Titane
Le titane est l'élément chimique de numéro atomique 22, de symbole Ti. La variante titanium, bien qu'attestée en français depuis 1872[7], est considérée comme un anglicisme incorrect.
Titane | |||||||||||
Barre de titane obtenue par le procédé Van-Arkel-de-Boer. | |||||||||||
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Position dans le tableau périodique | |||||||||||
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Symbole | Ti | ||||||||||
Nom | Titane | ||||||||||
Numéro atomique | 22 | ||||||||||
Groupe | 4 | ||||||||||
Période | 4e période | ||||||||||
Bloc | Bloc d | ||||||||||
Famille d'éléments | Métal de transition | ||||||||||
Configuration Ă©lectronique | [Ar] 3d2 4s2 | ||||||||||
Ălectrons par niveau dâĂ©nergie | 2, 8, 10, 2 | ||||||||||
Propriétés atomiques de l'élément | |||||||||||
Masse atomique | 47,867 ± 0,001 u[1] | ||||||||||
Rayon atomique (calc) | 140 pm (176 pm) | ||||||||||
Rayon de covalence | 160 ± 8 pm[2] | ||||||||||
Ătat dâoxydation | 4 | ||||||||||
ĂlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) | 1,54 | ||||||||||
Oxyde | AmphotĂšre | ||||||||||
Ănergies dâionisation[1] | |||||||||||
1re : 6,828 12 eV | 2e : 13,575 5 eV | ||||||||||
3e : 27,491 7 eV | 4e : 43,267 2 eV | ||||||||||
5e : 99,30 eV | 6e : 119,53 eV | ||||||||||
7e : 140,8 eV | 8e : 170,4 eV | ||||||||||
9e : 192,1 eV | 10e : 215,92 eV | ||||||||||
11e : 265,07 eV | 12e : 291,500 eV | ||||||||||
13e : 787,84 eV | 14e : 863,1 eV | ||||||||||
15e : 941,9 eV | 16e : 1 044 eV | ||||||||||
17e : 1 131 eV | 18e : 1 221 eV | ||||||||||
19e : 1 346 eV | 20e : 1 425,4 eV | ||||||||||
21e : 6 249,0 eV | 22e : 6 625,82 eV | ||||||||||
Isotopes les plus stables | |||||||||||
Propriétés physiques du corps simple | |||||||||||
Ătat ordinaire | Solide | ||||||||||
Allotrope à l'état standard | Titane α (hexagonal compact) | ||||||||||
Autres allotropes | Titane ÎČ (cubique centrĂ©) | ||||||||||
Masse volumique | 4,51 g·cm-3[1] | ||||||||||
SystĂšme cristallin | Hexagonal compact | ||||||||||
Dureté (Mohs) | 6 | ||||||||||
Couleur | Blanc argenté | ||||||||||
Point de fusion | 1 668 °C[1] | ||||||||||
Point dâĂ©bullition | 3 287 °C[1] | ||||||||||
Ănergie de fusion | 15,45 kJ·mol-1 | ||||||||||
Ănergie de vaporisation | 421 kJ·mol-1 | ||||||||||
Volume molaire | 10,64Ă10-6 m3·mol-1 | ||||||||||
Pression de vapeur | 0,49 Pa à 1 659,85 °C | ||||||||||
Vitesse du son | 5 990 m·s-1 à 20 °C | ||||||||||
Chaleur massique | 520 J·kg-1·K-1
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ConductivitĂ© Ă©lectrique | 2,34Ă106 S·m-1 | ||||||||||
Conductivité thermique | 21,9 W·m-1·K-1 | ||||||||||
SolubilitĂ© | sol. dans HCl (lentement, catalysĂ© par les ions Pt (IV)), H2SO4 diluĂ© (+ 1 Ă 2 gouttes HNO3)[4] coefficient de dilatation = 8,5 ĂâŻ10â6 Kâ |
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Divers | |||||||||||
No CAS | [5] | ||||||||||
No ECHA | 100.028.311 | ||||||||||
No CE | 231-142-3 | ||||||||||
Précautions | |||||||||||
SGH[6] | |||||||||||
Danger |
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Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |||||||||||
Le titane appartient au groupe 4 du tableau périodique (groupe du titane) avec le zirconium (Zr), le hafnium (Hf) et le rutherfordium (Rf), c'est un métal de transition. On trouve cet élément dans de nombreux minerais mais ses principales sources sont le rutile et l'anatase.
Le corps pur titane est un mĂ©tal lĂ©ger, rĂ©sistant, d'aspect blanc mĂ©tallique, qui rĂ©siste Ă la corrosion. Il est principalement utilisĂ© dans les alliages lĂ©gers et rĂ©sistants, et son oxyde est utilisĂ© comme pigment blanc. Les propriĂ©tĂ©s industriellement intĂ©ressantes du titane sont sa rĂ©sistance Ă la corrosion, souvent associĂ©e Ă la rĂ©sistance Ă lâĂ©rosion et au feu, la biocompatibilitĂ©, mais aussi ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques (rĂ©sistance, ductilitĂ©, fatigue, etc.) qui permettent notamment de façonner des piĂšces fines et lĂ©gĂšres comme les articles de sport, mais aussi des prothĂšses orthopĂ©diques.
Histoire
Le titane a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le rĂ©vĂ©rend William Gregor en 1791[8], minĂ©ralogiste et pasteur britannique. En analysant des sables de la riviĂšre Helford dans la vallĂ©e de Menachan en Cornouailles, il isola ce qu'il nomma du sable noir, connu aujourdâhui sous le nom d'ilmĂ©nite. Ă la suite de plusieurs manipulations physico-chimiques (extraction du fer par des procĂ©dĂ©s magnĂ©tiques et traitement du rĂ©sidu par de lâacide chlorhydrique), il produisit un oxyde impur d'un mĂ©tal inconnu. Il nomma cet oxyde menachanite. IndĂ©pendamment de cette dĂ©couverte, en 1795[8], Martin Heinrich Klaproth, professeur de chimie analytique Ă l'universitĂ© de Berlin, identifia le mĂȘme mĂ©tal. Alors qu'il analysait les propriĂ©tĂ©s du schörlite rouge, aujourdâhui connu sous le nom de rutile, il conclut que le minerai contenait un mĂ©tal inconnu identique Ă celui de Gregor. Il lui donna son nom actuel de « Titane », tirĂ© de la mythologie grecque, d'aprĂšs les Titans, en ignorant totalement ses propriĂ©tĂ©s physico-chimiques. C'est Berzelius qui l'isola en 1825[8].
Il a fallu attendre plus d'un siÚcle aprÚs la découverte de Gregor pour que l'Américain Matthew Albert Hunter, chercheur au Rensselaer Polytechnic Institute à Troy (New York), soit capable, en 1910, de produire du titane pur à 99 %. Les premiÚres obtentions de titane par Hunter ne furent pas suivies du moindre développement industriel.
En 1939, le procédé industriel de production fut finalement mis au point par Wilhelm Justin Kroll, métallurgiste et chimiste luxembourgeois, consultant au Union Carbide Research Laboratory de Niagara Falls (New York) par réduction du TiCl4 avec du magnésium.
Propriétés physiques
Propriétés physiques de base
Caractéristiques physiques remarquables du titane :
- sa masse volumique est environ 60 % de celle de lâacier ;
- sa tenue Ă la corrosion est exceptionnelle dans de nombreux milieux tels que lâeau de mer ou lâorganisme humain ;
- ses caractĂ©ristiques mĂ©caniques restent Ă©levĂ©es jusquâĂ une tempĂ©rature dâenviron 600 °C et restent excellentes jusquâaux tempĂ©ratures cryogĂ©niques ;
- il est disponible sous des formes et des types de produits trÚs variés : lingots, billettes, barres, fils, tubes, brames, tÎles, feuillard ;
- sa valeur de susceptibilitĂ© magnĂ©tique (1,8 Ă 2,3 ĂâŻ10â4) est trĂšs infĂ©rieure Ă celle du fer (3 ĂâŻ105). C'est donc un matĂ©riau avantageux en cas de diagnostic par IRM : diminution des artefacts ;
- son coefficient de dilatation, lĂ©gĂšrement infĂ©rieur Ă celui de lâacier, est moitiĂ© moins que celui de lâaluminium. On prendra pour valeur moyenne un coefficient de dilatation de 8,5 ĂâŻ10â6 Kâ1 ;
- son module de Young ou module d'élasticité longitudinal se situe entre 100 000 et 110 000 MPa. Cette valeur assez faible comparée à l'acier inox (220 000 MPa) en fait un matériau particuliÚrement intéressant pour sa biocompatibilité.
Propriétés cristallographiques
Le titane pur est le siĂšge dâune transformation allotropique de type martensitique au voisinage de 882 °C. En dessous de cette tempĂ©rature, la structure est hexagonale pseudo-compacte (a = 0,295 nm, c = 0,468 nm, c/a = 1,587) et est appelĂ©e Ti α (groupe d'espace no 194 P63/mmc). Au-dessus de cette tempĂ©rature la structure est cubique centrĂ©e (a = 0,332 nm) et est appelĂ©e Ti ÎČ. La tempĂ©rature de transition α â ÎČ est appelĂ©e transus ÎČ. La tempĂ©rature exacte de transformation est largement influencĂ©e par les Ă©lĂ©ments substitutifs et interstitiels. Elle dĂ©pend donc fortement de la puretĂ© du mĂ©tal.
Isotopes
On trouve le titane sous la forme de 5 isotopes dans la nature : 46Ti, 47Ti, 48Ti, 49Ti, 50Ti. Le 48Ti représente l'isotope majoritaire avec une abondance naturelle de 73,8 %. 21 radioisotopes ont été observés, le plus stable le 44Ti possÚde une demi-vie de 63 ans.
Oxydes
Le titane peut se trouver sous plusieurs états d'oxydation comme de nombreux métaux de transition. Il possÚde donc plusieurs oxydes correspondant à ces degrés d'oxydation :
- Monoxyde de titane TiO - Ti(II)
- Trioxyde de dititane Ti2O3 - Ti(III)
- Dioxyde de titane TiO2 - Ti (IV)
- Trioxyde de titane TiO3 - Ti(VI)
Propriétés mécaniques
Ărosion
La couche dâoxyde trĂšs adhĂ©rente et dure explique la longĂ©vitĂ© de piĂšces en titane soumises aux chocs de particules en suspension dans les fluides. Cet effet est amplifiĂ© par la capacitĂ© qu'a cette couche de se rĂ©gĂ©nĂ©rer. L'Ă©rosion dans lâeau de mer est augmentĂ©e par un dĂ©bit plus Ă©levĂ© ou une granulomĂ©trie plus faible.
Résistance et ductilité
Le titane est considĂ©rĂ© comme un mĂ©tal ayant une rĂ©sistance mĂ©canique importante et une bonne ductilitĂ© dans les conditions normales de tempĂ©rature. Sa rĂ©sistance spĂ©cifique (rapport rĂ©sistance Ă la traction / densitĂ©) est, par exemple, plus Ă©levĂ©e que celle de lâaluminium ou lâacier. Sa rĂ©sistance est dĂ©croissante Ă la tempĂ©rature avec un replat entre â25 °C et 400 °C. En dessous de â50 °C, dans les domaines de tempĂ©ratures cryogĂ©niques, sa rĂ©sistance augmente et sa ductilitĂ© diminue grandement.
Usure et grippage
JusquâĂ ce jour, aucune solution satisfaisante nâa encore Ă©tĂ© mise au point. On a essayĂ© principalement lâoxydation, la nitruration, la boruration et la carburation. On se heurte Ă de nombreuses difficultĂ©s technologiques de rĂ©alisation et dâadhĂ©rence. Ajoutons que les traitements de surface du titane, modifiant la nature ou la structure de la surface, ne sont Ă employer quâavec la plus grande prudence et aprĂšs une Ă©tude approfondie de leur influence ; ils ont gĂ©nĂ©ralement un effet nĂ©faste plus ou moins prononcĂ© sur la rĂ©sistance et la fatigue.
Biocompatibilité
Le titane est lâun des mĂ©taux les plus bio-compatibles, avec lâor et le platine, câest-Ă -dire quâil rĂ©siste totalement aux fluides corporels.
De plus, il possĂšde une haute rĂ©sistance mĂ©canique et un module dâĂ©lasticitĂ© trĂšs bas (100 000 MPa Ă 110 000 MPa), plus proche de celui des structures osseuses (20 000 MPa[9]) que l'acier inox (220 000 MPa). Cette Ă©lasticitĂ© qui favorise le remodelage osseux en obligeant l'os Ă travailler (prĂ©vention du stress shielding ou ostĂ©oporose pĂ©ri-implantaire) fait du titane un bio-matĂ©riau particuliĂšrement intĂ©ressant. Il faut cependant noter qu'une Ă©lasticitĂ© excessive peut aussi compromettre la fonction du bio-matĂ©riau qui aurait subi une dĂ©formation inacceptable.
RĂ©sistance au feu
Sa rĂ©sistance au feu, notamment dâhydrocarbures, est trĂšs bonne. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© quâun tube de 2 mm dâĂ©paisseur pouvait sans dommage ni risque de dĂ©formation ou dâexplosion supporter une pression de dix atmosphĂšres tout en Ă©tant soumis Ă un feu dâhydrocarbures Ă une tempĂ©rature de 600 °C. Cela est dĂ» en premier lieu Ă la rĂ©sistance de la couche dâoxyde qui Ă©vite la pĂ©nĂ©tration de lâhydrogĂšne dans le matĂ©riau. En outre, la faible conductivitĂ© thermique du titane protĂšge plus longtemps les Ă©lĂ©ments internes dâune Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature.
Propriétés chimiques
Corrosion classique du titane
Le titane est un mĂ©tal extrĂȘmement oxydable. Dans la sĂ©rie des potentiels Ă©lectrochimiques standards, il se place au voisinage de lâaluminium, entre le magnĂ©sium et le zinc. Il nâest donc pas un mĂ©tal noble, son domaine de stabilitĂ© thermodynamique ne prĂ©sente, en effet, aucune partie commune avec le domaine de stabilitĂ© thermodynamique de lâeau et est situĂ© fortement au-dessous de ce dernier. Lâune des causes de la rĂ©sistance Ă la corrosion du titane est le dĂ©veloppement dâune couche protectrice passivante de quelques fractions de micromĂštre, constituĂ©e majoritairement dâoxyde TiO2, mais il est reconnu quâelle peut contenir dâautres variĂ©tĂ©s. Cette couche est intĂšgre et trĂšs adhĂ©rente. En cas de rayure de la surface, lâoxyde se reforme spontanĂ©ment en prĂ©sence dâair ou dâeau. Il y a donc inaltĂ©rabilitĂ© du titane dans lâair, lâeau et lâeau de mer. De plus, cette couche est stable sur une large gamme de pH, de potentiel et de tempĂ©rature.
Des conditions trĂšs rĂ©ductrices, ou des environnements trĂšs oxydants, ou encore la prĂ©sence dâions fluor (agent complexant), diminuent le caractĂšre protecteur de cette couche dâoxyde ; les rĂ©actifs dâattaque pour relever les micrographies sont le plus souvent Ă base dâacide fluorhydrique. Lors dâune rĂ©action par cet acide, il y a formation de cation titane (II) et (III). La rĂ©activitĂ© des solutions acides peut nĂ©anmoins ĂȘtre rĂ©duite par lâadjonction dâagents oxydants et/ou dâions lourds mĂ©talliques. Lâacide chromique ou nitrique et les sels de fer, nickel, cuivre ou chrome sont alors dâexcellents agents inhibiteurs. Cela explique pourquoi le titane peut ĂȘtre utilisĂ© dans des procĂ©dĂ©s industriels et des environnements oĂč les matĂ©riaux conventionnels se corroderaient.
On peut bien entendu modifier les Ă©quilibres Ă©lectrochimiques par adjonction dâĂ©lĂ©ments dâaddition qui rĂ©duisent lâactivitĂ© anodique du titane ; cela conduit Ă amĂ©liorer la tenue Ă la corrosion. Selon les desiderata de modifications, on ajoute des Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques. Une liste non exhaustive de quelques adjuvants classiques est reprise ci-dessous :
- déplacement du potentiel de corrosion et renforcement du caractÚre de cathode : adjonction de platine, palladium ou rhodium ;
- accroissement de la stabilité thermodynamique et réduction de la propension à la dissolution anodique : adjonction de nickel, molybdÚne ou tungstÚne ;
- augmentation de la tendance Ă la passivation : adjonction de zirconium, tantale, chrome ou molybdĂšne.
Ces trois mĂ©thodes peuvent ĂȘtre combinĂ©es.
Corrosion spécifique du titane
Le titane est trĂšs peu sensible aux modes particuliers de corrosion tels que la corrosion caverneuse ou la corrosion par piqĂ»re. Ces phĂ©nomĂšnes ne sont observĂ©s quâen cas dâutilisation dans un domaine proche dâune limite pratique de tenue Ă la corrosion gĂ©nĂ©rale. Les risques de corrosion sous contrainte apparaissent dans les conditions suivantes :
- Ă froid dans lâeau de mer (en prĂ©sence dâentailles aiguĂ«s seulement) ;
- dans certains milieux particuliers tels que le méthanol anhydre ;
- à chaud, en présence de NaCl fondu.
Les deux structures allotropiques se distinguent au niveau de la rĂ©sistance Ă ce dernier type de corrosion ; le titane α y est fort sensible alors que le ÎČ quasiment pas.
Purification du titane
Le procédé Van-Arkel-de-Boer
Ce procédé sert à isoler le titane ou le zirconium par formation réversible d'iodure volatil et dépÎt du métal par pyrolyse sur un filament de tungstÚne.
Le procédé Kroll
Ce procĂ©dĂ© permet de rĂ©duire l'oxyde de titane en titane par du magnĂ©sium. La premiĂšre Ă©tape consiste Ă opĂ©rer une carbochloration sur le dioxyde de titane. Le produit est obtenu par action du chlore gazeux sur lâoxyde vers 800 °C, le tout sur lit fluidisĂ© selon la rĂ©action :
- TiO2(s) + 2 C(s) + 2 Cl2(g) â TiCl4(g) + 2 CO(g)
Le tĂ©trachlorure de titane, dont la tempĂ©rature dâĂ©bullition est de 136 °C, est rĂ©cupĂ©rĂ© par condensation, dĂ©cantĂ©, filtrĂ© et purifiĂ© par distillation fractionnĂ©e. Le procĂ©dĂ© de rĂ©duction qui sâensuit consiste alors Ă faire rĂ©agir ce tĂ©trachlorure en phase gazeuse sur du magnĂ©sium liquide selon la rĂ©action :
TiCl4 (g) + 2 Mg (l) â 2MgCl2 (l) + Ti (s)
La rĂ©action est rĂ©alisĂ©e sous vide ou sous gaz inerte (argon). Le chlorure de magnĂ©sium est sĂ©parĂ© par dĂ©cantation, puis, dans une seconde Ă©tape, par distillation sous vide vers 900 Ă 950 °C, ou par lavage Ă lâacide. Le titane obtenu est un solide poreux faisant penser Ă une Ă©ponge, dâoĂč son nom dâĂ©ponge de titane.
Depuis le dĂ©but de sa mise en exploitation industrielle en 1945, le procĂ©dĂ© Kroll nâa pas subi dâĂ©volution notable dans son principe physico-chimique mais son rendement a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©.
Le procédé de Hunter
Le procédé de Hunter (en) est similaire au procédé de Kroll à la différence prÚs que le magnésium est remplacé par du sodium dans la réduction du tétrachlorure de titane.
L'Ă©ponge de titane est ensuite broyĂ©e avant d'ĂȘtre utilisĂ© en granules de 1 Ă 50mm[10].
Ălaboration du titane haute puretĂ©
Une fois lâĂ©ponge obtenue, on la broie afin dâobtenir des copeaux de titane. Ce lot est ensuite homogĂ©nĂ©isĂ© dans un mĂ©langeur soit sous gaz neutre soit sous aspiration violente, de maniĂšre Ă prĂ©venir toute inflammation des particules fines de titane (particules dâune centaine de micromĂštres) pouvant conduire Ă la formation dâoxynitrure de titane fragilisant et insoluble dans le bain liquide. Le lot homogĂšne est ensuite introduit dans la matrice dâune presse oĂč il est comprimĂ© Ă froid, sous forme de cylindre dense appelĂ© compact. La densitĂ© relative du compact autorise alors toute manutention en vue de constituer une Ă©lectrode par empilement de ces compacts, Ă©tage par Ă©tage, et soudage entre eux par plasma ou faisceau dâĂ©lectrons. On fabrique ainsi une Ă©lectrode primaire.
Le lingot de titane pur Ă 99,9 % peut finalement ĂȘtre obtenu par diffĂ©rentes techniques de fusion :
- la fusion sous vide par Ă©lectrode consommable ou VAR (Vacuum Arc Reduction (en)) : les Ă©lectrodes de titane sont fusionnĂ©es par refusion Ă lâarc sous vide. Cela revient Ă crĂ©er un arc Ă©lectrique de faible tension et haute intensitĂ© (30 Ă 40 V ; 20 000 Ă 40 000 A) entre le bas de lâĂ©lectrode de titane et un creuset en cuivre refroidi par eau. Le bas de lâĂ©lectrode sâĂ©chauffe et sa tempĂ©rature passe au-delĂ du liquidus ; les gouttelettes de mĂ©tal tombent alors dans un puits liquide contenu dans une gaine de mĂ©tal que lâon nomme la peau du lingot. On refond ainsi le lingot plusieurs fois selon la puretĂ© dĂ©sirĂ©e. Ă chaque refusion, on augmente le diamĂštre des lingots ; ces derniers pĂšsent couramment entre 1 et 10 tonnes et ont un diamĂštre de 0,5 Ă 1 mĂštre.
- la fusion Ă foyer froid par faisceau dâĂ©lectron ou EB (Electron Beam)
- la fusion Ă foyer froid par faisceau plasma ou PAM (Plasma Arc Melting)
- la fusion par induction ou ISM (Induction Skull Melting).
Pour fabriquer un lingot de titane pur, la matiĂšre fondue peut ĂȘtre soit exclusivement de lâĂ©ponge, soit un mĂ©lange dâĂ©ponge et de dĂ©chet de titane (scrap), soit exclusivement du dĂ©chet de titane. Les lingots dâalliage de titane sont obtenus en mĂ©langeant Ă la matiĂšre titane les Ă©lĂ©ments dâaddition, comme le vanadium et lâaluminium, pour obtenir aprĂšs fusion lâalliage souhaitĂ©. Lâalliage le plus couramment utilisĂ© est le TiAl6V4. Il reprĂ©sente Ă lui seul plus de la moitiĂ© de l'utilisation d'alliages de titane dans le monde [11].
En fonction des techniques de fusion utilisĂ©es et selon les besoins en termes dâhomogĂ©nĂ©itĂ© des produits obtenus, le cycle de production peut comprendre deux, voire trois fusions successives du mĂȘme lingot.
Les lingots sont en général transformés par forgeage à chaud et usinage pour obtenir des demi-produits sous forme de brames, bloom ou billette. Puis on obtient des produits finis (feuilles, bobines, barres, plaques, cùbles, etc.) par différentes étapes de transformation de laminage, forgeage, extrusion, usinage, etc. Les piÚces de fonderie sont en général réalisées directement à partir du lingot de fusion auquel est rajoutée une proportion variable de scrap.
Composés
Bien que le titane métallique soit assez rare à cause de son prix, le dioxyde de titane est bon marché et largement répandu comme pigment blanc pour les peintures et les plastiques. La poudre de TiO2 est chimiquement inerte, résiste à la lumiÚre du Soleil et est trÚs opaque. Le dioxyde de titane pur possÚde un indice de réfraction trÚs élevé[12] (2,70 à λ = 590 nm) et une dispersion optique plus élevée que celle du diamant.
Précautions, toxicologie
Lorsqu'il est sous forme métallique divisée le titane est trÚs inflammable, mais on considÚre généralement que les sels de titane sont sans danger. Les composés chlorés comme le TiCl4 et le TiCl3 sont corrosifs. Le titane peut s'accumuler dans les tissus vivants qui contiennent du silicium, mais il ne possÚde aucun rÎle biologique connu.
Occurrence et production
On trouve du titane dans les mĂ©tĂ©orites, dans le Soleil et dans les Ă©toiles, ses raies sont bien marquĂ©es pour les Ă©toiles de type M. Les roches rapportĂ©es de la Lune par la mission Apollo 17 sont composĂ©es Ă 12,1 % de TiO2. On en trouve Ă©galement dans le charbon, les plantes et mĂȘme dans le corps humain.
Sur Terre, le titane nâest pas une substance rare. Il est le neuviĂšme Ă©lĂ©ment le plus abondant dans la croĂ»te terrestre, et le cinquiĂšme mĂ©tal le plus abondant[13], sa teneur moyenne y est de 0,63 %. Seuls les Ă©lĂ©ments suivants y ont plus d'atomes, par ordre dĂ©croissant : lâoxygĂšne, le silicium, lâaluminium, le fer, l'hydrogĂšne, le calcium, le sodium, le magnĂ©sium et le potassium.
La plupart des minĂ©raux, roches et sols contiennent de petites quantitĂ©s de titane. On dĂ©nombre 87 minĂ©raux ou roches contenant au moins 1 % de titane. Les minerais riches en titane sont par contre trĂšs peu nombreux, Ă savoir, lâanatase (TiO2), la brookite (TiO2), lâilmĂ©nite (FeTiO3) et ses altĂ©rations par carence de fer : le leucoxĂšne, la perovskite (CaTiO3), le rutile (TiO2), la sphĂšne ou titanite (CaTiO(SiO4)) et la titanomagnĂ©tite (Fe(Ti)Fe2O4).
La majoritĂ© du titane sur Terre se trouve sous forme dâanatase ou de titanomagnĂ©tite, mais ces derniers ne peuvent ĂȘtre exploitĂ©s avec les technologies actuelles de maniĂšre rentable. Seuls lâilmĂ©nite, le leucoxĂšne et le rutile sont intĂ©ressants Ă©conomiquement, Ă©tant donnĂ© la facilitĂ© avec laquelle ils peuvent ĂȘtre traitĂ©s.
On trouve des gisements de titane à Madagascar et en Australie, Scandinavie, Amérique du Nord, Malaisie, Russie, Chine, Afrique du Sud et Inde.
La rĂ©serve mondiale totale, Ă savoir celle qui nâest pas encore technologiquement et Ă©conomiquement exploitable, est estimĂ©e Ă 2 milliards de tonnes. Les rĂ©serves prouvĂ©es de rutile et dâilmĂ©nite, calculĂ©es en pourcentage de TiO2 utilisable et technologiquement extractible en 2005, sont estimĂ©es Ă 600 millions de tonnes.
Source : U.S. Geological Survey,
Principaux producteurs d'oxyde de titane en 2003, Chiffres de 2003, en milliers de tonnes de dioxyde de titane[14] :
Pays | Milliers de tonnes | % du total |
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Australie | 1 291,0 | 30,6 |
Afrique du Sud | 850,0 | 20,1 |
Canada | 767 | 18,2 |
NorvĂšge | 382,9 | 9,1 |
Ukraine | 357 | 8,5 |
Total 5 pays | 3647,9 | 86,4 |
Total monde | 4 221,0 | 100,0 |
Enjeux Ă©conomiques
Le nombre de producteurs de titane Ă haute puretĂ© est trĂšs limitĂ© et est concentrĂ© dans les rĂ©gions Ă forte demande intĂ©rieure. En effet, le titane Ă©tant un matĂ©riau stratĂ©gique pour les secteurs aĂ©ronautique, Ă©nergĂ©tique et militaire, les gouvernements des pays industrialisĂ©s ont organisĂ© leur propre industrie de production. LâĂ©mergence rĂ©cente de production en Chine et en Inde dans le cadre des plans pluriannuels de dĂ©veloppement de lâindustrie de dĂ©fense, confirme cette analyse. Le fait que cette industrie soit destinĂ©e en premier lieu Ă satisfaire des besoins intĂ©rieurs stratĂ©giques explique en partie le flou de lâinformation sur les capacitĂ©s rĂ©elles de production.
Le dĂ©veloppement de lâindustrie dans le monde libĂ©ral a permis aux producteurs occidentaux dâaccroĂźtre leur offre jusquâĂ lâarrivĂ©e des producteurs des pays de lâex-URSS. On peut considĂ©rer que le niveau des prix du marchĂ©, avant 1990, Ă©tait principalement basĂ© sur les coĂ»ts de production des pays occidentaux (Ătats-Unis, Europe de lâOuest, Japon) et sur le positionnement par spĂ©cialisation de produit de ces fournisseurs aboutissant Ă un certain lobbying. LâarrivĂ©e sur le marchĂ© des producteurs russes, ukrainiens et, Ă plus long terme, chinois marque de nouvelles Ă©tapes dans lâĂ©volution du marchĂ© du titane.
Ainsi, une pression sur les prix sâexerce pour gagner des parts sur le marchĂ© actuellement dominĂ© par les Ătats-Unis et le Japon. Cette pression se caractĂ©rise par une baisse des prix que les coĂ»ts de production rendent possible. Et, par le jeu de la concurrence, la diversification de lâoffre peut contribuer Ă briser le positionnement par spĂ©cialisation de produit.
Utilisations
Pigments, additifs et revĂȘtements
Environ 95 % du minerai de titane est destinĂ© au raffinement en dioxyde de titane dioxyde de titane TiO2 (anatase)[15], qui est un pigment important utilisĂ© Ă la fois dans les peintures domestiques et les pigments des artistes, les matiĂšres plastiques, le papier, les mĂ©dicamentsâŠ
Certains systÚmes de dépollution emploient une de ses formes en tant que photocatalyseur de réactions chimiques.
Chimiquement inerte â il remplace la cĂ©ruse, interdite Ă cause de sa toxicitĂ©, le dioxyde de titane fait partie de la formulation de cosmĂ©tiques, de mĂ©dicaments et d'aliments. L'AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments ne le considĂšre plus comme « sĂ»r en tant qu'additif alimentaire » depuis 2021, parce qu'il intervient comme catalyseur dans des rĂ©actions chimiques. Il sert comme filtre ultraviolet dans des crĂšmes solaires sous sa forme nanoparticulaire, soupçonnĂ©e d'ĂȘtre Ă©cotoxique.
Il rĂ©siste Ă la dĂ©coloration au soleil, il est trĂšs opaque, a un bon pouvoir couvrant et est assez rĂ©sistant au temps. il confĂšre une couleur blanche pure et brillante aux produits chimiques bruns ou gris qui forment la majoritĂ© des plastiques mĂ©nagers[16]. Dans la nature, ce composĂ© se trouve dans les minĂ©raux anatase, brookite et rutile. La peinture fabriquĂ©e avec du dioxyde de titane rĂ©siste bien Ă des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es et aux agressions corrosives des environnements marins. Le dioxyde de titane pur a un indice de rĂ©fraction trĂšs Ă©levĂ© et une dispersion optique supĂ©rieure Ă celle du diamant. En plus d'ĂȘtre un pigment trĂšs important, le dioxyde de titane est Ă©galement utilisĂ© dans les Ă©crans solaires. Les peintures Ă base de titane sont de trĂšs bons rĂ©flecteurs des infrarouges, et sont donc trĂšs utilisĂ©es par les astronomes. L'usage du titane en tant que pigment prĂ©sente l'inconvĂ©nient de disperser la ressource Ă de faibles concentrations, ce qui rend sa rĂ©cupĂ©ration et son recyclage quasiment inenvisageable.
Usages sous forme métalique
Autrefois rĂ©putĂ© cher Ă cause de sa valeur dâachat, le titane mĂ©tallique est de plus en plus considĂ©rĂ© comme Ă©conomique dans les coĂ»ts dâexploitation. La clĂ© du succĂšs pour sa rentabilitĂ© rĂ©side au maximum dans l'utilisation de ses propriĂ©tĂ©s et caractĂ©ristiques uniques dĂšs la conception, plutĂŽt que de les substituer ex abrupto Ă un autre mĂ©tal. Les coĂ»ts dâinstallation et dâexploitation des tubes de forage en titane dans des exploitations pĂ©troliĂšres offshore sont jusqu'Ă deux fois plus bas quâavec la rĂ©fĂ©rence acier. En effet, dâune part, la rĂ©sistance Ă la corrosion Ă©vite les opĂ©rations de revĂȘtement des tubes et permet des durĂ©es de vie trois Ă cinq fois supĂ©rieures Ă lâacier, et, dâautre part, la valeur Ă©levĂ©e de sa rĂ©sistance spĂ©cifique permet de rĂ©aliser des tubes fins et ultra lĂ©gers. Cet exemple photographique montre Ă souhait que le titane, initialement employĂ© dans le domaine aĂ©ronautique, touche de plus en plus de segments d'utilisation.
Industries aéronautique et aérospatiale
Les domaines de lâaĂ©ronautique et de lâaĂ©rospatiale constituent la premiĂšre des applications historiques du titane. Dans ce secteur on utilise totalement ses caractĂ©ristiques spĂ©cifiques.
De nos jours, le titane constitue 6 Ă 9 % de la masse des avions. On en trouve tout dâabord sous forme de piĂšces forgĂ©es. Quant aux piĂšces coulĂ©es, leurs moules en cĂ©ramique convenant aux piĂšces dĂ©taillĂ©es (aĂ©ronautique) sont obtenus par procĂ©dĂ© de cire perdue au dĂ©part de moules en acier ou au dĂ©part de piĂšces imprimĂ©es en 3D. Les moules en sable comprimĂ© conviennent aux grosses piĂšces (pompes, canons, industrie nuclĂ©aire...) La coulĂ©e se fait sous vide par gravitĂ© ou, bien mieux, centrifugation. Il existe des procĂ©dĂ©s d'impression 3D directs au dĂ©part de poudre de titane. On en fait aussi des Ă©crous et boulons. Il ne faut pas oublier les Ă©lĂ©ments de moteurs, Ă savoir les Ă©tages basse et haute pression Ă moyennes tempĂ©ratures : disques de compresseurs, aubes de compresseurs, carters structuraux, carter Fan, aubes Fan, 'torque tubes' des Ă©lĂ©ments de freinage des roues, etc; la tempĂ©rature maximale dâutilisation Ă©tant limitĂ©e Ă 600 °C.
Le titane peut se former à chaud (température < 800 °C). Ses caractéristiques de superplasticité (température de formage 920 °C) permettent d'obtenir des formes trÚs complexes. Il est également utilisé comme élément de structure en présence de composites carbone.
Dans le domaine spatial, ce matĂ©riau est utilisĂ© pour les Ă©lĂ©ments du moteur Vulcain dâAriane 5 en contact avec le mĂ©lange H2 / O2 et sa combustion ; les rouets centrifuges sont ainsi soumis Ă des tempĂ©ratures cryogĂ©niques dâun cĂŽtĂ© (tempĂ©rature H2 liquide) et Ă celles de la combustion de lâautre. Il sert aussi de rĂ©servoir aux gaz de propulsion pour les satellites grĂące Ă ses bonnes propriĂ©tĂ©s cryogĂ©niques et Ă sa rĂ©sistance Ă la corrosion des gaz propulseurs. Enfin, comme câest un mĂ©tal faiblement soumis au magnĂ©tisme, il est embarquĂ© sur les stations spatiales sous forme d'outil. Ceux-lĂ mĂȘmes qui, en apesanteur, Ă©voluent prĂšs des appareillages Ă©lectriques, Ă©lectroniques, sans risque d'ĂȘtre gĂ©nĂ©rateurs d'arcs et de perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques[alpha 1].
De plus, il est désormais utilisé pour fabriquer les ailettes des lanceurs réutilisables Falcon 9 de SpaceX, sa grande résistance thermique permet aux ailettes de servir plusieurs fois sans maintenance.
L'Union europĂ©enne importe chaque annĂ©e environ 70 000 tonnes de titane, dont les deux tiers Ă destination de l'industrie aĂ©ronautique et spatiale. La Russie est la premiĂšre source d'approvisionnement en titane de l'aĂ©ronautique mondiale par lâintermĂ©diaire de lâentreprise VSMPO-AVISMA. Le gĂ©ant russe dĂ©tient 25 Ă 30âŻ% du marchĂ© mondial. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le secteur aĂ©ronautique, 50 % du titane est importĂ© de Russie. La sociĂ©tĂ© russe est mĂȘme le premier fournisseur d'Airbus comme de Safran, avec des accords Ă long terme[17].
Industrie chimique
Le secteur de la chimie, au sens large du terme, constitue le second secteur d'activitĂ© oĂč le titane est prĂ©sent.
Ainsi, on retrouve des tubes en titane dans de nombreux condenseurs, oĂč sa rĂ©sistance Ă la corrosion et Ă lâabrasion permet des durĂ©es de vie Ă©levĂ©es.
Il sert également, sous forme de réacteurs dans les raffineries (résistance à H2S et CO2) et pour le blanchiment de la pùte à papier (résistance au Cl).
Au Japon, il est également utilisé dans le traitement des eaux en raison de sa bonne résistance à la corrosion, ainsi qu'aux agents biologiques.
Industrie militaire
On lâemploie comme blindage (navires, vĂ©hicules, cockpit des avions de chasse) oĂč ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques et sa rĂ©sistance Ă la corrosion et au feu sont mises en avant. Aux Ătats-Unis, on est mĂȘme allĂ© jusquâĂ concevoir des vĂ©hicules lĂ©gers, dont la carrosserie en titane possĂšde une rĂ©sistance spĂ©cifique inĂ©galable et facilite le transport par hĂ©licoptĂšre.
Mais la plus spectaculaire des utilisations est, bien sûr, la réalisation de plusieurs sous-marins nucléaires par les Russes comme la classe Alfa dont la coque entiÚre est en titane. L'avantage du titane, dans ce cas, est double :
- sa grande résistance permet au sous-marin d'atteindre de plus grandes profondeurs ;
- le titane étant amagnétique, le sous-marin échappe aux détections satellitaires qui utilisent les changements ponctuels du champ magnétique terrestre créés par les coques en aciers. (Cette méthode est devenue obsolÚte à cause de l'adjonction de circuits électroniques spécialisés qui rendent imperceptible la signature magnétique d'un sous-marin)[18].
Ainsi, le titane est considéré comme l'une des huit matiÚres premiÚres stratégiques indispensables en temps de guerre comme en temps de paix[alpha 2].
Le défaut majeur de ces coques est leur prix, dû au titane ainsi qu'à la difficulté de le souder.
Secteur biomédical
On dispose actuellement dâun retour dâexpĂ©rience dâune petite cinquantaine dâannĂ©es dâutilisation dans le domaine mĂ©dical (premiers implants dentaires en titane posĂ©s en 1964 par le Pr Per-Ingvar BrĂ„nemark). Son emploi sâest dĂ©veloppĂ© en raison de son caractĂšre biocompatible. En effet, l'os adhĂšre spontanĂ©ment au titane ce qui en fait un matĂ©riau privilĂ©giĂ© pour la rĂ©alisation de prothĂšses. En plus de cet aspect biocompatible, le titane est mĂ©canocompatible. Son intĂ©rĂȘt rĂ©el pour la chirurgie et l'ostĂ©osynthĂšse reste toutefois Ă dĂ©montrer.
Le titane a aussi fait une percĂ©e importante dans le domaine de lâodontologie oĂč il sert dâimplant dans l'os pour les supports de prothĂšses ainsi que pour la confection d'infrastructures prothĂ©tiques appelĂ©es « chapes » ou « armatures » dans le jargon du prothĂ©siste dentaire et du chirurgien-dentiste. Le NiTi est aussi utilisĂ© en endodontie sous forme de petites limes super-Ă©lastiques servant Ă instrumenter les canaux dentaires pour les dĂ©vitalisations et en orthodontie oĂč ses propriĂ©tĂ©s de mĂ©moire de forme et d'Ă©lasticitĂ© en font un matĂ©riau de choix pour la fabrication des arcs qui permettent de corriger la position des dents.
Il faut signaler lâapparition dâoutillage en titane pour la chirurgie, comme les forets creux refroidis Ă lâeau. Ă lâinverse de lâacier, tout dĂ©bris dâoutil en titane pouvant rester dans le corps nâoccasionnera pas dâinfection postopĂ©ratoire, du fait de sa biocompatibilitĂ©.
Enfin, le titane rentre dans la composition des bobines supraconductrices des appareils IRM en association avec un autre métal de transition : le niobium.
Industrie énergétique
Le titane est Ă©galement utilisĂ©, notamment aux Ătats-Unis, dans les circuits secondaires de rĂ©acteurs nuclĂ©aires afin de minimiser le nombre dâarrĂȘts de tranches qui sont extrĂȘmement coĂ»teux. Il faut aussi noter son utilisation dans la gĂ©othermie sous forme de canalisations et de carters et dans les Ă©changeurs de chaleur (tubes droits ou en U), toujours pour sa tenue Ă la corrosion et sa rĂ©sistance Ă lâĂ©rosion. Enfin grĂące Ă sa rĂ©sistance spĂ©cifique mĂ©canique Ă©levĂ©e, on en utilise dans les turbines gĂ©nĂ©ratrices de vapeur sous forme dâaubes ; dans ce cas, on rĂ©duit fortement les arrĂȘts de centrale dus aux ruptures dâaubes.
Industrie automobile
Un nouveau secteur dâapplication semble bien ĂȘtre la construction automobile. Ce sont surtout les marques allemandes, japonaises et amĂ©ricaines qui introduisent des piĂšces de titane dans les voitures de tourisme. Ce qui est recherchĂ© est lâallĂ©gement des structures visant Ă rĂ©duire Ă la fois les Ă©manations du moteur et le bruit ; on trouve ainsi des soupapes, des ressorts et des bielles en titane.
Le cas des ressorts est typique dâune bonne utilisation des propriĂ©tĂ©s du titane : comme son module de Young est deux fois plus faible que celui de lâacier, il faut deux fois moins de spires ; comme il est deux fois moins dense que lâacier, le ressort est quatre fois plus lĂ©ger, et il faut deux fois moins de place pour le loger dans la suspension. Si on ajoute Ă cela quâil a une durĂ©e de vie quasi illimitĂ©e, mĂȘme sur les routes Ă haut degrĂ© de salinitĂ©, on comprend lâintĂ©rĂȘt de lâindustrie automobile.
Optique
Le titane est utilisĂ© comme dopant pour la rĂ©alisation du milieu amplificateur de lasers accordables (type laser titane-saphir). L'intĂ©rĂȘt du titane pour un laser accordable est que c'est un mĂ©tal de transition avec une couche 3d Ă©lectrostatiquement peu Ă©crantĂ©e, ce qui conduit a des amplificateurs optiques saphir dopĂ© titane avec une courbe de gain trĂšs large, et donc une grande accordabilitĂ© en frĂ©quence.
Dans un tout autre domaine de l'optique, le titane est utilisé depuis 1981[19] pour réaliser des montures de lunettes, pour lesquelles il offre une bonne combinaison en résistance, flexibilité et légÚreté, tout en étant bien biocompatible.
Sports
Le titane est utilisé dans le cyclisme pour construire des cadres haut de gamme d'une légÚreté égale au carbone et aussi résistants que l'acier.
Il est utilisé dans le domaine de la trottinette freestyle pour construire des piÚces (plus particuliÚrement des guidons) plus légÚres et particuliÚrement résistantes aux chocs.
Il est utilisé en alpinisme pour construire des mousquetons, pratiques pour leurs propriétés à des températures cryogéniques.
Autres utilisations
- Le dioxyde de titane est un composé employé dans les crÚmes solaires comme filtre contre les ultraviolets.
- Le tétrachlorure de titane est utilisé pour iriser le verre, et comme écran de fumée car il fume beaucoup au contact de l'air.
- Il est utilisé en céramique dans la préparation de certains émaux.
- Son cÎté inerte et sa couleur agréable en font un métal courant pour les bijoux de piercing ; la coloration du titane par anodisation est actuellement largement utilisée en bijouterie artisanale[20] ;
- Il est parfois utilisé comme catalyseur.
- Il est utilisĂ© en architecture comme matĂ©riau de recouvrement. Ses propriĂ©tĂ©s de rĂ©sistance Ă la corrosion mais surtout sa facultĂ©, par anodisation thermique, Ă se couvrir dâune couche dâoxyde extrĂȘmement rĂ©sistante, pouvant prendre toutes les couleurs de lâarc-en-ciel, en font un matĂ©riau de choix (exemple du musĂ©e Guggenheim Ă Bilbao ou de la sculpture The Shoal Ă Londres).
- Il est utilisé en pyrotechnie, soit en mélange sous forme de copeaux avec la poudre noire pour produire des étincelles blanches, soit en complément de perchlorates pour provoquer de fortes explosions : par exemple un « marron d'air titanium » n'est autre qu'une bombe de feu d'artifice qui produit un éclair blanc avec une forte détonation.
- Ăchangeurs de chaleur pour la production d'Ă©nergie (centrales conventionnelles et nuclĂ©aires)
- Utilisation dans la fabrication d'armures de type médiéval pour la pratique du combat réel dit béhourd, les caractéristiques du titane donnant un gain de résistance et de légÚreté considérable face à des armures classiques en acier (armure complÚte en titane : environ 15 kg, contre 30 pour l'acier).
Symbolique
Le titane est le 11e niveau dans la progression de la sarbacane sportive.
Les noces de titane correspondent au 72e anniversaire de mariage.
Commerce
En 2014, la France est nette importatrice de titane, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă la tonne Ă l'import Ă©tait de 4 700 âŹ[21].
Notes et références
Notes
- Selon les expérimentations effectuées sur des plates-formes de montage, notamment russes, françaises et américaines, et, par extrapolation et appropriation des technologies russes embarquées dans l'espace interplanétaire, par certaines industries japonaises.
- Avec le germanium (Ă©lectronique avancĂ©e) ; magnĂ©sium (explosifs) ; platine (contacts aussi conducteurs que l'or pour l'aviation, circuits avec contacts rapides) ; mercure (chimie nuclĂ©aire, instruments de mesure) ; molybdĂšne (acier) ; cobalt (chimie nuclĂ©aire) ; colombium (alliages spĂ©ciaux extrĂȘmement rares). (Christine Ockrent, comte de Marenches, Dans le secret des princes, Ă©d. Stock, 1986, p. 193.)
Références
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- (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂa, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,â , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
- (en) « Titanium », sur NIST/WebBook, consulté le 28 juin 2010
- (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, , 251 p. (ISBN 0803120664, lire en ligne), p. 711
- Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
- SIGMA-ALDRICH
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- Nathalie Mayer, « TA6V », sur Futura (consulté le )
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- L'Ătat du monde 2005, annuaire Ă©conomique gĂ©opolitique mondial
- United States Geological Survey, « USGS Minerals Information: Titanium »
- Robert E. Krebs, The History and Use of Our Earth's Chemical Elements: A Reference Guide, Westport (Connecticut), Greenwood Press, , 2nd Ă©d. (ISBN 978-0-313-33438-2, lire en ligne)
- Guerre en Ukraine : Airbus devra faire sans le titane russe, francebleu.fr, 26 février 2022
- Enjeux de la composante sous-marine par l'amiral Thierry d'Arbonneau, ancien commandant des Forces océaniques stratégiques
- Historique de la société Kimura Kinzoku (en japonais)
- Exemple de coloration du titane par anodisation
- « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=26140000 (consulté le )
Voir aussi
Encyclopédies généralistes
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- An, Titane, in Auger (P.) (dir.), Grmek (M.D.) (dir.), Encyclopédie Internationale des Sciences et des Techniques, tome 10, Paris (France) : Presses de la cité, 1973, p. 511-515.
Ouvrages spécialisés
- Belov (A.F.) (dir.), Williams (J.C.) (dir.), Titanium and Titanium Alloys âScientific and Technological Aspect, 3 volumes, New-York (United States) : Plenum Press Publishing Corporation, 1982, 2457 p.
- Brunette, Tengvall, Textor, Thomsen, "Titanium in Medicine", Berlin (Deutschland), Springer, 2001, 1019 p.
- Leyens (C.) & Peters (M.), Titanium and Titanium Alloys, Chichester (England) : John Wiley & Son Inc., 2002, 599 p.
- LĂŒtjering (G.) & Williams (J.C.), Titanium, Berlin (Allemagne) : Springer, 2003, 687 p.
Articles et Ă©tudes
- Cariola (M.), A high potential sector : titanium metal. Oligopolistic policies and technological contraints as main limits to its development, in Resources Policy, [en ligne], volume 25, 2000, p. 151-159, disponible sur http://www.sciencedirect.com.
- Gerdemann (S.J.), Titanium Process Technologies, in Advanced Materials & Processes ; volume. 159 ; isue 7, Material Park, Ohio (Ătats-Unis) : American Society for Metals, , p. 41-43.
- LouvignĂ© (P.-F.) pour le compte de la Direction GĂ©nĂ©rale de lâAmĂ©nagement, du Logement et de la Nature, Direction de lâEau et de la BiodiversitĂ©, Sous-direction protection et gestion des ressources en eau et minĂ©rales, Ătude de veille sur le marchĂ© du titane 2012-2014, Paris (France) : dĂ©cembre 2014, 150 p.
- Guy Pegere, Le minerai de titane dans le Brivadois: sites et inventeurs : in Almanach de Brioude 2020, Brioude, Almanach de Brioude,
Articles connexes
Liens externes
- Alliages de Titane
- UKAD
- MKAD
- SQUAD
- ECOTITANIUM
- METAFENSCH
- Association Titane
- Le titane sur Webelement de Sheffield University
- (en) « Technical data for Titanium » (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope
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1 | H | He | |||||||||||||||||||||||||||||||
2 | Li | Be | B | C | N | O | F | Ne | |||||||||||||||||||||||||
3 | Na | Mg | Al | Si | P | S | Cl | Ar | |||||||||||||||||||||||||
4 | K | Ca | Sc | Ti | V | Cr | Mn | Fe | Co | Ni | Cu | Zn | Ga | Ge | As | Se | Br | Kr | |||||||||||||||
5 | Rb | Sr | Y | Zr | Nb | Mo | Tc | Ru | Rh | Pd | Ag | Cd | In | Sn | Sb | Te | I | Xe | |||||||||||||||
6 | Cs | Ba | La | Ce | Pr | Nd | Pm | Sm | Eu | Gd | Tb | Dy | Ho | Er | Tm | Yb | Lu | Hf | Ta | W | Re | Os | Ir | Pt | Au | Hg | Tl | Pb | Bi | Po | At | Rn | |
7 | Fr | Ra | Ac | Th | Pa | U | Np | Pu | Am | Cm | Bk | Cf | Es | Fm | Md | No | Lr | Rf | Db | Sg | Bh | Hs | Mt | Ds | Rg | Cn | Nh | Fl | Mc | Lv | Ts | Og | |
8 | 119 | 120 | * | ||||||||||||||||||||||||||||||
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