit bĂ©hourd, les caractĂ©ristiques du titane donnant un gain de rĂ©sistance et de lĂ©gĂšretĂ© considĂ©rable face Ă  des armures classiques en acier (armure complĂšte en titane : environ 15 kg, contre 30 pour l'acier).

Symbolique

Le titane est le 11e niveau dans la progression de la sarbacane sportive.

Les noces de titane correspondent au 72e anniversaire de mariage.

Commerce

En 2014, la France est nette importatrice de titane, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait de 4 700 €[21].

Notes et références

Notes

  1. Selon les expérimentations effectuées sur des plates-formes de montage, notamment russes, françaises et américaines, et, par extrapolation et appropriation des technologies russes embarquées dans l'espace interplanétaire, par certaines industries japonaises.
  2. Avec le germanium (Ă©lectronique avancĂ©e) ; magnĂ©sium (explosifs) ; platine (contacts aussi conducteurs que l'or pour l'aviation, circuits avec contacts rapides) ; mercure (chimie nuclĂ©aire, instruments de mesure) ; molybdĂšne (acier) ; cobalt (chimie nuclĂ©aire) ; colombium (alliages spĂ©ciaux extrĂȘmement rares). (Christine Ockrent, comte de Marenches, Dans le secret des princes, Ă©d. Stock, 1986, p. 193.)

Références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) « Titanium », sur NIST/WebBook, consulté le 28 juin 2010
  4. (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, , 251 p. (ISBN 0803120664, lire en ligne), p. 711
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  6. SIGMA-ALDRICH
  7. Émile LittrĂ©, Dictionnaire de la langue française, (lire en ligne).
  8. Merck Index, 13e Ă©dition, 9547.
  9. « Cours sur les propriétés mécaniques de l'os », sur os (consulté le )
  10. Bernard DE GELAS, Marcel ARMAND, LĂ©on SERAPHIN et Roland TRICOT, « Titane et alliages de titane », Techniques de l'ingĂ©nieur,‎
  11. Nathalie Mayer, « TA6V », sur Futura (consulté le )
  12. « Description de l'oxyde de titane sur SFC.fr », sur TiO2 (consulté le )
  13. Emsley J., Nature's building blocks : an A-Z guide to the elements, Oxford University Press,
  14. L'État du monde 2005, annuaire Ă©conomique gĂ©opolitique mondial
  15. United States Geological Survey, « USGS Minerals Information: Titanium »
  16. Robert E. Krebs, The History and Use of Our Earth's Chemical Elements: A Reference Guide, Westport (Connecticut), Greenwood Press, , 2nd Ă©d. (ISBN 978-0-313-33438-2, lire en ligne)
  17. Guerre en Ukraine : Airbus devra faire sans le titane russe, francebleu.fr, 26 février 2022
  18. Enjeux de la composante sous-marine par l'amiral Thierry d'Arbonneau, ancien commandant des Forces océaniques stratégiques
  19. Historique de la société Kimura Kinzoku (en japonais)
  20. Exemple de coloration du titane par anodisation
  21. « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=26140000 (consulté le )

Voir aussi

Encyclopédies généralistes

  • Seraphin (L.), Titane, in Encyclopaedia Universalis, Corpus 22, 4e Ă©dition, Paris (France) : Encyclopaedia Universalis, 1995, p. 695-697.
  • An, Titane, in Auger (P.) (dir.), Grmek (M.D.) (dir.), EncyclopĂ©die Internationale des Sciences et des Techniques, tome 10, Paris (France) : Presses de la citĂ©, 1973, p. 511-515.

Ouvrages spécialisés

  • Belov (A.F.) (dir.), Williams (J.C.) (dir.), Titanium and Titanium Alloys –Scientific and Technological Aspect, 3 volumes, New-York (United States) : Plenum Press Publishing Corporation, 1982, 2457 p.
  • Brunette, Tengvall, Textor, Thomsen, "Titanium in Medicine", Berlin (Deutschland), Springer, 2001, 1019 p.
  • Leyens (C.) & Peters (M.), Titanium and Titanium Alloys, Chichester (England) : John Wiley & Son Inc., 2002, 599 p.
  • LĂŒtjering (G.) & Williams (J.C.), Titanium, Berlin (Allemagne) : Springer, 2003, 687 p.

Articles et Ă©tudes

Articles connexes

Liens externes



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