Accueil🇫🇷Chercher

Petite presse

La petite presse est un terme générique utilisé à la fin du XIXe siècle pour définir les quotidiens populaires à un sou (cinq centimes), qui fleurissent à Paris et en Province, avec un format modeste mais en général un tirage très important, sur le modèle du Petit Journal fondé en 1863.

Cependant, cette appellation peut parfois porter à confusion car certains historiens comme Patrick Eveno désignent ces mêmes journaux comme la "grande presse"[1].

Histoire

Un contenu plus diversifié

Les journaux politiques sont ordinairement imprimĂ©s sur du papier d'un grand format, et c'est pour cela que la presse politique de la fin du XIXe siècle est appelĂ©e « grande presse Â». Le terme est utilisĂ© dès 1859, bien avant l'apparition et le succès du Petit Journal fondĂ© en 1863. HonorĂ© de Balzac la dĂ©peint avec fĂ©rocitĂ© dans Illusions perdues[2], dont l'intrigue est situĂ©e beaucoup plus tĂ´t, la dĂ©nigrant pour sa vĂ©nalitĂ© et son immoralitĂ©, d'autres auteurs prenant sa dĂ©fense.

Ensuite, toute la presse « non politique Â» se trouve dĂ©signĂ©e sous la qualification de petite presse. Mais la petite presse publie aussi des informations politiques, en quantitĂ© cependant plus rĂ©duite, qu'elle panache avec des informations gĂ©nĂ©rales, sociales, sportives et des faits divers. Une partie de ses titres sont mĂŞme purement politiques : la campagne menĂ©e autour du quotidien Le Progrès de Lyon en faveur du rĂ©alisme et des droits de l'individu conduit Jules Vallès Ă  saluer le succès du lancement de La Rive gauche, petit journal socialiste en 1864[3].

La petite presse se vend aussi grâce à des feuilletons, mais ce type de contenu était répandu bien avant son apparition, par exemple dans le quotidien Le Constitutionnel des années 1840. Quelques-uns des journaux de la petite presse sont tout entier remplis d'actualité, grâce aux progrès du télégraphe, surtout à partir des années 1880.

Le succès également en province

Dès 1873, Le Petit Journal, fondĂ© en 1863, envoie dĂ©jĂ  les quatre-septièmes de son tirage en province (200 000 sur 350 000 exemplaires). CrĂ©Ă© en 1876, Le Petit Parisien, diffuse lui moitiĂ© de son tirage en province en 1887[4].

Parmi les éléments de succès de cette petite presse, la satire des mœurs vient en première ligne, mais ce trait de caractère freine son développement dans les villes moyennes, où les susceptibilités provinciales sont irritables.

Les quotidiens rĂ©gionaux comme La Gironde ont crĂ©Ă© leur propre titres de petite presse, avec la crĂ©ation en 1872 de La Petite Gironde, pour rĂ©agir Ă  la percĂ©e du parisien Le Petit Journal dans de nombreuses petites villes de province, oĂą il s'appuie sur un rĂ©seau de dĂ©positaires et de maisons de la presse. FondĂ©e en 1877, La Petite Presse de Lyon relève de la mĂŞme dĂ©marche. Pour le journaliste NapolĂ©on Fourgeaud-Lagrèze, la petite presse est un « admirable engin de dĂ©centralisation littĂ©raire, s'il est maniĂ© avec habiletĂ© Â»[5]. Pour Justin Gari, elle permet d'Ă©viter que « les hommes ne soient pas obsĂ©dĂ©s par une foule d'artistes mĂ©diocres dont les intrigues font les succès, par les prĂ©tentions ridicules et encombrantes des rĂ©putations de clocher Â»[6].

Le grand succès au tournant du siècle

Les quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, appartenaient à ce genre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, Le Journal et Le Petit Journal. À eux quatre, ils vendent 4,5 millions d'exemplaires et pèsent les trois quarts des quotidiens parisiens, 40 % du total des quotidiens français[7].

Le Petit Parisien atteindra une très grande diffusion. Le , les actions du journal sont cotĂ©es Ă  la Bourse de Paris. Le tirage vient d'atteindre 400 000 exemplaires, puis ce sont 775 000 exemplaires vendus Ă  travers la France en 1898, avant l'affaire Dreyfus, un million dès 1900, 1,448 en 1913 et plus de deux millions Ă  la fin de la Première Guerre mondiale. En 1913, Le Petit Journal ne tire plus qu'Ă  0,8 million contre plus d'un million en 1898.

Chronologie des principaux titres

Ă€ Paris

En province

Notes

  1. « Les bonnes recettes de la grande presse », sur www.historia.fr (consulté le )
  2. Histoire de la critique dramatique en France, par Maurice Descotes, page 213
  3. Les Années de formation de Jules Vallès: 1845-1867", par François Marotin, page 207
  4. Des petits journaux au grandes agences, par Michaël Palmer, page 275
  5. Napoléon Fourgeaud-Lagrèze, La petite presse en province, , 244 p. (lire en ligne), p. 6.
    page 7
  6. La Liberté de la presse, par Justin Gari, page 5
  7. Des petits journaux au grandes agences, par Michaël Palmer, page 253
  8. Journalisme et dépendances, par Ivan Chupin, Jérémie Nollet, page 94
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.