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MĂ©dicament

Un mĂ©dicament est toute substance ou composition prĂ©sentĂ©e comme possĂ©dant des propriĂ©tĂ©s curatives ou prĂ©ventives Ă  l'Ă©gard des maladies humaines ou animales. Par extension, un mĂ©dicament comprend toute substance ou composition pouvant ĂȘtre utilisĂ©e chez l'ĂȘtre humain ou l'animal ou pouvant leur ĂȘtre administrĂ©e, en vue d'Ă©tablir un diagnostic mĂ©dical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou mĂ©tabolique[1].

Boßtes de médicaments
Ampoules

L'ensemble de la chaßne des médicaments (recherche, production, contrÎle qualité, distribution en gros, délivrance aux patients, pharmacovigilance) est sous la responsabilité de spécialistes diplÎmés des médicaments, les pharmaciens[2].

DĂ©finition Ă©largie

DĂ©finition officielle

La notion de médicament est précisément définie en France par l'article L5111-1 du Code de la santé publique[3].

On peut distinguer différents types de médicaments selon leur utilisation, leurs composants, leur mode d'enregistrement réglementaire, etc. :

Notions en rapport

  • Posologie : c'est la dose usuelle du mĂ©dicament utilisĂ©. Elle dĂ©pend de la maladie, de l'Ăąge du patient, de son poids et de certains facteurs propres : fonction rĂ©nale, fonction hĂ©patique. Elle ne doit naturellement ĂȘtre en aucun cas modifiĂ©e sans un avis mĂ©dical ou Ă©ventuellement du pharmacien.
  • PharmacocinĂ©tique : c'est la vitesse Ă  laquelle la substance active du mĂ©dicament va ĂȘtre absorbĂ©e, distribuĂ©e dans l'organisme, mĂ©tabolisĂ©e (transformĂ©e), puis Ă©liminĂ©e de l'organisme. Elle conditionne la mĂ©thode de prise : orale (par la bouche), intraveineuse ou autre, mais aussi le nombre quotidien de prises, leur horaire, la dose journaliĂšre. SchĂ©matiquement, la pharmacocinĂ©tique est l'Ă©tude de l'action de l'organisme sur le mĂ©dicament.
  • Pharmacodynamique : c'est le mode d'action de la substance active qui va entraĂźner les effets thĂ©rapeutiques. SchĂ©matiquement, la pharmacodynamie est l'Ă©tude de l'action du mĂ©dicament sur l'organisme.
  • Indication : c'est une maladie ou une situation pour laquelle un mĂ©dicament est utilisĂ©.
  • Contre-indication : c'est la ou les situations oĂč la prise du mĂ©dicament peut se rĂ©vĂ©ler dangereuse. Ce dernier ne doit, par consĂ©quent, pas ĂȘtre donnĂ©. On distingue les contre-indications relatives oĂč dans certains cas, le rapport bĂ©nĂ©fice-risque de la prise de la molĂ©cule reste acceptable, et les contre-indications absolues oĂč le mĂ©dicament ne doit pas ĂȘtre pris, quel que soit le bĂ©nĂ©fice escomptĂ©.
  • Association dĂ©conseillĂ©e : Ă  Ă©viter, sauf aprĂšs Ă©valuation du rapport bĂ©nĂ©fice/risque ; nĂ©cessitĂ© d'une surveillance Ă©troite.
  • PrĂ©caution d'emploi : c'est le cas le plus frĂ©quent ; association possible en respectant les recommandations.
  • A prendre en compte : signalement du risque ; au praticien d'Ă©valuer l'opportunitĂ© de l'association ; pas de conduite spĂ©cifique Ă  tenir.
  • Synergie : cela correspond Ă  l'interaction entre deux mĂ©dicaments prĂ©sentant une activitĂ© pharmaceutique identique. L'intensitĂ© de l'activitĂ© de l'association est supĂ©rieure Ă  celle que l'on pourrait obtenir avec l'un des mĂ©dicaments administrĂ© seul.
  • Potentialisation : elle s'exerce entre deux mĂ©dicaments dont l'activitĂ© pharmaceutique est diffĂ©rente.
  • Antagonisme : il s'agit d'une interaction entre deux mĂ©dicaments dont l'activitĂ© pharmaceutique est identique ou diffĂ©rente. L'administration simultanĂ©e de deux mĂ©dicaments entraĂźne l'inhibition partielle ou complĂšte de l'action de l'un d'entre eux.

Actions

Un médicament peut avoir une ou plusieurs actions, décrites comme :

  • Action substitutive : consiste Ă  apporter Ă  l'organisme l'Ă©lĂ©ment nutritif ou physiologique dĂ©ficient (par exemple : mĂ©thadone ou vitamine C).
  • Action par reproduction directe ou indirecte des effets d'une substance naturelle : le mĂ©dicament reproduit ou stimule une fonction cellulaire ou organique, ou encore la transmission d'un influx nerveux au niveau du SNC (systĂšme nerveux central) ou autonome (par exemple : sympathomimĂ©tique ou parasympathomimĂ©tique).
  • Action par antagonisme direct ou indirect des effets d'une substance naturelle : le mĂ©dicament exerce un blocage partiel ou complet d'une fonction cellulaire ou organique en fixant sur des rĂ©cepteurs spĂ©cifiques (par exemple : sympatholytique).
  • Action mĂ©canique (par exemple : huile de paraffine favorisant le transit digestif).
  • Action sur certains processus mĂ©taboliques : action sur la permĂ©abilitĂ© cellulaire ou la rĂ©activitĂ© de certaines cellules Ă  leur excitant physiologique ou pathologique (par exemple : mĂ©dicament anticalcique (modifiant la permĂ©abilitĂ© des ions calcium)).

Substance active et excipient

Le mĂ©dicament est composĂ© de deux sortes de substances : d'une ou plusieurs substances actives (aussi dĂ©signĂ© principe actif — c'est souvent la substance active qui est dĂ©signĂ©e dans le langage courant par mĂ©dicament) et d'un ou plusieurs excipients.

La ou les substances actives sont constituĂ©es d'une quantitĂ© de produit active (dose) ayant un effet pharmacologique dĂ©montrĂ© et un intĂ©rĂȘt thĂ©rapeutique Ă©galement dĂ©montrĂ© cliniquement. Il est Ă  remarquer que toute substance pharmacologiquement active ne constitue pas nĂ©cessairement la base d'un mĂ©dicament et encore moins d'une thĂ©rapie mĂ©dicamenteuse.

Les excipients sont des substances auxiliaires inertes servant Ă  la formulation de la forme galĂ©nique ou destinĂ©e Ă  crĂ©er une absorption par le corps. Ces excipients sont le plus souvent des substances inertes sur le plan pharmacologique. Les excipients permettent de formuler la ou les substances actives, c’est-Ă -dire de prĂ©senter la substance active sous une forme galĂ©nique dĂ©terminĂ©e. La formulation permet en plus de prĂ©senter le mĂ©dicament sous la forme la plus adaptĂ©e pour la voie d'administration souhaitĂ©e et Ă©ventuellement, le cas Ă©chĂ©ant, de moduler la vitesse de libĂ©ration de la substance active vers l'organisme. Comme exemple d'excipients on citera : l'eau et le saccharose sont les deux excipients constituant le sirop simple — ou encore, pour des formes sĂšches, le ou les amidons modifiĂ©s et la ou les celluloses modifiĂ©es sont des agents de dĂ©litement utilisĂ©s dans des formes sĂšches (comprimĂ©s, gĂ©lules, etc.) pour accĂ©lĂ©rer la dĂ©sintĂ©gration (ou encore dĂ©litage) de celles-ci une fois arrivĂ©es dans l'estomac. Les excipients sont dans leur trĂšs grande majoritĂ©, des substances chimiquement inertes et pharmacologiquement inactives. Mais il s'avĂšre qu'ils ne sont pas toujours exempts d'effets pharmacologiques sur certains patients. En effet, certains excipients sont connus pour ĂȘtre Ă  l'origine d'effets secondaires (e.g. rĂ©actions allergiques ou d'intolĂ©rance) chez une minoritĂ© de patients particuliĂšrement sensibles. On parle alors d'excipient Ă  effet notoire. On citera en exemple le lactose chez des patients intolĂ©rants au lactose. Le prescripteur ou le pharmacien devra en tenir compte lors de la prescription et de la dispensation du mĂ©dicament. Ceci est trĂšs important notamment lors de la substitution d'un produit princeps par une forme gĂ©nĂ©rique du produit original. Le produit gĂ©nĂ©rique n'Ă©tant pas nĂ©cessairement formulĂ© avec les mĂȘmes excipients que le produit princeps d'origine. Ceci est une des raisons pour lesquelles un patient peut ne pas tolĂ©rer les produits gĂ©nĂ©riques de substitution.

Il est Ă  remarquer qu'une substance active peut ĂȘtre par exemple un produit de contraste (sulfate de baryum) qui n'est pas pharmacologiquement actif car il n'est pas destinĂ© Ă  traiter le patient mais Ă  aider Ă  poser le diagnostic (il est actif sur le rayonnement auquel sera exposĂ© le patient).

La galĂ©nique (de Galien, mĂ©decin de l'AntiquitĂ©) ou « art de formuler les mĂ©dicaments », va permettre de prĂ©senter la substance active Ă  des doses diffĂ©rentes et sous diffĂ©rentes formes galĂ©niques (les formes d'administration de la substance active au patient). On parlera de comprimĂ©s, de gĂ©lules, de capsules molles, de suppositoires, d'ampoules, de gouttes (orales, oculaires ou nasales), de collutoires, de collyres, de pommades, de gels et crĂšmes, de solutions, d'ovules, d'emplĂątre ou de dispositifs transdermiques, etc. On peut ainsi classer les formes galĂ©niques selon la voie d'administration aux patients pour laquelle elles ont Ă©tĂ© conçues. On parlera alors d'injectables (ampoules de solution ou de suspension, implants
) destinĂ©es aux diffĂ©rentes voies parentĂ©rales (sous-cutanĂ©es, intraveineuse, intramusculaires, intra-articulaires
). Ces formes doivent ĂȘtre stĂ©riles, apyrogĂšnes et, parfois, isotoniques. Les autres formes liquides non injectables sont destinĂ©es aux voies orales (Ă  avaler per os ou sublinguales, Ă  enrobage entĂ©rique ou Ă  dĂ©sintĂ©gration rapide), nasales, auriculaires et oculaires, dermiques mais aussi transdermiques (timbre ou patch). Il existe encore des formes pour la voie, rectale, oculaire, auriculaire, etc.

Une spĂ©cialitĂ© pharmaceutique est un mĂ©dicament qui a un nom commercial (qui fait l'objet d'une propriĂ©tĂ© commerciale, nom commercial dit aussi nom de fantaisie). Chaque spĂ©cialitĂ© fait l'objet d'un enregistrement auprĂšs des autoritĂ©s de santĂ©, qui est prĂ©parĂ© industriellement selon des normes trĂšs strictes (les bonnes pratiques de fabrication) et est vendu par un laboratoire pharmaceutique. Sous son mĂȘme nom de marque, il existe diffĂ©rentes formes pharmaceutiques et diffĂ©rents conditionnements, chacun faisant l'objet d'un enregistrement spĂ©cifique. Une mĂȘme spĂ©cialitĂ© pourra ĂȘtre commercialisĂ©e Ă©ventuellement sous un ou plusieurs noms de marque et restera protĂ©gĂ©e tant qu'elle fera l'objet d'une propriĂ©tĂ© intellectuelle et d'une protection des droits intellectuels et/ou commerciaux (brevet, exclusivitĂ© commerciale, licence). Une fois la propriĂ©tĂ© intellectuelle perdue (Ă©puisement des droits du ou des brevets), le mĂ©dicament peut ĂȘtre commercialisĂ© sous des formes dites gĂ©nĂ©riques (en plus des formes commerciales existantes). Les formes gĂ©nĂ©riques devant ĂȘtre bioĂ©quivalentes au premier produit de marque mis sur le marchĂ© appelĂ© encore produit « princeps » ou spĂ©cialitĂ© originale.

Ce n'est pas parce que l'on absorbe des doses Ă©quivalentes d'une mĂȘme substance active sous des formes diffĂ©rentes (une solution au lieu d'un comprimĂ© par exemple) que l'effet pharmacologique recherchĂ© sera Ă©quivalent. La prise Ă  jeun ou aprĂšs un repas change Ă©galement l'effet pharmacologique de la substance active. On parle alors de disponibilitĂ© de la substance active ou encore de « biodisponibilitĂ© ». Deux formes offrant la mĂȘme biodisponibilitĂ© seront dites bioĂ©quivalentes.

Principe de bioéquivalence

Le principe de bioĂ©quivalence dĂ©crit deux mĂ©dicaments contenant la mĂȘme quantitĂ© de substance active. Les substances actives sont dites bioĂ©quivalentes si, pour un mĂȘme groupe d'individus, leurs effets thĂ©rapeutiques sont estimĂ©s biologiquement Ă©quivalents. Des diffĂ©rences au niveau des caractĂ©ristiques physiques des substances actives (structure cristalline ou polymorphisme, taille des cristaux) ou caractĂ©ristiques de formulation (prĂ©sence de certains excipients, compression, dĂ©litement, enrobage,..) peuvent faire que deux formes galĂ©niques qui contiennent la mĂȘme quantitĂ© de substance active sont trĂšs diffĂ©rentes au niveau de leur mise Ă  la disposition de cette substance active au niveau du systĂšme digestif. Il en est de mĂȘme pour des formes injectables oĂč l'on injecte des substances actives en suspension. Mais comme il est difficile et surtout trĂšs coĂ»teux de tester une Ă©quivalence thĂ©rapeutique basĂ©e sur des tests cliniques et/ou biologiques, on teste en fait les variations de la concentration plasmatique de la substance active inchangĂ©e au cours du temps, variation consĂ©cutive Ă  la prise du mĂ©dicament au t=0. La courbe de biodisponibilitĂ© est reprĂ©sentĂ©e par la concentration plasmatique en inchangĂ© Cp = f(t). C'est la mesure de l'aire sous la courbe qui donne la biodisponibilitĂ© de la substance active tel que prĂ©sentĂ© dans la forme galĂ©nique. Deux mĂ©dicaments bioĂ©quivalents donnent des moyennes d'aires sous la courbe (donc de concentrations plasmatiques en produit inchangĂ© = f(t) qui sont Ă©quivalentes dans une population d'une vingtaine d'individus sains. Pour enregistrer un produit gĂ©nĂ©rique, il est nĂ©cessaire de dĂ©montrer par une Ă©tude de bioĂ©quivalence que la forme gĂ©nĂ©rique est bioĂ©quivalente Ă  la forme princeps. Les problĂšmes de bioĂ©quivalence existent cependant et se posent de façon importante pour des substances actives peu solubles (solubilitĂ© aqueuse infĂ©rieure Ă  1 mg/ml) lorsqu'elles sont administrĂ©es par voie orale ou pour des formes galĂ©niques modifiĂ©es telles que les formes Ă  libĂ©ration prolongĂ©e, appelĂ©es encore formes retard. Pour des formes en solution vraie et prĂ©sentĂ©es en injectable et injectĂ©es par voie IV en bolus, il n'existe par dĂ©finition aucune diffĂ©rence de bioĂ©quivalence entre formes puisque la biodisponibilitĂ© est totale (on dit alors que la biodisponibilitĂ© est absolue et Ă©gale Ă  1, quelle que soit la spĂ©cialitĂ© injectable utilisĂ©e. En revanche, pour des solutions orales, la biodisponibilitĂ© n'est plus absolue mais relative, car elle est relative Ă  la vitesse de transit gastrique de chaque individu (Ă  jeun, pendant ou aprĂšs un repas, repas lĂ©ger ou gras, etc.) et Ă  une fenĂȘtre d'absorption duodĂ©nale, si celle-ci existe. Par voie orale, on est donc toujours dans le relatif. Pour assurer une qualitĂ© de biodisponibilitĂ© des formes galĂ©niques orales, dans la pratique industrielle, on teste la vitesse de dissolution des formes galĂ©niques orales en laboratoire (test de dissolution) et ceci sur chaque lot avant de le libĂ©rer vers la distribution.

Les injectables à libération prolongée (formes intra-musculaire, intra-articulaire, implants, etc.) peuvent, en revanche, montrer des biodisponibilités fort différentes entre elles et par rapport à la forme IV bolus. Ceci ne signifiant pas nécessairement des effets thérapeutiques essentiellement différents ou nécessairement supérieurs ou inférieurs. Là commence le domaine de la pharmacocinétique en liaison avec la toxicité (animale et humaine) et les études cliniques (animale et humaine).

Historique

Au début du XXe siÚcle n'étaient considérés comme médicaments qu'une douzaine de produits de synthÚse et une centaine de produits naturels. Au début du XXIe siÚcle, nous utilisons des centaines de substances synthétiques et il ne reste que trÚs peu de remÚdes courants d'origine exclusivement naturelle. Le XXe siÚcle a vu l'essor des médicaments de synthÚse produits par des laboratoires pharmaceutiques. Depuis peu, les protéines, molécules du vivant, sont de plus en plus utilisées comme médicament.

DĂ©veloppement

Création

Actuellement, pour une utilisation en santé humaine et animale, de la découverte d'une nouvelle substance active à l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) en passant par la mise au point de(s) (la) forme(s) galénique(s) (le médicament délivré en officine), généralement une période de 10 à 15 ans se sera écoulée et plusieurs centaines de millions d'euros auront été investies.

Le processus de dĂ©veloppement peut ĂȘtre dĂ©crit selon les Ă©tapes suivantes :

  • recherche d'une substance originale candidate au statut de candidat mĂ©dicament selon plusieurs mĂ©thodes : modĂ©lisation informatique, criblage (screening), observation de mĂ©decines traditionnelles (medicine man (en)), Ă©tude des caractĂ©ristiques des plantes ou substances naturelles (pharmacognosie), et parfois par les faveurs du hasard (sĂ©rendipitĂ©) lors d'observations cliniques ;
  • les substances candidates sont alors le plus souvent brevetĂ©es ce qui confĂšre, dans ce cas, Ă  l'inventeur un droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle permettant l'exploitation commerciale exclusive de la molĂ©cule pour une durĂ©e maximale de 20 ans. Compte tenu du fait que la protection court Ă  compter du dĂ©pĂŽt du brevet et non celle de la mise sur le marchĂ©, pour le mĂ©dicament, en France, en Europe et aux États-Unis un certificat complĂ©mentaire de protection (CCP[4] ou SPC, en anglais) peut ĂȘtre obtenu. Par ailleurs, pour encourager des dĂ©veloppements complĂ©mentaires, les autoritĂ©s de santĂ© peuvent accorder une exclusivitĂ© commerciale supplĂ©mentaires de quelques annĂ©es dans des conditions particuliĂšres, par exemple indications orphelines[5], mĂ©dicaments pĂ©diatriques, etc.
  • depuis 2009, commencent Ă  se dĂ©velopper aux États-Unis des coopĂ©ratives de conception libre de mĂ©dicaments, notamment gĂ©nĂ©tique[6] ;
  • Ă©tude de l'effet de la substance in vitro sur des micro-organismes en culture, ex vivo sur des organes isolĂ©s ou sur des rĂ©cepteurs biologiques purifiĂ©s, puis in vivo, c'est-Ă -dire sur l'animal de laboratoire vivant ;
  • recherche d'une forme galĂ©nique la mieux adaptĂ©e. On cherche tant que possible Ă  obtenir une forme orale biodisponible et stable. Celle-ci Ă©tant la plus simple Ă  prendre par le futur patient (compliance).

Les derniĂšres phases de recherche enclenchĂ©es dans le dĂ©veloppement d'un nouveau mĂ©dicament sont les Ă©tudes cliniques : depuis prĂšs de vingt ans, les diffĂ©rentes Ă©tudes cliniques qui doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es Ă  l'appui d'une demande d'enregistrement (demande d'AMM) font l'objet d'une standardisation internationale (harmonisation ICH) reconnue par tous les pays de l'OCDE. Elles sont structurĂ©es en trois phases avant la mises sur le marchĂ© et une, la phase IV, aprĂšs cette mise sur le marchĂ©. Pour chaque nouvelle indication thĂ©rapeutique et parfois aussi par catĂ©gorie de formes galĂ©niques (injectable, orale, topique
), il sera nĂ©cessaire de reconsidĂ©rer le plan clinique existant et de voir si les Ă©tudes cliniques existantes peuvent ĂȘtre utilisĂ©es Ă  l'appui de la nouvelle indication / forme pharmaceutique ou si de nouvelles Ă©tudes sont nĂ©cessaires et doivent ĂȘtre entreprises avant d'aller plus avant. Lors de la mise sur le marchĂ© de copies gĂ©nĂ©riques les Ă©tudes de bioĂ©quivalence seront entreprises. Une substance active va donc faire l'objet d'Ă©tudes cliniques quasiment de façon continue pendant toutes les annĂ©es de sa prĂ©sence sur le marchĂ©.

Études cliniques

Les différentes études cliniques se font en quatre phases.

Phase I

La phase I est dite d'innocuitĂ© (ou encore de tolĂ©rance) du produit. Elle est gĂ©nĂ©ralement menĂ©e sur des volontaires sains[7]. Elle vise Ă  Ă©tablir la dose minimale active (si son activitĂ© peut ĂȘtre mise en Ă©vidence sur le volontaire sain) et surtout pour Ă©tablir la dose maximale tolĂ©rable, en doses uniques croissantes et/ou rĂ©pĂ©tĂ©es[8]. Pour des produits comme des antibiotiques, des anticancĂ©reux, des hormones, etc., l'utilisation de volontaires sains est exclue. On cherche Ă  connaĂźtre la pharmacocinĂ©tique ADME de la molĂ©cule (c'est-Ă -dire la vitesse d'absorption (A = la vitesse de passage dans le sang Ă  partir d'une solution orale), M = la vitesse de mĂ©tabolisation (transformation biologique par le foie et d'autres organes), D = la vitesse de distribution et de rĂ©partition dans les diffĂ©rents tissus Ă  partir du compartiment plasmatique et E = la vitesse d'Ă©limination de la molĂ©cule par l'organisme aussi appelĂ©e clearance). Les donnĂ©es ADME prĂ©alablement collectĂ©es sur les modĂšles animaux (rat, souris, chien et singe) servent d'encadrement et de comparaison pour les donnĂ©es ADME humaines. Comme il n'est pas Ă©thique d'exposer des volontaires sains Ă  des produits trĂšs actifs (anti-cancĂ©reux, antithyroĂŻdiens, hormones, antibiotiques, etc.), cette phase I est dans ce cas rĂ©alisĂ©e en phase II sur des patients qui eux peuvent bĂ©nĂ©ficier de l'effet thĂ©rapeutique supposĂ© du produit testĂ©[9]. Dans tous les cas, l'accord du patient, aprĂšs une information Ă©clairĂ©e, est indispensable. Aucune expĂ©rimentation ne peut se faire Ă  l'insu du patient et sans son accord « Ă©clairĂ© » par les explications du responsable de l'Ă©tude.

Phase II

Elle consiste en des tests dits de biodisponibilitĂ© sur patients volontaires et d'efficacitĂ© sur patients volontaires. Elle vise Ă  Ă©tablir la relation entre dose et effet. On Ă©tablit le domaine (range) des doses actives Ă  partir des donnĂ©es obtenues sur animaux en toxicologie prĂ©clinique. On Ă©tablit le « range » des doses actives tolĂ©rĂ©es sans chercher Ă  atteindre une dose maximale qui serait toxique. Ce range deviendra progressivement la posologie du produit pour telle indication. C'est lors de ces tests que l'on dĂ©tecte les premiers effets secondaires, qui une fois confirmĂ©s en phase II et IV seront souvent les effets secondaires principaux du produit. Si ces effets sont trop importants par rapport Ă  l'intĂ©rĂȘt de l'effet thĂ©rapeutique apportĂ©, le dĂ©veloppement du produit sera arrĂȘtĂ©[8].

Phase III

Le mĂ©dicament dont l'activitĂ© pharmacologique a Ă©tĂ© confirmĂ©e en phase II doit ĂȘtre testĂ© pour Ă©valuer son intĂ©rĂȘt clinique rĂ©el. Cette phase vise Ă  Ă©tablir le rapport entre bĂ©nĂ©fice et risques. Le candidat mĂ©dicament est comparĂ© Ă  un mĂ©dicament de rĂ©fĂ©rence et toujours Ă  un placebo (lorsqu'il n'existe pas d'opposition Ă©thique Ă  ne pas administrer de substance active au patient volontaire) dans une plus large Ă©tude clinique. Une randomisation (tirage au sort) est effectuĂ©e pour dĂ©terminer quel bras de traitement sera le patient. L'expĂ©rimentation dite « double aveugle » est un standard actuellement (ni le patient, ni le mĂ©decin ne savent si c'est un mĂ©dicament, le placebo ou la rĂ©fĂ©rence qui est administrĂ©e). Ces mĂ©thodes statistiques sont un gage de rigueur et de qualitĂ© des donnĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es dans l'Ă©tude[8].

Les donnĂ©es de toxicologie animale et d'innocuitĂ© clinique (innocuitĂ© = phase 2), les donnĂ©es cliniques (efficacitĂ©) et les donnĂ©es pharmaceutiques (qualitĂ©) sont rassemblĂ©es en un dossier dit de demande d'enregistrement qui est dĂ©posĂ© pour obtenir une autorisation de mise sur le marchĂ© (AMM) Ă  l'Agence europĂ©enne (EMEA). Si l'autoritĂ© estime (Ă©valuation sur dossier uniquement) que les informations dĂ©posĂ©es Ă  l'appui de la demande d'enregistrement sont suffisantes, elle autorise la commercialisation du mĂ©dicament mais uniquement dans les indications cliniques approuvĂ©es. Si l'autoritĂ© estime qu'un complĂ©ment d'information est nĂ©cessaire, elle exigera des complĂ©ments d'information Ă  dĂ©poser avant de commercialiser la spĂ©cialitĂ© ou Ă  remettre dans un dĂ©lai assez court un an deux ans, mais sans empĂȘcher la mise sur le marchĂ© du mĂ©dicament.

Le plus souvent, lorsqu'il s'agit d'un mĂ©dicament contenant une nouvelle molĂ©cule (NCE = New Compound Entity), celle-ci est couverte par des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle (brevet ou patent). Cette propriĂ©tĂ© s'obtient par le dĂ©pĂŽt d'une demande de brevet. Cette propriĂ©tĂ© intellectuelle une fois accordĂ©e, court sur une pĂ©riode maximale de 18 Ă  20 ans depuis le dĂ©pĂŽt de la demande de brevet. Au bout d'un certain nombre d'annĂ©es, le brevet de la substance active tombe dans le domaine public, et ainsi ouvre la possibilitĂ© de copie par des laboratoires spĂ©cialisĂ©s dans la production de mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques. Ces « gĂ©nĂ©riques » doivent aussi faire l'objet d'enregistrement auprĂšs des autoritĂ©s de santĂ©. Ces produits Ă©tant (on ne dit plus Ă©quivalents mais) essentiellement similaires aux produits originaux qualifiĂ©s de princeps, seule la partie pharmaceutique du dossier d'AMM est dĂ©posĂ©e pour obtenir un enregistrement. Une pĂ©riode dite de protection des donnĂ©es de 5 ans peut ĂȘtre obtenue auprĂšs des autoritĂ©s de santĂ© pour empĂȘcher les copies gĂ©nĂ©riques d'un produit original, innovateur qui a mis longtemps pour ĂȘtre dĂ©veloppĂ©, plus que sa pĂ©riode de protection du brevet.

Ainsi, il ne faut faire pas de confusion pour le médicament entre la protection des droits de propriété industrielle (brevet, CCP) qui est accordée par les agences de propriété industrielle (INPI au niveau national, Office Européen des Brevets au niveau européen) et les protections dites réglementaires auxquelles s'engagent les agences de santé (ANSM au niveau national ou EMA Agence Européenne du Médicament au niveau européen). La protection offerte par les agences de santé porte ainsi sur les données cliniques de développement dans l'indication considérée du médicament princeps.

En France, un mĂ©dicament expĂ©rimental est produit selon des critĂšres de qualitĂ© Ă©quivalent au produit mis sur le marchĂ©. La loi dit que (annexe I de la dĂ©cision du modifiant l'arrĂȘtĂ© du modifiĂ© relatif aux bonnes pratiques de fabrication (industrie pharmaceutique)) tout principe actif sous une forme pharmaceutique ou placebo expĂ©rimentĂ© ou utilisĂ© comme rĂ©fĂ©rence dans une recherche biomĂ©dicale, y compris les mĂ©dicaments bĂ©nĂ©ficiant dĂ©jĂ  d'une autorisation de mise sur le marchĂ©, mais utilisĂ©s ou prĂ©sentĂ©s ou conditionnĂ©s diffĂ©remment de la spĂ©cialitĂ© autorisĂ©e, ou utilisĂ©s pour une indication non autorisĂ©e ou en vue d'obtenir de plus amples informations sur la forme de la spĂ©cialitĂ© autorisĂ©e.

Phase IV

La phase IV (ou post-marketing) est le suivi à long terme d'un traitement alors que le traitement est autorisé sur le marché. Elle doit permettre de dépister des effets secondaires rares ou des complications tardives[10]. Cette phase est à la charge des laboratoires.

Catégories thérapeutiques

Parmi les médicaments, des familles thérapeutiques sont notamment retrouvées :

qu'on pourrait regrouper en 6 catégories plus vastes :

Psychisme Infections RĂ©actions fortes Divers
Anesthésiants Antidépresseurs Antibiotiques Diurétiques Antipyrétiques Bronchodilatateurs
Antalgiques Anxiolytiques Antiviraux Anti-diurétiques Antihistaminiques Vasopresseurs
Sédatifs Psychotropes Antirétroviraux Laxatifs Anti-inflammatoires

Les hypnotiques (somnifÚres) et les anxiolytiques sont quelquefois rassemblées sous le nom de « psycholeptiques », terme qui est en fait assez vaste[11]. Cette classification selon Delay et Deniker (1957) a été modernisée plus tard par Pelicier et Thuillier (1991).

Prescription et dispensation

Pharmacie à ThiÚs, au Sénégal.

Traditionnellement, les médicaments sont prescrits par les médecins à leurs patients qui vont se les procurer chez leur pharmacien.

En France

Certains mĂ©dicaments peuvent ĂȘtre obtenus sans ordonnance (automĂ©dication ou mĂ©dication officinale) ; en France, lorsqu'un mĂ©dicament est achetĂ© sans ĂȘtre prescrit, il n'est pas remboursĂ© par l'assurance maladie, mais il peut l'ĂȘtre par certaines mutuelles. Dans la plupart des pays, un mĂ©dicament doit avoir obtenu une autorisation de mise sur le marchĂ© (AMM) pour ĂȘtre vendu. L'AMM est connue sous l'appellation « NDA » (new drug application) aux États-Unis et sous « NDS » (new drug submission) au Canada.

Les organismes de rĂ©gulation de la santĂ© dressent des listes de mĂ©dicaments en fonction des risques que reprĂ©sentent leur prise. Par exemple, en France, il existe plusieurs listes de substances vĂ©nĂ©neuses : les mĂ©dicaments qui renferment ces substances ne peuvent ĂȘtre acquis que sur ordonnance (sauf cas limitĂ©s d'exonĂ©ration) :

  • liste I : mĂ©dicaments toxiques (dans les conditions normales d'emploi) ;
  • liste II : mĂ©dicaments dangereux, moins toxiques que ceux de la liste I (dangereux en conditions anormales d'emploi)[12] ;
  • stupĂ©fiants : substances psychoactives fortes capables de provoquer une dĂ©pendance et des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur la santĂ© psychique et physique, tout en reprĂ©sentant un danger particulier pour la santĂ© publique.
  • psychotropes : complĂ©mentaires aux stupĂ©fiants, mais reprĂ©sentant un risque pour la santĂ© publique jugĂ© moindre et dont les conditions de prescription sont plus souples. Regroupe globalement les benzodiazĂ©pines et les barbituriques.

Les différences entre ces listes sont surtout théoriques et ne garantissent pas forcément une description précise du caractÚre dangereux du médicament. Par exemple, le sécobarbital est classé comme stupéfiant tandis que le phénobarbital, dont le profil addictogÚne et nocif est comparable, ne figure que sur la Liste II ainsi que la liste des psychotropes[13]. De ce fait, ces classements ne sont pas des garanties et de nombreux produits figurent d'ailleurs sur deux registres complémentaires.

Du fait de l'Ă©mergence rĂ©guliĂšre de nouvelles substances l'ArrĂȘtĂ© du fixant la liste des substances classĂ©es comme stupĂ©fiants ainsi que celui fixant la liste des psychotropes sont frĂ©quemment consolidĂ©s, et ont uniquement cours jusqu'Ă  ce qu'une version ultĂ©rieure ne les remplace.

Selon leurs particularités et leurs conditions d'utilisation ou de manipulation, certains médicaments en France sont soumis à des « conditions de prescription » telles que :

  • mĂ©dicaments Ă  prescription restreinte :
    • ceux qui sont rĂ©servĂ©s Ă  l'usage hospitalier,
    • ceux qui ne peuvent ĂȘtre prescrits que par un mĂ©decin hospitalier,
    • ceux nĂ©cessitant une surveillance spĂ©cifique et une prescription par un mĂ©decin spĂ©cialisĂ©,
  • mĂ©dicaments d'exception : mĂ©dicaments particuliĂšrement onĂ©reux, ils doivent faire l'objet d'un suivi spĂ©cifique et de justifications mĂ©dicales pour la prise en charge ;
  • mĂ©dicaments restreints et d'exception.

Administration

Plaquette de comprimés.

Le médicament peut s'administrer, selon sa forme galénique, par plusieurs voies d'administration :

  • de maniĂšre globale (systĂ©mique) : la substance active passe dans le sang et est transportĂ©e partout dans l'organisme, afin d'atteindre sa cible :
    • administration orale, dite per os : comprimĂ©, sirop, gĂ©lule, solution buvable, granulĂ©,
    • suppositoire,
    • administration par voie pulmonaire (inhalation ou instillation), avec absorption par les muqueuses des voies respiratoires
    • par timbre transdermique (Ă  travers la peau) : par exemple pour pallier l'envie de fumer, ou comme anti-inflammatoire ou antidouleur (morphinique),
    • L'administration par voie parentĂ©rale est faite au moyen d'une injection. Elle peut ĂȘtre :
      • intraveineuse, en une fois on dira en bolus ou par une perfusion lente. La veine pouvant ĂȘtre superficielle, habituellement au bras (voie veineuse pĂ©riphĂ©rique) ou profonde (voie veineuse centrale), le plus souvent au niveau du cou (veine jugulaire) ou sous la clavicule (veine sous claviĂšre). La voie intraveineuse permet d'administrer un produit qui doit agir trĂšs rapidement (urgence) ou un produit mal tolĂ©rĂ© avec le risque d'irriter la veine (phlĂ©bite),
      • sous-cutanĂ©e : sous la peau, frĂ©quemment au niveau du ventre ou des cuisses (insuline),
      • intradermique : dans le derme,
      • intramusculaire : dans un muscle (cuisse) pour un produit qui doit agir lentement.
  • de maniĂšre locale, directement sur le site d'action dĂ©sirĂ©:

Efficacité et évaluation

L'efficacité et l'évaluation du médicament tiennent compte de la balance bénéfice/risque, des effets secondaires et paradoxaux, des interactions et contre-indications. Le profil de risque est surtout lié à la relation entre les effets secondaires et la maladie soignée.

Rapport bénéfice/risque

Le rapport bĂ©nĂ©fice/risque est pris en compte - ainsi des effets secondaires sĂ©vĂšres seront indĂ©niablement mieux acceptĂ©s pour Ă©chapper Ă  un cancer que pour Ă©viter la douleur ou l'obĂ©sitĂ©. Du cĂŽtĂ© du mĂ©decin, celui-ci doit prendre en compte dans ce rapport au risque la durĂ©e du traitement (effet cumulatif), et ne pas nĂ©gliger le risque sur le fƓtus quand il s'agit d'une femme enceinte (exemple : thalidomide, mieux connu sous le nom Softenon). La posologie et les effets secondaires connus doivent ĂȘtre inscrits sur la notice accompagnant le mĂ©dicament.

De plus, certains mĂ©dicaments sont strictement rĂ©glementĂ©s et ne peuvent ĂȘtre prescrits que sous certaines conditions (voir prescription, distribution). Les donnĂ©es rĂ©coltĂ©es, touchant un grand nombre de patients, sont transmises aux autoritĂ©s de santĂ© qui rĂ©Ă©valuent la balance bĂ©nĂ©fice/risque du mĂ©dicament. Il peut en ressortir des effets graves qui n'Ă©taient pas apparus lors des Ă©tudes cliniques et ainsi mener le laboratoire ou l'autoritĂ© Ă  retirer le mĂ©dicament.

ÉvĂšnement indĂ©sirable

Les Ă©vĂ©nements indĂ©sirables mĂ©dicamenteux concernent des effets indĂ©sirables iatrogĂšnes qui peuvent ĂȘtre graves (ÉvĂšnement indĂ©sirable grave (EIG)), qu'ils soient le fait d'une erreur mĂ©dicamenteuse ou non.

RĂ©actions anaphylactiques

Les mĂ©dicaments peuvent provoquer une rĂ©action anaphylactique ou anaphylactoĂŻde. C'est le cas par exemple de l'acide acĂ©tylsalicylique, des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine et des sartans, des pĂ©nicillines, des cĂ©phalosporines, des produits de contraste, des anesthĂ©siques locaux, des anti-inflammatoires non stĂ©roĂŻdiens. Des rĂ©actions croisĂ©es sont possibles, par exemple entre les pĂ©nicillines et les cĂ©phalosporines. Les bĂȘtabloquants peuvent aggraver l'Ă©volution d'une rĂ©action anaphylactique et contrecarrer la rĂ©ponse Ă  l'adrĂ©naline.

Effets paradoxaux possibles

La prescription d'un mĂ©dicament n'est pas neutre - les effets induits ne sont pas toujours lĂ©gers, ils peuvent ĂȘtre graves. Les effets secondaires peuvent Ă  leur tour ĂȘtre mal interprĂ©tĂ©s, comme symptĂŽmes d'autre chose, ou d'une aggravation de l'Ă©tat de la personne
 ce qui complique singuliĂšrement la situation et peut conduire Ă  des prescriptions supplĂ©mentaires (inadaptĂ©es) Ă  d'autres effets secondaires, et aussi Ă  une dĂ©pendance.

Les Français sont les plus gros consommateurs au monde de somnifĂšres (3 fois plus que les Britanniques, ou que les Allemands) dont les effets secondaires peuvent ĂȘtre la dĂ©pression, avec ou sans tendances suicidaires, des Ă©tats phobiques, l'agressivitĂ© et un comportement violent.

Dans le domaine des antibiotiques, une sur-prescription peut aboutir, à terme, à des infections plus difficiles à traiter du fait de la sélection de germes résistant aux antibiotiques[14].

Les impacts environnementaux ou secondaires (via l'alimentation) de médicaments humains ou vétérinaires (dont perturbateurs endocriniens) semble avoir été sous-estimés. Certains résidus, via l'urine et les excréments ne sont pas dégradés par les stations d'épuration ou sont ingérés et semblent déjà poser problÚme, nettement détectable sur la fertilité d'espÚces marines ou d'eau douces, notamment vivant en aval des exutoires de stations d'épuration. Certains médicaments (chimiothérapie, désinfectants) contiennent des substances qui ne sont pas dégradables (métaux lourds). La détection et la filtration de ces substances sont encore à leurs débuts[15]. Un suivi des médicaments dans l'eau est mis en place en France[16].

Interactions médicamenteuses

Une grande partie de l'étude d'un principe actif concerne la recherche d'interactions avec d'autre substances médicamenteuses ou non. Cette étude se focalise essentiellement sur les cytochromes p. 450, des enzymes importantes du foie.

Pharmacovigilance

AprĂšs la mise sur le marchĂ© du mĂ©dicament, celui est surveillĂ© en vie rĂ©elle. La pharmacovigilance est un dispositif qui permet de s'assurer de la sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament en veillant Ă  l'Ă©mergence d'effets secondaires ou indĂ©sirables. Les Ă©tudes ont permis d'en identifier la plupart mais lorsque le mĂ©dicament est utilisĂ© sur des centaines de milliers ou des millions de patients il est nĂ©cessaire de surveiller les rĂ©actions. Des rĂ©Ă©valuations du bĂ©nĂ©fice/risque peuvent ĂȘtre conduites par les autoritĂ©s de santĂ© allant potentiellement jusqu'au retrait du produit.

Les entreprises pharmaceutiques doivent déclarer aux autorités de santé tout au long de la commercialisation de leur produit :

  • tout effet indĂ©sirable grave suspectĂ©, survenu en Europe ou dans un État partie Ă  l’accord sur l’Espace Ă©conomique europĂ©en ou survenu dans un pays tiers, dont elles ont connaissance, au plus tard dans les 15 jours suivant la rĂ©ception de l’information,
  • tout effet indĂ©sirable non grave suspectĂ©, survenu en Europe ou dans un État partie Ă  l’accord sur l’Espace Ă©conomique europĂ©en, dont elles ont connaissance, au plus tard dans les 90 jours suivant la rĂ©ception de l’information.

Elles doivent Ă©galement soumettre des rapports pĂ©riodiques actualisĂ©s de pharmacovigilance (periodic safety update report (PSUR)) contenant notamment une mise Ă  jour de l’ensemble des informations recueillies au niveau mondial sur la sĂ©curitĂ© d’emploi du mĂ©dicament.

Les médecins prescripteurs doivent aussi notifier également les effets secondaires non attendus, non connus ou graves. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) tient à jour des infos de disponibilité, retraits de médicaments et des messages de pharmacovigilance.

Les associations de patients et patients peuvent aussi déclarer (signaler) les effets secondaires dont ils ont connaissance.

Les laboratoires pharmaceutiques peuvent conduire des Ă©tudes post-autorisation : PASS (Ă©tude de sĂ©curitĂ©) ou PAES (Ă©tudes d’efficacitĂ©).

Contre-indications

La plupart des médicaments ont une liste de contre-indications à leur utilisation. Il s'agit généralement de pathologies qui seraient aggravées avec la prise dudit médicament.

Aspects commerciaux

Appellation

Les mĂ©dicaments sont commercialisĂ©s classiquement sous leur nom de marque. La marque est un Ă©lĂ©ment de protection industrielle au mĂȘme titre que le brevet. Lorsqu'un dossier d'AMM est dĂ©posĂ© aux autoritĂ©s de santĂ©, le nom de marque fait l'objet d'un examen minutieux.

La marque d'un mĂ©dicament a perdu de sa valeur avec le dĂ©veloppement d'une politique de dĂ©veloppement de gĂ©nĂ©riques (mĂ©dicaments concurrents Ă  un mĂ©dicament princeps, qui sont autorisĂ©s Ă  l'issue de la pĂ©riode de brevet ou CCP). Les prescriptions par les mĂ©decins se font encore le plus souvent par nom de marque mais le dĂ©veloppement des logiciels d'aide Ă  la prescription permet au pharmacien de dĂ©livrer un mĂ©dicament gĂ©nĂ©rique, normalement moins cher pour la SĂ©curitĂ© sociale. Ce droit de substitution a pu ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une atteinte aux droits de propriĂ©tĂ© industrielle.

De plus en plus, on emploie la DCI ou encore « dénomination commune internationale » pour identifier et prescrire les médicaments en général mais surtout les produits devenus génériques ; la DCI correspond à l'appellation internationale de la substance active, appellation reprise dans toutes les publications scientifiques. En exemple : acide acétylsalicylique (ASA pour Acetyl Salicylic Acid) pour Aspirine qui était initialement une marque commerciale de la firme Bayer.

Vente

Les 10 médicaments les plus vendus au monde en 2006[17] (en milliards de dollars)

  • Lipitor (anticholestĂ©rol) (Pfizer) : 13,6
  • Inexium (antisĂ©crĂ©toire gastrique) (AstraZeneca) : 6,7
  • Seretide/Advair (Fluticasone et SalmĂ©tĂ©rol (antiasthmatique) (GlaxoSmithKline) : 6,3
  • Plavix (antiagrĂ©gant plaquettaire) (Sanofi-Aventis) : 5,8
  • Norvasc (contre la tension) (Pfizer) : 5,0
  • Aranesp (AntianĂ©mique) (Amgen) : 5,0
  • Zyprexa (traitement de la schizophrĂ©nie) (Eli Lilly) : 4,7
  • Risperdal (antipsychotique) (Johnson & Johnson) : 4,6
  • Enbrel (immunosuppresseur) (Amgen & Wyeth) : 4,5
  • Effexor (traitement de la dĂ©pression ou de l'anxiĂ©tĂ©) (Wyeth) : 4,0

Vente sur Internet

Depuis le , la lĂ©gislation française autorise la vente en ligne de mĂ©dicaments sans ordonnance selon l’ordonnance no 2012-1427 relative au renforcement de la sĂ©curitĂ© de la chaĂźne d’approvisionnement des mĂ©dicaments. Cette ordonnance prĂ©cise les conditions et recommandations relatives aux sites de e-pharmacie[18].

La vente depuis un site commerçant nĂ©cessite pour chaque pharmacie en ligne soit rattachĂ©e Ă  un Ă©tablissement physique et d’ĂȘtre agrĂ©e par l’ARS (agence rĂ©gionale de santĂ©), le ministĂšre de la SantĂ© et l’ordre des Pharmaciens. Ce dernier est dans l’obligation de laisser publiquement accĂšs Ă  la liste des sites de pharmacies ayant l’autorisation de vendre des mĂ©dicaments en ligne.

ModÚle « kiwi »

Depuis 1993 en Nouvelle-ZĂ©lande, et depuis 2008 aux Pays-Bas, un nouveau mĂ©dicament ne peut bĂ©nĂ©ficier d'un remboursement que dans deux cas : si la sĂ©curitĂ© sociale est convaincue de son caractĂšre rĂ©ellement innovant ou si son fabricant le met sur le marchĂ© Ă  un prix infĂ©rieur Ă  celui des mĂ©dicaments Ă©quivalents[19] - [20]. Lorsque des mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques existent, des appels d'offres sont lancĂ©s tous les 3 ans sous forme d'enchĂšre inversĂ©e[19]. Seul celui proposĂ© au prix le plus bas est alors remboursĂ© par la sĂ©curitĂ© sociale via les prescriptions[19]. GrĂące Ă  ce systĂšme, les mĂ©dicaments sont souvent 3 Ă  5 fois moins chers en Nouvelle-ZĂ©lande ou aux Pays-Bas[19] - [21]. Selon une estimation d'un mĂ©decin, il permettrait d'Ă©conomiser prĂšs d'un 1,5 milliard d'euros par an en Belgique[22] ; selon GSK, appliquer les prix nĂ©o-zĂ©landais augmenterait son chiffre d'affaires de 6 %[22] ; selon la ministre belge de la santĂ©, Maggie De Block, ce systĂšme n'est pas applicable dans une Ă©conomie ouverte et devrait ĂȘtre Ă©tabli au niveau europĂ©en[20].

Prix des médicaments

L'OCDE, dans divers rapports, a publiĂ© ses travaux sur le prix des mĂ©dicaments. Son objectif est de formuler des propositions permettant Ă  fois d' assurer aux laboratoires pharmaceutiques un retour sur investissement tout en rendant accessibles les mĂ©dicaments arrivant sur le marchĂ©, dans un contexte marquĂ© par a nĂ©cessitĂ© de limiter les dĂ©penses de santĂ©[23]. L'OCDE a consacrĂ© un rapport spĂ©cifique aux prix excessifs[24]. L’OCDE constate la spĂ©cificitĂ© de la demande de mĂ©dicaments : pour la plupart les patients ne choisissent pas et ne paient pas ou ne paient que partiellement, le coĂ»t Ă©tant pris en charge par des tiers. Les mĂ©dicaments sont souvent indispensables ce qui conduit Ă  une demande inĂ©lastique. Les tiers payeurs, compagnies d’assurance ou systĂšmes de santĂ© publique ont peu de moyens de contrĂŽle et enfin les mĂ©decins qui prescrivent ne sont ni les consommateurs ni les payeurs. Cela a conduit les États Ă  mettre en place des systĂšmes de rĂ©glementation. La plupart de celles-ci tablent sur la concurrence pour exercer un effet de modĂ©ration sur les prix, en particulier en ce qui concerne les mĂ©dicaments qui ont perdu la protection d’un brevet et l’apparition des gĂ©nĂ©riques.

L’accessibilitĂ© Ă©conomique des mĂ©dicaments est un problĂšme encore plus difficile pour les pays en dĂ©veloppement. L'OMS consacre rĂ©guliĂšrement des travaux sur ce sujet[25].

Pays consommateurs

Les trois pays les plus consommateurs de mĂ©dicaments prescrits sont les États-Unis, la Chine et le Japon[26].

ProblÚmes soulevés

Critiques de l'industrie pharmaceutique

Selon l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), la Commission de la Transparence et la revue Prescrire, sur 1 120 principes actifs de mĂ©dicaments, il en existe la moitiĂ© qui posent des problĂšmes : 35 % qui ont un effet nul et 15 % un effet quasiment nul[27]. La revue publie en une liste de « mĂ©dicaments autorisĂ©s plus dangereux qu'utiles »[28]. Selon le professeur David Healy : « supprimez les dix ou mĂȘme les vingt mĂ©dicaments qui se vendent le plus en pharmacies, la santĂ© publique n'en serait pas affectĂ©e d'un iota[29]. »

« Les médicaments mis sur le marché sont, d'une façon ou d'une autre, de la fausse monnaie. Le médecin qui prescrit ne sait pas forcément ce qu'il fait. La raison ? Les décideurs du systÚme de santé se laissent en grand nombre corrompre par les groupes pharmaceutiques[30]. » Pour Marcia Angell, médecin et ancienne membre de la rédaction en chef du New England Journal of Medecine, « il n'est plus possible de croire les recherches publiées, ni de se fier au jugement de son médecin de famille »[31].

AccĂšs et surconsommation

Pour les pays ayant signĂ© la charte des Nations unies, la protection des populations (sĂ»retĂ©, protection de la santĂ©) face aux accidents quotidiens, maladies et catastrophes (calamitĂ©s), est une des fonctions de l'État (articles 3, 22 et 25 de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme de 1948).

Il est donc de la responsabilitĂ© de l'État d'assurer un accĂšs aux soins, et notamment aux mĂ©dicaments, en fonction de l'Ă©tat de santĂ© de la personne et non pas de ses revenus. Se posent alors deux problĂšmes : le financement et la rĂ©gulation de la consommation mĂ©dicamenteuse. Si des personnes n'ont pas les moyens de s'acheter des mĂ©dicaments, le coĂ»t doit donc en ĂȘtre assurĂ© par l'État, donc par les impĂŽts, cotisations sociales ou taxes d'une maniĂšre ou d'une autre (sur le tabac, l'alcool, etc.) ; il s'agit de fait d'un moyen de redistribution des richesses. Les individus ayant des revenus « suffisants », mais ne pouvant pas couvrir des soins trĂšs onĂ©reux, peuvent Ă©galement contracter une assurance organisant la mutualisation du risque.

Par rapport à un produit de consommation courante, le médicament a une particularité : dans la majorité des cas, celui qui l'utilise (le patient), celui qui le choisit (le médecin prescripteur) et celui qui le paye (l'assurance-maladie) sont distincts. L'un des risques est celui de ne plus pouvoir financer d'autres dépenses utiles. Les dépenses liées à l'allongement de la durée de vie, (dont les Affections longue durée (ALD) en France, qui représentent 60 % des dépenses de l'Assurance-maladie) augmentent et continueront d'augmenter fortement, dans les années à venir. C'est tout l'ensemble du systÚme de soins qui est en question


Médicaments périmés

La consommation de mĂ©dicaments pĂ©rimĂ©s peut entraĂźner des intoxications. En France, les mĂ©dicaments non utilisĂ©s (MNU) peuvent ĂȘtre rapportĂ©s chez le pharmacien, qui les transmet Ă  Cyclamed, organisme chargĂ© de les dĂ©truire. Les MNU ne sont plus triĂ©s pour ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s par des associations humanitaires comme MĂ©decins du Monde ou l'Ordre de Malte dans le cadre de leurs actions depuis le (car le tri pour rĂ©utilisation revenait trop cher Ă  ces organismes). Ils sont brĂ»lĂ©s dans des incinĂ©rateurs. Les emballages peuvent ĂȘtre valorisĂ©s avec les cartons recyclables, seuls les blisters et restes de mĂ©dicaments peuvent ĂȘtre envoyĂ©s Ă  Cyclamed.

Ceci peut représenter toutefois un gùchis considérable[32]. L'analyse de médicaments périmés depuis plus de 20 ans jusqu'à 30 ans a ainsi montré que les principes actifs étaient en majorité toujours présents en quantité acceptable, sauf pour les antibiotiques.

Lieu de conservation

Les mĂ©dicaments doivent ĂȘtre conservĂ©s dans des lieux secs et frais et hors des zones humides. Ils ne doivent donc pas ĂȘtre entreposĂ©s dans la salle de bains ou la cuisine oĂč il y a beaucoup d'humiditĂ©. Les mĂ©dicaments pĂ©rissables tels que certains antibiotiques, les solutions d’inhalation et les gouttes oculaires doivent ĂȘtre conservĂ©s au rĂ©frigĂ©rateur. Une intention particuliĂšre doit ĂȘtre observĂ© concernant les sirops et les crĂšmes. S'ils sont entamĂ©s, la date de pĂ©remption indiquĂ©e sur l’emballage n’est plus valable et la durĂ©e de conservation n’est alors plus que de un Ă  trois mois au maximum[33].

Contamination environnementale

Des résidus médicamenteux contaminent l'environnement (eau et sol en particulier) via les excrétats d'humains ou animaux traités (urine, excréments, exudats, poils, desquamations, mucus et autres fluides provenant des organismes vivant ou de leurs cadavres). Certains sont des hormones ou des perturbateurs endocriniens rejetés dans le milieu avec les urines, qui peuvent agir à doses infimes et qui sont retrouvées dans des réservoirs destinés à produire de l'eau potable[34]. Quels sont les impacts du viagra retrouvé dans des lacs ou riviÚres s'interrogeait R. Masters en 2001[35].

Dans les pays riches (dont en France), globalement, les mĂȘmes molĂ©cules sont trouvĂ©es dans les eaux traitĂ©es d’origine souterraines ou superficielle, ce qui montre une contamination dĂ©jĂ  gĂ©nĂ©rale de l'environnement terrestre, avec des variations pour certaines molĂ©cules : par exemple, la cafĂ©ine, comme on s’y attendait est plus frĂ©quente en surface, de mĂȘme en France que l’époxycarbamazĂ©pine, l’oxazĂ©pam et l’hydroxyibuprofĂšne (jusqu’à 85 ng L−1), alors que la carbamazĂ©pine est plus souvent trouvĂ©e dans les eaux traitĂ©es d’origine souterraine (ce qui laisse penser qu’elle se dĂ©grade plus vite en surface).
Du point de vue toxicologique et Ă©cotoxicologique, Il faudrait ajouter Ă  ces listes les pesticides (dont les phytosanitaires, qui sont les « mĂ©dicaments des plantes », et d’autres molĂ©cules indĂ©sirables, et Ă©valuer les synergies possibles entre ces polluants ; et Ă©tudier la capacitĂ© de certains organismes Ă  Ă©ventuellement bioconcentrer ces produits

En France, selon les donnĂ©es publiĂ©es par l'ANSES en 2011[36] 280 Ă©chantillons d’eaux traitĂ©es ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s dans tous les dĂ©partements mĂ©tropolitains et d’outre-mer (dont 2/3 d’eaux venant de la nappe et 1/3 venant d’eaux superficielles). On y a recherchĂ© 76 molĂ©cules de mĂ©dicaments humains ou vĂ©tĂ©rinaires, dites « prioritaires »[37] dont 45 molĂ©cules ont pu ĂȘtre dosĂ©es (limites de quantification : 1 Ă  50 ng·L-1, chromatographie liquide couplĂ©e Ă  un spectromĂštre de masse)[36].

  • 19 molĂ©cules ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es 1 fois ou plus, dont 14 Ă  des teneurs dĂ©passant la limite de quantification[36] ;
  • 75 % des Ă©chantillons ne contiennent pas de molĂ©cule quantifiable[36] ;
  • 25 % des Ă©chantillons Ă©taient positifs, avec en gĂ©nĂ©ral une Ă  quatre molĂ©cules simultanĂ©ment prĂ©sentes (le plus souvent il s’agissait d’oxazĂ©pam qu’on a dĂ©tectĂ© jusqu’à 91 ng L−1 (comme molĂ©cule-mĂšre ou mĂ©tabolite de la famille des benzodiazĂ©pines), d’époxycarbamazĂ©pine, de carbamazĂ©pine et d’hydroxyibuprofĂšne. L’oxazĂ©pam est le plus frĂ©quent.
    La cafĂ©ine est considĂ©rĂ©e comme un bon « traceur » ou « marqueur anthropique »[38] ; Elle a Ă©tĂ© trouvĂ©e lors de ces mesures dans 49,6 % des eaux brutes et 28,1 % des eaux traitĂ©es (avec un max de 115 ng L−1)[36].

Dans les eaux brutes, il existe plus de molĂ©cules que dans les eaux traitĂ©es (en gĂ©nĂ©ral avec moins de 25 ng L−1). En surface 70 % des prĂ©lĂšvements ne renfermaient pas de molĂ©cule en quantitĂ©s mesurables par les moyens utilisĂ©s. 30 molĂ©cules ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es 1 fois ou plus (dont 16 au-dessus des limites de quantification). Les rĂ©sidus mĂ©dicamenteux ont atteint 400 ng L−1 (dans moins de 1 % des Ă©chantillons).

Dans les eaux traitées :

  • Plus de 90 % des Ă©chantillons prĂ©sentaient une concentration cumulĂ©e infĂ©rieure Ă  25 ng L−1[36].
  • Moins de 5 % des eaux traitĂ©es prĂ©sentaient une teneur cumulĂ©e supĂ©rieure Ă  100 ng L−1[36].
  • La teneur maximale cumulĂ©e retrouvĂ©e dans un Ă©chantillon est de 131 ng L−1[36].

Le , un premier Plan national sur les rĂ©sidus de mĂ©dicaments dans l'eau, a Ă©tĂ© lancĂ© conjointement par les ministĂšres chargĂ©s de l’Écologie et de la SantĂ© pour Ă©valuer et prioriser, en 18 « actions », le risque Ă©ventuel liĂ© Ă  la prĂ©sence de molĂ©cules issues de mĂ©dicaments dans l’eau, les consĂ©quences Ă©cosystĂ©miques possibles ainsi que pour a santĂ© et les modes de gestions et de contrĂŽle possibles. Il doit aussi proposer des actions de rĂ©duction de la dispersion mĂ©dicamenteuse dans l’eau[39], tout en dĂ©veloppant la recherche. Dans ce cadre, l'AFSSAPS et l'ANSES vont proposer une mĂ©thode d'Ă©valuation des risques sanitaires (fin 2011), qui sera appliquĂ©e Ă  la carbamazĂ©pine puis aux autres molĂ©cules identifiĂ©es lors de la campagne 2011[40].

Bibliographie

  • MĂ©dicaments, Rueil-Malmaison, Groupe Liaisons, , 867 p. (ISBN 978-2-915585-41-4, lire en ligne)
  • Jacques Beaulieu, Ces mĂ©dicaments qui ont changĂ© nos vies, Éditions Multimondes, , 182 p. (ISBN 978-2-89544-478-7)
  • Claude Bohuon et Claude Monneret, Fabuleux hasards Histoire de la dĂ©couverte de mĂ©dicaments, EDP Sciences, , 140 p. (ISBN 978-2-7598-0378-1)
  • Serge Kirkiacharian, Guide de chimie mĂ©dicinale et mĂ©dicaments, Lavoisier, , 869 p. (ISBN 978-2-7430-1906-8, lire en ligne)
  • Luc Perino, Une brĂšve histoire du mĂ©dicament, L’Ɠil Neuf Éditions, , 137 p. (ISBN 978-2-915543-29-2)

Notes et références

  1. D’aprĂšs l’article L.5111-1 du Code de la santĂ© publique, en France.
  2. Mathieu Guerriaud, « Droit pharmaceutique - Elsevier Masson - 2016 », sur elsevier-masson.fr (ISBN 9782294747564, consulté en ).
  3. « Code de la santé publique », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
  4. « Quelle est la procédure de délivrance d'un certificat complémentaire de protection (CCP) ? », sur INPI.fr, (consulté le )
  5. Parlement EuropĂ©en, « RĂšglement (CE) nÂș 141/2000 du Parlement europĂ©en et du Conseil, du 16 dĂ©cembre 1999, concernant les mĂ©dicaments orphelins », (consultĂ© le ), Article 8
  6. Le Monde du jeudi , p. 3.
  7. « Les quatre phases d’un essai clinique », sur AFM-TĂ©lĂ©thon, (consultĂ© le )
  8. « Les essais cliniques (Recherches interventionnelles portant sur un produit de santé) », sur inserm.fr
  9. « Les phases d'un essai clinique », sur fr.gsk.com (consulté le )
  10. (en) Suvarna Viraj, « Phase IV of Drug Development », Perspectives in Clinical Research, vol. 1, no 2,‎ , p. 57 (PMID 21829783, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. Voir la Classification selon Delay et Deniker (1957), validée par le congrÚs mondial de psychiatrie en 1961. Sédatifs psychiques, ralentissant l'activité du systÚme nerveux : hypnotiques (barbituriques) ; neuroleptiques ; sels de lithium ; tranquillisants (anxiolytiques), sédatifs classiques (benzodiazépines) et antiépileptiques.
  12. Définition des Listes I et II sur le site internet du ministÚre de la Santé.
  13. « Vidal - GAMME DE MÉDICAMENTS GARDENAL », sur eurekasante.vidal.fr (consultĂ© le ).
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