Le Petit Marseillais (journal)
Histoire
Le journal a Ă©tĂ© co-fondĂ© Ă Marseille en 1868 par Toussaint Samat (1841-1916), fils dâun tonnelier de Mazargues devenu ouvrier typographe[1], Denis Bourrageas (et non Gustave son fils) et Jean-Baptiste Peirron (1845-1916).
Ălise Lasry explique : « GrĂące Ă sa rencontre avec Gustave Bourrageas, qui revient alors de Zanzibar oĂč il a amassĂ© une petite fortune, Samat va pouvoir concrĂ©tiser son rĂȘve. Les deux hommes embarquent dans leur entreprise le beau-frĂšre de Samat, Jean-Baptiste Peirron. Le 22 mars 1868 paraĂźt le premier numĂ©ro du Petit Marseillais, tirĂ© Ă 5 700 exemplaires. Le chiffre augmente rapidement pour se stabiliser Ă 20 000 avec un record de 40 000 »[1] - [2].
Les rubriques traitent beaucoup de local, sans oublier le national et l'international, la Bourse et les procÚs célÚbres[1]. Il fut surnommé le « journal à un sou » à cause de son prix de vente (5 centimes de franc - 1 sou) alors que les autres journaux coûtaient 2 sous (10 centimes)[1] - [3].
En 1869, le journal, grùce à l'affaire des « empoisonneuses » (des dizaines de femmes accusées d'avoir tué leurs maris), réalisa ses premiers tirages importants. Le procÚs se déroulant aux Assises d'Aix-en-Provence, Toussaint Samat le fit couvrir par ses journalistes qui se relayaient en permanence au Palais de Justice et rapportaient heure aprÚs heure le déroulement du procÚs dans ses moindres détails. C'était une premiÚre dans la presse et Le Petit Marseillais en profita pour asseoir sa réputation[1].
En 1880, il devint le deuxiĂšme plus grand journal de province, derriĂšre Le Petit Lyonnais et devant La DĂ©pĂȘche[4]. Au cours des annĂ©es 1880, FĂ©lix Dubois fut l'un des correspondants europĂ©ens du journal, il Ă©crivait de Berlin et de Vienne[5].
Une statistique journalistique, de 1887, indique que Le Petit Marseillais était alors de tendance républicaine, spécialisé dans les secteurs du commerce et de la finance, et que son tirage était de 76 000 exemplaires[6].
Pour contrer une concurrence devenue plus forte, avec l'apparition des journaux Le Radical, Le Petit Provençal et Le Soleil du Midi, Le Petit Marseillais se modernisa en lançant un format de six pages dont le premier numéro parut le [3].
Au cours de l'annĂ©e 1939, Le Petit Marseillais atteignit un tirage quotidien de 150 000 exemplaires[7]. En cette fin de dĂ©cennie, le journal Ă©tait diffusĂ© dans le sud-est de la France, la Corse et l'Afrique du Nord. Bien qu'il continuĂąt Ă se proclamer rĂ©publicain, sa ligne politique devint extrĂȘmement modĂ©rĂ©e[8].
La République du Var, quotidien radical-socialiste, édité à Toulon, fut absorbé[9]. Puis Le Petit Marseillais prit le contrÎle d'un autre journal de gauche, Le Petit Var, aussi basé à Toulon, et se déclara favorable dÚs juillet 1940 à la Révolution nationale prÎnée par Pétain[10].
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le journal s'affirma ouvertement pour le gouvernement de Vichy. Jean Gaillard-Bourrageas, descendant de Gustave Bourrageas, directeur du journal et principal actionnaire, fut arrĂȘtĂ© en pour escroquerie et dĂ©tournement de fonds au prĂ©judice du journal. Il tenta de retrouver sa position dirigeante au sein du quotidien, ce qui provoqua l'arrestation de co-gĂ©rants en 1943, l'implication de Pierre Laval, des Allemands et d'un directeur et administrateur de journaux, Albert Lejeune, directeur notamment du Petit Niçois[11].
Pour cette sombre affaire de rachat de parts du journal Ă laquelle furent mĂȘlĂ©s les Allemands et Laval, Jean Gaillard-Bourrageas, en fuite, est jugĂ© et condamnĂ© Ă mort par contumace par la Cour de justice de Marseille le [12] - [13]. Albert Lejeune, prĂ©sent Ă l'audience, est aussi condamnĂ© Ă mort. Il est fusillĂ© le .
Le journal disparut en 1944, aux premiers jours de la LibĂ©ration. Tout le groupe de presse et ses imprimeries furent rĂ©cupĂ©rĂ©s par la RĂ©sistance. Le Petit Var rĂ©apparut sous le titre Le Petit Varois, journal d'obĂ©dience communiste[10]. Quant Ă La RĂ©publique du Var, elle rĂ©apparut sous le mĂȘme titre[9]. Les locaux du Petit Marseillais furent rĂ©cupĂ©rĂ©s et devinrent ceux de La Marseillaise[8].
Notes et références
- Ălise Lasry, Un Petit Marseillais de 25 ans sur le site defigrandesecoles
- GENEANET : Gustave (nĂ© en 1877) est le fils de Denis (nĂ© en 1842). Il ne peut pas ĂȘtre fondateur du journal en 1868
- Françoise-Albane Beudot, op. cit., p. 150.
- Donald Sassoon, op. cit., p. 150.
- Yves T. Saint-Martin, op. cit., p. 92.
- Sells, op. cit., p. 532.
- David Wingeate Pike, op. cit., p. 296.
- Donna Evleth, op. cit., p. 21.
- Donna Evleth, op. cit., p. 180.
- Donna Evleth, op. cit., p. 179.
- Collectif (Hoover Institute), La Vie de la France sous l'Occupation, Tome 3, Nouveau Monde Ă©ditions, 2013, p. 1374
- Combat, 21 octobre 1944
- museedelaresistanceenligne.org, PREMIER GRAND PROCĂS DE PATRONS DE PRESSE COLLABORATIONNISTES : LE PROCĂS LEJEUNE ET GAILLARD-BOURRAGEAS, OCTOBRE 1944
Bibliographie
- (en) Françoise-Albane Beudot, David Dellepiane : Peintre, affichiste, illustrateur, Ăditions ParenthĂšses, , 218 p. (ISBN 978-2-86364-098-2, lire en ligne), p. 150
- (en) Donna Evleth, The Authorized Press in Vichy and German Occupied France, 1940-1944 : A Bibliography, Greenwood Publishing Group, , 234 p. (ISBN 978-0-313-30784-3, lire en ligne)
- (en) David Wingeate Pike, France Divided : The French and the Civil War in Spain, Sussex Academic Press, , 433 p. (ISBN 978-1-84519-490-1, lire en ligne)
- Yves T. Saint-Martin, « FĂ©lix Dubois (1862-1945) », Hommes et destins, AcadĂ©mie des sciences d'outre-mer, vol. 7,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Donald Sassoon, The Culture of the Europeans (Text Only Edition), HarperCollins UK, , 1656 p. (ISBN 978-0-00-740040-9, lire en ligne)
- (en) Sells, Sells' Dictionary of the World's Press, (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Numéros du Petit Marseillais illustré dans Gallica, la bibliothÚque numérique de la BnF.
- Numéros du Petit Marseillais dans Retronews, un site privé partenaire de la BnF