Chinchilla
Chinchilla est un genre de mammifĂšres rongeurs de la famille des Chinchillidae, communĂ©ment appelĂ©s Ă©galement Chinchillas. Ce genre comprend deux espĂšces sauvages et une forme domestiquĂ©e, issue trĂšs probablement du croisement en Ă©levage des deux premiĂšres. Les Chinchillas sont des animaux nocturnes, de la taille dâun lapin nain. Proches des Viscaches, ils sont, comme ces derniĂšres, originaires de la cordillĂšre des Andes, en AmĂ©rique du Sud. Les populations sauvages sont des espĂšces en pĂ©ril. Elles ont Ă©tĂ© chassĂ©es pour leur fourrure particuliĂšrement recherchĂ©e au XIXe siĂšcle et ont Ă©tĂ© progressivement adaptĂ©es Ă la captivitĂ© pour donner le Chinchilla domestique. Celui-ci est principalement Ă©levĂ© pour sa fourrure, mais c'est aussi l'un des nouveaux animaux de compagnie.
Bien que trĂšs proches d'aspect et de mĆurs, on distingue plusieurs espĂšces du genre Chinchilla ainsi que des variĂ©tĂ©s domestiques. Les seules espĂšces sauvages actuellement connues sont des animaux dâAmĂ©rique du Sud devenus trĂšs rares. Toutes deux sont des espĂšces protĂ©gĂ©es :
- le Chinchilla Ă queue courte Chinchilla chinchilla (Lichtenstein, 1829) ou syn. Chinchilla brevicaudata (Waterhouse, 1848) ;
- le Chinchilla Ă longue queue Chinchilla lanigera (Bennett, 1829).
Le Chinchilla d'Ă©levage ou Chinchilla domestique est un hybride qui rĂ©sulte du croisement progressif des deux espĂšces sauvages au sein dâĂ©levages[2]. Il est toutefois beaucoup plus proche du Chinchilla lanigera que du trĂšs rare Chinchilla chinchilla. C'est un animal adaptĂ© Ă la captivitĂ© et connu du grand public sous le nom vernaculaire de « Chinchilla ». Lâobjectif des premiers Ă©levages Ă©tait la production de fourrure. Le Chinchilla domestique est Ă©galement employĂ© comme animal de laboratoire et on le rencontre de nos jours couramment comme animal de compagnie. Des coloris variĂ©s ont Ă©tĂ© rapidement obtenus par les Ă©leveurs.
Chinchilla
RĂšgne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Rodentia |
Sous-ordre | Hystricomorpha |
Infra-ordre | Hystricognathi |
Famille | Chinchillidae |
EspÚces de rang inférieur
- Chinchilla chinchilla (Lichtenstein, 1829)
- Chinchilla lanigera Bennett, 1829
- Chinchilla lanigera Ă Chinchilla chinchilla
Nomenclature et systématique
Le mot « Chinchilla »
Le substantif masculin[3] - [4] - [5] « chinchilla » est un emprunt[3] - [4] Ă l'espagnol chinchilla[5], substantif fĂ©minin[6] lui-mĂȘme empruntĂ©[3] - [4] Ă l'aymara[5]. Le mot chinchilla vient soit dâune tribu autochtone des Andes, les Chinchas qui vivaient dans la rĂ©gion cĂŽtiĂšre autour de l'actuelle ville de Lima, avant les Incas, Chinchilla voulant dire littĂ©ralement « petit chincha »; soit de chinche « animal puant » en espagnol[7], sans doute en rĂ©fĂ©rence Ă la forte odeur qu'il dĂ©gage lorsqu'il est effrayĂ©.
Chinchilla pourrait aussi venir du quechua : « chin » qui signifie silencieux et « sinchi » qui veut dire fort et courageux[2], auxquels on ajoute le diminutif quechua « lla ». Ce qui assemblé signifie « fort et silencieux petit » (Aleandri, 1998)[8].
Ce mot diffĂšre peu d'une langue Ă l'autre, par exemple on le nomme, Ă travers le monde :
- Chinchilla : (da)(de)(en)(es)(fi)(gd)(fr)(id)(nl),
- Chinchila : (pt),
- Chinchilo : (io),
- ÄinÄilo : (eo),
- Ć inĆĄila :(lt),
- ÄinÄila : (sl)(cz),
- Szynszyla : (pl), etc.
Par contre dans d'autres langues le mot a peu de ressemblance :
- éŸç« ïŒLongmao) : (zh) (littĂ©ralement "dragon-chat" en chinois),
- etc.
Le genre Chinchilla
Le genre a été décrit pour la premiÚre fois en 1829 par le zoologiste britannique Edward Turner Bennett (1797-1836).
La taxinomie des chinchillas est encore discutĂ©e. La disparition peut-ĂȘtre totale dâune ou plusieurs espĂšces sauvages ne permettra sans doute jamais de rĂ©soudre ce problĂšme[9].
Le nom de genre « Chinchilla Bennett, 1829 », bien que longtemps contestĂ©[10], est au dĂ©but du XXIe siĂšcle le nom scientifique le plus couramment admis[11]. Il a cependant de nombreux synonymes : Mus Linnaeus, 1758 (Molina, 1782), Lemmus Link, 1795 (Tiedemann, 1808), Cricetus Leske, 1779 (E.Geoffroy St.-Hilaire, 1803); Eriomys Lichtenstein, 1830; Callomys dâorbigny et I. Geoffroy St.-Hilaire, 1830; Aulacodus Temminck, 1827 (Kaup, 1832); Lagostomus Brookes, 1828 (Cuvier, 1830)[8].
Taxons inférieurs
La classification la plus souvent retenue par les classifications classiques et les chercheurs au début du XIXe siÚcle est un genre Chinchilla Bennett, 1829 incluant deux espÚces sauvages : Chinchilla chinchilla (Lichtenstein, 1829) (syn. Chinchilla brevicaudata, Waterhouse, 1848) et Chinchilla lanigera Bennett, 1829 (syn. C. lanigera Molina, 1782)[9] - [11].
L'existence de plusieurs espÚces ou sous-espÚces du genre est trÚs discutée depuis le XIXe siÚcle :
Certains auteurs ne reconnaissent quâune espĂšce (Albert, 1901; Sage, 1913; Bowman, 1924; Bidlingmaier, 1937)[9].
D'autres auteurs reconnaissent une ou plusieurs sous-espĂšces de l'espĂšce Chinchilla lanigera (Walker, 1968; Pine et al., 1979) ou bien de l'espĂšce Chinchilla chinchilla: (Osgood, 1943; Man, 1978)[8] - [9].
Quant au Chinchilla domestique, les scientifiques le considĂšrent plus souvent comme un hybride (avec une forte dominante lanigera), rĂ©sultant du croisement en captivitĂ© entre Chinchilla lanigera et Chinchilla chinchilla[2]. Dans les laboratoires, cependant, on dĂ©signe ces animaux comme « chinchilla laniger », sans faire de distinction entre l'espĂšce sauvage et les descendants dâĂ©levage[12].
Cette distinction entre chinchilla domestique et espĂšces sauvages est essentielle dans le cadre des rĂ©glementations internationales, car celles-ci diffĂšrent selon quâil sâagit de spĂ©cimens dâĂ©levage ou dâindividus sauvages protĂ©gĂ©s[13].
Liste des espĂšces
Selon ITIS (27 mars 2013)[1] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (27 mars 2013)[14] :
- Chinchilla chinchilla (Lichtenstein, 1829)
- Chinchilla lanigera Bennett, 1829
Liste des sous-espĂšces
Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (27 mars 2013)[14] et Catalogue of Life (27 novembre 2021)[15] :
- Chinchilla chinchilla
- sous-espĂšce Chinchilla chinchilla boliviana
- sous-espĂšce Chinchilla chinchilla chinchilla
- Chinchilla lanigera
Caractéristiques communes des Chinchillas
Les chinchillas sauvages ont presque tous disparu. De rares tĂ©moignages[16] - [17] permettent toutefois dâavoir une idĂ©e de leur description et de leur comportement. Les chinchillas domestiques ont hĂ©ritĂ© les caractĂ©ristiques de leurs ancĂȘtres.
Ces rongeurs de la taille dâun petit lapin[16] sont parfaitement adaptĂ©s Ă leur mode de vie dans un habitat hostile.
Animaux sociaux
Leur habitat est la cordillĂšre des Andes, jusquâĂ plus de 4 500 m dâaltitude selon l'espĂšce, dans les zones de rochers dĂ©sertiques (Jimenez, 2007). Ils y nichaient autrefois en colonies familiales de plusieurs centaines dâindividus, mais leur rarĂ©faction tend Ă rĂ©duire de plus en plus la taille des derniĂšres colonies de Chinchilla lanigera connues[16]. Les femelles sont plus grosses que les mĂąles et dominantes. Les avis sont partagĂ©s sur leur monogamie Ă©ventuelle[18].
Pour communiquer ils Ă©mettent une variĂ©tĂ© de sons et de petits cris[19], des grincements de dents et peuvent Ă©mettre des jets dâurine. Les conflits sont rares si leur habitat est assez vaste.
Animaux vulnérables
En tant que petits herbivores, les chinchillas sont des proies typiques. Leurs petites incisives de couleur orange et leurs membres aux doigts en partie atrophiés (antérieurs : 4 doigts plus un doigt atrophié, postérieurs : 3 doigts plus un doigt atrophié) et munis de trÚs courtes griffes ne suffisent pas à les protéger.
Leur salut est dans la fuite : les membres postĂ©rieurs, plus dĂ©veloppĂ©s que les antĂ©rieurs et aux coussinets antidĂ©rapants, ainsi quâune queue Ă©paisse et touffue, leur permettent de se tenir debout pour observer au loin, de sauter, bondir Ă la maniĂšre des kangourous et grimper sur les parois rocheuses pour fuir Ă grande vitesse Ă la moindre alerte (A.E. Brehm, 1864). La fourrure se dĂ©tache en touffes de poils et la queue se casse facilement (autotomie) pour Ă©chapper aux rares prĂ©dateurs naturels (rapaces, renards, martres).
Animaux nocturnes, la plupart des chinchillas ont de gros yeux noirs ou rouges qu'on appelle communĂ©ment des yeux rubis. Ils ont aussi de grandes oreilles avec des bulles tympaniques au dĂ©veloppement important[20] et de longues vibrisses leur permettant de se repĂ©rer dans lâobscuritĂ© parmi les rochers.
Fourrure
Ils ont une fourrure particuliĂšrement dense qui limite lâĂ©vaporation dans ces rĂ©gions oĂč la tempĂ©rature varie beaucoup entre le jour et la nuit. Lorsquâun follicule chez lâhomme porte un poil, un follicule chez le chinchilla en porte plus d'une soixantaine (Meadow, 1969).
Câest la fourrure la plus dense des espĂšces terrestres : 20 000 poils par cmÂČ. Chaque follicule se compose d'un poil de garde, plus long et assurant un rĂŽle de maintien. Il est entourĂ© d'une soixantaine de 'poils de bourre', plus fins et apportant une isolation thermique exceptionnelle. L'extrĂȘme finesse de ces poils de bourre donne Ă la fourrure un toucher soyeux et une texture trĂšs dĂ©licate. Dans ces territoires arides, ils nichent dans les anfractuositĂ©s, entre les Ă©pineux, et entretiennent leur fourrure par des bains de poussiĂšre volcanique[18].
Alimentation
Ils trouvent un apport dâeau dans la rosĂ©e et leur alimentation variĂ©e quâils saisissent avec leurs membres antĂ©rieurs prĂ©hensiles. Celle-ci est essentiellement vĂ©gĂ©tarienne. Dans leur habitat naturel les chinchillas goĂ»tent Ă tout vĂ©gĂ©tal susceptible dâĂȘtre comestible (feuilles, Ă©corces et fruits d'arbrisseaux ou de buissons Ă©pineux, herbes sĂšches, cactĂ©es, etc.) mais ils peuvent aussi Ă lâoccasion consommer des insectes, dans le but de survivre aux pĂ©riodes de disettes. Ainsi ils sâadaptent aux saisons et aux pĂ©riodes de sĂ©cheresse.
Cette diversité reste limitée, étant donné la rigueur du climat. En effet, la quasi-totalité des plantes à leur disposition sont typiques de cette région trÚs montagneuse et semi-désertique. La majeure partie du régime alimentaire du chinchilla sauvage se compose donc de végétaux secs et de cactées, qui constituent un apport majeur en fibres et en cellulose, éléments indispensables également au chinchilla domestique[8]. Un chinchilla domestique au régime alimentaire strict et adapté peut vivre vingt années et se reproduire jusqu'à 15 ans, contre 6 années d'espérance de vie environ pour les chinchillas sauvages[8].
Le systÚme digestif du chinchilla est trÚs proche de celui des animaux des zones désertiques arides, en particulier son systÚme urinaire. Il possÚde un appareil digestif de plus trois mÚtres, ce qui lui permet de trÚs bien traiter les fibres et digérer la cellulose.
Le chinchilla est cĂŠcotrophe, il remĂąche ses pelotes cĂŠcales pour mieux les digĂ©rer, mais c'est aussi un coprophage conditionnel. Ce comportement occasionnel permet de rĂ©Ă©quilibrer la flore intestinale. En cas de souci digestif, le fait de consommer les pelotes cĂŠcales d'un congĂ©nĂšre sain peut mĂȘme aider le sujet atteint Ă retrouver un Ă©tat plus Ă©quilibrĂ©[8] - [21].
Grùce à une dentition continue et à ce tube digestif adapté - (un cÊcum et un cÎlon particuliÚrement développés et favorables aux bactéries) - ils résistent à ce régime trÚs riche en fibres[22]. Toutefois, le trÚs long tube digestif reste fragile : l'équilibre de la flore microbienne est vital pour assimiler la cellulose. Pour préserver la flore intestinale nécessaire à cette faculté rare, le chinchilla doit garder un régime alimentaire pauvre en graisses, minéraux et sucres, trÚs riche en fibre et éviter tout changement brutal du régime alimentaire[8]. Il faut également un apport important de protéines végétales, indispensables à sa santé[23]. C'est sans doute une des raisons de la difficulté qu'a présentée la réintroduction de l'espÚce dans certaines zones. En l'état actuel des connaissances, on considÚre que seul son écosystÚme d'origine permet la survie du chinchilla à l'état sauvage[18].
Reproduction
Les chinchillas se reproduisent lentement comparativement aux autres rongeurs.
- La maturité sexuelle est atteinte vers 4 mois.
- La gestation est de 111 jours au moins.
- Les petits naissent déjà couverts de poils et les yeux ouverts.
- Il nây a en moyenne que deux portĂ©es par an comportant deux petits.
Un chinchilla peut vivre une dizaine dâannĂ©es dans la nature, jusquâĂ vingt ans en captivitĂ©.
Origine et histoire
Préhistoire
On retrouve des restes fossilisĂ©s en AmĂ©rique du Sud dans les couches de lâĂ©ocĂšne supĂ©rieur, du pliocĂšne et du plĂ©istocĂšne ce qui indique quâils ont vĂ©cu dans cette rĂ©gion depuis approximativement 50 000 000 dâannĂ©es[24].
Les scientifiques pensent que les chinchillas sont les descendants directs du Megamys. Un animal prĂ©historique semblable au chinchilla, mais plus gros, dont on a dĂ©couvert les restes en Argentine[2]. Les chinchillas sont toujours restĂ©s sur le mĂȘme territoire (la portion des Andes qui borde la cĂŽte ouest de lâAmĂ©rique du Sud) Ă cause des barriĂšres naturelles et des prĂ©dateurs[25].
Chasse traditionnelle
Les chinchillas sauvages Ă©taient Ă lâorigine largement rĂ©pandus dans les Andes centrales et les montagnes adjacentes. En 1864, on pouvait encore observer, dans les hautes Andes, des centaines de chinchillas peu farouches montant et descendant avec une rapiditĂ© Ă©tonnante les parois rocheuses escarpĂ©es (A.E. Brehm, 1864).
Concernant l'Ă©poque prĂ©colombienne, on peut affirmer que lâutilisation de la fourrure du chinchilla remonte bien avant lâEmpire Inca. On le chassait aussi pour sa viande et comme animal de compagnie. Les chinchas lâutilisaient pour faire des vĂȘtements et tissaient son poil pour rĂ©aliser des couvertures. Quand les chinchas furent vaincus par les Incas, ces derniers en rĂ©servĂšrent lâusage aux habits de cĂ©rĂ©monie royaux[25].
Les conquistadors espagnols découvrirent la douceur de cette fourrure et commencÚrent à exporter les peaux au XVIIIe siÚcle[9].
Chasse intensive
La fourrure extrĂȘmement douce et fournie du chinchilla, la plus dense des espĂšces terrestres : 20 000 poils par cmÂČ, est cause Ă la fois de sa cĂ©lĂ©britĂ© - câest lâune des plus chĂšres - et de la perte de l'animal car il a Ă©tĂ© presque exterminĂ© par une chasse intensive. La loutre de mer qui bat le record avec 170 000 poils par cmÂČ - a subi un sort similaire, Ă la mĂȘme Ă©poque et pour les mĂȘmes raisons[9].
La chasse intensive par les « chinchilleros » dĂ©buta en 1828 dans le nord du Chili, atteignant entre 1900 et 1909 environ 1,5 million dâanimaux par an, et dĂ©truisant leur habitat du mĂȘme coup, jusquâĂ ce que la ressource soit presque tarie vers 1917. Les peaux Ă©taient exportĂ©es en majoritĂ© vers les Ătats-Unis, lâAngleterre, la France et lâAllemagne[9].
DĂšs 1890, on prit conscience des risques dâextinction car le chinchilla se reproduit moins vite que dâautres rongeurs. En 1898, on rĂšglementa la chasse, avec peu de rĂ©sultats[9].
En 1900, le directeur du centre de recherche zoologique et botanique de Santiago, au Chili, demanda au gouvernement la protection des chinchillas, en vain car on les jugeait encore assez nombreux[25].
En 1910, un traitĂ© fut signĂ© par les principaux exportateurs interdisant la chasse et lâexportation des chinchillas, dont la seule consĂ©quence fut lâaugmentation du prix des fourrures[9]. En effet, vers 1913, mĂȘme en capturant un seul animal par mois, les chinchilleros gagnaient mieux leur vie que dans les mines[9]. En 1929, une peau pouvait atteindre 170 US$ et les nĂ©gociants en fourrure donnĂšrent mĂȘme des instructions pour obtenir des peaux « Ă nâimporte quel prix » (Allen, 1942).
Entre 1840 et 1916, plus de 21 millions de chinchillas furent tués (Gigoux, 1928).
En 1929, bien que la loi de protection ait Ă©tĂ© finalement dĂ©crĂ©tĂ©e, elle nâa Ă©tĂ© appliquĂ©e strictement quâĂ partir de 1983 avec la crĂ©ation dâune rĂ©serve nationale au Chili. La chasse du chinchilla lanigera se poursuivit jusque vers 1968, pour sa peau mais aussi pour le renouvellement gĂ©nĂ©tique des Ă©levages de chinchillas qui se multipliaient Ă lâĂ©poque, ce qui contribua paradoxalement Ă faire baisser encore la population sauvage (Burton, 1987)[9].
Perspectives de conservation des espĂšces
Le chinchilla est un cas typique de mise en pĂ©ril, puis de tentatives de prĂ©servation des populations sauvages alors quâil est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ trop tard.
Le , le chinchilla est inscrit en annexe I de la CITES, dite aussi « Convention de Washington»[26].
Il y est prĂ©cisĂ© : « Chinchilla spp. (Les spĂ©cimens de la forme domestiquĂ©e ne sont pas soumis aux dispositions de la Convention)». En consĂ©quence, pour les chinchillas sauvages seulement, « le commerce des spĂ©cimens de ces espĂšces doit ĂȘtre soumis Ă une rĂ©glementation particuliĂšrement stricte afin de ne pas mettre davantage leur survie en danger, et ne doit ĂȘtre autorisĂ© que dans des conditions exceptionnelles. »
Les espĂšces sauvages bĂ©nĂ©ficient dâun niveau de protection et dâune politique de conservation spĂ©cifiques. Le Chinchilla chinchilla et le Chinchilla lanigera sont reconnus comme Ă©tant "en danger critique" par lâUICN. Thornback et Jenkins reconnaissaient pourtant encore, en 1982, que "la chasse aux chinchillas continue" et que le chinchilla Ă queue courte dont la fourrure est plus recherchĂ©e est toujours traquĂ©[27].
MalgrĂ© son statut dâanimal protĂ©gĂ©, et la crĂ©ation de rĂ©serves naturelles, la population des chinchillas sauvages ne cesse de dĂ©croĂźtre. Sans doute Ă cause de lâaction conjuguĂ©e de la perturbation de leur habitat, des prĂ©dateurs et des maladies (JimĂ©nez, 1994).
LâĂ©levage conservatoire nâa jusquâĂ prĂ©sent pas donnĂ© de rĂ©sultats positifs. Les essais de rĂ©introduction au Chili de chinchillas dâĂ©levage (Mohlis, 1983) ainsi que les tentatives dâintroduction en Californie, Tadjikistan ou au Chili ont Ă©chouĂ© jusquâĂ prĂ©sent (JimĂ©nez, 2006).
Domestication
ĂlevĂ© avec succĂšs depuis 1923, le chinchilla domestique est largement rĂ©pandu, un peu partout dans le monde. Son Ă©levage est trĂšs technique, il peut se faire par des particuliers Ă condition de connaĂźtre les rĂšgles de l'art. Son statut de protection en tant quâanimal Ă fourrure diffĂšre toutefois selon les pays[28].
Le chinchilla domestique s'inscrit parmi les Nouveaux animaux de compagnie (NAC), mais il est déconseillé de confier un chinchilla a des enfants de moins de 12 ans. D'autre part, des allergies aux poils, trÚs légers et volatils, ont été signalées.
Substituts
La sauvegarde des chinchillas rĂ©side aussi dans la dĂ©couverte de produits de substitution comme la fourrure dâOrylag, qui provient d'un lapin dâĂ©levage (issu de sĂ©lections et de croisements trĂšs rigoureux) dont la fourrure rappelle celle du chinchilla[29].
Dommages collatéraux
La disparition des populations de chinchillas sauvages a un impact sur la survie de ses prédateurs, notamment le Chat des Andes (Oreailurus jacobita) dont c'était la principale source de nourriture et qui est à présent, lui aussi, en danger de disparition[30].
Le Chinchilla dans la culture
- Chinchilla, roman d'Elisabeth Hennebert, 2004 (prix Relay du Roman d'Ăvasion) ;
- Chinta, le bébé chinchilla (Chinta the Baby Chinchilla), un épisode de la premiÚre saison (2005-2006) de Go Diego !, une série télévisée d'animation américaine ;
- Patchouli chinchilla, chanson d'Eddy Marnay chantée par Régine, 1968 ;
- La dame au chinchilla, roman policier de Frank Arnau, Le Masque no 1029, Librairie des Champs-ĂlysĂ©es, 1968 ;
- Un manteau de chinchilla, téléfilm de Claude Othnin-Girard, 1983. Scénariste Dorothée Letessier ;
- El dĂa de la chinchilla, Ă©pisode 59 de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e La Famille Serrano ;
- etc.
Notes et références
- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 27 mars 2013
- (es)J. Grau, La chinchilla, su grianza en todos los climas, 3e Ă©dition. Ăditions El Ateneo, Buenos Aires. 1986.
- « Chinchilla », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le ].
- Informations lexicographiques et étymologiques de « chinchilla » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le ].
- Entrée « chinchilla » des Dictionnaires de français] [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le ].
- EntrĂ©e « Dictionnaire » du Dictionnaire bilingue français â espagnol [en ligne], sur le site des Ă©ditions Larousse [consultĂ© le 5 septembre 2017].
- Chinchilla dans l'EncyclopÊdia Universalis, consulté en mars 2011.
- (en) A.E. Spotorno, C.A. Zuleta, J.P. Valladares, A.L. Deane et J.E. JimĂ©nez, âChinchilla lanigerâ. PubliĂ© par lâAmerican Society of Mammologists dans âMammalian Speciesâ no 758, p. 1-9, 3 ill., 15 dĂ©cembre 2004. Lire le document PDF
- (en) Jaime E. JimĂ©nez, The extirpation and current status of wild Chinchillas, Departement of Wildlife Ăcology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Florida USA. 1995. Lire le document pdf
- Wilfred H. Osgood, The Technical Name of the Chinchilla, Journal of Mammalogy, Vol. 22, No. 4 (Nov., 1941), p. 407-411 Lire un extrait
- (fr) RĂ©fĂ©rence Catalogue of Life : Chinchilla , (en) RĂ©fĂ©rence Mammal Species of the World (3e Ă©d., 2005) : Chinchilla , (fr+en) RĂ©fĂ©rence ITIS : Chinchilla Bennett, 1829 , (en) RĂ©fĂ©rence Animal Diversity Web : Chinchilla, (fr+en) RĂ©fĂ©rence CITES : genre Chinchilla (sur le site de lâUNEP-WCMC)
- Pr Thierry Roger, Les bases de la taxonomie des animaux de laboratoire, Ăcole Nationale VĂ©tĂ©rinaire de Lyon Lire le document en ligne
- La rĂ©glementation française par exemple adopte la dĂ©nomination Chinchilla laniger Ă Chinchilla brevicaudata du chinchilla domestique, qui indique quâil est issu de lâhybridation des deux espĂšces sauvages : voir la liste des animaux domestiques selon la lĂ©gislation française.
- Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 27 mars 2013
- Catalogue of Life Checklist, consulté le 27 novembre 2021
- (en) Jaime E. JimĂ©nez, Conservation of the last wild chinchilla (Chinchilla lanigera) archipelagro : a metapopulation approach lire le document PDF, Departement of Wildlife Ecology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Florida USA. Article dans âVida Silvestre neotropicalâ 1995.
- A.E. Brehm, 1864
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- (es) Chinchilla sur cueronet.com, site de lâindustrie du cuir.
- (en) Scott Barnes, History of the Chinchilla, août 2002. Sur le site mutation chinchillas
- Annexe I de CITES
- Trade Chinchilla, Endangered species handbook, 1983.(en) Site
- Références sur le sous-article de Wikipédia dédié au chinchilla domestique
- Fourrure orylag et Rex du Poitou : deux valorisations issues dâune mĂȘme recherche sur le site de l'INRA
- (es) Charif Tala et all., Especies Amenazadas de Chile:ProtejĂĄmoslas y evitemos su extinciĂłn, CONAMA, , 42 p. (ISBN 978-956-7204-29-8, lire en ligne), Gato andino
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Maike Röder-Thiede, Chinchillas. Collection Animaux, Petits Pratiques, Ed. Hachette, 2000.
- Jack C.Harris, Introduction aux chinchillas, T.F.H. Publications, édition française, 1993.
Taxinomie
- (en) Référence Animal Diversity Web : Chinchilla/pictures (consulté le )
- (en) Référence BioLib : Chinchilla Bennett, 1829
- (en) Référence Catalogue of Life : Chinchilla Bennett, 1829 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Chinchilla Bennett, 1829 (consulté le )
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Chinchilla Bennett, 1829 (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (fr+en) RĂ©fĂ©rence CITES : genre Chinchilla (sur le site de lâUNEP-WCMC)
Autres sites
- (en) Jaime E. Jiménez, The extirpation and current status of wild Chinchillas, Departement of Wildlife Ecology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Floride USA. 1995. Lire le document pdf
- (en) www.wildchinchillas.org site de lâassociation Ă but non lucratif Save the Wild Chinchillas.