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Dromadaire

Camelus dromedarius

Camelus dromedarius
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Dromadaire (Camelus dromedarius).

EspĂšce

Camelus dromedarius
Linnaeus, 1758

Répartition géographique

Description de l'image Dromadaire_répartition.png.

Le dromadaire (Camelus dromedarius), ou chameau d'Arabie, est une espĂšce de chameau, mammifĂšre artiodactyle de la famille des camĂ©lidĂ©s[1]. Pour cette raison, qualifier un dromadaire de « chameau » n'est pas erronĂ© mais juste moins prĂ©cis ; les espĂšces nommĂ©es couramment « chameau » prĂ©sentent deux bosses, alors que le dromadaire n'en possĂšde qu'une seule. Le terme dromadaire est tirĂ© du grec ÎŽÏÎżÎŒÎŹÏ‚ ÎșÎŹÎŒÎ·Î»ÎżÏ‚ / dromĂĄs kĂĄmĂȘlos, « chameau qui court ».

La taille du dromadaire va de 2,20 m Ă  2,50 m au garrot pour les plus grands ; son poids varie entre 400 et 1 100 kg selon les races. Cet herbivore a une espĂ©rance de vie moyenne de 25-40 ans. Le dromadaire possĂšde une seule bosse.

Chameau de Bactriane et dromadaire

Le chameau de Bactriane et le dromadaire appartiennent au mĂȘme genre biologique. Le dromadaire est un habitant des dĂ©serts chauds (Sahara, pĂ©ninsule Arabique, etc.) alors que le chameau de Bactriane se trouve plus en zone froide comme la Mongolie. Les deux animaux, bien que capables de s'hybrider, ne se rencontrent donc pas naturellement. Le fƓtus du dromadaire dĂ©veloppe deux bosses pendant la gestation qui se fondent en une seule peu avant la naissance. L'hybride est le turkoman, qui prĂ©sente une bosse lĂ©gĂšrement subdivisĂ©e. Si la femelle de l'hybride se reproduit bien, ce n'est pas le cas du mĂąle qui est souvent peu fertile ou mĂȘme stĂ©rile[2].

Histoire

L'ancĂȘtre du genre Camelus est apparu il y a 50 millions d'annĂ©es[3]. Il y a 2 Ă  3 millions d'annĂ©es, l'ancĂȘtre du dromadaire aurait pĂ©nĂ©trĂ© en Afrique. Les dromadaires existaient dĂ©jĂ  dans la Corne de l'Afrique pendant la PrĂ©histoire et on en a retrouvĂ© des dents en Éthiopie ainsi que des peintures en Somalie et Ă  Djibouti.

La relation entre l'homme et le dromadaire remonte au IIe millĂ©naire av. J.-C.. Les Ă©tudes indiquent que la domestication du dromadaire a trĂšs probablement eu lieu dans le sud-est de la pĂ©ninsule Arabique vers 2000 ou 3000 av. J.-C.[2] voire seulement tout Ă  la fin du deuxiĂšme millĂ©naire[4], et que les dromadaires locaux sont Ă  l'origine du pool gĂ©nĂ©tique des dromadaires domestiquĂ©s ultĂ©rieurement[4]. Des restes de dromadaire domestiquĂ© ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă  Qasr Ibrim et datent du Ier millĂ©naire av. J.-C.[5]. La premiĂšre attestation de l'emploi massif de dromadaire remonte Ă  -853 durant la bataille de Qarqar[6]. Toutefois, de grands troupeaux de dromadaires n'apparaitront au Moyen-Orient et en Afrique du Nord que durant l'AntiquitĂ© tardive ou le dĂ©but du Moyen Âge (entre le IVe et le VIIe siĂšcle ap. J.-C)[4]. Ceux-ci ont permis l'utilisation de routes commerciales via le dĂ©sert arabique ; le dromadaire peut en effet parcourir 60 km par jour en Ă©tĂ©, sans boire pendant environ quatre jours, et en portant jusqu'Ă  200 kg[7]. Il n'est donc pas nĂ©cessaire d'emporter de l'eau pour abreuver les animaux, ce qui permet d'augmenter la charge utile[7]. Sans dromadaire, l'armĂ©e d'Assarhaddon n'aurait ainsi pas pu atteindre l'Égypte via le SinaĂŻ en -671[7].

En parallĂšle des dromadaires destinĂ©s aux caravanes, on compte dĂšs l'AntiquitĂ© des Ă©levage, bien plus aisĂ©, de dromadaires destinĂ©s Ă  la production de lait et de viande[7]. Certaines cultures s'y refusent nĂ©anmoins ; ainsi en Éthiopie mĂ©diĂ©vale, par exemple, la viande de dromadaire est consommĂ©e exclusivement par les populations musulmanes mais pas par les chrĂ©tiens[8].

Les dromadaires sahariens sauvages, disparus il y a peu, sont les ancĂȘtres des dromadaires de course domestiques : dotĂ©s de membres fins, les jeunes pouvaient courir assez vite pour Ă©chapper Ă  leurs prĂ©dateurs tels que lions de l’Atlas, lĂ©opards de Barbarie, lycaons ou guĂ©pards sahariens. Quelques centaines de dromadaires existent encore Ă  l'Ă©tat sauvage, Ă  la suite du marronnage.

Le dromadaire, un « vaisseau du désert »

Une anatomie particuliĂšre

Des dromadaires transportant des marchandises (Algérie).
Dromadaires dans le désert du Néguev (Israël).

Le squelette du crĂąne, comparable Ă  celui du cheval par sa taille, prĂ©sente une crĂȘte occipitale fort proĂ©minente, Ă  laquelle se rattache un puissant ligament cervical de nature Ă  soutenir une tĂȘte lourde sur un cou long.

Les sinus sont amples et profonds et procÚdent de l'adaptabilité du dromadaire à la vie désertique. En effet, le dromadaire présente un sac sinusal aveugle latéral qui n'est observé chez aucune autre espÚce. Cette anatomie permet au dromadaire de récupérer une part importante de l'eau lors de l'expiration par les voies nasales. Celles-ci sont aussi reliées à l'extérieur par des naseaux pouvant se fermer complÚtement, évitant ainsi l'assÚchement de la muqueuse nasale et des voies respiratoires supérieures.

La partie osseuse du voile du palais est étroite, ce qui facilite l'extériorisation de sa partie molle chez le mùle en période de rut, appelée doula par les Arabes. Le maxillaire inférieur, long, présente une constriction centrale marquée, ce qui le fragilise et conduit à des fractures fréquentes lors des combats occasionnels entre mùles.

Comme presque tous les mammifÚres (à l'exception des paresseux et lamantins), et en dépit de la longueur de son cou, le dromadaire possÚde sept vertÚbres cervicales et son anatomie squelettique ne le distingue que peu des autres herbivores domestiques. Les apophyses épineuses des vertÚbres thoraciques et lombaires, bien que supportant la bosse, n'en sont pas plus longues pour autant. Les os des membres sont longs, se manifestant par l'éloignement du corps (thorax et abdomen) au sol lorsque l'animal se tient debout.

Le dromadaire a une denture temporaire (dents de lait) et une denture permanente. Le jeune possĂšde 22 dents. Chez l'animal adulte, la formule dentaire permanente comprend 34 dents avec l'ajout de molaires. L'usure des dents varie selon l'Ăąge et les conditions environnementales et alimentaires (rĂŽle abrasif du sable). L'examen des dents permet aux nomades d'apprĂ©cier l'espĂ©rance de vie d'un animal. Bien qu'il puisse atteindre l'Ăąge vĂ©nĂ©rable (pour un herbivore) de 40 ans, il est peu frĂ©quent d'observer des animaux de plus de 20 ans du fait de la dĂ©faillance de la denture.

Le systĂšme lymphatique se caractĂ©rise par un faible nombre de ganglions et des emplacements inhabituels tels que le ganglion thoracique externe ou le ganglion cervical infĂ©rieur. Les glandes sudoripares, peu nombreuses, sont Ă©parpillĂ©es sur l'ensemble du corps et participent, de par leur relative raretĂ©, Ă  la limitation des pertes hydriques par transpiration. Les glandes occipitales sont probablement des glandes sudoripares modifiĂ©es, situĂ©es sur la partie occipitale, Ă  l'arriĂšre de la tĂȘte. Elles Ă©mettent un liquide riche en stĂ©roĂŻdes et reconnaissable Ă  son odeur. Elles sont particuliĂšrement actives chez le mĂąle lors de la pĂ©riode du rut et jouent un rĂŽle encore assez mal connu dans le comportement sexuel.

La veine jugulaire est large et facilement visible prĂšs de la tĂȘte, dans la partie distale du cou, lieu privilĂ©giĂ© pour le prĂ©lĂšvement de sang. Les nomades en prĂ©lĂšvent ainsi jusqu'Ă  7 litres qu'ils boivent frais ou avec du lait, mais cette pratique est interdite par l'islam. Le volume sanguin (volĂ©mie) chez le dromadaire est de 93 ml par kg de poids corporel, soit une valeur supĂ©rieure Ă  celle observĂ©e chez la plupart des autres espĂšces domestiques. D'autre part, la perte d'eau s'accompagne chez beaucoup d'animaux d'une augmentation de la viscositĂ© du sang, qui se traduit Ă  son tour par une augmentation de la tempĂ©rature. Chez le dromadaire, le sang reste fluide quand il se dĂ©shydrate et, par consĂ©quent, sa tempĂ©rature augmente moins vite.

Pied de dromadaire.

La peau, contrairement aux autres herbivores, est peu mobile, ce qui dĂ©savantage considĂ©rablement l'espĂšce dans les zones Ă  fortes densitĂ©s d'insectes piqueurs ou simplement volants, d'autant que l'animal est muni d'une queue courte, inefficace pour chasser les importuns. Au demeurant, la peau est Ă©paisse, surtout sur le dos, et donc moins susceptible d'ĂȘtre lĂ©sĂ©e par des harnais ou une vĂ©gĂ©tation agressive. Aux zones de contact avec le sol au moment oĂč l'animal se met en position baraquĂ©e, elle est recouverte d'un tissu cutanĂ© cornĂ©, Ă©pais, de couleur sombre. Ces coussinets se situent prĂ©fĂ©rentiellement sur les membres, mais le plus important est le coussinet sternal, qui permet Ă  l'animal de se poser sur le sternum et d'assurer une certaine assiette de tout le corps lorsque l'animal est en dĂ©cubitus sternal.

L'un des éléments anatomiques qui distingue nettement le dromadaire des autres ruminants est la nature du pied. Dépourvu de sabots, ce qui le range dans le groupe des digitigrades et non des onguligrades, le dromadaire a un pied large et élastique, bien adapté à la marche sur des sols sableux. On le compare facilement à un pneu dont la chambre à air est remplacée par un tissu adipeux qui donne à l'ensemble une souplesse remarquable.

La bosse est constituée de graisse que le dromadaire stocke pour les jours sans dans le désert[9].

Une physiologie gĂ©nĂ©rale entiĂšrement tournĂ©e vers l’adaptation au dĂ©sert

La plupart des mammifÚres vivant dans les zones désertiques se protÚgent de la chaleur et de la sécheresse en s'enfouissant dans le sol pendant les heures chaudes. Il est bien évident qu'un animal de la taille du dromadaire ne saurait satisfaire à une telle exigence. Aussi l'animal possÚde-t-il d'autres caractéristiques physiologiques pour s'adapter à ces conditions.

Adaptation Ă  la chaleur

Dans un environnement désertique avance une file d'une vingtaine de dromadaires, dont quelques jeunes.
Groupe de dromadaires dans la vallée du Jourdain.

La bosse du dromadaire, contrairement Ă  une lĂ©gende tenace, n'est pas une rĂ©serve d'eau, mais d'Ă©nergie. La bosse est un amas de graisse blanchĂątre qui peut dĂ©passer les 100 kg pour un animal en pleine forme et bien nourri. Cette accumulation localisĂ©e Ă©vite la dissĂ©mination du gras en rĂ©gion sous-cutanĂ©e dans les autres parties du corps. Sa prĂ©sence sur le dos de l'animal lui assure Ă©galement un rĂŽle dans la thermorĂ©gulation. En effet, la concentration des rĂ©serves adipeuses limite leur rĂ©partition sous la peau et donc facilite la dissipation cutanĂ©e de la chaleur. L'animal se refroidit mieux car il est moins gras. Il transforme sa graisse en eau (eau mĂ©tabolique) par des rĂ©actions physiologiques d'oxydation (jusqu'Ă  40 litres pour un animal en bonne forme). Le dromadaire a la capacitĂ© de faire varier sa tempĂ©rature interne en fonction de la chaleur externe, ce qui autorise Ă  considĂ©rer que l'animal n'est pas un strict homĂ©otherme, Ă  l'instar des mammifĂšres passant une partie de leur existence en hibernation. Lorsque la tempĂ©rature ambiante dĂ©croĂźt, notamment pendant la nuit, la tempĂ©rature interne du dromadaire peut descendre Ă  34 °C. Durant les heures les plus chaudes, la tempĂ©rature rectale peut atteindre 42 °C sans que l'on puisse parler de fiĂšvre. De tels Ă©carts de tempĂ©rature corporelle sont mortels pour la plupart des mammifĂšres. Il a Ă©tĂ© mesurĂ© par exemple qu'une augmentation de 6 °C de la tempĂ©rature corporelle chez un dromadaire pesant environ 600 kg lui permettait d'Ă©conomiser 5 litres d'eau. En saison chaude, il peut se passer de boire pendant 2 Ă  3 semaines et en saison fraĂźche pendant 4 Ă  5 semaines. Le dromadaire peut boire jusqu'Ă  15 litres d'eau par minute. C'est le seul mammifĂšre capable de boire autant d'eau en si peu de temps. En effet, chez les autres animaux, l'absorption d'une trop grande quantitĂ© d'eau entraĂźne l'Ă©clatement des globules rouges, donc la mort.

La morphologie gĂ©nĂ©rale et le comportement du dromadaire signent aussi son adaptation Ă  la chaleur: longs membres, coussinet sternal maintenant l'abdomen lĂ©gĂšrement au-dessus du sol, positionnement face au soleil afin d'exposer la plus faible superficie possible au rayonnement solaire maximal, broutage prĂ©fĂ©rentiel Ă  l'ombre des fourrages ligneux pendant les heures chaudes, diminution gĂ©nĂ©rale du mĂ©tabolisme lors de fortes chaleurs, robe variant entre le blanc et le fauve, toison tombant d'elle-mĂȘme en Ă©tĂ©, peau Ă©paisse, protectrice, glandes sudoripares peu nombreuses.

Adaptation à la sécheresse

Les mĂ©canismes d'adaptation Ă  la chaleur mettent en Ɠuvre un ensemble de procĂ©dures physiologiques qui contribuent Ă  Ă©conomiser l'eau. Mais c'est dans les situations extrĂȘmes, notamment lors de dĂ©shydratations poussĂ©es que le dromadaire montre ses exceptionnelles qualitĂ©s. L’animal est alors capable d’économiser l’eau corporelle par des mĂ©canismes de rĂ©duction des pertes hydriques (diminution de la diurĂšse, arrĂȘt de la sudation, diminution du mĂ©tabolisme de base, variation de la tempĂ©rature corporelle, rĂ©actions chimiques : l'hydrogĂšne issu de la fonte des graisses se combine Ă  l'oxygĂšne procurĂ© par la respiration pour fournir l'indispensable complĂ©ment d'eau) tout en maintenant une homĂ©ostasie vitale pour sa survie, Ă  la fois en limitant la variation de la concentration des paramĂštres vitaux et en assurant une excrĂ©tion maximale des dĂ©chets mĂ©taboliques. Celle-ci est permise par l’émission d’une urine trĂšs concentrĂ©e. Toutefois, l’excrĂ©tion des Ă©lĂ©ments dont l’élimination nĂ©cessite des grandes quantitĂ©s d’eau (glucose, urĂ©e notamment) est contrĂŽlĂ©e de façon rigoureuse. Ces mĂ©canismes d’adaptation qui font la rĂ©putation du dromadaire expliquent Ă©galement qu’il s’agit d’une des rares espĂšces domestiques qui n’ait pas quittĂ© son aire d’origine.

Adaptation Ă  la sous-alimentation

Dromadaire en train de brouter (désert du Neguev, Israël)

Le milieu dĂ©sertique se caractĂ©rise aussi par la faiblesse des ressources alimentaires, leur grande dispersion et une forte variabilitĂ© temporelle. Le dromadaire prĂ©sente une meilleure capacitĂ© Ă  digĂ©rer les fourrages pauvres que les ruminants domestiques. Cette supĂ©rioritĂ© s’explique par une plus grande rĂ©tention des particules solides dans les prĂ©-estomacs, se traduisant par un temps de contact plus long des aliments avec les micro-organismes qui les digĂšrent. Il supporte trĂšs mal l'excĂšs de nourriture et 4 Ă  kg d'acacia par jour lui suffisent en pĂ©riode de disette. Au Sahara, ses plantes fourragĂšres de prĂ©dilections sont les graminĂ©es Stipagrostis pungens, le Drinn et Panicum turgidum.

Chez toutes les espĂšces de mammifĂšres, les lipides de rĂ©serve constituent la forme la plus concentrĂ©e du stockage d'Ă©nergie dans l'organisme, concentrĂ©s chez le dromadaire dans la bosse. Contrairement aux autres ruminants qui assurent l'essentiel de leurs besoins Ă©nergĂ©tiques Ă  partir de la production d'acides gras volatils et gĂ©nĂšrent ainsi une faible quantitĂ© de glucose, le dromadaire prĂ©sente une glycĂ©mie comparable Ă  celle de l'homme. Il prĂ©sente une nĂ©oglucogenĂšse trĂšs active tant au niveau du foie que du rein, ce qui lui permet de maintenir une glycĂ©mie presque normale en cas de privation de nourriture, sans consommation de graisse (cĂ©togenĂšse). Son Ă©conomie d'eau se fait Ă©galement lors de son excrĂ©tion. L'animal perd environ 7 fois moins d'eau que la vache. Ainsi, le volume de l'urine d'un dromadaire dĂ©shydratĂ© est de 0,1 % du poids du corps alors que c'est 2 % de ce poids chez le mouton dĂ©shydratĂ©. L'urine est trĂšs concentrĂ©e car les reins rĂ©alisent une plus grande rĂ©absorption de l'eau et des Ă©lectrolytes : en situation de dĂ©shydratation, l'urine du dromadaire est 2 fois plus concentrĂ©e que l'eau de mer[10]. Le foie est aussi un organe qui diminue les rejets liquides en recyclant son urine soit en protĂ©ines soit en eau.

Lorsque le dromadaire dispose d'une ration déficitaire en protéines, la quantité d'urée excrétée devient trÚs faible. En situation de déficit protéique, il excrÚte 1 % seulement de son urée, contre 23 % chez le mouton. De fait, il a la capacité de recycler de façon remarquable l'urée, ce qui permet de répondre aux déficits protéiques d'origine alimentaire et de maintenir la protéosynthÚse ruminale.

Sur le plan des minéraux, tout se passe chez le dromadaire comme si son métabolisme était tourné vers une anticipation des périodes de sous-nutrition minérale. Il signe son adaptation à ces périodes de restriction alimentaire par divers mécanismes : augmentation des capacités d'absorption en cas de pénurie, plus grande capacité de stockage de certains éléments minéraux, plus grande tolérance à certains électrolytes, maintien des activités enzymatiques de base en dépit des situations déficitaires.

Le dromadaire et l'ĂȘtre humain

Proximité avec l'homme.

Races domestiques

La notion de race dépend de critÚres étroitement pilotés par l'homme en fonction des objectifs fixés à l'animal.

Dankali

À Djibouti et en Éthiopie, la race principale est le dankali (arabe : ŰŻÙ†ÙƒÙ„, au pluriel danakil, du nom d'une ancienne entitĂ© des Afars) et son cousin le plus proche est le chameau de Bactriane.

MĂ©hari

Le méhari est un dromadaire de monte utilisé pour les méharées ou les courses surtout par les populations nomades de la zone du Sahel. Le pluriel de ce nom arabe est méhara. Les dromadaires méhara sont plus grands et plus fins que les dromadaires de bùt. Le nom "Méhari" vient de la tribu de Mahra à cheval sur Yémen et Oman.

Djimel

Le djimel est un dromadaire de bĂąt plus lourd que le mĂ©hari, il est utilisĂ© comme bĂȘte de somme[11].

Reproduction

Un chamelon.

Le mĂąle est mis en reproduction entre six et douze ans. Pendant la saison du rut, le comportement de l'animal est trĂšs agressif, il perd l'appĂ©tit, perd du poids, a la diarrhĂ©e, urine frĂ©quemment, a une salivation excessive avec extĂ©riorisation du voile du palais sous forme d'un tissu de chair rose et humide appelĂ© doula par les Arabes. Il a tendance Ă  mordre, Ă  botter et Ă  donner des coups de tĂȘte. Pour le mĂąle, l'accouplement dure 11 Ă  15 minutes, trois Ă  quatre fois par jour. Les meilleurs reproducteurs peuvent couvrir jusqu'Ă  70 chamelles par saison.

La femelle est rarement mise au mĂąle avant l'Ăąge de quatre ans et peut ĂȘtre reproductrice jusqu'Ă  l'Ăąge de vingt ans. Au cours de sa vie, elle portera de trois Ă  sept chamelons. La durĂ©e de gestation est de treize mois. Au moment de la mise bas, la chamelle s'Ă©carte du troupeau et se met en position baraquĂ©e ; il existe un risque que le chamelon soit Ă©crasĂ© ou Ă©touffĂ© sous sa mĂšre. Au cours de son dĂ©veloppement, le fƓtus commence par avoir deux bosses qui fusionnent pendant la gestation[12].

Pendant la pĂ©riode de lactation, la chamelle fournit de 12 Ă  18 litres de lait par jour pour son chamelon et les nomades peuvent en prĂ©lever jusqu'Ă  8 litres. Le lait de dromadaire est trois fois plus riche que le lait de vache en protĂ©ines et en vitamine C. On estime qu'environ deux litres de lait couvrent les besoins en protĂ©ines d'un homme pour une journĂ©e et il se boit tel quel. Quant Ă  la viande, elle est maigre car toute la graisse est concentrĂ©e dans la bosse. L'Ă©nergie que fournit la carcasse est suffisante Ă  un homme pour cinq jours et les protĂ©ines pour un mois.

Production de biens de consommation

Un troupeau de dromadaires dans la réserve de Dana en Jordanie.

Le dromadaire rend de multiples services à l'homme depuis des milliers d'années et en particulier aux nomades qui l'exploitent pour ses productions de travail, de cuir, de lait et de viande[13].

On ignore souvent que le dromadaire est ainsi Ă©levĂ© aujourd'hui pour sa viande ou pour son lait, voire pour effectuer des travaux agricoles. Le dĂ©veloppement d’une vĂ©ritable industrie laitiĂšre camĂ©line est rĂ©cent et s’opĂšre dans plusieurs villes subsahariennes parfois sous des formes intensives de production comme en Arabie saoudite. En production de viande, il existe une tradition d’embouche camĂ©line dans la Corne de l'Afrique, qui a permis le dĂ©veloppement d’un commerce international du cheptel camĂ©lin, celui-ci Ă©tant exportĂ© depuis le Soudan, l’Éthiopie, Djibouti et surtout la Somalie vers les pays de la pĂ©ninsule Arabique.

Travail et moyen de transport

Dromadaire de course équipé d'un robot jockey à Dubai.

De nos jours, le dromadaire est l'animal des déserts chauds d'Afrique, d'Australie, du Proche et du Moyen-Orient. Son conducteur est appelé un arabatier. Il fut aussi utilisé à des fins militaires pour les charges guerriÚres dans la bataille ou pour le transport de troupes et de matériels[13].

On distingue principalement :

  • les dromadaires de course qui ne pĂšsent que 400 kg pour les femelles et 500 Ă  600 kg pour les mĂąles adultes. Des courses de dromadaires ont lieu dans quelques pays. Les dromadaires de course sont trĂšs rapides ; ils peuvent courir Ă  50 km/h en vitesse moyenne et jusqu'Ă  70 km/h en pointe ;
  • les dromadaires de trait, qui peuvent peser jusqu'Ă  800 kg pour les femelles et 1 100 kg pour les mĂąles[14].

Si le dromadaire a fait sa rĂ©putation comme animal de bĂąt ou comme animal de selle, et si son utilisation agricole est ancienne en Inde, au Maroc, en Éthiopie, de nouveaux usages peuvent ĂȘtre observĂ©s comme le transport des ordures mĂ©nagĂšres dans les villes nigĂ©riennes ou de façon plus anecdotique le dĂ©veloppement des camel-library en Inde ou au Kenya, les dromadaires Ă©tant utilisĂ©s au transport des bibliothĂšques ambulantes de village en village. ChargĂ© l'animal peut se dĂ©placer entre 4 et 7 kilomĂštres Ă  l'heure et marcher 40 Ă  50 kilomĂštres par jour.

Il existe des races spécifiques selon l'usage. Les méhara par exemple sont appréciés comme montures.

Utilisation militaire

Les dromadaires comme moyen de transport et de dĂ©placement ont Ă©tĂ© largement remplacĂ©s par les vĂ©hicules motorisĂ©s. Cependant, plusieurs pays, tels que la Jordanie et la Mauritanie[15], reviennent Ă  l'usage des dromadaires dans un cadre policier et militaire, car c'est le seul moyen de contrĂŽler des rĂ©gions reculĂ©es et le moyen le plus discret pour surprendre rebelles et contrebandiers. Le groupement nomade autonome (G.N.A.) Ă  Djibouti, qui fut crĂ©Ă© le 7 juillet 1887, avait pour principale mission avant l'indĂ©pendance (27 juin 1977) le contrĂŽle des frontiĂšres terrestres et maritimes et il utilisait des dromadaires. Il fut remplacĂ© par le Groupement commando des frontiĂšres (G.C.F.) le 6 juin 1977, qui avait les mĂȘmes missions mais n'a pas survĂ©cu Ă  la guerre entre les Afars (nord) et les Issas (sud) en 1991.

En 1799 : durant la campagne d’Égypte, Bonaparte crĂ©a un rĂ©giment montĂ© sur dromadaires pour ses facultĂ©s d'adaptation au milieu dĂ©sertique.

Répartition géographique

Le dromadaire a Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ© dans 35 pays tels que l'Inde, la Turquie, le Kenya, le Pakistan, la corne de l'Afrique et bien d'autres encore. DomestiquĂ© au Moyen-Orient et plus prĂ©cisĂ©ment dans le sud de la pĂ©ninsule arabique, le dromadaire a Ă©tĂ© rĂ©introduit en Afrique du Nord Ă  l'Ă©tat domestique au dĂ©but de l'Ăšre chrĂ©tienne au moment de l'assĂšchement du Sahara. La forme sauvage, qui devait exister au dĂ©but des temps historiques, a disparu sans laisser de trace.

Il occupe actuellement toute l'Afrique sahĂ©lienne, du Nord de la Mauritanie (et mĂȘme les Ăźles Canaries) Ă  Djibouti. En 1999, une Ă©tude a dĂ©montrĂ© que 80 % de la population des dromadaires se trouvait en Afrique avec prĂšs de 10 millions de tĂȘtes dans la corne d'Afrique. L'essentiel des effectifs est concentrĂ© dans trois pays : la Somalie, le Soudan et l'Éthiopie par ordre d'importance. C'est la Somalie qui abrite le plus important cheptel : 6 millions de tĂȘtes (ce qui fait 2 bĂȘtes par habitant) sur environ une population mondiale estimĂ©e Ă  prĂšs de 20 millions de tĂȘtes. On compte en moyenne 1 dromadaire pour 20 personnes dans 18 pays d'Afrique. Il a Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ© environ 51 races de dromadaires. En Asie, il occupe tout l'arc aride de la pĂ©ninsule Arabique jusqu'au dĂ©sert du Rajasthan en Inde, zone la plus orientale de sa rĂ©partition d'origine. Vers le Nord, il occupe les rĂ©gions voisines de l'Asie centrale (TurkmĂ©nistan) oĂč il peut d'ailleurs s'hybrider avec le chameau de Bactriane Ă  deux bosses.

Il a Ă©tĂ© introduit au cours des XIXe et XXe siĂšcle dans d'autres rĂ©gions, comme l'Australie ou l'AmĂ©rique du Nord, l'AmĂ©rique du Sud, l'Afrique du Sud, mĂȘme l'Europe (par exemple dans les Landes de Gascogne) avec des rĂ©sultats inĂ©gaux. Ce n'est qu'en Australie qu'il a Ă©tĂ© utilisĂ© de façon intensive dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe, on estime que 20 000 tĂȘtes ont Ă©tĂ© importĂ©es durant cette pĂ©riode[16]. Les animaux provenaient Ă  la fois d'importation (principalement du nord de l'Inde et du Pakistan[17]) et d'Ă©levages locaux (qui ne suffisaient pas Ă  rĂ©pondre Ă  la demande). Avec l'apparition des vĂ©hicules Ă  moteurs, depuis les annĂ©es 1920, le dromadaire a perdu l'essentiel de son rĂŽle Ă©conomique en Australie[18], et un grand nombre a Ă©tĂ© relĂąchĂ© dans le dĂ©sert. La population des dromadaires australiens est revenue Ă  l'Ă©tat sauvage (phĂ©nomĂšne de marronnage) et augmente de façon exponentielle (doublement en 8 Ă  12 ans) pour dĂ©passer sans doute un million de tĂȘtes actuellement[18] dont 400 000 en Australie-Occidentale.

L'animal peut survivre dans des contrĂ©es bien plus septentrionales, comme en France, en Espagne ou en Suisse, oĂč il existe de petits troupeaux, servant essentiellement d'attraction.

Le dromadaire et l'art

Notes et références

  1. « CHAMEAU : Définition de CHAMEAU », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  2. B. Faye, Guide de l’élevage du dromadaire, Libourne, France, Ed. Sanofi, 1997, 126 p.
  3. (fr) « Camelus dromedarius - Le dromadaire », sur www.sahara-nature.com (consulté le )
  4. (en) Faisal Almathen, Pauline Charruau et alii, « Ancient and modern DNA reveal dynamics of domestication and cross-continental dispersal of the dromedary », PNAS,‎ (Ancient and modern DNA reveal dynamics of domestication and cross-continental dispersal of the dromedary, consultĂ© le ).
  5. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer Ă  DioclĂ©tien, Paris, Ă©ditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5), chap. 12
  6. Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis JoannÚs, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 1040 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8), chap. 17 (« L'Assyrie impériale »), p. 713-718.
  7. Damien Agut et Philippe Clancier, « La rĂ©volution du dromadaire », L'Histoire Collection, no 99,‎ .
  8. Marie-Laure Derat et al., chap. 9 « L'Éthiopie chrĂ©tienne et islamique », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1).
  9. https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impact-recherche/les-bosses-du-chameau-sont-remplies-deau-faux/
  10. B. Faye, Guide de l’élevage du dromadaire, Libourne, France, Ed. Sanofi, 1997, p. 38-39, 126 p.
  11. « Dromadaire », sur www.futura-sciences.com.
  12. Jean Guillaume, Ils ont domestiquĂ© plantes et animaux : PrĂ©lude Ă  la civilisation, Versailles, Éditions QuĂŠ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), p. 209.
  13. (fr) « Chameaux et dromadaires, animaux transporteurs, animaux transportés », sur camelides.cirad.fr (consulté le ).
  14. Les Camélidés : les plus grands dromadaires du monde
  15. (fr) « L’élevage camelin du Parc National du Banc d’Arguin (Mauritanie) », sur camelides.cirad.fr (consultĂ© le )
  16. G.C. Griggs, A.R. Pople et L.A. Beard (1995). Movements of feral camels in central Australia determined by satellite telemetry, Journal of Arid Environments, 31 : 459-469. (ISSN 0140-1963)
  17. Ibidem.
  18. gov.au sur les chameaux

Voir aussi

Bibliographie

  • Fabienne PigiĂšre, « Les camĂ©lidĂ©s en contexte Bas-Empire Ă  Arlon », Bulletin trimestriel de l'Institut archĂ©ologique du Luxembourg - Arlon, 2010, 86e annĂ©e, no 1/2, p. 141-142.

Articles connexes

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