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Langue officielle

Une langue officielle est une langue qui est spécifiquement désignée comme telle, dans la constitution ou les textes de loi d'un pays, d'un État ou d'une organisation quelconque.

Elle s'impose à tous les services officiels de l'État (organes de gouvernement, administrations, tribunaux, registres publics, documents administratifs, etc.).

Variation selon les pays du monde

La moitié des pays du monde dispose d'une langue officielle.

Certains d'entre eux ne connaissent qu'une seule langue officielle, tels la France et l'Allemagne.

Certains pays ont plusieurs langues officielles, tels la Finlande, la Suisse, le Canada, le Luxembourg, la Belgique et l'Afghanistan.

Dans plusieurs pays, comme l'Italie, les Philippines, l'Espagne, les Pays-Bas ou l'Irak, il y a une langue officielle pour le pays, mais d'autres langues sont coofficielles dans certaines régions.

Enfin, certains pays n'ont une (ou plus rarement plusieurs) langue officielle qu'en pratique (de facto), mais qui n'est pas prévue dans leur constitution : le Mexique, l'Australie, le Belize, le Chili, l'Éthiopie, l'Érythrée, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Tanzanie, l'île Maurice, la Suède, le Royaume-Uni ou le Vatican.

Langues officielles par pays

Algérie

Depuis la révision constitutionnelle de 2016 et 2020, l'arabe et le berbère (en berbère : Tamazight) sont les deux langues officielles de la République algérienne démocratique et populaire (article 4 de la constitution révisée en 2020)[1].

Belgique

Les langues officielles de la Belgique sont le français, le néerlandais et l'allemand, en raison des trois communautés linguistiques du pays. La Flandre est une région unilingue de langue néerlandaise, la Wallonie est une région officiellement bilingue français et allemand (bien que les locuteurs germanophones soient très minoritaires et qu'ils soient concentrés dans les Cantons de l'est qui est aussi le seul endroit du pays où les panneaux sont également affichés en allemand) et la Région de Bruxelles-Capitale est bilingue français-néerlandais sur tout son territoire. Quelques communes dont les locuteurs de la langue officielle de la région où elles se trouvent sont minoritaires ont pour cette raison acquis le statut de « Communes à facilités » et sont officiellement bilingues, bien que ce statut ait causé de nombreux litiges conduisant parfois à des heurts entre les communautés linguistiques.

Cameroun

Le français et l'anglais sont les deux langues officielles du Cameroun[2]. Du point de vue de l'espace théorique occupé par chacune des deux langues, ce bilinguisme se répartit comme suit : huit régions francophones (Centre, Est, Littoral, Ouest, Sud, Adamaoua, Nord, Extrême-Nord) et deux régions anglophones (Nord-Ouest, Sud-Ouest). Le bilinguisme au Cameroun est reconnu et protégé par les différentes constitutions qu'a connues le pays depuis sa réunification en octobre 1961[3].

Canada

Les langues officielles du Canada sont, au niveau fédéral, l'anglais et le français[4]. Une partie de la population, principalement au Québec, est francophone. La population hors-Québec est majoritairement anglophone, même si des communautés francophones existent également dans chaque province et territoire. Le Nouveau-Brunswick, avec sa communauté acadienne, est d'ailleurs l'unique province canadienne à avoir l'anglais et le français comme langues officielles[5].

La population du Québec est très majoritairement francophone depuis l'établissement de la Nouvelle-France. En 1974, le gouvernement libéral de Robert Bourassa déclara le français comme unique langue officielle par la loi 22. Certains accommodements sont néanmoins faits à la communauté historique anglophone, tels qu'une traduction obligatoire des lois et la possibilités de recevoir certains services en anglais. La loi encadrant présentement le statut du français au Québec est la charte de la langue française[6], souvent appelée la loi 101.

États-Unis d'Amérique

Aux États-Unis, aucune langue officielle n'a jamais été adoptée au niveau fédéral.

Toutefois, l'anglais est la langue officielle dans 32 États sur 50[7]. De surcroît, l'État d'Hawaï a choisi une deuxième langue officielle (l'hawaïen), l'Alaska a également reconnu ses vingt langues indigènes et plusieurs territoires américains ont adopté une deuxième langue officielle (l'espagnol à Porto Rico - étant langue maternelle de bien plus de 90 % -, le chamorro à Guam, le samoan aux Samoa américaines). Certaines paroisses (comtés) de la Louisiane sont « à facilités » pour les francophones, et il y a des communes et des comtés aux États-Unis « à facilités » pour les hispanophones ; néanmoins, aucun des cinquante États n'a adopté le français ou l'espagnol comme deuxième langue officielle.

France

En France, le français est langue officielle. En 1539 l'ordonnance du roi François Ier, dite ordonnance de Villers-Cotterêts, rend obligatoire l'usage du français en remplacement du latin comme langue des tribunaux et des chancelleries, et non pour remplacer les langues régionales[8]. Depuis 1992, l'article 2 de la Constitution précise que « La langue de la République est le français »[9].

L'article 75-1 de la Constitution (réforme de 2008) porte que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ».

  • En France métropolitaine : basque ; breton ; catalan ; corse ; dialectes allemands d’Alsace et de Moselle (alsacien et francique mosellan) ; flamand occidental ; francoprovençal ; langues d’oïl : franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais (dans ses deux variétés : poitevin et saintongeais), lorrain, bourguignon-morvandiau ; occitan ou langue d’oc (gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, vivaro-alpin) ; parlers liguriens.
  • Outre-mer : créoles guadeloupéen, guyanais, martiniquais, réunionnais (Antilles-Réunion) ; mahorais, malgache de Mayotte (Mayotte) ; tahitien, marquisien, langue des Tuamotu, mangarévien, langues des Îles Australes (Polynésie française) ; wallisien, futunien (Wallis et Futuna) ; Nouvelle Calédonie, 28 langues kanakes : Grande Terre : nyelâyu, kumak, caac, yuaga, jawe, nemi, fwâi, pije, pwaamei, pwapwâ, langue de Voh-Koné, cèmuhi, paicî, ajië, arhâ, arhö, ‘ôrôê, neku, sîchë, tîrî, xârâcùù, xaragurè, drubéa, numèè ; Îles Loyauté : nengone, drehu, iaai, fagauvea.

Jersey

Ancien territoire du duché de Normandie, le normand (jersiais) a perduré sur l'île jusqu'à nos jours. Près de 3 % de la population jersiaise a pour langue maternelle le normand (soit environ 2 700 locuteurs). Cependant, il est estimé à près de 12 %, la part de la population capable de la comprendre. Cette langue autochtone de l'île est devenue langue officielle aux côtés du français et de l'anglais depuis le [10].

Luxembourg

Dans le Grand-Duché de Luxembourg, le français et l'allemand sont historiquement langues officielles, auxquelles s'est ajouté le luxembourgeois en 1984. Bien que le pays soit trilingue sur tout son territoire, les panneaux ne sont toutefois pas systématiquement affichés dans les 3 langues.

Nouvelle-Zélande

La langue des signes néo-zélandaise est reconnue depuis comme étant une des trois langues officielles, avec l'anglais (de facto) et le maori[11].

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l'anglais est de facto la langue officielle. Le gallois, l'écossais, l'irlandais, le mannois, le scots, le scots d'Ulster et le cornique sont des langues régionales d'après la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Le français était langue officielle en Angleterre pendant une partie du Moyen Âge.

Suisse

En Suisse, l'allemand, le français et l'italien ont le statut constitutionnel de langues officielles depuis la fondation de l'État fédéral en 1848. Tandis que le romanche a le statut de langue nationale depuis 1938, et plus récemment de langue semi-officielle, uniquement pour « les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche »[12]. Le yéniche est reconnu symboliquement en tant que langue nationale sans territoire[13].

Ukraine

L'ukrainien est la langue officielle mais treize autres langues minoritaires sont reconnues, dont le russe, le hongrois et le roumain.

Le russe est majoritaire à l'est et au sud du pays notamment dans de grandes villes comme Odessa et est compris par la plupart des Ukrainiens. La forte présence de la langue russe en Ukraine est due à l'histoire commune durant plusieurs siècles entre l'Ukraine et la Russie, entre autres dans le cadre de l'Empire russe et, plus récemment, de l'Union soviétique.

Dans la république populaire de Donetsk et la république populaire de Lougansk, le russe et l'ukrainien sont les deux langues officielles.

Organisations internationales

Certaines organisations internationales ont aussi des langues officielles et/ou des langues de travail.

Organisation des Nations unies

L'ONU s'est dotée de six langues officielles (arabe, anglais, espagnol, français, mandarin, russe), qui sont les langues les plus largement comprises dans le monde même dans les régions où on ne les parle pas spontanément ; tous les travaux et débats sont retranscrits dans ces six langues officielles.

Union européenne

L'Union européenne représente un cas particulier fort intéressant puisqu'en théorie elle ne privilégie la langue d'aucun État. Elle reconnaît 24 langues officielles, soit presque toutes les langues officielles dans au moins un pays membres (seuls le luxembourgeois et le turc sont langues officielles dans un pays membre mais pas au niveau de l'Union européenne). Tous les actes législatifs sont traduits dans ces langues.

Dans son fonctionnement quotidien, l'Union européenne utilise l'allemand, l'anglais et le français comme langues de travail. Dans la pratique, l'anglais occupe une place dominante au détriment des autres langues, en particulier dans les offres d'emploi pour les nouveaux fonctionnaires.

Rapport de la langue officielle avec les autres langues intérieures

L'existence d'une seule langue officielle est compatible avec une autre langue parlée dans le pays par davantage de personnes. Ainsi dans certains pays d'Afrique ou d'Asie, les langues officielles et d'enseignement (français, anglais ou portugais, par exemple), héritées du colonialisme, ont surtout un statut de langues véhiculaires permettant aux différents groupes ethniques de communiquer entre eux.

De même, dans les pays arabes, la langue officielle est l'arabe littéral alors que la langue maternelle est un arabe dialectal (langue issue de l'arabe mais différente car ayant évolué localement) ou même une langue totalement différente car ne faisant partie du même groupe linguistique (tamazight, kurde).

Autre exemple, la république d'Irlande considère l'anglais, qui est parlé par une majorité d'Irlandais, comme deuxième langue : le pays a adopté l'irlandais comme langue nationale officielle alors qu'il n'est parlé que par une faible proportion de la population.

En Chine, le mandarin est la langue officielle du pays bien que la majorité de la population chinoise parle le plus souvent les langues régionales apparentées au mandarin ou celles des minorités ethniques. Seule l'écriture chinoise détient cet avantage d'être intelligible par la grande majorité et permet aux différents groupes du peuple chinois de se comprendre.

En Inde, le pays possède deux langues officielles, le hindi et l'anglais, et 22 langues régionales reconnues, dont l'usage et la répartition géographique diffèrent grandement. Le hindi, parlé par environ 40 % de la population dont les locuteurs sont principalement regroupés dans le nord du sous-continent, n'arrive pas à s'imposer comme la seule langue officielle de la fédération. Les autorités ont alors recours le plus souvent à l'usage de l'anglais, langue de l’ancien colonisateur, pourtant qualifiée de « langue officielle secondaire », pour pouvoir communiquer avec les populations non hindiphones, qui sont majoritaires dans le sud du pays.

Enfin, en Indonésie, où l'indonésien est utilisé par la plupart des habitants comme langue nationale véhiculaire, les langues régionales (qui, comme l'indonésien, sont dérivées du malais) sont également utilisées quotidiennement par la majorité des Indonésiens.

Notes et références

  1. « Journal Officiel », République algérienne, (consulté le ).
  2. « Décret N°2017/013 du 23 janvier 2017 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme », sur prc.cm (consulté le ).
  3. « Cameroun.pdf », sur democratie.francophonie.org.
  4. Ministère de la Justice du Canada, « Lois codifiées Règlements codifiés », sur laws-lois.justice.gc.ca, (consulté le )
  5. « Loi sur les langues officielles au Nouveau-Brunswick », sur gnb.ca (consulté le )
  6. « Charte de la langue française », sur legisquebec.gouv.qc.ca (consulté le )
  7. (en) - US English.
  8. Ordonnance de Villers Cotterêts, notamment l'article 111.
  9. « Loi constitutionnelle n° 92-554 du 25 juin 1992 », sur conseil-constitutionnel.fr.
  10. (en) « States agree to promote Jèrriais », sur statesassembly.gov.je, (consulté le ).
  11. (en) « OLAC resources in and about the New Zealand Sign Language », sur language-archives.org (consulté le ).
  12. « Constitution fédérale de la Confédération suisse, Article 70 », sur admin.ch (consulté le ).
  13. Office fédéral de la culture : Langues et minorités culturelles : Dates importantes - 1997.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Pour le Canada et le Québec

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