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Chinchilla

Chinchilla est un genre de mammifĂšres rongeurs de la famille des Chinchillidae, communĂ©ment appelĂ©s Ă©galement Chinchillas. Ce genre comprend deux espĂšces sauvages et une forme domestiquĂ©e, issue trĂšs probablement du croisement en Ă©levage des deux premiĂšres. Les Chinchillas sont des animaux nocturnes, de la taille d’un lapin nain. Proches des Viscaches, ils sont, comme ces derniĂšres, originaires de la cordillĂšre des Andes, en AmĂ©rique du Sud. Les populations sauvages sont des espĂšces en pĂ©ril. Elles ont Ă©tĂ© chassĂ©es pour leur fourrure particuliĂšrement recherchĂ©e au XIXe siĂšcle et ont Ă©tĂ© progressivement adaptĂ©es Ă  la captivitĂ© pour donner le Chinchilla domestique. Celui-ci est principalement Ă©levĂ© pour sa fourrure, mais c'est aussi l'un des nouveaux animaux de compagnie.

Bien que trĂšs proches d'aspect et de mƓurs, on distingue plusieurs espĂšces du genre Chinchilla ainsi que des variĂ©tĂ©s domestiques. Les seules espĂšces sauvages actuellement connues sont des animaux d’AmĂ©rique du Sud devenus trĂšs rares. Toutes deux sont des espĂšces protĂ©gĂ©es :

Le Chinchilla d'Ă©levage ou Chinchilla domestique est un hybride qui rĂ©sulte du croisement progressif des deux espĂšces sauvages au sein d’élevages[2]. Il est toutefois beaucoup plus proche du Chinchilla lanigera que du trĂšs rare Chinchilla chinchilla. C'est un animal adaptĂ© Ă  la captivitĂ© et connu du grand public sous le nom vernaculaire de « Chinchilla ». L’objectif des premiers Ă©levages Ă©tait la production de fourrure. Le Chinchilla domestique est Ă©galement employĂ© comme animal de laboratoire et on le rencontre de nos jours couramment comme animal de compagnie. Des coloris variĂ©s ont Ă©tĂ© rapidement obtenus par les Ă©leveurs.

Chinchilla

Chinchilla chinchilla/brevicaudata  massif et queue courte comparé au Chinchilla lanigera, plus mince et à la queue plus longue
Croquis comparatif des deux espĂšces de chinchillas sauvages (Ch. brevicaudata = Ch. chinchilla).

Nomenclature et systématique

Le mot « Chinchilla »

Le substantif masculin[3] - [4] - [5] « chinchilla » est un emprunt[3] - [4] Ă  l'espagnol chinchilla[5], substantif fĂ©minin[6] lui-mĂȘme empruntĂ©[3] - [4] Ă  l'aymara[5]. Le mot chinchilla vient soit d’une tribu autochtone des Andes, les Chinchas qui vivaient dans la rĂ©gion cĂŽtiĂšre autour de l'actuelle ville de Lima, avant les Incas, Chinchilla voulant dire littĂ©ralement « petit chincha »; soit de chinche « animal puant » en espagnol[7], sans doute en rĂ©fĂ©rence Ă  la forte odeur qu'il dĂ©gage lorsqu'il est effrayĂ©.

Chinchilla pourrait aussi venir du quechua : « chin » qui signifie silencieux et « sinchi » qui veut dire fort et courageux[2], auxquels on ajoute le diminutif quechua « lla ». Ce qui assemblé signifie « fort et silencieux petit » (Aleandri, 1998)[8].

Ce mot diffĂšre peu d'une langue Ă  l'autre, par exemple on le nomme, Ă  travers le monde :

  • Chinchilla : (da)(de)(en)(es)(fi)(gd)(fr)(id)(nl),
  • Chinchila : (pt),
  • Chinchilo : (io),
  • Ĉinĉilo : (eo),
  • Ć inĆĄila :(lt),
  • Činčila : (sl)(cz),
  • Szynszyla : (pl), etc.

Par contre dans d'autres langues le mot a peu de ressemblance :

  • 韙猫 Longmao) : (zh) (littĂ©ralement "dragon-chat" en chinois),
  • etc.

Le genre Chinchilla

Le genre a été décrit pour la premiÚre fois en 1829 par le zoologiste britannique Edward Turner Bennett (1797-1836).

La taxinomie des chinchillas est encore discutĂ©e. La disparition peut-ĂȘtre totale d’une ou plusieurs espĂšces sauvages ne permettra sans doute jamais de rĂ©soudre ce problĂšme[9].

Le nom de genre « Chinchilla Bennett, 1829 », bien que longtemps contestĂ©[10], est au dĂ©but du XXIe siĂšcle le nom scientifique le plus couramment admis[11]. Il a cependant de nombreux synonymes : Mus Linnaeus, 1758 (Molina, 1782), Lemmus Link, 1795 (Tiedemann, 1808), Cricetus Leske, 1779 (E.Geoffroy St.-Hilaire, 1803); Eriomys Lichtenstein, 1830; Callomys d’orbigny et I. Geoffroy St.-Hilaire, 1830; Aulacodus Temminck, 1827 (Kaup, 1832); Lagostomus Brookes, 1828 (Cuvier, 1830)[8].

Taxons inférieurs

La classification la plus souvent retenue par les classifications classiques et les chercheurs au début du XIXe siÚcle est un genre Chinchilla Bennett, 1829 incluant deux espÚces sauvages : Chinchilla chinchilla (Lichtenstein, 1829) (syn. Chinchilla brevicaudata, Waterhouse, 1848) et Chinchilla lanigera Bennett, 1829 (syn. C. lanigera Molina, 1782)[9] - [11].

L'existence de plusieurs espÚces ou sous-espÚces du genre est trÚs discutée depuis le XIXe siÚcle :
Certains auteurs ne reconnaissent qu’une espùce (Albert, 1901; Sage, 1913; Bowman, 1924; Bidlingmaier, 1937)[9]. D'autres auteurs reconnaissent une ou plusieurs sous-espùces de l'espùce Chinchilla lanigera (Walker, 1968; Pine et al., 1979) ou bien de l'espùce Chinchilla chinchilla: (Osgood, 1943; Man, 1978)[8] - [9].

Quant au Chinchilla domestique, les scientifiques le considĂšrent plus souvent comme un hybride (avec une forte dominante lanigera), rĂ©sultant du croisement en captivitĂ© entre Chinchilla lanigera et Chinchilla chinchilla[2]. Dans les laboratoires, cependant, on dĂ©signe ces animaux comme « chinchilla laniger », sans faire de distinction entre l'espĂšce sauvage et les descendants d’élevage[12].

Cette distinction entre chinchilla domestique et espĂšces sauvages est essentielle dans le cadre des rĂ©glementations internationales, car celles-ci diffĂšrent selon qu’il s’agit de spĂ©cimens d’élevage ou d’individus sauvages protĂ©gĂ©s[13].

Liste des espĂšces

Selon ITIS (27 mars 2013)[1] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (27 mars 2013)[14] :

Liste des sous-espĂšces

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (27 mars 2013)[14] et Catalogue of Life (27 novembre 2021)[15] :

Caractéristiques communes des Chinchillas

Les chinchillas sauvages ont presque tous disparu. De rares tĂ©moignages[16] - [17] permettent toutefois d’avoir une idĂ©e de leur description et de leur comportement. Les chinchillas domestiques ont hĂ©ritĂ© les caractĂ©ristiques de leurs ancĂȘtres.

Ces rongeurs de la taille d’un petit lapin[16] sont parfaitement adaptĂ©s Ă  leur mode de vie dans un habitat hostile.

Croquis de montagne avec étagement de la végétation. Vers le bas C. Lanigera dans les rochers broussailleux, beaucoup plus haut C. brevicaudata, juste sous les neiges éternelles
L’habitat des chinchillas sauvages dans les Andes selon les espùces.

Animaux sociaux

Leur habitat est la cordillĂšre des Andes, jusqu’à plus de 4 500 m d’altitude selon l'espĂšce, dans les zones de rochers dĂ©sertiques (Jimenez, 2007). Ils y nichaient autrefois en colonies familiales de plusieurs centaines d’individus, mais leur rarĂ©faction tend Ă  rĂ©duire de plus en plus la taille des derniĂšres colonies de Chinchilla lanigera connues[16]. Les femelles sont plus grosses que les mĂąles et dominantes. Les avis sont partagĂ©s sur leur monogamie Ă©ventuelle[18].

Pour communiquer ils Ă©mettent une variĂ©tĂ© de sons et de petits cris[19], des grincements de dents et peuvent Ă©mettre des jets d’urine. Les conflits sont rares si leur habitat est assez vaste.

Animaux vulnérables

Dessous des pattes avec d'Ă©pais coussinets plantaires
Surface plantaire d'un chinchilla domestique

En tant que petits herbivores, les chinchillas sont des proies typiques. Leurs petites incisives de couleur orange et leurs membres aux doigts en partie atrophiés (antérieurs : 4 doigts plus un doigt atrophié, postérieurs : 3 doigts plus un doigt atrophié) et munis de trÚs courtes griffes ne suffisent pas à les protéger.

Le chinchilla domestique prend la fuite en courant et en bondissant comme ses ancĂȘtres sauvages.

Leur salut est dans la fuite : les membres postĂ©rieurs, plus dĂ©veloppĂ©s que les antĂ©rieurs et aux coussinets antidĂ©rapants, ainsi qu’une queue Ă©paisse et touffue, leur permettent de se tenir debout pour observer au loin, de sauter, bondir Ă  la maniĂšre des kangourous et grimper sur les parois rocheuses pour fuir Ă  grande vitesse Ă  la moindre alerte (A.E. Brehm, 1864). La fourrure se dĂ©tache en touffes de poils et la queue se casse facilement (autotomie) pour Ă©chapper aux rares prĂ©dateurs naturels (rapaces, renards, martres).

Une tĂȘte de chinchilla de profil en gros plan
TĂȘte de chinchilla domestique standard adulte. Notez le dĂ©veloppement adaptĂ© Ă  la vie nocturne des vibrisses, des yeux et des oreilles.

Animaux nocturnes, la plupart des chinchillas ont de gros yeux noirs ou rouges qu'on appelle communĂ©ment des yeux rubis. Ils ont aussi de grandes oreilles avec des bulles tympaniques au dĂ©veloppement important[20] et de longues vibrisses leur permettant de se repĂ©rer dans l’obscuritĂ© parmi les rochers.

Fourrure

Ils ont une fourrure particuliĂšrement dense qui limite l’évaporation dans ces rĂ©gions oĂč la tempĂ©rature varie beaucoup entre le jour et la nuit. Lorsqu’un follicule chez l’homme porte un poil, un follicule chez le chinchilla en porte plus d'une soixantaine (Meadow, 1969).

Des hautes montagnes pelées vues d'avion avec des neiges éternelles
L’habitat naturel des chinchillas : La cordillùre des Andes, ici entre Chili et Argentine

C’est la fourrure la plus dense des espĂšces terrestres : 20 000 poils par cmÂČ. Chaque follicule se compose d'un poil de garde, plus long et assurant un rĂŽle de maintien. Il est entourĂ© d'une soixantaine de 'poils de bourre', plus fins et apportant une isolation thermique exceptionnelle. L'extrĂȘme finesse de ces poils de bourre donne Ă  la fourrure un toucher soyeux et une texture trĂšs dĂ©licate. Dans ces territoires arides, ils nichent dans les anfractuositĂ©s, entre les Ă©pineux, et entretiennent leur fourrure par des bains de poussiĂšre volcanique[18].

Alimentation

Ils trouvent un apport d’eau dans la rosĂ©e et leur alimentation variĂ©e qu’ils saisissent avec leurs membres antĂ©rieurs prĂ©hensiles. Celle-ci est essentiellement vĂ©gĂ©tarienne. Dans leur habitat naturel les chinchillas goĂ»tent Ă  tout vĂ©gĂ©tal susceptible d’ĂȘtre comestible (feuilles, Ă©corces et fruits d'arbrisseaux ou de buissons Ă©pineux, herbes sĂšches, cactĂ©es, etc.) mais ils peuvent aussi Ă  l’occasion consommer des insectes, dans le but de survivre aux pĂ©riodes de disettes. Ainsi ils s’adaptent aux saisons et aux pĂ©riodes de sĂ©cheresse.

Cette diversité reste limitée, étant donné la rigueur du climat. En effet, la quasi-totalité des plantes à leur disposition sont typiques de cette région trÚs montagneuse et semi-désertique. La majeure partie du régime alimentaire du chinchilla sauvage se compose donc de végétaux secs et de cactées, qui constituent un apport majeur en fibres et en cellulose, éléments indispensables également au chinchilla domestique[8]. Un chinchilla domestique au régime alimentaire strict et adapté peut vivre vingt années et se reproduire jusqu'à 15 ans, contre 6 années d'espérance de vie environ pour les chinchillas sauvages[8].

Le systÚme digestif du chinchilla est trÚs proche de celui des animaux des zones désertiques arides, en particulier son systÚme urinaire. Il possÚde un appareil digestif de plus trois mÚtres, ce qui lui permet de trÚs bien traiter les fibres et digérer la cellulose.
Le chinchilla est cĂŠcotrophe, il remĂąche ses pelotes cĂŠcales pour mieux les digĂ©rer, mais c'est aussi un coprophage conditionnel. Ce comportement occasionnel permet de rĂ©Ă©quilibrer la flore intestinale. En cas de souci digestif, le fait de consommer les pelotes cĂŠcales d'un congĂ©nĂšre sain peut mĂȘme aider le sujet atteint Ă  retrouver un Ă©tat plus Ă©quilibrĂ©[8] - [21].

Grùce à une dentition continue et à ce tube digestif adapté - (un cÊcum et un cÎlon particuliÚrement développés et favorables aux bactéries) - ils résistent à ce régime trÚs riche en fibres[22]. Toutefois, le trÚs long tube digestif reste fragile : l'équilibre de la flore microbienne est vital pour assimiler la cellulose. Pour préserver la flore intestinale nécessaire à cette faculté rare, le chinchilla doit garder un régime alimentaire pauvre en graisses, minéraux et sucres, trÚs riche en fibre et éviter tout changement brutal du régime alimentaire[8]. Il faut également un apport important de protéines végétales, indispensables à sa santé[23]. C'est sans doute une des raisons de la difficulté qu'a présentée la réintroduction de l'espÚce dans certaines zones. En l'état actuel des connaissances, on considÚre que seul son écosystÚme d'origine permet la survie du chinchilla à l'état sauvage[18].

Reproduction

Les chinchillas se reproduisent lentement comparativement aux autres rongeurs.

  • La maturitĂ© sexuelle est atteinte vers 4 mois.
  • La gestation est de 111 jours au moins.
  • Les petits naissent dĂ©jĂ  couverts de poils et les yeux ouverts.
  • Il n’y a en moyenne que deux portĂ©es par an comportant deux petits.

Un chinchilla peut vivre une dizaine d’annĂ©es dans la nature, jusqu’à vingt ans en captivitĂ©.

Origine et histoire

Préhistoire

On retrouve des restes fossilisĂ©s en AmĂ©rique du Sud dans les couches de l’éocĂšne supĂ©rieur, du pliocĂšne et du plĂ©istocĂšne ce qui indique qu’ils ont vĂ©cu dans cette rĂ©gion depuis approximativement 50 000 000 d’annĂ©es[24].

Les scientifiques pensent que les chinchillas sont les descendants directs du Megamys. Un animal prĂ©historique semblable au chinchilla, mais plus gros, dont on a dĂ©couvert les restes en Argentine[2]. Les chinchillas sont toujours restĂ©s sur le mĂȘme territoire (la portion des Andes qui borde la cĂŽte ouest de l’AmĂ©rique du Sud) Ă  cause des barriĂšres naturelles et des prĂ©dateurs[25].

Chasse traditionnelle

Les chinchillas sauvages Ă©taient Ă  l’origine largement rĂ©pandus dans les Andes centrales et les montagnes adjacentes. En 1864, on pouvait encore observer, dans les hautes Andes, des centaines de chinchillas peu farouches montant et descendant avec une rapiditĂ© Ă©tonnante les parois rocheuses escarpĂ©es (A.E. Brehm, 1864).

Concernant l'Ă©poque prĂ©colombienne, on peut affirmer que l’utilisation de la fourrure du chinchilla remonte bien avant l’Empire Inca. On le chassait aussi pour sa viande et comme animal de compagnie. Les chinchas l’utilisaient pour faire des vĂȘtements et tissaient son poil pour rĂ©aliser des couvertures. Quand les chinchas furent vaincus par les Incas, ces derniers en rĂ©servĂšrent l’usage aux habits de cĂ©rĂ©monie royaux[25].

Les conquistadors espagnols découvrirent la douceur de cette fourrure et commencÚrent à exporter les peaux au XVIIIe siÚcle[9].

Chasse intensive

PĂ©lerine en chinchilla, 1899

La fourrure extrĂȘmement douce et fournie du chinchilla, la plus dense des espĂšces terrestres : 20 000 poils par cmÂČ, est cause Ă  la fois de sa cĂ©lĂ©britĂ© - c’est l’une des plus chĂšres - et de la perte de l'animal car il a Ă©tĂ© presque exterminĂ© par une chasse intensive. La loutre de mer qui bat le record avec 170 000 poils par cmÂČ - a subi un sort similaire, Ă  la mĂȘme Ă©poque et pour les mĂȘmes raisons[9].

La chasse intensive par les « chinchilleros » dĂ©buta en 1828 dans le nord du Chili, atteignant entre 1900 et 1909 environ 1,5 million d’animaux par an, et dĂ©truisant leur habitat du mĂȘme coup, jusqu’à ce que la ressource soit presque tarie vers 1917. Les peaux Ă©taient exportĂ©es en majoritĂ© vers les États-Unis, l’Angleterre, la France et l’Allemagne[9].

DĂšs 1890, on prit conscience des risques d’extinction car le chinchilla se reproduit moins vite que d’autres rongeurs. En 1898, on rĂšglementa la chasse, avec peu de rĂ©sultats[9].

En 1900, le directeur du centre de recherche zoologique et botanique de Santiago, au Chili, demanda au gouvernement la protection des chinchillas, en vain car on les jugeait encore assez nombreux[25].

En 1910, un traitĂ© fut signĂ© par les principaux exportateurs interdisant la chasse et l’exportation des chinchillas, dont la seule consĂ©quence fut l’augmentation du prix des fourrures[9]. En effet, vers 1913, mĂȘme en capturant un seul animal par mois, les chinchilleros gagnaient mieux leur vie que dans les mines[9]. En 1929, une peau pouvait atteindre 170 US$ et les nĂ©gociants en fourrure donnĂšrent mĂȘme des instructions pour obtenir des peaux « Ă  n’importe quel prix » (Allen, 1942).

Entre 1840 et 1916, plus de 21 millions de chinchillas furent tués (Gigoux, 1928).

En 1929, bien que la loi de protection ait Ă©tĂ© finalement dĂ©crĂ©tĂ©e, elle n’a Ă©tĂ© appliquĂ©e strictement qu’à partir de 1983 avec la crĂ©ation d’une rĂ©serve nationale au Chili. La chasse du chinchilla lanigera se poursuivit jusque vers 1968, pour sa peau mais aussi pour le renouvellement gĂ©nĂ©tique des Ă©levages de chinchillas qui se multipliaient Ă  l’époque, ce qui contribua paradoxalement Ă  faire baisser encore la population sauvage (Burton, 1987)[9].

Perspectives de conservation des espĂšces

Carte d'Amérique du Sud avec deux bandes sur la cÎte ouest, successives mais juxtaposées au centre, et deux points rouges dans la bande inférieurs correspondant aux colonies de chinchillas lanigera restantes
Ancienne distribution du Chinchilla brevicaudata et du Chinchilla lanigera en AmĂ©rique du Sud et colonies actuelles connues (d’aprĂšs JimĂ©nez, 1995)

Le chinchilla est un cas typique de mise en pĂ©ril, puis de tentatives de prĂ©servation des populations sauvages alors qu’il est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  trop tard.

Le , le chinchilla est inscrit en annexe I de la CITES, dite aussi « Convention de Washington»[26].

Il y est prĂ©cisĂ© : « Chinchilla spp. (Les spĂ©cimens de la forme domestiquĂ©e ne sont pas soumis aux dispositions de la Convention)». En consĂ©quence, pour les chinchillas sauvages seulement, « le commerce des spĂ©cimens de ces espĂšces doit ĂȘtre soumis Ă  une rĂ©glementation particuliĂšrement stricte afin de ne pas mettre davantage leur survie en danger, et ne doit ĂȘtre autorisĂ© que dans des conditions exceptionnelles. »

Les espĂšces sauvages bĂ©nĂ©ficient d’un niveau de protection et d’une politique de conservation spĂ©cifiques. Le Chinchilla chinchilla et le Chinchilla lanigera sont reconnus comme Ă©tant "en danger critique" par l’UICN. Thornback et Jenkins reconnaissaient pourtant encore, en 1982, que "la chasse aux chinchillas continue" et que le chinchilla Ă  queue courte dont la fourrure est plus recherchĂ©e est toujours traquĂ©[27].

MalgrĂ© son statut d’animal protĂ©gĂ©, et la crĂ©ation de rĂ©serves naturelles, la population des chinchillas sauvages ne cesse de dĂ©croĂźtre. Sans doute Ă  cause de l’action conjuguĂ©e de la perturbation de leur habitat, des prĂ©dateurs et des maladies (JimĂ©nez, 1994).

L’élevage conservatoire n’a jusqu’à prĂ©sent pas donnĂ© de rĂ©sultats positifs. Les essais de rĂ©introduction au Chili de chinchillas d’élevage (Mohlis, 1983) ainsi que les tentatives d’introduction en Californie, Tadjikistan ou au Chili ont Ă©chouĂ© jusqu’à prĂ©sent (JimĂ©nez, 2006).

Domestication

ÉlevĂ© avec succĂšs depuis 1923, le chinchilla domestique est largement rĂ©pandu, un peu partout dans le monde. Son Ă©levage est trĂšs technique, il peut se faire par des particuliers Ă  condition de connaĂźtre les rĂšgles de l'art. Son statut de protection en tant qu’animal Ă  fourrure diffĂšre toutefois selon les pays[28].

Le chinchilla domestique s'inscrit parmi les Nouveaux animaux de compagnie (NAC), mais il est déconseillé de confier un chinchilla a des enfants de moins de 12 ans. D'autre part, des allergies aux poils, trÚs légers et volatils, ont été signalées.

Substituts

La sauvegarde des chinchillas rĂ©side aussi dans la dĂ©couverte de produits de substitution comme la fourrure d’Orylag, qui provient d'un lapin d’élevage (issu de sĂ©lections et de croisements trĂšs rigoureux) dont la fourrure rappelle celle du chinchilla[29].

Dommages collatéraux

La disparition des populations de chinchillas sauvages a un impact sur la survie de ses prédateurs, notamment le Chat des Andes (Oreailurus jacobita) dont c'était la principale source de nourriture et qui est à présent, lui aussi, en danger de disparition[30].

Le Chinchilla dans la culture

Symbolique

En France, on célÚbre les noces de chinchilla à l'occasion des 67 ans de mariage.

Notes et références

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 27 mars 2013
  2. (es)J. Grau, La chinchilla, su grianza en todos los climas, 3e Ă©dition. Éditions El Ateneo, Buenos Aires. 1986.
  3. « Chinchilla », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le ].
  4. Informations lexicographiques et étymologiques de « chinchilla » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le ].
  5. Entrée « chinchilla » des Dictionnaires de français] [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le ].
  6. EntrĂ©e « Dictionnaire » du Dictionnaire bilingue français – espagnol [en ligne], sur le site des Ă©ditions Larousse [consultĂ© le 5 septembre 2017].
  7. Chinchilla dans l'EncyclopÊdia Universalis, consulté en mars 2011.
  8. (en) A.E. Spotorno, C.A. Zuleta, J.P. Valladares, A.L. Deane et J.E. JimĂ©nez, “Chinchilla laniger”. PubliĂ© par l’American Society of Mammologists dans “Mammalian Species” no 758, p. 1-9, 3 ill., 15 dĂ©cembre 2004. Lire le document PDF
  9. (en) Jaime E. JimĂ©nez, The extirpation and current status of wild Chinchillas, Departement of Wildlife Écology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Florida USA. 1995. Lire le document pdf
  10. Wilfred H. Osgood, The Technical Name of the Chinchilla, Journal of Mammalogy, Vol. 22, No. 4 (Nov., 1941), p. 407-411 Lire un extrait
  11. (fr) RĂ©fĂ©rence Catalogue of Life : Chinchilla , (en) RĂ©fĂ©rence Mammal Species of the World (3e Ă©d., 2005) : Chinchilla , (fr+en) RĂ©fĂ©rence ITIS : Chinchilla Bennett, 1829 , (en) RĂ©fĂ©rence Animal Diversity Web : Chinchilla, (fr+en) RĂ©fĂ©rence CITES : genre Chinchilla (sur le site de l’UNEP-WCMC)
  12. Pr Thierry Roger, Les bases de la taxonomie des animaux de laboratoire, École Nationale VĂ©tĂ©rinaire de Lyon Lire le document en ligne
  13. La rĂ©glementation française par exemple adopte la dĂ©nomination Chinchilla laniger × Chinchilla brevicaudata du chinchilla domestique, qui indique qu’il est issu de l’hybridation des deux espĂšces sauvages : voir la liste des animaux domestiques selon la lĂ©gislation française.
  14. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 27 mars 2013
  15. Catalogue of Life Checklist, consulté le 27 novembre 2021
  16. (en) Jaime E. JimĂ©nez, Conservation of the last wild chinchilla (Chinchilla lanigera) archipelagro : a metapopulation approach lire le document PDF, Departement of Wildlife Ecology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Florida USA. Article dans “Vida Silvestre neotropical” 1995.
  17. A.E. Brehm, 1864
  18. Maike Röder-Thiede, Chinchillas. Collection Animaux, Petits Pratiques, Ed. Hachette, 2000.
  19. (en) Cris de chinchillas domestiques, descriptions et enregistrement
  20. (en) Référence Brainmuseum : Chinchilla lanigera
  21. (en) Fiona Michelle Herron B. Agr. Sc. (Hons I), A study of digesta passage in rabbits and ringtail possums using markers and models. Publication University of Sydney. Septembre 2002. Lire le document pdf
  22. Les chinchillas, site de la Clinique vétérinaire Brasseur
  23. (en) Chinchilla - nutrition food and diet, sur le site Chinchilla chronicles, consulté en mai 2013
  24. (es) Chinchilla sur cueronet.com, site de l’industrie du cuir.
  25. (en) Scott Barnes, History of the Chinchilla, août 2002. Sur le site mutation chinchillas
  26. Annexe I de CITES
  27. Trade Chinchilla, Endangered species handbook, 1983.(en) Site
  28. Références sur le sous-article de Wikipédia dédié au chinchilla domestique
  29. Fourrure orylag et Rex du Poitou : deux valorisations issues d’une mĂȘme recherche sur le site de l'INRA
  30. (es) Charif Tala et all., Especies Amenazadas de Chile:ProtejĂĄmoslas y evitemos su extinciĂłn, CONAMA, , 42 p. (ISBN 978-956-7204-29-8, lire en ligne), Gato andino

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Maike Röder-Thiede, Chinchillas. Collection Animaux, Petits Pratiques, Ed. Hachette, 2000.
  • Jack C.Harris, Introduction aux chinchillas, T.F.H. Publications, Ă©dition française, 1993.

Liens externes

Taxinomie

Autres sites

  • (en) Jaime E. JimĂ©nez, The extirpation and current status of wild Chinchillas, Departement of Wildlife Ecology and Conservation, University of Florida, Gainesville, Floride USA. 1995. Lire le document pdf
  • (en) www.wildchinchillas.org site de l’association Ă  but non lucratif Save the Wild Chinchillas.
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