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ArrĂȘt Altmark

Le jugement rendu le dans l'affaire Altmark Trans GmbH et RegierungsprĂ€sidium Magdeburg contre Nahverkehrsgesellschaft Altmark GmbH (ou plus simplement ArrĂȘt Altmark, affaire C-280/00) par la Cour de justice des CommunautĂ©s europĂ©ennes (actuelle Cour de justice de l'Union europĂ©enne) est l'une des bases de la jurisprudence du droit communautaire de la CommunautĂ© europĂ©enne.

ArrĂȘt Altmark
Titre Altmark Trans GmbH et RegierungsprÀsidium Magdeburg contre Nahverkehrsgesellschaft Altmark GmbH
Code Affaire C-280/00
Organisation Drapeau de l’Union europĂ©enne Union europĂ©enne
Tribunal Cour de justice des Communautés européennes (actuelle Cour de justice de l'Union européenne)
Date
Recours Question prĂ©judicielle relative Ă  l'action des États membres en matiĂšre d'obligations inhĂ©rentes Ă  la notion de service public
DĂ©tails juridiques
ProblĂšme de droit Conditions d'attribution des aides accordĂ©es par les États face Ă  l'obligation de fournir un service public.
Voir aussi
Lire en ligne « Texte de l'arrĂȘt », sur EUR-Lex et publiĂ© au Journal officiel n° C 226 du 20/09/2003 p. 0001 - 0002.

En substance, cet arrĂȘt rĂ©git l'attribution des aides d'État versĂ©es en compensation de la rĂ©alisation d'un service public par une entreprise privĂ©e. La Cour confirme que le droit communautaire ne s'oppose pas Ă  la mise en place ou la subvention de services d'intĂ©rĂȘt Ă©conomique gĂ©nĂ©ral, mais dĂ©termine quatre conditions de transparence qui doivent ĂȘtre remplies pour que ces subventions ne soient pas considĂ©rĂ©es comme des aides d'État et soient ainsi soustraites Ă  l'obligation de notification Ă  la Commission.

Les faits

L'arrondissement de Stendal accorde en 1990 une licence d'exploitation d'un service de bus à l'entreprise Altmark Trans, contrat renouvelé sans appels d'offres en 1994 et 1996. Le contrat stipule certaines obligations en matiÚre de tarifs et d'horaires, fixés par la collectivité. En contrepartie, celle-ci compense le déficit d'exploitation par des aides financiÚres.

La Nahverkehrsgesellschaft Altmark, concurrente d'Altmark Trans, conteste cette attribution devant les tribunaux allemands au motif que sans les aides publiques, celle-ci ne pourrait survivre : elle n'est donc pas économiquement saine au regard des rÚglements allemands. La juridiction d'appel lui donne raison et annule les licences octroyées ; Altmark Trans décide dÚs lors de faire appel devant le Tribunal administratif fédéral.

La loi allemande imposant l'attribution de compensations aprĂšs appel d'offres uniquement, le tribunal se devait donc de dĂ©terminer si une juridiction locale pouvait se contenter de verser celles-ci sans tenir compte des rĂšgles communautaires concernant les aides d'État. Il dĂ©cide en 2000 de se tourner vers la CJCE et de lui poser une question prĂ©judicielle en ce sens : « les subventions visant Ă  compenser le dĂ©ficit d’un service public de transport local de personnes sont-elles en toute hypothĂšse visĂ©es par l’interdiction des aides Ă©noncĂ©e Ă  l’article 87 paragraphe 1 du traitĂ© CE, ou, eu Ă©gard Ă  leur portĂ©e rĂ©gionale, convient-il de considĂ©rer que de telles subventions ne sont, a priori, pas de nature Ă  affecter les Ă©changes entre États membres[1] ? »

DĂ©cision de la CJCE

La Cour de Justice des communautĂ©s, aprĂšs avoir rappelĂ© que le secteur des transports publics terrestres obĂ©it Ă  des rĂšgles de droit dĂ©rivĂ© spĂ©cifiques (article 73 TCE), maintient le principe des versements compensatoires. Elle les encadre cependant par quatre conditions qui doivent ĂȘtre remplies pour que les compensations visĂ©es puissent Ă©chapper Ă  la qualification d'aide d'État (ces derniĂšres devant ĂȘtre dĂ©clarĂ©es auprĂšs des autoritĂ©s europĂ©ennes) :

  1. Les obligations de service public doivent ĂȘtre clairement dĂ©finies ;
  2. La compensation doit ĂȘtre prĂ©alablement calculĂ©e de façon objective et transparente, afin d'Ă©viter qu'elle comporte un avantage Ă©conomique susceptible de favoriser l'entreprise bĂ©nĂ©ficiaire par rapport Ă  des entreprises concurrentes ;
  3. La compensation ne saurait dépasser ce qui est nécessaire pour couvrir tout ou partie des coûts occasionnés par l'exécution des obligations de service public en tenant compte des recettes y relatives ainsi que d'un bénéfice raisonnable relatif à l'exécution de ces obligations ;
  4. Enfin, lorsque le choix de l'entreprise n'est pas effectuĂ© dans le cadre d'une procĂ©dure de marchĂ© public permettant de sĂ©lectionner le candidat capable de fournir ces services au coĂ»t Ă©conomiquement le plus avantageux (le « mieux disant ») pour la collectivitĂ©, le niveau de la compensation nĂ©cessaire doit ĂȘtre dĂ©terminĂ© sur la base d'une analyse des coĂ»ts qu'une entreprise moyenne, bien gĂ©rĂ©e et adĂ©quatement Ă©quipĂ©e en moyens de transport, aurait encourus pour exĂ©cuter ces obligations[2].

Ces quatre conditions sont cumulatives, ce qui signifie que si l'une d'entre elles n'est pas remplie, les compensations seront qualifiĂ©es aide d'État et devront ainsi ĂȘtre notifiĂ©es Ă  la Commission europĂ©enne. En application de l'article 106.2 du TraitĂ© CE, celle-ci pourra toutefois aprĂšs analyse considĂ©rer que l'aide d'État n'est pas incompatible avec le TraitĂ©. Pour son analyse, la Commission europĂ©enne s'appuie sur la mĂ©thodologie figurant dans la Communication de la Commission « Encadrement de l'Union europĂ©enne applicable aux aides d'État sous forme de compensations de service public (2011) ».

Sources

Références

  1. Alain Alexis, « L’arrĂȘt Altmark Trans du 24 juillet 2003 : La Cour de justice prĂ©cise les conditions de financement des Services d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique gĂ©nĂ©ral », Competition Policy Newsletter, 2003, p. 1-7.
  2. C280/00, points 87 Ă  93.

Bibliographie

Compléments

Articles connexes

Liens externes

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