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Genre grammatical

En linguistique, le genre grammatical est une caractĂ©ristique intrinsĂšque des noms qui influe sur la forme de certains Ă©lĂ©ments satellites[1]. En tant que catĂ©gorie linguistique, il manifeste une classification des mots en tant qu’objets structurant la langue elle-mĂȘme, par opposition Ă  ce Ă  quoi ces mots rĂ©fĂšrent[2]. Elle fournit une distinction supplĂ©mentaire Ă  celle du nombre grammatical, et en un sens se prĂ©sente en rival au sein des langues indo-europĂ©ennes Ă  la classe nominale[3].

En effet, dans ces langues il divise les noms en un ensemble clos de catĂ©gories. Sur un plan synchronique, les grammaires retiennent gĂ©nĂ©ralement un sous-ensemble de valeurs parmi les couples complĂ©mentaires commun et neutre, fĂ©minin et masculin, animĂ© et inanimĂ©, humain et non-humain, non-personnel et personnel[2] - [4]. Des superpositions se constatent en particulier entre les trois derniĂšres paires, tandis qu’un mixe s’opĂšre souvent entre les deux premiĂšres. Ces dyades ne correspondent donc pas nĂ©cessairement aux sĂ©lections opĂ©rĂ©es dans les grammaires scolaires, d’autant qu’elles ne procĂšdent pas d’une analyse diachronique.

Selon les langues, le genre grammatical peut se distinguer du genre lexical, appelĂ© aussi classe sĂ©mantique. En tous les cas, lorsque le genre grammatical existe, il s’agit d’un attribut des mots, qui se distingue nettement du sexe des rĂ©fĂ©rĂ©s dĂ©signĂ©s par ces mots, y compris lorsqu’ils indiquent un rĂ©fĂ©rent vivant sexuĂ©.

Par exemple en français, si les mots dĂ©signant des ĂȘtres humains demandent gĂ©nĂ©ralement d’adapter le genre au sexe supposĂ© des rĂ©fĂ©rĂ©s, lorsqu’il dĂ©signe d’autres ĂȘtres vivants, le genre est en gĂ©nĂ©ral invariant au sexe du rĂ©fĂ©rĂ©, mais dans les deux cas des exceptions existent[5]. En allemand, das MĂ€dchen: la fille, a un genre grammatical neutre, un genre lexical fĂ©minin[1], et le sexe des personnes rĂ©fĂ©rĂ©es par le mot est Ă©videmment indĂ©pendant du mot et, selon les contextes d’emploi, coĂŻncide ou non Ă  la correspondance usuelle entre fĂ©minin et femelle.

Aussi, mĂȘme dans les langues oĂč le genre grammatical est globalement absent, le genre lexical peut se manifester. Par exemple en anglais, les catĂ©gories d'inanimĂ©s les plus frĂ©quemment lexicalisĂ©es au fĂ©minin dĂ©signent des moyens de locomotion, des machines, et des noms de pays. Des linguistes comme Benjamin Lee Whorf nomment ce type de phĂ©nomĂšne catĂ©gorie grammaticale latente ou cryptotype[2].

Selon une étude de Florencia Franceschina, sur un échantillon de 174 langues, environ un quart d'entre elles possédaient un genre ou une autre forme de classification nominale[4].

Histoire

Parmi les traces Ă©crites les plus anciennes sur le sujet, Aristote§ 6_6-0">[6] peut ĂȘtre citĂ© comme tĂ©moin crĂ©ditant lui-mĂȘme Protagoras comme premiĂšre personne ayant identifiĂ© le genre grammatical comme catĂ©gorie et Ă  avoir classĂ© les noms en masculins (ጄρρΔΜα), fĂ©minins (ΞΟλΔα) et objets inanimĂ©s (σÎșΔύη) selon que le rĂ©fĂ©rent possĂšde ou non un certain sexe[7] - § 2.1_8-0">[8] - [9].

La TĂ©chnē grammatikᾗ, un bref traitĂ© didactique de grammaire grecque que la tradition manuscrite attribue Ă  Denys le Thrace (c. – c. ), disciple d'Aristarque de Samothrace (c. – c. ), contient l'exposĂ© devenu classique :

« Il y a trois genres : le masculin (ጀρσΔΜÎčÎșόΜ), le fĂ©minin (ΞηλυÎșόΜ) et le neutre (ÎżáœÎŽÎ­Ï„Î”ÏÎżÎœ). Certains en ajoutent deux autres : le commun (ÎșÎżÎčΜόΜ) et l'Ă©picĂšne (áŒÏ€ÎŻÎșÎżÎčÎœÎżÎœ). »

L’étymologie indique que neutre dĂ©rive du latin neuter, lui-mĂȘme combinant ne et uter, soit approximativement ni l'un ni l'autre, aucune des deux valeurs d’une ambivalence prĂ©Ă©tablie, soit pour la grammaire ni le masculin, ni le fĂ©minin[10] - [2]. DĂšs cette Ă©poque donc, se trouve dans les analyses grammaticales les plus notables un primat donnĂ© au fĂ©minin et masculin, auquel s’adjoint le neutre pour former une tryade essentielle. Hors de celles-ci les valeurs distinctes se voient attribuer une exposition sous forme de reliquat.

Les Ă©tudes philologiques plus rĂ©centes dĂ©peignent pour leur part une chronologie bien plus ancienne, en s’appuyant notamment sur de la linguistique comparĂ©e. Elles dressent donc par ce biais l’hypothĂšse d’un indo-europĂ©en commun parlĂ© entre le quatriĂšme et le troisiĂšme millĂ©naire avant l’ùre commune. Cette langue hypothĂ©tique utiliserait principalement le genre animĂ© et inanimĂ© comme catĂ©gorie de genre, complĂ©tant par fĂ©minin et masculin en sous-catĂ©gorie[2]. Par la suite l’animĂ© et l’inanimĂ© se seraient graduellement estompĂ©s dans ses descendantes, tandis que le fĂ©minin et le masculin se seraient majoritairement imposĂ©s, de surcroĂźt avec une disparition du neutre dans la plupart des langues romanes. Globalement, seules les langues slaves conservent la distinction animĂ© et inanimĂ© au cours de ce processus, et avec en quelques rares cas comme le bulgare et le macĂ©donien, le distinguo du non-personnel et personnel[2].

L’appairage du neutre au commun est relativement rĂ©cent et n’apparaĂźt que postĂ©rieurement au seiziĂšme siĂšcle avec la fusion du fĂ©minin et masculin en un unique genre dans des langues comme le danois et le suĂ©dois.

Enfin, dans certaines langues indo-europĂ©ennes comme l’anglais et une majoritĂ© de langues indiennes contemporaines, le genre tend Ă  disparaĂźtre complĂštement de la caractĂ©risation des noms, perdurant seulement dans les pronoms et quelques classes de noms spĂ©cifiques. En cela elles tendent Ă  se rapprocher d’une structure que connaissent dĂ©jĂ  par exemple les langues ouraliennes comme le hongrois et le finnois oĂč le genre n’existe pas, mĂȘme dans les pronoms[2]. Pour autant, Ă  l’heure actuelle aucune langue indo-europĂ©enne ne fait l’économie totale d’un systĂšme de genres.

Sur le plan fonctionnel, la persistance de l’existence du genre et sa polarisation courante vers le couple fĂ©minin et masculin partage les linguistes sur le caractĂšre motivĂ© de son emploi et de son Ă©volution. Ainsi tandis qu’Edward Sapir Ă©nonce en 1921 :

« II semblerait presque que, à un moment donné du passé, l'inconscient de la race humaine ait accompli un inventaire hùtif de l'expérience, s'en soit remis à des classifications prématurées qui n'admettaient pas de corrections et ait donc fait peser sur les héritiers de sa langue une science dans laquelle ces derniers ne croyaient plus et qu'ils n'avaient pas la force d'abattre. C'est ainsi que le dogme, rigidement imposé dans la tradition, se cristallise en formalisme. Les catégories linguistiques constituent un systÚme d'épaves dogmatiques et il s'agit de dogmes de l'inconscient. »

Patrizia Violi formule pour sa part en 1987 :

« Postuler un investissement de sens antérieur à la forme linguistique, signifie lire la différence sexuelle comme une structure déjà signifiante, déjà symbolisée, et capable à son tour de produire un sens et des symbolisations. Il ne s'agit donc pas d'une donnée naturelle, d'un accident matériel biologiquement construit, mais d'une opposition naturelle évidente constituée comme lieu d'investissement de sens qui se reflÚtent sous des formes linguistiques déterminées.

La catégorie grammaticale du genre, telle qu'elle se présente dans le lexique des diverses langues, résulte, dans cette perspective, d'un fondement sémantique motivé par sa signification interne. Elle reflÚte un ordre extralinguistique dans le langage et prouve la non-neutralité du systÚme linguistique vis-à-vis des déterminations matérielles de notre expérience. »

Genre intrinsĂšque et genre extrinsĂšque

Les variétés de genre des mots

Dans la majoritĂ© des langues qui connaissent les oppositions de genres, il n'existe qu'un nombre rĂ©duit de classes lexicales susceptibles d'exprimer un genre : ce sont gĂ©nĂ©ralement le nom, le pronom, l'adjectif, le dĂ©terminant et le participe, plus rarement le verbe et la prĂ©position. L’influence du genre est par exemple opĂ©rante sur le verbe en arabe et sur les prĂ©positions dans les langues celtiques.

Parmi ces classes, une minoritĂ© possĂšde un genre fixĂ© par l’usage, et le plus souvent unique, tels le nom et le pronom. Ainsi en allemand, Erde (terre) est fĂ©minin, See (lac) masculin et Wasser (eau) neutre. Le genre est cependant aussi utilisĂ© pour distinguer des homonymes, qu’ils soient ou non issues du mĂȘme Ă©tymon. Ainsi le pendant fĂ©minin de See signifie mer, dont le sens est Ă©galement Ă©vocable par le neutre Meer. À l’inverse, des mots comme Bretzel sont employĂ©s avec un genre variable d’un locuteur Ă  l’autre, sans que cela en altĂšre le sens : en français des usages avĂ©rĂ©s sont attestĂ©s au fĂ©minin et masculin, en allemand au fĂ©minin et neutre mais pas au masculin. La cohĂ©rence de l’emploi du genre participe Ă  l’évaluation sĂ©mantique des Ă©noncĂ©s, et Ă©ventuellement Ă  des jugements sociolinguistiques de l’allocutaire. En revanche dans le cas gĂ©nĂ©ral le genre n’est dĂ©ductible ni sur des critĂšres sĂ©mantiques, ni des critĂšres de morphologie lexicale. Il n’informe donc en rien des attributs innĂ©s du rĂ©fĂ©rĂ©; par exemple le genre fĂ©minin peut tout Ă  fait dĂ©signer un animal mĂąle, donc rĂ©putĂ© de sexe masculin.

Ces mots transmettent leur genre aux mots flĂ©chissables qui leur sont liĂ©s, ces derniers pouvant ĂȘtre le dĂ©terminant, l'adjectif ou le participe. Ces mots possĂšdent plusieurs formes mais ne sont pas aptes Ă  constituer un syntagme complet de maniĂšre autonome. Ils adoptent le genre du terme dont ils sont satellites, par accord grammatical.

Par convention et commoditĂ©, les dictionnaires optent gĂ©nĂ©ralement pour un regroupement des descriptions lexicographiques de l’ensemble des formes d’un mot Ă  une unique adresse, dĂ©nommĂ© lemme. En fonction de la ligne Ă©ditoriale, l’entrĂ©e correspondante pourra ou non rappeler les diffĂ©rentes formes du mot Ă  l’adresse du lemme, et Ă©ventuellement faire des renvois Ă  celle-ci Ă  l’adresse des autres formes. Par exemple en français, les lemmes seront gĂ©nĂ©ralement des infinitifs prĂ©sents et des masculins singuliers, lorsqu’ils ne correspondent pas Ă  des termes invariables. Ainsi le petit Larousse illustrĂ© 2008[11] indique Ă  l’adresse beau :

1. BEAU ou BEL, BELLE adj. (lat. bellus) 1. Qui éveille une émotion esthétique, qui suscite un plaisir admiratif. Un bel homme. Un trÚs beau tableau. Une belle vue.

Le mĂȘme ouvrage fait un renvoi Ă  beau Ă  l’adresse de bel aprĂšs avoir prĂ©cisĂ© adj.m.sing, tout comme Ă  belle qui prĂ©cise prĂ©alablement au renvoi adj.f.

L'accord se fait entre mots de l'Ă©noncĂ© fortement liĂ©s par le sens, et selon l’usage et les standards vĂ©hiculĂ©s dans les interactions sociales : dans ce beau livre, ce bel ouvrage, cette belle encyclopĂ©die, le premier adjectif s'accorde en genre avec livre et apparaĂźt donc sous sa forme masculine. Le troisiĂšme adjectif est au fĂ©minin, en accord avec le genre usuel d’encyclopĂ©die, sous la forme belle. Dans ces deux cas l'accord s'opĂšre uniquement sur des considĂ©rations de lien Ă  un rĂ©fĂ©rĂ© commun : et beau et livre rĂ©fĂšrent Ă  un mĂȘme objet, et encyclopĂ©die et belle rĂ©fĂšrent Ă  une mĂȘme entitĂ©. Si l’exemple est interprĂ©tĂ© comme trois dĂ©signations du mĂȘme sujet extralinguistique, il apparaĂźt que l’adjectif ne rĂ©fĂšre qu’indirectement Ă  ce sujet. L’adjectif s’associe Ă  un nom qui simultanĂ©ment sert d’auxiliaire rĂ©fĂ©rentiel et lui impose des contraintes de morphologie lexicale par sa typologie grammaticale de genre. Et de surcroĂźt, pour la seconde forme d’adjectif, bel, s’ajoutent des contraintes syntaxiques liĂ©s Ă  des considĂ©rations phonĂ©tiques. Sur ces points le genre ne diffĂšre pas du nombre dans ses mĂ©canismes de modulation morphologique, et il pourra ĂȘtre notĂ© que de beaux ouvrages se prononce /də.bo.zu.vʁaʒ/ avec une consonne fricative alvĂ©olaire voisĂ©e (/z/) Ă©noncĂ©e notamment pour des considĂ©rations euphoniques.

Comme pour toutes les pratiques linguistiques, les rĂšgles d’accord et leurs modalitĂ©s d’application varient d’une langue Ă  l’autre et au sein d’une mĂȘme langue Ă  travers le temps et l’espace.

Accords de genres multiples

L’une des approches quand un mĂȘme terme doit s'accorder en genre avec plusieurs mots de genres distincts est d’appliquer le genre considĂ©rĂ© indiffĂ©renciĂ©. Pour les langues classiques d’Europe, le latin et le grec ancien, puis dans nombre de langues dĂ©rivĂ©es, comme l’aragonais ou le wallon, cette approche revient souvent Ă  attribuer ce rĂŽle Ă  un genre dĂ©jĂ  chargĂ© d’autres connotations. En français, c’est le masculin qui est imputĂ© de ce rĂŽle additionnel, ce qui n’est pas sans soulever des constatations parmi les linguistes sur le caractĂšre indiffĂ©renciĂ© du genre rĂ©sultant[12]. L’application de cette dĂ©marche mĂšne donc Ă  des Ă©noncĂ©s comme « l’Ɠuvre et l’ouvrage sont consĂ©cutifs Ă  l’effort ».

Cette approche peut aussi conduire Ă  un Ă©noncĂ© comme « ils sont tous grands », oĂč ils dĂ©signe « des milliards de statues et un autre monument », les quantitĂ©s respectives en prĂ©sence n’intervenant aucunement dans l’application de la rĂšgle. C’est encore la mĂȘme pratique qui explique un Ă©noncĂ© comme « les bronzes et les rondes-bosses sont beaux ».

Par contre, dans un Ă©noncĂ© comme « les bronzes et les rondes-bosses, tous ces chefs-d’Ɠuvre sont beaux », ça n’est plus le cas : c’est uniquement le genre de chef-d’Ɠuvre qui s’applique Ă  l’adjectif indĂ©pendamment des genres des noms prĂ©cĂ©demment listĂ©s. De mĂȘme « les adultes sont grands », ne gage en rien du genre grammatical des individus composant le groupe d’adultes, et encore moins de leur sexe biologique. Cela explique la formation d’énoncĂ©s comme « chez les Ă©lĂ©phants, les adultes sont grands » et « chez les girafes, les adultes sont grands ».

Une seconde approche utilisĂ©e est l’accord de proximitĂ©. Cette pratique constitue mĂȘme l'accord prĂ©pondĂ©rant en grec ancien, en latin, ainsi que dans le français oral jusqu'au XVIIIe siĂšcle. Dans cette pratique, le verbe prend la marque, d'abord en cas, genre et nombre, puis seulement en genre, du substantif le plus proche. Ainsi au XVIIe siĂšcle, un Ă©noncĂ© comme «Le chat et la souris sont belles » est plus courant que «le chat et la souris sont beaux »[13].

La prĂ©pondĂ©rance de la premiĂšre pratique dans les usages contemporains du français se dĂ©veloppe Ă  partir du XVIIe siĂšcle et s'impose au XVIIIe siĂšcle. L’analyse littĂ©raire retient notamment comme premier moment clĂ© de cette Ă©volution le postulat de l'abbĂ© Bouhours qui affirme dans ses Remarques nouvelles sur la langue françoise Ă©crites en 1675 que « quand les deux genres Ćże rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte »[14] - [15]. Puis que le grammairien Nicolas BeauzĂ©e lui emboĂźte le pas dans sa Grammaire gĂ©nĂ©rale en 1767 en Ă©nonçant : Le genre maĆżculin eĆżt rĂ©putĂ© plus noble que le fĂ©minin, Ă  cauĆże de la ĆżupĂ©rioritĂ© du mĂąle Ćżur la femelle (« Le genre masculin est rĂ©putĂ© plus noble que le fĂ©minin, Ă  cause de la supĂ©rioritĂ© du mĂąle sur la femelle »)[16] - [15].

Pour donner un point de comparaison des diffĂ©rences d’accord dans d’autres langues, il peut par exemple ĂȘtre notĂ© qu’en arabe le verbe s'accorde en genre Ă  la 2e et Ă  la 3e personne. Cela contraste nettement avec le français oĂč le verbe ne s'accorde pas avec le genre du sujet, sauf aux temps composĂ©s avec l'auxiliaire ĂȘtre. Ceci Ă©tant, en arabe dialectal, par opposition Ă  l'arabe classique, la 2e et la 3e personne du pluriel au fĂ©minin ne s'emploient pas ; elles sont remplacĂ©es par celles du masculin. De plus, toujours en arabe, les adjectifs et les verbes s'accordant Ă  un nom pluriel reprĂ©sentant un « non douĂ© de raison » se mettent au fĂ©minin singulier. Dans le russe moderne de 1924, ce sont quatre genres qui sont dĂ©clinĂ©s au singulier, animĂ©, fĂ©minin, masculin et neutre, quand le pluriel n’en dĂ©cline que deux : l’animĂ© et l’inanimĂ©[17].

RĂ©partition des genres : arbitraire et biologie

La rĂ©partition des genres est souvent arbitraire et non motivĂ©e (ce n'est donc pas une classification purement sĂ©mantique) : si mort (arrĂȘt dĂ©finitif des fonctions vitales) est un mot fĂ©minin en latin ou en français, il est masculin en allemand (der Tod) ou en grec ancien ᜁ ÎžÎŹÎœÎ±Ï„ÎżÏ‚ (ho thĂĄnatos) et moderne Îż ÎžÎŹÎœÎ±Ï„ÎżÏ‚ (o thĂĄnatos). De mĂȘme, rien dans la rĂ©alitĂ©, ne justifie que table soit fĂ©minin et tableau masculin : le signifiĂ© de ces mots n'est en effet aucunement liĂ© avec la masculinitĂ© ou la fĂ©minitĂ©. De mĂȘme livre (Ă  lire) est masculin en français, neutre en allemand et fĂ©minin dans toutes les langues slaves. L'apprentissage d'une langue Ă  genres nĂ©cessite donc celui du genre des mots, qui n'est forcĂ©ment pas le mĂȘme d'une langue Ă  genres Ă  l'autre, voire d'un dialecte Ă  l'autre (par exemple : job est fĂ©minin en français quĂ©bĂ©cois et masculin en français de France ; boutique est fĂ©minin en français standard et masculin en picard). Le genre d'un mot peut aussi changer avec le temps : bouge Ă©tait fĂ©minin jusque vers le XVe siĂšcle lorsqu'il dĂ©signait encore une bourse, puis est devenu masculin lorsqu'il a dĂ©signĂ© un lieu.

Le genre grammatical peut coĂŻncider avec le sexe biologique par association de l’identification sexuel du rĂ©fĂ©rĂ© Ă  celle du mot utilisĂ© pour le dĂ©signer. Avec des noms communs comme la fille, le garçon, le lion, la lionne, il est gĂ©nĂ©ralement entendu que le sexe des rĂ©fĂ©rĂ©s est infĂ©rable du genre des mots, fĂ©minin impliquant femelle et masculin impliquant mĂąle. Ce cas de figure se limite principalement aux oiseaux domestiques et aux mammifĂšres ; les autres ĂȘtres vivants sexuĂ©s ont gĂ©nĂ©ralement un seul nom pour l'espĂšce et il est arbitrairement dĂ©cidĂ© s'il est masculin ou fĂ©minin. Le terme de genre logique est parfois employĂ© pour ce dernier usage. En dehors de ces cas particuliers, le sexe n’est pas infĂ©rable du genre grammatical du rĂ©fĂ©rant et un syntagme comme « regarde, une souris », ne prĂ©sume en rien du sexe de l’animal dĂ©signĂ©.

De maniĂšre similaire, la plupart des noms propres dĂ©signant des vivants sexuĂ©s sont choisis en fonction du sexe des individus qui les porteront. L’absence d’article adjoint au nom commun diminue la transparence de ce lien, mais les terminaisons demeurent un facteur relativement fiable. Ainsi des prĂ©noms comme Albert, Albertine, Alexandra, Alexandre, ZĂ©non et ZoĂ© laissent peu de doute sur la catĂ©gorie sexuelle des dĂ©signĂ©s. À l’inverse, un prĂ©nom Ă©picĂšne comme Dominique ne permet pas Ă  lui seul d’infĂ©rer l’assignation sexuelle du rĂ©fĂ©rent.

Un autre cas est celui des noms de fonction, dignité, métier, ou autre rÎle social endossé par une personne dont le sexe se transcrit dans le nom du rÎle. Ainsi empereur, impératrice, ouvrier et ouvriÚre sont pleinement explicites sur le sexe des référents.

En allemand, la correspondance entre genre grammatical et sexe est assez faible : les trois genres peuvent ĂȘtre aussi bien employĂ©s pour les ĂȘtres animĂ©s que pour les ĂȘtres inanimĂ©s. De plus, une rĂšgle veut que tous les diminutifs soient neutres. « MĂ€dchen » (« fille » au sens de jeune personne fĂ©minine) et « FrĂ€ulein » (« mademoiselle » en allemand) sont donc neutres. En consĂ©quence, lorsqu’un Ă©noncĂ© emploie « das MĂ€dchen » puis dĂ©signe le mĂȘme rĂ©fĂ©rĂ© par un pronom ultĂ©rieurement, la rĂšgle est d'employer le pronom neutre es, mais l’usage accepte d'employer le pronom fĂ©minin sie (elle).

En russe et en polonais, le fait qu'un mot soit masculin, féminin ou neutre est également aléatoire, mais est lié à la terminaison du mot en question. Ainsi, par exemple, les mots se terminant par « o » ou « e » sont neutres.

Marquage du genre

Note : les transcriptions phonétiques, entre crochets, sont données en API. Les autres sont dans la transcription traditionnelle de la langue.

Pour indiquer le genre des mots, les langues disposent de plusieurs possibilités de distinctions énonciatives.

Variation lexicale

Le genre peut conduire Ă  une variĂ©tĂ© lexicale, oĂč pour une mĂȘme notion donnĂ©e, il existe un vocable diffĂ©rent pour chaque genre.

Ainsi en français, en tant que rĂ©fĂ©rent d’un animal une vache dĂ©signe toujours a priori un individu femelle, et un mĂąle adulte de la mĂȘme espĂšce sera dĂ©signĂ© par le terme taureau, les deux Ă©tant des bovins. Cette spĂ©cialisation du vocabulaire qui synthĂ©tise des traits biologiques dans des vocables distincts n’est cependant que marginalement liĂ©e au genre. Ainsi cette mĂȘme espĂšce ayant jouĂ© un rĂŽle majeur dans l’histoire de l’élevage se voit fournir des termes trĂšs spĂ©cifiques en fonction du rĂŽle occupĂ© par chaque individu dans cette activitĂ© :

  • un bƓuf est un taureau castrĂ© ;
  • un bouvillon est un jeune bƓuf ;
  • un broutard, ou broutart, est un veau (ou agneau) Ă©levĂ© en plein air, nourri au lait maternel et au pĂąturage ;
  • une gĂ©nisse, est une jeune vache (ou bisonne) nullipare, pour la vache le terme taure est aussi utilisable ;
  • un taurillon est un jeune taureau ;
  • une vachette est une jeune vache ;
  • le veau est un jeune enfant de vache ;
  • la velle est un veau femelle.

Si certains de ces termes se focalisent encore sur une opposition sexuĂ©e, comme taurillon et vachette ou veau et velle, d’autres se focalisent sur un trait liĂ© Ă  la reproduction sexuelle sans nĂ©cessairement fournir de terme Ă  opposer pour l’autre sexe, comme dans bƓuf et taure. Enfin certains termes ne sont pas spĂ©cifiques Ă  cette espĂšce d’animal, comme gĂ©nisse et broutard.

Tout au moins en français, les substantifs de ce type sont globalement rares, avec moins d’une cinquantaine de noms d’animaux sur prĂšs de 8 000, soit moins de 0,63 %[18]. D’autant que si des couples spĂ©cifiques pour les adultes enrichissent un brin le vocabulaire synthĂ©tique avec des couples comme biche et cerf, chevrette et chevreuil, daim et daine, le vocabulaire pour les enfants rĂ©emploie souvent le mĂȘme vocable faon et faonne[19] pouvant dĂ©signer aussi bien les enfants mis Ă  bas par la biche, la chevrette, la daine, et le renne femelle[20] – ce dernier mammifĂšre n’ayant pas de terme distinct pour femelle et mĂąle. Ou pour reprendre l’exemple prĂ©cĂ©demment dĂ©veloppĂ© veau et velle s’emploient Ă©galement pour les enfants des phoques, et des morses.

Les autres termes portant un tel dimorphisme lexical font partie du groupe restreint des identificateurs de base, qu’ils soient des substantifs comme femme et homme, fille et garçon, frùre et sƓur, ou des pronoms tels celle-là et celui-ci, il et elle, etc.

Variation morphologique

Sur le plan morphologique, les langues peuvent faire usage d’affixes pour spĂ©cifier le genre en les adjoignant aux bases lexicales existantes.

En français

Le lexique français de la dĂ©nomination humaine pour sa part est composĂ© de milliers de noms alternant en genre. Le Petit Robert 2000 par exemple ne compte pas moins de 5 000 entrĂ©es de ce type[21].

Sur l’ensemble de ces entrĂ©es, prĂšs d’un tiers ne connaĂźt aucune distinction lexicale autonome, c’est par exemple le cas des mots se terminant en -aire, -graphe, -logue, -mane, -phile et -iste comme wikiversitaire, lexicographe, palĂ©ontologue, mĂ©lomane et wiktionnariste[21]. Une distinction se manifeste alors seulement extĂ©rieurement par l'article, comme un abandonnataire, une agiographe, la psychologue et le chocomane. Les homonymies de ce type sont dites formes Ă©picĂšnes. Ces cas sont donc purement genrĂ©s par variation syntaxique, comme indiquĂ© dans la section dĂ©diĂ©e ci-aprĂšs.

Dans plus d’un quart des cas, la dĂ©sinence comporte une alternative qui vaut tant Ă  l’écrit qu’à l’oral. Ainsi se transposent par genre les suffixes -eur et - euse, -teur et -trice, -if et -ive et quelques alternances monosyllabiques faisant figure d’exceptions. Par exemple ces couples suffixaux opĂšrent dans wikivoyageur et wikivoyageuse, fondateur et fondatrice, contemplatif et contemplative. En figures plus exceptionnelles se trouvent par exemple veuf et veuve ainsi que serf et serve.

Il convient de bien distinguer la base morphologique sur laquelle s’opĂšrent de telles alternances de la racine Ă©tymologique. En effet, toute personne parlant une langue peut spontanĂ©ment infĂ©rer une telle base morphologique en se fondant uniquement sur l’analyse de ses propres pratiques. Retracer l’étymologie d’un mot en revanche nĂ©cessite nĂ©cessairement de confronter des hypothĂšses lexicologiques Ă  l’épreuve d’une recherche documentaire. Sur le couple lumineuse et lumineux s’extrait immĂ©diatement la base lumin- sur des considĂ©rations morphologiques manifestes, qui n’engagent en rien la pertinence de ce dĂ©coupage sur le plan Ă©tymologique. En l’occurrence les deux termes prĂ©cĂ©dents dĂ©rivent directement du lexĂšme latin ayant pour formes nominatives fĂ©minine, masculine et neutre respectivement luminosă, luminosus, luminosum, qui pour leur part supposeraient plutĂŽt une base luminos-. Et ces formes dĂ©rivent elles-mĂȘmes de lumen, lui-mĂȘme obtenu de luceo avec suffixe -men, avec lĆ«ceƍ apparentĂ© Ă  lux, etc. Il est Ă©vident que ce type d’informations, quand bien mĂȘme seraient-elles connues des personnes utilisant l’alternance entre lumineuse et lumineux, n’intervient gĂ©nĂ©ralement pas dans ce processus.

Dans un autre quart des cas, sur un plan synchronique la formation de l’alternance Ă©quivaut Ă  tronquer la terminaison de la graphie la plus complĂšte. Sur le plan phonĂ©tique cela entraine une mutation plus ou moins complĂšte de la voyelle finale. C’est gĂ©nĂ©ralement la forme fĂ©minine qui sert de modĂšle complet, le cas masculin s’obtenant via flexion par terminaison caduque. La littĂ©rature indique parfois cette absence d’alternative rĂ©ifiĂ©e par le symbole de l’ensemble vide ∅[22], explicitant un distinguo technique entre la troncature Ă  la base d’alternation et le mot masculin privĂ© de marqueur manifeste.

Ainsi par apocope du fĂ©minin voisine [vwa.zin] se dĂ©termine la base voisin- d’oĂč se construit le masculin voisin∅ [vwa.zɛ̃]. De mĂȘme du fĂ©minin petite [pətit(ə)] se dĂ©termine la base petit- d’oĂč est tirĂ© le masculin petit∅ [pəti]. Ou encore de souveraine [su.vʁɛn], via souverain- se tire souverain∅ [su.vʁɛ̃]. Ce groupe d’alternances concerne notamment les mots dont le fĂ©minin se termine en -ante, -arde, -ette, -ienne, -iĂšre, -ine, -ente, -euse, -otte et -onne et leurs correspondants respectifs se terminant par -ant, -ard, -et, -ien, -ier, -ine, -ente, -euse, -ot et -on.

Le Bateau de Charon - ou - les FantĂŽmes de "tous les Talents" effectuant leur dernier voyage, issu de la Galerie du Pape Ă  Rome
Des couleurs fort dĂ©plaisantes Ă  la vue s’y mĂȘlent les unes aux autres ; une mousse Ă©paisse d’un verd d’airain tachetĂ© de noir se promene dessus au grĂ© des vents, & les bouillons qui s’y forment ne ressemblent qu’au bitume & au gaudron ; le poisson ne peut vivre dans ce lac, les vapeurs qui s’en exhalent brĂ»lent tous les arbres d’alentour, & les animaux fuyent ses bords. Extrait de l’entrĂ©e STYX, dans l’EncyclopĂ©die, ou Dictionnaire raisonnĂ© des sciences, des arts et des mĂ©tiers (consulter sur Wikisource) Sur l’illustration ci-contre figure une reprĂ©sentation du fleuve mythologique de cette couleur.

Cette primautĂ© morphologique tacite du fĂ©minin en matiĂšre de dĂ©termination des graphies s’imprime dans l’évolution morphogrammique. Par exemple, le dictionnaire de l’acadĂ©mie maintient l’adjectif masculin de couleur sous la graphie verd jusqu’en 1878, Ă  cĂŽtĂ© du fĂ©minin verte prĂ©sent dĂšs 1694. Le français contemporain garde trace de la pertinence morphogrammique sur des usages translexicaux comme verdĂątre, verdir et verdure. Mais il a rĂ©solument actĂ© qu’au sein d’une lexie donnĂ©e, c’est gĂ©nĂ©ralement les formes flĂ©chies graphiquement les plus Ă©tendues qui motivent la base flexionnelle d’un paradigme[23], donc majoritairement le fĂ©minin ou le pluriel. Par exemple, l’ancienne orthographe amy Ă  Ă©voluĂ© vers ami, aussi bien en raison de la forme fĂ©minine amie que du pluriel amis. Cette prĂ©gnance des formes Ă©tendues n’est Ă©videmment pas opĂ©rante lorsque le lexĂšme rĂ©unit des flexions supplĂ©tives, comme pour une hase et un liĂšvre, ou d’une alternance de suffixes, comme un oiseau et une oiselle.

L’analyse de l’ensemble des adjectifs et des noms communs de personne du lexique français conforte cette analyse. Pour les adjectifs, prĂšs de la moitiĂ© se termine par -e comme rapide, logique, optimiste, moins d'un quart sont diffĂ©renciĂ©s par la seule prĂ©sence ou absence de -e (vrai/vraie, clair/claire), le reste alternant par la finale dont la prononciation change selon le genre (actif et active, cousin et cousine). Les noms communs de personnes, si un tiers environ qui se termine par -e alterne en genre par l'article (le/la collĂšgue), 6 % seulement alternent par prĂ©sence absence de -e final (ami/amie, principal/principale). Dans les autres cas le fĂ©minin est marquĂ© morphologiquement par cette mĂȘme consonne, sonorisĂ©e par le -e final, ou par les suffixes -euse ou -trice[24] - [25]. Pour sa part le masculin est marquĂ© morphologiquement soit par une voyelle finale suivie d'une consonne muette (Ă©colier, commerçant), soit par le suffixe -(t)eur (vendeur, acteur).

En grec ancien

En grec ancien, le genre de certains mots s’identifie simplement: au nominatif singulier, les mots en -ÎżÏ‚/-os sont le plus souvent masculins ; ceux en -η/-ē, -៱/ā ou -៰/-a fĂ©minins et ceux en -ÎżÎœ/-on neutres. Il existe cependant de nombreux neutres en -ÎżÏ‚/-os appartenant Ă  un autre modĂšle de dĂ©clinaison.

Dans d'autres cas, une voyelle longue dans la derniĂšre syllabe au nominatif signale un masculin ou un fĂ©minin, par opposition Ă  la mĂȘme voyelle brĂšve qui indique un neutre : áŒ€Î»Î·ÎžÎźÏ‚/alēthᾗs (masculin et fĂ©minin) s’oppose Ă  ጀληΞές/alēthĂ©s (neutre), «vrai».

En revanche, Ă  certains cas la dĂ©sinence ne permet pas de connaĂźtre le genre : Ă  l'accusatif, un mot en -ÎżÎœ/-on pourrait ĂȘtre masculin ou neutre ; au gĂ©nitif pluriel des mots de la troisiĂšme dĂ©clinaison, la dĂ©sinence -ωΜ -ƍn sert aux trois genres.

Langues celtiques

Dans les langues celtiques, le genre joue, au sein de certaines structures syntaxiques, un rĂŽle dans les mutations consonantiques. Ainsi, en breton, la mutation du nom et celle du pronom aprĂšs article, ainsi que la mutation de l’adjectif aprĂšs un nom ou certains pronoms, dĂ©pendent du genre et du nombre. Par exemple, pour ce qui est du singulier, avec :

  • un nom aprĂšs article : par (mĂąle), ur par (un mĂąle), parez (femelle), ur barez (une femelle) ;
  • un pronom aprĂšs article : trede (troisiĂšme), an trede (le troisiĂšme), an drede (la troisiĂšme) ;
  • un adjectif aprĂšs un nom : trist (triste), un istor trist (une histoire triste, istor Ă©tant masculin), un imor drist (une humeur triste, imor Ă©tant fĂ©minin) ;
  • un adjectif aprĂšs un pronom : bras (grand, grande), unan bras (un grand), unan vras (une grande).

Variation syntaxique

C’est parfois uniquement par les rĂšgles d'accord que le genre est rĂ©vĂ©lĂ©, c’est-Ă -dire par diffĂ©renciation syntaxique.

En français, la forme des noms ne permet pas de connaĂźtre s'ils sont masculins ou fĂ©minins. Arbre pourrait ĂȘtre l'un ou l'autre. Le dĂ©terminant un dans un arbre indique cependant que le mot est bien masculin (au fĂ©minin, on aurait une). L'allemand fonctionne aussi souvent selon le mĂȘme principe : dans schönes Kind, c'est l'adjectif schön mis au neutre de la dĂ©clinaison forte (suffixe -es) qui joue ce rĂŽle tandis que Kind ne laisse rien prĂ©sager de son genre. Avec un nom masculin, on aurait eu schöner et au fĂ©minin schöne.

Selon les langues, certaines catĂ©gories de mots peuvent avoir un genre marquĂ© au singulier, mais non au pluriel. C’est notamment le cas :

  • des dĂ©terminants en français : par exemple, les articles dĂ©finis, la (fĂ©minin singulier), le (masculin singulier), les (fĂ©minin et masculin pluriels), les articles indĂ©finis, des (fĂ©minin et masculin pluriels), un (masculin singulier) et une (fĂ©minin singulier) ;
  • des pronoms personnels en breton : par exemple, les pronoms personnels indĂ©pendants, eñ(v) (masculin singulier), hi (fĂ©minin singulier), i(nt) (fĂ©minin et masculin pluriels), les pronoms personnels complĂ©ments d’objet direct et dĂ©terminants possessifs, e (masculin singulier), he(c'h) (fĂ©minin singulier), o (fĂ©minin et masculin pluriels).

Genre générique

Dans certaines langues, un des genres grammaticaux sert Ă  dĂ©signer un groupe de personnes de genre mixte ou une ou des personnes dont le genre n’est pas connu ou n’est pas pertinent. Certains linguistes parlent alors de genre grammatical « non-marquĂ© ». DiffĂ©rentes classes grammaticales (pronoms, noms, dĂ©terminants, adjectifs, verbes) peuvent ĂȘtre affectĂ©es par ce trait grammatical[26].

Distribution

De nombreuses langues indo-europĂ©ennes, par exemple le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le portugais, le suĂ©dois ou le norvĂ©gien, utilisent le genre grammatical masculin comme genre gĂ©nĂ©rique. Dans la langue arabe et hĂ©braĂŻque, deux langues sĂ©mitiques, on retrouve Ă©galement du masculin gĂ©nĂ©rique. Pour donner un exemple du français, le pronom masculin pluriel de la troisiĂšme personne (ils) peut dĂ©signer soit un groupe d’hommes, soit un groupe mixte ou non spĂ©cifique quant au genre. Par ailleurs, les adjectifs en français sont accordĂ©s au masculin lorsqu’ils qualifient un groupe de genre mixte. Par effet de miroir, le pronom fĂ©minin pluriel de la troisiĂšme personne (elles) dĂ©signe uniquement un groupe de femmes[27].

Critiques et stratégies de remédiation

De nombreux linguistes et fĂ©ministes ont rendu attentifs aux problĂšmes que reprĂ©sente l’utilisation du masculin gĂ©nĂ©rique. Des Ă©tudes psycholinguistiques ont, par exemple, montrĂ© que le masculin gĂ©nĂ©rique, mĂȘme s’il se rĂ©fĂšre autant Ă  des femmes qu’à des hommes en thĂ©orie, est davantage interprĂ©tĂ© comme du masculin[28]. Un langage Ă©picĂšne a donc Ă©tĂ© Ă©laborĂ© dans de nombreuses langues dans le but de remĂ©dier Ă  ce problĂšme. Dans certaines langues, un nouveau pronom personnel a mĂȘme Ă©tĂ© crĂ©Ă©. C’est, par exemple, le cas du suĂ©dois oĂč le pronom masculin han ‘il’ sert traditionnellement de gĂ©nĂ©rique. Le pronom hen, qui est grammaticalement neutre, y a alors Ă©tĂ© crĂ©Ă©. Dans le norvĂ©gien, depuis les annĂ©es huitante, les pronoms fĂ©minins ho ou hun 'elle' sont parfois utilisĂ©s en tant que gĂ©nĂ©rique, Ă  la place du masculin gĂ©nĂ©rique han pour dĂ©signer une personne dont le genre n'est pas connu ou n'est pas pertinent. Il s'agit donc d'utiliser du fĂ©minin gĂ©nĂ©rique Ă  la place du masculin gĂ©nĂ©rique. En anglais, le pronom he est traditionnellement utilisĂ© pour dĂ©signer une personne de maniĂšre non-spĂ©cifique. Cependant, aujourd’hui le pronom de la troisiĂšme personne du pluriel, they, neutre quant au genre, est communĂ©ment utilisĂ©, Ă  la place du he, comme pronom gĂ©nĂ©rique singulier. Dans le cas du norvĂ©gien et de l'anglais, il ne s'agit pas d'une crĂ©ation lexicale, mais d'un changement sĂ©mantique quant Ă  la signification des pronoms they, ho et hun[27].

Distribution

Dans certaines langues, c’est le genre grammatical fĂ©minin qui permet de dĂ©signer un groupe de personnes de genre mixte ou des personnes dont le genre n’est pas connu ou n’est pas pertinent. Plusieurs langues parlĂ©es sur le continent australien utilisent par exemple du fĂ©minin gĂ©nĂ©rique. Parmi ces langues figurent les langues pama-nyungan, par exemple le kala lagaw ya, le wangkumara, le wagaya, mais aussi des langues non pama-nyungans, par exemple le murrinh-patha, le gaagudju, ngandi. De plus, dans la famille des langues iroquoiennes, il y a Ă©galement des langues avec du fĂ©minin gĂ©nĂ©rique, par exemple dans le seneca. On constate, par ailleurs, un changement linguistique dans le dialecte arakul de la langue caucasienne lak vers la fin du 20e siĂšcle. Le fĂ©minin y est devenu le genre gĂ©nĂ©rique, probablement en raison de changements sociĂ©taux positifs envers les femmes[26]. On peut Ă©galement citer la langue jarawara parmi les langues avec un fĂ©minin gĂ©nĂ©rique[27].

Lien entre les structures linguistiques et les structures sociales

Les femmes dans les sociétés iroquoiennes semblent avoir un statut social plutÎt élevé. Cela indiquerait que les femmes ont un meilleur statut social dans les sociétés qui parlent une langue avec un féminin générique que dans les sociétés qui parlent une langue avec un masculin générique. Cependant, les sociétés qui parlent une langue avec un féminin générique ne sont pas automatiquement moins patriarcales[26]. En effet, dans la société jarawara dont la langue, le madí (en), comporte le féminin générique, les hommes y occupent une position fortement dominante[27].

L'utilisation du fĂ©minin gĂ©nĂ©rique a pu ĂȘtre mise en avant comme un moyen de lutter en faveur de l'Ă©galitĂ© des sexes. Par exemple, en 2018, l’AssemblĂ©e de l’UniversitĂ© de NeuchĂątel a adoptĂ© le fĂ©minin gĂ©nĂ©rique : tous les postes et fonctions y sont dĂ©signĂ©es au fĂ©minin, depuis les Ă©tudiantes jusqu'Ă  la rectrice, indĂ©pendamment du genre de la personne occupant ces fonctions. Cette dĂ©cision, Ă  l'initiative d'un professeur de droit, rĂ©pond avant tout Ă  un objectif pĂ©dagogique, pour faire prendre conscience de l'effet que provoque sur les femmes l'utilisation systĂ©matique du masculin dans certains milieux malgrĂ© l'obligation pour les administrations suisses d'utiliser un langage Ă©picĂšne[29] ou encore l'utilisation du masculin gĂ©nĂ©rique pour dĂ©signer des groupes mixtes[30].

Genre multiple

Dans certains cas les mots n’ont pas un genre unique, diffĂ©rents cas de figures se prĂ©sentent impliquant ou non le nombre, la sĂ©mantique et la pragmatique.

Usages coexistants

Parfois c’est l’usage qui hĂ©site : le genre varie sans aucun impact sĂ©mantique gĂ©nĂ©ral, mais aucun genre ne s’impose comme unique forme valable. En français c’est par exemple le cas pour aprĂšs-midi, bretzel, enzyme, rĂ©glisse. Bien sĂ»r cela n’empĂȘche que des connotations propres au contexte d’énonciation peuvent influer. Et, Ă©videmment, le genre grammatical retenu dans un Ă©noncĂ© donnĂ© est lui bien dĂ©terminĂ© et continue d’opĂ©rer son influence syntaxique :

  • la bretzel Ă©tait dĂ©licieuse ;
  • ce bretzel est enchanteur ;
  • les bretzels sont succulentes ;
  • les bretzels seraient savoureux ;

Variation selon le nombre

Dans d’autres cas, le genre varie en fonction du nombre : duel, pluriel, singulier
 En fonction des langues, cette variation peut ĂȘtre soit quasi-systĂ©matique, soit relever de cas exceptionnels. Ce phĂ©nomĂšne de polaritĂ© est par exemple courant en arabe[2].

En français ce sont plutÎt des cas exceptionnels, comme délice qui est généralement strictement féminin au pluriel et strictement masculin au singulier. Cependant aprÚs des expressions comme un de, un des, le plus grand des, etc., suivies du complément délices au pluriel, le masculin est conservé[31].

D’autres cas sont plus ambivalents encore : amour est souvent fĂ©minin au pluriel, mais parfois masculin ; il est le plus souvent masculin au singulier mais se trouve aussi au fĂ©minin. Les variations se constatent dans l'usage populaire qui se reflĂšte dans divers textes (chansons, etc.), soit dans une langue littĂ©raire assez recherchĂ©e (« amour, la vraie, la grande... » chez Jean Anouilh ; « la grande amour » chez Raymond Queneau ; « cette amour curieuse » chez Paul ValĂ©ry ; « une amour violente », enregistrĂ© par l'AcadĂ©mie française)[31] - [32]. Le mot amour est clairement polysĂ©mique, c'est-Ă -dire qu’il fera l’objet de plusieurs dĂ©finitions dans un dictionnaire, et l’emploi volontaire d’un genre rare pour le nombre peut participer Ă  une mise en emphase d’un sens augmentatif. Cela Ă©tant, cette ambivalence du genre ne conduit pas pour ce type de cas Ă  une dissociation homonymique : les dictionnaires fournissent gĂ©nĂ©ralement tous les sens de amour dans une unique entrĂ©e.

C’est Ă©galement ce qui se produit pour orgue, masculin au singulier, tout comme au pluriel quand il dĂ©signe plusieurs instruments: « les orgues anciens de la rĂ©gion ». Il passe cependant au fĂ©minin lorsque le pluriel dĂ©signe de façon emphatique un seul instrument « les grandes orgues de la cathĂ©drale »[31] - [33].

Dans le cas du mot gens seul le pluriel est en usage et le genre n'est pas fixé lexicalement, mais les contraintes syntaxiques ne permettent pas non plus un choix aussi arbitraire que pour un mot comme bretzel. La déclinaison de l'adjectif dépend en effet de sa position par rapport au nom : « les vieilles gens », « les gens vieux ».

Variation sémantique

Certains mots sont fĂ©minins ou masculins en fonction du sens : enseigne, espace, manƓuvre, mĂ©moire, manche, Ɠuvre, poste, etc. Ainsi, un espace dĂ©signe une Ă©tendue dimensionnelle en gĂ©nĂ©ral, mais une espace dĂ©signe spĂ©cifiquement un blanc typographique sĂ©parant deux mots. Dans ce cas il ne s’agit plus d’une simple variation libre du genre oĂč l’éventuelle polysĂ©mie est toujours lexicalement unitaire : les dictionnaires traitent gĂ©nĂ©ralement ces mots dans des entrĂ©es sĂ©parĂ©es. La distinction typologique entre un cas comme amour et espace et le traitement diffĂ©renciĂ© qu’en font les lexicographes relĂšve d’un contraste tĂ©nu, voir arbitraire, dans un spectre linguistique fluctuant.

Variation référentielle

Certains mots adoptent le genre grammatical associĂ© au sexe biologique ou sociologique du rĂ©fĂ©rent. En français c’est notamment le cas des noms Ă©picĂšnes dĂ©signant une personne humaine : camarade, collĂšgue, partenaire. Cependant certains termes de ce type conservent le genre grammatical quel que soit le rĂ©fĂ©rent : un individu, sa majestĂ©, une personne.

Variation pragmatique

Certains mots peuvent ĂȘtre utilisĂ©s avec l'autre genre dans des syntagmes figĂ©s, des locutions anciennes, ou des expressions rĂ©gionales : minuit, NoĂ«l , etc.

Langues sans genre

De nombreuses langues non indo-europĂ©ennes, comme le basque, le finnois, l'estonien, le hongrois, le turc, le malais ou l'indonĂ©sien ne connaissent pas la catĂ©gorie du genre, bien que des oppositions puissent ĂȘtre marquĂ©es par les pronoms. Certaines langues indo-europĂ©ennes ignorent, dans leur Ă©tat prĂ©sent, la notion de genre grammatical: armĂ©nien, persan (et dari, tadjik, kurde sorani), mais aussi bengali et afrikaans.

Le chinois classique n'a pas de genre. Le chinois moderne l'a introduit pour les pronoms personnels des deuxiĂšme et troisiĂšme personnes du singulier au dĂ©but du XXe siĂšcle, par imitation de l'anglais. Le genre n'apparaĂźt qu'Ă  l'Ă©crit, les caractĂšres employĂ©s restant strictement homophones. Ainsi, la deuxiĂšme personne du singulier distingue 䜠 nǐ (au masculin) de 抳 nǐ (au fĂ©minin). Les textes chrĂ©tiens peuvent employer nǐ èąź rendant le thou biblique anglais pour s'adresser Ă  Dieu. La troisiĂšme personne du singulier est encore plus complexe : tā 他 (masculin), tā ć„č (fĂ©minin), rarement tā 牠 (pour les animaux) tā 柃 (pour les inanimĂ©s) et tā ç„‚ pour Dieu.

Certaines langues construites, comme le lojban, le kotava ou le pandunia, ne marquent pas non plus le genre.

En espĂ©ranto la situation est plus nuancĂ©e. Dans son usage classique trois pronoms personnels singuliers permettent de rendre les genres fĂ©minin, masculin et neutre, respectivement Ɲi, li et ĝi. CĂŽtĂ© pluriel cependant, seul ili est prĂ©vu par le Fundamento de Esperanto. Du cĂŽtĂ© des substantifs, les mots ne sont pas genrĂ©s de maniĂšre gĂ©nĂ©rale[34]. Ainsi homo (humain), peut s’employer avec n’importe quel genre : Ɲi estas homo kaj li estas homo, sed, ĉi tiu roboto, ĝi ne estas homo (elle est une humaine, il est un humain, mais, ce robot, il n’est pas humain). Cependant tous les radicaux ne sont pas exempts d’une sĂ©mantique genrĂ©e, et le genre de base doit donc ĂȘtre appris avec le sens du radical. Ainsi femalo (femelle) et masklo (mĂąle) ont une sĂ©mantique liĂ©e au genre fĂ©minin et masculin respectivement. Cela implique donc en cas d’usage d’un pronom rĂ©fĂ©rant Ă  l’un ou l’autre de ces substantifs, de recourir Ă  celui du genre correspondant. La plupart des radicaux ont une valeur de genre neutre, y compris pour les noms d’animaux. Au besoin, la distinction entre un ĂȘtre vivant femelle et mĂąle peut se faire en utilisant les affixes prĂ©vus Ă  cet effet : suffixe -in- pour le sexe fĂ©minin, prĂ©fixe vir- pour le sexe masculin. Ainsi Ɲafo (mouton, sans prĂ©cision de sexe), donne respectivement Ɲafino (brebis) et virƝafo (bĂ©lier). Le mĂȘme mĂ©canisme est employĂ© pour fournir les termes des rejetons d’une espĂšce sexuĂ©e via le suffixe -id-, qui donne donc Ɲafido (agneau), et peut se combiner aux autres affixes : Ɲafidino (agnelle), virƝafido (agneau, le français amalgamant ici terme gĂ©nĂ©rique et terme avec trait mĂąle). L’espĂ©ranto Ă  de plus connu des propositions ultĂ©rieures sur le plan du genre, qui comptent notamment l’iĉisme et le riisme. Le premier ajoute le suffixe -iĉ- comme synonyme du prĂ©fixe vir-. Ainsi sous cette proposition Ɲafiĉo et virƝafo sont strictement synonymes. La seconde introduit ri comme nouvel prĂ©position dĂ©signant une personne sans tenir compte de son sexe, ce qui le distingue donc du neutre ĝi, alors plutĂŽt destinĂ© Ă  des entitĂ©s non-sexuĂ©es. Il convient de prĂ©ciser pour complĂ©ter que, bien qu'il s’agisse d’une minoritĂ© de termes, certains vocables sont critiquĂ©s comme introduisant un genrage sexiste du radical, comme le radical patr/ formant patro, patrino et gepatro, pour respectivemet pĂšre, mĂšre et parent ; jugĂ© impropre Ă  la promotion de l’égalitĂ© entre les personnes indiffĂ©remment de leur sexe[35].

Nombre de genres

Genres grammaticaux dans les langues européennes :
  • masculin/fĂ©minin
  • masculin/fĂ©minin/neutre
  • commun/neutre
  • animĂ©/inanimĂ©
  • pas de genre
Genre masculin (vert) ou féminin (mauve) de chaque pays dans la langue française. Les noms de pays terminés par la voyelle « E » sont féminins, à l'exception du Cambodge, du Mexique, du Mozambique du Zimbabwe et du Suriname.

Certaines langues sont à quatre genres : le masculin ; le féminin ; le neutre, genre ni masculin ni féminin ; et le commun, genre « utilisé pour le masculin et féminin ensemble »[36].

D'autres, comme le russe, le grec moderne, l'allemand ou le slovÚne, sont à trois genres : le masculin, le féminin et le neutre.

Le protoroman avait trois genres§ 1_''in_fine''_37-0">[37], comme le latin§ 4_38-0">[38] ; mais toutes les langues romanes[39], sauf le roumainp. 249_40-0">[40] - § 1,_p. 250_41-0">[41] et l'Astur-lĂ©onais, n'en ont que deux : elles ont assimilĂ© le neutre avec le masculin, mĂȘme au pluriel[42]. Certaines langues romanes connaissent quelques substantifs qui ont un genre au singulier et un autre au pluriel§ 2.2_43-0">[43] : le plus souvent, il s'agit de substantifs masculins au singulier mais fĂ©minins au pluriel, comme l'italien braccio (« bras ») dont le pluriel est braccia§ 2.2_43-1">[43]. En roumain, ces substantifs sont relativement nombreux et sont considĂ©rĂ©s comme d'un troisiĂšme genre souvent appelĂ© ambigĂšne§ 2.2_43-2">[43].

En anglais, langue à deux genres, le genre tend à disparaßtre du lexique[39] : le masculin et le féminin ne concernent que le pronom personnel singulier de la troisiÚme personne et les possessifs.

D'anciennes langues indo-européennes telles que le latin ou le grec ancien laissent comprendre qu'en indo-européen commun, l'opposition de genre concernait surtout une opposition du type animé (ce qui vit) à inanimé (ce qui ne vit pas) : en effet, dans de nombreux cas, le masculin et le féminin sont identiques et s'opposent ensemble au neutre[44]. C'est d'ailleurs la seule opposition en hittite.

Des langues africaines, enfin, comportent un nombre beaucoup plus important de classes sĂ©mantiques pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des sortes de genres. Elles sont le plus souvent indiquĂ©es par les prĂ©fixes de classe.

Animéité

L’animĂ©itĂ© opĂšre une dichotomie entre animĂ© et inanimĂ©, faisant notamment rĂ©fĂ©rence au caractĂšre sensible ou vivant du rĂ©fĂ©rent. La littĂ©rature prĂ©fĂšre parfois aussi le distinguo personnel et non-personnel[18]. Il se retrouve dans des langues modernes comme le danois, le suĂ©dois, ou le norvĂ©gien. On parlera alors d'une opposition entre le genus commune (masculin/fĂ©minin) et le genus neutrum.

Le français contemporain maintient cette opposition dans certains cas, comme pour les pronoms ceci, cela, ça, en et y qui ne servent qu'aux inanimĂ©s, ou le distinguo entre les pronoms relatifs qui et quoi. Ainsi l’encyclopĂ©die me plaĂźt donne par substitution pronominale elle me plaĂźt, tandis que la lecture de cet article me plaĂźt donne ça me plaĂźt. De mĂȘme je parle de Sandister Tei donne je parle d’elle tandis que « je parle de ma passion pour les projets wikimĂ©diens » donne j'en parle. Ou encore, je pense Ă  contribuer au mouvement wikimĂ©dien qui produit j'y pense. Aussi je ne sais qui fera clairement rĂ©fĂ©rence Ă  un individu animĂ©, tandis que je ne sais quoi prĂ©sume un objet inanimĂ©.

La substitution du rĂ©fĂ©rĂ© Ă  un animĂ© par un rĂ©fĂ©rant inanimĂ© peut s’opĂ©rer sans offense dans un registre courant, notamment en cas de thĂ©matisation par dislocation. Ainsi j'en parle souvent, de lui reste relativement convenable, tout comme devine de quoi parle cet article : d’Emna Mizouni !

Le slovÚne connaßt aussi la distinction entre l'animé et l'inanimé mais exclusivement dans le cadre du masculin. On pourrait alors parler de quatre genres pour cette langue : féminin, masculin animé, masculin inanimé et neutre. Le polonais possÚde cinq genres : féminin, masculin animé impersonnel, masculin animé personnel, masculin inanimé et neutre. La distinction entre eux se manifeste aussi bien morphologiquement que syntaxiquement. Pour ces deux langues slaves, plusieurs cas marquent une désinence différente et les adjectifs s'accordent avec les substantifs selon que l'objet est animé (personnel) ou inanimé (impersonnel) :

masculin traduction
animé inanimé
personnel impersonnel
polonais To jest
dobry nauczyciel.
To jest
dobry pies.
To jest
dobry ser.
C'est un bon professeur
/un bon chien/du bon fromage.
Widzę
dobrego nauczyciela.
Widzę
dobrego psa.
Widzę
dobry ser.
Je vois un bon professeur
/un bon chien/du bon fromage.
Widzę
dobrych nauczycieli.
Widzę
dobre psy.
Widzę
dobre sery.
Je vois des bons professeurs
/des bons chiens / des bons fromages.
slovĂšne To je
dober učitelj/dober pes.
To je
dober sir.
C'est un bon professeur
/un bon chien/du bon fromage.
Vidim
dobrega učitelja/dobrega psa.
Vidim
dober sir.
Je vois un bon professeur
/un bon chien / du bon fromage.

En polonais, les masculins impersonnel animé et personnel sont confondus au singulier, et les masculins impersonnel animé et inanimé sont confondus au pluriel.

Plus Ă©loignĂ©e, une langue comme le nahuatl n'oppose aussi que les animĂ©s aux inanimĂ©s ; fait notable, seuls les animĂ©s y varient en nombre. Les langues algonquiennes, dont le cri, possĂšdent des genres animĂ© et inanimĂ©, qui dĂ©montrent cependant la mĂȘme distribution arbitraire que le genre en français ; par exemple, les substantifs, gĂ©nĂ©ralement des mots cris comme mi:nis (« petit fruit ») est inanimĂ©, mais le mot ospwa:kan (« pipe ») est animĂ©.

En algonquin, le genre animé concerne toutes les vies animales ou ce qui a de l'importance aux yeux des Algonquins. Quelques exemples : des arbres, un arc, les astres, un aviron, certains fruits, la glace, un homme, la neige, un orignal, les peaux, les pipes, le tonnerre. Quant au genre inanimé, il concerne tout ce qui n'a pas de vie et peu d'importance aux yeux des Algonquins. Quelques exemples : un avion, un canon, un chùteau[45].

Genre grammatical et sexe biologique

Comme prĂ©cĂ©demment stipulĂ©, mĂȘme quand il emploie un vocable qui le suggĂšre, le genre n'est pas strictement liĂ© au sexe. Dans les langues qui possĂšdent un genre grammatical, celui-ci ne recoupe l'opposition de sens « mĂąle-femelle » que partiellement, mĂȘme lorsqu’il s'agit d'ĂȘtre animĂ©s sexuĂ©s, humains ou non[46] - [47].

Ainsi en grec moderne et en espagnol, les animaux sont parfois citĂ©s par leur genre sexuĂ© fĂ©minin : mia gata/ÎŒÎčα ÎłÎŹÏ„Î±, un chat ; la zorra, le renard... En français, pour de nombreux animaux, un nom masculin peut dĂ©signer une femelle : guĂ©pard, mammouth, colibri, boa, saumon
 Ou inversement un nom fĂ©minin peut dĂ©signer un mĂąle : panthĂšre, baleine, cigogne, vipĂšre, truite


Langue et groupes humains

Selon Claude HagĂšge, les langues naturelles disposent de marqueurs pour rendre compte de la « bipartition naturelle des sexes et [de] la diffĂ©rence des gĂ©nĂ©rations ». HagĂšge appelle ces « marques linguistiques » des « indices biolectaux »[48]. Sur la discrimination des femmes par rapport aux hommes, il donne entre autres comme exemples les voyelles (en russe et dans les dialectes arabes), des « faits d'Ă©lision en discours rapide », des « courbes intonatives », des diminutifs dans le lexique[48]... Les femmes Ă©tant le plus souvent dominĂ©es, elles sont « contraintes au conservatisme », tout en « s'affirmant lĂ  oĂč elles le peuvent, facteurs essentiels de changements linguistiques qu'elles transmettent »[48].

Genre grammatical, stéréotypes sociaux et inégalités

Lorsque le genre grammatical de substantifs dĂ©signant des rĂŽles sociaux est calquĂ© sur le sexe, la langue peut connoter des inĂ©galitĂ©s entre fĂ©minin et masculin, renvoyant Ă  une rĂ©partition inĂ©galitaire des rĂŽles selon les sexes dans une sociĂ©tĂ©. Une des problĂ©matiques majeures, quant Ă  cela, est l'utilisation du masculin gĂ©nĂ©rique dans beaucoup de langues europĂ©ennes par exemple. En effet, des Ă©tudes psycholinguistiques ont montrĂ© que les masculins gĂ©nĂ©riques, mĂȘme s’ils se rĂ©fĂšrent autant Ă  des femmes qu’à des hommes en thĂ©orie, sont davantage interprĂ©tĂ©s comme du masculin[28]. Cela peut avoir des consĂ©quences comme l'occultation du rĂŽle jouĂ© par les femmes sur la scĂšne publique ou des rĂ©sistances psychologiques Ă  la candidature Ă  des postes offerts au masculin par exemple.

Dans diffĂ©rentes langues, diverses stratĂ©gies ont Ă©tĂ© mises en place dans le but de remĂ©dier Ă  cette inĂ©galitĂ©. Parmi celles-ci, il y a le langage Ă©picĂšne. Dans certaines langues, un nouveau pronom personnel a mĂȘme Ă©tĂ© crĂ©Ă©. C’est le cas du suĂ©dois oĂč le pronom hen, grammaticalement neutre, y a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour dĂ©signer une personne dont le genre n'est pas connu ou n'est pas pertinent, Ă  la place de l'utilisation du pronom masculin han ‘il’[27].

De plus, dans certains pays anglophones comme l’Australie et les États-Unis, certains textes emploient le fĂ©minin pour dĂ©signer une personne dont le genre est indĂ©terminĂ© dans le contexte d’énonciation de façon Ă  contrecarrer les stĂ©rĂ©otypes phallocratiques. Ces textes utilisent donc le fĂ©minin gĂ©nĂ©rique Ă  la place du masculin gĂ©nĂ©rique :

When you find value assumptions, you know pretty well what a writer or speaker wants the world to be like – what goals she' thinks are most important ; but you do not know what she takes for granted (
)[49]
Have you ever had a client who just wanted to be happy? And that's all she wanted from therapy?[50]

C’est Ă©galement le cas dans les Ă©crits de certains pays francophones et germanophones comme l’Allemagne et la France qui emploient un fĂ©minin gĂ©nĂ©rique pour favoriser l'imaginaire social qui en dĂ©coule[51] - [52] - [53] - [54] - [55].

Notes et références

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  7. Forer 1986.
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) ». M. Neil Browne, Stuart M. Keeley, Asking the Right Questions, A Guide to Critical Thinking, Pearson / Prentice Hall, 2007.
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Voir aussi

Ouvrages

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Chapitres

  • [HagĂšge 2001] Claude HagĂšge, « Personne, sociĂ©tĂ© et langue », dans Claude HagĂšge, Les structures des langues, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », (lire en ligne), p. 95-123.
  • [Buchi et Greub 2016] Éva Buchi et Yann Greub, chap. 1.4 « ProblĂšmes thĂ©oriques (et pratiques) posĂ©s par la reconstruction du genre neutre en protoroman », dans Éva Buchi et Wolfgang Schweickard (dir.), Dictionnaire Ă©tymologique roman (DÉRom), t. 2 : Pratique lexicographique et rĂ©flexions thĂ©oriques, Berlin et Boston, Walter de Gruyter, coll. « Beihefte zur Zeitschrift fĂŒr romanische Philologie » (no 402), , 1 vol., XIV-617, 24 cm (ISBN 978-3-11-045026-2, OCLC 967755258, BNF 45167914, SUDOC 197287573, lire en ligne) (lire en ligne [fac-similĂ©]).
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Articles

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Articles connexes

Liens externes

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