Avec plus de 102 millions d'habitants en 2020, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. En très forte croissance, sa population a été multipliée par quatre en soixante ans.
L'Égypte multiplie les extrêmes : pays arabe le plus peuplé, 90 % de sa population habite dans une bande de terre fertile qui longe le Nil (24 km dans sa plus grande largeur près du Fayoum, en moyenne 10 km, mais elle peut ne faire qu’une centaine de mètres). Le reste du territoire est désertique.
L’air y est particulièrement sec et salubre, et seul le Nil fait qu’on n’y retrouve pas totalement le climat saharien. En hiver, la température est douce et les gelées nocturnes sont exceptionnelles. Mis à part les mois de janvier, février et mars, parfois assez froids dans le nord, les températures moyennes avoisinent 20 °C sur la côte méditerranéenne (maximales 31 °C) et 28 °C à Assouan (maximales 50 °C). Dans le désert, les températures extrêmes sont de rigueur — chaleur brûlante le jour, froid glacial la nuit.
Devenue sensiblement plus humide depuis la construction du haut barrage, la Haute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
Le delta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
Au printemps, sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brûlant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l'air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d'où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth.
En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs des anciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraichissaient l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés édifaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
L'Égypte compte environ 430 espèces d'oiseaux et une centaine de mammifères, au nombre desquels les dromadaires[N 1], les ânes et les gazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards, oryx, hyènes, lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces de serpents, des scorpions et quelques crocodiles vivent près d'Assouan.
Durant près de trois millénaires, la vallée du Nil vit prospérer une des civilisations les plus brillantes de l'Histoire. L'invention d'une écriture originale sous forme d'idéogrammes syllabiques, les hiéroglyphes, peu de temps après l'apparition du cunéiforme en Mésopotamie vers -3300, contribue à sortir l'espèce humaine de la Préhistoire. L’Égypte des pharaons put ainsi largement s'épanouir pour atteindre son apogée au XIIIe siècle avant notre ère, laissant une œuvre monumentale au patrimoine mondial.
Après de nombreuses invasions et occupations diverses (essentiellement Perses, Grecs, Romains et Byzantins), au Ier siècle s'est formée la communauté chrétienne, convertie par saint Marc, les Coptes (déformation arabe du mot grecAiguptios : Égyptien). Ils sont aujourd'hui plusieurs millions. Le pays passa ensuite sous domination arabe au VIIe siècle, puis ottomane.
Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848 apparaît comme un grand réformateur du pays dont il modernise les structures. Il utilise l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Certaines puissances européennes (Grande-Bretagne, Prusse, Russie et Autriche) s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. La Grande-Bretagne et l'Autriche envoie des troupes pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur certains territoires, bombardant les ports libanais contrôlés par Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1840, Méhémet Ali doit ainsi céder le contrôle de la Syrie lors du traité de Londres[6]. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques qui provoqua sa désindustrialisation. Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre […] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons. »[7].
Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre de khédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après la révolte nationaliste du colonel Ahmed Urabi, l'Égypte est conquise par l'Empire britannique après une courte guerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de la guerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent les Mahdistes qui se sont emparés du Soudan : leur victoire fait naître un Soudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[8]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle.
Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelle ottomane puis britannique, sa culture reste encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le président Gamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers. Un acte fort du nassérisme, une idéologie panarabe révolutionnaire, est ainsi l'union entre 1958 et 1971 de l'Égypte et de la Syrie sous l'entité République arabe unie. Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc)[9]
Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de cinq-cents millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et des bidonvilles se développent autour de la capitale[10]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, le FMI demande la suppression de toutes les subventions aux produits de base ce qui provoque des émeutes en janvier 1977. Le gouvernement fait intervenir l'armée, générant un nombre de victimes inconnu. Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[11].
Après l'assassinat de Sadate (1981), Hosni Moubarak est Président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Hosni Moubarak poursuit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier en Haute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[12] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[13].
Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu, Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci le destitue en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[14]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[15].il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique , et met sous contrôle les médias et la justice[16].
Outre ses ouvrages monumentaux tels que le canal de Suez ou le haut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richesses archéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république. Depuis 1981, Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence est pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée la Choura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le président Hosni Moubarak démissionne de son poste le à la suite des protestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchal Al-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014 à la suite d'un coup d'état le 3 juillet 2013.
Droits de l'homme et liberté d'expression
Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. Sous Hosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives aux droits de l'homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[17]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[18]. Sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans la prison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par les ONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[19],[20]. Des centaines d'atteintes à la liberté de la presse sont en outre recensées par l'ONG Egyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[21].
L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[22]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[23].
Arrestations et détentions
En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Al Jazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[24]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïc Sherif Gaber ou le militant des droits de l'homme Wael Abbas en mai 2018[25].
Le , Zyad al-Elaimy faisait partie d'une campagne d'arrestation arbitraire répandue qui a débuté fin juin 2019 et ciblant des militants coordonnant une alliance d'opposition à participer aux élections législatives. Il a été arrêté au secret pendant quatorze jours. Les allégations contre lui sont d'« engager un groupe terroriste pour aider à atteindre ses objectifs ». Le 10 mars 2020, Zyad a été condamné à un an de prison et une amende de 20 000 livres égyptiennes. Récemment, il est accusé dans trois cas distincts. Al-Elaimy a passé 731 jours en détention provisoire à la prison de la Tora, ce qui correspond à la limite légale selon la loi égyptienne. Le (deuxième anniversaire de la détention arbitraire de Zyad al-Elaimy), la FIDH et l'OMCT ont appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle et exhortent les autorités à mettre fin immédiatement à tous les actes de harcèlement aux défenseurs des droits de l'homme en Égypte[26].
Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[27].
Le , les forces de sécurité ont arrêté Greisha, rédactrice en chef du site d'information privé Youm7. Elle a été accusé d'avoir diffusé de fausses nouvelles, abusé des médias sociaux et rejoint une organisation terroriste. Le 30 août, les forces de sécurité ont arrêté Shehta, rédacteur en chef adjoint du site[28]. Le , le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé l'Égypte a libérer d'urgence les deux journalistes de ses prisons en raison de la pandémie de COVID-19[29].
En , les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté un homme et trois femmes témoins d'une affaire de viol collectif datant de 2014. Deux connaissances de témoins ont également été arrêtées. Rothna Begum, chercheuse principale à la Division des droits des femmes de Human Rights Watch, a déclaré qu'il était scandaleux que les autorités égyptiennes arrêtent des témoins de viol collectif après les avoir encouragés à se manifester, au lieu de les protéger et de poursuivre les violeurs présumés[30].
Entre le et le , quatre prisonniers sont morts dans les prisons égyptiennes. L'organisation Human Rights Watch a dénoncé la négligence inacceptable des autorités pénitentiaires. De plus, depuis le début de la pandémie de Covid-19, certaines ONG ont révélé que les infections et les décès avaient augmenté en raison d'un état de blocage, d'une mauvaise hygiène et d'une négligence médicale dans la prison[31].
Le , Amnesty International a rapporté que les forces de sécurité égyptiennes avaient enlevé la militante politique Sanaa Seif(en)[32] devant le bureau du procureur général du Nouveau Caire. L'organisation de défense des droits a déclaré qu'elle s'était rendue au bureau pour porter plainte contre une agression violente qu'elle et sa famille avaient subie à l'extérieur du complexe pénitentiaire de Tora, un jour plus tôt. Le rapport indiquait que Sanaa avait été emmenée au bureau du Procureur suprême de la sûreté de l’État au Caire, où les procureurs l’ont interrogée sur les accusations de « diffusion de fausses nouvelles », « d’incitation à des crimes terroristes » et « d’utilisation abusive des médias sociaux »[33]. Amnesty International a rapporté que Sanaa Seif avait été détenue pour la troisième fois[34].
Le , une journaliste égyptienne a été libérée après avoir été arrêtée le alors qu'elle enquêtait sur les suites de récentes petites manifestations dans un village près de Louxor. La journaliste était accusée d'avoir utilisé son compte personnel sur un réseau social pour publier de fausses nouvelles susceptibles de perturber la sécurité publique. La journaliste était intéressé par la mort d'un homme qui aurait été tué par la police lors des manifestations dans la région en septembre[35].
Le , Human Rights Watch a rapporté que les autorités égyptiennes ont exécuté quarante-neuf personnes entre le 3 et le 13 octobre. Selon le rapport[36], quinze hommes ont été exécutés pour leur implication présumée dans des affaires de violence politique, et les trente-deux autres hommes ainsi que deux femmes ont été condamnés dans des affaires pénales. Treize des quinze hommes accusés de violence politique avaient été détenus à la prison Scorpion du Caire[37].
Hussein Baoumi, chercheur à Amnesty International pour l’Afrique du Nord, souligne en 2020 que « « la crise des droits de l’homme en Égypte est patente. La torture est devenue systématique, les forces de sécurité utilisent les lois antiterroristes pour réprimer les opposants politiques, les voix critiques ou même les militants des droits de l’homme. Des milliers de personnes subissent cette répression et se retrouvent en détention, parfois torturés puis jugés : des journalistes qui ne font que leur travail, des avocats, des gens qui ont eu le seul tort de critiquer la gestion de la pandémie de Covid-19, etc. Les atteintes à la liberté d’expression deviennent la règle, notamment en ligne ; des gens se retrouvent par exemple en état d’arrestation pour « fausse information » pour avoir donné leur avis sur les réseaux sociaux. Les LGBT risquent également la prison. Il y a aussi les disparitions forcées et les exécutions de condamnés continuent[38]. » »
Le , les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté deux membres de l'organisation indépendante de défense des droits de l'homme, l'« Initiative égyptienne pour les droits personnels » (EIPR). Amnesty International a qualifié ces arrestations d’« escalade effrayante » de la répression gouvernementale. D'autres groupes de défense des droits humains ont déclaré que des dizaines d'activistes ont été la cible d'arrestations, d'interdictions de voyager et de gels d'avoirs, sous la présidence d'Abdul Fattah al-Sissi[39].
Le , Amnesty International[40] a condamné une frénésie d'exécutions en Égypte avec le meurtre d'au moins cinquante-sept personnes en octobre et novembre, reflétant une « crise profonde des droits humains » dans le pays[41].
Le , une cour d'appel égyptienne a ordonné la clôture d'une ancienne affaire dans laquelle vingt ONG étaient accusées d'avoir reçu des financements étrangers illégaux et d'ingérence dans les affaires politiques de l'Égypte[42].
Ce même mois, deux nouvelles personnes sont détenues : Amer Abdel Moneim, rédacteur en chef du quotidien Al-Shaab, accusé d'avoir diffusé de fausses nouvelles et de participer à des activités terroristes ; Shady Abou Zeid, blogueur, accusé de diffamation contre le ministère de l'Intérieur[43].
En , onze organisations de défense des droits de l'homme ont appelé les autorités égyptiennes à libérer le journaliste de 66 ans Tawfik Ghanem dès que possible et à lui fournir des soins médicaux suffisants après sa détention arbitraire pendant 150 jours en raison de son travail dans les médias. Le , Tawfik Ghanem a été détenu pendant cinq jours par des responsables égyptiens, au cours de laquelle il a été interrogé sur son emploi passé à l'agence d'Anadolu. Le , il a de nouveau été arrêté et envoyé au service de la sécurité de l'État au Caire, où les procureurs ont ordonné quinze jours d'attente pendant les enquêtes sur des accusations de « diffusions de fausses nouvelles », « abus des médias sociaux » et « infractions liées au terrorisme »[44].
Dirigeants
Mohamed Morsi devient en 2012 le premier président égyptien élu au suffrage universel.
Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi annonce la destitution de Mohamed Morsi en 2013 puis devient président en 2014.
Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères est Sameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[45]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deux îles stratégiques de la mer Rouge (Sanafir et Tiran) à l'Arabie saoudite[46]. L'Égypte commence la rétrocession le . Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[47]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[48].
Le , le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a juré que sa nation résiste fermement à toute intervention étrangère en Libye. Ces remarques ont été marquées lors de la rencontre d’Al-Sissi avec le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud, a confirmé le porte-parole de la présidence égyptienne Bassam Rady dans un communiqué[49].
Le régime d'Abdel Fattah al-Sissi entretient de bonnes relations avec les États-Unis, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore Israël. L'Union européenne marque pour sa part une certaine indifférence concernant les atteintes aux droits de l'homme, se contentant de formuler quelques remarques et conseils. Le régime égyptien collabore avec elle en matière de lutte contre l'immigration en Europe, comme le souligne la déclaration du du chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assumait la présidence tournante de l’UE, louant l’Égypte, « seul pays d’Afrique du Nord qui a réussi depuis 2016 à empêcher tout départ de migrants » par voie de mer[38].
L'Égypte a reçu quatre radars de défense aérienne Ground Master 400 fabriqués par la société Thales en collaboration avec Raytheon Systems[50].
Le , la France et l'Égypte ont signé un contrat d'une valeur totale de 3,95 milliards d'euros, qui comprenait la livraison de trente avions de chasse Rafale ainsi que de deux contrats supplémentaires pour le missile MBDA et Safran Electronics & Defense. Pour financer ces achats, « l’Égypte a obtenu un prêt garanti par la France à hauteur de 85 % (…) faisant peser sur les contribuables français un éventuel défaut de paiement ». Le , l'Égypte devrait acquérir trente autres avions de chasse Rafale[51]. En réaction, Human Rights Watch France (activiste des droits de l'homme) a dénoncé ce contrat qui, selon eux, encourage la répression impitoyable dans le pays[52].
Première ressource en devises de l'Égypte et l'un de ses principaux secteurs d'activités, le tourisme qui représentait 11 % du PIB avant 2011 a fortement baissé avec les attentats djihadistes[53]. Le pays dépend également en grande partie de l'aide internationale. Parmi ses points faibles se trouve sa production agricole, il était ainsi deuxième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
Le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer une TVA et à augmenter le prix des billets du métro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[54]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de trois millions à la suite de ces réformes.
La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[54], et 38 % en 2018[55]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[55].
Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de trente millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[27].
Infrastructures
Santé
En janvier 2018, « l’Égypte dispose de moins de deux lits d’hôpitaux et 0,8 médecins pour 1 000 habitants (France : 7,7 et 3,2) »[56].
Critique : le film documentaire Zelal rends compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
En 2021, l'Egypte a connu un ralentissement relatif de la propagation du virus Corona, qui a infecté 161 000 personnes et en a tué près de 9 000. De plus, le vaccin employé est le Sinopharm, les chinois ont été les premiers à fournir leurs services.[57]
Le canal de Suez, entre Port-Saïd au nord et Suez au sud, relie la mer Méditerranée et la mer Rouge. Cette voie navigable artificielle au niveau de la mer (sans écluse), est considérée comme le centre le plus important du transport maritime au Moyen-Orient. Ce canal permet le transport maritime entre l'océan Indien et la mer Méditerranée sans qu’il soit nécessaire de faire le tour de l'Afrique; Port-Saïd en est le terminal nord, et Port Suez en est le terminal sud.
En 2018, « étendu sur plus de 5 500 kilomètres, le réseau ferroviaire égyptien est le troisième plus vaste du Moyen-Orient (derrière ceux de l’Iran et de la Turquie) »[58].
En Égypte, la religion des habitants est inscrite sur leur carte d'identité[60].
Musulmans
La grande majorité des Égyptiens (environ 90 %[61] selon des estimations, rarement estimée à plus mais certains avancent le chiffre de 95 %[62]) se réclament de l'islamsunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est le Cheikh de la mosquée Al-Azhar.
Une petite minorité chiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[63]. Les Chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents à Alexandrie.
Chrétiens
Les chrétiens, essentiellement coptes, forment la principale minorité religieuse ; les estimations tournent autour des 10 %[61]. Les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute-Égypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l'arrivée de l'islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion prédominante dans le pays, l'un des premiers à avoir embrassé cette nouvelle foi. La majorité des chrétiens en Égypte est de rite copte-orthodoxe avec Théodore II comme pape depuis 2012, une minorité est copte-catholique (issus d'une scission et d'un rattachement à Rome au XIXe siècle et dont le patriarche est Ibrahim Isaac Sidrak depuis 2013), et quelques dizaines de milliers sont coptes-protestants.
Enfin, il existe aussi encore quelques milliers de chrétiens levantins d'origine syrienne et libanaise, de rite grec-catholique, grec-orthodoxe ou maronite, appelés Shawam Masr/Syro-Libanais d'Égypte, ainsi qu'une minorité arménienne (orthodoxe et catholique). Ce sont en fait les restes de communautés levantines qui furent bien plus importantes en nombre. Installées aux XVIIIe et XIXe siècles en Égypte, elles ont joué un rôle économique et culturel important jusqu'à ce que leur nombre décroisse fortement après la révolution de 1952, et en particulier avec la mise en place du régime nassérien et les lois de nationalisation de 1961.
Les Coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali) et une minorité économiquement puissante.
Leur marginalisation en Égypte a poussé 1,5 million de chrétiens à émigrer aux États-Unis, en Europe et en Australie[64]. En effet, les coptes sont actuellement persécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de graves discriminations au quotidien allant jusqu'à des attentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église copte d'Alexandrie le , entre autres, qui a fait plus de trente morts et des dizaines de blessés. Les chiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions de misère très dures. En effet, depuis le massacre de leurs porcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de la pandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes des islamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Toutefois, les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie de grippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des Coptes se sont aggravées.
Les baha'is égyptiens, dont le nombre est estimé de 1 500 à 7 000 personnes, ont obtenu définitivement le , après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisser libre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identités et leurs certificats de naissance[65].
À partir de 1942, leur situation empire et les Juifs sont victimes de pogroms. La déclaration d'indépendance d'Israël en 1948 transforme les Juifs égyptiens en communauté systématiquement suspectée et provoque des attentats et des incendies dans les quartiers juifs[66],[67]. Les Juifs ont joué un rôle économique et culturel important dans le pays[68]. Les menaces de l'État, l'affaire Lavon en 1954 et la crise du canal de Suez en 1956 précipitent le départ d'Égypte de la moitié d'entre eux entre 1956 et 1967, au plus fort des tensions israélo-arabes, pour s'installer en Europe, en Amérique et en Israël[69]. Après la guerre des Six Jours en 1967, leurs biens sont confisqués[70],[71]. Quasiment tout le reste de la communauté émigre alors vers des cieux plus cléments[72].
Elle est passée de 80 000 personnes dans les années 1940 à quelques dizaines en 2010 où l'antisionisme reste virulent[73]. En 2013, un documentaire égyptien retraçant la vie de la communauté juive d'Égypte au début du XXe siècle est interdit de diffusion[74].
ISU Alphabétisation de population adulte de l'Égypte 1980-2015.
Avec plus de 102 millions d'habitants en 2020[1], l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. L'Égypte est également le pays le plus peuplé du monde arabe, du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen. Sa densité est de plus de 102 hab./km2[1], mais dans la seule vallée du Nil et son delta, avec la zone du canal (53 000 km2, soit 5 % de sa superficie, seule habitable, et largement urbanisée), elle est évaluée à 1 500 hab./km2.
En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[75]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[75].
Le , l'Égypte franchit le cap des cent millions d'habitants. Elle est le pays arabe le plus peuplé ainsi que le troisième pays africain, derrière l'Éthiopie et le Nigeria[76].
La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Le dialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le mot beau se prononce jamīl en Haute-Égypte et gamīl en Basse-Égypte, pour la deuxième le mot coupole se prononce gubba[ˈɡob.ba] en Haute-Égypte et ʔubba[ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais le français y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[77].
Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant le calendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Le ramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
Le Sham en-Nessim (« senteur de la brise »), fête égyptienne d'origine pharaonique, le premier lundi après la Pâque copte, célébrée par tous les Égyptiens (musulmans et coptes) ;
25 avril : anniversaire du Sinaï (restitution par Israël) ;
Novembre : commémoration de la découverte des tombes pharaoniques ;
23 décembre : Fête de la Victoire.
Les Mawlid[78], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'un saint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
Le squash, le tennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales de basket et handball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres de champion du monde pour Ramy Ashour et Nour El Sherbini et une domination sans partage au classement individuel.
Il y a 50 000 francophones réels (un grand nombre travaille dans le tourisme), et quelque 300 000 Égyptiens qui ont des notions de français. L'anglais est beaucoup plus important, et a détrôné le français dès les années 1950[81]. Il y a sans doute quelque deux millions d'Égyptiens anglophones complets, surtout chez les plus jeunes, ainsi qu'un nombre équivalent d'Égyptiens qui ont des notions d'anglais. L'italien est parlé par quelque 20 000 Égyptiens, ainsi que le grec, surtout à Alexandrie et sa région. Dans l'Antiquité, le grec antique cohabitait avec le démotique, la langue des anciens Égyptiens, à Alexandrie.
Historique
Depuis les campagnes napoléoniennes qui amenèrent, à côté de corps expéditionnaires, de nombreux ingénieurs, historiens, égyptologues, linguistes, juristes et médecins, l'Égypte accueillit une communauté française importante. D'autres communautés étrangères existèrent au même moment, italienne, grecque, israélite, etc. Toutes avaient en commun une « lingua franca » qui était le français. L'élite égyptienne, puis la classe moyenne, envoya ses enfants apprendre le français. Le code napoléonien servit de base aux institutions égyptiennes modernes. Jusqu'en 1956, année de la crise du canal de Suez, la langue française joua un rôle important en Égypte, y compris sous le protectorat britannique.
Avec le départ des communautés étrangères d'Égypte, le français ne disparut pas pour autant. Sur le plan international, l'Égypte fut un membre actif au sein de la communauté francophone. C'est l'Égypte qui imposa la langue française dans tous les traités internationaux concernant la crise du Proche-Orient, par l'action du haut-diplomate égyptien, Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, qui fut également Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie[82].
Pour favoriser l'ouverture d'un département de littérature francophone, la Bibliothèque nationale de France a de son côté, dans le cadre de ses actions de coopération internationale, effectué le don à la Bibliotheca Alexandrina de 500 000 ouvrages. Il s'agit de doubles d'ouvrages reçus au titre du dépôt légal, parus entre 1966 et 2006 et couvrant tous les domaines de l'édition française[83],[84].
Enseignement du français
La caractéristique essentielle du paysage bilingue égypto-français est sa diversité. Les types d’établissements sont de statuts différents (écoles expérimentales, lycées Al Horreya, écoles d’investissement, écoles confessionnelles).
Soixante-douze écoles dites « bilingues » enseignent le français renforcé (LV1) à 45 000 élèves. Les cours sont assurés par environ 2 000 enseignants, dont une cinquantaine de Français.
Élément phare d’un autre pan du bilinguisme en Égypte, le lycée français du Caire scolarise, quant à lui, plus de 1 600 élèves, parmi lesquels 47 % sont de nationalité française et 32,5 % de nationalité égyptienne. L'Institut français d'Égypte (antennes du Caire, d'Alexandrie et d'Héliopolis) participe également à l'enseignement du français en Égypte avec quelque vingt-deux salles de classes donnant des cours sept jours sur sept, rien que pour l'antenne principale du quartier Mounira du Caire.
Il faut y ajouter les 10 000 élèves supplémentaires répartis dans les cinq autres établissements cairotes, ainsi que dans le lycée d’Alexandrie, le lycée de Port Saïd, les petites écoles françaises de Charm el-Cheik, Hurghada et les nombreux instituts et écoles à cursus français qui poursuivent le même objectif. Néanmoins, il existe aujourd'hui des collèges privés catholiques, qui assurent un enseignement français, et cela dès la Seconde. Les élèves y passent aussi le baccalauréat français tout comme au lycée français du Caire. Les collèges du sacré-cœur de Ghamra, de la mère de Dieu, de la sainte famille ainsi que le collège de la Salle en sont des exemples.
Enfin, comme composante non négligeable du paysage francophone éducatif égyptien, on évalue à quelque 1,7 million le nombre d’élèves, encadrés par environ 10 000 enseignants, qui étudient le français en deuxième langue vivante (LV2)[85].
Les écoles privées chrétiennes d'enseignement francophone (dont certaines très anciennes et prestigieuses comme le Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire (CSF) ou bien le Collège Saint-Marc d'Alexandrie), accueillent aujourd'hui une majorité de jeunes musulmans et en minorité seulement les élites chrétiennes traditionnelles (Coptes mais aussi des Égyptiens chrétiens d'origine syro-libanaise ou arménienne). Un contrat passé avec l'État égyptien assure en théorie un contrôle du contenu pédagogique[86].
Liste des établissements d'enseignement francophone (appelés « écoles de langue française »)
Hélène Sallon, « En Égypte, Sissi remporte la présidentielle haut la main mais peine à mobiliser », Le Monde, (lire en ligne) .
Hélène Sallon, « La résignation des Égyptiens, qui votent pour consolider ou non le pouvoir du président Sissi », Le Monde, (lire en ligne) .
« Égypte : la dangereuse dérive autoritaire du président Sissi », Le Monde, (lire en ligne) .
Le Rapport 2010 d'Amnesty International mentionne notamment qu'en 2010 « la torture et les mauvais traitements était systématiques dans les postes de police, les prisons et les centres de détention des services de renseignement. » « Égypte - Rapport 2010 d'Amnesty International », sur amnesty.org.
(en) The New York Times Editorial Board, « Reining in Egypt’s Military Aid », New York Times, (lire en ligne, consulté le ) : « Depuis […] le coup d'État de juillet 2013, le pays est revenu à ses attaches autoritaires en emprisonnant les opposants, étouffant les voix contraires et calomniant les islamistes pacifiques. »
« Quatre Égyptiens lynchés à mort, car ils étaient chiites », Slate Afrique, (lire en ligne, consulté le ) .
(en) Martyn Thomas et Adly Youssef, Copts in Egypt : a Christian minority under siege, Vandenhoeck & Ruprecht, , 192 p. (ISBN3-85710-040-0, lire en ligne), p. 47 .
Moulid, qui signifie naissance en arabe, est une célébration d'une personne sainte. Il est célébré aussi bien par les musulmans que les chrétiens en Égypte, pour honorer leurs saints. Bien que la majorité des Égyptiens soient musulmans, certains saints coptes sont également honorés dans des célébrations.
Doha Chiha, « La francophonie en Égypte. Aperçu historique », Cahiers de l'Association internationale des études françaises, vol. 56, no 56, , p. 67-73 (lire en ligne) .
Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Nord (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) : des Origines à nos jours, Paris, Le Rocher, , 736 p. (ISBN978-2-268-08167-0) .