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Syllepse

La syllepse (du grec ancien : σύλληψÎčς, sĂșllēpsis, littĂ©ralement « action de prendre ensemble, d’embrasser, de comprendre ») est une figure de style par laquelle le discours rĂ©pond Ă  la pensĂ©e plutĂŽt qu’aux rĂšgles grammaticales. Elle est parfois fautive, parfois acceptĂ©e et lexicalisĂ©e. La syllepse est aussi un trope qui associe le sens concret, propre d’un mot et son sens figurĂ©. Elle a ses origines dans l’esprit synthĂ©tique du langage, dans son dynamisme naturel propre Ă  Ă©tablir des rapports instantanĂ©s entre des idĂ©es.

Syllepse stylistique

La syllepse dite « oratoire » est une figure de style, un trope, qui associe, en une seule et unique fois, le sens propre (ou primitif) et le sens figurĂ© (ou Ă©tendu) d’un mot. On rencontre parfois dans des textes modernes plus de deux sens[1]. Cependant, la structure en est souvent complexe, avec des sens superposĂ©s qui rendent alĂ©atoire leur interprĂ©tation. La figure, Ă  l’origine micro structurale, devient vite dĂ©pendante de la lecture personnelle.

Dans la phrase Â« Je punis un fils autant que je le chĂ©ris, car je suis un pĂšre », la syllepse est proche de la diaphore (laquelle doit rĂ©pĂ©ter le mĂȘme mot) et joue sur les deux sens de « pĂšre » : le sens propre, le pĂšre parent ; et le sens Ă©tendu, l'affection paternelle. Ici, Ă  la diffĂ©rence de l'antanaclase, qui joue sur deux fois le mĂȘme terme, le mot « pĂšre » conserve le mĂȘme sens de base et non une seconde acception.

La syllepse qui couple, en quelque sorte, une chose concrĂšte et une chose abstraite s’apparente Ă  l’hendiadyn. Ainsi, dans le vers : « PenchĂ© sur l'onde et sur l'immensitĂ© », Victor Hugo, volontiers mĂ©taphysique, n'a sans doute pas restreint l'idĂ©e d'immensitĂ© Ă  celle de l'onde.

Syllepse grammaticale

Selon Émile LittrĂ©[2], la syllepse est une figure de grammaire qui accorde des mots non d’aprĂšs les rĂšgles grammaticales mais d’aprĂšs une vue particuliĂšre de l’esprit. Elle est dite syllepse « grammaticale » car elle concerne le genre, le nombre et, pour le latin, le cas.

Syllepse selon le genre

Dans la phrase : « Elle affichait un air inquiet. Elle avait l’air soucieuse », on devrait Ă©crire « l’air soucieux », mais l’accord s’est dĂ©finitivement rattachĂ©, par syllepse, au genre du sujet grammatical. La locution verbale « avoir l’air » ne signifie plus que « sembler, paraĂźtre ».

Dans la phrase Â« Une personne me disait un jour qu’il avait une grande joie et confiance en sortant de confession »[3], le mot « personne » est fĂ©minin, mais on a attribuĂ© Ă  la personne le genre qui est rĂ©ellement connu, mĂȘme si on ne veut pas la nommer. De mĂȘme, dans la phrase Â« Une estafette arriva en trombe. On l'interrogea mais il ne voulut parler d'abord qu'au gĂ©nĂ©ral », on retrouve cet accord selon le sexe de la personne dont on parle ; de mĂȘme avec des mots tels que « une sentinelle » qui est gĂ©nĂ©ralement un homme, « le Petit Chaperon rouge » qui est une fillette, etc.

Syllepse selon le nombre

Ce cas de syllepse est frĂ©quent dans la langue courante, mais il est limitĂ© le plus souvent Ă  une simple alternative entre l’individu et le collectif, le singulier et le pluriel ; il ne constitue alors que rarement une figure.

Certains mots comme « la plupart », « beaucoup de », « un certain nombre de »  indiquant exclusivement la quantitĂ© ou le nombre demanderont logiquement le pluriel, d’autres se centreront sur une idĂ©e de cohĂ©sion, d’unitĂ© d’action ou d’opinion, etc. et feront pencher nettement pour le singulier. Cette distinction est propre Ă  chaque langue. Par exemple, le français utilise le singulier avec « orchestre », lĂ  oĂč l’anglais met volontiers le pluriel : « The orchestra are playing Mozart ». En sens inverse, on dira toujours en anglais « The United States is a great country », lĂ  oĂč le français attendrait l'Ă©quivalent de « Les États-Unis sont un grand pays ».

Cependant, des expressions comme « l’ensemble », « le groupe », « la majoritĂ© », « la foule », « le peuple » seront soit unitaires soit multiples. Ainsi dans les exemples suivants : « L’ensemble des enfants s’écriĂšrent bruyamment »,  « Le chƓur des enfants enchaĂźna le refrain », d’un cĂŽtĂ©, l’addition des cris fait le tumulte ; de l’autre, l’unisson des voix fait la mĂ©lodie.

« Il faut envoyer dans les guerres étrangÚres la jeune noblesse. Ceux-là suffiront. »

— FĂ©nelon

L’auteur passe d’un groupe social à un nombre suffisant de ce groupe.

« Je ne saurais dire avec quel beau courage le peuple belge supporte cette situation angoissante. Ils sont terriblement gĂȘnĂ©s dans leur industrie et dans leur commerce. »

— Georges Duhamel, Positions françaises

Ici, Duhamel passe du courage de la nation aux acteurs Ă©conomiques de cette nation.

Morier prĂ©sente l’exemple connu suivant comme une facilitĂ© de versification :

« Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge,
Vous souvenant, mon fils, que, caché sous ce lin,
Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin.
»

— Racine, Athalie, IV, 3

On peut accrĂ©diter le poĂšte d’un effet stylistique efficace puisqu'on constate que les singuliers « le pauvre » et « vous [Éliacin] » soulignent la responsabilitĂ© personnelle vis-Ă -vis du prochain (tu auras Dieu pour juge) tandis que le pluriel s’accorde bien Ă  l’humilitĂ© et la bienveillance qui lui sont prĂŽnĂ©es (« tu as fait partie de ces dĂ©munis, ne l’oublie pas »).

« Pour un pauvre Animal,
Grenouilles, Ă  mon sens, ne raisonnaient pas mal.
»

— La Fontaine, Le Soleil et les Grenouilles

Ici, le poĂšte, en jouant avec ironie sur le nombre grammatical, introduit deux idĂ©es antithĂ©tiques : la grenouille comme batracien, d’un ordre animal « infĂ©rieur » et « Ă  intelligence rĂ©duite » (« pauvre Animal »), et les grenouilles « raisonnables », qui reprĂ©sentent la raison commune Ă  tous les hommes.

Dans « Au moment oĂč le Royaume-Uni, l'Espagne ou l'Irlande Ă©prouvent la fin d'un cycle de croissance
 »[4] rien n'oblige Ă  mettre le verbe au pluriel avec la conjonction « ou », mais, chaque nation ayant une situation similaire, c'est l'ensemble qui est pris en compte et l'emporte sur le choix d'une seule. La conjonction n'est plus alors considĂ©rĂ©e comme alternative.

Dans « Ne la voyant pas arriver, une mĂšre et sa fille sont revenues sur leurs pas chercher leur fille et sƓur. » l'adjectif possessif au pluriel reprĂ©sente bien les deux sujets mais il regroupe deux entitĂ©s qui ne leur sont pas communes sur le plan parental.

Dans « ce groupe s'entend trĂšs bien ensemble », groupe est un nom collectif et l’on comprend que ce sont les personnes qui composent le groupe qui font une entente gĂ©nĂ©rale.

Une syllepse peut ĂȘtre utilisĂ©e lors du vouvoiement d'un interlocuteur. C'est une syllepse selon le nombre. Par exemple :

« Vous m'ĂȘtes amical. »

Syllepse selon le genre et le nombre

Une syllepse peut porter Ă  la fois sur le genre et le nombre :

« J'ai appelé la police, mais ils ne sont pas encore arrivés. »

Le nom Â« police » est fĂ©minin et au singulier. Mais le pronom Â« ils » est masculin pluriel.

Syllepse selon le cas grammatical

En latin, avec plusieurs sujets coordonnĂ©s, on accorde souvent le verbe avec le plus proche. « Mens enim et ratio et consilium in senibus est. »[5] [En effet, la rĂ©flexion, la raison et le jugement se rencontre[nt] chez les seniors.] Ici, le verbe Â« est » concerne seulement « consilium ».

De mĂȘme, l’épithĂšte latine s’accorde volontiers avec le nom le plus rapprochĂ©. « Ardor gaudiumque maximum. Maximus ardor gaudiumque. » [Une ardeur et une joie trĂšs grandes] ; « maximum » se rapporte Ă  « gaudium » qui est du genre neutre alors qu'« ardor » est du genre masculin (maximus).

Cette construction se retrouve assez frĂ©quemment chez les auteurs classiques français du XVIIe siĂšcle. Boileau, dans ses Satires, Ă©crit « Le duc et le marquis se reconnut aux pages ». De mĂȘme, Corneille, dans « Cinna », Ă©crit : « L’heure, le lieu, le bras se choisit aujourd’hui. »

Dans ce vers d’Athalie, de Racine, « Reine, sors, a-t-il dit, de ce lieu redoutable, D’oĂč te bannit ton sexe et ton impiĂ©tĂ© », on pourrait considĂ©rer que Racine commet une faute grammaticale, mais c’est une construction hĂ©ritĂ©e de la langue latine classique et le poĂšte ne fait que suivre l’usage de son Ă©poque. MalgrĂ© tout, l’effet de syllepse peut aussi jouer en français. Mais ici plus encore c'est l’hyperbate qui se dĂ©tache car le poĂšte paraĂźt mettre l’accent final sur « impiĂ©tĂ© », bien plus scandaleuse dans un lieu sacrĂ© qu’une simple prĂ©sence fĂ©minine. Cette figure en tous cas semble plus flagrante qu'un possible hendiadyn : « sexe impie » dĂ©noncĂ© par Morier[6].

De l’erreur grammaticale Ă  l’usage lexicalisĂ©

Les fautes d’accord des verbes, par voisinage syntaxique, sont frĂ©quentes dans l'Ă©criture et la conversation. Dans « un espĂšce d’animal Ă  fourrure », le genre du nom espĂšce adopte le masculin du nom animal qui s’est d’abord imposĂ© Ă  l’esprit.

Dans « On voyait entre chaque porte une décoration. » on note un raccourci grammaticalement litigieux pour « entre toutes les portes »[7].

Le propre de la syllepse, qui apporte un accord sĂ©mantique en remplacement d’un accord grammatical, est d’ĂȘtre Ă  la limite de ce qui est fautif ou acceptable, voire couramment lexicalisĂ©, adoptĂ© par la langue. La syllepse peut mĂȘme ĂȘtre admirĂ©e, dans le cas de la syllepse poĂ©tique, pour son audace, son ingĂ©niositĂ©.

Rapports de la syllepse avec les autres figures

Syllepse et allégorie

« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton Ăąme
Dans le dĂ©roulement infini de sa lame, â€Š »

— Baudelaire, L’homme et la mer

Au deuxiĂšme vers du poĂšme, le poĂšte parle d’un miroir qui paradoxalement ne renvoie pas Ă  l’homme son image, ni conforme ni dĂ©formĂ©e. La mĂ©taphore usuelle du miroir ne peut normalement fonctionner. La mer Ă©voquĂ©e est en mĂȘme temps le miroir et le reflet. L’image est dĂ©tournĂ©e et fait place Ă  une allĂ©gorie qui force une sorte de gĂ©mellitĂ© psychique de deux entitĂ©s qui n’ont pas de similitude physique.

Syllepse et catachrĂšse

La catachrĂšse est le mĂ©canisme qui ressemble le plus Ă  la syllepse grammaticale. Un changement de nombre peut conduire vers une expression idiomatique par contrainte du langage qui n’a pas l’extension adĂ©quate.

Des termes comme « tout », « ceci », « cela »  ont un sens primitif global, mais ils pourront parfois soit unifier soit multiplier quand il s’agit de choses prĂ©cĂ©demment ou postĂ©rieurement Ă©numĂ©rĂ©es, comme dans :

« Les pĂ©ristyles atteignaient aux frontons ; les volutes se dĂ©roulaient entre les colonnades ; des murailles de granit supportaient des cloisons de tuile ; tout cela montait l’un sur l’autre en se cachant Ă  demi, d’une façon merveilleuse et incomprĂ©hensible. »

— Flaubert, Salammbî

Syllepse et anacoluthe

« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage dorĂ©. »

— JosĂ©-Maria de Heredia , Les ConquĂ©rants

Ici, la syllepse grammaticale permet de rendre lisible l'anacoluthe, en liant « espĂ©rant », normalement rattachĂ© au sujet principal, aux capitaines qui espĂšrent et qui ont « leur sommeil » enchantĂ©, bien qu’ils ne soient pas le sujet grammatical.

Syllepse et antanaclase

La syllepse est quelquefois confondue avec l’antanaclase qui joue sur deux fois le mĂȘme mot avec chaque fois une acception diffĂ©rente et dont l’exemple le plus cĂ©lĂšbre est : « Le cƓur a ses raisons que la raison ignore ».

Racine fait dire Ă  Hermione : « Je percerai le cƓur que je n’ai pu toucher », le cƓur est pris dans son sens propre d’organe puis dans son sens figurĂ© de siĂšge des sentiments. Hermione veut tuer Pyrrhus puisque l'amour ne l'atteint pas. C'est l’emploi le plus frĂ©quent de la syllepse.

Syllepse et métaphore

« Je souffre tous les maux que j’ai faits devant Troie.
Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,

BrĂ»lĂ© de plus de feux que je n’en allumĂ©. [allumai] »

— Racine, Andromaque, I, 4

Ces vers, critiquĂ©s par Laharpe et Pierre Fontanier, sont aujourd’hui admirĂ©s. Les maux sont Ă  la fois ceux que l’on fait subir et ceux que l’on subit ; les feux, ceux qui enflamment la passion et ceux qui incendient les bĂątiments. Les mĂ©taphores se dĂ©doublent et aboutissent Ă  mettre en regard deux choses venant de plans diffĂ©rents. Leo Spitzer dans son Ă©tude sur Jean Racine relevait que l'auteur classique y a recours Ă  de nombreuses reprises, et considĂšre par lĂ  une forme de maniĂ©risme de son style dramatique. On constate surtout que la syllepse est une figure essentielle de la peinture psychologique.

Syllepse et zeugma

La syllepse est frĂ©quemment confondue avec le zeugma dont l’exemple type est « VĂȘtu de probitĂ© candide et de lin blanc[8] » oĂč « vĂȘtu » a deux complĂ©ments, l’un abstrait mais loin d'ĂȘtre le plus adaptĂ© (se vĂȘtir d’honnĂȘtetĂ© est une image forcĂ©e) et l’autre concret qui lui est habituel (fibre textile).

On peut considérer comme une vraie syllepse ce vers :

« Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cƓur. »

— Racine, Phùdre

Ici l’adjectif « pur » sert de liant Ă  deux idĂ©es ou symboles usuels qu’il supporte rĂ©guliĂšrement sur le plan sĂ©mantique : la puretĂ© matĂ©rielle du jour (ciel clair et lumineux) comparĂ©e Ă  la puretĂ© morale du personnage (cƓur pur).

Syllepse et jeu de mots

La syllepse de sens avec ses rapprochements plus ou moins inspirĂ©s n’a pas Ă©tĂ© facilement admise au XVIIIe siĂšcle. On y craignait la facilitĂ© du jeu de mots. CĂ©sar Chesneau Dumarsais la dĂ©nonce : « [La syllepse] joue trop sur les mots pour ne pas demander bien de la circonspection. »[9]

La syllepse a effectivement servi au mode burlesque comme chez Paul Scarron :

« [ÉnĂ©e et Didon]

beaux amants
De qui les soupirs enflammés
Ont tout noirci la cheminée. »

— Scarron, PoĂ©sies diverses

La syllepse sert la poésie moderne qui s'appuie souvent sur la jonglerie sémantique :

« On fait le feu (mais non
L’eau, l’air, la terre
Ou les nuits, l’orage, le jour)
PlutĂŽt : on le fait
Sortir du bois.

On met le feu (oĂč dĂ©truire
Ou purifier).

Il prend (n’importe
Quel objet dans sa langue). »

— Jean Tortel, Des corps attaquĂ©s[10]

Par une sorte de pronomination, en décrivant le feu (faire du feu), l'auteur fait penser au loup : sortir du bois (feu qui jaillit de brindilles) ; prendre dans sa langue (mettre dans sa gueule et une langue de feu qui prend).

La syllepse permet de jouer sur l’équivoque : « Cette cantatrice se donne de grands airs. » (physionomie et chant). Dans « un cƓur Ă  prendre », il y a deux sens en parlant d'un barbon, veuf fortunĂ© mais cacochyme : cĂ©libataire Ă  Ă©pouser et organe Ă  prĂ©lever. La syllepse est un support aisĂ© des combles qui jouent la plupart du temps sur deux interprĂ©tations d’une mĂȘme locution : « Le comble d’un agent de police : souffrir de troubles de la circulation. »

Ou les « zolismes » de Rimbaud selon l’appellation d’Ascione et Chambon[11] qui ont tentĂ© un dĂ©codage partiel du discours du poĂšte dont le sens « cachĂ© » est essentiellement Ă©rotique. L’obscĂ©nitĂ© accentue la fĂ©rocitĂ© de la satire qui est frĂ©quente dans l'Ɠuvre de Rimbaud qui a jouĂ© constamment avec la syllepse. Lecteur assidu des dictionnaires et des textes les plus variĂ©s, passant par le latin, l’anglais, l’argot, sans oublier la langue zutique, le poĂšte disait fusionner au point d’en devenir hermĂ©tique plusieurs sens dont il dĂ©clarait avoir « seul la clĂ© ».

« Tisonnant, tisonnant son cƓur amoureux sous
Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée, »

— Rimbaud, Le Chñtiment de Tartuffe

Par une volontĂ© iconoclaste le mot « cƓur » a une rĂ©sonance Ă©rotique qu’il est aisĂ© de discerner[12]. Son complice des Vilains Bonshommes semble avertir de la syllepse :

« Mais un cƓur d’homme, un cƓur vivant, un cƓur palpable,
FĂ»t-il faux, fĂ»t-il lĂąche, un cƓur ! quoi, pas un cƓur ! »

— Verlaine, Amour

Dans le mĂȘme registre, Rimbaud, latiniste de premiĂšre force, connaĂźt son vocabulaire :

« Noirs de loupes, grĂȘlĂ©s, les yeux cerclĂ©s de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs, »

— Rimbaud, Les Assis

Le latin Â« femur » signifie « la cuisse » et en français « l’os de la cuisse ». Rimbaud lui donne Ă©videmment un sens sexuel[13].

Notes et références

  1. Georges Molinié en donne un exemple en prose dans son ouvrage.
  2. 1877, T4.
  3. Blaise Pascal, Pensées
  4. Extrait d'un hebdomadaire
  5. CicĂ©ron, « Caton », 67
  6. Morier ; p. 1157
  7. Morier, p. 1156
  8. Victor Hugo, in La Légende des siÚcles, « Booz endormi »
  9. CitĂ© par Le Hir, RhĂ©torique et Stylistique de la PlĂ©iade au Parnasse, PUF, 1960, p. 143.
  10. Cité par M. Aquien.
  11. Revue « Europe », juin 1973, p. 114-132.
  12. On le trouve d'ailleurs dans ce sens du XVIIIe siĂšcle dans le Dictionnaire Ă©rotique moderne d'Alfred Delvau, 1850, p. 101.
  13. La Bible (Vulgate, GenÚse, 46 : 26) parle de la lignée sortie de la « cuisse » de Jacob, désignant le membre viril d'une façon à peine voilée.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Maurice Grevisse et AndrĂ© Goose, Le Bon Usage : grammaire française, Bruxelles/Paris, de Boeck Duculot, , 15e Ă©d., 1666 p. (ISBN 978-2-8011-1642-5)
  • Bernard Bortolussi, La grammaire du latin, Hatier, coll. « Bescherelle »,
  • Sous la direction d’Y. Chevalier et P. Wahl, La Syllepse, figure stylistique, Presses Universitaires de Lyon,
  • Henri Morier, Dictionnaire de poĂ©tique et de rhĂ©torique, PUF, , 5e Ă©d.
  • Andreas Romeborn, La syllepse. Aspects gĂ©nĂ©raux et usage dans l'Ɠuvre de Francis Ponge, Louvain-la-Neuve, De Boeck SupĂ©rieur, coll. « Champs linguistiques », , 251 p. (ISBN 978-2-8073-1534-1, lire en ligne)
  • MichĂšle Aquien, Dictionnaire de poĂ©tique, LGF,
  • Georges MoliniĂ©, Dictionnaire de rhĂ©torique, LGF,
  • Pierre Fontanier, Les Figures du discours, Flammarion,
  • Marc Ascione et Jean-Pierre Chambon, « Les zolismes de Rimbaud », Revue littĂ©raire mensuelle,‎
  • Pierre Pellegrin (dir.) et Myriam Hecquet-Devienne, Aristote : ƒuvres complĂštes, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2081273160), « RĂ©futations sophistiques », p. 457. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Quintilien (trad. Jean Cousin), De l'Institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « BudĂ© SĂ©rie Latine », , 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
  • Antoine Fouquelin, La RhĂ©torique françoise, Paris, A. Wechel, (ASIN B001C9C7IQ).
  • CĂ©sar Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des diffĂ©rents sens dans lesquels on peut prendre un mĂȘme mot dans une mĂȘme langue, Impr. de Delalain, (rĂ©impr. Nouvelle Ă©dition augmentĂ©e de la Construction oratoire, par l’abbĂ© Batteux.), 362 p. (ASIN B001CAQJ52, lire en ligne)
  • Pierre Fontanier, Les Figures du discours, Paris, Flammarion, (ISBN 2-0808-1015-4, lire en ligne).
  • Patrick Bacry, Les Figures de style et autres procĂ©dĂ©s stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », , 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
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