Agence européenne des produits chimiques
LâAgence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC ; en anglais : European Chemicals Agency, ECHA) est une agence europĂ©enne crĂ©Ă©e par le rĂšglement enregistrement, Ă©valuation et autorisation des produits chimiques (REACH, pour Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals, en anglais).
Agence européenne des produits chimiques | |
CoordonnĂ©es | 60° 09âČ 29âł nord, 24° 55âČ 57âł est |
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Agence européenne décentralisée | |
Localisation | Telakkakatu 6 Helsinki (Finlande) |
Formation | |
Signée | |
Ătablie | |
Directeur | BjĂžrn Hansen (interimaire) |
Site Web | echa.europa.eu |
L'agence a été créée le (date de la signature du rÚglement REACH) et a ouvert ses portes le (date d'entrée en vigueur du rÚglement). Elle est basée à Helsinki (Annankatu 18), en Finlande. Elle a le rÎle de régulateur des substances chimiques. En fonction des données des entreprises référencées dans le cadre du REACH, elle évalue la dangerosité des actifs chimiques.
Bases légales
«
Titre X
L'Agence
Article 75
Institution et rĂ©examen1. Il est instituĂ©[1] une Agence europĂ©enne des produits chimiques aux fins de la gestion, et dans certains cas, de la mise en Ćuvre des aspects techniques, scientifiques et administratifs du prĂ©sent rĂšglement et en vue d'en garantir la cohĂ©rence au niveau communautaire. »
Objectifs
L'agence doit répondre à deux objectifs, pouvant parfois apparaitre contradictoires ;
- contribuer à garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et l'environnement, y compris par la promotion des méthodes et solutions alternatives, par l'évaluation des risques liés aux substances chimiques, ainsi qu'induits par la libre circulation des substances sur le marché intérieur,
- tout en améliorant la compétitivité et l'innovation.
Elle doit aussi s'assurer de la crĂ©dibilitĂ© de la lĂ©gislation sur les produits chimiques, des processus dĂ©cisionnels et bases scientifiques, pour toutes les parties prenantes et le grand public. Enfin, elle doit coordonner la communication concernant le rĂšglement REACH et sa mise en Ćuvre.
RĂŽle
- Gérer et mener à bien les aspects techniques, scientifiques et administratifs du rÚglement REACH (procédures d'enregistrement, d'évaluation, d'autorisation et de restriction relatives aux substances chimiques,
- Assurer la cohérence au niveau communautaire en ce qui concerne ces aspects ;
- Fournir aux Ătats membres et aux institutions de l'Union les meilleurs connaissances scientifiques et conseils techniques et scientifiques possibles sur ces questions.
- Effectuer la classification et l'étiquetage des substances chimiques découlant du rÚglement CLP (CE) n° 1272/2008
Gouvernance
Elle est assurée par :
- un conseil de gestion (management board), qui associe :
- 27 membres provenant des Ătats membres de l'UE,
- 6 représentants de la Commission, dont 3 membres sans droit de vote (nommé pour représenter les parties intéressées),
- 2 représentants du Parlement européen.
Remarque : La cour des comptes europĂ©enne a fait remarquer que la surreprĂ©sentation des Ătats Ă©tait une source de risque de conflit d'intĂ©rĂȘt.
- Une chambre de recours ; elle doit garantir le traitement équitable des recours faits par toute partie affectée par les décisions de l'AEPC, et qui doit conclure sur ces recours ;
- Elle est statutairement composée d'un président et de deux membres qui sont employés de l'AEPC ;
- En outre, le conseil d'administration a nommĂ© des membres supplĂ©ants et d'autres qui ne sont pas des employĂ©s de l'AEPC (ce qui induit aussi selon la cour des comptes un risque supplĂ©mentaire de conflit d'intĂ©rĂȘt).
- Organes consultés (Comités, Panels, conseils consultatifs, forums)
- Un comité d'évaluation des risques (Committee for Risk Assessment) ;
- Un comitĂ© reprĂ©sentant les Ătats membres ;
- Un comité d'analyse socio-économique ;
- Forum d'Ă©change d'informations sur l'application de Reach, qui coordonne un rĂ©seau d'autoritĂ©s des Ătats-membres chargĂ©es de l'application du rĂšglement REACH.
DĂ©cisions
LâAgence europĂ©enne des produits chimiques, en indiquant le qu'elle ne classait pas le glyphosate, principe actif du Roundup parmi les substances cancĂ©rogĂšnes (avĂ©rĂ©es), « prend ainsi le contre-pied de lâOrganisation mondiale de la santĂ© et ouvre la voie Ă une rĂ©autorisation du produit en Europe »[2]. Cette derniĂšre, plus prĂ©cisĂ©ment le CIRC, lâa classĂ© en 2015 dans la catĂ©gorie 2A comme cancĂ©rogĂšne probable, donc ni cancĂ©rogĂšne avĂ©rĂ© (catĂ©gorie 1), ni cancĂ©rogĂšne possible (catĂ©gorie 2B).
Critiques
Soupçons de conflits d'intĂ©rĂȘts
Pour Ă©viter les situations de conflit d'intĂ©rĂȘt et protĂ©ger la gouvernance de l'Agence de toute interfĂ©rence politique ou de pressions de lobbys industriels, les dĂ©cisions de l'Agence doivent ĂȘtre prises par une autoritĂ© neutre et indĂ©pendante, dotĂ©e des compĂ©tences nĂ©cessaires. Aussi seront-elles prises par le directeur exĂ©cutif de l'agence, thĂ©oriquement lui-mĂȘme placĂ© sous la tutelle d'une instance d'appel indĂ©pendante, chargĂ©e de contrĂŽler la bonne application du rĂšglement et des mesures d'exĂ©cution correspondantes adoptĂ©es par la Commission europĂ©enne. Le directeur exĂ©cutif est nommĂ© par le conseil d'administration de l'agence, composĂ© de reprĂ©sentants des Ătats membres et de la Commission, qui doit, sous le contrĂŽle de cette derniĂšre, dĂ©finir les prioritĂ©s, fixer le budget et surveiller le fonctionnement de l'agence.
En 2012, un audit europĂ©en de la cour des comptes europĂ©enne[3] a cependant constatĂ© un dĂ©faut de dispositif de prĂ©vention et/ou rĂ©solution des conflits d'intĂ©rĂȘts au sein de l'Agence (ainsi que dans 3 autres agences europĂ©ennes devant Ă©galement « prendre des dĂ©cisions importantes concernant la sĂ©curitĂ© et la santĂ© des consommateurs » (Agence europĂ©enne de la sĂ©curitĂ© aĂ©rienne (EASA), l'Agence europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (AESA) et l'Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments (AEM)[3]). La cour reconnait certes les progrĂšs faits, et que l'Agence a mis en place certaines procĂ©dures pour limiter le risque de conflits d'intĂ©rĂȘts, mais avec des « lacunes importantes »[4].
Une soixantaine d'associations de la sociĂ©tĂ© civile, parmi lesquelles Greenpeace, alertent le l'agence sur les conflits d'intĂ©rĂȘts touchant plusieurs de ses membres, au moment oĂč l'agence doit rendre un rapport sur le glyphosate. Plusieurs des experts de l'agence travaillent ou ont travaillĂ© comme consultants pour l'industrie chimique. « Pour les organisations signataires, les experts pointĂ©s sont donc, selon les propres critĂšres de lâECHA, en situation de conflits dâintĂ©rĂȘts », mais selon l'agence, si les experts « offrent des services de consultance Ă lâindustrie, [c'est] une pratique normale »[5].
Méthodologie et études non publiées
L'Agence fonde ses expertises sur des Ă©tudes scientifiques comme sur des Ă©tudes financĂ©es et fournies par les industriels, et qui ne sont pas publiĂ©es. Pour Greenpeace, « il faut mettre fin Ă lâutilisation des Ă©tudes non-publiĂ©es qui viennent de lâindustrie, afin que les dĂ©cisions des agences europĂ©ennes puissent ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es indĂ©pendamment »[5].
Faible efficacité des normes Reach
Le , la fédération allemande pour l'environnement et la protection de la nature (Bund) révÚle en utilisant les données fournies par l'agence fédérale de l'environnement allemande comme par l'Agence européenne des produits chimiques que 654 entreprises opérant en Europe ne respectent pas, entre 2014 et 2019, le protocole européen d'enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques, censé protéger la santé et l'environnement des Européens. Ces entreprises emploient massivement des substances de synthÚse interdites et potentiellement dangereuses[6] - [7] - [8].
Sources
Références
- Regulation (EC) No 1907/2006 of the European Parliament and of the Council of 18 December 2006 concerning the registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals (REACH) and establishing a European Chemicals Agency
- « Pesticides : lâAgence europĂ©enne des produits chimiques blanchit le glyphosate », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- ECA (european court of auditors) (2012), Management of conflict of interest in selected EU Agencies ; Special Report no 15 2012 ; (ISBN 978-92-9237-876-9) ; Doi:10.2865/21104, PDF, 106 pp
- Point VII du rapport (dĂ©jĂ citĂ© de l'ECA) : Though ECHA has developed Agency-specific policy and procedures for management of conflict of interest, the policy and procedures for ECHAâs staff and Board of Appeal have significant shortcomings
- StĂ©phane Foucart, « LâAgence europĂ©enne des produits chimiques interpellĂ©e sur le dossier glyphosate », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- StĂ©phane Mandard, « Au moins 654 entreprises ne respectent pas la rĂ©glementation sur les substances chimiques », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-US) Jack HUNTER, « Named: major brands âbreaking EU chemical safety lawâ », sur EEB - The European Environmental Bureau (consultĂ© le )
- (en) Elke Ărtl, REACH Compliance: Data availability in REACH registrations Part 2: Evaluation of data waiving and adaptations for chemicals â„ 1000 tpa, Umweltbundesamt, (lire en ligne)