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Agence France-Presse

L'Agence France-Presse (AFP) est une agence de presse gĂ©nĂ©raliste française fondĂ©e en pour prendre la suite d'Havas. Assurant une couverture complĂšte de l'actualitĂ© mondiale, dans tous les domaines et sous toutes ses formes: photographie, infographie, vidĂ©o et texte dans six langues. Elle rĂ©alise la moitiĂ© de son chiffre d'affaires commercial hors de France. L'AFP est implantĂ©e dans environ 151 pays avec 201 bureaux

Agence France-Presse
logo de Agence France-Presse
illustration de Agence France-Presse
Immeuble de l'Agence France-Presse, place de la Bourse (Paris 2e).

Création 1944
Fondateurs Charles-Louis Havas
Personnages clés Charles-Louis Havas, Jean Marin, Henri Pigeat, Pierre Louette, Emmanuel Hoog
Forme juridique Organisme privé à statut particulier, fonctionnant selon les rÚgles commerciales
SiĂšge social 11, 13 place de la Bourse, Paris
Drapeau de la France France
Direction Fabrice Fries, président-directeur général depuis juin 2018.
Activité Agence de presse mondiale et généraliste
Produits Information continue
Filiales Sport-Informations-Dienst
Agence France Presse (d)
Effectif 2 400 employés, dont 1 700 journalistes (2023)
SIREN 775 658 354
Site web www.afp.com
factuel.afp

Dette 32,8 millions d'€ (2022)
Chiffre d'affaires en augmentation 321,9 millions d'€ (2022)
309,5 millions d'€ (2021)

Elle est chargée de collecter, vérifier, recouper et diffuser l'information, sous une forme neutre, factuelle et utilisable directement par tous types de médias (radio, télévision, presse écrite, sites internet) ainsi qu'auprÚs des grandes entreprises et administrations.

L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, Ă  la diffĂ©rence de son prĂ©dĂ©cesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composĂ© majoritairement d'Ă©diteurs de presse. Pour garantir son indĂ©pendance, la loi exige qu'elle Ă©quilibre son budget, aprĂšs amortissement comptable des investissements, l'AFP ayant de plus accĂšs aux marchĂ©s financiers pour emprunter. Les deux tiers de son chiffre d'affaires proviennent de ses revenus commerciaux, le tiers restant venant d'une compensation par l'Etat français de sa mission d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă  hauteur de 113,3 millions d'euros en 2022[1].

Histoire

Avant 1944 : l'Agence Havas

L'AFP a repris les locaux et les clients de l'Agence Havas fondée en 1835[2] par Charles-Louis Havas, fils de l'inspecteur royal de la Librairie de Rouen et devenu négociant en coton aprÚs la Révolution française. Charles-Louis Havas fait fortune dans les ports de Nantes et Lisbonne lors du transfert de la cour portugaise au Brésil, puis sur les obligations. EntiÚrement ruiné par la crise boursiÚre de 1825, il crée à Paris le petit Bureau de traduction des journaux étrangers, futur Bureau de nouvelles puis reprend en 1832 la Correspondance Garnier, l'ex-Bureau Bornsteïn, fondé en 1811, et sa précieuse clientÚle de plusieurs centaines de lecteurs outre-Rhin[3]. Il rachÚte aussi la correspondance Degouve-Denainques et la correspondance de Paris, puis créé en 1835 l'agence des Feuilles politiques-Correspondance générale, expédiée dÚs 1838 aux Pays-Bas, en Belgique, Allemagne, Angleterre et « à quelques organes de l'opinion légitimiste dans les départements »[4], en communiquant par le télégraphe de Chappe[5]. Vers 1840, Havas et Delaire diffusent quatre services, dont trois dans le hors-média : une Correspondance politique pour les préfets et sous-préfets, une autre pour la presse départementale, et un petit bulletin aux membres du gouvernement, résumant les nouvelles de la veille et de la nuit. Pour les hommes d'affaires, une feuille synthétique résume des extraits de journaux, quelques faits boursiers et la cote des obligations. Les milliers de pigeons voyageurs d'Havas relient Paris, Londres et Bruxelles lors du krach de 1847.

En 1851, le premier cĂąble trans-Manche l'amĂšne Ă  bifurquer vers le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique, utilisĂ© par ses ex-employĂ©s installĂ©s Ă  leur compte, Paul Julius Reuter et Bernhard Wolff. Juste avant sa retraite en 1852, Charles-Louis Havas se lance dans la publicitĂ© en entrant au capital du Bulletin de Paris[6], fondĂ© en 1845 par Charles Duveyrier (1803-1866)[7] pour servir La Presse d'Émile de Girardin. Sa rĂ©gie donne aux journaux de toutes tailles l'accĂšs Ă  des publicitĂ©s nationales et aux nouvelles, en Ă©change d'espaces publicitaires rĂ©servĂ©s. Ses hĂ©ritiers et les lois sur le tĂ©lĂ©graphe de 1878 favorisent ensuite l'avĂšnement de la Petite presse. L'agence s'installe au 13 place de la Bourse, dans l'immeuble du restaurant Champeaux puis subit la concurrence des agences amĂ©ricaines, avant de profiter dans les annĂ©es 1920 du boom de la publicitĂ© financiĂšre.

AprĂšs-guerre

L'immeuble qui se trouvait en partie Ă  l'emplacement de l'actuelle AFP fut le premier pris par les rĂ©sistants, lors de la LibĂ©ration de Paris. Le groupe de journalistes clandestins qui s'en empare diffuse la premiĂšre dĂ©pĂȘche de l'AFP le [8], cinq jours avant l'arrivĂ©e des blindĂ©s du gĂ©nĂ©ral Leclerc.

« GrĂące Ă  l’action des Forces françaises de l’intĂ©rieur, les premiers journaux libres vont paraĂźtre », rĂ©vĂšle la dĂ©pĂȘche[8].

L'AFP reprend le bùtiment de l'OFI, créé par Vichy à partir de l'agence Havas, que l'occupant avait transformé en officine de propagande, au mépris d'une histoire qui remonte à 1835[9]. L'AFP a aussi hérité des structures nées sous l'occupation : l'Agence française d'information (AFI) lancée à Londres en 1940, l'Agence France-Afrique à Alger en 1942, et l'Agence d'information et de documentation (AID), créée en 1944.

Éric Schwab, l'un des premiers photographes travaillant pour l'AFP aprĂšs la refondation de l’agence en , a Ă©tĂ© le tĂ©moin des horreurs que les AlliĂ©s ont dĂ©couvert au fur et Ă  mesure de la libĂ©ration des camps de la mort en Allemagne[10].

Alors qu'Havas avait profitĂ© d'un cartel des agences, rĂ©servant Ă  chacune sa part de la planĂšte, l'AFP affronte un marchĂ© ouvert des agences de presse, imposĂ© par la montĂ©e en puissance des trois amĂ©ricaines, Associated Press, UPI et INS, Ă  qui la jurisprudence a interdit les accords d'exclusivitĂ©. PrĂšs d'une dizaine d'agences rĂȘvent alors d'une envergure mondiale, permettant de mutualiser les coĂ»ts entre un trĂšs grand nombre de clients.

L'AFP ne rĂ©cupĂšre qu'une partie du rĂ©seau international d'Havas, qui avait profitĂ© des dĂ©boires du rival Reuters au dĂ©but des annĂ©es 1920 pour augmenter sa capitalisation par Ă©tapes : 105 millions de francs en 1930 contre 28 millions en 1921[11], grĂące Ă  sa « vache Ă  lait », la publicitĂ© financiĂšre, la bourse de Paris ayant quintuplĂ© dans les annĂ©es 1920.

L'AFP subit dÚs 1951 la concurrence de l'ACP, créée par deux groupes de presse de gauche, mais s'allie avec les quotidiens du sud-est qui créent en 1967 l'agence Aigles. Elle affronte surtout Reuters, qui appartient depuis 1941 à la presse britannique, s'est reprise dans les années 1940, triplant son nombre des correspondants et son chiffre d'affaires. La presse anglophone, en Inde, Australie et Nouvelle-Zélande[12], est associée à son Reuters Trust, créé en 1941 pour garantir l'indépendance rédactionnelle. Le gouvernement britannique reste à l'écart, se gardant de rééditer les censures malheureuses de 1914-1918. Les pertes de Reuters sont effacées par les bénéfices d'une nouvelle filiale, Comtelburo (finances, matiÚres premiÚres)[13] qui représente le tiers de son chiffre d'affaires en 1959[14]. Ce succÚs pousse Reuters à se diversifier dans la finance dÚs le début de la décennie suivante.

En 1957, l'AFP compte 25 bureaux en province, mais seulement 59 « outre-mer », dont 13 dans les colonies. Quarante ans aprĂšs, elle aura 112 bureaux Ă  l'Ă©tranger, presque deux fois plus[15], grĂące au vote Ă  l'unanimitĂ© par le parlement, le , d'une loi garantissant son indĂ©pendance par un statut spĂ©cial[16], proche de celui de Reuters ou de l'Associated Press amĂ©ricaine, puisque la majoritĂ© des administrateurs seront dĂ©sormais des Ă©diteurs de presse. La clientĂšle internationale est dĂ©veloppĂ©e par Jean Marin, ex-journaliste de Radio Londres, auteur de la maxime « l'AFP ne peut fonctionner que si celui qui paye ne commande pas ». Artisan du nouveau statut, Ă©lu prĂ©sident en 1957, il le reste jusqu'en 1975[17]. Pour consolider l'expansion internationale, il veut un « Manuel de l'agencier », qui codifie les rĂšgles professionnelles, en 1971, annĂ©e de rĂ©daction de la charte internationale de dĂ©ontologie. Entre-temps, Michel DebrĂ© rĂ©clame six reprĂ©sentants de l'État (au lieu de trois) au conseil d'administration de l'AFP, Ă  qui il reproche de trop couvrir le GPRA et le FLN. Face Ă  l'indignation des autres mĂ©dias, il doit y renoncer[18]. À Alger, Jean Euloge n'en est pas moins le seul journaliste autorisĂ© sur la Semaine des barricades, grĂące Ă  ses « amis dans le milieu des activistes »[18].

AFP aiguillonnée par la « Nouvelle Reuters » de la fin des années 1960

DĂšs le milieu des annĂ©es 1960, l'Ă©crasante domination du marchĂ© mondial par les agences de presse amĂ©ricaines[19], fortes de leur Ă©norme marchĂ© intĂ©rieur, ne semble plus inĂ©luctable. Reuters vient en effet de rĂ©ussir une puissante percĂ©e commerciale, grĂące Ă  l'information Ă©conomique et au Stockmaster, lancĂ© en 1963 avec la start-up Ultronics Systems, en pleines spĂ©culations sur les innovations technologiques, qui permet de lister des centaines de cours boursiers via une ligne tĂ©lĂ©phonique. Le Stockmaster et son rĂ©seau ADX deviendront le Nasdaq en 1973, l'annĂ©e oĂč Reuters lance le Money Monitor, forum de donnĂ©es entre banques. Reuters y gagne tellement d'argent, qu'elle peut se permettre de perdre 7 millions de sterling en 1978 sur l'information gĂ©nĂ©rale[20], oĂč elle devient un rival redoutable pour AP et l'AFP. DĂšs 1970, les ventes d'information Ă©conomique de Reuters pĂšsent deux fois plus que celles d'information gĂ©nĂ©rale[20].

Année Chiffre d'affaires en sterling
1964 3,5 millions[21]
1970 10 millions[22]
1977[23] 50 millions[22]

L'expansion de Reuters se fait en deux vagues : multiplication des ventes par quinze entre 1964 et 1974, puis par quatorze entre 1973 et 1983[24], malgrĂ© le refus de la coopĂ©rative Press Association d'apporter les 250 000 livres sterling rĂ©clamĂ©es en 1966. Les subventions du gouvernement britannique passent de 5 % du chiffre d'affaires en 1965 Ă  1,9 % dix ans aprĂšs[25]. Cette expansion se fait sans Ă  coups, portĂ©e une rigoureuse gestion des coĂ»ts, et la rentabilitĂ© systĂ©matique dĂšs 1965, car le PDG Gerald Long l'exige[22]. Sa puissance remet en cause les partages de territoire. DĂšs 1968, Reuters est revenue en AmĂ©rique latine avec 32 journalistes[26] et y crĂ©e en 1970 la coopĂ©rative Latin, rĂ©unissant sept pays. En 1967, elle rompt l'accord d'Ă©change avec Associated Press (informations amĂ©ricaines contre britanniques), pour Ă©viter la soulte de 200 000 dollars qu'AP lui rĂ©clame, en raison de la diffĂ©rence de taille entre les deux marchĂ©s. Reuters implante alors ses propres Ă©quipes aux États-Unis, montrant la voie Ă  l'AFP, qui fera de mĂȘme plus tard, en rĂ©siliant son accord d'Ă©change avec AP. Reuters embauche aussi dans Visnews, qui emploiera 400 personnes dĂšs 1983[27].

Année Effectifs Reuters à Londres Effectifs Reuters hors d'Angleterre Effectif total
1964 699 personnes[28] 653 personnes[28] 1 352 personnes
1976 893 personnes[28] 1 143 personnes[28] 2 036 personnes

En retour, Associated Press implante ses équipes de journalistes en Angleterre, et plus tard en France. Reuters s'implante en Allemagne en 1979, renonçant à l'accord avec VWD[29], et s'attaque au marché français dÚs 1972, via un contrat d'échange avec l'Agence centrale de presse, rivale française de l'AFP. Jusque-là simple club de quotidiens régionaux, l'ACP en réunit pour la premiÚre fois dix en 1973, aprÚs avoir obtenu le flux mondial de Reuters[30], créant un manque à gagner de 1,7 million de francs pour l'AFP. Sur son marché intérieur, Reuters casse aussi les prix : en termes réels, les abonnements de la presse anglaise sont divisés par 4 entre 1965 et 1978[31], alors que dÚs 1984, Reuters emploie 514 journalistes à l'étranger contre 310 pour l'AFP[32].

International, informatique, photo, vidéo et finance, les croissances de l'AFP

L'AFP ouvre un bureau Ă  PĂ©kin en 1958 puis acquiert de grands clients comme le Washington Post et le Los Angeles Times, aprĂšs le scoop de Charles BiĂ©try lors de la Prise d'otages des Jeux olympiques de Munich. L'expansion internationale accompagne celle de grands clients français : Le Monde triple sa diffusion en 20 ans, France-Soir dĂ©passe le million d'exemplaires dans les annĂ©es 1960. En 1974, la surenchĂšre entre syndicats amĂšne le SNJ Ă  rĂ©clamer, sans l'obtenir, une taxe pour financer le changement de dimension de l'AFP[33]. L'expansion se fait par autofinancement.

De 1977 Ă  1995, en 18 ans, l'AFP quadruple son chiffre d'affaires, tandis que celui du leader mondial, l'amĂ©ricain Associated Press, ne fait que doubler, malgrĂ© la quasi-disparition du rival amĂ©ricain United Press, qui avait encore en 1980 un chiffre d'affaires de 90 millions de dollars, 30 % supĂ©rieur Ă  celui de l'AFP[34].

Chiffre d'affaires en dollars AFP Associated Press (AP) Écart entre AFP et AP
1977[23] 43 millions 100 millions 135 %
1980[35] 70 millions 140 millions 100 %
1995[23] 147 millions 230 millions 56 %
2011[23] 335 millions[36] 627,6 millions[37] 87 %

DĂšs 1971, l'AFP utilise la transmission par satellite pour ses dĂ©pĂȘches. En 1973, le conseil d'administration dĂ©cide d'informatiser la rĂ©daction, mission accomplie en 2 ans. Mais du retard sera pris pour les produits suivants : tĂ©lĂ©photographie en 1985, minitel en 1986 et infographie en 1988.

En 1991, l'État n'assure plus que 50 % du chiffre d'affaires. Le PDG Claude Moisy lance un service d'informations financiĂšres en anglais, AFX News, coentreprise avec Extel, dont le Financial Times devient actionnaire en 1993. AFX News emploie 35 journalistes dans 13 villes d'Asie dĂšs 1997 et sera vendue 16 millions d'euros en 2006. L'AFP commercialise en le premier « Journal Internet » et crĂ©e en 2001 un dĂ©partement AFP-TV, s'inspirant de Visnews, cofondĂ© en 1957 par Reuters et la BBC.

PĂ©riode 1974-1989 marquĂ©e par les interventions de l'État

AprĂšs l'arrivĂ©e en France, en 1972, de Reuters, alliĂ© Ă  l'ACP, l'AFP fait face Ă  une hausse puis une baisse de la contribution de l'État. ValĂ©ry Giscard d'Estaing lance une grande rĂ©forme de l'ORTF en 1974. Son ministre de l'information Jean-Philippe Lecat reproche aussi Ă  Jean Marin la couverture par l'AFP de la campagne prĂ©sidentielle. Pour obtenir son dĂ©part, le gouvernement dĂ©cide que les abonnements publics ne seront relevĂ©s que de 8,1 %, alors que l'inflation explose (13,7 % en 1974). Une partie des patrons de journaux finit par quasiment s'aligner sur la position de l'État. Ils proposent +10 %[alpha 1] - [33]. Les autres s'indignent de ces pressions. Jean Marin part. Trois ans aprĂšs, l'État obtient aussi le dĂ©part de son successeur Claude Roussel, en utilisant la variable des abonnements publics comme un instrument de coercition : augmentĂ©e aprĂšs l'arrivĂ©e de Claude Roussel, leur part dans le budget diminue deux ans aprĂšs, alors que l'article 13 du statut prĂ©voit qu'ils doivent simplement tenir compte des prix du marchĂ©.

Part des abonnements d'organismes publics dans le chiffre d'affaires de l'AFP
Année 1968 1976 1978 1982 1986 1987 1993 2005 2011
Proportion 55 %[38] 63 %[38] 61 %[38] 59 %[38] 56 %[38] 55 %[38] 48 %[39] 44 % 40 %[40]

Le successeur Roger Bouzinac est lui remplacĂ© aprĂšs seulement un an par Henri Pigeat, premier Ă©narque Ă  diriger l'AFP et quatriĂšme prĂ©sident de l'entreprise sous le septennat de ValĂ©ry Giscard d'Estaing. Toutes les agences de presse subissent alors le deuxiĂšme choc pĂ©trolier. Une guerre des prix est lancĂ©e par l'amĂ©ricaine United Press International, qui cumule 24 millions de dollars de pertes en six ans. ArrivĂ© en 1979, Henri Pigeat doit lancer la tĂ©lĂ©photographie, mais le processus prendra six ans, l'État promettant une aide trĂšs importante sous forme de dotation en capital, puis la divisant par deux au motif qu'Henri Pigeat ne gĂšre pas les coĂ»ts de maniĂšre assez compĂ©titive. Pour l'AFP, cela se traduit par une grave crise financiĂšre, amenant les administrateurs presse Ă  durcir le ton en 1986. Plusieurs menacent de dĂ©missionner, pour exiger l'application d'un nouveau « Plan Pigeat », prĂ©voyant trois cents postes supprimĂ©s, dont 150 de journalistes, pour la plupart au siĂšge parisien, ainsi que le dĂ©mĂ©nagement Ă  l'Ă©tranger de trois des desks. Un choc qui aurait Ă©tĂ© moins brutal et coĂ»teux si ces suppressions avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es plus tĂŽt. Les syndicats, espĂ©rant rĂ©duire l'addition, s'en prennent alors violemment aux administrateurs reprĂ©sentant la presse et font durer la grĂšve dix jours. En 1987, le concurrent ACP disparaĂźt. Entre-temps, l'AFP a investi dans un service photo rĂ©novĂ© et un service tĂ©lĂ©matique calibrĂ© en Ă©crans de 9 lignes, avec 6 rubriques, aprĂšs avoir constatĂ© que plusieurs clients pirataient ses dĂ©pĂȘches pour leurs services tĂ©lĂ©matiques[41].

Dans les annĂ©es 1990, l'AFP dĂ©veloppe sa couverture de l'Ă©conomie : son importance quintuple en cinq ans, entre 1991 et 1995, annĂ©e qui voit les ventes des services Ă©conomiques dĂ©passer cent millions de francs[42] et s'introduit chez tous les grands distributeurs de cotations et d'analyses boursiĂšres Ă  Paris. Au cours de la mĂȘme pĂ©riode, l'AFP a renforcĂ© son rĂ©seau nord- amĂ©ricain, l'annĂ©e 1995 voyant la fin des accords d'Ă©change de services, vieux de 125, ans entre l'AFP et l'Associated Press pour la couverture de leurs pays respectifs, en raison d'un dĂ©saccord sur les tarifs imposĂ©s par la partie amĂ©ricaine. Au BrĂ©sil, l'AFP voit le nombre de ses clients mĂ©dias dĂ©passer le nombre de ses clients mĂ©dias français, grĂące Ă  son service en portugais[42].

Dépenses et déficits découlant de la bulle Internet en 1998-2002

Les comptes de l'AFP font ressortir un bĂ©nĂ©fice brut d'exploitation qui lui permet d'autofinancer largement ses investissements. Mais Ă  court terme, son bĂ©nĂ©fice net est amputĂ© par des coĂ»ts de restructuration, en raison des pertes nettes apparues depuis 2000, en violation de l'article 12 de son statut d'indĂ©pendance, prĂ©voyant que l'AFP ne peut rester en dĂ©ficit. Sur fond de bulle Internet et de loi sur les 35 heures, les dĂ©penses ont en effet progressĂ© de 25 % entre 1998 et 2000, sous la prĂ©sidence d'Eric Giuly, accusĂ© par les syndicats d'avoir secrĂštement tentĂ© de privatiser l’AFP pour « l'adosser Ă  Vivendi »[43]. La filiale AFX, qui sera revendue 16 millions d'euros en 2006, affiche un dĂ©ficit bĂ©ant en 2002. À partir de 2002, plusieurs plans de prĂ©retraites suppriment 110 emplois, pour un coĂ»t de 30 millions d'euros[44], qui dĂ©vore un bĂ©nĂ©fice brut d'exploitation jusque-lĂ  consacrĂ© Ă  l'autofinancement. DĂ©but 2004, l'AFP subit le dĂ©sabonnement du Washington Post et de Metro. Pour donner une explication, son PDG Bertrand Eveno oppose les clients les uns aux autres, au mĂ©pris du principe des Ă©conomies d'Ă©chelle, en dĂ©clarant ne pas vouloir que « la RĂ©publique des PyrĂ©nĂ©es paie pour le dĂ©veloppement de l’agence en Inde »[45] et refusant le projet de diffuser en chinois et en russe.

Données chiffrées sur la période 1998-2015
Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Chiffre d'affaires en euros[46] 202,9 211,9 235,3 244,8 249,8 242,4 246,6 262,7 270,9 272,2 281 281 280 288,2[47]
Effectif CDI + CDD NC 1443 1453 1420 1389 1370 1350 NC
RĂ©sultat brut d'exploitation 14,3 9,8 2,3 3,9 –4,6 3,5 8,7 13,4 15,4 19 21,4 21,8
Investissements non financiers NC 13,7 12,6 12 11
RĂ©sultat net[46] 0,0 0,1 –12,9 –4,7 –19,7 –14,3 –5,8 1,3 0,4 6,1 1 8,9 0,4 0,5

En 2003, la cession provisoire de l'immeuble parisien oblige l'AFP Ă  le racheter progressivement jusqu'en 2011, via un crĂ©dit-bail. Une fois payĂ©es les annuitĂ©s, elle consacre le reste de sa marge d'exploitation (19 millions d'euros en 2008 comme en 2007) Ă  investir et rĂ©duire sa dette. Une provision de 5 millions d'euros est passĂ©e en 2008, en prĂ©vision d'un autre plan de dĂ©parts, qui n'aura pas eu lieu. Fin 2008, le PDG est parvenu Ă  ramener l'endettement Ă  37 millions d'euros (crĂ©dit-bail compris), soit seulement six semaines de chiffre d'affaires. Les travaux de dĂ©mĂ©nagement, transformation du siĂšge social et investissement dans un systĂšme informatique externalisĂ© ont ensuite pesĂ© sur les comptes. À l'automne 2007, la direction souhaite crĂ©er huit postes Ă  l'international pour AFP TV, en supprimant des emplois dans les bureaux de province. Trois syndicats sur 5 rĂ©clament une grĂšve puis y renoncent, faute d'une majoritĂ© suffisante lors d'un vote du personnel, tandis qu'un compromis est nĂ©gociĂ© pour rĂ©partir l'effort aussi au siĂšge.

États-GĂ©nĂ©raux de la presse et projet de privatisation

Selon le livre-enquĂȘte[48] en forme de « plaidoyer pour la libertĂ© d’informer »[49] publiĂ© en janvier 2022 par Jean-Baptiste Rivoire sur la base d'une « masse prĂ©cise » d'informations « souvent vĂ©cues de l’intĂ©rieur »[50], les journalistes de l'AFP sont parvenus, au terme d'un « bras de fer »[51], Ă  sauvegarder leur indĂ©pendance et Ă  Ă©viter une privatisation pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy , contre laquelle les salariĂ©s de l'AFP ont rĂ©ussi Ă  mobiliser opinion et personnalitĂ©s[52]. Le livre analyse « comment le pouvoir politique et Ă©conomique tente rĂ©guliĂšrement de bĂąillonner l’info »[53], via « l'intimidation, la menace et l'espionnage des journalistes »[54], notamment les maneuvres de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, en lien avec quelques oligarques[55], sur fond de concentration des mĂ©dias[56] - [57] - [58] - [59]. Selon cette enquĂȘte, la cheffe du service politique de l'AFP Sylvie Maligorne est en particulier parvenue, au fil du temps, Ă  faire « acte de rĂ©sistance »[60], et imposer un rapport de force au parti du prĂ©sident[61].

DÚs le , Nicolas Sarkozy a annoncé des réformes pour les médias, détaillée les mois suivants[62]. Le , le PDG de l'AFP Pierre Louette révÚle un projet visant à mettre fin au statut coopératif de l'AFP - qui n'a jamais eu d'actionnaires - pour en faire une société par actions, avec un « actionnaire public stable » et des salariés-actionnaires[63]. Les syndicats dénoncent un double risque d'étatisation et de privatisation. Peu aprÚs, débute une polémique[64] sur la couverture par l'AFP, jugée insuffisante, de communiqués UMP réagissant à la condamnation de SégolÚne Royal dans l'affaire de ses ex-attachées parlementaires[65]. Le [66], Nicolas Sarkozy demande à DaniÚle Giazzi, députée UMP, « de formuler des propositions » pour les médias et annonce des états généraux de la presse écrite[67]. Le rapport de Mme Giazzi, publié le , préconise d'ouvrir le capital de l'AFP[68], mais sans guÚre recueillir de soutien à l'UMP.

Le , le gouvernement français demande la crĂ©ation d'une sociĂ©tĂ© par actions[69]. Les six syndicats de l'AFP, SNJ, USJ-CFDT, SNJ-CGT, FO, SUD et CGC, lancent le une pĂ©tition Ă©lectronique[70]. Parmi les 22 000 signataires, nombre d'intellectuels et personnalitĂ©s : Rony Brauman, Edgar Morin, Jacques Delors, Noam Chomsky, Jean Ziegler, Axel Kahn, Danielle Mitterrand ou Jean Peyrelevade. Les six syndicats recueillent ensuite 100 % des voix aux Ă©lections professionnelles de mars 2009, marquĂ©es par un bond de la participation : 63,7 % des inscrits, +8 points sur 2007. Les Ă©tats gĂ©nĂ©raux de la presse Ă©crite ne soutiennent pas le projet de rĂ©forme, qui n'est mĂȘme pas abordĂ©. Le gouvernement demande quand mĂȘme au PDG de l'effectuer, mais sans insister beaucoup, Claude Moisy, ex-PDG qui a fait sa carriĂšre aux États-Unis, avertissant dans une tribune libre au Monde[71] que le statut de 1957 protĂšge la crĂ©dibilitĂ© internationale acquise par l'AFP. Les salariĂ©s dĂ©clenchent aussi grĂšves et manifestations. DĂ©but 2010, Pierre Louette quitte l'AFP avant la fin de son second mandat[72]. Son successeur Emmanuel Hoog annonce que le changement de statut n'est plus Ă  l'ordre du jour.

Nouvelle tentative de changement du statut en 2011 : la proposition de loi sénatoriale

Le , dans la plus grande discrĂ©tion, une proposition de loi est dĂ©posĂ©e au SĂ©nat par Jacques Legendre, visant Ă  changer le statut de l'AFP. Cette fois, plus question d'ouvrir le capital de l'entreprise, mais plutĂŽt de rĂ©duire la prĂ©sence des Ă©diteurs de presse au conseil d'administration de l'AFP, sans diminuer celle de l'État, l'auteur de la proposition de loi estimant que ces administrateurs bloquent le dĂ©veloppement de l'AFP. Cinq des six syndicats de l'AFP appellent Ă  une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale[73] le : grĂšve et motion de dĂ©fiance contre la direction sont votĂ©es Ă  l'unanimitĂ©, moins 10 abstentions[74]. La SDJ demande Ă  son tour un « rĂ©fĂ©rendum du personnel ». Le 1er juin, le PDG accepte de recevoir les syndicats. La CFDT est la derniĂšre Ă  se prononcer, par un communiquĂ© du , demandant au gouvernement de « laisser l’AFP travailler »[75]. Le lendemain, une nouvelle grĂšve de 24 heures est votĂ©e.

Le , le SĂ©nat renonce Ă  inscrire la proposition de loi Ă  l'ordre du jour de sa session parlementaire de juin. En juillet, Olivier Baube, de la SDJ, est Ă©lu administrateur de l'AFP avec 37 % des voix chez les journalistes contre 34 % pour Samir Douaihy, candidat de l'ADIAFP, association rivale crĂ©Ă©e en 2009 pour dĂ©fendre l'indĂ©pendance[76] de l'AFP et 22 % Ă  une liste des syndicats FO-Unsa-SNJ. Le , Le Canard enchaĂźnĂ© publie la copie d'un devis de 114 400 euros[77] de Media9[78], sociĂ©tĂ© de Pierre-JĂ©rĂŽme Henin, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy[79], visant Ă  relancer la promotion de la proposition de loi via « une cartographie des adversaires/alliĂ©s »[80], au sein des diffĂ©rents syndicats, et une charte des « Ă©lĂ©ments de langage ». La direction rĂ©pond que « des propositions lui sont faites rĂ©guliĂšrement », mais qu'elle « n’a pas donnĂ© suite »[77]. Elle estime « nĂ©cessaire » une Ă©volution « pour amĂ©liorer la gouvernance de l'agence », et « se mettre en conformitĂ© avec les exigences du droit » europĂ©en[81]. Fin septembre, le PDG de l'AFP annonce l’ouverture d’un « cycle de concertation avec les partenaires sociaux » sur la rĂ©forme. Cette derniĂšre est abandonnĂ©e en octobre, juste aprĂšs les Élections sĂ©natoriales françaises de 2011.

Projet de statut de 2014 : deux parlementaires au Conseil supérieur ?

À partir de 2012, le dĂ©mĂ©nagement et l'externalisation du logiciel IRIS[82] pĂšsent sur les coĂ»ts de l'AFP. Le dĂ©putĂ© Michel Françaix propose que l'État finance le dĂ©veloppement de l'AFP par la crĂ©ation d'une sociĂ©tĂ© par actions portant le matĂ©riel informatique, dont il deviendrait actionnaire. Les capitaux propres ainsi apportĂ©s sont cependant trĂšs modestes : 8 millions d'euros, soit 3 % du chiffre d'affaires annuel. Michel Françaix propose aussi de rĂ©duire de huit Ă  cinq le nombre d'Ă©diteurs de presse au conseil d'administration (sur quinze administrateurs). Pour Ă©viter d'ĂȘtre accusĂ© de renforcer le poids de l'État, qui conserve cinq reprĂ©sentants, dont deux pour l'audiovisuel public[83], il propose que cinq administrateurs soient dĂ©signĂ©s par le conseil supĂ©rieur de l'AFP, jusque-lĂ  proche de ce qui existe chez le concurrent Reuters.

Mais au passage, l'AssemblĂ©e nationale bouleverse les Ă©quilibres au sein de ce conseil supĂ©rieur, en votant en commission[84] l'entrĂ©e en son sein de deux parlementaires (un dĂ©putĂ© et un sĂ©nateur) en plus des autres membres. Jusque-lĂ , le conseil supĂ©rieur Ă©tait composĂ© de deux magistrats, Ă©lus en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du Conseil d'État et de la Cour de cassation, d'un reprĂ©sentant des syndicats nationaux de journalistes, et de trois patrons de l'audiovisuel et de la presse quotidienne, ainsi que deux membres cooptĂ©s par les six autres[85]. Les instances de supervision des grands mĂ©dias concurrents de l'AFP n'incluent pas de reprĂ©sentation des assemblĂ©es politiques, qu'il s'agisse du Reuters Trust, du BBC Trust ou du conseil d'administration d'Associated Press, oĂč ne siĂšgent que des reprĂ©sentants des journaux membres de la coopĂ©rative amĂ©ricaine.

La proposition de loi augmente le nombre d'administrateurs de l'AFP, de 15 Ă  18, le nombre d'Ă©lus salariĂ©s passant de deux Ă  trois[86]. Ce changement de statut a Ă©tĂ© contestĂ© par quatre syndicats (CGT, FO, SUD, CFE-CGC) de l'AFP, ayant rĂ©uni 62 % des voix aux Ă©lections professionnelles, qui ont appelĂ© Ă  une grĂšve de 24 heures en estimant que ce projet « vide le statut de 1957 de son essence »[87] et ne correspond pas Ă  ce que prĂ©conisait le rapport du dĂ©putĂ© Michel Françaix[87]. Ils dĂ©noncent aussi le fait que le matĂ©riel technique utilisĂ© par les journalistes pour leur production d'informations de tous les jours (informatique, rĂ©seaux, etc.) sera placĂ© dans une filiale distincte, d'oĂč une perte d'indĂ©pendance et une moindre protection des sources d'information.

L'AFP est condamnée le par la cour d'appel de Toulouse pour discrimination syndicale[88].

Augmentation du financement de l'État (depuis 2016)

L'AFP change de statut au cours de l'annĂ©e 2015 pour se mettre en conformitĂ© avec le droit europĂ©en par la loi no 2015-433 du [89]. Le financement de l'AFP par l'État est ainsi modifiĂ© et se structure en deux composantes :

  • Les compensations financiĂšres au titre des missions d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral (MIG)
  • Les abonnements commerciaux de l'État

Le COM 2014-2019 entre l'AFP et l'État est signĂ© le . Cependant, devant l'importance des difficultĂ©s rencontrĂ©es par l'AFP dans un contexte de crise de la presse Ă©crite, l'État dĂ©cide de dĂ©vier de la trajectoire dĂ©finie par le COM et alloue une dotation supplĂ©mentaire de 1,6 million d'euros au titre de l'annĂ©e 2016. L'Ă©cart s'amplifie largement en 2017 avec une dotation augmentĂ©e de 4,3 millions d'euros par rapport aux prĂ©visions du COM. De fait, les perspectives de croissance du chiffre d'affaires inscrites dans le COM Ă©taient optimistes, le chiffre d'affaires rĂ©alisĂ© en 2015 est ainsi infĂ©rieur de 1,6 million d'euros aux prĂ©visions initiales[90].

En , Fabrice Fries, le PDG, annonce vouloir Ă©conomiser 14 millions d'euros sur la masse salariale d'ici Ă  2023. 125 postes devraient ĂȘtre supprimĂ©s, soit 5% des effectifs. Des dĂ©parts Ă  la retraite ne seraient pas compensĂ©s et une enveloppe devrait ĂȘtre mise Ă  disposition pour encourager les volontaires Ă  quitter l'entreprise. Fabrice Fries a demandĂ© Ă  l'Ă©tat de l'aide pour financer ce plan de dĂ©part Ă  hauteur de 17 millions d'euros dans le cadre de fonds pour la transformation de l'action publique. L'AFP n'Ă©tant pas une entreprise publique, elle n'a pas droit Ă  cette aide, mais cherche toujours Ă  rĂ©cupĂ©rer un moyen de financer son plan de restructuration. Sur les 125 postes concernĂ©s, 40 sont des journalistes et 85 sont issus du personnel technique ou administratif[91].

Sur les quatre derniÚres années, l'AFP a perdu dix millions d'euros de recettes et enchaßnera en 2018 une cinquiÚme année consécutive en déficit. L'AFP est directement et fortement affectée par la crise traversée par la presse, qui commande globalement moins de contenu ou qui revoit ses abonnements à la baisse[92].

Financement prévu et révisé de l'AFP pour la période 2014-2018 (en millions d'euros)[90]
2014 2015 2016[93] 2017[94] 2018[95]
Financement prévu par le COM 119,72 126,68 127,48 127,88 127,88
dont paiement au titre des MIG 105,02 105,82 106,22 106,22
dont paiement au titre des abonnements de l'État 21,66 21,66 21,66 21,66
Financement inscrit en loi de finances 126,7 129,1 132,47 131,48
dont paiement au titre des MIG 110,82 109,82
dont paiement au titre des abonnements de l'État 21,66 21,66
Écart en stagnation 0 en augmentation + 1,62 en augmentation + 4,59 en augmentation + 3,59

Identité visuelle (logo)

  • Logo de l'AFP jusqu'en 2012.
    Logo de l'AFP jusqu'en 2012.
  • Logo de l'AFP de 2012 Ă  2020.
    Logo de l'AFP de 2012 Ă  2020.
  • Logo de l'AFP depuis 2020.
    Logo de l'AFP depuis 2020.

Six langues diffusĂ©es et 151 pays couverts par 100 nationalitĂ©s

Basée à Paris, l'AFP couvre 151 pays, grùce à un réseau de correspondants dans 260 villes, dont cinq centres régionaux :

  1. Washington (Amérique du Nord)
  2. Hong Kong (Asie-Pacifique)
  3. Montevideo (Amérique latine)
  4. Nicosie (Moyen-Orient)
  5. Paris (Europe et Afrique)

L’AFP dĂ©clare employer 2 400 personnes de 100 nationalitĂ©s diffĂ©rentes, dont 1 700 journalistes[96]. Elle informe en six langues (français, anglais, espagnol, allemand, portugais et arabe), 24 heures sur 24.

Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, l'Ă©tranger reprĂ©sente la moitiĂ© des ventes commerciales et les abonnements aux ministĂšres, prĂ©fectures, ambassades, agences et services publics pĂšsent pour 40 % du chiffre d'affaires[97]. En 2022, les deux tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise proviennent des revenus commerciaux[1].

Statut d'indépendance et de neutralité

Statut particulier

Le statut particulier de l'AFP fut créé par la loi du , votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale, à la suite des souhaits de Jean Marin (président de l'AFP de 1954 à 1975), la réflexion étant initialement lancée au sein de deux groupes de travail, en 1954, fusionnés en , par décret du président du Conseil Pierre MendÚs France, en une commission « chargée d'étudier les réformes de l'AFP et de préparer un projet de statut ». Le projet de statut est approuvé en au sein de la commission, puis en août par les employés de l'AFP, mais présenté en séance pléniÚre à l'Assemblée en .

L'AFP est « un organisme autonome dotĂ© de la personnalitĂ© civile » au « fonctionnement assurĂ© suivant les rĂšgles commerciales ». Sa mission est « de rechercher, tant en France qu’à l’étranger, les Ă©lĂ©ments d’une information complĂšte et objective » et de les « mettre Ă  la disposition des usagers ». Le spĂ©cialiste de droit public Jean Waline y voit une personne morale de droit public sui generis ou innommĂ©e. Mais le Conseil d'État l'a qualifiĂ©e d'organe de droit privĂ© sui generis, dans un avis d'assemblĂ©e du relatif au statut juridique du siĂšge de l’AFP[98].

L'AFP est gouvernĂ©e par un conseil d'administration de 18 membres en plus du PDG :

Une commission financiĂšre composĂ©e de deux membres de la Cour des comptes et d'un expert dĂ©signĂ© par le ministre de l’Économie et des Finances surveille sa gestion financiĂšre[99].

La loi de 1957 a Ă©galement instituĂ© un conseil supĂ©rieur de 8 membres, inspirĂ© par le modĂšle du Reuters Trust, qui veille au respect par l’AFP de la mission impartie par ses statuts, et reçoit les plaintes des usagers ou des professionnels. GĂ©nĂ©ralement qualifiĂ© de juridiction administrative spĂ©ciale (Jean Waline) ou d'autoritĂ© administrative indĂ©pendante (Rapport 2001 du Conseil d'État), il peut sanctionner le PDG. Le , l'AssemblĂ©e nationale examine une proposition de loi prĂ©voyant de modifier en profondeur la composition du conseil supĂ©rieur, notamment avec l'arrivĂ©e d'un dĂ©putĂ© et d'un sĂ©nateur[100], ce qui n'est pas prĂ©vu dans le Reuters Trust.

Contestations

Le contenu Ă©ditorial a Ă©tĂ© plusieurs fois contestĂ©. Le dĂ©putĂ© UMP FrĂ©dĂ©ric Lefebvre s'est plaint en 2008 auprĂšs du conseil supĂ©rieur que sa rĂ©action Ă  une condamnation de SĂ©golĂšne Royal n'ait pas Ă©tĂ© reprise[101]. L'AFP a rĂ©pliquĂ© que « L'affaire de la condamnation de Mme Royal a Ă©tĂ© largement traitĂ©e sur les fils de l'AFP, qui ne saurait par ailleurs rĂ©percuter systĂ©matiquement les trĂšs nombreux communiquĂ©s qu'elle reçoit. Le choix de traiter ou pas un communiquĂ© dĂ©pend de sa valeur informative »[64]. À l'inverse, des associations de la gauche radicale dĂ©plorent la trop grande couverture accordĂ©e Ă  Nicolas Sarkozy[102] ; tandis que l'intersyndicale dĂ©plore l'insuffisante protection des sources des journalistes[103].

Depuis 2008, la privatisation de l'agence est un sujet récurrent[104] - [105].

En 2022, ArrĂȘt sur images publie un article opinant que l'AFP diffuse des Ă©lĂ©ments de la propagande russe via son partenariat avec l'agence de presse d'État russe Sputnik. La plateforme AFP Forum propose des clichĂ©s de Vladimir Poutine pris par des photographes de Sputnik qu'ASI juge « flatteurs, ou du moins conformes Ă  ce qu'en attend Poutine » et les lĂ©gendes de certaines photographies proposĂ©es par l'AFP via son partenariat avec Sputnik reprennent la ligne russe, prĂ©sentant la CrimĂ©e comme un territoire russe ou Marioupol comme une ville de la rĂ©publique populaire de Donetsk. L'AFP tente de remĂ©dier Ă  ce problĂšme en apposant un avertissement prĂ©cisant l'origine des images, ce qui est jugĂ© insuffisant par le chroniqueur Tristan MendĂšs France ; et en reversant Ă  la Croix-Rouge la commission qu'elle perçoit sur toute vente de la production de Sputnik jusqu'Ă  l'issue de l'invasion de l'Ukraine par la Russie[106].

AFP Factuel

Fin 2016, un programme de partenariat a été conclu entre l'AFP via AFP Factuel et Facebook portant sur des activités de « fact-checking ». L'agence de presse généraliste serait le média qui participe à ce programme dans le plus grand nombre de pays, l'AFP Factuel représentant en effet plus de 30 journalistes à l'échelle mondiale, avec plus de 200 articles publiés par mois. Certains syndicats, comme le Syndicat national des journalistes (SNJ) au sein de l'AFP ont pointé les limites d'un partenariat qui repose « sur le financement d'un seul acteur privé qui utilise qui plus est ce type de partenariat dans le but de redorer son image. »[107] Selon Challenges, en interne, on évoque « un contrat d'1 million d'euros pour la seule année 2018. » Mais, « la direction a fait savoir qu'elle ne communiquait pas sur les chiffres de ce contrat »[107].

En 2023 l’AFP indique compter plus de 140 journalistes fact-checkeurs[108] qui travaillent[109] sur les cinq continents en 26 langues, selon des rĂšgles Ă©ditoriales et Ă©thiques prĂ©cises[110].

Condamnations

En 2011, l'AFP est condamnée pour l'utilisation de photos sans le consentement de leur auteur, le photographe haïtien Daniel Morel[111].

En , l'AFP est condamnée pour diffamation envers le Front national. L'agence avait imputé en 2016 au Front national des pratiques fiscales opaques ou frauduleuses dans le cadre du scandale des Panama Papers[112] - [113].

L'AFP est condamnée en 2017 pour « discrimination syndicale » à l'encontre de la CGT[114].

Financement par une convention pluriannuelle

L'AFP n'a pas d'actionnaires, mais dispose de capitaux propres résultant de ses excédents bruts d'exploitation.

Son statut, dĂ©fini par une loi de 1957 votĂ©e Ă  l'unanimitĂ© par le parlement français, prĂ©voit une indexation des abonnements des services publics (40 % du chiffre d'affaires en 2004) sur le coĂ»t des transmissions tĂ©lĂ©graphiques et sur le montant des abonnements des clients privĂ©s, dans le cadre d'une convention[99] pluriannuelle, afin de limiter les rendez-vous avec l'État. En 2011, les abonnements de l'État reprĂ©sentaient 115 millions d'euros[115].

Avec ce statut, les journalistes revendiquent l'indépendance absolue de la ligne éditoriale[116] en soulignant que le montant des abonnements est fixé à l'avance, ce qui assure à l'entreprise une visibilité à moyen terme.

La pĂ©rennitĂ© de ce mode de financement est garantie par la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union europĂ©enne, via l'ArrĂȘt Altmark, qui autorise le financement d'entreprises privĂ©es comme l'AFP, ou comme les Ă©coles privĂ©es, Ă  condition de respecter quatre critĂšres, dont l'accomplissement d'une mission d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. L'article 14 de la loi de 1957 sur le nouveau statut prĂ©voit que l'AFP ne peut ĂȘtre dissoute[99], avec interdiction de liquider ses actifs, mĂȘme en cas de pertes, pour Ă©viter tout chantage Ă  la faillite.

Le rĂŽle de l'État a souvent Ă©tĂ© critiquĂ© : ainsi, aprĂšs les pertes financiĂšres apparues lors des crises monĂ©taires et pĂ©troliĂšres de la pĂ©riode 1979-1982, l'État a proposĂ© en 1982 Ă  l'AFP d'Ă©ponger les pertes par un prĂȘt, en Ă©change d'un plan Ă  dix ans ; les projets de restructuration des effectifs sont alors repoussĂ©s. Les administrateurs issus de la presse s'inquiĂštent des hĂ©sitations de l'État et poussent l'AFP, entre 1986-1987, Ă  la restructuration des effectifs, soit la suppression de 150 postes[117].

Secteur de la vidéo

L'AFP dĂ©veloppe le secteur de la vidĂ©o. Elle propose en plus de la vidĂ©o de l'actualitĂ© nationale et internationale, des flux vidĂ©o « Live » dans le monde entier[118] avec l’ouverture de rĂ©gies Ă  Paris, Hong Kong et Washington[119] pour une couverture 24h/24 et 7j/7. En 2019, une cellule digitale est aussi crĂ©Ă©e pour rĂ©aliser des formats photo/vidĂ©o Ă  destination des rĂ©seaux sociaux[120].

Illustration de cette prioritĂ© donnĂ©e au journalisme visuel, l’AFP a nommĂ© pour la premiĂšre fois un journaliste issu de la photo, Sylvain Estibal, directeur de la rĂ©gion Moyen-Orient et Afrique du Nord[121], l’une de ses 7 directions rĂ©gionales et pour diriger ses bureaux de Bangkok et de Rangoon, l’AFP a choisi deux anciens journalistes vidĂ©o. StĂ©phane Delfour, ancien rĂ©dacteur en chef vidĂ©o France a Ă©tĂ© nommĂ© directeur du bureau de Bangkok et Ă  Rangoon; Richard Sargent, ancien rĂ©dacteur en chef vidĂ©o Asie qui prend alors la tĂȘte du bureau[122].

Secteur de l’audio

Durant les annĂ©es 1980 et sous l’impulsion d’Henri Pigeat, l’AFP dĂ©veloppe un service Ă  destination des radios associatives et privĂ©es, nommĂ© AFP-Flash[123]. Sous la direction d'Alain Faudeux, ce service se professionnalise et fonctionne comme une entreprise autonome au sein de l'AFP[124]. Depuis 1985 et Ă  dĂ©faut de pouvoir diffuser de la publicitĂ©, l'AFP audio est dĂ©ficitaire accusant une perte de 30 millions de francs, soit entre deux et quatre millions chaque annĂ©e[125]. Par consĂ©quent, l'AFP se dĂ©sengage progressivement avec l'arrivĂ©e de la publicitĂ© sur les radios locales.

L’AFP Audio est rachetĂ©e par le groupe LagardĂšre avant de devenir l’agence A2PRL en 2004. L'agence est dĂ©tenue depuis 2014 par le groupe toulousain Mediameeting[126].

Depuis 2021, l'AFP réutilise la marque AFP audio dans le cadre d'une nouvelle offre de services[127].

Sur les réseaux sociaux

La présence de l'AFP sur les réseaux sociaux commence en 2010 avec Facebook[128]. Cette année-là en septembre, une cellule réseaux sociaux a été créée à la rédaction en chef centrale de l'agence à Paris. Cette cellule, qui n'était constituée que d'une seule personne à l'origine, en comptait quatre fin 2013 (trois journalistes francophones et un anglophone). Cette cellule a deux missions principales : assurer la présence de l'AFP sur les réseaux sociaux ; former et accompagner les journalistes de l'agence à la pratique et à l'usage des réseaux sociaux. Ceux-ci, particuliÚrement Twitter, sont quotidiennement utilisés par les journalistes.

Fin 2013, l'AFP est présente sur Twitter en français, anglais, espagnol, allemand et arabe, ainsi que sur Facebook, en français et anglais. L'agence compte également deux pages Google+ en français et anglais, un Tumblr qui met en avant le travail de ses photoreporters et une page Pinterest mettant également en valeur la production de ses photographes à travers le monde.

Le , l'AFP a annoncé sur son site le lancement d'un blog consacré à la sécurité[129]. Le blog est destiné aux correspondants de l'agence et aux départements de l'information et rédaction en chef des grands médias qui envoient du personnel sur le terrain. Il traitera de la sécurité des journalistes en temps de crise en proposant diverses recommandations, mises en garde et conseils aux envoyés spéciaux sur le terrain[130].

Le , l'AFP annonce par erreur la mort de Martin Bouygues. L'information sera relayĂ©e sur tous les rĂ©seaux sociaux avant d'ĂȘtre dĂ©mentie quelques minutes plus tard par TF1, filiale du groupe Bouygues, dont Martin Bouygues est l'actuel PDG[131].

Présidents

Les dix premiĂšres annĂ©es de son existence, l'AFP n'avait qu'un directeur. À partir de 1957, un prĂ©sident est Ă©lu pour trois ans.

Cinq des dix prĂ©sidents de l'AFP ont fait plus d'un mandat. Henri Pigeat est restĂ© 7 ans, tandis que Jean Marin, le prĂ©sident Ă  l'origine du statut d'indĂ©pendance et de neutralitĂ©, 21 ans, soit sept mandats consĂ©cutifs. L'Ă©lection en 1978 de Roger Bouzinac, ancien des cabinets ministĂ©riels et premier non-journaliste Ă  la tĂȘte de l'entreprise, avait provoquĂ© la dĂ©mission d'Hubert Beuve-MĂ©ry, patron du Monde pour dĂ©noncer « le fait du prince » : le gouvernement avait d'abord envisagĂ© de nommer un ambassadeur de France, puis des administrateurs reprĂ©sentant des mĂ©dias publics s'Ă©taient alliĂ©s Ă  une partie des Ă©diteurs de presse. Seul PDG Ă  n'avoir pas fini son premier mandat, avec Éric Giuily, il est victime d'une motion de dĂ©fiance des salariĂ©s, sur une question de dĂ©ontologie. Henri Pigeat est parti aprĂšs une grave crise financiĂšre et politique, sur fond de dumping de l'agence concurrente, United Press International, disparue peu aprĂšs.

AnnéeNom
1944-1945Martial Bourgeon
1945François Crucy
1945-1947Maurice NĂšgre
1947-1950Paul Louis Bret
1950-1954Maurice NĂšgre
1954-1975Jean Marin
1975-1978Claude Roussel
1978-1979Roger Bouzinac
1979-1986Henri Pigeat
1987-1990Jean-Louis Guillaud
1990-1993Claude Moisy
1993-1996Lionel Fleury
1996-1999Jean Miot
1999-2000Éric Giuily
2000-2005Bertrand Eveno
2005-2010Pierre Louette
2010-2018Emmanuel Hoog
depuis le Fabrice Fries

Journalistes notables

Distinctions

L’AFP a Ă©tĂ© Ă©lue « meilleure agence de l’annĂ©e » en 2021 et en 2020 par l’AIB (Association of international broadcasters).

Deux photographes ont remportĂ© un prix Pulitzer pour une photo AFP : Massoud Hossaini en 2012 pour la photo d’une fillette en pleurs aprĂšs un attentat suicide Ă  Kaboul (1er prix catĂ©gorie Breaking News), et Javier Manzano en 2013 pour la photo de deux rebelles syriens dans un local Ă©clairĂ© par les rais de lumiĂšre filtrant Ă  travers des impacts de balles (1er prix catĂ©gorie « photo magazine »).

Le « World Press photo of the year » est revenu trois fois Ă  un photographe AFP : Hocine Zaourar en 1998 pour la photo d’une femme en pleurs devant un hĂŽpital Ă  Alger, Ronaldo Schemidt en 2018 pour le clichĂ© d’un homme en feu lors d’affrontements Ă  Caracas, et Yasuyoshi Chiba en 2020 pour la photo de jeunes manifestants Ă  Khartoum.

Le Prix Albert Londres est revenu cinq fois à des journalistes de l’AFP : Patrick Meney en 1983, Sammy Ketz en 1988, le bureau de Moscou de l’AFP en 1995, Michel Moutot en 1999 et Emmanuel Duparcq en 2011.

Cinq collaborateurs de l’AFP ont remportĂ© le prix Rory Peck : PacĂŽme Pabandji en 2014, Zein Al-Rifai en 2015, Will Vassilopoulos en 2016, Luis Sequeira en 2019 et Solan Kolli en 2021.

Le Visa d’Or (catĂ©gorie News) est revenu quatre fois Ă  des photographes de l’AFP (Georges Gobet en 2003, BĂŒlent Kilic en 2015, Aris Messinis en 2016, Guillermo Arias en 2019) alors que Sameer Al-Doumy a remportĂ© le Visa d’Or humanitaire en 2022.

Enfin l’AFP a Ă©tĂ© distinguĂ©e par les « Covering Climate Now journalism awards » en 2021 (photos de Josh Edelson) et en 2022 (collectif, catĂ©gorie « vidĂ©o – short feature »).

Archives

Notes et références

Notes

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Références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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