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Zone franche

Une zone franche (en anglais free zone) est une zone géographique d'un pays présentant des avantages fiscaux afin d'attirer l'investissement et de développer l'activité économique[1]. Les entreprises qui s'y installent bénéficient d'un environnement fiscal et réglementaire plus favorable que celui en vigueur dans le reste du pays. En particulier les marchandises qui y sont introduites sont considérées comme ne se trouvant pas sur ce territoire et sont exonérées de droits à l'importation, de taxes et de mesures de politique commerciale[2].

Le terme recouvre trois grandes familles de zones franches, chacune ayant ses particularités propres :

  1. Les « ports francs » et les « zones commerciales franches », constituent le groupe le plus ancien. Ce sont généralement de vastes zones exonérées de droits de douane où sont implantées de véritables usines et dont les marchandises fabriquées sont toutes exportées.
  2. Les « magasins et entrepôts francs » sont généralement implantés à proximité des grands ports et aéroports internationaux. Dans ces périmètres plus modestes en superficie, les marchandises importées, hors droits de douane, peuvent être entreposées et faire l'objet de manipulations simples (triage, regroupage, emballage), avant de repartir pour leur destination finale. Les droits de douane s'appliquent alors dès leur entrée sur un territoire national. Parmi les zones d'entrepôts francs d'Europe, on peut citer Anvers, Rotterdam, Gênes et Le Havre.
  3. Les « commerces hors douane », plus connus sous le terme de « duty free shops » (France) ou comme « boutiques hors taxe » (Québec), sont des enclaves douanières spécialisées dans la vente de détail hors taxes douanières. Il s'agit dans ces mini-zones de proposer aux voyageurs un certain nombre d'articles généralement frappés de lourdes taxes comme le tabac, les alcools, les parfums, les petits appareils électroniques et les accessoires de luxe. Ces boutiques font partie du décor des aéroports et des ports internationaux. On les trouve aussi dans les Caraïbes, dans les îles de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et sur des enclaves extra-territoriales (Ceuta, Gibraltar) qui reçoivent beaucoup de touristes. Dans les avions et les bateaux faisant des parcours internationaux on trouve aussi des mini-comptoirs en duty-free.

Histoire

Dès l'Antiquité, certains États ont voulu favoriser les activités de commerce en autorisant les marchandises destinées à d'autres contrées à transiter dans leurs ports sans être frappées par les mêmes taxes que les produits destinés au marché intérieur. Au IIe siècle av. J.-C., l'île grecque de Delos devint vite grâce à des privilèges un centre international d'entreposage et de négoce pour toute la Méditerranée.

Au Moyen Âge, la formule se développe et profite à des ports comme Marseille, Gênes, Venise et Hambourg.

Au XIXe siècle, les ports francs s'internationalisent en Asie du Sud-Est, avec Singapour, Hong Kong et Colón à l'entrée du canal de Panama.

Intérêts d'une zone franche

L'installation d'investisseurs dans une zone franche est intéressante dans le fait qu'ils génèrent des activités de sous-traitance et de services

Les entreprises s'installent dans une zone franche afin de pouvoir prétendre à des avantages fiscaux, à une baisse des taxes…

Politiques de création des zones franches

La création des zones franches doit toujours s'accompagner d'une politique pour intéresser les entreprises et les convaincre de s'installer. Cette politique peut passer par une grande variété d'avantages en plus des exonérations douanières :

  • offre de terrains viabilisĂ©s ;
  • garantie d'un traitement privilĂ©giĂ© face aux administrations locales ;
  • remises d'impĂ´ts partielles ou totales, temporaires ou dĂ©finitives ;
  • etc.

Certains pays ont imaginé des innovations particulièrement intéressantes :

* L'île Maurice a défini la zone franche comme tout terrain sur lequel est implanté l'entreprise titulaire du droit à la zone franche. Les investisseurs sont libres de s'installer où ils veulent sur le territoire national et leurs usines deviennent autant de mini-zones franches gardées par un douanier.
  • Le BrĂ©sil a innovĂ© en crĂ©ant Ă  Manaus une zone franche pour les entreprises industrielles Ă©trangères produisant pour le marchĂ© intĂ©rieur, ce qui a permis au pays de dĂ©velopper l'industrie des tĂ©lĂ©viseurs, des motos et des vĂ©lomoteurs.
  • En Grande-Bretagne, le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher, dès le dĂ©but des annĂ©es 1980, a dĂ©veloppĂ© l'idĂ©e du professeur Peter Hall, en transformant certains centres de villes dĂ©crĂ©pis en autant d'enclaves bĂ©nĂ©ficiant d'un statut particulier propre Ă  attirer les entreprises. De 1981 Ă  1983, 23 Enterprise Zones furent crĂ©Ă©s et bĂ©nĂ©ficièrent pendant dix ans d'un certain nombre d'avantages comme la simplification administrative, l'exonĂ©ration d'un certain nombre de taxes locales et la suppression de la taxe professionnelle. Dans la ville de Corby (50 000 habitants), oĂą British Steel avait supprimĂ© 6 000 emplois en 1980–1981, la crĂ©ation immĂ©diate d'une zone d'entreprises de 114 hectares a provoquĂ© en quatre ans (1981–1985) la construction de 300 000 mètres carrĂ©s de locaux et la crĂ©ation de 4 500 emplois directs par 186 entreprises.
[réf. nécessaire]

Zones franches dans le monde

En 2005, les 860 principales zones franches industrielles dans le monde recensaient au total 30 millions d'emplois.

En Afrique

La première zone franche industrielle été créée au Maroc en 1961[3]. Quelques autres pays ont aussi créé des zones franches dans les années 1970 : Île Maurice en 1971, Tunisie en 1972, Égypte et Sénégal en 1974, Liberia en 1975, Côte d'Ivoire en 1976, Togo en 1977, Zaïre en 1979.

La Zone Franche de Tanger, entrée en exploitation en 1999, s’est développée de manière importante sur une assiette foncière de 350 ha. Outre les mesures incitatives importantes mises en place à l’échelle nationale, la Zone Franche de Tanger combine des atouts notables : localisation géographique, modèle de commercialisation adapté (vente de terrains et location d’entrepôts prêts à l’emploi), offre de services. En termes de secteurs d’activité, la filière automobile, avec près de 30 équipementiers actifs sur plusieurs métiers de la chaine de valeur, a fortement contribué à un essor renforcé par l’effet d’entraînement lié au projet Renault Tanger Med.

Plus récemment, en 2009, le Gabon a lancé deux zones franches. La première spécialisée dans la transformation du bois dont il est recouvert à 85 %, porte la dénomination de zone économique spéciale de Nkok. Elle est réalisée en partenariat avec un groupe singapourien et se situe à une trentaine de kilomètres de Libreville.

La deuxième, situĂ©e Ă  Port-gentil et dĂ©nommĂ©e zone franche de l'Ă®le Mandji est dĂ©diĂ©e Ă  la transformation des hydrocarbures. en 2012, la Mauritanie a aussi crĂ©Ă© sa première zone franche dans la ville de Nouadhibou situĂ© Ă  475 km de la capitale Nouakchott.

En janvier 2017 Djibouti, avec l'aide de la Chine, a entrepris la création de la plus grande zone franche en Afrique .

En Amérique latine

Hors Colón, la première zone franche industrielle a été créée au Mexique dès 1946, puis les autres pays ont suivi : Bahamas en 1955, Porto Rico en 1962, Brésil en 1968, République dominicaine en 1969, Bermudes en 1970, Colombie et El Salvador en 1973, Guatemala et Venezuela en 1974, la Barbade et Haïti en 1975, Chili, Jamaïque et Nicaragua en 1976, Belize et Honduras en 1978, Antilles néerlandaises, Costa Rica et Sainte-Lucie en 1979.

Les maquiladoras sont des zones franches créées en 1965 à la frontière entre le Mexique et les États-Unis d'Amérique, puis dans d'autres pays d'Amérique latine.

Au Canada

Le concept de zone franche ainsi que ses bénéfices s'applique à l'étendue du pays. Cependant, le gouvernement du Canada a lancé en 2014, le programme de marketing des zones franches. Ce programme soutient des organismes municipaux/régionaux, connus sous le nom de centres zf (FTZ points en anglais). Ces centres zf font la promotion des programmes de type zones franches du gouvernement du Canada aux entreprises qui s'installent sur leur territoire. Depuis 2016, le Canada compte huit centres zf situés à Winnipeg, Calgary, Edmonton, Halifax, Régina, Niagara, Sydney-Cap Breton et Windsor.

Aux États-Unis

Le concept de zone franche, tel que dĂ©finit par le professeur Peter Hall, fut popularisĂ© par deux parlementaires de l'État de New York, le rĂ©publicain Jack Kemp et le dĂ©mocrate Robert Garcia. Le Congrès, après de nombreuses Ă©tudes, vote en 1983, la loi sur les zones d'entreprises, mais bien qu'un consensus se soit vite fait sur l'intĂ©rĂŞt de tels programmes, le texte n'est pas promulguĂ©. Par contre, il fut repris par 26 États qui créèrent chacun leur lĂ©gislation particulière sur ces pĂ©rimètres « Ă  statut particulier », et en trois ans (1983-1985) plus de 1 400 zones franches furent crĂ©Ă©es.

Dans les processus de sélection des territoires et dans les conditions de création de ces zones franches, deux paramètres apparurent vite essentiels :

  • Le seuil de pauvretĂ© : le taux de « pauvres » doit ĂŞtre supĂ©rieur Ă  25 % au moins de la population concernĂ©e.
  • Le niveau de chĂ´mage : le taux local doit ĂŞtre au moins supĂ©rieur de 50 % Ă  la moyenne nationale ou de l'État.

Les obligations des entreprises en matière de sécurité, d'hygiène, de protection sociale et de salaire minimum ne furent pas assouplies. Les incitations se limitèrent

  • Ă  la fiscalitĂ© : allègement des taxes sur les investissements et les plus-values immobilières, raccourcissement des pĂ©riodes d'amortissement, dĂ©ductions fiscales pour l'embauche de chĂ´meurs et de jeunes, dĂ©ductions pour frais de formation, exonĂ©ration ou rĂ©duction de l'impĂ´t sur les ventes ;
  • Ă  la simplification de certaines règlementations : en matière d'urbanisme et dans les relations entre les entreprises et avec les diverses administrations publiques.

En Asie

Hors Hong Kong, Singapour et Macao, la première zone franche industrielle a été créée en Inde en 1960, puis les autres pays ont suivi : Taïwan en 1966, Malaisie en 1971, Philippines en 1972, Indonésie en 1977, Sri Lanka en 1978, Chine populaire en 1979, Bangladesh en 1981, Guam en 1982 et Pakistan en 1984. La zone économique franche d'Incheon (Corée du Sud) est en cours d'établissement (2003-2020).

En Europe

En Europe de l'Ouest, la première zone franche industrielle a été créée en Irlande à Shannon dès 1958, puis les autres pays ont suivi : Chypre en 1980, Grande-Bretagne (« Isle of Dogs ») en 1981, Belgique en 1983.

En France, l'idée de zones franches a été avancée par Jacques Delors au début des années 1980 alors qu'il était ministre de l'Économie et des Finances et reprise dans un discours par le premier ministre Pierre Mauroy, mais sans que cela débouche sur la moindre mesure concrète. En 1986, Alain Madelin, ministre de l'Industrie (Gouvernement Jacques Chirac (2)), commande une expertise indépendante et prépare un texte de loi à ce sujet. Mais c'est la loi du 14 novembre 1996 (Gouvernement Alain Juppé (2)) relative à la mise en œuvre du pacte de relance pour la ville qui a institué les zones franches urbaines.

La zone franche du pays de Gex, en territoire français, commerce librement avec la Suisse voisine.

En Europe de l'Est, la première zone franche industrielle a été créée en Hongrie en 1978, puis en Yougoslavie en 1987.

Au Proche et Moyen Orient

La première zone franche industrielle a été créée en Égypte en 1974. La Syrie a créé la sienne en 1976 et l'île de Chypre a suivi en 1980. Les Émirats arabes unis ont créé la première zone franche en 1980 à Jebel Ali.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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