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Chili

Le Chili, en forme longue la rĂ©publique du Chili (en espagnol Chile et RepĂșblica de Chile), est un pays d’AmĂ©rique du Sud partageant ses frontiĂšres avec le PĂ©rou et la Bolivie au nord d'une part, et l’Argentine au nord-est, Ă  l'est et au sud-est d'autre part, et dont le territoire forme une Ă©troite bande allant du dĂ©sert d'Atacama jusqu'au cap Horn. L'Ăźle de PĂąques, situĂ©e Ă  3 000 km de ValparaĂ­so dans l'ocĂ©an Pacifique, fait partie du Chili depuis 1888[7]. La superficie du pays est de 756 102 km2[1]. La capitale du Chili est Santiago[8].

RĂ©publique du Chili

(es) RepĂșblica de Chile

Devise en espagnol : Por la razón o la fuerza (« Par la raison ou par la force »)
Hymne en espagnol : Himno Nacional de Chile (« Hymne national du Chili »)
FĂȘte nationale 18 au 19 septembre
· ÉvĂ©nement commĂ©morĂ©
Description de l'image CHL orthographic (+all claims).svg.
Description de l'image Chili carte.png.
GĂ©ographie
Plus grande ville Santiago
Superficie totale 755 276 km2
(classé 38e)
Superficie en eau 1,07 %
Fuseau horaire UTC UTC−04:00 pour le Chili continental, UTC−03:00 pour la rĂ©gion de Magallanes et de l'Antarctique chilien et UTC−06:00 pour l'Ăźle de PĂąques.
Histoire
Entité précédente
Indépendance Espagne
Date PremiĂšre Junte nationale du Chili :
Signature de l'indépendance :
DĂ©mographie
Gentilé Chilien, Chilienne
Population totale (2021[1]) 19 212 000 hab.
(classé 61e)
DensitĂ© 25 hab./km2
Économie
PIB nominal (2022) en augmentation 317,594 milliards de $
+ 0,23 %[2]
PIB (PPA) (2022) en augmentation 568,319 milliards de $
+ 7,89 %[2]
PIB nominal par hab. (2022) en diminution 15 941,341 $
- 0,79 % [3]
PIB (PPA) par hab. (2022) en augmentation 28 526,228 $
+ 6,78 %[3]
Taux de chĂŽmage (2022) 6,9 % de la pop. active
- 21,21 %
Dette publique brute (2022) Nominale
98 939,028 milliards de Ch$
+ 13,38 %
Relative
38,270 % du PIB
+ 5,48 %
Monnaie Peso (CLP​)
DĂ©veloppement
IDH (2021) en augmentation 0,855[4] (trÚs élevé ; 42e)
IDHI (2021) en augmentation 0,722[4] (45e)
Coefficient de Gini (2020) 44,9 %[5]
Indice d'inégalité de genre (2021) 0,187[4] (47e)
Indice de performance environnementale (2022) en augmentation 46,7[6] (65e)

Le Chili fait partie des pays dits du CĂŽne Sud et parmi les pays d'AmĂ©rique latine, il est celui oĂč la culture europĂ©enne est la plus affirmĂ©e, avec l'Argentine et l'Uruguay. Le Chili est le pays le plus dĂ©veloppĂ© d'AmĂ©rique latine (en 2021, son indice de dĂ©veloppement humain Ă©tait de 0,855[4]). C'est Ă©galement, en 2010, le pays le moins corrompu d'AmĂ©rique latine[9], et l'un des plus dĂ©mocratiques[10]. La langue officielle est de fait l’espagnol, mais sont aussi parlĂ©es des langues amĂ©rindiennes comme le runa simi, le mapudungun ou l’aymara, et une langue polynĂ©sienne, le rapanui sur l’üle de PĂąques.

Le Chili possĂšde l’une des cinq Ă©corĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes du monde ; ses hivers tempĂ©rĂ©s et ses Ă©tĂ©s secs et chauds offrent des conditions idĂ©ales pour l’agriculture et autres activitĂ©s de production. Le pays est cependant fortement menacĂ© par le rĂ©chauffement climatique et a perdu au moins 37 % de ses ressources hydriques depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990[11].

Le Chili est membre de l'OEI, du G15, du groupe de Cairn et de l'OCDE[12].

Étymologie

De nombreuses hypothĂšses ont Ă©tĂ© Ă©mises sur l’origine du nom du pays. Selon l’une d’entre elles, les conquistadors installĂ©s au PĂ©rou appelaient la rĂ©gion australe valle de Chile. De nombreux noms propres hispanisĂ©s proviennent de noms locaux de fleuves et riviĂšres (PĂ©rou pour rĂ­o VirĂș, Lima pour rĂ­o Rimac). Il se peut que le nom du pays soit liĂ© Ă  celui de la riviĂšre qui traverse la ville d'ArĂ©quipa au sud du PĂ©rou, le rĂ­o Chili. Selon Juan Ignacio Molina, le nom viendrait de trih o chi, expression utilisĂ©e pour dĂ©signer un oiseau ayant des taches jaunes sur ses ailes[13]. Selon l’historien Ricardo Latcham, le nom viendrait d’un groupe d’AmĂ©rindiens (les Mitimaes) capturĂ© par les Incas, qui provenait d’une rĂ©gion du PĂ©rou oĂč il existait un fleuve portant ce nom[14].

Une autre thĂ©orie anonyme soutient que l’origine est aymara car l’Inca Tupac Yupanqui avait donnĂ© ce nom aux terres conquises au sud de l’empire inca, jusqu’à la vallĂ©e de l'Aconcagua (signifiant « gelĂ© » ou « confins » en aymara).

Cependant, le nom du pays n’a aucun rapport avec le mot espagnol chile qui dĂ©signe le piment.

Histoire

Période précolombienne

Des recherches montrent que les premiĂšres populations ayant habitĂ© le pays seraient arrivĂ©es vers 35 000 av. J.-C., pĂ©riode du PlĂ©istocĂšne pour le site prĂ©historique de « Monte Verde I » et vers 15 000 ans av. J.-C. pour le site de « Monte Verde II » (fin du PlĂ©istocĂšne et dĂ©but de l'HolocĂšne, vers la fin du PalĂ©olithique supĂ©rieur). Le Chili prĂ©hispanique Ă©tait peuplĂ© par divers peuples amĂ©rindiens qui s’étaient installĂ©s Ă  la fois dans la cordillĂšre des Andes et sur la cĂŽte. Dans la zone nord du pays, les Aymaras et les AtacamĂ©niens commencĂšrent vers le XIe siĂšcle de notre Ăšre Ă  cultiver la terre Ă  la façon des Incas (culture en terrasse Ă  flanc de montagne avec diverses canalisations). Au sud de l’Aconcagua, des communautĂ©s sĂ©dentaires Mapuches Ă©taient installĂ©es. Dans la zone australe du pays, divers peuples amĂ©rindiens ont vĂ©cu, comme les Chonos, les Tamanas, les Alacalufs et les Onas. Dans l’üle de PĂąques se dĂ©veloppa une culture polynĂ©sienne Ă©teinte de nos jours. Au XVe siĂšcle, les Incas ont pris possession du territoire de l’actuel Chili jusqu’au fleuve Maule. Les Mapuches rĂ©ussirent Ă  stopper l'avancĂ©e des Incas Ă  l'issue de la bataille de Maule.

CÎté Pacifique, différentes cultures et peuples coexistaient : Aymaras, Changos, Chinchorros, Atacamas et Diaguitas dans le Nord ; Picunche, Mapuche, Huilliche et Pehuenche dans les régions centrale et méridionale ; et Chonos, Onas, Yaganes et Alakalufs dans la Patagonie et la Terre de Feu. Les Mapuche représentent le plus grand groupe ethnique.

Distribution des populations indigÚnes précolombiennes au Chili.

Colonisation hispanique

Palais présidentiel de La Moneda, construit de 1776 à 1817.

En 1520, Fernand de Magellan est le premier explorateur europĂ©en Ă  mettre pied sur le territoire de l’actuel Chili aprĂšs avoir dĂ©couvert le dĂ©troit qui porte actuellement son nom. En 1535, les conquistadores espagnols tentent de conquĂ©rir le territoire de la valle de Chile en combattant les Incas. L’expĂ©dition de Diego de Almagro est un Ă©chec. Celle de Pedro de Valdivia et InĂ©s SuĂĄrez effectuĂ©e en 1536 est plus convaincante. Valdivia fonde une sĂ©rie de villages comme Santiago de Nouvelle Estremadure[15] le ou Valdivia en 1545[16].

Valdivia commence une laborieuse campagne militaire contre les Mapuche. C’est la guerre d'Arauco qu’Alonso de Ercilla relate avec passion dans son Ɠuvre La Araucana (1569-1589). Pedro de Valdivia meurt en 1553 à la suite d’une insurrection des Mapuches.

En 1683, l’esclavage est aboli et cela permet d’établir des relations plus sereines entre les colons et les Mapuches. Par la suite, divers affrontements ont lieu jusque vers le milieu du XIXe siĂšcle pour la possession de terres les plus australes. Durant une longue pĂ©riode, le fleuve Biobio marque la frontiĂšre entre le gouvernement colonial et les territoires mapuches.

La capitainerie gĂ©nĂ©rale du Chili (Ă©galement connue sous le nom de Reino de Chile) est Ă  l’époque la colonie la plus australe de l’empire espagnol. Du fait de sa position gĂ©ographique, c’est une colonie stratĂ©gique, protĂ©geant le dĂ©troit de Magellan et une colonie Ă©conomique dont les ressources naturelles Ă©taient extraites pour le compte de la vice-royautĂ© du PĂ©rou.

Indépendance et gains territoriaux

Bernardo O’Higgins, premier chef d'État du Chili 1817-1823.

Le , un groupe indĂ©pendantiste profite des invasions napolĂ©oniennes en Espagne pour initier un processus d’autodĂ©termination et constituer une junte.

Commence ainsi une pĂ©riode connue sous le nom de Patrie ancienne, qui va durer jusqu’au dĂ©sastre de Rancagua en 1814, quand les troupes royalistes reprennent le contrĂŽle du territoire. Les troupes indĂ©pendantistes comptant 6 514 soldats se rĂ©fugient alors Ă  Mendoza, unissant leurs forces aux troupes de la province d’Argentine qui comptaient 2 600 soldats, formant ainsi l’armĂ©e des Andes. Cette derniĂšre libĂšre le Chili aprĂšs la bataille de Chacabuco, le . L’annĂ©e suivante, l’indĂ©pendance du Chili est dĂ©clarĂ©e et le pays est placĂ© sous l’autoritĂ© de Bernardo O’Higgins qui prend le titre de Commandeur SuprĂȘme[17].

Celui-ci entame des rĂ©formes qui provoquent un mĂ©contentement de l’aristocratie, ce qui l’oblige Ă  abdiquer en 1823. Durant dix ans, le Chili est soumis Ă  une sĂ©rie de rĂ©formes qui tentent de donner une organisation au pays. Son ex-ministre des relations extĂ©rieures Mariano Egaña, ambassadeur dans plusieurs pays d'Europe, nĂ©gocie la reconnaissance officielle par Londres et un grand emprunt. Comme le PĂ©rou, la Bolivie, Mexique, ou la Colombie, le pays fait appel Ă  la Bourse de Londres pour financer des sociĂ©tĂ©s miniĂšres[18] : des centaines de techniciens anglais traversent l’ocĂ©an, avec leur machine Ă  vapeur, pour les moderniser.

AprĂšs une sĂ©rie de victoires des conservateurs, avec la rĂ©volution de 1829, une pĂ©riode de stabilitĂ© commence. Elle est appelĂ©e RĂ©publique conservatrice. Le ministre Diego Portales est alors le principal protagoniste de l’organisation du pays grĂące Ă  la Constitution de 1833. Peu Ă  peu, le pays commence Ă  Ă©tendre son influence sur le continent tant au nord qu’au sud. L’économie commence Ă  dĂ©coller avec la dĂ©couverte de minerais d'argent de Chañarcillo et la croissance des Ă©changes commerciaux Ă  partir du port de ValparaĂ­so.

Gains territoriaux chiliens dans le désert d'Atacama au XIXe siÚcle et au début du XXe siÚcle.

Cette source de prospĂ©ritĂ© entraĂźne un conflit avec le PĂ©rou, pour la suprĂ©matie maritime sur le Pacifique. La formation de la ConfĂ©dĂ©ration pĂ©ruvienne et bolivienne est considĂ©rĂ©e comme une menace pour la stabilitĂ© du Chili. Ainsi, Portales dĂ©clare la guerre qui se termine avec la victoire de la bataille de Yungay en 1839 et la dissolution de la ConfĂ©dĂ©ration. Au mĂȘme moment, le pays tente de prendre le contrĂŽle des rĂ©gions australes. Il Ă©tend son territoire en Araucanie et colonise Llanquihue, Osorno et Valdivia en faisant venir des colons allemands. La rĂ©gion de Magellan est incorporĂ©e en 1843 et la zone d’Antofagasta commence Ă  ĂȘtre habitĂ©e.

Guerre du Pacifique : Combat naval d'Iquique, le .

AprĂšs trente ans de gouvernement conservateur (1831-1861) commence une pĂ©riode oĂč le parti libĂ©ral (parti de gauche) prend possession du pouvoir. À ce moment-lĂ , la croissance Ă©conomique est trĂšs forte, grĂące notamment Ă  l’exploitation par les Chiliens et les Britanniques du salpĂȘtre dans la zone d’Antofagasta qui appartient Ă  la Bolivie. Cette situation provoque la protestation de la Bolivie. Elle ne trouve pas de solution, mĂȘme aprĂšs la signature de plusieurs traitĂ©s en 1866 et 1871. Le , le Chili prend possession du port d’Antofagasta, dĂ©clarant la guerre Ă  la Bolivie. Le a lieu le combat naval d'Iquique.

Le PĂ©rou, quant Ă  lui, a prĂ©alablement signĂ© un pacte secret avec la Bolivie en cas de conflit avec le Chili. La guerre du Pacifique (1879-1884) commence. Elle se termine par la bataille de Huamachuco le et la victoire du Chili. AprĂšs ce conflit, le Chili prend possession des zones d’Antofagasta et des provinces de TarapacĂĄ, Arica et Tacna (cette derniĂšre est restituĂ©e au PĂ©rou en 1929)[19]. Le pays rĂ©sout par la mĂȘme occasion le problĂšme de frontiĂšre avec l’Argentine en cĂ©dant une grande partie de la Patagonie et la Puna de Atacama. Enfin, dans le sud du territoire se termine la guerre d'Arauco avec la « pacification » de l'Araucanie en 1881 et l’intĂ©gration de l’üle de PĂąques en 1888.

En 1891, le conflit entre le président José Manuel Balmaceda et le CongrÚs aboutit à une guerre civile. Les congressistes remportent la bataille et mettent en place la République parlementaire.

Les annĂ©es qui suivent sont marquĂ©es par une pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, avec l'ouverture aux investisseurs français dans le domaine minier et portuaire, avec la SMCC. Elles sont aussi caractĂ©risĂ©es par une instabilitĂ© politique et le dĂ©but du mouvement prolĂ©taire appelĂ© CuestiĂłn Social. Ce dernier se met en place Ă  cause de la « mauvaise rĂ©partition de la richesse ». AprĂšs dix ans de pouvoir de l’oligarchie, Arturo Alessandri Palma est Ă©lu. Il reprĂ©sente le lien manquant mais provisoire entre une Ă©lite et les « chers pauvres » (queridas chusmas en espagnol). MalgrĂ© cela, la crise continue et Alessandri renonce au pouvoir aprĂšs avoir promulguĂ© la Constitution de 1925 qui donne naissance Ă  une RĂ©publique de type prĂ©sidentiel.

À partir de 1903, face aux grĂšves et aux mouvements de protestation, le gouvernement, prĂ©occupĂ© par le maintien de l’ordre social, rĂ©pond aux revendications ouvriĂšres par des massacres successifs[20]. En 1907, des grĂšves massives sont dĂ©clenchĂ©es par les ouvriers du salpĂȘtre de la province de TarapacĂĄ, qui demandent Ă  ĂȘtre payĂ©s en monnaie lĂ©gale et non pas en bons Ă©mis par les entreprises qui ne peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©s que contre des produits disponibles dans les commerces de ces mĂȘmes entreprises Ă  des prix plus Ă©levĂ©s que sur le marchĂ©. Les ouvriers se rassemblent dans la ville d'Iquique afin d'y nĂ©gocier avec des reprĂ©sentants du patronat, tandis que le prĂ©sident Pedro Montt envoie des troupes. À la suite de nĂ©gociations infructueuses, l'armĂ©e ordonne aux grĂ©vistes de quitter la ville, ce que ces derniers refusent. Le 19 dĂ©cembre, des tirs de mitrailleuses et de fusils sont dirigĂ©s vers la foule et les troupes capturent de six mille Ă  sept mille personnes, dont certaines seront exĂ©cutĂ©es. Le gouvernement ne reconnait que 126 morts mais des estimations portent ce nombre Ă  plus de 3000[20].

Le mouvement ouvrier s'organise dans les années 1910 avec la création du Parti ouvrier socialiste en 1912, de la Fédération ouvriÚre régionale du Chili en 1913 ; et la branche chilienne de l'Industrial Workers of the World en 1919[20].

XXe siĂšcle : instabilitĂ© politique et coups d’État

La baisse de la demande de nitrate et les premiĂšres luttes ouvriĂšres causĂ©es par de mauvaises conditions de travail crĂ©ent un climat d’instabilitĂ© sociale et politique au cours des annĂ©es 1920. Le prĂ©sident Arturo Alessandri entreprend des rĂ©formes sociales et promulgue la Constitution de 1925. Mais la crise mondiale de 1929 plonge le Chili dans la rĂ©cession et l’agitation sociale. Les gouvernements se succĂšdent ainsi que les coups d’État. Carlos Ibåñez del Campo devient prĂ©sident de facto en 1927[21], suspend les Ă©lections et gouverne par dĂ©crets, tout en envoyant en exil son rival Marmaduque Grove, qui avait participĂ© avec lui au coup d'État de 1925. Les consĂ©quences de la PremiĂšre Guerre mondiale (oĂč le pays s’est dĂ©clarĂ© neutre), la mauvaise politique Ă©conomique et les moyens utilisĂ©s pour amoindrir les effets de la Grande DĂ©pression ont eu des consĂ©quences sur le salpĂȘtre, produisant ainsi une crise Ă©conomique au cours de laquelle le Chili subit une forte rĂ©cession Ă©conomique.

Ibåñez dĂ©missionne en 1932 et l’instabilitĂ© politique s’accentue par un coup d’État qui donne naissance Ă  la rĂ©publique socialiste du Chili qui dure seulement douze jours avant qu’Alessandri reprenne le pouvoir et redresse l’économie. L’arrivĂ©e d’Alessandri a pour effet d’amoindrir les tensions entre les partis politiques. Il y a aussi une crise sociale ; de nouveaux acteurs exigent des transformations dans la façon de gouverner le pays. Pedro Aguirre Cerda est Ă©lu prĂ©sident en 1938 grĂące Ă  une alliance (le Front populaire) qui s’oppose Ă  l’élite au pouvoir. Des rĂ©formes sociales et politiques font du Chili un des pays les plus avancĂ©s du point de vue de la lĂ©gislation et de la protection sociale. Le cuivre remplace peu Ă  peu le nitrate dans l’économie nationale (Ă  cause de la demande mondiale et surtout en raison de la dĂ©couverte de la mine de Chuquicamata). Le pays s’industrialise progressivement, et le nombre d’ouvriers augmente.

Le gouvernement de Aguirre Cerda rĂ©ussit divers changements, principalement Ă©conomiques, en posant les bases de l’industrialisation chilienne Ă  travers la crĂ©ation de la CORFO. Il entraĂźne toutefois une pĂ©riode de radicalisme. Au niveau gĂ©opolitique le pays rĂ©clame le Territoire chilien de l’Antarctique. Les rĂ©formes s’arrĂȘtent brutalement avec la mort du prĂ©sident en novembre 1941, durant la Seconde Guerre mondiale. Juan Antonio RĂ­os, son successeur, doit affronter l’opposition et les pressions des États-Unis pour entrer en guerre contre les pays de l'Axe ; la dĂ©claration de guerre est signĂ©e le 20 janvier 1943. En 1946, avec l’appui du Parti communiste, le radical Gabriel GonzĂĄlez Videla est Ă©lu PrĂ©sident. Cependant, le dĂ©but de la Guerre froide amĂšne Ă  interdire le Parti communiste au moyen de la loi de la DĂ©fense permanente de la DĂ©mocratie (Ley Maldita). En 1952, Carlos Ibåñez del Campo reprend le pouvoir — cette fois-ci au moyen d’une Ă©lection —, mais il perd la faveur de la population en raison de la mise en place de rĂ©formes libĂ©rales.

En 1958, l’indĂ©pendant de droite Jorge Alessandri est Ă©lu. Il doit affronter les consĂ©quences du Tremblement de terre de Valdivia de 1960, le plus fort jamais enregistrĂ©, ainsi que l’organisation de la Coupe du monde de football 1962. S’établit alors le systĂšme de[s] los tres tercios (trois tiers) composĂ©s par la Droite, le Parti dĂ©mocrate-chrĂ©tien et la Gauche du Frente de AcciĂłn Popular. Craignant une victoire de la gauche, la droite soutient le dĂ©mocrate chrĂ©tien Eduardo Frei Montalva qui est Ă©lu en 1964. Le prĂ©sident tente de rĂ©aliser la RevoluciĂłn en Libertad (La RĂ©volution en LibertĂ©) au travers de nombreuses rĂ©formes comme la RĂ©forme agraire et la chilĂ©nisation du cuivre (appropriation par des Chiliens de mines appartenant auparavant aux États-Unis). À la fin de son mandat, la tension politique produit une sĂ©rie d’affrontements. L’obstruction de la droite au CongrĂšs augmente.

Gouvernement d’Allende

Le président Salvador Allende

Les États-Unis n'interviennent pas directement dans la campagne Ă©lectorale, mĂȘme si la candidature du conservateur Jorge Alessandri est soutenue par la compagnie International Telephone and Telegraph (ITT) (environ 350 000 dollars amĂ©ricains). Il n’y a pas de comparaison possible avec ce que les entreprises ont donnĂ© durant la campagne de Frei, quand il existait une assistance Ă©lectorale[22].

Le , le candidat de l’UnitĂ© populaire, Salvador Allende, arrive en tĂȘte de l’élection prĂ©sidentielle avec 36,6 % des suffrages et devance le conservateur Jorge Alessandri (34,9 %) et le dĂ©mocrate chrĂ©tien Radomiro Tomic (27,8 %)[23]. Allende, ancien ministre de la santĂ© et ancien prĂ©sident du sĂ©nat, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© candidat Ă  trois reprises. Cette Ă©lection Ă  un seul tour doit ĂȘtre confirmĂ©e par le CongrĂšs dominĂ© par les dĂ©mocrates chrĂ©tiens et les conservateurs, puisque le candidat arrivĂ© en tĂȘte n'a pas obtenu la majoritĂ© absolue. Le , les socialistes obtiennent des dĂ©mocrates chrĂ©tiens l’investiture d’Allende en Ă©change de la promesse de respecter les libertĂ©s et la lĂ©galitĂ©. Les alessandristes ont peur du gouvernement socialiste, alors que les allendistes et les dĂ©mocrates-chrĂ©tiens expriment leur joie dans la rue.

Devenu ainsi le premier président élu démocratiquement sur un programme socialiste et disposant d'une majorité parlementaire grùce au soutien des démocrates-chrétiens, Allende intensifie les réformes de son prédécesseur. Les mines de cuivre (qui représentent les trois quarts des exportations) avaient été nationalisées à 51 % par Eduardo Frei Montalva, Allende exproprie la partie restante sans indemniser les compagnies américaines. Il accentue sensiblement la politique de redistribution des terres en faveur des paysans pauvres. Beaucoup d'autres entreprises sont réquisitionnées ou nationalisées (dont neuf banques sur dix). Le gouvernement Allende met en place des mesures sociales comme l'augmentation des salaires et la distribution gratuite de lait pour les enfants.

Les rĂ©sultats Ă©conomiques de la premiĂšre annĂ©e au pouvoir d'Allende « apparaissent assez satisfaisants » : le PIB progresse d'abord fortement (+8 % en 1971) avant de s'effondrer (-4,3 % en 1973)[24], le chĂŽmage et l'inflation diminuent ; le succĂšs est cependant « trompeur »[25]. Les deux annĂ©es suivantes vont ĂȘtre catastrophiques. L'inflation explose (508 % entre dĂ©cembre 1972 et dĂ©cembre 1973), le PIB se contracte (-3,6 % en rythme annuel) et la valeur de la monnaie chilienne chute. La politique monĂ©taire trop expansionniste et la chute du prix du cuivre d'environ un tiers de 1970 Ă  1972 sur les marchĂ©s mondiaux sont en grande partie responsables de ces rĂ©sultats, accentuĂ©s par la dĂ©stabilisation de l'Ă©conomie par des opposants[26] - [27]. Le gouvernement tente d'enrayer la crise en fixant les prix des denrĂ©es, ce qui provoque un dĂ©veloppement du marchĂ© noir et des pĂ©nuries. En 1972 commencent les marches des casseroles vides par lesquelles les mĂ©nagĂšres expriment qu'elles n'ont plus rien Ă  cuire.

Manifestation soutenant le gouvernement d'Allende.

En mars 1973, les dĂ©mocrates chrĂ©tiens et les conservateurs prĂ©sentant une liste unique obtiennent 55,6 % des voix aux Ă©lections lĂ©gislatives[28]. MalgrĂ© une amĂ©lioration de son score Ă©lectoral (44,1 %), l’UnitĂ© populaire d’Allende est minoritaire et le budget annuel 1973 n'est pas votĂ©. Allende est cependant Ă  l'abri d’une destitution, l’opposition ne rĂ©unissant pas les deux tiers des voix et des siĂšges ; il dĂ©cide alors de reconduire le budget de 1972 pour l'annĂ©e 1973 par dĂ©cret ; cette disposition lĂ©gale, mise en place sous le gouvernement socialiste de Marmaduque Grove de 1932, lui permet de se passer de l'accord du Parlement.

Allende tente aussi d'obtenir le soutien actif de la population ; des milices ouvriĂšres se constituent dans les villes et les campagnes pour entretenir la lĂ©gitimitĂ© rĂ©volutionnaire du gouvernement. L'opposition conservatrice et les dĂ©mocrates chrĂ©tiens, incapables de bloquer les dĂ©cisions d'Allende du fait de la marginalisation du parlement, mobilisent Ă  leur tour la rue. Ils organisent ou apportent leur contribution Ă  une sĂ©rie de rĂ©voltes et de manifestations (la plus cĂ©lĂšbre Ă©tant la grĂšve des camionneurs), qui paralysent le pays alors que son Ă©conomie est dĂ©jĂ  trĂšs affaiblie par les rĂ©formes d'Allende. Dans le mĂȘme temps, on assiste Ă  la montĂ©e en puissance de groupes paramilitaires d'extrĂȘme-droite et le pays vit une guerre civile larvĂ©e oĂč s'opposent les milices d'extrĂȘme gauche (MIR) Ă  ces derniĂšres.

Lorsque durant l'été 1973 de multiples grÚves et des insurrections menacent la stabilité du pays, Allende, paraphrasant John F. Kennedy, déclare que « ceux qui s'opposent à une révolution pacifique rendent celle-ci inévitablement violente »[29]. Le , le président Salvador Allende, nomme Pinochet général en chef des armées à la suite de la démission de Prats[30], qui lie sa décision aux nombreuses manifestations féminines contre le gouvernement[31].

Rîle des États-Unis

Henry Kissinger, le SecrĂ©taire d'État de Richard Nixon, avait dĂ©clarĂ© dans un discours prononcĂ© Ă  l'occasion de l'Ă©lection de Salvador Allende : « Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrĂȘter et regarder un pays devenir communiste Ă  cause de (due to the) l'irresponsabilitĂ© de son peuple. »[32]

Les États-Unis cherchent Ă  affaiblir Allende. Les crĂ©dits accordĂ©s par les AmĂ©ricains au Chili passent de 300 Ă  30 millions de dollars et si, dans le mĂȘme temps, l'aide des pays socialistes et europĂ©ens sur-compense cette perte (600 millions de dollars de nouveaux crĂ©dits), le Chili demeure trĂšs dĂ©pendant des États-Unis (notamment pour des piĂšces dĂ©tachĂ©es) et les rĂ©percussions nĂ©fastes de cette politique sont nombreuses[33].

La CIA est Ă©galement active, elle disposera sur ces trois annĂ©es d'un budget de sept millions de dollars pour soutenir l'opposition Ă  Allende. Elle l'emploie principalement Ă  aider les partis politiques (dĂ©mocrates-chrĂ©tiens et conservateurs, qui recevront la moitiĂ© de l'aide), les journaux anti-Allende (El Mercurio, Ă  l'Ă©poque le plus grand quotidien du pays, bĂ©nĂ©ficiera Ă  lui seul d'un cinquiĂšme de l'aide) et dans une moindre mesure des organisations privĂ©es. Les groupes paramilitaires d'extrĂȘme-droite sont en revanche dĂ©laissĂ©s, Patria y Libertad ne reçoit que 1 000 dollars entre 1970 et 1971 puis plus rien[34]. Les autoritĂ©s amĂ©ricaines rechignent Ă  aider les grĂ©vistes anti-Allende. La proposition d'un soutien a Ă©tĂ© abordĂ©e plusieurs fois au sein du ComitĂ© 40 (chargĂ© de dĂ©finir et de contrĂŽler les activitĂ©s de la CIA) mais elle a toujours Ă©tĂ© repoussĂ©e. Une partie des fonds fournis par la CIA aux partis d'opposition et aux organisations privĂ©es aurait nĂ©anmoins Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©e par ces derniers pour soutenir les camionneurs[35] - [36]. RĂ©agissant aux nationalisations effectuĂ©es par le gouvernement d'Allende, plusieurs firmes amĂ©ricaines dont l'ITT apportent leur concours Ă  cette stratĂ©gie[37].

L'administration Nixon fut enchantĂ©e du coup d'État de 1973. Mais, si de nombreuses accusations sont formulĂ©es, aucun Ă©lĂ©ment ne permet cependant d’affirmer que les États-Unis ont directement participĂ© au coup d’État proprement dit du . Le rapport de la Commission Church du SĂ©nat des États-Unis, en 1976, a conclu que les États-Unis n'avaient pas eu de rĂŽle direct dans l'Ă©vĂ©nement. Kissinger affirme par ailleurs que les grandes manƓuvres amĂ©ricaines Ă©taient terminĂ©es Ă  l'Ă©poque du coup, ce qui est confirmĂ© par les archives. Peter Kornbluh, chercheur au National Security Archive[38], qui a participĂ© Ă  une campagne pour la dĂ©classification des archives de la CIA, dĂ©clare Ă  LibĂ©ration : « si les États-Unis n'ont pas directement participĂ© au complot du , ils ont tout fait pour prĂ©parer le coup d'État contre Allende »[39].

Dictature de Pinochet

Le , un coup d'État menĂ© par le gĂ©nĂ©ral Augusto Pinochet, renverse Salvador Allende, retrouvĂ© sans vie dans le palais de la Moneda bombardĂ© par les putschistes. Le rapport d'autopsie ordonnĂ© par la commission d'enquĂȘte de mai 2011 conclura en juillet 2011 au suicide[40]. Ce coup d’État est accueilli avec soulagement par les conservateurs et certains dĂ©mocrates-chrĂ©tiens, qui espĂšrent rĂ©cupĂ©rer rapidement le pouvoir. Mais la junte militaire prend le pouvoir et le conservera jusqu’en 1990, imposant une dictature. Elle est dirigĂ©e par Augusto Pinochet et est composĂ©e des commandants en chef des trois armĂ©es et du chef de la police. Ce coup d’État se fait sous le regard des camĂ©ras et a un grand retentissement en Europe.

La junte dissout le CongrĂšs national, les conseils municipaux, les syndicats et les partis politiques. La libertĂ© de la presse est abolie, le couvre-feu instaurĂ©. Tout ce qui est littĂ©rature de gauche est interdit, des centaines de milliers de livres sont brĂ»lĂ©s. Les opposants sont arrĂȘtĂ©s, torturĂ©s, dĂ©portĂ©s ou exĂ©cutĂ©s. En dix-sept ans, le rĂ©gime du gĂ©nĂ©ral Pinochet est responsable de la mort ou de la disparition d'au moins 2 279 personnes[41] ; sur le million d'exilĂ©s durant cette pĂ©riode[42], plus de 40 000 sont des exilĂ©s politiques[43]. Le stade national est transformĂ© en camp de prisonniers Ă  ciel ouvert, des dizaines de milliers de personnes sont arbitrairement incarcĂ©rĂ©es, des camps de concentration sont mis en place[44]. La DINA, police politique de la dictature, fait disparaĂźtre des centaines de personnes.

Pinochet confie l’économie du pays aux thĂ©oriciens de l'Ă©cole de Chicago, les Chicago boys, de jeunes Ă©conomistes chiliens comme JosĂ© Piñera et HernĂĄn BĂŒchi, souvent formĂ©s Ă  l'UniversitĂ© de Chicago et adeptes des idĂ©es de Milton Friedman et d'Arnold Harberger[45]. AprĂšs une baisse du PIB de 10 % entre 1973 et 1975[46], la croissance atteindra 8 % par an entre 1977 et 1980[47] au prix d'un endettement extĂ©rieur et d'une inflation trĂšs Ă©levĂ©s, et le chĂŽmage augmente fortement. Une trĂšs grave crise Ă©conomique touche le Chili entre 1982 et 1985 ; sous l’influence de la hausse mondiale de l'inflation, l’inflation nationale atteint 27,3 % en 1982[48], et le pays connaĂźt sa pire rĂ©cession depuis les annĂ©es 1930[49]. De 1982 Ă  1984, le PIB baisse de 16 %[46]. La crise provoque une sĂ©rie de protestations de la population contre le rĂ©gime politique et le libĂ©ralisme Ă©conomique. Le chĂŽmage, qui touche en moyenne 18 % de la population active pour l'ensemble de la pĂ©riode du rĂ©gime militaire, culmine Ă  environ 30 % en 1983[46] - [50]. L’économie du pays revient au vert Ă  partir de 1985, permettant de rĂ©sorber l'important dĂ©ficit financier extĂ©rieur accumulĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1970 et d'Ă©quilibrer les finances publiques[46], mais les manifestations (« protestas »), rĂ©primĂ©es dans le sang, se poursuivent contre la dictature.

Les transformations engagĂ©es sont inspirĂ©es par la thĂ©orie Ă©conomique libĂ©rale. Elles comprennent notamment la privatisation de la plupart des entreprises publiques et la rĂ©duction de la taille de l'État, Ă  travers une diminution des dĂ©penses publiques, essentiellement dans les domaines des Ă©quipements, des services sociaux et des aides financiĂšres. La plupart des banques sont privatisĂ©es en 1975. En 1989, le producteur de cuivre CorporaciĂłn Nacional del Cobre, la sociĂ©tĂ© de raffinage de pĂ©trole Empresa Nacional del Petroleo, les entreprises fournissant des services d'infrastructures — aĂ©roports, rĂ©seau routier, ports, services d'utilitĂ© publique, chemins de fer — et la banque publique Banco del Estado sont les seules entreprises publiques. La pĂ©riode 1973-1989 voit Ă©galement un recul des droits des travailleurs avec l'interdiction des syndicats et la dĂ©centralisation des nĂ©gociations salariales. ConjuguĂ©e avec les revers Ă©conomiques, l'Ă©rosion de la politique sociale conduit Ă  une aggravation des inĂ©galitĂ©s de revenus et de la pauvretĂ©, cependant que les investissements dans les infrastructures publiques prennent du retard. Par ailleurs, sous l'effet des crises Ă©conomiques, les salaires rĂ©els moyens chutent de 17 % entre 1973 et 1985, ne commençant Ă  se redresser, de 9 %, qu'Ă  partir de 1988-1989[46].

Selon l'économiste et ancien conseiller d'Allende Orlando Caputo[51], cette politique économique, dans une ambiance de terrorisme politique, conduit à un recul trÚs important de la part des salaires dans la valeur ajoutée qui baisse de 52 % en 1972 à 37 % en 1973[52].

PIB par habitant au Chili 1950-2010.

La crise de 1982-1983 signe l'arrĂȘt momentanĂ© du « miracle chilien »[53]. Les salaires rĂ©els, jusque-lĂ  indexĂ©s Ă  l'inflation, diminuent de 10 %[54] et se situent 30 % en dessous de leur niveau de 1970[55] ; le chĂŽmage atteint 30 %, la pauvretĂ© augmente, et les inĂ©galitĂ©s s'accroissent. À la fin des « annĂ©es Pinochet », 20 % de la population se partage 80 % de la richesse du pays[56]. Pendant toute la durĂ©e de la dictature, la consommation moyenne par habitant n'a jamais retrouvĂ© son niveau de 1972, et on observe une « diminution de la qualitĂ© de vie d'une partie importante de la population chilienne »[57]. Cependant, en paritĂ© de pouvoir d'achat, le PIB par habitant s'est accru de 50 % entre 1974 et 1990, sous la prĂ©sidence de Pinochet, puis a doublĂ© entre 1990 et 2005.

Le Chili participe activement Ă  l'OpĂ©ration Condor visant Ă  Ă©liminer physiquement les opposants aux dictatures militaires. Des partisans de la dĂ©mocratie, en exil, sont assassinĂ©s partout dans le monde : le gĂ©nĂ©ral Carlos Prats est tuĂ© en 1974 en Argentine, l'Ă©conomiste Orlando Letelier est tuĂ© en 1976 aux États-Unis, le dĂ©mocrate-chrĂ©tien Bernardo Leighton est griĂšvement blessĂ© par un attentat en 1975 en Italie. Le Chili et l'Argentine s'affrontent en 1978 dans le Conflit du Beagle pour la possession de quelques petites Ăźles australes. Ce conflit manque de peu de provoquer une guerre entre les deux pays, le Chili sera le seul pays d'AmĂ©rique du Sud Ă  soutenir politiquement le Royaume-Uni durant la guerre des Malouines.

À partir de 1978, la junte militaire entreprend d’établir une constitution remplaçant la Constitution de 1925 qui est considĂ©rĂ©e par la junte comme la source de la crise institutionnelle. Celle-ci est Ă©laborĂ©e par la Commission OrtĂșzar dirigĂ©e par Enrique OrtĂșzar et Jaime GuzmĂĄn.

Cette loi fondamentale contenait des dispositions transitoires et devait entrer en vigueur seize ans plus tard. Elle installait Pinochet comme prĂ©sident pour huit ans et prĂ©voyait une pĂ©riode additionnelle de huit autres annĂ©es de gouvernement militaire, avec un candidat unique dĂ©signĂ© par les autoritĂ©s militaires et qui devait ĂȘtre ratifiĂ©e lors d’un plĂ©biscite. Elle remplace le systĂšme proportionnel par un systĂšme binominal lors des Ă©lections et l’établissement d’un second tour dans l’élection prĂ©sidentielle et instaure un Tribunal constitutionnel chargĂ© de valider les lois.

La constitution est approuvée aprÚs un plébiscite qui a lieu le . Le scrutin, organisé dans des conditions controversées, donne 67 % pour le Oui[58]. Pinochet est reconduit au pouvoir pour huit ans.

En 1988, Pinochet demande la prolongation de son mandat par rĂ©fĂ©rendum mais n’obtient que 44,01 % d’approbation, contre 55,99 % de votants qui demandent son dĂ©part et la fin de la dictature[59]. Il organise alors une transition progressive vers la dĂ©mocratie (tout en se garantissant une immunitĂ© constitutionnelle).


Retour à la démocratie

Ricardo Lagos et Michelle Bachelet en septembre 2002.
Michelle Bachelet, présidente du Chili en 2006-2010 et 2014-2018.
Sebastiån Piñera, président du Chili de 2010 à 2014 et de 2018 à 2022.

AprĂšs la dĂ©faite d’Augusto Pinochet lors du plĂ©biscite de 1988, la constitution est amendĂ©e par Pinochet pour provoquer des Ă©lections, et faire Ă©lire de nouveaux sĂ©nateurs, diminuer le rĂŽle du Conseil de SĂ©curitĂ© Nationale et y mettre autant de membres civils que de militaires (quatre membres de chaque ensemble). Beaucoup de politiciens chiliens considĂšrent ce Conseil de SĂ©curitĂ© comme des restes du rĂ©gime autoritaire. Tout est fait pour rĂ©former la constitution.

En a lieu le premier tour de l’élection prĂ©sidentielle qui est le point de dĂ©part du rĂ©gime dĂ©mocratique. Le dĂ©mocrate chrĂ©tien Patricio Aylwin, candidat de la Concertation des partis pour la dĂ©mocratie (regroupant le Parti DĂ©mocrate chrĂ©tien, le Parti socialiste, le Parti pour la DĂ©mocratie et le Parti radical social dĂ©mocrate), affronte HernĂĄn BĂŒchi, candidat de la coalition Alianza por Chile (regroupant l'Union dĂ©mocrate indĂ©pendante et RĂ©novation nationale). En , la commission VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation, Ă©tablie un an auparavant par Aylwin, informe sur les violations des Droits de l’Homme commises par le rĂ©gime militaire.

Le , Ă  la suite d'Ă©lections dĂ©mocratiques, Pinochet cĂšde son poste de prĂ©sident de la rĂ©publique au dĂ©mocrate chrĂ©tien Patricio Aylwin, Ă©lu Ă  la tĂȘte d’une coalition — la ConcertaciĂłn — englobant les hĂ©ritiers du socialisme d’Allende. Mais Pinochet demeure encore sept ans chef des armĂ©es.

Patricio Alywin doit remettre en place la dĂ©mocratie, Ă©tablir une nouvelle politique nationale, maintenir la bonne santĂ© Ă©conomique du pays (qui s'amĂ©liore sensiblement avec le retour de la dĂ©mocratie). Enfin, encore plus important pour les Chiliens, l’armĂ©e doit reconnaĂźtre les violations des Droits de l’Homme commises pendant la dictature.

Le , Eduardo Frei Ruiz-Tagle devient prĂ©sident de la RĂ©publique. Il est Ă©lu grĂące Ă  la coalition de la ConcertaciĂłn. Son gouvernement qui dure six ans, se caractĂ©rise par la bonne santĂ© Ă©conomique du Chili grĂące Ă  l’ouverture du marchĂ© chilien Ă  l’étranger (les annĂ©es 1990-1997 se caractĂ©risent par une croissance annuelle du PIB de l’ordre de 7 %). Cependant Ă  la fin de son mandat, une nouvelle crise Ă©conomique affecte le pays. En 1999, le PIB du Chili rĂ©gresse mĂȘme de 0,3 %, Ă  cause des consĂ©quences de la crise Ă©conomique asiatique.

En , retraitĂ© et sĂ©nateur Ă  vie, Pinochet est arrĂȘtĂ© Ă  Londres, Ă  la suite du dĂ©pĂŽt d'un mandat d’arrĂȘt du juge espagnol Baltasar GarzĂłn et mis en rĂ©sidence surveillĂ©e. Ce problĂšme a pour consĂ©quence de raviver les tensions entre les diffĂ©rents partis politiques du pays.

AprĂšs une Ă©lection assez difficile, Ricardo Lagos devient prĂ©sident en (en Ă©tant le troisiĂšme prĂ©sident de la ConcertaciĂłn et le premier prĂ©sident socialiste depuis Salvador Allende), dans un climat Ă©conomique relativement mauvais. Lagos devient populaire car il remet l’économie au vert, met en place de nombreuses rĂ©formes comme l’école gratuite et obligatoire jusqu’à 18 ans, lĂ©galise le divorce en 2004. De plus, Lagos signe de nombreux traitĂ©s de libre-Ă©change, principalement avec l’Union europĂ©enne et les États-Unis[60].

De retour au Chili, presque deux ans plus tard (en mars 2000), le général Pinochet reçoit un accueil chaleureux de l'armée et de ses partisans rassemblés par milliers le long de la route de l'aéroport à son domicile[61], alors que des procédures judiciaires sont engagées contre lui.

En 2004, la cour d’appel de Santiago lĂšve l’immunitĂ© constitutionnelle d’Augusto Pinochet pour ses responsabilitĂ©s dans l’opĂ©ration Condor, un plan des dictatures sud-amĂ©ricaines des annĂ©es 1970 pour Ă©liminer leurs opposants. En , il est finalement relaxĂ© par la cour d’appel. Les recours dĂ©posĂ©s par les familles de victimes sont jugĂ©s « irrecevables ». Cette relaxe est confirmĂ©e dĂ©finitivement le par la Cour suprĂȘme.

La socialiste Michelle Bachelet est élue au second tour avec 53,5 % des suffrages le ; elle entre en fonction le suivant. Elle devient ainsi la premiÚre femme dans l'histoire du Chili à devenir présidente. Son gouvernement se caractérise par une parité hommes/femmes.

Le gĂ©nĂ©ral Pinochet meurt Ă  l’hĂŽpital militaire de Santiago le .

Le , le premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle voit arriver en tĂȘte le candidat de la Coalition pour le changement (droite et centre droit), SebastiĂĄn Piñera, avec 44,06 % des suffrages. Le candidat de la ConcertaciĂłn, l'ancien prĂ©sident Eduardo Frei Ruiz-Tagle n'en n'obtient que 29,60 %, et le candidat dissident issu des socialistes, Marco EnrĂ­quez-Ominami, rassemble 20,14 % des voix. Le , SebastiĂĄn Piñera est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique avec 51,61 % des suffrages[62]. Il a officiellement pris ses fonctions le au cours d'une cĂ©rĂ©monie au CongrĂšs national, Ă  ValparaĂ­so et alors mĂȘme que se produisaient de fortes rĂ©pliques au sĂ©isme du 27 fĂ©vrier[63].

Michelle Bachelet remporte de nouveau l'élection présidentielle le et est reconduite pour un mandat de quatre ans à partir du .

En décembre 2017, Sebastian Pinera est réélu président du Chili, avec 54 % des voix au premier tour.

En octobre 2019, d'importantes manifestations lycĂ©ennes et Ă©tudiantes ont lieu contre une augmentation du prix des tickets de transports Ă  Santiago[64]. Le projet est annulĂ© par le gouvernement mais les manifestations se poursuivent Ă  travers tout le pays et concernent d'autres sujets sociaux[65]. Les manifestants protestent ainsi contre la prĂ©caritĂ© du systĂšme de retraite et de santĂ©, l’augmentation du prix des mĂ©dicaments, la hausse des coĂ»ts de l’électricitĂ©, les trĂšs fortes inĂ©galitĂ©s, ou encore les intoxications rĂ©pĂ©tĂ©es dans les « zonas de sacrificio » trĂšs industrialisĂ©es et fortement polluĂ©es[66].

Alors que des émeutes voient s'opposer manifestants et policiers dans plusieurs villes, le gouvernement ordonne le déploiement de plusieurs milliers de soldats et policiers dans les rues de la capitale. Des chars sont également déployés dans la ville et l'état d'urgence est proclamé[67].

Le 25 octobre 2020 un rĂ©fĂ©rendum visant Ă  proposer la mise en place d'une nouvelle constitution rĂ©digĂ©e par une assemblĂ©e citoyenne a lieu. MalgrĂ© la pandĂ©mie de COVID-19, 50,9 % des Ă©lecteurs se dĂ©placent pour voter, le plus haut taux de participation depuis dix ans, et 78 % votent pour l'Ă©criture d’une nouvelle Constitution. DĂšs le 26 octobre, les citoyens ont commencĂ© Ă  travailler sur la nouvelle constitution. Les reprĂ©sentants de l’AssemblĂ©e constituante seront Ă©lus en avril 2021[68]. En mai 2020, la population vote largement en faveur d’une rĂ©Ă©criture en profondeur de la Constitution hĂ©ritĂ©e de Pinochet[69].

Gabriel Boric président du Chili depuis le .

Mi-dĂ©cembre 2021, Gabriel Boric, Ă  la tĂȘte d'une coalition de partis de gauche, est Ă©lu prĂ©sident du Chili. Il prend ses fonctions le 11 mars 2022[70].

Politique

Constitution de 1980

Comme le prĂ©cise la Constitution politique de 1980, le Chili est un État unitaire, avec un territoire divisĂ© en 16 rĂ©gions. La nation possĂšde la souverainetĂ© du pouvoir, qui s’exerce Ă  travers l’élection des reprĂ©sentants par suffrage universel ou par referendum. Le Chili est une dĂ©mocratie rĂ©publicaine.

Le prĂ©sident de la rĂ©publique possĂšde d’importants pouvoirs, comme celui de dĂ©signer des sĂ©nateurs, de nommer les ministres ou de dĂ©clarer l’état de guerre. Des rĂ©formes dĂ©mocratiques intervenues depuis ont largement modifiĂ© la constitution.

En vertu de la Constitution, l’État chilien est divisĂ© entre les trois pouvoirs classiques[71] :

  • le pouvoir exĂ©cutif est tenu par le prĂ©sident de la RĂ©publique, Ă©lu dĂ©mocratiquement tous les quatre ans au suffrage universel direct, et qui ne peut pas ĂȘtre rĂ©Ă©lu pour un second mandat successif. Une fois Ă©lu, le prĂ©sident dĂ©signe un cabinet de ministres, dont le ministre de l'IntĂ©rieur ;
  • le pouvoir lĂ©gislatif est reprĂ©sentĂ© par le CongrĂšs national, dont le siĂšge se trouve Ă  ValparaĂ­so depuis le retour de la dĂ©mocratie en 1990. Il sÂŽagit d'un congrĂšs bicamĂ©ral, composĂ© d'un sĂ©nat et d'une Chambre des dĂ©putĂ©s. Il comptait quarante-huit sĂ©nateurs Ă©lus pour huit ans (dont neuf sont dĂ©signĂ©s par diverses institutions et un est sĂ©nateur Ă  vie aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©sident du pays - cela n’est plus en vigueur depuis les modifications de la constitution en 2005) ; et cent-vingt dĂ©putĂ©s Ă©lus pour quatre ans. Les parlementaires sont depuis 2006 tous Ă©lus dĂ©mocratiquement au scrutin plurinominal majoritaire Ă  un tour ;
  • le pouvoir judiciaire juge des affaires civiles et criminelles. Il est composĂ© d’une Cour suprĂȘme, des Cours d’appel et des tribunaux de premiĂšre instance.

À la suite des manifestations de 2019-2021 il est dĂ©cidĂ© de changer de constitution, ce qui sera approuvĂ© par un vote en 2020[72]. Le rĂ©fĂ©rendum sur l'adoption d'une nouvelle constitution est prĂ©vu pour 2022.

Vie et partis politiques

Palais présidentiel de la Moneda.

Depuis 1990, le pays connaĂźt une vie dĂ©mocratique. Il existe une opposition de droite constituĂ©e par deux partis : RenovaciĂłn Nacional (RN), plus libĂ©ral ; et l’UniĂłn DemĂłcrata Independiente (UDI), plus conservateur. Ces deux partis forment l’Alliance pour le Chili. Il y a Ă©galement une opposition d'extrĂȘme-gauche, Juntos Podemos MĂĄs, qui associe le Parti communiste (PC) et des partis humanistes et Ă©cologistes, qui n’ont pas de reprĂ©sentation au CongrĂšs.

Les principaux blocs politiques se sont constituĂ©s au milieu des annĂ©es 1980, pour dĂ©fendre ou lutter contre le rĂ©gime militaire d’Augusto Pinochet, et sont devenus officiels par le rĂ©fĂ©rendum de 1988. L’annĂ©e suivante, chaque bloc a conservĂ© son unitĂ© afin d’aborder l’élection prĂ©sidentielle et chaque coalition a prĂ©sentĂ© un candidat. Depuis alors, malgrĂ© les problĂšmes qui surgissent de temps en temps Ă  l’intĂ©rieur des blocs, le panorama politique n’a pas beaucoup changĂ©.

La présidente Bachelet dirige le quatriÚme gouvernement consécutif de la Concertación, aprÚs la victoire de la coalition lors des élections de 1989.

Le , Michelle Bachelet, socialiste et candidate de la ConcertaciĂłn (coalition de partis de centre et de gauche, qui regroupe la DĂ©mocratie chrĂ©tienne (DC), le Parti socialiste (PS), le Parti radical social-dĂ©mocrate (PRSD) et le Parti pour la dĂ©mocratie (PPD)), est arrivĂ©e en tĂȘte du premier tour de la prĂ©sidentielle avec 45,96 % des voix devant le candidat du parti de la RĂ©novation nationale, SebastiĂĄn Piñera (25,41 %), celui de l’Union dĂ©mocrate indĂ©pendante et ancien maire de Santiago, JoaquĂ­n LavĂ­n (23,23 %), et celui de l’extrĂȘme-gauche, TomĂĄs Hirsch (5,40 %)[73]. Au second tour le 15 janvier, Bachelet gagne contre Sebastian Piñera avec 53,5 % des suffrages[74].

Les Ă©lecteurs ont aussi Ă©lu cent vingt dĂ©putĂ©s, et vingt sĂ©nateurs (pour un total de trente-huit siĂšges), supprimant au passage les postes de sĂ©nateurs Ă  vie crĂ©Ă©s par le gĂ©nĂ©ral Pinochet. La Concertation a remportĂ© plus de 54 % des siĂšges de dĂ©putĂ©s[75] et 57 % des siĂšges de sĂ©nateurs, s’assurant la majoritĂ© dans les deux chambres.

Les réformes les plus profondes à la Constitution de 1980 ont été promulguées en septembre 2005, ce qui est considéré par certains comme la fin de la transition vers la démocratie. Ces réformes perfectionnent la Constitution en supprimant les dits « verrouillages autoritaires », laissés par Pinochet. Parmi les réformes mises en place :

  • la rĂ©duction du mandat prĂ©sidentiel de six Ă  quatre ans ;
  • le prĂ©sident est habilitĂ© pour mettre Ă  la retraite les commandants en chef des forces armĂ©es ;
  • l’élimination des sĂ©nateurs dĂ©signĂ©s Ă  vie (qui n'Ă©taient pas Ă©lus), ce qui a pour effet une rĂ©duction du SĂ©nat Ă  trente-huit membres depuis .

Le systĂšme d’élection binominal utilisĂ© pour les lĂ©gislatives et qui, Ă  prĂ©sent, favorise les deux grands blocs politiques, n’a pas encore Ă©tĂ© modifiĂ©.

Une autre modification concerne Ă©galement la possibilitĂ© pour les enfants de Chiliens (de ceux qui sont nĂ©s au Chili et donc Chiliens par le passeport) d’obtenir la nationalitĂ© (avoir non plus un titre de voyage mais un vĂ©ritable passeport chilien), mais pas la citoyennetĂ© (donc la possibilitĂ© de voter en cas d’élections). Il faut Ă©galement tenir compte du fait que, Ă  ce jour, plusieurs dizaines de milliers d’enfants de Chiliens n’étaient jusqu'alors considĂ©rĂ©s que comme des « non nationaux » (reconnus dans certains pays comme apatrides). Le droit de vote pour les Chiliens rĂ©sidant Ă  l’étranger fait partie des projets encore en cours. Lors de la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle du 11 dĂ©cembre 2009, Michelle Bachelet n'a pas pu se reprĂ©senter conformĂ©ment Ă  la Constitution du pays. Le candidat de la ConcertaciĂłn por la Democratia est l'ex-prĂ©sident Eduardo Frei Ruiz-Tagle. Le prĂ©tendant de la droite Alliance pour le Chili, est l'homme d'affaires SebastiĂĄn Piñera dĂ©fait par Michelle Bachelet en 2006. SebastiĂĄn Piñera a remportĂ© les Ă©lections le 17 janvier 2010. Il met fin Ă  vingt ans de gouvernement de centre-gauche. Le 15 dĂ©cembre 2013, Michelle Bachelet est Ă©lue Ă  nouveau Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique au deuxiĂšme tour avec 62,16 % des voix. Elle prend ses fonctions le 11 mars 2014.

SebastiĂĄn Piñera est Ă©lu de nouveau prĂ©sident de la RĂ©publique le ; il prend ses fonctions le 11 mars 2018[76]. Il est remplacĂ© en par Gabriel Boric, Ă  la tĂȘte d'une coalition de partis de gauche, qui a gagnĂ© l'Ă©lection prĂ©sidentielle en dĂ©cembre 2021.

GĂ©ographie

Relief et géologie

Carte topographique du Chili.

SituĂ© sur la cĂŽte pacifique de l’AmĂ©rique du Sud, le Chili s’étire sur ses 4 300 kilomĂštres de long, du PĂ©rou au cap Horn, avec une largeur moyenne de 180 kilomĂštres (de 440 kilomĂštres au maximum Ă  la latitude 52°21 S et 90 kilomĂštres au minimum Ă  la latitude 31°37 S au nord de Santiago). Des frontiĂšres naturelles isolent le Chili de ses voisins : il est sĂ©parĂ© de l’Argentine par la cordillĂšre des Andes, de la Bolivie et du PĂ©rou par le dĂ©sert d'Atacama. La superficie totale du pays est de 756 900 km2, en comprenant l’archipel de Juan FernĂĄndez et l’üle de PĂąques. Le Chili revendique par ailleurs 1 250 000 km2 de l’Antarctique. PrĂ©sent sur trois continents — l'AmĂ©rique du Sud, l'OcĂ©anie et l'Antarctique — le Chili se considĂšre et est parfois dĂ©crit comme un pays tricontinental[77] - [78] - [79].

Le pays se situe dans une zone fortement sismique et volcanique : cette activité découle de la poussée de la plaque tectonique de Nazca sous la plaque sud-américaine supportant le continent. Le pays fait partie de la ceinture de feu du Pacifique.

À la fin du PalĂ©ozoĂŻque (Ăšre primaire), il y a 230 millions d’annĂ©es, le Chili n’était qu’une dĂ©pression marine dans laquelle les sĂ©diments s’étaient accumulĂ©s. Au cours du MĂ©sozoĂŻque (Ăšre secondaire), sous la poussĂ©e de la plaque de Nazca, la couche de sĂ©diments s’est plissĂ©e, donnant naissance Ă  la cordillĂšre des Andes. Le relief actuel est le rĂ©sultat de millions d’annĂ©es de volcanisme actif.

Le pays est composĂ© principalement d’une zone de plaines encadrĂ©es par deux chaĂźnes de montagnes :

  • la cordillĂšre des Andes Ă  l’est, qui marque la frontiĂšre naturelle avec la Bolivie et l’Argentine et qui culmine Ă  l’Ojos del Salado (6 893 mĂštres), volcan actif le plus Ă©levĂ© au monde ;
  • la CordillĂšre de la CĂŽte Ă  l’ouest est un massif beaucoup moins Ă©levĂ© qui culmine Ă  environ 2 000 mĂštres.

Entre la cordillĂšre de la CĂŽte et le Pacifique se trouve une sĂ©rie de plaines littorales, d’étendue variable, qui permet l’installation des populations et des grands ports. Certaines parties du pays possĂšdent des plateaux, comme l’Altiplano oĂč la Puna de Atacama et les pampas de Patagonie.

Le « Grand Nord » est la zone comprise entre la limite Nord du pays et la latitude 26° S qui comprend les deux premiĂšres rĂ©gions administratives du pays. Il se caractĂ©rise par son ariditĂ© intense : le dĂ©sert d'Atacama est le dĂ©sert le plus aride du monde (Ă  certains endroits, aucune prĂ©cipitation n’est tombĂ©e depuis quatre-vingts ans). Ce dĂ©sert comprend des zones moins arides comme la pampa del Tamarugal. Dans cette rĂ©gion, la cordillĂšre de la CĂŽte est massive et abrupte et arrive souvent jusqu’en bord de mer (les plaines littorales sont quasi absentes). La CordillĂšre des Andes se subdivise en deux chaĂźnes : l’une va vers la Bolivie et est trĂšs Ă©levĂ©e et volcanique, ce qui a permis la formation de l’Altiplano andin et possĂšde de nombreux lacs salĂ©s appelĂ©s salar comme le Salar d'Atacama dus Ă  l’accumulation des sĂ©diments durant des millions d’annĂ©es.

Au sud se trouve le « Petit Nord », qui s’étend de la latitude 26° S jusqu’à l’Aconcagua (32° S). Les Andes commencent Ă  ĂȘtre moins Ă©levĂ©es vers le sud et Ă  se rapprocher de la cĂŽte, arrivant Ă  95 kilomĂštres Ă  la hauteur de Illapel, la zone la plus Ă©troite du pays. Les deux chaĂźnes se touchent pratiquement, Ă©liminant la dĂ©pression intermĂ©diaire. La prĂ©sence de fleuves crĂ©e des vallĂ©es perpendiculaires aux chaĂźnes dans lesquelles l’agriculture est bien dĂ©veloppĂ©e ; les plaines littorales commencent Ă  s’élargir.

La VallĂ©e Centrale est la zone la plus peuplĂ©e du Chili. Les plaines littorales sont Ă©tendues et permettent l’établissement de villes et de ports. L’altitude de la CordillĂšre de la CĂŽte diminue progressivement. La CordillĂšre des Andes quant Ă  elle dĂ©passe les 6 000 mĂštres d’altitude puis commence lentement Ă  descendre vers les 4 000 mĂštres dĂšs la RĂ©gion du Libertador General Bernardo O’Higgins. La dĂ©pression intermĂ©diaire devient une vallĂ©e fertile que permet le dĂ©veloppement agricole. Vers le sud, la CordillĂšre de la CĂŽte rĂ©apparaĂźt sous le nom de la cordillĂšre de Nahuelbuta, alors que les sĂ©diments laissĂ©s par les glaciers sont Ă  l’origine Ă  la zone de la frontiĂšre caractĂ©risĂ©e par une sĂ©rie de lacs.

La Patagonie s’étend de la latitude 41° S jusqu’à l’extrĂ©mitĂ© sud du Chili. Durant la derniĂšre glaciation, ce lieu Ă©tait couvert par les glaciers qui ont fortement Ă©rodĂ© les reliefs. La dĂ©pression intermĂ©diaire disparaĂźt sous la mer et la CordillĂšre de la CĂŽte donne naissance Ă  une sĂ©rie d’archipels comme l'archipel de ChiloĂ© et les Chonos puis disparaĂźt au niveau de la pĂ©ninsule de Taitao, vers le 47e parallĂšle. La CordillĂšre des Andes diminue de hauteur. À l’est de la CordillĂšre apparaissent des plaines, comme dans la zone du dĂ©troit de Magellan au large de la Terre de feu.

Parc national Torres del Paine vue du Lac Pehoé.

Ensuite la CordillĂšre des Andes plonge dans l’ocĂ©an Pacifique, donne naissance Ă  une sĂ©rie d’üles au niveau du cap Horn, disparaĂźt au niveau du passage de Drake puis se prolonge par l’arc des Antilles australes, la pĂ©ninsule Antarctique ainsi que les Antartandes, situĂ©e dans le territoire chilien de l’Antarctique, qui s’étend entre les mĂ©ridiens 53° W et 90° W qui constitue une superficie de 1 250 000 km2.

Dans l’ocĂ©an Pacifique, le Chili possĂšde une souverainetĂ© sur l’archipel Juan Fernandez situĂ© Ă  environ 700 kilomĂštres de ValparaĂ­so et l’üle de PĂąques situĂ© Ă  plus de 4 500 kilomĂštres des cĂŽtes chiliennes. Ces Ăźles ont une origine volcanique car elles se situent dans la zone de friction entre la plaque de Nazca et la plaque Pacifique, elle-mĂȘme Ă  l’origine de la dorsale du Pacifique oriental.

Climat

La gĂ©ographie trĂšs particuliĂšre du pays, mince bande de terre courant sur plus de 4 000 km du nord au sud, entraĂźne naturellement une grande diversitĂ© de climats (insolation plus ou moins forte). Les tempĂ©ratures vont en augmentant doucement du Sud au Nord, tandis que les prĂ©cipitations, trĂšs abondantes dans le Sud, se rarĂ©fient quand on remonte vers le nord. Ainsi, le Sud du pays connait un climat polaire ocĂ©anique frais et trĂšs humide, tandis que le Nord connaĂźt un climat dĂ©sertique tempĂ©rĂ©. La zone centrale, autour de la capitale, bĂ©nĂ©ficiant, elle, d'un climat mĂ©diterranĂ©en[80] - [81]. IsolĂ©e Ă  quelque 3 500 kilomĂštres de la cĂŽte chilienne, l’üle de PĂąques bĂ©nĂ©ficie d’un climat maritime Ă  caractĂ©ristiques subtropicales. Enfin, rappelons que le Chili est dans l'hĂ©misphĂšre sud, et donc que les saisons sont inversĂ©es par rapport Ă  l’Europe.

Si dans les annĂ©es 1980, il pleuvait en moyenne 350 mm par an dans le centre du Chili, en 2018, les prĂ©cipitations ont Ă©tĂ© rĂ©duites de moitiĂ© et dans les annĂ©es Ă  venir, la quantitĂ© de pluie continuera Ă  baisser en raison du rĂ©chauffement climatique. PrĂšs de 70 % de la population chilienne vit dans des zones soumises Ă  la sĂ©cheresse oĂč les prĂ©cipitations ont diminuĂ© de maniĂšre significative ces derniĂšres annĂ©es. Les bassins hydrographiques du centre du pays verront leur niveau baisser d'environ 30 %[82].

Diagrammes ombro-thermiques de certaines villes du Chili (du Nord au Sud)
Arica Île de Pñques Santiago Valdivia Punta Arenas Villa Las Estrellas
18° 20â€Č S, 70° 20â€Č O
58 mĂštres
27° 09â€Č S, 109° 25â€Č O
51 mĂštres
33° 23â€Č S, 70° 47â€Č O
475 mĂštres
39° 48â€Č S, 73° 14â€Č O
19 mĂštres
53° 00â€Č S, 70° 51â€Č O
37 mĂštres
62° 12â€Č S, 58° 57â€Č O
10 mĂštres
Climat désertique Climat subtropical Climat méditerranéen Climat maritime Climat de steppe froid Climat polaire
Le courant de Humboldt modÚre les températures tout le long du pays.

Outre la latitude, deux facteurs dĂ©terminants permettent d'expliquer le climat chilien dĂ©crit ci-dessus. D'une part, Ă  l'est, la barriĂšre naturelle que constitue la cordillĂšre des Andes bloque les influences orientales, sauf dans le Nord oĂč l'air estival humide en provenance de l'Amazonie apporte des pluies dans l'Altiplano et de la couverture nuageuse vers les cĂŽtes (ce phĂ©nomĂšne humide est appelĂ© « hiver bolivien »). D'autre part, Ă  l'ouest, le courant de Humboldt, courant froid (autour de 14 °C) qui remonte la cĂŽte du sud vers le nord, tempĂšre le pays (Ă  Antofagasta, la tempĂ©rature moyenne annuelle est de 10 °C infĂ©rieure Ă  celle de Rio de Janeiro, ville Ă  la mĂȘme latitude mais sur la cĂŽte est du continent). Ce courant a aussi un effet crucial sur l'hygromĂ©trie du pays : dĂšs que les tempĂ©ratures sur terre sont plus hautes que celle de l'ocĂ©an (en gros, dans la moitiĂ© nord du pays), l'humiditĂ© de l'air se condense (prĂ©cipitations) sur l'ocĂ©an plutĂŽt que sur la terre, ce qui crĂ©e un climat sec voire dĂ©sertique tout au nord (dĂ©sert d'Atacama). A contrario, dans la moitiĂ© sud, l'air ocĂ©anique est relativement chaud par rapport au continent : son humiditĂ© va se condenser au-dessus des terres et entraĂźner de fortes prĂ©cipitations (il pleut 250 fois plus Ă  Puerto Montt qu'Ă  Antofagasta).

Ce rĂ©gime « normal » peut ĂȘtre altĂ©rĂ© par le phĂ©nomĂšne El Niño, durant lequel la tempĂ©rature de l'ocĂ©an Pacifique (qui baigne la cĂŽte chilienne) augmente : la latitude oĂč les tempĂ©ratures sur mer et sur terre sont Ă©quivalentes remonte donc vers le nord. Les prĂ©cipitations sur la partie centrale du pays, la plus peuplĂ©e, deviennent alors comparables Ă  celles, plus importantes, qui tombent habituellement plus au sud, causant parfois de graves inondations et dommages.

Risques

Le Chili serait le 16e pays le plus fortement atteint par le rĂ©chauffement climatique. La zone centre-sud du pays sera parmi les plus touchĂ©es : « La zone centre-sud est confrontĂ©e Ă  la fonte des glaciers, Ă  la dĂ©sertification et la raretĂ© des ressources en eau, Ă  l’augmentation des tempĂ©ratures avec les « vagues de chaleur », Ă  la frĂ©quence de plus en plus grande des incendies de forĂȘts ». Aux changements hydrologiques s’ajoute l’exploitation miniĂšre qui a dĂ©truit les glaciers. Le lac d’Aculeo, prĂšs de Santiago, assĂ©chĂ© par la sĂ©cheresse et la surconsommation d’eau et le fleuve Maipo devrait perdre 40 % de ses capacitĂ©s en eau entre 2020 et 2070[11]. Pour Roberto Moncada, porte-parole du Mouvement de dĂ©fense pour l’accĂšs Ă  l’eau, la terre et la protection de l’environnement, le Chili vit une crise hydrique « qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire du pays. Et cette crise est intimement liĂ©e Ă  un modĂšle de dĂ©veloppement basĂ© sur la spoliation des biens naturels communs, un modĂšle de dĂ©veloppement qui n’hĂ©site pas Ă  s’approprier l’eau au dĂ©triment de la vie des communautĂ©s »[11].

Le Chili est le deuxiĂšme pays d'AmĂ©rique latine (aprĂšs le Mexique) oĂč les niveaux de pollution de l'air sont les plus Ă©levĂ©s[83].

  • Risques sismiques : le Chili fait partie de la ceinture de feu du Pacifique, une chaĂźne de volcans qui entoure cet ocĂ©an. Rien qu’au Chili, il y a plus de deux mille volcans, dont quarante-sept sont toujours actifs[84]. En effet le territoire est situĂ© sur la jointure de deux plaques tectoniques, les plaques tectoniques Nazca et sud-amĂ©ricaine, provoquant un fort risque sismique. Depuis 1900, le Chili a connu cinq des vingt plus violents sĂ©ismes enregistrĂ©s sur terre. Pour la dĂ©cennie 2010 trois sĂ©ismes d'une intensitĂ© supĂ©rieure Ă  8 se sont ainsi produits : en 2010 (8,8), 2014 (8,2) et 2015 (8,3). Ces sĂ©ismes n'ont heureusement pas Ă©tĂ© les plus meurtriers. Depuis le sĂ©isme de ChillĂĄn en 1939, une politique stricte de construction parasismique est en vigueur dans le pays. Son efficacitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e notamment par le trĂšs faible impact sur les constructions contemporaines du sĂ©isme du 27 fĂ©vrier 2010. Lors de cet Ă©vĂ©nement, ce sont majoritairement des bĂątiments traditionnels en adobe qui ont Ă©tĂ© dĂ©truits, affectant ainsi une partie du patrimoine architectural et historique du pays. Plus de la moitiĂ© des 521 dĂ©cĂšs ont Ă©tĂ© causĂ©s par le raz-de-marĂ©e dĂ©clenchĂ© par le sĂ©isme. Sa survenue n'a pas Ă©tĂ© communiquĂ©e Ă  temps par le service des urgences nationales aux populations cĂŽtiĂšres, quoique l'information fut disponible par exemple en AmĂ©rique du Nord.
  • Risques liĂ©s aux ruptures de lacs de glaciers issus de la fonte accĂ©lĂ©rĂ©e des glaciers dans le contexte du rĂ©chauffement climatique[85]

Hydrographie

Fleuve dans la zone de Palena.
Vue du Campo de Hielo Sur, une importante rĂ©serve d’eau douce situĂ©e dans la zone australe du pays.

Le territoire chilien est traversĂ© par divers cours d’eau qui gĂ©nĂ©ralement naissent sur la cordillĂšre des Andes et ont leur embouchure vers l’ocĂ©an Pacifique (soit d’est en ouest). Cependant, du fait de la gĂ©ographie du pays, les cours d’eau sont de dĂ©veloppement assez faible (gĂ©nĂ©ralement moins de 300 kilomĂštres).

La prĂ©sence du dĂ©sert d'Atacama, dans le grand Nord du pays, explique qu’il n’y existe pratiquement aucun cours d’eau Ă  l’exception notable du fleuve Loa, qui avec une longueur de 443 kilomĂštres et ses nombreux mĂ©andres est le plus long fleuve du pays. Dans le secteur de l’Altiplano se trouvent des bofedales qui donnent naissance au lac ChungarĂĄ, situĂ© Ă  une altitude de 4 500 mĂštres, et les fleuves Lauca et Lluta, partagĂ©s entre la Bolivie et le Chili qui ne dĂ©passent pas les 100 kilomĂštres de longueur.

Dans le centre-nord du pays, de nombreux cours d’eau forment des vallĂ©es oĂč est pratiquĂ©e une importante agriculture intensive. Des fleuves comme le fleuve Elqui avec 170 kilomĂštres de longueur, le fleuve Aconcagua avec 142 kilomĂštres, le fleuve Maipo avec 250 kilomĂštres et son affluent, la riviĂšre RĂ­o Mapocho avec 120 kilomĂštres, et le Maule, avec 240 kilomĂštres sont prĂ©sents dans cette zone. Ils sont alimentĂ©s par la fonte des neiges de la CordillĂšre en Ă©tĂ© et les pluies en hiver. La zone ne prĂ©sente pas de lacs d’importance, Ă  l’exception du lac artificiel Raquel, et du lac artificiel de ColbĂșn, de la lagune du Maule et de la lagune de La Laja.

Vers le sud, le nombre de fleuves augmente. Le fleuve BiobĂ­o, long de 380 kilomĂštres, situĂ© dans la rĂ©gion du BiobĂ­o part de la CordillĂšre dans la rĂ©gion de l'Araucanie, traverse des dizaines de villages et possĂšde de nombreux affluents. Dans cette zone, le pays a installĂ© des centrales hydroĂ©lectriques. D’autres fleuves d’importance comme le fleuve Imperial et le fleuve ToltĂ©n, dont la source est le lac Villarrica, traversent la rĂ©gion.

Le lac Villarrica est le premier des divers lacs de la CordillĂšre des Andes qui existent entre la rĂ©gion de l'Araucanie et la rĂ©gion des Lacs. Certains lacs d’importance appartiennent au systĂšme des Siete Lagos comme le lac Ranco, le lac Puyehue, le lac Rupanco et le lac Llanquihue, qui est le deuxiĂšme lac du pays en termes d’étendue. Dans la zone de la Patagonie, les fleuves sont plus petits, comme le fleuve FutaleufĂș, le fleuve Palena et le fleuve Baker, alors que les lacs, Ă  l’exception du lac du PrĂ©sident RĂ­os situĂ© sur la pĂ©ninsule de Taitao et la lagune de San Rafael, se trouvent Ă  la frontiĂšre avec l’Argentine, Ă©tant partagĂ© entre ces deux pays. Le lac General Carrera qui, avec ses 970 km2 dans le territoire chilien, est le plus grand du pays. D’autres lacs comme le lac Cochrane, le lac O’Higgins et le lago Fagnano sont situĂ©s en Terre de Feu.

Les précipitations au Chili ont diminué de plus de la moitié au cours de la période 2009-2019. De nombreuses riviÚres sont à sec et les réservoirs sont vides. Selon les experts, les bassins hydrologiques du centre du Chili vont encore baisser de 30 % dans les prochaines années[86].

Le rĂ©gime de Pinochet a instaurĂ© la privatisation de l’eau dans les annĂ©es 1980. De nos jours, l'eau est essentiellement entre les mains des plus grandes entreprises extractives et des plus grandes fortunes. Plus de 350 000 Chiliens se trouvent en situation de pĂ©nurie d'eau[87]. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a demandĂ© en aoĂ»t 2020 au gouvernement chilien de « prioriser les droits Ă  l’eau et Ă  la santĂ© avant les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques ». Pour les experts de l’Onu, « le gouvernement ne respecte pas ses obligations internationales en matiĂšre de droits de l’Homme »[88].

Faune et flore

Écosystùmes du Chili.
Condor andin, oiseau national.
Des vigognes et un nandou.
Vue de l’üle Robinson Crusoe, dans l’archipel de Juan Fernández[89].

De nombreuses espĂšces de plantes, d'animaux et mĂȘme de virus ne sont prĂ©sentes qu'au Chili Ă  l'Ă©tat sauvage. Nombre d'entre elles ont reçu l'Ă©pithĂšte spĂ©cifique chilensis ou chilense Ce lien renvoie vers une page d'homonymie.

Le climat et le relief du pays influent fortement sur les caractĂ©ristiques de l’écosystĂšme.

La zone nord du pays est caractĂ©risĂ©e par une vĂ©gĂ©tation rare en raison de l’extrĂȘme ariditĂ© du dĂ©sert d'Atacama. Des arbres comme le tamarugo, le faux-poivrier, l’algarrobo et le chañar et diverses espĂšces de cactus sont les seules espĂšces vĂ©gĂ©tales qui peuvent s’adapter Ă  ces conditions climatiques. Dans la zone de l’Altiplano, la vĂ©gĂ©tation est plus prĂ©sente, avec des espĂšces comme la yareta et la queñoa. La famille des lamas, c’est-Ă -dire, les guanacos, les vigognes, les lamas et les alpagas, sont les principaux animaux de ce lieu, Ă  cĂŽtĂ© d’espĂšces plus petites comme la viscache et le chinchilla. Sur certaines lagunes de l’Altiplano vivent des flamants. Dans la zone du Petit Nord, quand surviennent des prĂ©cipitations vers le mois de septembre, se produit le phĂ©nomĂšne appelĂ© le DĂ©sert fleuri, les terres arides sont alors recouvertes de diverses espĂšces de fleurs, comme l'añañuca. Tout au long de la CordillĂšre des Andes, l’espĂšce animale la plus connue est le condor des Andes, reprĂ©sentĂ© sur les armoiries du pays.

Entre le Sud de la rĂ©gion de Atacama et la rĂ©gion de Coquimbo, on assiste Ă  un lent processus de diversification de la faune et flore, se caractĂ©risant par la hausse des prĂ©cipitations, sur les zones cĂŽtiĂšres de Talinay et du Parc National Bosque Fray Jorge existent des forĂȘts de type patagonique. Dans le petit Nord, apparaissent des espĂšces de climat mĂ©diterranĂ©en comme le boldo, l’acacia caven (en), le quillay et le cocotier du Chili.

Dans la zone centre-nord du pays apparaissent des formations boisĂ©es trĂšs dĂ©gradĂ©es par les incendies, l’abattage destinĂ© Ă  la fabrication de charbon et le dĂ©frichement pour l’agriculture. Parmi les espĂšces caractĂ©ristiques de la vĂ©gĂ©tation de la vallĂ©e centrale, on peut citer entre autres l'acacia caven, le boldo, le litre, le quillay, l'arrayĂĄn, le maitĂ©n, le buddleia globuleux, le roble et le cocotier du Chili. Le puma, le ragondin, le dĂšgue du Chili, le loup de Magellan, le treile, l'ibis mandore, la grive, le diuca leucoptĂšre et le loro tricahue (espĂšce de perroquet), Crassanapis calderoni sont des animaux vivant dans la rĂ©gion centrale.

Au sud du fleuve BiobĂ­o, la vĂ©gĂ©tation se diversifie et devient une forĂȘt de type valdivienne. Certaines espĂšces vĂ©gĂ©tales comme le goyavier du Chili, le copihue, fleur nationale, des fougĂšres et des arbres divers comme le laurel, le tepa (ou huahuan), l'arrayĂĄn, le chequĂ©n, le tinĂ©o, l'avellano (ou noisetier du Chili), diverses espĂšces de Podocarpus et l'alerce (ou cyprĂšs de Patagonie) caractĂ©risent ce type de forĂȘt. Le puma est le principal animal carnivore de la zone et vit dans presque tout le pays, sauf dans certains territoires oĂč il a Ă©tĂ© Ă©radiquĂ© par l’homme. D’autres espĂšces animales caractĂ©ristiques sont le cygne Ă  cou noir, le chat des pampas (ou colocolo), le pudu et le monito del monte (marsupial lui aussi Ă©galement appelĂ© colocolo). Un des principaux problĂšmes environnementaux de la zone est la substitution de bois natifs par des plantations de pins et d’eucalyptus.

Dans les deux rĂ©gions les plus australes du pays, il existe de nombreuses forĂȘts toujours bien arrosĂ©es. Des arbres comme le cyprĂšs de las Guaitecas caractĂ©risent la flore de la rĂ©gion. Vers l’intĂ©rieur du pays, se dĂ©veloppent des bois, oĂč prĂ©domine le lenga (ou hĂȘtre de la Terre de Feu ou encore hĂȘtre blanc) et, vers la frontiĂšre argentine, se trouvent des steppes, oĂč vivent les guanacos, nandous, renards, pumas, etc. Dans cette zone, se dĂ©veloppe l’élevage d’ovins et de bovins dans les diverses haciendas. Le huemul, prĂ©sent sur les armoiries nationales, a jadis vĂ©cu dans le pays, de nos jours il vit dans certaines zones difficiles d’accĂšs.

Finalement, dans l’extrĂȘme Sud du pays, la vĂ©gĂ©tation se rĂ©duit Ă  quelques arbres petits et robustes, comme le drimys de Winter (ou cannelle de Magellan), le hĂȘtre de Magellan et le ñirre (ou hĂȘtre antarctique), ainsi que quelques arbustes, des espĂšces herbacĂ©es, des mousses et des lichens.

Le territoire chilien de l’Antarctique se trouve en majeure partie gelĂ© de façon permanente et seuls des mousses et lichens peuvent y pousser. Cependant, la faune provenant de la cĂŽte est d’une richesse exceptionnelle.

La cĂŽte du pays compte de nombreuses espĂšces d’oiseaux comme la mouette, le pĂ©lican, le cormoran et l’albatros. On rencontre Ă©galement plusieurs espĂšces de manchots comme le manchot de Humboldt et le manchot de Magellan. En mer, on rencontre une grande variĂ©tĂ© de cĂ©tacĂ©s : grands dauphins vers Coquimbo et baleines dans la rĂ©gion de Magallanes. Le bar est caractĂ©ristique de toute la cĂŽte chilienne et on trouve Ă©galement des espĂšces typiques : le fitzroya, le merlu, l’anchois, le congridae, espĂšces particuliĂšrement communes des cĂŽtes chiliennes. Les coquillages et mollusques, comme la palourde, la moule et les huĂźtres, sont abondants. Le saumon et la truite, introduits dans le pays, sont de nos jours les principales espĂšces de poissons prĂ©sentes dans les fleuves chiliens.

Dans les territoires insulaires, la faune et flore sont uniques au monde. Alors que dans l’Île de PĂąques l’arbre caractĂ©ristique, le toromiro, a pratiquement disparu, l’archipel de Juan FernĂĄndez compte plus de 200 espĂšces vĂ©gĂ©tales uniques comme le palmier chonta et certaines espĂšces animales comme le colibri robinson et l'otarie Ă  fourrure australe.

Glaciers

Le Chili abrite quelque 24.000 glaciers, soit plus de 80 % des glaciers d’AmĂ©rique du Sud. La quasi-totalitĂ© d'entre eux enregistre un recul. Depuis la fin des annĂ©es 2000, le pays connaĂźt une sĂ©cheresse prolongĂ©e. En 2019, le Chili subit une baisse de plus de 50 % des prĂ©cipitations en moyenne et l’accĂšs Ă  l’eau potable pourrait devenir critique. Or, la principale ressource en eau du pays, les glaciers, sont victimes du rĂ©chauffement climatique et de l’activitĂ© miniĂšre, l’un des secteurs Ă©conomiques les plus importants du pays[90]

Le glaciologue Francisco Ferrando souligne qu'« avec la hausse des tempĂ©ratures liĂ©es au changement climatique, les glaciers ne reçoivent plus autant de neige qu’auparavant et a situation est alarmante. Les prĂ©cipitations sous forme de pluie augmentent le dĂ©bit des cours d’eau en hiver alors que ce phĂ©nomĂšne se produisait au printemps, avec la fonte des neiges. Cela signifie que ces cours d’eau pourraient bientĂŽt se retrouver Ă  sec dĂšs le printemps. » Il met Ă©galement en cause l’industrie miniĂšre : « La cryosphĂšre est directement menacĂ©e par l’activitĂ© miniĂšre. Cette derniĂšre dĂ©truit le pergĂ©lisol. Elle rĂ©duit le niveau de l’épaisseur de la neige avec le va-et-vient des machines et des camions, l’ouverture de nouveaux chemins dans la roche. L’industrie miniĂšre dĂ©truit aussi les glaciers rocheux Ă  cause des vibrations liĂ©es aux machines et au poids des matĂ©riaux extraits des entrailles des montagnes en accĂ©lĂ©rant la perte d’eau par compression. Il faut aussi y ajouter la contamination des particules liĂ©es aux explosions rĂ©alisĂ©es Ă  la dynamite et la microsismicitĂ© de cette activitĂ© pouvant dĂ©stabiliser les masses de glace situĂ©es Ă  proximitĂ©[90]. »

les ONG de dĂ©fense de l’environnement accusent le gouvernement de cĂ©der devant les pressions du lobby minier en cherchant Ă  contrecarrer tout projet de loi. En 2018, le prĂ©sident conservateur SebastiĂĄn Piñera a enterrĂ© une initiative visant Ă  interdire les activitĂ©s industrielles Ă  proximitĂ© des glaciers. En 2019, un projet de loi issu des rangs de l’opposition cristallise les tensions. Il est censĂ© convertir les glaciers et leur environnement proche « en aires protĂ©gĂ©es, interdisant toute intervention sauf scientifique et pouvant bĂ©nĂ©ficier au tourisme durable ». Au moins 44 projets miniers sont susceptibles de voir le jour entre 2019 et 2028, avec un montant des investissements estimĂ© Ă  72 milliards de dollars. Certains groupes miniers sont en outre accusĂ©s de dĂ©libĂ©rĂ©ment fausser leurs Ă©tudes d'impact[90].

GĂ©ographie administrative

RĂ©gions du Chili.

RĂ©gions et provinces du Chili

Carte du Chili avec les villes principales

Depuis 1976, le Chili est divisĂ© administrativement en treize rĂ©gions, qui se subdivisent en provinces qui elles-mĂȘmes se divisent en communes. En 2007 le Chili, a crĂ©Ă© deux nouvelles rĂ©gions administratives ; il en possĂšde donc dĂ©sormais quinze.

À la tĂȘte de chaque rĂ©gion se trouve un intendant tandis que les provinces sont dirigĂ©es par un gouverneur provincial. Chaque province est divisĂ©e en comunas (communes) gĂ©rĂ©es par un maire. Les intendants et gouverneurs provinciaux sont nommĂ©s par le prĂ©sident, les maires sont Ă©lus par les citoyens.

Les rĂ©gions Ă©taient dĂ©signĂ©es par un chiffre romain et un nom. Les numĂ©ros Ă©taient attribuĂ©s du nord au sud. Les Chiliens utilisaient gĂ©nĂ©ralement davantage le numĂ©ro que le nom complet. La rĂ©gion de Santiago Ă©tait une exception et n’avait pas de numĂ©ro correspondant, elle est dĂ©signĂ©e par les initiales RM (RegiĂłn Metropolitana). Les rĂ©gions ne se nomment plus avec les chiffres, car une loi a effacĂ© les numĂ©ros des rĂ©gions depuis le 15 fĂ©vrier 2018[91].

En octobre 2005, le gouvernement du Chili a Ă©tudiĂ© le projet de loi pour la crĂ©ation de deux nouvelles rĂ©gions : la XV RĂ©gion d'Arica et Parinacota, avec Arica comme capitale, comme division de la RĂ©gion actuelle de TarapacĂĄ. La XIV RĂ©gion des Fleuves, avec Valdivia comme capitale, comme division de la rĂ©gion actuelle de Los Lagos[92]. Le mĂȘme projet de loi propose la crĂ©ation de deux nouvelles provinces : « El Tamarugal », dans la (nouvelle) RĂ©gion d'Arica et Parinacota et « Ranco », dans la nouvelle « RĂ©gion des Fleuves ». Un autre projet veut Ă©liminer la numĂ©rotation des rĂ©gions, ce qui entrera en vigueur le . Le , le CongrĂšs chilien a acceptĂ© cette loi. Le , la RĂ©gion de los RĂ­os a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e. La RĂ©gion d'Arica y Parinacota a Ă©tĂ© effective le . La RĂ©gion du Ñuble, la plus nouvelle, a Ă©tĂ© fondĂ©e le .

Revendications territoriales

En vert foncé, le territoire contrÎlé de facto ; en vert clair les territoires revendiqués.

Le Chili revendique une partie de l'Antarctique sous le nom de Territoire chilien de l'Antarctique (zone en vert clair sur la carte de gauche). Ce territoire est dirigé par une unique commune, la commune de l'Antarctique chilien (Antårtica), qui est l'une des deux communes, avec Cabo de Hornos, qui constitue la province de l'Antarctique chilien au sein de la région de Magallanes et de l'Antarctique chilien.

FrontiĂšres terrestres

Le pays possĂšde des frontiĂšres avec :

Économie

AnnéesPIB total (millions US$)PIB par habitant (US$)PIB total PPP (millions US$)PIB par habitant PPP (US$)Exportations (millions US) (FOB)Importations (millions US$) (CIF)
2011243 049
2010199 183
2009135 7737 99414 461 54 943,9 50 990,8
2008169 57310 14714 510 67 788,9 52 565,8
2007154 756,09 61714 400
2006145 996,09 071209 36313 09959 995,535 973,8
2005115 295,17 088208 18912 79839 536,130 300,1
200494 997,55 847184 03711 43632 024,923 005,8
200373 682,494 608167 66010 53221.523,618 001,7
200267 236,134 270155 6519 88518 179,815 794,2
200168 623,414 407150 3619 65618 271,816 428,3
200075 297,054 890141 7139 36219 210,217 091,4
199972 978,074 802132 7328 73417 162,314 735,1
199879 368,425 292131 8428 79116 322,818 363,1
199782 820,845 597126 3158 53717 870,219 297,8
199675 778,25 192116 5497 98516 626,817 698,7
199565 214,294 53096 3656 69416 039,015 914,1
199450 910,613 59785 2236 02211 604,011 824,6
199344 463,753 19778 9445 6769 199,011 125,4
199241 867,763 06472 1235 27810 008,010 128,6
199134 660,922 58262 7924 6788 941,08 093,0
199030 344,962 30356 1914 2648 373,07 677,0
Bourse de Santiago.

Bien qu'Ă©tant la sixiĂšme Ă©conomie latino-amĂ©ricaine en termes de PIB nominal derriĂšre le BrĂ©sil, le Mexique, le Venezuela, l'Argentine et la Colombie, le Chili est considĂ©rĂ© aujourd’hui comme le pays le plus stable Ă©conomiquement d'AmĂ©rique latine[93]. Avec un passĂ© Ă©conomique dĂ©sastreux ayant connu de nombreuses dictatures, le pays est devenu de nos jours le « modĂšle » de la rĂ©gion, (c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appelle le « jaguar » de l’AmĂ©rique du Sud). Au cours des vingt-quatre derniĂšres annĂ©es, la croissance annuelle moyenne du PIB chilien a Ă©tĂ© de 5,2 %, et mĂȘme de 8,3 % entre 1990 et 1997. Pour l'annĂ©e 2009, le ministre des Finances du pays, Andres Velasco, prĂ©voyait une croissance du PIB de l'ordre de 2 Ă  3 %[94]. Avec en 2013 un chĂŽmage Ă  5,7 % et une croissance de 4 %, le Chili vit actuellement un « miracle Ă©conomique » qui attire l'Ă©migration de pays hispanophones. En 2012, il est le 11e pays du monde en termes d'investissements Ă©trangers et le pays d'AmĂ©rique latine le plus compĂ©titif. Toutefois, le fait que les matiĂšres premiĂšres comme le cuivre soient produites sur place sans ĂȘtre transformĂ©es, avant d'ĂȘtre exportĂ©es, nuit Ă  la crĂ©ation d'emplois et conduit le Chili Ă  investir dans la recherche et le dĂ©veloppement[95]. La croissance chilienne souffre Ă  partir de 2015 du recul des cours du cuivre, principal facteur de croissance Ă©conomique du pays. En 2016, la croissance du pays tombe Ă  1,6 %[96].

De nos jours, le Chili possĂšde un marchĂ© ouvert au monde entier. Son Ă©conomie se caractĂ©rise par l’exportation et l’importation de matiĂšres premiĂšres. Durant l’annĂ©e 2005, le nombre total des exportations a dĂ©passĂ© les 39,5 milliards de dollars amĂ©ricains. Les exportations ont augmentĂ© de moitiĂ© cette annĂ©e-lĂ . Ses principaux clients sont par ordre d’importance l’Union europĂ©enne, les États-Unis, la CorĂ©e du Sud, l’accord P4 et la Chine. Le Chili est membre de l’APEC (traitĂ© des pays du Pacifique), membre associĂ© du Mercosur (traitĂ© de libre Ă©change entre les pays du continent sud-amĂ©ricain) et a intĂ©grĂ© l'OCDE le .

Les importations ont atteint le chiffre de 30,5 milliards de dollars amĂ©ricains en 2005. Son PIB a augmentĂ© la mĂȘme annĂ©e de 6,3 % arrivant Ă  115,3 milliards de dollars amĂ©ricains soit 14 900 dollars par habitant en 2010. Le Chili possĂšde donc l'un des PIB par habitant les plus Ă©levĂ©s des pays d’AmĂ©rique latine, juste derriĂšre l'Argentine, cette derniĂšre Ă©tant la nation la plus riche de la rĂ©gion[97].

Taux de croissance du PIB chilien, 1961–2008
L’Alameda, artùre centrale de Santiago

L’agriculture et l’élevage sont les principales activitĂ©s des rĂ©gions du centre et du Sud du pays. L’exportation de fruits et lĂ©gumes atteint des niveaux historiques car le marchĂ© s’ouvre aux marchĂ©s europĂ©en et asiatique depuis les annĂ©es 1990. Le Chili connaĂźt aussi une forte croissance dans le domaine de la pĂȘche. Ainsi, le pays est devenu le premier exportateur de saumon en dĂ©passant les niveaux de la NorvĂšge en 2006. Il y a de nombreux Ă©levages de saumon Ă©tablis dans le lit des fleuves dans le Sud du Chili[98]. Le Chili est le cinquiĂšme exportateur de vin au monde, il possĂšde des vignobles plus anciens que dans un grand nombre de pays europĂ©ens, puisque les premiers cĂ©pages furent plantĂ©s dĂšs 1541.

L’industrie chilienne est surtout locale, avec une exception notable de la production de la farine de poisson. Cette derniĂšre se concentre dans la rĂ©gion mĂ©tropolitaine, ValparaĂ­so et ConcepciĂłn. Depuis vingt ans, le gouvernement tente de dynamiser l’industrie agroalimentaire. Ainsi vers l’annĂ©e 2010, le Chili sera un sĂ©rieux prĂ©tendant en ce domaine. Par ailleurs, le pays est devenu une sorte de plate-forme pour les entreprises Ă©trangĂšres en AmĂ©rique latine. Ainsi de nombreuses sociĂ©tĂ©s ont leur siĂšge social Ă  Santiago ou dans sa rĂ©gion. Le pays possĂšde une prĂ©sence importante d’entreprises du secteur des services.

La bonne santĂ© Ă©conomique du Chili est reconnue dans l’étude pays de l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) publiĂ©e le . Il apparaĂźt ainsi que le dynamisme Ă©conomique a permis une Ă©lĂ©vation rapide du niveau de vie avec un PIB par habitant passĂ© de 2 340 dollars en 1990 Ă  plus de 5 000 dollars en 2004, mĂȘme si le revenu par habitant corrigĂ© de la paritĂ© de pouvoir d'achat reprĂ©sente en 2005 moins de 40 % du niveau moyen des pays de l’OCDE et moins de 30 % de celui des États-Unis[99]

La politique budgĂ©taire suit une rĂšgle vertueuse d’un solde structurel excĂ©dentaire de plus de 1 % du PIB. Ainsi, les finances publiques du Chili prĂ©sentaient un solde positif de 2,2 % du PIB en 2004, et de l’ordre de 3 % en 2005[100].

Le Chili suit une économie libérale.

La dictature de Pinochet, suivant les doctrines de Friedman, a fortement augmenté la pauvreté au Chili, et multiplié les inégalités. Ainsi, entre 1974 et 1989, les revenus des 10 % de ménages chiliens les plus riches ont augmenté 28 fois plus vite que les 10 % de ménages chiliens les plus pauvres[101]. D'aprÚs l'organisme économique CENDA, « la dictature de Pinochet a transformé le Chili en une économie rentiÚre. Un petit groupe de grandes entreprises s'est approprié les grandes ressources naturelles du pays et vit de sa rente »[102].

Pauvreté et inégalités

Le Chili est le pays le plus inégalitaire de l'OCDE[103]. En effet, les 10 % les plus riches ont un revenu 27 fois plus élevé que les 10 % les plus pauvres[104]. Quatre familles (Piñera, Angelini, Matte et Lucksic) contrÎlent la moitié des actifs cotés à la Bourse des valeurs de Santiago : leur patrimoine représente 12,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011, contre 9 % en 2004[105].

Le Chili a vu son taux de pauvretĂ© passer de 50 % en 1987 Ă  18,8 % en 2003[106] ; le pays a Ă©tĂ© le premier pays latino-amĂ©ricain Ă  accomplir et dĂ©passer les objectifs de 2000 sur la rĂ©duction de la pauvretĂ©. MalgrĂ© des avancĂ©es dans la matiĂšre, et l’élĂ©vation du niveau de vie de tous les habitants, le Chili a toujours une rĂ©partition des revenus trĂšs inĂ©galitaire et par ailleurs il est placĂ© au 16e plus mauvais rang pour les inĂ©galitĂ©s de richesse au monde. Par consĂ©quent, en considĂ©rant un seuil de pauvretĂ© dĂ©fini relativement au niveau de vie moyen, une partie importante de la population chilienne est sous ce seuil. Le sujet des inĂ©galitĂ©s faisait partie des discussions entre les candidats prĂ©sidentiels pour les Ă©lections de dĂ©cembre 2005. En outre, le pays compte encore le plus faible taux de femmes actives d’AmĂ©rique latine avec 40 % de femmes qui travaillent. De plus, on note de grandes diffĂ©rences de salaire entre les hommes et les femmes (de l’ordre d’un tiers pour le mĂȘme emploi et la mĂȘme qualification).

Selon les chiffres officiels, le taux de pauvretĂ© Ă©tait de 13,5 %, mais est en nouvelle augmentation pour atteindre 15,1 % en 2010. Tous ces chiffres sont Ă  relativiser, car fixĂ© par l'État Chilien Ă  64 000 pesos en 2010 (soit 128 dollars). Pour ordre d'idĂ©e, le Chili est un pays oĂč deux voyages dans les transports publics coĂ»tent 1000 pesos, un kilo de pain encore 1000 pesos, un mois de taxes universitaires plus de 200 000 pesos en moyenne, et la location mensuelle d’un studio ou d’une chambre avec une salle de bains partagĂ©e entre les locataires entre 60 000 et 80 000 pesos[107].

La semaine légale de travail est de 45 heures. Quelque 70 % des salariés gagnent moins de 730 euros par mois[108].

Le systÚme fiscal du pays est particuliÚrement inégalitaire. AprÚs avoir payé leurs impÎts, l'écart s'agrandit encore entre les plus riches et les plus pauvres[109].

MatiĂšres premiĂšres

Chuquicamata, la mine Ă  ciel ouvert la plus grande au monde.

L'agriculture du Chili a une production particuliĂšrement diversifiĂ©e en raison de sa gĂ©ographie, de son climat, de facteurs humains et de sa gĂ©ologie particuliers. Historiquement, l'agriculture est l'un des fondements de l'Ă©conomie du Chili mais aujourd'hui l'agriculture et les secteurs connexes comme la sylviculture et la pĂȘche ne reprĂ©sentent plus que 4,9 % du PIB en 2007 et employait 13,6 % de la population active du pays. Les principales productions agricoles du Chili sont le raisin, la pomme, la poire, l'oignon, le blĂ©, le maĂŻs, l'avoine, la pĂȘche, l'ail, l'asperge, le haricot, le bƓuf, la volaille, la laine, le poisson et le bois. En raison de son isolement gĂ©ographique et d'un contrĂŽle strict des Ă©changes aux douanes, le Chili est Ă©pargnĂ© par des maladies comme la vache folle et le phylloxĂ©ra. De plus, le Chili a l'avantage d'ĂȘtre situĂ© dans l'hĂ©misphĂšre sud, et de pouvoir produire en contre-saison sur une large gamme de produits grĂące Ă  des conditions climatiques trĂšs diverses. Toutefois, les reliefs limitent l'ampleur et l'intensitĂ© de l'agriculture et les surfaces de terres arables.

La principale exportation du pays est le cuivre avec 36 % du marchĂ© mondial[110]. Le Chili est le leader mondial en ce domaine et a extrait 2 940 184 tonnes de cuivre en 2009, dont quasiment la moitiĂ© produit par les sites de Chuquicamata et Radomiro Tomic (Ă  10 km de Chuquicamata). Elle a atteint 5 800 000 tonnes en 2018[111].

Mais, il exporte aussi de l’argent et de l’or en moindre quantitĂ©. Ces matiĂšres premiĂšres sont extraites dans le DĂ©sert d'Atacama, dans le Nord du pays. L’extraction du cuivre reprĂ©sente 50 % des exportations du Chili, ce qui rend le pays trĂšs dĂ©pendant du cours de ce mĂ©tal[102]. L’entreprise Codelco Chile possĂšde une des mines les plus grandes au monde (pour le cuivre) comme Chuquicamata et El Teniente, Caletones, Potrerillo, las Ventanas. L’extraction du cuivre est la principale ressource des rĂ©gions de TaracapĂĄ, Antofagasta, et Atacama (les trois rĂ©gions du DĂ©sert d'Atacama). GrĂące aux mines gĂ©antes de la CordillĂšre des Andes, qui couvrent trĂšs largement ses besoins nationaux en cuivre, le Chili est de trĂšs loin le premier exportateur mondial au milieu des annĂ©es 2010.

Dans la rĂ©gion de Magellan (les environs de Punta Arenas), l’exploitation des gisements de pĂ©trole constitue une part importante pour le transport domestique (30 % du pĂ©trole au Chili est national). Cependant, dans ses exportations, il ne faut pas oublier les exportations de pierres Lapis-lazuli (2e exportateur) utilisĂ©es pour la fabrication de bijoux artisanaux, l’exportation de guano (premier) utilisĂ© lui comme engrais, et de lithium (1er exportateur).

Tourisme

Plage à Viña del Mar, la Ciudad Jardín (ville jardin), capitale touristique du pays.
Le Festival International de la chanson de Viña del Mar, est l'un des événements musicaux les plus importants d'Amérique latine.

Depuis les annĂ©es 1990, le tourisme au Chili est devenu une importante ressource Ă©conomique, particuliĂšrement dans les zones extrĂȘmes du pays (dĂ©sert d'Atacama dans le Nord, Patagonie et Terre de Feu dans le Sud). Pendant l’annĂ©e 2005, il a augmentĂ© de 13,6 %, gĂ©nĂ©rant ainsi plus 1 360 millions de dollars amĂ©ricains (soit 1,33 % du PIB national).

Selon la SERNATUR[112], deux millions de personnes se rendent au Chili par an. Ce chiffre est encore bon si l’on le compare Ă  ceux du BrĂ©sil ou du Mexique. La majoritĂ© de ces visiteurs viennent du continent, principalement de l’Argentine. Cependant, ces derniĂšres annĂ©es, le nombre de visiteurs venant d’Espagne, de France, d’Allemagne est en constante augmentation (ces pays offrent mĂȘme parfois des vols directs vers le Chili sans escale). Les EuropĂ©ens reprĂ©sentent 400 000 visiteurs en 2005.

Les principaux lieux touristiques correspondent aux lieux de beautĂ© naturelle des zones extrĂȘmes. San Pedro de Atacama, dans le Nord du pays, est trĂšs visitĂ© par les Ă©trangers pour contempler l’architecture d’origine inca, les lagunes de l’Altiplano, la Valle de la Luna plĂ©biscitĂ©e pour son Ă©trangetĂ© et les geysers du Tatio. PrĂšs de Putre, dans l’extrĂȘme Nord, admirer le lac ChungarĂĄ et le volcan Parinacota situĂ© dans le parc national Lauca Ă  plus de 4 500 mĂštres d’altitude est apprĂ©ciĂ©. Dans la zone australe, les principaux lieux touristiques sont l’archipel de ChiloĂ©, la Patagonie, la lagune de San Rafael et ses glaciers ainsi que le parc national de Torres del Paine. Pour finir, la mystĂ©rieuse Ăźle de PĂąques situĂ©e au milieu de l’ocĂ©an Pacifique est probablement le lieu touristique le plus apprĂ©ciĂ© par les Occidentaux, dĂ» Ă  son cĂŽtĂ© exotique par rapport au continent[113].

Au niveau national, le tourisme se concentre durant la pĂ©riode estivale, principalement dans les stations balnĂ©aires comme Arica, Iquique, Antofagasta, La Serena et Coquimbo pour la zone nord. La rĂ©gion de Valparaiso reçoit le plus grand nombre de touristes comme Viña del Mar grĂące Ă  sa proximitĂ© avec Santiago. Viña del Mar est connue pour ĂȘtre la « capitale touristique du Chili » grĂące Ă  la beautĂ© de ses plages. Chaque annĂ©e, en fĂ©vrier se dĂ©roule le festival de la chanson de Viña del Mar, Ă©vĂ©nement musical important en AmĂ©rique latine.

Énergie

Le Chili est importateur net d’énergie. En effet, il ne possĂšde pas de grandes rĂ©serves Ă©nergĂ©tiques. Par exemple, sur les 228 000 barils de pĂ©trole consommĂ©s par jour, seuls 4 000 proviennent des gisements du pays. Le prix du pĂ©trole dĂ©pend donc du commerce international et de la conjoncture. De la mĂȘme façon, la quasi-totalitĂ© du gaz naturel est importĂ©e d’Argentine.

La consommation d’électricitĂ© a dĂ©passĂ© les 51 573 GWh durant l’annĂ©e 2005 dont 54 % sont produits par des centrales hydroĂ©lectriques. Dans le pays, il existe quatre systĂšmes Ă©lectriques : le systĂšme interconnectĂ© du Norte Grande, le systĂšme interconnectĂ© central et les systĂšmes de AisĂ©n et Magallanes. Le potentiel hydroĂ©lectrique est encore peu utilisĂ©. Le pays utilise 20 % des capacitĂ©s potentielles et exprime la volontĂ© de protection de la faune et la flore de la rĂ©gion d’AisĂ©n. Il n’existe pas pour le moment de centrale nuclĂ©aire, cependant, en 2006 s’est ouvert le dĂ©bat sur la faisabilitĂ© technique de l’utilisation de ce type d’énergie. La mise en place d’éoliennes et l’utilisation de l’énergie gĂ©othermique sont aussi envisagĂ©es par le pays.

Transports et télécommunications

La gĂ©ographie caractĂ©ristique du pays fait que les rĂ©seaux de transports et les tĂ©lĂ©communications sont d’une importance considĂ©rable.

Le pays totalise 364 pistes d’atterrissage comme les aĂ©roports de Chacalluta d’Arica, Diego Aracena d’Iquique, le Cerro Moreno d’Antofagasta, Carriel Sur de ConcepciĂłn, El Tepual de Puerto Montt, PrĂ©sident Ibañez de Punta Arenas, Mataveri Ă  l’üle de PĂąques, et l’aĂ©roport international Comodoro Arturo Merino Benitez de Santiago (un des plus modernes du continent, oĂč siĂšge la compagnie nationale LATAM Chile).

La tour de télécommunications Entel, inaugurée en septembre 1974 et mesurant plus de 130 mÚtres de hauteur. Elle est située à Santiago. Ici vue en direction de la CordillÚre des Andes.

Le Chili dispose de 6 585 kilomĂštres de voies ferrĂ©es. Ces derniĂšres ont jadis Ă©tĂ© importantes pour le dĂ©veloppement du pays, mais, de nos jours, les chemins de fer sont utilisĂ©s surtout pour le transport du fret vers les ports depuis la crise des annĂ©es 1970. Actuellement, le gouvernement souhaite redĂ©velopper le train en rĂ©tablissant le service aux passagers de EFE[114] entre Santiago et Puerto Montt. Au contraire, le mĂ©tro se dĂ©veloppe considĂ©rablement Ă  Valparaiso avec le Merval, Ă  ConcepciĂłn avec le BiotrĂ©n[115] et Ă  Santiago (plus de 100 kilomĂštres de lignes).

Pour le trafic routier, le pays jouit d’un rĂ©seau de plus de 79 000 kilomĂštres de routes dont 10 000 sont goudronnĂ©es[116]. Depuis les annĂ©es 1990, plus de 2 500 kilomĂštres d’autoroutes ont Ă©tĂ© construites (route panamĂ©ricaine entre Arica et l’üle de ChiloĂ©). La carretera Austral connecte la rĂ©gion d’AisĂ©n au reste du pays et est quasiment achevĂ©e. Les postes douaniers les plus importants sont ceux de Chacalluta et Tambo Quemado, qui servent de frontiĂšres avec le PĂ©rou et la Bolivie. Il existe quarante postes douaniers avec l’Argentine, les plus importants sont ceux du Cristo Redentor entre Los Andes et Mendoza.

Le nombre de lignes tĂ©lĂ©phoniques fixes dĂ©passe les 3,5 millions, et plus de 12 millions de personnes possĂšdent un tĂ©lĂ©phone mobile (soit 76 % de la population chilienne) en janvier 2006[117]. Le Chili est ainsi le pays d'AmĂ©rique latine qui possĂšde le plus de tĂ©lĂ©phones mobile en pourcentage de population (il a Ă©tĂ© introduit au pays en 1997)[118].

Relations Ă©conomiques avec les États-Unis

Depuis le retour au rĂ©gime dĂ©mocratique les relations commerciales avec les États-Unis semblent ĂȘtre excellentes. En effet, le TraitĂ© de libre Ă©change États-Unis-Chili a Ă©tĂ© signĂ© le , ratifiĂ© par la Chambre des reprĂ©sentants le Ă  la suite d’un vote de 270 pour, et 156 contre et ratifiĂ© par le SĂ©nat le Ă  la suite d’un autre vote donnant 65 pour et 32 contre[119]. Le prĂ©sident George W. Bush a signĂ© le United States-Chile Free Trade Agreement Implementation Act le [120]. Ce traitĂ© est mis en place par les deux pays depuis . Ce traitĂ© constituait aussi pour les États-Unis un moyen de pression diplomatique afin de contraindre le Chili Ă  appuyer l'invasion de l'Irak. George W. Bush avait fait savoir au prĂ©sident chilien Ricardo Lagos qu'une « attitude nĂ©gative pourrait mettre en danger sa ratification[121].»

Relations économiques avec l'Union européenne

Le Chili a passĂ© un accord d’association avec l’Union europĂ©enne en , ce qui a permis d’accroĂźtre le flux d’échanges. Ces relations commerciales demeurent toutefois encore modestes, en raison de deux chutes d'activitĂ© en 2002 (ralentissement Ă©conomique mondial) et en 2003 (perte de compĂ©titivitĂ©-prix des produits europĂ©ens, en partie Ă  cause d'un euro trop fort).

Les fournisseurs europĂ©ens sont en premier lieu l’Allemagne puis la France (10e fournisseur mondial du Chili, pour une part de marchĂ© assez faible de 2,5 % en 2005) ; ses clients europĂ©ens sont d'abord les Pays-Bas, puis l'Italie et la France (9e client)[122].

Quelques statistiques Ă©conomiques

  • Taux de croissance annuel : +4,3 % en 2013, +1,8 % en 2014
  • Taux d’inflation annuel : +1,8 % en 2013, +4,4 % en 2014
  • Taux de chĂŽmage (source Banque Mondiale) : 6,4 % en 2014
  • Indicateur de dĂ©veloppement humain : 0,855 en 2021, 42e rang mondial
  • Population sous le seuil de pauvretĂ© : 14,4 % en 2013

Environ 80 % des Chiliens sont endettĂ©s, et 5 millions de personnes [sur 18 millions d’habitants] ne parviennent pas Ă  payer leurs dettes au quotidien[123]. En 2022, le Chili est classĂ© en 50e position pour l'indice mondial de l'innovation[124].

Population

DĂ©mographie

Évolution de la population chilienne (1820-2050).
Pyramide des Ăąges en 2014.

Selon le dernier recensement de la population effectuĂ© en 2012, la population du Chili est de 16 634 603 habitants, dont 8 101 890 sont des hommes et 8 532 713 des femmes[125].

La population du Chili a quintuplĂ© durant le XXe siĂšcle : vers la fin du XIXe siĂšcle, on comptait 2 695 625 habitants, 5 023 539 en 1940 et 13 348 341 en 1992. Le taux de croissance dĂ©mographique de la population chilienne a cependant nettement diminuĂ© pour atteindre 1 % par an durant la pĂ©riode 2002-2012[125] et devrait continuer Ă  baisser ces prochaines annĂ©es.

Du fait de l’amĂ©lioration des conditions de vie, l’espĂ©rance de vie des Chiliens (qui est la plus Ă©levĂ©e de l’AmĂ©rique latine) est de 76,77 ans en moyenne[126], alors que le taux de mortalitĂ© infantile est descendu Ă  7,8 â€°. Le taux de natalitĂ© en 2003 est arrivĂ© Ă  son minimum historique en allant Ă  15,23 â€° et celui du taux de mortalitĂ© Ă  5,1 â€°, avec un taux de croissance naturelle de 10 ‰[127]. Ces chiffres permettent de constater un vieillissement de la population. Dans 20 ans, la population des 40 ans et plus dĂ©passera celle des moins de 40 ans. Ainsi, la pyramide des Ăąges sera vers l’an 2025, avec un profil campaniforme qui reprĂ©sente la transition dĂ©mographique que vit le pays. L’avortement et la pilule du lendemain sont interdits ; malgrĂ© des tentatives de lĂ©galisation, la droite et une partie du centre-gauche y sont opposĂ©s[128].

La plupart des citoyens sont d'origine européenne, principalement espagnole (Basques et Castillans notamment). Il y a aussi beaucoup de descendants d'immigrants britanniques et irlandais qui sont arrivés au Chili durant l'époque coloniale. L'immigration allemande, parrainée par le gouvernement chilien a commencé en 1848 et a peu à peu changé le paysage culturel d'une grande partie du Sud du Chili, qui affiche encore une forte influence allemande. Beaucoup d'autres groupes d'immigrants en provenance d'Italie, de Croatie, de Suisse, de Palestine, de GrÚce et de France ont émigré au Chili.

Ethnographie

Équipe chilienne de polo, avec l'ancienne prĂ©sidente Michelle Bachelet, aprĂšs avoir remportĂ© le championnat du monde de la spĂ©cialitĂ© 2008.
Puerto Octay.

Le Chili est un mélange de différents groupes ethniques[129], principalement les descendants des colons européens[130] - [131] - [132]. Ils représentent environ 52,7 % de la population, pendant que les métis et les métis-blancs représentent environ 44 %[133] - [134]. Les vagues d'immigrants provenant de pays européens sont arrivés au Chili à la fin du XIXe et au début du XXe siÚcle : Allemands, Français, Britanniques, Irlandais, Polonais, Italiens, Espagnols, Russes, Croates, Serbes et autres, ainsi que d'un petit nombre d'immigrants du Moyen-Orient.

Certains chiliens ayant des ascendants d'origine française ont joué un rÎle important dans l'histoire de leur pays comme Augusto Pinochet, issu d'une famille de commerçants de Saint-Malo ayant émigré à Concepción en 1718[135] ou l'ancienne présidente Michelle Bachelet. Par ailleurs, la culture française a laissé certaines traces dans la culture chilienne, comme les bùtiments de style haussmannien dans le centre de Santiago et le pain nommé marraqueta qui a été inventé par les frÚres Marraquet au début du XXe siÚcle sur le modÚle de la baguette[136].

Selon le recensement de 2012, 11,1 % de la population chilienne était amérindienne[125].

AnnĂ©e du recensement[137] Population totale Naissances d’enfants d’immigrĂ©s Pourcentage d’immigrĂ©s par rapport Ă  la population totale Pourcentage d’EuropĂ©ens par rapport au total des immigrĂ©s Pourcentage des immigrĂ©s latino-amĂ©ricains par rapport au total des immigrĂ©s Pourcentage des immigrĂ©s venant du Moyen-Orient et les autres par rapport au total des immigrĂ©s.
1865 1 819 223 51 982 3,21 % 53,7 % 41,4 % 4,9 %
1875 2 075 971 125 199 9,21 % 62,3 % 33 % 4,7 %
[1885 2 057 005 87 077 4,23 % 30,1 % 67,2 % 2,7 %
1907 3 231 496 132 312 4,5 % 53,3 % 42,7 % 4,0 %
1920 3 731 593 114 194 3,06 % 80,6 % 10,5 % 8,9 %
1930 4 287 445 505 463 14,46 % 68,1 % 11,5 % 15,4 %
1940 5 023 539 407 273 8,14 % 78,2 % 10,7 % 11,1 %
1952 5 932 995 703 878 12,75 % 65,9 % 13,4 % 20,7 %
1960 7 374 115 504 853 5,4 % 60,9 % 26,1 % 13,0 %
1970 8 884 768 390 441 6,02 % 53,3 % 34,4 % 12,3 %
1982 11 275 440 284 445 2,5 % 41,8 % 44,5 % 13,7 %
1992 13 348 401 114 597 0,86 % 20,1 % 65,1 % 14,8 %
2002 15 116 435 184 464 1,22 % 17,2 % 71,8 % 11,0 %
2008 16 680 000 488 260 3,82 % 38,6 % 51,4 % 10,0 %
Total des Naissances d’enfants d’immigrĂ©s 16 800 000 (2009) 2 606 846 8,2 % 58,3 % 33,2 % 8,5 %
Brise-glace dans le port, 50 % de la population de Punta Arenas seraient les descendants de Croates.

Il y a six pays dont la majoritĂ© des nouveaux immigrants se sont installĂ©s au cours des 150 derniĂšres annĂ©es, ce qui leur a rendu plus difficile la formation d'une identitĂ© propre : l'Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande, l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Chili et l'Uruguay. Le mĂ©tissage avec les populations installĂ©es prĂ©cĂ©demment fut rĂ©alisĂ© plus tardivement[138]. Les immigrants ont grandement contribuĂ© Ă  l'Ă©volution de la sociĂ©tĂ© et de l'identitĂ© chiliennes. Les familles d'origine basque sont arrivĂ©es d'Espagne et du Sud de la France. Ceux qui ont Ă©migrĂ© au Chili au XVIIIe siĂšcle ont dĂ©veloppĂ© l'Ă©conomie et rejoint la vieille aristocratie castillane pour devenir l'Ă©lite politique qui domine encore le pays. Les Chiliens d'ascendance basque constituent entre 10 % (1 600 000) et 27 % (4 500 000) de la population chilienne[139] - [140] - [141] - [142] - [143]. Les immigrants d'Europe non hispanique sont arrivĂ©s au Chili, principalement aux extrĂ©mitĂ©s nord et sud du pays au cours des XIXe et XXe siĂšcles, dont des Anglais, des Allemands, des Irlandais, des Italiens, des Croates et d'autres ex-yougoslaves. La prĂ©valence des noms de famille europĂ©ens non hispaniques dans le Chili contemporain constitue la marque de leur contribution et de leur influence majeure sur le pays. Il convient Ă©galement de mentionner que les Croates, dont le nombre de descendants au Chili est estimĂ© Ă  entre 380 000 et 500 000 personnes. Il constitue le second pays oĂč l'immigration croate fut la plus importante[144] - [145]; de plus des personnalitĂ©s chiliennes ayant une ascendance croate comme Antonio SkĂĄrmeta et AndrĂłnico Luksic ne renient pas leurs origines. Une communautĂ© palestinienne est Ă©galement prĂ©sente, cette derniĂšre Ă©tant la plus grande communautĂ© de cette origine hors du monde arabe[146] - [147] - [138], principalement originaire de BethlĂ©em et chrĂ©tiens orthodoxes[148]. Le volume des immigrants venant des pays voisins du Chili au cours des mĂȘmes pĂ©riodes a Ă©tĂ© aussi important.

Maison typique de colons allemands au sud du Chili prĂšs de Puerto Varas dans la RĂ©gion des Lacs.

AprĂšs l'IndĂ©pendance et au cours de l'Ă©poque RĂ©publicaine, des descendants d'Anglais et d'Irlandais (700 000)[149], des Italiens, des Français commerçants se sont installĂ©s dans des villes du Chili qui ont contribuĂ© au dĂ©veloppement de celles-ci. C'est le cas des grandes maisons d'origine française telles que la Casa Pra, la Casa Francesa ou la Casa Muzard ; « les grands Ă©tablissements », une douzaine Ă  la Belle Époque s'inspirent des maisons mĂšre ou de leurs homologues parisiens [150] Ils ont souvent rejoint l'Ă©lite Ă©conomique et politique du pays. En 1848, une importante et considĂ©rable immigration d'Allemands a lieu. Ils sont depuis solidement implantĂ©s dans le sud du pays vers Valdivia. Ils ont Ă©tĂ© parrainĂ©s par le gouvernement chilien qui souhaitait coloniser la rĂ©gion sud. Les germanophones (en comprenant Allemands, Suisses, AlĂ©maniques, SilĂ©siens, Alsaciens et les Autrichiens), ont nettement influencĂ© la composition culturelle de la partie sud du Chili. La deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle a Ă©tĂ© exceptionnelle. Un petit nombre de personnes dĂ©placĂ©es d'Europe de l'Est, des Juifs et les chrĂ©tiens syriens et les Palestiniens qui ont fui l'Empire ottoman, sont arrivĂ©es au Chili. Aujourd'hui, ils sont le fer de lance des petites entreprises de fabrication. Les Grecs ont Ă©galement Ă©migrĂ© au Chili et ont constituĂ© une remarquable identitĂ© ethnique[151]. Grecs sont estimĂ©s ĂȘtre entre 90 000 et 120 000[152]. La plupart d'entre eux vivent soit dans la rĂ©gion de Santiago ou dans la rĂ©gion d'Antofagasta. Le Chili est l'un des cinq pays au monde qui possĂšde le plus de descendants grecs[153]. En outre, selon les estimations il y aurait 600 000 descendants d'Italiens et 800 000 de Français[154]. Les autres origines europĂ©ennes sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©es, mais en faible proportion.

Santiago

L'immigration européenne, et à un degré moindre, celle du Moyen-Orient, au cours de la seconde moitié du XIXe siÚcle et du début du XXe siÚcle (qui correspond aux grandes « vagues d'immigrations » en Amérique), aprÚs avoir immigrés vers la cÎte atlantique sud (qui sont l'Argentine, l'Uruguay et le Sud du Brésil), a été la plus importante d'Amérique latine est favorisée principalement par le trafic intense. De nombreux Européens se sont installés dans le Sud du pays vers Concepción. Jusqu'à l'ouverture du canal de Panama en 1920, les navires de commerce devaient passer par le cap Horn afin d'arriver sur la cÎte ouest de l'Amérique du Nord.

Une vue du centre-ville de Santiago

L’émigration a diminuĂ© ces derniĂšres annĂ©es. On estime que 857 781 Chiliens et leurs descendants vivent Ă  l’étranger dont 50,1 % seraient en Argentine, 13,3 % aux États-Unis, 8,8 % au BrĂ©sil, 4,9 % en SuĂšde, et un peu plus de 2 % en Australie. Dans le pays, la migration est massive de la part des paysans vers les grandes villes du pays. Les rĂ©gions du centre-sud du pays voient plus de 80 % des habitants nĂ©s hors de la rĂ©gion : 86,11 % pour la RĂ©gion du BiobĂ­o, 71 % pour la MĂ©tropole de Santiago et 55 % pour la RĂ©gion de Magallanes et de l’Antarctique chilien.

Urbanisation

Selon le dernier recensement, 13 090 113 Chiliens vivent en zone urbaine, reprĂ©sentant 86,59 % de la population nationale. Seulement 13,41 % de la population vit en zone rurale. Ils vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage, qui se concentrent dans les zones centre-sud du pays, dans les rĂ©gions du Maule (33,59 %) et d’Araucanie (32,33 %) et la rĂ©gion des Lacs (31,56 %). La TarapacĂĄ voit 94,06 % de sa population vivre en ville, dans la rĂ©gion de TarapacĂĄ, 97,68 % dans la RĂ©gion d’Antofagasta, 92,6 % dans la rĂ©gion de Magallanes et de l’Antarctique chilien) et la RĂ©gion MĂ©tropolitaine de Santiago ainsi que la rĂ©gion de ValparaĂ­so, avec respectivement 96,93 % et 91,56 %.

Depuis les annĂ©es 1920, l’exode rural est intensif, du fait de la volontĂ© de fuir la misĂšre des campagnes et de trouver de meilleures conditions de vie en ville. Ainsi, dĂšs ce moment-lĂ , les agglomĂ©rations et conurbations voient leurs populations augmenter nettement. La capitale du pays, Santiago ou Grand Santiago possĂšde 5 428 590 habitants en 2002, et reprĂ©sente 35,9 % de la population nationale. En 1907, il y avait seulement 383 587 habitants, 549 292 en 1920 qui reprĂ©sentait 16 % du pays. Cependant, durant les dĂ©cennies suivantes, l’explosion dĂ©mographique fait absorber les anciennes localitĂ©s campagnardes, comme Puente Alto et MaipĂș, qui sont les deux communes chiliennes les plus peuplĂ©es du Chili. Santiago est une ville moderne, Ă©tant la sixiĂšme ville plus peuplĂ©e d’AmĂ©rique latine et la quarante-cinquiĂšme du monde.

ValparaĂ­so et Viña del Mar sont devenus une grande conurbation. Il faut aussi rajouter les villes de ConcĂłn, QuilpuĂ© et Villa Alemana qui forment le Grand ValparaĂ­so, et dĂ©passent les 800 000 habitants. ConcepciĂłn, Talcahuano, Hualqui, Chiguayante et San Pedro de la Paz forment la troisiĂšme agglomĂ©ration du pays avec plus de 600 000 habitants selon le dernier recensement (2002). Dans quelques annĂ©es, le Grand ConcepciĂłn intĂ©grera les communes de Coronel, Lota et TomĂ©.

Les autres communes (comunas) par importance d’habitants sont Antofagasta (avec 285 255 habitants), Rancagua (avec 236 363), Iquique (avec

214 559), Arica (avec 203 804), Talca (avec 202 961), ChillĂĄn (avec 184 832), Puerto Montt (avec 175 938), Los Ángeles (avec 166 556), Coquimbo (avec 163 036), La Serena (avec 160 148), Osorno (avec 152 559) et Valdivia (avec 141 967 habitants). La majoritĂ© des villes du pays se situent soit sur la cĂŽte soit dans la VallĂ©e Centrale du pays entre Santiago et Puerto Montt.

Marché et centre ville de Valdivia

Selon le dernier recensement de la population de 2002, le Chili compte actuellement plus de 15 millions d’habitants. Cependant, la zone centrale, situĂ©e entre les villes de La Serena et ConcepciĂłn, concentre 78 % de la population totale du pays, et Santiago et sa pĂ©riphĂ©rie regroupe 40 % des Chiliens, soit six millions d’habitants. La densitĂ© moyenne (20 hab/km2) n’est donc pas reprĂ©sentative de l’occupation rĂ©elle du territoire. D’aprĂšs le mĂȘme recensement, entre 1992 et 2002, le rythme de croissance annuel moyen de la population a Ă©tĂ© de 1,24 %, un des plus bas en AmĂ©rique latine. Sur la mĂȘme pĂ©riode, le taux de fĂ©conditĂ© s’établit Ă  2,2 enfants par femme.

Temuco

MalgrĂ© une baisse de la natalitĂ©, le Chili reste un pays relativement jeune : 34 % des Chiliens ont moins de 20 ans, et 15 % ont plus de 55. Toutefois, tout comme les pays dĂ©veloppĂ©s, la population du Chili a tendance Ă  vieillir rapidement : la couche la plus jeune de la population a diminuĂ©, tandis que la plus ĂągĂ©e va en augmentant, en partie grĂące Ă  une espĂ©rance de vie Ă  la naissance plus longue : 77 ans (80 pour les femmes et 74 pour les hommes). En moyenne, la famille chilienne est composĂ©e de 3,6 personnes.

Principales aires métropolitaines
Principales aires métropolitaines du Chili (2002)
DénominationRégionHabitantsSuperficieDensité
1 Grand SantiagoR. Metropolitana6 061 185867,75 km26255,9
2 ValparaĂ­soV RegiĂłn803 683229,98 km23494,6
3 ConcepciĂłnVIII RegiĂłn666 381221,15 km23013,3
4 La SerenaIV RegiĂłn302 131107,41 km22758,2
5 AntofagastaII RegiĂłn285 25543,54 km26551,6
6 TemucoIX RegiĂłn266 22553,23 km24901,0

80 % de la population chilienne vit dans la zone centrale du pays. Cet espace s’étend sur plus de mille kilomĂštres et va de La Serena Ă  ConcepciĂłn. Les climats de cette zone vont du climat semi-aride (Ă  La Serena) au climat mĂ©diterranĂ©en Ă  influence ocĂ©anique (ConcepciĂłn). Grosso modo ce lieu correspond au climat mĂ©diterranĂ©en de l’hĂ©misphĂšre sud[155].

Classes sociales

Depuis la fondation du pays, la population du Chili est divisĂ©e en classes sociales de divers degrĂ©s. Depuis le milieu du XXe siĂšcle, le pays est constituĂ© principalement par la classe moyenne. Cependant, le niveau de vie de cette classe moyenne ne correspond pas aux ouvriers moyens de l’AmĂ©rique latine, entre autres par le PIB national assez Ă©levĂ© et l’accĂšs aisĂ© au systĂšme de crĂ©dit. MalgrĂ© de bons indicateurs Ă©conomiques et la baisse sensible de la pauvretĂ©, passant de 38,6 % de la population en 1990 Ă  18,8 % en 2003[156], le pays prĂ©sente un grave dĂ©faut: l’inĂ©galitĂ© de rĂ©partition des richesses. Ceci a pour effet de crĂ©er une brĂšche sociale nette entre riches et pauvres.

Depuis Augusto Pinochet, les Chiliens sont obligĂ©s de placer 10 % de leurs salaires en vue de leur retraite sur des comptes gĂ©rĂ©s par six entitĂ©s privĂ©es, les Administrations des fonds de pension (AFP). Celles-ci placent le tiers des cotisations en Bourse ou dans de grandes entreprises, sous forme d’investissements Ă  trĂšs bas taux d’intĂ©rĂȘt. Seulement 40 % des cotisations sont redistribuĂ©s sous forme de retraites dont les montants sont dĂ©terminĂ©s par la fluctuation des marchĂ©s. Unique au monde, ce systĂšme rapporte d’énormes bĂ©nĂ©fices aux AFP. Pourtant, selon une consultation organisĂ©e par les syndicats, une large majoritĂ© rejette ce systĂšme. En 2017, plus de 90 % des retraites sont infĂ©rieures Ă  233 dollars mensuels[103]. Un tiers des Chiliens sont aussi lourdement endettĂ©s[66].

Vitacura, quartier aisé de Santiago.

Selon des informations sur le dĂ©veloppement humain de l’ONU en 2005, le Chili possĂšde un coefficient de Gini de 0,57, le situant Ă  la 113e place sur 128 de la liste des pays par Ă©galitĂ© de revenus. De nos jours, les 20 % des plus riches du pays gagnent 14,3 fois ce que reçoivent les 20 % des plus pauvres[157].

ÉgalitĂ© des sexes

Le Chili est en 2004 l'un des derniers pays à légaliser le divorce[108].

En 2006, la social-démocrate Michelle Bachelet devient la premiÚre femme élue présidente de la république. Si elle ne fait pas progresser les revendications féministes durant son premier mandat, elle légalise partiellement l'avortement (en cas de viol ou de danger immédiat pour la vie de la mÚre) en 2017. En 2018, les partis de droite font adopter par le Parlement le concept d'objection de conscience institutionnelle (et non plus seulement individuelle), permettant aux cliniques privées de refuser de pratiquer l'avortement[108].

Le prĂ©sident Piñera met en place en 2019 « l'Agenda femme », un groupe de mesures lĂ©gislatives mĂȘlant vision conservatrice (les femmes Ă©tant avant tout perçues comme des mĂšres) et libĂ©ralisme Ă©conomique. Il entend favoriser la paritĂ© dans les conseils d'administration des entreprises ou encore faciliter l'accĂšs aux crĂšches pour les salariĂ©es ayant un contrat de travail stable (ce qui en restreint nettement la portĂ©e dans un pays oĂč la prĂ©caritĂ© est rĂ©pandue)[108].

En 2019, moins de la moitié des femmes ont accÚs à une activité rémunérée et 31 % travaillent sans contrat ni protection sociale ou de santé. Pour l'accÚs à la santé, les femmes s'exposent à des discriminations des assurances privées à cause des éventuelles grossesses[108].

Religion

Religion Pourcentage
Catholicisme 64%
Protestantisme 17%
Sans religion 16%
Autres 3%
Religion au Chili:Source Pew Research Center 2014[158].

Sur le plan religieux, le dernier recensement de 2002 montre que 70 % des Chiliens se dĂ©clarent catholiques soit 7 853 428 personnes de plus de quatorze ans (dont moins de la moitiĂ© est pratiquante). Par rapport au recensement prĂ©cĂ©dent en 1992, cela constitue une diminution de 10 % en dix ans. Des 30 % restant, la moitiĂ© sont protestants Ă©vangĂ©liques (15,14 %), 1,06 % sont tĂ©moins de JĂ©hovah, 0,92 % sont mormons et 0,5 % (75 000)[159] de confession juive. Les athĂ©es, agnostiques ou sans religion reprĂ©sentent 10 % du total.

Selon l’état civil, 46 % des Chiliens de plus de dix-huit ans sont mariĂ©s, soit 5 % de moins qu’en 1992. En revanche, les couples en concubinage sont passĂ©s de 5 % en 1992 Ă  9 % en 2002. Les Chiliens sont 34 % Ă  ĂȘtre cĂ©libataires, 5 % divorcĂ©s. L’évolution de ces chiffres est Ă  suivre, compte tenu de la nouvelle loi sur le divorce en vigueur depuis fin 2004[160].

L’Église catholique est sĂ©parĂ©e de l’État depuis 1925, annĂ©e oĂč le PrĂ©sident Arturo Alessandri et l’archevĂȘque Crescente ErrĂĄzuriz sont arrivĂ©s Ă  un accord sur cette question aboutissant dans la constitution de 1925 Ă  la fin de la fin du statut de religion d’État du catholicisme, qui existait depuis l’IndĂ©pendance du pays en 1818. Depuis 1925, la libertĂ© de culte est aussi reconnue. Cependant, mĂȘme si le catholicisme perd de l’importance ces derniĂšres annĂ©es, les prises de position de la sociĂ©tĂ© actuelle sur des sujets comme le divorce et l’avortement en 2004-2005 sont toujours celles d'une sociĂ©tĂ© fondĂ©e par celui-ci.

En 2010 et 2011, l’image de l’Église catholique est atteinte par une sĂ©rie de scandales d’agressions sexuelles et de viols qui ont impliquĂ© environ quatre-vingts membres du clergĂ© chilien. La confiance des Chiliens dans l’Église est passĂ©e de 61 % en 2010 Ă  38 % en 2011 aprĂšs la mĂ©diatisation de ces affaires[161].

SystĂšme Ă©ducatif

Le systĂšme Ă©ducatif au Chili[162] se compose de quatre niveaux. Tout d’abord, il y a l’educaciĂłn parvularia qui n’est pas obligatoire et qui s’occupe des enfants entre trois mois et six ans. L’équivalent français est la crĂšche et la maternelle. Elle se structure sur trois niveaux. Il y a d’abord la Sala cuna (crĂšche) pour les enfants de trois mois Ă  deux ans. Vient ensuite le Nivel medio (petite section) pour les enfants de deux Ă  quatre ans, puis enfin le Nivel TransiciĂłn (grande section) pour les enfants de quatre Ă  six ans. À ce dernier niveau, les enfants commencent Ă  apprendre le calcul et la lecture.

Il y a ensuite l’éducation obligatoire pour les enfants de six Ă  dix-huit ans qui correspond Ă  l’école primaire (EducaciĂłn General BĂĄsica) et le secondaire (la EducaciĂłn Media).

L'EducaciĂłn General BĂĄsica existe pour les enfants ainsi que pour les adultes n’étant pas allĂ©s Ă  l’école (de plus en plus rares). Tous les enfants qui fĂȘtent leur sixiĂšme annĂ©e avant le trente et un mars doivent intĂ©grer le premier niveau (l’annĂ©e scolaire commençant dĂ©but mars et se terminant dĂ©but dĂ©cembre. Il y a deux semaines de vacances en juillet lors de l’hiver austral).

Ce niveau se divise en deux cycles. Le premier cycle va de primero bĂĄsico Ă  cuarto bĂĄsico (soit de six ans Ă  dix ans). Le deuxiĂšme cycle va de quinto bĂĄsico Ă  octavo bĂĄsico (soit de dix ans Ă  quatorze ans).

Pour ce qui concerne les adultes, trois ans d’études sont nĂ©cessaires. Chaque annĂ©e correspond Ă  un niveau. Le premier niveau concerne le premier cycle de l'EducaciĂłn bĂĄsica. Le deuxiĂšme niveau correspond au quinto (cinquiĂšme soit le CM2 français) et sexto (sixiĂšme soit la sixiĂšme française) bĂĄsico. Enfin, le dernier niveau comprend les sĂ©ptimo (septiĂšme soit la cinquiĂšme française) et octavo (huitiĂšme soit la quatriĂšme française) bĂĄsico.

Ensuite, il y a l'EducaciĂłn media soit l’équivalent du lycĂ©e français. Elle comporte quatre niveaux et se divise en deux types de filiĂšres ; l’éducation gĂ©nĂ©rale et technique (EMHC) et l’éducation professionnelle (EMTP, Ă©quivalent du lycĂ©e professionnel français). Dans l’EMHC, l’éducation est gĂ©nĂ©rale. Elle comprend l’espagnol, l’histoire, la gĂ©ographie, les mathĂ©matiques, les sciences, l’EPS, une langue Ă©trangĂšre
 Elle se compose de deux niveaux. Le premier comprend les primer et segundo medio. Le second cycle comprend les tercer et cuarto medio.

Dans la EMTP, les adolescents suivent des filiĂšres professionnelles dans les domaines industriel, agricole, maritime ou de services. À la fin de ces Ă©tudes, les jeunes peuvent aller directement travailler dans les domaines choisis.

Vue aérienne de l'Université catholique à Santiago.

Jadis, l’obligation scolaire concernait seulement le cycle basique de huit ans. Mais, depuis le [163], une rĂ©forme constitutionnelle, effectuĂ©e sous le gouvernement du prĂ©sident Ricardo Lagos, a rendu l’éducation secondaire gratuite et obligatoire pour tous les Chiliens jusqu’à l'Ăąge de dix-huit ans. L’État garantit donc l’obligation scolaire durant douze ans. Le Chili est le premier pays d’AmĂ©rique latine Ă  avoir atteint cette obligation de durĂ©e pour la scolaritĂ©[164].

L’enseignement supĂ©rieur se distingue par trois types d’établissements, crĂ©Ă©s par la rĂ©forme de 1981 :

Façade de l'université du Chili située à Santiago.
  • Les Centros de FormaciĂłn TĂ©cnica (CFT), d’une durĂ©e de deux ans au bout duquel les Ă©lĂšves obtiennent le titre de technicien de niveau supĂ©rieur ;
  • Les Institutos Profesionales (IP), oĂč l’on obtient le titre de technicien supĂ©rieur et des titres professionnels dans les domaines qui ne requiĂšrent pas le titre de licenciĂ©.
  • Les UniversitĂ©s qui donnent accĂšs Ă  tous les domaines professionnels et grades acadĂ©miques de licenciĂ©, master et de doctorant. Les Ă©tudiants qui sont en premiĂšre annĂ©e Ă  l'universitĂ© sont appelĂ©s des mechones et subissent un bizutage en dĂ©but d'annĂ©e.
  • Les Instituciones de educaciĂłn superior de las Fuerza Armadas y de Orden cette derniĂšre, nouvellement crĂ©Ă©e, donne accĂšs Ă  des titres et grades acadĂ©miques.

Le systĂšme actuel est hĂ©ritĂ© de la dictature et reprĂ©sente un investissement majeur pour les Ă©tudiants et leurs parents : 7 000 dollars par annĂ©e universitaire[165].

Santé

Deux systĂšmes de santĂ© coexistent depuis 1981 : les Isapre, les instituts de santĂ© prĂ©visionnels (privĂ©s), auxquels 18 % des Chiliens peuvent accĂ©der (outre leurs couts, les mutuelles privĂ©es peuvent discriminer et refuser des patients en raison de leur Ăąge, de leur sexe, ou parce qu'ils ont des maladies chroniques), et l'institution publique Fonasa, dont 70 % des Chiliens dĂ©pendent. Plus de 500 000 personnes ne disposent d'aucune couverture mĂ©dicale[102].

Le Chili arrive rĂ©guliĂšrement en tĂȘte des classements d'obĂ©sitĂ© et de surpoids en AmĂ©rique latine[166]. En 2016, plus de 60 % de la population est en surpoids[167].

Culture

Le Chili est le « pays des poĂštes » selon la tradition populaire. Cela dĂ©coule de la place tenue, dans son histoire, par des Ă©crivains produisant des Ɠuvres lyriques. Des artistes chiliens comme Nicanor Parra (connu pour son anti-poĂ©sie), Vicente Huidobro, Jorge Teillier, Enrique Lihn, Gonzalo Rojas, CristiĂĄn BerrĂ­os, Gabriela Mistral (la nostalgique), et Pablo Neruda (l’engagĂ©) montrent la place tenue par la poĂ©sie. Deux Chiliens se sont vu dĂ©cerner le prix Nobel de littĂ©rature : Gabriela Mistral en 1945 et Pablo Neruda en 1971[168].

L'Ă©crivain Pablo Neruda en 1966.

Dans le domaine de la prose, ce sont des auteurs comme Francisco Coloane, Manuel Rojas, Luis SepĂșlveda, Alberto Blest Gana, Isabel Allende, Jorge Edwards, JosĂ© Donoso, Roberto Bolaño qui se dĂ©marquent. Il ne faut pas oublier Marcela Paz, connue par son personnage caractĂ©ristique Papelucho. Mais c’est Pepo, dessinateur de bandes dessinĂ©es, qui Ă  travers Condorito, a crĂ©Ă© le personnage imaginaire le plus connu du pays.

Dans le domaine du cinéma sont apparus des réalisateurs comme Raoul Ruiz, Alejandro Jodorowsky, Andrés Wood, Pablo Larraín ainsi que des acteurs comme Daniel Emilfork ou Pedro Pascal et l'actrice et chanteuse Cote de Pablo.

La musique folklorique s’inspire Ă  la fois des mĂ©lodies amĂ©rindiennes et de celles venues d’Espagne. La cueca, danse traditionnelle chilienne, en est un bon exemple; chaque rĂ©gion en a sa propre version. Durant les annĂ©es 1970, la musique folklorique connaĂźt un nouvel engouement grĂące au mouvement de la Nueva CanciĂłn Chilena dont les artistes composent sur des thĂšmes inspirĂ©s Ă  la fois des airs traditionnels du pays et de leurs propres recherches. VĂ­ctor Jara, Violeta Parra, Los Jaivas, Inti Illimani, QuilapayĂșn, Illapu sont des artistes reprĂ©sentatifs de ce mouvement. La chanteuse, et inlassable chercheuse dans le domaine du folklore musical chilien, Margot Loyola est une autre artiste importante de la musique folklorique et populaire du Chili contemporain.

Festival de Viña del Mar Chili.

Depuis les années 1970, sont apparus des artistes pop-rock, inspirés par la culture nord-américaine, comme Los Prisioneros, Lucybell, Los Mox. Généralement le pop-rock chilien se différencie de celui des autres pays latino-américains par le ton mélancolique de ses chansons et des textes tristes et pessimistes.

Dans le domaine de la peinture, le Chili est représenté par le peintre surréaliste Roberto Matta.

Identité et tradition

MalgrĂ© l'homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique du pays, les expressions culturelles varient notablement d'une rĂ©gion Ă  l'autre. Le Nord se caractĂ©rise par l'influence des cultures des peuples amĂ©rindiens andins et des Conquistadors ainsi que de la religion catholique (des fĂȘtes comme la Fiesta de La Tirana). La zone centrale est caractĂ©risĂ©e par ses traditions rurales. On considĂšre que ces rĂ©gions du pays, qui rassemblent la majeure partie de la population, sont la source de l'identitĂ© culturelle des Chiliens. Des fĂȘtes importantes comme celles de l'IndĂ©pendance qui ont lieu le 18 septembre montrent le fort patriotisme des Chiliens.

La culture mapuche prĂ©domine dans la rĂ©gion de l'Araucanie. Temuco concentre prĂšs du quart des Mapuches du pays soit environ 150 000 personnes. Dans des villes comme Valdivia, Osorno, Puerto Varas et Llanquihue, des influences allemandes se font sentir (des colons s'y sont installĂ©s vers la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle pour peupler la rĂ©gion Ă  la suite de l'appel du gouvernement). L'Ăźle de ChiloĂ© (situĂ©e au sud de Puerto Montt) possĂšde une culture riche qui a sa propre mythologie. Les rĂ©gions de l'extrĂȘme sud sont influencĂ©es par des cultures slaves, en particulier croate (40 % des habitants de Punta Arenas descendent de colons yougoslaves).

Claude Gay, Una Chingana, 1854.

L'ßle de Pùques possÚde une culture spécifique qui est quant à elle d'origine polynésienne.

Cependant, depuis les cinquante derniÚres années, ces cultures disparaissent progressivement et la culture occidentale ou américaine prédomine en ville.

EmblĂšmes nationaux du Chili

Fleur de Copihue, fleur nationale du pays.

La fleur emblĂšme nationale est le copihue (Lapageria rosea), que l’on trouve dans les forĂȘts du Sud du pays. Les armes du pays reprĂ©sentent les deux animaux nationaux : le condor (un trĂšs grand oiseau vivant dans les montagnes de la famille des vautours) et le Huemul (un daim Ă  la toison blanche, espĂšce en voie de disparition). Il porte en lĂ©gende la devise du pays : Por la razĂłn o la fuerza.

Le drapeau chilien naĂźt lors du processus d’indĂ©pendance du Chili, il a Ă©tĂ© montrĂ© pour la premiĂšre fois au public le 12 fĂ©vrier 1818, durant la proclamation d’indĂ©pendance.

VallĂ©e de l'Elqui dans la RĂ©gion de Coquimbo, lieu oĂč l’on fabrique le pisco.

Le drapeau chilien a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par le ministre JosĂ© Ignacio Zenteno durant le gouvernement de Bernardo O’Higgins et a Ă©tĂ© dessinĂ© par le militaire espagnol Antonio Arcos. Ses couleurs reprĂ©sentent, respectivement : le sang versĂ© par les patriotes durant la guerre d’indĂ©pendance (rouge), le ciel chilien gĂ©nĂ©ralement clair (bleu) et les sommets enneigĂ©s de la CordillĂšre des Andes visible sur tout le pays (blanc). L’étoile Ă  cinq pointes reprĂ©sente les pouvoirs de l’État qui veille au maintien de la patrie et le fond bleu situĂ© Ă  l’arriĂšre-plan de l’étoile mesure exactement un tiers de la taille de la partie rouge du drapeau[169].

Le premier hymne national fut écrit en 1819 par Manuel Robles sur des paroles du poÚte Bernardo de Vera y Pintado, à la suite de la déclaration d'indépendance. En 1846, sous le gouvernement de Manuel Bulnes et étant terminée la guerre de l'indépendance, les Espagnols résidents au Chili considérÚrent certaines strophes comme injurieuses et hostiles envers l'Espagne. Les modifications respectives ont été faites par Eusebio Lillo (es) et validées par Andrés Bello, et cette version, utilisée actuellement, fut finie en 1847.

L'hymne national du Chili est composé du refrain et 6 strophes, mais officiellement sont interprétés seulement le refrain et la cinquiÚme strophe.

Puro Chile, es tu cielo azulado,
puras brisas te cruzan también,
y tu campo de flores bordado
es la copia feliz del Edén
Majestuosa es la blanca montaña
que te dio por baluarte el Señor, (bis)
y ese mar que tranquilo te baña
te promete futuro esplendor. (bis 2 derniers vers)
Coro (refrain) :
Dulce Patria, recibe los votos
con que Chile en tus aras jurĂł:
Que o la tumba serĂĄs de los libres,
o el asilo contra la opresiĂłn.

(bis deux derniers vers trois fois, bis dernier vers deux fois)[170]

Jours fériés

FĂȘtes et jours fĂ©riĂ©s
DateNom françaisNom localRemarques
Nouvel AnAño nuevo
mars ou avrilSemaine sainte (PĂąques)Semana Santa
FĂȘte du TravailDĂ­a del Trabajo
21 maiJour de la marineDĂ­a de las fuerzas navales
29 juinSaint Pierre et Saint PaulSan Pedro y San Pablo
16 juilletVierge du Carmen (Sainte Patronne du Chili)Virgen del Carmen
15 aoûtAssomptionAsunción de La Virgen
18 septembreFĂȘtes de la PatrieFiestas Patrias
19 septembreJour des gloires de l’armĂ©eDĂ­a del las glorias del ejĂ©rcito
17 septembre
ou
20 septembre
Férié LégalDía « sandwich » feriadoS'ils tombent un lundi ou un vendredi respectivement, ils sont fériés.
12 octobreDécouverte et exploration de l'AmériqueDía de la Raza
ToussaintDĂ­a de Todos los Santos
8 décembreImmaculée ConceptionDía de la Inmaculada Concepción
25 décembreNoëlNavidad

Gastronomie

La gastronomie chilienne est issue d’un mĂ©lange entre gastronomie espagnole et locale. Les principaux ingrĂ©dients de la cuisine traditionnelle chilienne sont des produits caractĂ©ristiques de la rĂ©gion : principalement la pomme de terre, la tomate, le maĂŻs, la viande de bƓuf ainsi que le haricot dans la zone australe du pays. Il faut aussi ajouter l’importance du poisson et des fruits de la mer pour tout le pays.

Part de marraquetas.

Les plats traditionnels sont la cazuela, l’asado (grillades), les humitas, le pastel de choclo et les empanadas. Des desserts comme le manjar, connu Ă©galement sous le nom de « dulce de leche » en Argentine, les alfajores, les sopaipillas et le mote con huesillo sont des grands classiques du pays. On retrouve Ă©galement au Chili patagon le fameux matĂ© exportĂ© dans tout le Chili. Le miel de palmier est Ă©galement rĂ©putĂ© dans le pays qui exploite de nombreuses palmeraies de cocotiers du Chili.

Le vin chilien, issu de cĂ©pages français, possĂšde une longue histoire. Des cĂ©pages comme le CarmĂ©nĂšre, le Carbernet-sauvignon et le merlot mĂ»rissent souvent dans de meilleures conditions qu’en France grĂące Ă  un climat bien adaptĂ© Ă  la vigne caractĂ©risĂ© en journĂ©e par la chaleur et la nuit par la fraĂźcheur qui descend de la CordillĂšre.

Les Chiliens ont pour coutume de prendre une collation en fin d'aprÚs-midi appelée once. Il s'agit généralement d'un sandwich, garni de charcuterie, d'avocat ou encore de pebre, sauce à base de tomates, oignons, piment et coriandre, le tout découpé finement. Le terme once vient à l'origine du mot « aguardiente » (onze lettres) que les soldats désignaient par once.

Sport

Le sport chilien possĂšde une longue histoire. En effet, les Mapuches jouaient dĂ©jĂ  au Xe siĂšcle Ă  un sport ancĂȘtre du hockey sur glace, la chueca. Dans les zones paysannes, le rodĂ©o est le principal sport pratiquĂ© et, depuis 1962, il est considĂ©rĂ© comme « sport national ».

En 1896, Luis Subercaseaux participe aux premiers Jeux olympiques de l’ùre moderne. Il est un des premiers Sud-AmĂ©ricains Ă  y participer. Cependant il faudra attendre les Jeux olympiques d’AthĂšnes en 2004 pour dĂ©crocher la premiĂšre mĂ©daille d’or, obtenue par les joueurs de tennis Nicolas Massu et Fernando Gonzalez. MalgrĂ© la prĂ©sence de grandes pistes de ski comme Portillo ou Valle Nevado, le pays n’a jamais obtenu de mĂ©daille aux Jeux olympiques d’hiver.

NicolĂĄs MassĂș double mĂ©daillĂ© d’or aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ© d'AthĂšnes de 2004 en tennis.

Vers la fin du XIXe siĂšcle, des immigrants britanniques importent le football, sport qui se pratiquera rapidement par la population et deviendra le sport le plus pratiquĂ© du pays depuis 1933 (annĂ©e de la fondation de la liga chilienne). Le Chili accueille la Coupe du monde de football 1962, oĂč la SelecciĂłn nacional de fĂștbol termine Ă  la troisiĂšme place. MalgrĂ© cela, le football chilien n’a jamais rĂ©ussi Ă  obtenir de bons palmarĂšs Ă  l’étranger (il y a tout de mĂȘme quatre participations notables dans les coupe du monde de football de 1930, 1998, 2010, 2014 et une mĂ©daille de bronze aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 2000). Le Chili est double vainqueur de la Copa AmĂ©rica en 2015 et 2016. Le club de Colo-Colo, en 1991, a remportĂ© la Copa Libertadores. Certains joueurs chiliens acquiĂšrent tout de mĂȘme une rĂ©putation internationale comme Marcelo Salas et Ivan Zamorano, enfants chĂ©ris de la patrie, sans oublier Alexis SĂĄnchez et Matias Fernandez. La derniĂšre participation du Chili Ă  une Coupe du Monde de football remonte Ă  2014, oĂč la Roja avait Ă©tĂ© Ă©liminĂ©e en huitiĂšmes de finale par le BrĂ©sil aux tirs au but. Le Chili avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©liminĂ© par le mĂȘme adversaire et au mĂȘme stade de la compĂ©tition en 1998, et en 2010.

Le tennis s’est popularisĂ© ces derniĂšres annĂ©es et est en train de devenir le sport le plus populaire du pays. En 1976, le Chili a Ă©tĂ© le premier pays latino-amĂ©ricain Ă  jouer la finale de la Coupe Davis. En 1998, Marcelo RĂ­os est le premier hispano-amĂ©ricain Ă  arriver premier du classement de l’ATP. À cette occasion, il a Ă©tĂ© invitĂ© par le prĂ©sident chilien. Plus tard, Fernando GonzĂĄlez et NicolĂĄs MassĂș donnent non seulement les deux premiĂšres mĂ©dailles d’or au pays, mais gagnent aussi le bichampionnat de la Coupe du Monde par Ă©quipes en 2003 et 2004.

En sports mécaniques, le Chili a connu plusieurs grands pilotes, dont Juan Zanelli, champion en Championnat d'Europe de la montagne 1931 et double vainqueur du Grand Prix Bugatti, ainsi que Carlo de Gavardo, champion du monde des rallyes-raids. Le pays accueille aussi des compétitions internationales, avec le rallye Dakar disputé en Amérique du Sud depuis son départ d'Afrique, et avec le rallye du Chili, manche du championnat du monde des rallyes créée en 2019.

Le basket-ball est trÚs populaire dans les universités du Sud du pays. Le Chili a obtenu de bons résultats dans le championnat en 2002 et 2005. Le Chili a été le vainqueur du Championnat du monde de polo 2008 et 2015.

Mais le sport le plus populaire reste le football, suivi par une majoritĂ© de Chiliens, avec un engouement exceptionnel lors de leurs deux titres en Copa AmĂ©rica. Chaque victoire de La Roja est fĂȘtĂ©e dignement par la population.

Le volantin est pour beaucoup de Chiliens, un sport trÚs populaire en particulier dans les quartiers défavorisés car il ne nécessite pas de gros moyens et il procure beaucoup d'amusement[171]. Il existe des jeux plus sportifs, sous forme de compétitions, qui réalisent des combats aériens. Le volantin de compétition est dans ce cas muni d'un fil enduit de poudre de verre pour le rendre plus coupant, comme le Rokkaku japonais. Il est interdit, en raison des accidents causés par ses fils abrasifs. Tracté par une simple ficelle, ce cerf-volant reste un plaisir quand il évolue dans le ciel.

Criminalité

Le Chili est une plaque tournante importante pour le trafic de drogue. L’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) souligne dans son rapport que le trafic par la voie maritime depuis les ports du Chili est en constante augmentation, ce qui fait du pays, « avec le BrĂ©sil et la Colombie, l’un des principaux pays de sortie de la cocaĂŻne saisie Ă  Valencia et AlgĂ©siras, en Espagne, importantes voies d’entrĂ©e de ces stupĂ©fiants en Europe »[172].

Forces armées

L’armĂ©e du pays est divisĂ©e en trois branches armĂ©es qui constituent les Forces armĂ©es chiliennes : l’ArmĂ©e de terre chilienne (l’armĂ©e de terre, fondĂ©e en 1810 qui compte 250 000 soldats en 2005), l’Armada (la marine, fondĂ©e en 1818, 19 398 soldats en 2005), et la Force aĂ©rienne chilienne (l’armĂ©e de l’air, fondĂ©e en 1930, 18 000 soldats en 2005[173]). Cette derniĂšre possĂšde divers aĂ©roports militaires Ă  Iquique, Antofagasta, Santiago, Puerto Montt, et Punta Arenas. Elle a aussi une base aĂ©roportuaire sur l’üle du Roi-George, en Antarctique et sur l’üle de PĂąques. Elle possĂšde 10 avions F-16 en 2006, auxquels s’ajoutent 28 F-16 de seconde main venant de la Force AĂ©rienne Royale nĂ©erlandaise.

La fonction des institutions citĂ©es ci-dessus consiste Ă  protĂ©ger le pays et les intĂ©rĂȘts du pays Ă  l’étranger. À ces unitĂ©s militaires rĂ©guliĂšres s’ajoutent les Fuerzas de Orden y Seguridad PĂșblica composĂ©es par les corps des Carabineros (Police militarisĂ©e Ă©quivalent aux gendarmes français) (fondĂ©e en 1927) et la PolicĂ­a de Investigaciones (police civile) (crĂ©Ă©e en 1933), qui constituent la force civile et sont chargĂ©es de faire respecter la loi, garantir l’ordre et la sĂ©curitĂ© publique Ă  l’intĂ©rieur du pays. De plus, il existe un corps de GendarmerĂ­a (crĂ©Ă© en 1929), chargĂ© de garder les prisons et autres centres pĂ©nitentiaires.

Les Fuerzas Armadas y Carabineros dĂ©pendent administrativement du MinistĂšre de la DĂ©fense Nationale du Chili et les Fuerzas de Orden y Seguridad du MinistĂšre chargĂ© de la sĂ©curitĂ© publique, actuellement le MinistĂšre de l’IntĂ©rieur du Chili, alors que le corps de Gendarmerie dĂ©pend administrativement du MinistĂšre de la Justice du Chili. Le prĂ©sident de la RĂ©publique exerce la fonction de Chef suprĂȘme des Fuerzas Armada uniquement en cas de guerre.

MĂȘme si le pays n’a pas connu d’affrontement militaire important depuis la Guerre du Pacifique, le Chili consacre une partie importante de son PIB (3,8 %) pour Ă©quiper l’armĂ©e. On estime que plus 3 240 millions de dollars amĂ©ricains sont utilisĂ©s par an. Ce coĂ»t important est financĂ© Ă  hauteur de 10 % par les bĂ©nĂ©fices de l’entreprise Codelco (entreprise d’extraction et d’exportation du cuivre du pays). Le niveau Ă©levĂ© des dĂ©penses militaires s’explique par le fait que le contingent militaire doit se dĂ©ployer dans toute la longueur du pays (plus de 4 200 kilomĂštres), et parce que des capitaux sont Ă©pargnĂ©s en prĂ©vision de la retraite des anciens soldats. Il faut aussi noter que les Carabineros sont un corps appartenant Ă  l’armĂ©e du pays. Ces derniers utilisent 54 % des revenus de l’armĂ©e[174]. Depuis plusieurs annĂ©es, on parle de la suspension du service militaire aux hommes de 18 ans et plus. Depuis 2006, cette question est principalement rĂ©glĂ©e car l’inscription au service militaire est automatique. Au cas oĂč les effectifs ne sont pas atteints, des personnes seront dĂ©signĂ©es au tirage au sort.

Durant le rĂ©gime de Pinochet, les Forces armĂ©es chiliennes ont eu un rĂŽle important dans la vie civile. Dans les derniĂšres annĂ©es, le commandant en Chef de l’Ejercito (l’ArmĂ©e), Juan Emilio Cheyre, met en place la professionnalisation de l’armĂ©e, la prĂ©sidence politique de l’armĂ©e, sa qualitĂ© de corps neutre (non belligĂ©rant), et l’acceptation du pouvoir civil dĂ©mocratiquement construit. Une des Ă©tapes importantes a Ă©tĂ© la reconnaissance des responsabilitĂ©s institutionnelles de l’armĂ©e dans la violation des Droits de l’Homme durant la dictature. Ce geste est bien accueilli dans le gouvernement et la population. Le , le GĂ©nĂ©ral Óscar Izurieta Ferrer devient le Commandant en Chef de l’armĂ©e.

De nos jours, le Chili possÚde divers corps militaires (des casques bleus) aidant aux missions de paix des Nations unies, à Chypre, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Haïti (les missions MINUSTAH).

Ordres et décorations

  • Ordre du MĂ©rite
  • Ordre de Bernardo O'Higgins
  • Ordre du MĂ©rite Militaire

Codes

Le Chili a pour codes :

Notes et références

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Voir aussi

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Éducation SISTEMA EDUCATIVO Nacional de Chile: 1993 / Ministerio de EducaciĂłn de Chile y OrganizaciĂłn de Estados Iberoamericanos; [informe realizado por IvĂĄn NĂșñez
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Articles connexes

  • Peuples indigĂšnes du Chili (es)

Liens externes

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