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Amidon

L'amidon (du latin amulum ou amylum, non moulu) est un glucide (sucre) complexe (polysaccharide ou polyoside) composé d'unités D-glucose (sucre simple). Il s'agit d'une molécule de réserve pour les végétaux supérieurs et un élément courant de l'alimentation humaine.

Amidon
Image illustrative de l’article Amidon
Structure de l'amylopectine.
Identification
No CAS 9005-25-8
No ECHA 100.029.696
No CE 232-679-6
Apparence poudre blanche inodore[1]
Propriétés chimiques
Formule (C6H10O5)n
Propriétés physiques
T° fusion 200 °C (décomposition)[1]
SolubilitĂ© 50 g L−1 (eau, 90 °C)[1]
T° d'auto-inflammation environ 400 °C[1]
Écotoxicologie
DL50 6 600 mg kg−1 (souris, i.p.)[2]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Chez les animaux et les champignons, l'équivalent de l'amidon est le glycogÚne : molécule de stockage de glucides et donc d'énergie.

Origine botanique

L'amidon se trouve dans les organes de réserves de nombreuses plantes :

On trouve aussi de l'amidon dans les organes photosynthétiques de plantes, notamment au niveau des feuilles. Il est alors qualifié d'amidon transitoire, puisqu'il est synthétisé pendant la journée (lorsque la photosynthÚse est active) et dégradé pendant la nuit pour fournir les autres organes en carbone et énergie.

Structure

L'amidon est un mélange de deux homopolymÚres, l'amylose et l'amylopectine composés d'unités D-anhydroglucopyranose (AGU) qui appartiennent à la famille des polysaccharides (ou polyosides) de formule chimique générale (C6H10O5)n. Les unités AGU sont liées entre elles par des liaisons α (1-4), en général caractéristiques des polyosides de réserve (à l'exception de l'inuline) et des liaisons α (1-6) qui sont à l'origine de ramifications dans la structure de la molécule. Ces deux homopolymÚres, qui diffÚrent par leur degré de branchement et leur degré de polymérisation sont :

  • l'amylose, lĂ©gĂšrement ramifiĂ© avec de courtes branches et dont la masse molĂ©culaire peut ĂȘtre comprise entre 10 000 et 1 000 000 daltons. La molĂ©cule est formĂ©e de 600 Ă  1 000 unitĂ©s de glucose ;
  • l'amylopectine ou isoamylose, molĂ©cule ramifiĂ©e avec de longues branches toutes les 24 Ă  30 unitĂ©s glucose par l'intermĂ©diaire des liaisons α (1-6). Sa masse molĂ©culaire peut aller de 1 000 000 Ă  100 000 000 daltons, selon les estimations scientifiques, et son niveau de branchement est de l'ordre de 5 %. La chaĂźne totale peut faire entre 10 000 et 100 000 unitĂ©s glucose.

Le ratio entre l'amylose et l'amylopectine dĂ©pend de la source botanique de l'amidon. Parfois, il y a aussi prĂ©sence de phytoglycogĂšne (entre 0 et 20 % de l'amidon), un analogue de l'amylopectine mais ramifiĂ© tous les 10 Ă  15 rĂ©sidus glucose.

BiosynthĂšse

Les plantes produisent l'amidon en convertissant d'abord le glucose-1-phosphate en ADP-glucose grĂące Ă  l'enzyme glucose-1-phosphate adĂ©nylyltransfĂ©rase. L'enzyme synthase de l'amidon ajoute ensuite l'ADP-glucose Ă  une chaĂźne en croissance d'unitĂ©s AGU via les liaisons α (1-4), libĂ©rant de l'ADP et crĂ©ant l'amylose. L'enzyme de branchement de l'amidon crĂ©e des liaisons α (1-6) entre ces chaĂźnes, crĂ©ant la molĂ©cule d'amylopectine. Plusieurs formes de ces enzymes existent, ce qui rend la biosynthĂšse de l'amidon extrĂȘmement complexe.

Structure supramoléculaire

Grains d’amidon de pomme de terre.

Le grain d'amidon se présente sous forme de granules semi-cristallins : l'amylopectine est organisée en feuillets et forme ainsi la zone cristalline, tandis que l'amylose forme une zone amorphe entre les différents feuillets.

Propriétés chimiques

L'amidon est insoluble dans les solvants aqueux dans des conditions normales de tempĂ©rature et de pression. Des traitements acides, basiques ou la sonication permettent toutefois de pallier cela mais sont en rĂ©alitĂ© destructeurs pour les molĂ©cules d'amidon. Dans le cas des solvants organiques, l'amidon est soluble dans le dimĂ©thylsulfoxyde dans des conditions douces; l'ajout de sel (bromure de lithium ou chlorure de lithium) permet d'empĂȘcher la rĂ©trogradation de l'amylose, phĂ©nomĂšne durant lequel les molĂ©cules d'amylose tendent Ă  se rassembler dans des zones amorphes en suspension.

En suspension dans l'eau, on obtient du lait d'amidon, suspension instable mais qui, chauffée à 60 °C, devient visqueuse et translucide, entamant le processus de gélatinisation de l'amidon qui forme un empois[4].

Au contact d'une solution iodo-iodurée, un amidon contenant de l'amylose prendra une teinte violette par complexation des ions.

L'amidon ne peut pas rĂ©duire la liqueur de Fehling, car sa fonction aldĂ©hyde (R–CHO) rĂ©ductrice est « masquĂ©e » en acĂ©tal (RO-CH-RO).

La molécule seule d'amylose s'organise en une hélice droite à six unités glucose par tour.

Digestion

Lors de la digestion, les molĂ©cules d'amidon se dissocient en chaĂźnes glucanes linĂ©aires, elles-mĂȘmes dissociĂ©es en glucoses simples et assimilables par le systĂšme digestif. Les amylases, prĂ©sentes dans la salive ainsi que dans le suc pancrĂ©atique, permettent l'hydrolyse de l'amidon en dextrines (dont l'isomaltose), puis en maltotriose, puis en maltose (un diholoside) et glucose (un ose) pour finir. Par la suite dans l'intestin, dextrines et du maltose finissent par hydrolyse en glucose, sous l'action de deux enzymes : la maltase et l'isomaltase.

La digestion est d'autant plus rapide que la proportion d'amylopectine est importante et celle d'amylose faible dans l'amidon digéré. En effet, la formation hélicoïdale de l'amylose ne favorise pas l'accessibilité des enzymes. L'utilisation dans l'industrie agroalimentaire d'amidons à fort taux d'amylose permet ainsi de produire des aliments à faible indice glycémique, qui ne favorisent pas le diabÚte.

Une molécule de réserve d'énergie

Pour le végétal, l'amidon est une réserve d'énergie chimique et de nutriment, nécessaire pour survivre à la mauvaise saison (sÚche ou froide). Il permet de stocker des nutriments glucidiques dans les cellules, sans les dissoudre dans l'eau. En effet, la présence de glucides simples augmente le potentiel osmotique interne des cellules ce qui nécessite une grande quantité d'eau. L'amidon est une forme de réserve de glucides qui permet d'économiser l'eau. Dans les cellules, il se présente sous forme de grains visibles au microscope : les amyloplastes.

Amyloplaste de cellules de pomme de terre (microscopie optique).

L'amidon est Ă©galement une des ressources caloriques principales pour l'espĂšce humaine, car il est le constituant principal des cĂ©rĂ©ales (riz, maĂŻs, blĂ©, sorgho, etc.) et de la pomme de terre. Au contraire des glucides simples faciles Ă  digĂ©rer, l'amidon, du fait de sa structure complexe, rend le travail enzymatique plus difficile lors de la digestion : se distinguent ainsi les glucides rapides des glucides lents. Un sucre lent est un sucre complexe polysaccharide qui serait plus difficile Ă  dĂ©composer que les sucres simples mono- ou disaccharides. Si cette conception glucides rapides / glucides lents est souvent utilisĂ©e dans le langage courant, elle est aujourd’hui considĂ©rĂ©e comme non pertinente par la mĂ©decine, qui prĂ©fĂšre classer les glucides d'un point de vue diĂ©tĂ©tique selon leur indice glycĂ©mique. Cependant, chez l'animal, l'amidon ne peut ĂȘtre stockĂ©, les rĂ©serves sont essentiellement des lipides, qui proviennent surtout du mĂ©tabolisme des glucides.

Chez les plantes de la famille des Astéracées (anciennement Composées) et chez les animaux, la molécule de réserve n'est pas l'amidon, mais respectivement l'inuline et le glycogÚne.

Utilisations industrielles

Les dĂ©bouchĂ©s industriels sont essentiellement l'agroalimentaire Ă  travers l'industrie des boissons, confiseries, boulangeries, l'industrie chimique qui l'utilise dans les procĂ©dĂ©s de fermentation pour la production de bioĂ©thanol, les traitements de surface, la formulation de colles, l'encapsulation de produits pharmaceutiques, les cosmĂ©tiques, la papeterie et les matiĂšres plastiques biodĂ©gradables. L'empois d'amidon Ă©tait aussi utilisĂ© autrefois, pour l'empesage des vĂȘtements. L'amidon de pomme de terre est Ă©galement utilisĂ© comme excipient dans divers mĂ©dications sous forme comprimĂ©es.

L'amidon issu de céréales est utilisé pour produire des édulcorants, tels que le sirop d'orge malté, le sirop de maïs, le sirop de riz brun ou encore le sirop de maïs à haute teneur en fructose.

L'amidon, principalement extrait de la pomme de terre, est souvent transformé à des fins industrielles et peut subir différentes modifications :

  • les modifications physiques : prĂ©cuisson sur cylindre, en extrusion ou en tour d'atomisation ;
  • les modifications physico-chimiques : dextrination Ă  haute tempĂ©rature et Ă  pH extrĂȘmes ;
  • les modifications chimiques : rĂ©ticulation et substitution ;
  • les modifications biologiques : hydrolyse contrĂŽlĂ©e par des systĂšmes enzymatiques.

Liste des amidons modifiés

Les amidons dits « modifiés » (autorisés ou en cours d'examen de demande d'autorisation en Europe) sont repris par le « SystÚme international de numérotation des additifs alimentaires » (SIN)[5] :

Numéros E Amidon modifié Principe de la synthÚse industrielle
E1401 Amidon traité aux acides
Amidon fluidifié
Traitement avec l'acide chlorhydrique ou l'acide sulfurique ou l'acide phosphorique
E1402 Amidon traité aux bases
E1403 Amidon blanchi Traitement avec l’acide peracĂ©tique et eau oxygĂ©nĂ©e, ou eau de Javel ou chlorite, ou sulfites, ou permanganate de potassium ou persulfate d’ammonium
E1404 FĂ©cule oxydĂ©e Traitement par l’hypochlorite de sodium
E1405 Amidon traité aux enzymes
E1410 Phosphate de monoamidon EstĂ©rification avec l’acide orthophosphorique ou sels de sodium ou potassium, ou le tripolyphosphate de sodium
E1411 Glycérolamidon
E1412 Phosphate de diamidon estĂ©rifiĂ© au trimĂ©taphosphate de sodium EstĂ©rification avec le trimĂ©taphosphate de sodium ou l’oxychlorure de phosphore
E1413 Phosphate de diamidon phosphaté Combinaison des deux traitements précédents
E1414 Phosphate de diamidon acĂ©tylĂ© EstĂ©rification par le trimĂ©taphosphate de sodium ou l’oxychlorure de phosphore en combinaison avec une estĂ©rification par l’anhydride acĂ©tique ou l’acĂ©tate de vinyle
E1420 AcĂ©tate d'amidon estĂ©rifiĂ© Ă  l'anhydride acĂ©tique EstĂ©rification par l’anhydride acĂ©tique ou l’acĂ©tate de vinyle
E1421 Acétate d'amidon estérifié à l'acétate de vinyle
E1422 Adipate de diamidon acĂ©tylĂ© EstĂ©rification par l’anhydride acĂ©tique l’anhydride adipique
E1423 Glycérol de diamidon acétylé
E1440 Amidon hydroxypropylique
E1442 Phosphate de diamidon hydroxypropylique EstĂ©rification par le trimĂ©taphosphate de sodium ou l’oxychlorure de phosphore et Ă©thĂ©rification avec l’oxyde de propylĂšne
E1443 Glycérol de diamidon hydroxypropylique
E1450 OctĂ©nyle succinate d'amidon sodique EstĂ©rification par l’anhydride octĂ©nyl succinique
E1451 Amidon acĂ©tylĂ© oxydĂ© Traitement par l’hypochlorite de sodium suivi d’une estĂ©rification par l’anhydride acĂ©tique
E1452 Amidon modifié, Succinate octénylique d'amidon aluminique, Octényle succinate d'amidon et d'aluminium Modifié chimiquement avec de l'acide succinique, de l'octanol et du sulfate d'aluminium.

Un amidon dit rĂ©sistant est « communĂ©ment dĂ©fini comme « la somme de l’amidon et des produits de dĂ©gradation de l’amidon non absorbĂ©s dans l’intestin grĂȘle d’individus sains ». Il comprend quatre types, le type 4 (RS4) regroupant les amidons modifiĂ©s chimiquement dont fait partie le PDP. La teneur minimale en fibres alimentaires du NI, estimĂ©e par la mĂ©thode AOAC1 no 991.43, est de 66 %. » (Avis ANSES, 2011[6])

Notes et références

  1. EntrĂ©e « Starch Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 27 mai 2009 (JavaScript nĂ©cessaire).
  2. (en) « Amidon », sur ChemIDplus (consulté le 27 mai 2009).
  3. La distinction entre amidon et fécule tient aux racines latines de la langue française. Ils prennent respectivement leur nom suivant la partie de la plante dont ils sont extraits : l'amidon provient exclusivement des graines de céréales (blé, maïs, riz) tandis que la fécule provient de tubercules, racines ou tiges de certaines plantes (pommes de terre, manioc, sagou, etc.).
  4. Renée Bousquet et Anne Laurent, Travaux pratiques de techniques culinaires, Wolters Kluwer France, , p. 74.
  5. Codex Alimentarius (1989), Noms de catégorie et systÚme international de numérotation des additifs alimentaires, CAC/GL 36-1989, p. 1-35.
  6. Avis de l'Anses relatif à l'évaluation du rapport d'évaluation initiale des autorités britanniques concernant la mise sur le marché d'un nouvel ingrédient alimentaire : phosphate de diamidon phosphaté, 16 novembre 2011.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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