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Enregistrement, Ă©valuation et autorisation des produits chimiques

Enregistrement, Ă©valuation, autorisation et restriction des substances chimiques — en anglais : Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals (REACH) — est un rĂšglement du Parlement europĂ©en et du Conseil de l'Union europĂ©enne, adoptĂ© le [1], qui modernise la lĂ©gislation europĂ©enne en matiĂšre de substances chimiques, et met en place un systĂšme intĂ©grĂ© unique d'enregistrement, d'Ă©valuation et d'autorisation des substances chimiques dans l'Union europĂ©enne.

Son objectif est d'amĂ©liorer la protection de la santĂ© humaine et de l’environnement, tout en maintenant la compĂ©titivitĂ© et en renforçant l'esprit d’innovation de l'industrie chimique europĂ©enne. Dans plusieurs domaines concurrentiels, durant sa nĂ©gociation (de 2001 Ă  2006), ce rĂšglement a suscitĂ© contre lui une « bataille des lobbies », Ă©quilibrĂ©e selon L. Bu par le contre-lobbying de quelques grandes ONG impliquĂ©es dans le processus[2].

La rĂ©glementation donne un rĂ©sultat mitigĂ© puisque de nombreuses entreprises ne le respectent pas: en novembre 2018, le directeur de l’Agence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC) admet que les deux tiers des dossiers instruits par ses services ne sont pas conformes Ă  la rĂ©glementation Reach[3].

Les locaux de l'Agence européenne des produits chimiques à Helsinki.

Évolution

Historique

La politique de l'Union européenne concernant les substances chimiques repose sur quatre directives principales :

  • la directive 67/548/CEE du 27 juin 1967[4] ;
  • la directive 76/769/CEE du 27 juillet 1976[5] ;
  • la directive 88/379/CEE du 7 juin 1988[6] ;
  • le rĂšglement (CEE) no 793/93 du 23 mars 1993[7].

En 1981, une distinction est faite entre « substances chimiques existantes » et « substances chimiques nouvelles ».

Les importateurs et les fabricants doivent notifier les nouvelles substances. Celles-ci doivent obĂ©ir Ă  la directive 67/548/CE, qui, depuis un amendement de 1993, exige en plus tests et Ă©valuation des risques pour la santĂ© humaine et l'environnement, lorsque la commercialisation prĂ©voit des quantitĂ©s supĂ©rieures ou Ă©gales Ă  10 kg/an. En dessous de ce seuil, une rĂ©glementation spĂ©ciale est prĂ©vue. Notification et Ă©valuation ne signifient pas pour autant que les nouvelles substances ne sont pas dangereuses[8].

Durant les annĂ©es 1990 un programme sur les produits existants a Ă©tĂ© introduit[9]. En 1993, le rĂšglement (CEE) no 793/93 prĂ©voit l'Ă©valuation des cent mille substances existantes, chaque État membre se rĂ©partissant les substances prioritaires : soit 141 entre 1994 et 2004[10]. Le nombre de substances existantes dĂ©clarĂ© en 1981 Ă©tait de 100 106. En dĂ©cembre 2005 il Ă©tait de 100 204 : il s'agit d'une liste close[11]. En 2001, 2 700 substances nouvelles sont rĂ©pertoriĂ©es, 4 000 environ en 2005.

En 1998, le Conseil des ministres de l'environnement de l'Union européenne s'engage à évaluer le fonctionnement des instruments juridiques de contrÎle des substances chimiques dans la Communauté, ce qui aboutit en février 1999 à une vaste réunion à laquelle participent scientifiques, responsables de réglementation, industriels, ONG de protection de la nature et de défense des consommateurs[8].

En fĂ©vrier 2001 est publiĂ© le Livre Blanc de la Commission europĂ©enne : « StratĂ©gie pour la future politique dans le domaine des substances chimiques »[12]. Ce livre a conclu Ă  la nĂ©cessitĂ© d'une rĂ©forme de la lĂ©gislation afin d' « assurer un niveau Ă©levĂ© de protection de la santĂ© humaine et de l'environnement », tout en permettant de « garantir le bon fonctionnement du marchĂ© intĂ©rieur et de veiller Ă  la compĂ©titivitĂ© de l'industrie chimique » de l'Union europĂ©enne. Il envisage la crĂ©ation d'un nouveau systĂšme de contrĂŽle des substances chimiques dont l'objectif principal est « de garantir une information adĂ©quate et accessible Ă  tous, ainsi qu'une gestion appropriĂ©e des risques prĂ©sentĂ©s par les substances existantes et par les substances nouvelles ». Ce systĂšme, appelĂ© REACH, fonctionne sur la base d'une instance d'enregistrement, une autre d'Ă©valuation et une derniĂšre d'autorisation des substances. Un des principaux problĂšmes rĂ©vĂ©lĂ© par l'Ă©tude Ă©tait que les substances existantes n'Ă©taient pas soumises aux mĂȘmes exigences d'essai que les nouvelles, conduisant Ă  une mĂ©connaissance gĂ©nĂ©rale des propriĂ©tĂ©s et des utilisations de ces premiĂšres. De plus ce sont les autoritĂ©s qui Ă©taient chargĂ©es de l'Ă©valuation au lieu des entreprises qui produisaient, importaient ou utilisaient les substances. La lĂ©gislation requĂ©rait uniquement des informations de la part des fabricants et des importateurs de substances, et pas des utilisateurs situĂ©s en aval (utilisateurs industriels et formulateurs). Enfin cette mĂ©connaissance Ă©tait aussi considĂ©rĂ©e comme un frein Ă  la recherche et Ă  l'innovation industrielle, dans la mesure oĂč les industriels prefĂšrent utiliser les substances « existantes » car moins chĂšres[8].

Une proposition de législation paraßt le 29 octobre 2003[13], instituant une agence européenne des produits chimiques et modifiant la directive 1999/45/CE[14] et le rÚglement (CE) sur les polluants organiques persistants. La Commission européenne adopte le projet de rÚglement REACH.

La proposition de rÚglement a été votée le 17 novembre 2005 par le Parlement européen et a été adoptée en deuxiÚme lecture le 13 décembre 2006. Le rÚglement entre en application progressivement à partir de 2007.

AprĂšs d'intenses nĂ©gociations entre la Commission, le Parlement, les États membres de l'Union europĂ©enne et les parties intĂ©ressĂ©es, les derniers points faisant dĂ©bat concernaient une Ă©ventuelle simplification de la dĂ©claration des substances de faible volume, et les modalitĂ©s d'autorisation des substances prĂ©occupantes (cancĂ©rogĂšnes, mutagĂšnes, reprotoxiques, etc.).

Principales dispositions du rÚglement n° 1907/2006

Le rÚglement vise progressivement à supprimer dans l'Union européenne les substances chimiques les plus dangereuses. Pour cela, la charge de la preuve de l'innocuité des produits chimiques couramment utilisés est inversée : c'est à l'industriel (et l'importateur) de démontrer l'innocuité de ces substances pour l'homme et la nature, par des études sur les risques sur la santé humaine et sur l'environnement, avant leur mise sur le marché ou leur utilisation. Il dispose, en son article premier :

« Il incombe aux fabricants, aux importateurs et aux utilisateurs en aval de veiller Ă  fabriquer, mettre sur le marchĂ© ou utiliser des substances qui n’ont pas d’effets nocifs pour la santĂ© humaine et l’environnement. Ces dispositions reposent sur le principe de prĂ©caution. »

REACH vise toutes les substances chimiques, produites ou importées, existantes ou nouvelles, à partir d'un volume annuel supérieur à une tonne, soit trente mille substances (parmi les plus de cent mille utilisées en Europe et sur plusieurs dizaines de millions de substances chimiques existantes selon Fabrice Nicolino[15] - [16]).

Une Agence européenne des produits chimiques enregistrera les molécules, les fera évaluer et les enregistrera dans une base de données accessible aux entreprises, aux particuliers et aux ONG.

Certaines substances sont soumises à une autorisation spécifique :

  • celles classĂ©es CMR 1 ou 2 ; cancĂ©rigĂšne, mutagĂšne, repro-toxique (dont perturbateurs endocriniens)
  • celles les plus nocives pour l'environnement, c'est-Ă -dire :
  • et celles que l'Agence estime prĂ©senter un risque trĂšs Ă©levĂ© (l'Agence se rĂ©serve le droit de dĂ©finir elle-mĂȘme quelles substances doivent ĂȘtre soumises Ă  autorisation).

Ces substances soumises Ă  autorisation sont considĂ©rĂ©es prĂ©occupantes et doivent ĂȘtre rĂ©gularisĂ©es dans un dĂ©lai de trois ans et demi Ă  compter du 1er juin 2007 (la liste de ces substances sera mise en annexe XIV du rĂšglement d'ici un an).

Tous les documents dĂ©tenus par l'Agence europĂ©enne des produits chimiques doivent thĂ©oriquement pouvoir ĂȘtre communiquĂ©s, mais en rĂ©alitĂ© de nombreuses exemptions[17] sont dĂ©jĂ  prĂ©vues, dont pour respecter la confidentialitĂ© de donnĂ©es jugĂ©es sensibles (secret de fabrication..). Ainsi la composition complĂšte d'une prĂ©paration ; voire parfois l'utilisation, la fonction ou l'application prĂ©cise d'une substance ou d'une prĂ©paration ainsi que des informations prĂ©cises sur l'utilisation en tant qu'intermĂ©diaire ; la quantitĂ© exacte de la substance ou de la prĂ©paration fabriquĂ©e ou vendue ; ou les liens existants entre un fabricant ou un importateur et ses distributeurs ou ses utilisateurs pourront ĂȘtre cachĂ©s. Le producteur doit justifier pourquoi il juge nĂ©cessaire de cacher certaines informations. L'Agence peut nĂ©anmoins les publier si une action urgente est nĂ©cessaire (sĂ©curitĂ©, santĂ© ou protection de l'environnement).

Conformément à la convention d'Aarhus ratifiée par l'UE (et la France), l'article 77-2-e du rÚglement prévoit que le secrétariat de l'Agence européenne des produits chimiques mette en place et tienne à jour des bases de données (gratuite sur Internet, pour une partie des informations, sauf en cas de demande satisfaite de confidentialité) sur les substances enregistrées, les classifications et des étiquetages, et leur liste harmonisée.

Brexit

Il est prévu que le statut du Royaume-Uni vis-à-vis de Reach change au 30 mars 2018, en raison de sa sortie de l'Union européenne[18].

Exemptions

  • REACH n’est pas applicable :
    • aux substances radioactives (directive 96/29 Euratom) ;
    • aux substances soumises Ă  un contrĂŽle douanier, en dĂ©pĂŽt temporaire, en zone franche ou en entrepĂŽt franc en vue de leur rĂ©exportation, ou en transit ;
    • au transport de substances dangereuses telles quelles ou contenues dans des prĂ©parations dangereuses (tous modes).
  • Exemptions spĂ©cifiques aux diffĂ©rents processus (enregistrement, Ă©valuation, autorisation et restrictions).
  • Les dĂ©chets (dir. 75/442 et modifications) ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des substances, des prĂ©parations ou des articles au sens de l’art 3 (dĂ©finitions) REACH.
  • Exemptions possibles par les États membres si nĂ©cessaires aux intĂ©rĂȘts de la dĂ©fense.

Différents statuts

Le rĂšglement dĂ©finit trois statuts diffĂ©rents vis-Ă -vis des obligations envers l'Agence europĂ©enne des produits chimiques (rem pour l'utilisateur ou importateur : les obligations de REACH varient aussi selon la provenance gĂ©ographique du produit ; selon qu'il est achetĂ© au sein de l’Union EuropĂ©enne [utilisateur en aval] ou hors de l’UE [importateur)]).

Importateur

Un importateur est toute personne physique ou morale établie dans la Communauté européenne qui est responsable de l'importation (introduction physique sur le territoire douanier de la Communauté).

Utilisateur en aval

Pour l'AEPC (2017), un « utilisateur en aval Â» est toute personne physique ou toute personne morale Ă©tablie dans la CommunautĂ© europĂ©enne, autre que le fabricant ou l'importateur, qui utilise une substance, telle quelle ou contenue dans une prĂ©paration, dans l'exercice de ses activitĂ©s industrielles ou professionnelles. Un distributeur ou un consommateur n'est pas un utilisateur en aval.
Un rĂ©importateur exemptĂ© en vertu de l’article 2, paragraphe 7, point c), du rĂšglement REACH est considĂ©rĂ© comme un utilisateur en aval [19].

Fabricant

Un fabricant est toute personne physique ou morale Ă©tablie dans la CommunautĂ© qui fabrique (produit ou extrait des substances Ă  l’état naturel) une substance dans la CommunautĂ©.

Transposition et application

France

3 000 Ă  5 000 entreprises françaises sont concernĂ©es. Beaucoup ont pris du retard dans le prĂ©-enregistrement (1er dĂ©cembre 2008 au soir, derniĂšre limite). En novembre 2008, le portail Reach-IT–plus Ă©tait presque saturĂ© (plus de 9 000 connexions/jour) par les industriels qui se sont inscrits tardivement, forçant l’Agence europĂ©enne des produits chimiques (AEPC) Ă  prĂ©parer un formulaire web de secours[20] donnant droit - en cas de blocage du serveur - Ă  un accusĂ©-rĂ©ception (La date de soumission du dossier est celle qui fait foi et non celle du numĂ©ro de prĂ©-enregistrement). Le portail informatique Reach-IT de l'AEPC avait reçu l’inscription de 3 334 entreprises (au 24 novembre 2008, soit 9,5 % du total des entreprises europĂ©ennes inscrites), pour 20 000 substances dĂ©clarĂ©es par des industriels français Ă  la date de mi-octobre 2008 et plus de 107 000 un mois plus tard (6,7 % du nombre total de 1,6 million de substances dĂ©posĂ©es en Europe). L'Europe a prĂ©vu des forums pour chaque produit, oĂč les entreprises qui les ont prĂ©-enregistrĂ© pourront Ă©changer leurs informations et entamer, de 2010 Ă  2018, aprĂšs autorisation, des Ă©tudes complĂ©mentaires en partageant les coĂ»ts[21] - [22].

Sanctions en cas de non-prĂ©-enregistrement : AprĂšs la date-butoir, toute substance chimique sans numĂ©ro de prĂ©-enregistrement sera interdite de mise sur le marchĂ© europĂ©en tant que le producteur et/ou l’importateur ne l’aura pas fait enregistrer (ce qui implique une interruption minimum d’activitĂ© de 6 mois en Europe). Un projet d’ordonnance sera soumis au Conseil d'État fin 2008, avec des sanctions (mise en demeure, arrĂȘt d’activitĂ©, et jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende).

Un Avis aux opérateurs économiques a été publiée en juin 2011, avec un avis sur l'interprétation du seuil de 0,1 %[23].

Mise en Ɠuvre

ÉchĂ©ances

Le rÚglement prévoit des échéances en fonctionnant de bandes de tonnage définies. Plus la production est importante, plus les exigences rÚglementaires le sont.

Production >1 000 t/a
CMR 1 ou 2 > t/a
R50/53 >100 t/a
100 < Production < 1 000 t/a1 < Production < 100 t/a
juin 2007 date d'entrée en vigueur de REACH
juin à décembre 2008 pré-enregistrement
décembre 2010 enregistrement - -
juin 2013 - enregistrement -
juin 2018 - - enregistrement

t/a = tonne par an

Des forums d’échange d’information sur les substances ont lieu depuis janvier 2009. Ces forums ont pour rĂŽle de rĂ©unir tous les fabricants et importateurs (obligatoire) ainsi que les utilisateurs aval (facultatif) concernĂ©s par une mĂȘme et unique substance. Ils pourront ainsi Ă©changer les informations qu'ils ont dĂ©jĂ  en leur possession et devront choisir une entreprise responsable de faire les tests nĂ©cessaires pour complĂ©ter les dossiers.

Dossier d'enregistrement

Le dossier d'enregistrement est composé de deux parties :

  • le dossier technique ;
  • un Rapport sur la SĂ©curitĂ© Chimique (RSC) pour certaines substances.

Dossier technique

Le dossier technique doit comporter les informations suivantes :

  • IdentitĂ© du fabricant/importateur ⇒ dĂ©clarant
  • IdentitĂ© de la substance
  • Information sur la fabrication, les utilisations identifiĂ©es (y.c les usages dĂ©conseillĂ©s) ; en option : les catĂ©gories d’utilisation et d’exposition
  • Classification/Ă©tiquetage
  • Conseils d'utilisation
  • RĂ©sumĂ©s d’étude (Annexes VII-X)
  • RĂ©sumĂ©s d’études consistants (Annexes VII-X si l’annexe I le prescrit)
  • Certaines informations examinĂ©es par un Ă©valuateur choisi par le F/I (expĂ©rience appropriĂ©e)
  • Proposition(s) d'essais si ceux-ci sont Ă©numĂ©rĂ©s dans les annexes IX-X (S > 100 t/an)
  • Pour les S < 10 t/an : informations concernant l’exposition (annexe VI section 6)
  • Demande de protection de certaines donnĂ©es (article 118) vis-Ă -vis de la publication sur Internet (plus justification)

Rapport sur la sécurité chimique

Le rapport sur la sécurité chimique concerne les substances produites à plus de dix tonnes par an. C'est une évaluation de la Sécurité Chimique qui jauge :

  • les dangers pour la santĂ© humaine ;
  • les dangers physico-chimiques vis-Ă -vis de la santĂ© humaine ;
  • les dangers pour l'environnement ;
  • l'Ă©valuation PBT et vPvB,

et pour les substances répondant aux critÚres de classification CMR catégorie 1&2 et PBT/vPvB, elle est composée également de :

  • l'Ă©valuation de l'exposition (ScĂ©nario d’Exposition) ;
  • la caractĂ©risation du risque pour l'ensemble des usages identifiĂ©s.

Autorisation

La procĂ©dure d’autorisation vise Ă  interdire l’utilisation des substances extrĂȘmement prĂ©occupantes (SVHC), c'est-Ă -dire particuliĂšrement dangereuses, afin de leur substituer des alternatives techniquement et Ă©conomiquement viables. La procĂ©dure d'autorisation est plus amplement dĂ©veloppĂ©e dans l'article Autorisation REACh.

Critiques

Ce programme europĂ©en est critiquĂ© pour autoriser des substances pour lesquelles les dangers sont avĂ©rĂ©s : cancĂ©rigĂšnes, mutagĂšnes et toxiques pour la reproduction. Les Ă©cologistes en demandaient l'interdiction immĂ©diate[24]. Les industriels ont obtenu le droit de continuer Ă  les utiliser s'ils dĂ©montrent qu'ils ne savent pas les remplacer, qu'ils gĂšrent le risque, et qu'ils Ă©tudient la conception de substituts. Pour GĂ©rard Onesta, qui a suivi le dossier en tant que vice-prĂ©sident du Parlement europĂ©en, « d'un dossier environnemental et sanitaire, REACH est devenu un dossier industriel. On est clairement passĂ© de la volontĂ© de protĂ©ger la santĂ© et le cadre de vie Ă  la sauvegarde des intĂ©rĂȘts des industriels »[25].

Une autre critique porte sur le fait que des cocktails de produits chimiques non toxiques peuvent ĂȘtre toxiques (synergies positives) ou que certains produits peuvent potentialiser l'effet d'autres produits. Les synergies (mĂȘme pour des produits Ă  trĂšs faible dose) semblent pouvoir expliquer certains phĂ©nomĂšnes comme la dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse, la forte croissance de certains cancers (sein, prostate, testicules..) ou des phĂ©nomĂšnes de fĂ©minisation ou d'intersexe dans la nature.

REACH se trouve également accusé de provoquer une augmentation significative du nombre de tests sur les animaux[26]. Ces tests, reposant sur des méthodes des années 1970, sont d'ailleurs critiqués par des scientifiques comme inadaptés car considérant que « c'est la quantité de la dose qui fait le poison et non pas la durée d'exposition »[25].

Le 21 juin 2013, la Commission européenne a lancé une consultation, ouverte à tous jusqu'au 13 septembre 2013, sur les modifications des annexes de REACH afin de clarifier la procédure d'enregistrement des nanomatériaux dans les dossiers d'enregistrement[27].

Le 21 mai 2019, la fédération allemande pour l'environnement et la protection de la nature (Bund) révÚle en utilisant les données fournies par l'agence fédérale de l'environnement allemande comme par l'Agence européenne des produits chimiques que 654 entreprises opérant en Europe ne respectent pas, entre 2014 et 2019, le protocole européen d'enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques, censé protéger la santé et l'environnement des Européens. Ces entreprises emploient massivement des substances de synthÚse interdites et potentiellement dangereuses[28] - [29] - [30].

Sources

Références

  1. RÚglement n° 1907/2006
  2. Bu 2006, p. 136
  3. « Au moins 654 entreprises ne respectent pas la rĂ©glementation sur les substances chimiques », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Directive 67/548/CEE
  5. Directive 76/769/CEE
  6. Directive 88/379/CEE
  7. RÚglement n° 793/93
  8. Revue Prescrire, no 270, mars 2006
  9. Weill 2005
  10. ECB ESIS
  11. Einecs : European Inventory of Existing Commercial Chemical Substances
  12. Livre blanc - Stratégie pour la future politique dans le domaine des substances chimiques [PDF]
  13. Proposition de rÚglement du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), instituant une agence européenne des produits chimiques et modifiant la directive 1999/45/CE et le rÚglement (CE) {sur les polluants organiques persistants}
  14. Directive 1999/45/CE
  15. « Face Ă  l’industrie chimique, tout le monde est tĂ©tanisĂ© », Olivier Petitjean, Basta !, 22 septembre 2014 (lire en ligne)
  16. Fabrice Nicolino, Un empoisonnement universel. Comment les produits chimiques ont envahi la planĂšte, Paris, LLL, les Liens qui libĂšrent, 2014, 444 p. (ISBN 979-10-209-0137-8) (BNF 43900801)
  17. Article 118 du rÚglement n° 1907/2006
  18. https://www.echa.europa.eu/web/guest/advice-to-companies-q-as/clp
  19. voir glossaire p 219 in Guide sur l'étiquetage et l'emballage conformément au rÚglement (CE) N° 1272/2008 (3 237,8k) (AEPC, 2017)
  20. Communiqué AEPC, 2008
  21. Rémi Lefebvre, de l'agence européenne des produits chimiques, interviewé par la revue La Recherche no 425, décembre 2008, p. 13
  22. Avis aux opérateurs économiques sur l'obligation de communiquer des informations sur les substances contenues dans les articles (application de l'article 33 du rÚglement REACH)
  23. Liste des produits chimiques nécessitant une autorisation en vertu du rÚglement REACH - 8 juin 2011 - Avis aux opérateurs économiques sur l'obligation de communiquer des informations sur les substances contenues dans les articles en application des articles 7.2 et 33 du rÚglement no 1907/2006 (Reach). Interprétation du seuil de 0,1 % (masse/masse) cité aux articles 7.2 et 33JO, 8 juin 2011, p. 9763
  24. Toxiques en héritage [PDF], Greenpeace et World Wide Fund for Nature, septembre 2005.
  25. Benoßt Collombat, « REACH : le toxique lobbying du patronat européen » dans Histoire secrÚte du patronat : de 1945 à nos jours, sous la direction de Benoßt Collombat et David Servenay, La Découverte, 2009, p. 621-630.
  26. « REACH : Le cri d'alarme des organisations de défense des animaux », One Voice
  27. Veillenanos, Comment adapter REACH aux nanomatériaux ? Consultation de la Commission européenne jusqu'au 13 septembre, 27 juin 2013]
  28. StĂ©phane Mandard, « Au moins 654 entreprises ne respectent pas la rĂ©glementation sur les substances chimiques », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  29. (en-US) Jack HUNTER, « Named: major brands ‘breaking EU chemical safety law’ », sur EEB - The European Environmental Bureau (consultĂ© le )
  30. (en) Elke Örtl, REACH Compliance: Data availability in REACH registrations Part 2: Evaluation of data waiving and adaptations for chemicals ≄ 1000 tpa, Umweltbundesamt, (lire en ligne)

Droit dérivé

  • RĂšglement 1907/2006 concernant l'enregistrement, l'Ă©valuation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables Ă  ces substances (REACH), instituant une agence europĂ©enne des produits chimiques, modifiant la directive 1999/45/CE et abrogeant le rĂšglement (CEE) n) 793/93 du Conseil et le rĂšglement (CE) n) 1488/94 de la Commission ainsi que la directive 76/769/CEE du Conseil et les directives 91/155/CEE, 93/67/CEE, 93/105/CE et 2000/21/CE de la Commission, 32006R1907, adoptĂ© le 18 dĂ©cembre 2006, JO du 30 dĂ©cembre 2006, p. 1-849, entrĂ© en vigueur le 1er juin 2007 [consulter en ligne, notice bibliographique]
  • Directive 67/548/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions lĂ©gislatives, rĂ©glementaires et administratives relatives Ă  la classification, l'emballage et l'Ă©tiquetage des substances dangereuses, 31967L0548, adoptĂ©e le 27 juin 1967, JO du 16 aoĂ»t 1967, p. 1-98, entrĂ©e en vigueur le 29 juin 1967, abrogĂ©e le 31 mai 2015 par 32008R1272 [consulter en ligne, notice bibliographique]
  • Directive 76/769/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions lĂ©gislatives, rĂ©glementaires et administratives des États membres relatives Ă  la limitation de la mise sur le marchĂ© et de l'emploi de certaines substances et prĂ©parations dangereuses, 31976L0769, adoptĂ©e le 27 juillet 1976, JO du 27 septembre 1976, p. 201-203, entrĂ©e en vigueur le 3 aoĂ»t 1976, abrogĂ©e le 31 mai 2009 par 32006R1907 [consulter en ligne, notice bibliographique]
  • Directive 88/379/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions lĂ©gislatives, rĂ©glementaires et administratives des États membres relatives Ă  la classification, Ă  l'emballage et Ă  l'Ă©tiquetage des prĂ©parations dangereuses, 31988L0379, adoptĂ©e le 7 juin 1988, JO du 16 juillet 1988, p. 14-30, entrĂ©e en vigueur le 22 juin 1988, abrogĂ©e le 31 dĂ©cembre 1998 par 399L0045 [[eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31988L0379&qid=1474966624587&from=FR consulter en ligne], notice bibliographique]
  • RĂšglement 793/93 du Conseil concernant l'Ă©valuation et le contrĂŽle des risques prĂ©sentĂ©s par les substances existantes, 31993R0793, adoptĂ© le 23 mars 1993, JO du 5 avril 1993, p. 1-75, entrĂ© en vigueur le 4 juin 1993, abrogĂ© le 31 mai 2008 par 32006R1907 [consulter en ligne, notice bibliographique]
  • Directive 1999/45/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil concernant le rapprochement des dispositions lĂ©gislatives, rĂ©glementaires et administratives des États membres relatives Ă  la classification, Ă  l'emballage et Ă  l'Ă©tiquetage des prĂ©parations dangereuses, 31999L0045, adoptĂ©e le 31 mai 1999, JO du 30 juillet 1999, p. 1-68, entrĂ©e en vigueur le 1er janvier 1999, abrogĂ©e le 31 mai 2015 par 32008R1272 [consulter en ligne, notice bibliographique]

Ouvrages et articles

  • Ludovic Bu, Reach, la bataille des lobbies, (lire en ligne)
  • Claire Weill, « Proposition de rĂšglement europĂ©en des produits chimiques : REACH, enjeux et perspectives », Analyses, Institut du dĂ©veloppement durable et des relations internationale, no 6,‎ (lire en ligne)

Compléments

Articles connexes

Guides (aide et conseil pour respecter REACh

Liens externes

Liens indiquant « le pour et le contre » (organismes impliqués, mais non-militants) :

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