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Allégorie

Le terme allĂ©gorie (du grec : áŒ„Î»Î»ÎżÏ‚ / ĂĄllos, « autre », et áŒ€ÎłÎżÏÎ”ÏÏ‰ / agoreĂșĂŽ, « parler en public ») consiste Ă  exprimer une pensĂ©e sous une forme imagĂ©e afin de faire comprendre, sous le sens littĂ©ral, un autre sens, qui est celui visĂ© par le texte. Les deux sens doivent se maintenir de façon cohĂ©rente dans une allĂ©gorie.

La fable est un récit allégorique livrant une leçon à l'aide d'animaux caractéristiques, tel Le Corbeau et le Renard illustré par Grandville (1840).
Allégorie personnification. Dans La Guerre et la Paix de Batoni (1776), la Paix offre à la Guerre un rameau d'olivier.
Le Chariot de foin (1515). JérÎme Bosch. Dans cette allégorie morale, le chariot de foin représente l'instabilité des choses humaines, alors qu'une multitude de personnages se livrent aux vices et tentations terrestres.

Chez les théoriciens anciens, l'allégorie était souvent confondue avec la métaphore[1]. Alors que la métaphore porte sur un seul élément, l'allégorie porte sur une pluralité d'éléments organisés dans une syntaxe. Elle est donc « un systÚme de relations entre deux mondes »[2] ou « la mise en relation, sur le mode analogique, de deux isotopies plus ou moins détaillées »[3].

Quintilien distingue « l'allégorie totale », qui n'explicite aucun de ses éléments, telle la parabole, et « l'allégorie partielle » ou explicite, qui est la forme normale car elle laisse entrevoir le sens profond qu'elle enferme[4].

Pour Jon Whitman, en raison du travail cognitif qu'elle requiert, l'allĂ©gorie est une sorte de « discours secret et de discours raffinĂ© que le peuple ne peut ou ne mĂ©rite pas d’entendre, c’est-Ă -dire de langage rĂ©servĂ© Ă  l’élite »[5]. En imposant la recherche d'un sens cachĂ© — notamment dans les fables —, l'allĂ©gorie a Ă©tĂ© dĂ©crite comme « la figure universelle par laquelle le genre humain tout entier entre dans l'ordre intellectuel et moral »[6].

Outre un mode d'expression figurative, le mot allégorie peut aussi désigner le travail d'interprétation du lecteur[7], aujourd'hui surtout appelé allégorÚse ou exégÚse allégorique.

En tant que moyen de contourner la censure, l'usage de l'allégorie est trÚs répandu au cours des époques dogmatiques ou sous les régimes autoritaires, mais tend à s'affaiblir à l'époque contemporaine[8].

En peinture et en sculpture, l'allĂ©gorie utilise une conjonction d'Ă©lĂ©ments symboliques — personnage, animal, plante, objet, geste, couleur, nombre — pour signifier une notion abstraite difficile Ă  reprĂ©senter directement, comme la Justice, l'Amour, la Mort.

Lecture allégorique

Historia, allégorie de l'Histoire.
Peinture de Nikolaos Gysis (1892).

GrĂšce antique

Si le recours Ă  des allĂ©gories est probablement aussi ancien que l'apparition du langage, le terme n'apparaĂźt qu'au dĂ©but de notre Ăšre[1]. Toutefois, la rĂ©flexion sur le concept d'allĂ©gorie a dĂ©butĂ© en GrĂšce ancienne au milieu du VIe siĂšcle av. J.-C. Comme Pythagore et divers philosophes faisaient grief Ă  HomĂšre et HĂ©siode des crimes et des dĂ©fauts que leurs Ɠuvres prĂȘtent aux dieux, ThĂ©agĂšne de RhĂ©gium commence Ă  proposer une interprĂ©tation allĂ©gorique de la littĂ©rature homĂ©rique en expliquant les Ă©pisodes les plus critiquĂ©s par des allĂ©gories physiques ou morales[9]. Ainsi, le combat des dieux est selon lui une façon imagĂ©e de dĂ©crire la lutte des quatre Ă©lĂ©ments (terre, eau, air, feu) posĂ©s comme fondateurs par le philosophe Anaximandre, et donc une allĂ©gorie du monde physique[10].

De mĂȘme, DiogĂšne le Cynique propose une explication allĂ©gorique de l'Ă©pisode oĂč MĂ©dĂ©e aurait persuadĂ© les filles de PĂ©lias de faire bouillir leur pĂšre dans un chaudron pour le rajeunir. Selon son interprĂ©tation, la vĂ©ritĂ© serait en fait que « MĂ©dĂ©e
 endurcissait les corps dans les gymnases et les bains de vapeur
 de lĂ  se rĂ©pandit la rumeur qu'elle rajeunissait les corps en les faisant bouillir »[11].

Cette forme de lecture a Ă©tĂ© beaucoup explorĂ©e par les philosophes stoĂŻciens, tels Chrysippe et ZĂ©non de Kition, qui utilisent surtout l'Ă©tymologie pour dĂ©couvrir la vraie nature des rĂ©alitĂ©s physiques et mĂȘme des dieux[12]. Au IIIe siĂšcle, le philosophe nĂ©oplatonicien Porphyre de Tyr suggĂšre que l'antre des nymphes dans l'OdyssĂ©e symbolise en fait le monde physique dont les Ăąmes doivent s'Ă©chapper[13].

Religions juive et chrétienne

La lecture allégorique, qui s'est spécialisée dans la recherche du sens caché, est souvent désignée comme une allégorÚse. Celle-ci s'est développée au début de notre Úre avec Philon d'Alexandrie qui a écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il applique à la Bible et à la Torah les procédés de lecture allégorique développés à propos des mythes grecs.

Cette forme de lecture prend un essor extraordinaire avec l’expansion de la religion chrĂ©tienne. Au IIIe siĂšcle, OrigĂšne inaugure un systĂšme d'interprĂ©tation dans lequel l'allĂ©gorie a une fonction majeure[14].

Au lieu de distinguer simplement entre sens littĂ©ral et sens allĂ©gorique, les PĂšres de l'Église vont mettre en place des niveaux supplĂ©mentaires de sens :

« Le problĂšme que posait alors aux PĂšres de l'Église la nĂ©cessitĂ© de concilier deux rĂ©cits d’origine divine, celui de la Bible et celui du Nouveau Testament, les amĂšnera Ă  valider une lecture au second, voire au troisiĂšme et au quatriĂšme degrĂ©. Cela leur permettra, par exemple, de voir dans le Cantique des Cantiques l'union mystique de l'Église avec le Christ, ou encore de reconnaĂźtre dans “JĂ©rusalem”, selon les cas, la ville historique (sens littĂ©ral), l’Église du Christ (sens allĂ©gorique), l’ñme de l’Église (sens tropologique ou moral) ou la CitĂ© cĂ©leste (sens anagogique ou ce qu'il faut espĂ©rer)[15]. »

Par opposition Ă  l'allĂ©gorie courante et vĂ©ritable, qui porte sur le langage (allegoria in verbis), on introduit la notion d'allĂ©gorie de faits (allegoria in factis ou in rebus), afin d'assigner une vĂ©ritĂ© supĂ©rieure aux signes et miracles d'origine divine en montrant comment « des Ă©vĂšnements historiques en prĂ©figurent d’autres »[16].

Comme le note le philosophe Hans-Georg Gadamer : « le concept d'allĂ©gorie est Ă©troitement liĂ© Ă  la pensĂ©e dogmatique : avec la rationalisation du mythique (comme Ă  l'Ă©poque des lumiĂšres de l'ancienne GrĂšce), avec l'interprĂ©tation chrĂ©tienne des Écritures en termes d'unitĂ© de la doctrine (comme dans la patristique) et finalement avec la rĂ©conciliation de la tradition chrĂ©tienne et de la culture classique »[17].

L'allĂ©gorie est toujours trĂšs pratiquĂ©e sous la forme du commentaire : « Tout commentaire oĂč la relation des Ă©vĂšnements adopte une terminologie conceptuelle et s'exprime en termes d'abstraction est en un sens une interprĂ©tation allĂ©gorique »[18].

Personnification et allégorie

Allégorie de la Concorde blessée par la Discorde, Psychomachie. VIIIe siÚcle.

Limites du procédé

La personnification est un procĂ©dĂ© ancien souvent utilisĂ© dans la tragĂ©die et le poĂšme Ă©pique. Elle prĂ©sente l'avantage de donner une dimension psychologique Ă  des concepts ou Ă  des phĂ©nomĂšnes naturels, un processus allĂ©gorique qui est « le fond mĂȘme de la mythologie »[6]. Comme le notait Boileau, grĂące Ă  la personnification, « Écho n’est plus un son qui dans l’air retentisse, / C’est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse »[19].

La personnification est aussi abondamment employĂ©e dans la poĂ©sie. Baudelaire — pour qui « tout devient allĂ©gorie » dans Le Cygne[20] —, prĂ©sente son paysage intĂ©rieur comme un vĂ©ritable champ de bataille oĂč circulent des corbillards et oĂč s'affrontent des personnages autonomes[21].

Il est à noter qu'une métaphore prolongée par une série de comparaisons détaillées ne constitue pas une allégorie, car la phrase ne comporte pas à la fois un sens littéral et un sens figuré[22]. Exemple : « L'Angleterre est un vaisseau. Notre ßle en a la forme : la proue tournée au Nord, elle est comme à l'ancre au milieu des mers, surveillant le continent » (Alfred de Vigny, Chatterton).

La personnification ne relÚve de l'allégorie que lorsqu'elle est intégrée dans une action : « il faut que la Justice s'ébranle, s'anime, agisse ou parle, pour mériter le nom d'allégorie »[23]. Dans la personnification simple, le travail cognitif est réduit et l'allégorie disparait. Ainsi la phrase « L'Allégorie habite un palais diaphane » n'est pas une allégorie selon Fontanier, car elle ne contient pas « deux objets distincts et divers, l'un offert par le sens littéral, et l'autre par le sens figuré »[24].

Allégorie de la Philosophie et des sept arts libéraux. Hortus deliciarum (1160)

Le travail du lecteur est d'autant plus facilité que la valeur figurée est donnée par la lettre majuscule appliquée à un nom commun. Il n'y a donc pas véritablement allégorie dans une personnification, sauf quand le thÚme se développe en plusieurs autres termes[25].

Figure féminine

Traditionnellement, l'allĂ©gorie est personnifiĂ©e par une femme — muse, nymphe ou divinitĂ© mythologique. Comme le note PĂ©ladan :

« Une allĂ©gorie est toujours une femme, qu’on reprĂ©sente la PerversitĂ© ou l’Agriculture, la Morale ou la GĂ©omĂ©trie. Eh bien ! la femme n’est elle-mĂȘme que l’allĂ©gorie pratique du DĂ©sir ; elle est la plus jolie forme que puisse prendre un rĂȘve (
) elle est le procĂ©dĂ© unique dont le corps se sert pour matĂ©rialiser et possĂ©der sa chimĂšre[26]. »

Le recours Ă  un personnage fĂ©minin a pour effet d'augmenter le pouvoir persuasif des figures allĂ©goriques, en rendant dĂ©sirables les vertus qu'elles incarnent : la contemplation de la forme dĂ©lecte le regard du spectateur en mĂȘme temps que la dĂ©couverte de la signification ravit son intelligence[27].

Métaphore et allégorie

La mĂ©taphore applique le sens d'un mot Ă  un autre en Ă©liminant le terme de comparaison : « Il a un fragment de vitrage sur un Ɠil ». Si on dĂ©veloppe la mĂ©taphore, elle devient une mĂ©taphore filĂ©e. Ainsi, dans ce passage oĂč Proust dĂ©crit divers personnages Ă  monocle dans une salle de concert :

« 
M. de Palancy qui, avec sa grosse tĂȘte de carpe aux yeux ronds, se dĂ©plaçait lentement au milieu des fĂȘtes en desserrant d'instant en instant ses mandibules comme pour chercher son orientation, avait l'air de transporter avec lui un fragment accidentel, et peut-ĂȘtre purement symbolique, du vitrage de son aquarium[28] »

Dans cet exemple, la métaphore filée prend tout son sens à la fin de la proposition, lorsque le monocle est désigné comme un fragment du vitrage d'un aquarium, ce qui produit « une collision de sens qui fait événement pour le sujet cognitif »[29].

À la diffĂ©rence de la mĂ©taphore, qui n'a qu'un seul sens, l'allĂ©gorie peut se lire au seul plan littĂ©ral, sans que le sens cachĂ© soit Ă©vident : « tout discours allĂ©gorique peut ĂȘtre lu non allĂ©goriquement[30]. » L'allĂ©gorie peut se dĂ©velopper dans tout un paragraphe, un chapitre ou mĂȘme un livre, comme dans Le Roman de la Rose. Dans ce cas, les personnages et les Ă©vĂ©nements ont un second sens symbolique qui n'est pas nĂ©cessairement aperçu par tous les lecteurs. Par exemple, la fable Le Voyage de Florian est en fait une allĂ©gorie des Ăąges de la vie, mais la clĂ© n'en est donnĂ©e que dans l'avant-dernier vers. Il y a donc allĂ©gorie lorsque « la mĂ©taphore filĂ©e Ă©voque un sens cachĂ© sous le sens littĂ©ral »[31].

Symbole et allégorie

Buste de Marianne exposé au Sénat. Marianne est un symbole
et une allégorie.

L'opposition entre symbole et allĂ©gorie, apparue au XVIIIe siĂšcle chez les romantiques allemands, a fait couler beaucoup d'encre et suscite encore bien des confusions, car les deux concepts, loin de s'opposer, sont dans une relation dialectique, l'univers des symboles constituant la rĂ©serve de sens oĂč s'alimente le mode allĂ©gorique[32].

Un symbole est dĂ©fini comme un « Objet sensible, fait ou Ă©lĂ©ment naturel Ă©voquant, dans un groupe humain donnĂ©, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d'absent ou d'impossible Ă  percevoir »[33]. Toute rĂ©alitĂ© immatĂ©rielle — personnage mythologique, animal imaginaire, geste, couleur, nombre — est Ă©galement susceptible de possĂ©der un ou plusieurs sens symboliques en fonction des connotations dont elle est chargĂ©e dans une culture donnĂ©e.

Le sens d'un symbole est souvent assez fluide, mais peut cependant ĂȘtre rĂ©pertoriĂ© dans un dictionnaire de symboles — ce qui est impossible avec l'allĂ©gorie qui est aussi diverse qu'il y a de discours. En insĂ©rant le symbole dans un contexte verbal, l'allĂ©gorie a pour effet d'en canaliser les connotations et d'en stabiliser le sens[34].

Une allégorie est toujours constituée d'une « conjonction de symboles »[35] : un symbole isolé n'est pas une allégorie. Ainsi, le buste de Marianne dans les mairies françaises « symbolise la république et ses vertus : ce n'est pas une allégorie »[36].

Le langage des symboles s'est particuliĂšrement dĂ©veloppĂ© dans l'art mĂ©diĂ©val (voir la section ci-dessous « Moyen Âge et Renaissance »).

Philosophie

La Grotte de Platon XVIe siĂšcle.
Musée de la Chartreuse, Douai.

Quoique opposé aux fictions poétiques, Platon a eu recours à l'allégorie pour expliquer sa conception du monde, notamment avec la célÚbre allégorie de la caverne, au livre VII de la République. Dans ce dialogue, il demande à son auditoire d'imaginer des gens enchaßnés dans une caverne, face à un mur sur lequel se projettent les ombres projetées par des personnages passant devant un feu derriÚre leur dos, à l'entrée de la caverne. L'idée de la réalité que donnent ces ombres aux prisonniers est aussi déformée que l'est la nÎtre, mais, tout comme les prisonniers de la caverne, nous refusons de la rejeter. Ainsi, le philosophe se heurte à l'aveuglement des hommes qu'il cherche à éduquer. Henri Morier qualifie cette allégorie de métaphysique, car « elle noue une relation entre le monde sensible et le monde des idées »[37].

Au IIe siÚcle, un philosophe explique l'allégorie d'une célÚbre peinture présentant un Tableau de la vie humaine dans lequel le chemin de la vie est parsemé d'une foule de personnages : Tromperie, Opinions, Convoitises, Mollesses, Fortune, Intempérance, Débauche[38]
 Ce texte sera redécouvert à la Renaissance.

— N’aperçois-tu point prĂšs de la porte, reprit-il, une femme qui est belle et d’une tranquille attitude ? D’un Ăąge dĂ©jĂ  mĂ»r, elle est vĂȘtue d’une robe simple, sans ornements. Elle ne se tient pas sur une boule de marbre, mais sur une base carrĂ©e, immobile et solide. AuprĂšs d’elle sont deux autres femmes, qui paraissent ĂȘtre ses propres filles.
— Sans aucun doute.
— Celle de ces femmes qui est au milieu est VĂ©ritable Instruction ; cette autre est VĂ©ritĂ© ; l’autre, Persuasion.
— Mais pourquoi la premiùre se tient-elle sur une base ?
— C’est un symbole, rĂ©pondit-il. Il donne Ă  entendre aux voyageurs qu’est sĂ»re et solide la route qui vers elle conduit, et que les dons qu’elle dĂ©part sont un solide acquis pour ceux qui les obtiennent[38].

Au IIIe siĂšcle av. J.-C., le philosophe stoĂŻcien Chrysippe « a donnĂ© le portrait de la Justice, que d’ordinaire les peintres et les rhĂ©teurs anciens reprĂ©sentent, dit-il, Ă  peu prĂšs ainsi : taille et traits de jeune fille, air fier et formidable, regard perçant, tristesse noble et digne, aussi Ă©loignĂ©e de la bassesse que de l’orgueil »[39]. Aulu Gelle prĂ©cise :

« Voici comment s’exprime Chrysippe en parlant de la Justice : On la dit vierge, symbole de la puretĂ© ; on dit qu’elle ne parle jamais aux mĂ©chants, qu’elle n’écoute ni douces paroles, ni supplications, ni priĂšres, ni flatteries, ni rien de semblable : par consĂ©quent, on la dĂ©peint sombre, le front tendu et contractĂ©, regardant de travers, afin d’effrayer les mĂ©chants et de rassurer les bons, montrant Ă  ceux-ci un visage bienveillant, et Ă  ceux-lĂ  un visage hostile[39]. »

Littérature

Allégorie de l'eau. Céramique de Bernard Palissy) (1595). Louvre.

Le développement d'un récit sous forme d'allégorie convient particuliÚrement lorsque l'auteur veut susciter chez le lecteur un travail de questionnement sur le texte afin que la morale et le sens en soient mieux mémorisés.

Fable

La fable, qui se constitue en tant que genre littĂ©raire avec Ésope (vers VIIe et VIe siĂšcles av. J.-C.), fonctionne essentiellement sur le mode allĂ©gorique et vise Ă  illustrer une rĂšgle de vie ou une morale au moyen d'une petite histoire — comme le font aussi, sous une forme diffĂ©rente, l’apologue et la parabole[40]. En outre, les animaux se prĂȘtent bien au jeu de l'allĂ©gorie car ils sont souvent identifiables Ă  des caractĂ©ristiques morales en raison de leur physique, de leur comportement ou des qualitĂ©s qu'on leur prĂȘte[41]. Le chien est considĂ©rĂ© comme le symbole de la fidĂ©litĂ© tandis que le loup symbolise le cĂŽtĂ© sauvage et brutal. Ainsi, dans la fable le Loup et l’Agneau de La Fontaine, le rĂ©cit est une allĂ©gorie visant Ă  illustrer l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale annoncĂ©e dans les deux premiers vers : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ; / nous l’allons montrer tout Ă  l’heure ».

Littérature apocalyptique

La littĂ©rature juive apocalyptique ou eschatologique fait un usage massif de l'allĂ©gorie[42]. TrĂšs prisĂ© aussi par les judĂ©o-chrĂ©tiens, ce genre s'Ă©panouit du Ier siĂšcle av. J.-C. au Ier siĂšcle. Les rĂ©cits principaux se trouvent dans les chapitres 7 Ă  12 du Livre de Daniel, qui forment un ensemble de quatre visions, les chapitres 24 Ă  27 du livre d'IsaĂŻe, les chapitres 9 et 10 du livre de Zacharie et les chapitres 1 Ă  14 et 40 Ă  48 du livre d’ÉzĂ©chiel.

Le QuatriÚme Livre d'Esdras ou Apocalypse d'Esdras est un livre biblique pseudépigraphe attribué au scribe israélite Esdras et écrit au Ier siÚcle.

L'ouvrage le plus cĂ©lĂšbre est sans doute l'Apocalypse de Jean, qui dĂ©crit l'arrivĂ©e de la fin du monde lors de la venue de l'AntĂ©christ et l'instauration du royaume de Dieu. Avec son bestiaire fantastique, cet ouvrage inspirera nombre de commentaires et d'illustrateurs dans l'art mĂ©diĂ©val (voir ci-dessous « Moyen Âge et Renaissance »).

Littérature latine

L'allĂ©gorie devient trĂšs populaire dans la littĂ©rature latine du dĂ©but de notre Ăšre, particuliĂšrement chez Stace et Virgile. Ainsi, dans l'ÉnĂ©ide, Virgile Ă©voque les ombres infernales sous forme d'allĂ©gories errantes, le Chagrin, les Remords, la Peur, la Faim, pour finir par la Discorde : « La furieuse Discorde aux cheveux de vipĂšre retenus par des rubans sanglants »[43].

La littĂ©rature chrĂ©tienne des premiers temps exploite le procĂ©dĂ© de la personnification pour diffuser son message. Ainsi, le poĂšte latin Prudence compose la Psychomachie qui met en scĂšne le combat des vices et des vertus pour la domination de l'Ăąme humaine : « la Foi affronte l’IdolĂątrie, la ChastetĂ© lutte contre la VoluptĂ©, la Patience triomphe de la ColĂšre, l’HumilitĂ© terrasse l’Orgueil, la TempĂ©rance vainc la Luxure ; la CharitĂ©, l’Avarice ; et enfin, la Concorde, la Discorde ». Par la suite, Tertullien, dans son ouvrage De Spectaculis, « dĂ©peint les vertus comme autant d’amazones en lutte contre les vices »[44].

Au Ve siĂšcle, le poĂšte latin Martianus Capella prĂ©sente dans Noces de Philologie et de Mercure une synthĂšse des connaissances littĂ©raires et scientifiques Ă  travers une sorte de rĂ©cit mythologique oĂč les sept arts libĂ©raux sont personnifiĂ©s par des femmes : Grammaire, Dialectique, RhĂ©torique, GĂ©omĂ©trie, ArithmĂ©tique, Astronomie et Musique.

Allégorie médiévale

Selon Daniel Poirion, le XIIIe siÚcle est la grande époque de la littérature allégorique, qui est une façon d'explorer des réalités mystérieuses[45].

L'allĂ©gorie mĂ©diĂ©vale produit son chef-d’Ɠuvre littĂ©raire avec le Roman de la rose, dans la partie rĂ©digĂ©e par Guillaume de Lorris, qui raconte les Ă©preuves par lesquelles un amoureux doit passer pour rĂ©ussir Ă  pĂ©nĂ©trer dans un verger symbolisant la femme aimĂ©e. TrĂšs influent, ce long poĂšme inspirera nombre de romans mĂ©diĂ©vaux.

Au siÚcle suivant, Dante donne dans La Divine Comédie une représentation allégorique de la difficulté de mener une vie vertueuse. Il a pour guide dans l'au-delà le poÚte latin Virgile, qui lui fait visiter les cercles de l'enfer, le purgatoire et le paradis.

La préciosité

La Carte de Tendre (1654) retrace les différentes étapes de la vie amoureuse.

L'allĂ©gorie connaĂźt une vogue nouvelle au milieu du XVIIe siĂšcle, lorsque s'Ă©panouit la prĂ©ciositĂ©[46]. Dans ClĂ©lie, histoire romaine (1654), Madeleine de ScudĂ©ry dĂ©veloppe la Carte de Tendre, une « allĂ©gorie topographique » de la sĂ©duction et des rapports amoureux. L'allĂ©gorie est devenue un jeu pour se divertir en compagnie. Nombre d'ouvrages mettent en scĂšne des allĂ©gories, tel Le Temple de la Paresse de Paul Pellisson (1665)[47]. Dans Voyages de l'Isle d'Amour, Paul Tallemant dĂ©veloppe une « allĂ©gorie simultanĂ©ment topographique et typologique »[48], oĂč les sentiments sont reprĂ©sentĂ©s Ă  la fois par un lieu et le personnage qui y rĂ©side.

Comme le note un critique du XVIIe siĂšcle, l'allĂ©gorie offre un double plaisir : « celui d’admirer l’adresse, l’esprit et l’artifice de celui qui a fait l’énigme et qui l’a bien dĂ©veloppĂ©e, et celui de voir que malgrĂ© ses voiles et ses tĂ©nĂšbres affectĂ©es on en a trouvĂ© le sens »[49].

Pour Georges Couton, l'allĂ©gorie s'est Ă©panouie durant ce siĂšcle parce que « Le monde est intellectuellement explicable, donc stimulant, excitant pour l'imagination. Comment, avec une telle vision du monde, l'allĂ©gorie n'aurait-elle pas fleuri, puisqu'elle est l'art de trouver des rapports, et des significations multiples ? »[50]. En mĂȘme temps, Ă©tant devenue pur procĂ©dĂ©, l'allĂ©gorie sombre facilement dans l'insignifiance, comme en tĂ©moignent de nombreux opuscules, tel L'Origine et le ProgrĂšs des Rubans; leur dĂ©faite par les Princesses JarretiĂšres; et leur RĂ©tablissement en suite[51], oĂč « des accessoires usuels de la toilette se voient promus, burlesquement, hĂ©ros d'une Ă©popĂ©e parodique »[52].

DĂ©clin Ă  l'Ă©poque romantique

L'allĂ©gorie tombe brutalement en dĂ©faveur Ă  partir de l'Ă©poque romantique. Dans son ouvrage sur l'esthĂ©tique, Hegel rĂ©sume les critiques qui lui sont faites : « On accuse l'allĂ©gorie d'ĂȘtre froide et vide (
) et d'ĂȘtre aussi, au point de vue de l'invention, plus une crĂ©ation de l'entendement que de l'intuition concrĂšte et des profondeurs de la fantaisie »[53]. L'allĂ©gorie est dĂšs lors dĂ©prĂ©ciĂ©e au profit du symbole, car celui-ci permet « la rĂ©appropriation d'un immense domaine de signifiants et la mise en circulation d'une rĂ©serve infinie de production de sens »[54]. Ainsi que le synthĂ©tise Alain, « le symbole est aux sentiments ce que l'allĂ©gorie est aux pensĂ©es »[55].

Ce mouvement de rejet de l'allĂ©gorie connaĂźt toutefois un coup d'arrĂȘt vers la fin du XXe siĂšcle avec Paul de Man qui se pose en adversaire irrĂ©ductible de l'esthĂ©tique symboliste[56]. Son Ă©loge de l'allĂ©gorie est sans doute due au fait que celle-ci « est emblĂ©matique du travail de lecture et d’interprĂ©tation »[57].

Époque contemporaine

Dans la littĂ©rature contemporaine, George Orwell a dĂ©veloppĂ© dans La Ferme des animaux une sĂ©rie d'allĂ©gories du rĂ©gime stalinien. Un lecteur ignorant ou non prĂ©venu peut toutefois lire cette histoire au premier degrĂ© sans soupçonner que chacun des animaux impliquĂ©s Ă©voque en fait des personnages et Ă©vĂ©nements historiques — ce qui est typique de l'allĂ©gorie[58].

Devant une Ɠuvre Ă©nigmatique, un critique peut dĂ©cider que l'ensemble du rĂ©cit est une allĂ©gorie et se mettre Ă  rechercher le sens cachĂ© sous le sens littĂ©ral. Parfois, divers auteurs proposent des sens cachĂ©s fort diffĂ©rents. Ainsi, le roman d'Edgar Poe, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, a Ă©tĂ© lu comme « une OdyssĂ©e de l'inceste » par Marie Bonaparte, « un des grands livres du cƓur humain » par Gaston Bachelard et comme « un voyage au bout de la page » par Jean Ricardou[59].

Dans un sens Ă©largi, bien des Ɠuvres romanesques peuvent ĂȘtre lues comme de vagues allĂ©gories, notamment les romans Ă  thĂšse[60] et la science-fiction[61]. Ainsi, La Peste de Camus est en fait une allĂ©gorie de la condition humaine, tout particuliĂšrement de la montĂ©e du fascisme et de la rĂ©sistance face Ă  l'envahisseur[62].

Dans la foulée de la fable, la littérature jeunesse recourt fréquemment à l'allégorie pour faire passer un enseignement. Pinocchio est « une allégorie de l'enfant que nous portons tous en nous[63] ». La série des Schtroumpfs n'est sans doute pas une allégorie du communisme, comme certains l'ont cru[64], mais Le Schtroumpfissime est une allégorie de la montée de la dictature à la faveur des failles de la démocratie représentative.

Arts plastiques

MĂȘme si la reprĂ©sentation visuelle de personnages allĂ©goriques se pratique depuis l'AntiquitĂ©, ce n’est qu’à partir de 1694 que le mot « allĂ©gorie » commence Ă  dĂ©signer en art une « figure ou composition employĂ©e pour figurer une idĂ©e[65] ».

L'allégorie visuelle classique repose essentiellement sur la manipulation de symboles et de personnages mythologiques.

Les figures allégoriques comprennent à la fois des attributs rattachés historiquement à un personnage type (la massue d'Hercule, la palme ou l'instrument du supplice pour un saint martyr) ou associés dans le langage courant ou dans la culture à la notion abstraite qu'on veut représenter : le chien pour la fidélité, le sablier pour le temps. Le groupement des personnages, des attributs et des symboles permet une lecture allégorique du tableau.

Antiquité

L'empereur Honorius s'est fait représenter avec l'allégorie de la Victoire sur le poignet gauche

DÚs l'Antiquité, les peintres et sculpteurs représentaient des idées abstraites sous forme de figures humaines ou animales, ou d'objets symboliques.

Au IVe siĂšcle av. J.-C., le peintre grec Apelle a peint un cĂ©lĂšbre tableau reprĂ©sentant la Calomnie, que Botticelli a refait d'aprĂšs la description qu'en avait donnĂ©e Lucien de Samosate. Cette scĂšne ne compte pas moins de huit personnages allĂ©goriques : la VĂ©ritĂ©, le Remords et, tirant un homme Ă  terre, la Calomnie — coiffĂ©e par la SĂ©duction et la Fourberie — que mĂšne la Haine vers la tribune oĂč un juge est assailli par le Soupçon et la Duperie.

Les personnages mythologiques sont souvent utilisĂ©s pour reprĂ©senter des notions complexes. L'allĂ©gorie de la victoire reprĂ©sente la dĂ©esse NikĂ© avec des ailes — Ă©voquant la rapiditĂ©[66] et peut-ĂȘtre aussi l'Ă©lĂ©vation au-dessus des autres —, tenant dans la main gauche une couronne de laurier pour le vainqueur et dans la droite une palme — attribut symbolique encore prĂ©sent de nos jours dans la palme d'or remise au meilleur film.

Les riches maisons romaines étaient décorées de fresques et de mosaïques représentant le plus souvent des scÚnes mythologiques. Ces illustrations « semblent avoir eu pour but bien moins d'inspirer des pensées religieuses que de flatter les passions par des allégories trÚs diaphanes »[67].

La religion chrĂ©tienne, dĂšs ses dĂ©buts, fait un recours massif aux symboles, notamment celui du poisson — dont le nom grec Ichthus est l'acronyme d'une dĂ©claration de foi —, ainsi qu'aux images allĂ©goriques, tel l'agneau pascal. Toutefois, cette profusion allĂ©gorique devient telle que le concile Quinisexte tenu Ă  Constantinople en 692 recommande que le Christ soit reprĂ©sentĂ© sous sa forme humaine plutĂŽt que par un animal[68] - [69].

Moyen Âge et Renaissance

AprĂšs ce concile, « l'emploi des figures allĂ©goriques ne se ralentit un instant que pour prendre ensuite un dĂ©veloppement plus complet[67]. » L'allĂ©gorie est en effet omniprĂ©sente au Moyen Âge, tant dans l'art roman que dans l'art gothique. Elle inspire les sculptures des Ă©glises, les retables, les vitraux, les mosaĂŻques, les miniatures des livres d'heures, des psautiers et des encyclopĂ©dies.

Les symboles sont Ă  cette Ă©poque « des sortes d'hiĂ©roglyphes dont il fallait avoir le secret »[67]. C'est ainsi que chacun des quatre ÉvangĂ©listes est identifiĂ© par un livre au format codex et un animal symbolique : un ange pour Matthieu, un lion pour Marc, un taureau pour Luc et un aigle pour Jean, lequel est aussi symbolisĂ© par un calice avec un serpent dans une main et une palme dans l'autre. De mĂȘme, « Chaque saint Ă©tait caractĂ©risĂ© par un ou plusieurs objets : AgnĂšs par un agneau, Roch par un chien, Pierre par une clef, JĂ©rĂŽme par un livre et un lion. Pour les martyrs, c’est trĂšs souvent l’instrument de leur supplice, ou bien la partie suppliciĂ©e »[70]. Parmi les attributs des martyrs, citons notamment un gril pour saint Laurent et une roue de supplice ainsi qu'une Ă©pĂ©e pour sainte Catherine : en plus de permettre l'identification, ces symboles sont un moyen de « condenser un ensemble de donnĂ©es relatives Ă  la lĂ©gende d’un saint en une seule image synthĂ©tique propre Ă  susciter la piĂ©tĂ© de ceux qui la contemplaient »[71].

Les symboles sont aussi empruntés aux minéraux, aux fleurs et aux arbres. Ainsi, l'auteur du Liber floridus (1120), vaste ouvrage encyclopédique, représente chacune des huit Béatitudes par un arbre : cÚdre du Liban, cyprÚs, palmier, rosier, olivier, platane, térébinthe, vigne.

Une autre encyclopĂ©die de cette Ă©poque, l'Hortus deliciarum, contient quelque 9 000 images allĂ©goriques, qui en constituent la matiĂšre principale et sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre dĂ©codĂ©es en premier, tandis que le texte n'intervient qu'Ă  titre de complĂ©ment. Ces Ă©quivalences symboliques invitent le lecteur Ă  trouver une adĂ©quation entre deux ordres de rĂ©alitĂ© trĂšs Ă©loignĂ©s l'un de l'autre, caractĂ©ristique de l'allĂ©gorie. Ainsi, dans l'image intitulĂ©e « L'Ă©chelle des vertus », des personnages engagĂ©s dans la montĂ©e tombent pour divers motifs sous les flĂšches des dĂ©mons : un laĂŻc tout au bas de l'Ă©chelle Ă©choue parce qu'il ne pratique pas la vie contemplative ; une nonne parce qu'elle se laisse sĂ©duire par un cadeau que lui offre un prĂȘtre ; un prĂȘtre parce qu'il ne peut pas rĂ©sister Ă  la viande, au vin et aux femmes ; un moine parce qu'il aime trop son lit ; un ermite parce qu'il pense Ă  son jardin plutĂŽt qu'Ă  la contemplation. Seule une vierge arrive en haut de l'Ă©chelle et reçoit en rĂ©compense la vertu de charitĂ© qui comprend toutes les autres vertus et Ă  laquelle les nonnes devraient viser[72].

L'allĂ©gorie sert aussi Ă  traiter des sujets moraux, surtout dans la reprĂ©sentation des Vices et des Vertus, par exemple la Justice avec son glaive et sa balance, reprĂ©sentations qui connaĂźtront une longue popularitĂ©. Un traitĂ© de droit du XIIe siĂšcle, Questiones de juris subtilitatibus, dĂ©crit une vision du « Temple de Justice, oĂč Justitia est entourĂ©e de ses six filles, les vertus civiques : Religio (religion), Pietas (piĂ©tĂ©), Gratia (gratitude), Vindicatio (rĂ©clamation), Observantia (dĂ©fĂ©rence) et Veritas (vĂ©ritĂ©). Au-dessus d’elle Ratio (raison) veille et, dans ses bras, Æquitas (Ă©quitĂ©) s’applique Ă  maintenir les plateaux de la balance en Ă©quilibre »[73].

Pour reprĂ©senter l'envie, Giotto intĂšgre des traits empruntĂ©s aux locutions imagĂ©es, qui sont elles-mĂȘmes des allĂ©gories condensĂ©es[67] : l'Envie est figurĂ©e par une vieille femme qui brĂ»le d'envie et dont la langue dĂ©mesurĂ©e se replie comme une langue de vipĂšre ; ses oreilles Ă©normes dĂ©notent l'attention qu'elle porte aux commĂ©rages. L'inscription du sujet en haut du tableau (en latin Invidia) garantit une interprĂ©tation univoque.

L'AllĂ©gorie de la chastetĂ© de Memling (1480) prĂ©sente une jeune femme dont le bas du corps est enserrĂ© dans une amĂ©thyste gĂ©ante. Or, selon le Dictionnaire des symboles, l'amĂ©thyste est « une pierre de tempĂ©rance [
] le symbole de l'humilitĂ©, parce qu'elle est de la couleur de la violette »[74]. Comme cette couleur est aussi celle du vĂȘtement, ces qualitĂ©s de tempĂ©rance et d'humilitĂ© sont, par mĂ©tonymie, celles de la femme. Deux lions qui montent la garde au bas du rocher lui servent de chevaliers servants comme l'indique l'Ă©cu qu'ils portent sur le dos. Pour ajouter Ă  la collection de symboles convergents, une source d'eau pure jaillit du rocher, symbole de vie Ă©ternelle[75].

L'intention morale est intégrée à un univers fantastique chez JérÎme Bosch, qui peint une humanité corrompue dans Les Sept Péchés capitaux (1475-1480), La Nef des fous (1490-1500, Le Chariot de foin (1500) et surtout le triptyque du Jardin des délices (1503-1504).

XVIe siĂšcle

L’allĂ©gorie s'Ă©panouit au cours de ces deux siĂšcles, qui marquent l'Ăąge d’or de la peinture. « PlacĂ©e au sommet de la hiĂ©rarchie des genres, l’allĂ©gorie a pour dessein de vanter les vertus des Grands, du Souverain comme des Princes. De leur rappeler leurs devoirs Ă©galement[76]. »

Entre 1508 et 1512, Michel-Ange illustre sur le Plafond de la chapelle Sixtine les grands moments de l'histoire humaine, depuis la création jusqu'au Jugement dernier, en y intégrant les sibylles et les prophÚtes[67].

Le développement de l'imprimerie ouvre de nouveaux horizons à l'expression allégorique. S'inspirant des hiéroglyphes égyptiens alors mal compris, Francesco Colonna popularise dans Hypnerotomachia Poliphili (1499) un langage imagé « symbolique en se fondant sur des exemples antiques, littéraires, inscriptionnels et numismatiques »[77].

Albrecht DĂŒrer rĂ©alise nombre de gravures allĂ©goriques, dont les plus cĂ©lĂšbres sont Le chevalier, la mort et le diable (1513), Melencolia (1514) et Saint JĂ©rĂŽme dans sa cellule.

Le succĂšs extraordinaire de l'ouvrage Emblemata (1534) d'AndrĂ© Alciat inspire de nombreux livres d'emblĂšmes, chaque emblĂšme consistant en un titre, une image, et un texte en vers pouvant servir de devise. Le procĂ©dĂ© de la devise, qui est d'abord une façon pour les princes et les lettrĂ©s de se distinguer, s'Ă©tend Ă  des marques d'imprimeur pour finalement illustrer de façon allĂ©gorique des concepts philosophiques ou moraux. Le sujet suscite tellement d'intĂ©rĂȘt que des auteurs en constituent des recueils spĂ©cialisĂ©s : emblĂšmes moraux, emblĂšmes d'amour, emblĂšmes militaires ou religieux[78].

Arcimboldo (1527-1593) renouvelle le genre de l'allĂ©gorie au moyen d'analogies visuelles dans ses tĂȘtes composĂ©es reprĂ©sentant les saisons, les quatre Ă©lĂ©ments ou des mĂ©tiers[79].

Pieter Brueghel l'Ancien illustre de façon allĂ©gorique Le Combat de Carnaval et CarĂȘme (1559). Il Ă©voque une centaine de proverbes dans Les Proverbes flamands (1559), oĂč l'allĂ©gorie se transforme en Ă©nigme en raison du dĂ©calage linguistique et culturel.

La tentative de codification d'un langage imagé symbolique culmine avec la publication d'Iconologia (1593) par Cesare Ripa. Il s'agit d'un recueil de « personnifications allégoriques construites comme dans les traités d'ars memoriae et se proposant de transformer en images signifiantes des concepts et des idées abstraites »[80] : concepts d'ordre moral ou réalités physiques et sociales de toute sorte. L'ouvrage connaßtra plusieurs éditions et sera illustré de plusieurs centaines d'illustrations. Il influencera les artistes dans toute l'Europe, mais particuliÚrement en Italie et en France, et sera utilisé jusqu'au milieu du XIXe siÚcle.

XVIIe siĂšcle

La mythologie redevient populaire Ă  partir de la Renaissance et reste vivante jusqu'au XIXe siĂšcle. Nombre de peintres y cherchent les thĂšmes de leurs tableaux et utilisent le voile de l'allĂ©gorie pour Ă©mettre un message de type moral ou politique, ce qui ne va pas toujours sans consĂ©quences pour l'auteur. Ainsi, dans l'allĂ©gorie de la Fortune, la dĂ©esse de la chance dĂ©verse la corne d'abondance, tandis qu'un Ăąne vĂȘtu du manteau rouge, symbolisant le pape, jette de l'ombre sur le hibou, symbole de sagesse. Une rose Ă©voque le nom de l'artiste, Salvator Rosa, ainsi qu'une palette et un livre qui porte ses initiales.

Pierre-Paul Rubens rĂ©alise de nombreux tableaux allĂ©goriques, notamment pour le Cycle de Marie de MĂ©dicis oĂč il peint la Reine MĂšre entourĂ© de dieux antiques et parfois mĂȘme divinisĂ©e. Ses allĂ©gories les plus connues sont Les bĂ©nĂ©dictions de la paix (1629) et celle des ConsĂ©quences de la guerre, rĂ©alisĂ©e en 1638, alors que la guerre de Trente Ans continuait de ravager l'Europe.

Souvent, la rĂ©fĂ©rence mythologique dans un tableau n'est qu'une antonomase pour faire le portrait d'une femme aimĂ©e sous les traits qui la mettent le mieux en valeur — VĂ©nus, Vierge Ă  l'enfant, Diane chasseresse[81], Madeleine pĂ©nitente —, ou pour exposer les hauts faits d'armes d'un roi sous les traits du dieu Mars ou encore pour Ă©voquer un Ă©pisode de la vie sociale[82]. Tout en reposant sur un langage codĂ©, les tableaux allĂ©goriques comportent souvent aussi des Ă©lĂ©ments qui relĂšvent du songe ou de la vision, comme le signale Marc Fumaroli pour qui « le mouvement premier de l’allĂ©gorie est le rĂȘve qui fait voir la rĂ©alitĂ© »[83].

Dans l'esprit des grandes dĂ©couvertes, l'allĂ©gorie gĂ©ographique inspire la personnification de fleuves, telle la Fontaine des Quatre-Fleuves. Pierre-Paul Rubens reprĂ©sente les quatre continents accompagnĂ©s de leurs quatre grands fleuves. En 1685, Andrea Pozzo peint sur la coupole de la nef de l'Église Saint-Ignace de Rome une gigantesque fresque reprĂ©sentant l’apothĂ©ose d’Ignace de Loyola et une allĂ©gorie de l’Ɠuvre missionnaire des JĂ©suites sur les quatre continents.

Les frontispices des livres offrent parfois de savantes compositions allĂ©goriques visant Ă  en rĂ©sumer les principales idĂ©es, comme c'est le cas par exemple pour le Mundus symbolicus de Filippo Picinelli[84] ou pour LĂ©viathan (1651), dont le frontispice reprĂ©sente le corps de l'État-LĂ©viathan formĂ© par la masse des individus qui le composent et installĂ© sur les divers attributs d'un État moderne, tel que l'envisage Thomas Hobbes.

DĂ©clin et transformation

Les joies de la maternité, Fragonard (1754)
La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime
Pierre-Paul Prud'hon (1804-1806)

Au XVIIIe siĂšcle, l'allĂ©gorie emprunte parfois encore aux personnages mythologiques chez Watteau avec L'Amour dĂ©sarmĂ© (1715), ainsi que chez François Lemoyne, qui rĂ©alise des allĂ©gories pour dĂ©corer le Salon de la Paix Ă  Versailles (1730). Fragonard, qui s'est spĂ©cialisĂ© dans des scĂšnes mythologiques telle La Naissance de VĂ©nus (1753), commence en 1771 une sĂ©rie de quatorze tableaux Ă  la demande de Madame du Barry pour reprĂ©senter Les ProgrĂšs de l'amour dans le cƓur d'une jeune fille : La Poursuite, La Surprise ou La Rencontre, L'Amant couronnĂ©, La Lettre d'amour, L'AbandonnĂ©e, L'Amour triomphant, L'Amour en sentinelle, L'Amour folie, L'Amour poursuivant une colombe, et L'Amour assassin.

Les grandes peintures allégoriques sont fréquentes dans les bùtiments officiels et tout particuliÚrement les cours de justice. Ainsi, en 1768-69, Nicolas Guy Brenet peint les allégories de la justice qui décorent la Grande Chambre du Parlement de Flandre à Douai[85]. Comme le note Valérie Hayaert, tout en rehaussant le pouvoir des parlementaires, ces allégories leur rappellent aussi les devoirs de leur charge tout en « en plaçant sous leurs yeux un panthéon de vertus sous des figures féminines qui les rend désirables »[86] :

« L’allĂ©gorie de Justice veut convaincre les hommes de loi qui la contemplent. Loin de se dissoudre dans une fade polysĂ©mie, elle accroche la conscience de son destinataire parce qu’elle fait voir autrement. Il faut pour cela se libĂ©rer de la critique romantique de l’allĂ©gorie qui y voyait une forme d’un autre Ăąge, enfermĂ©e dans des conventions Ă©triquĂ©es, et explorer les variantes et les combinaisons nouvelles de cette grammaire aujourd’hui oubliĂ©e[87]. »

Plus tard, Pierre-Paul Prud'hon réalise La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime (1804-1806) pour décorer la salle du tribunal criminel du Palais de Justice de Paris, tandis que Ingres réalise L'Apothéose d'HomÚre pour décorer un plafond du musée Charles X au Louvre.

Le dĂ©clin de l'allĂ©gorie est survenu dans les beaux-arts un peu plus tĂŽt que dans la littĂ©rature, avec la publication de l'essai de Lessing sur le groupe sculptural du Laocoon (1766). Dans cet ouvrage, Lessing prend le contrepied de la tradition classique et affirme que c'est une erreur de vouloir subordonner l'une Ă  l'autre poĂ©sie et peinture, parce que leurs spĂ©cificitĂ©s sont radicalement diffĂ©rentes et qu'une peinture narrative sombre facilement dans l'artifice[88]. Le rejet de l'allĂ©gorie acquiert une base thĂ©orique avec l'opposition qui s'installe alors progressivement entre symbole et allĂ©gorie, notamment chez Karl Philipp Moritz, le symbole Ă©tant associĂ© au vrai beau, qui « consiste en ce qu'une chose ne se signifie qu'elle-mĂȘme, ne se dĂ©signe qu'elle-mĂȘme, qu'elle est un tout accompli en soi »[89].

Au lieu de reprĂ©senter une idĂ©e par un personnage dotĂ© d'une sĂ©rie d'attributs, la peinture se met Ă  explorer la force suggestive de symboles non arrimĂ©s Ă  une codification prĂ©cise et laissant le champ libre Ă  l'interprĂ©tation. En 1782, lorsqu'il est exposĂ© pour la premiĂšre fois Ă  la Royal Academy de Londres, Le Cauchemar de FĂŒssli suscite « un rare degrĂ© d'intĂ©rĂȘt »[90] et restera populaire pendant des dĂ©cennies.

L'allégorie reste cependant présente dans la caricature, qui se développe avec Daumier, Grandville et Gustave Doré.

Au XXe siĂšcle, « l'image franchira un pas supplĂ©mentaire dans son Ă©mancipation du langage »[91]. Ainsi, Magritte dĂ©clare Ă©viter « de peindre une figure qui reprĂ©senterait l'idĂ©e de la Justice, avec toutes les interrogations liĂ©es Ă  une telle idĂ©e », allant mĂȘme jusqu'Ă  dire qu'il veut peindre des images qui « montrent les choses et ne reprĂ©sentent rien Ă  penser »[92].

Le contexte socio-culturel dans lequel s'Ă©tait Ă©panouie la culture de l'allĂ©gorie s'est profondĂ©ment transformĂ©. Pour Robert Badinter, « Les citoyens ne supporteraient plus ce langage cryptĂ© qui sĂ©parait les hommes cultivĂ©s [
] maĂźtrisant ses symboles, du peuple ignorant »[93]. En outre, selon Vandendorpe, « nous n'avons plus besoin, comme jadis, de recourir Ă  des figures emblĂ©matiques puisĂ©es dans la Bible, les vies de saints ou les rĂ©cits mythiques, afin de donner une apparence humaine Ă  des abstractions »[94]. En effet, la circulation des images s'est considĂ©rablement accĂ©lĂ©rĂ©e avec la mise en place de l'Internet et des mĂ©dias sociaux, particuliĂšrement YouTube et TikTok. GrĂące Ă  ces outils, l'image prend de plus en plus le pas sur le commentaire, allant mĂȘme jusqu'Ă  le remplacer, comme le montre, dans les Ă©changes sur tĂ©lĂ©phone, la prolifĂ©ration des Ă©moticĂŽnes, prototype d'un langage de symboles universellement partagĂ©s.

Notes et références

  1. Goulet 2005, p. 6.
  2. Morier 1975, p. 65.
  3. Vandendorpe 1999, p. 78.
  4. Morier, p. 71-72.
  5. Jon Whitman, cité par Rolet 2012, p. 22.
  6. Pierre Larousse, p. 209.
  7. PĂ©pin, p. 45 et 78.
  8. Encyclopaedia Britannica, 1973, p. 133
  9. PĂ©pin, p. 93-94.
  10. PĂ©pin, p. 97-98.
  11. PĂ©pin, p. 110.
  12. Le Boulluec.
  13. L'Antre des nymphes
  14. Alain Le Boulluec dans Goulet 2005, p. 113.
  15. Compagnon, p. 176.
  16. Rolet 2012, p. 27.
  17. Cité dans Vandendorpe 1999
  18. Morier 1975, p. 77.
  19. Boileau, L'Art poétique, III, v. 171-172. Cité dans Génetiot.
  20. HĂ€rle.
  21. « Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, / DĂ©filent lentement dans mon Ăąme ; l’Espoir, / Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, / Sur mon crĂąne inclinĂ© plante son drapeau noir. » (Les Fleurs du mal, Spleen.) De mĂȘme, la personnification est accompagnĂ©e d'une description dans ces vers de Victor Hugo : « La DĂ©route, gĂ©ante Ă  la face effarĂ©e, / La DĂ©route apparut au soldat qui s'Ă©meut, / Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut ! »
  22. Dupriez, p. 22.
  23. Morier 1975, p. 67.
  24. Fontanier, p. 114.
  25. Dupriez, p. 340.
  26. JosĂ©phin PĂ©ladan, Le Vice suprĂȘme (p. 268), citĂ© dans Hayaert & Garapon 2014, p. 36.
  27. Hayaert & Garapon 2014, p. 19.
  28. À la recherche du temps perdu, I, p. 327
  29. Vandendorpe 1999, p. 77.
  30. Molinié, p. 42.
  31. Klein-Lataud, p. 82-83.
  32. Eco 1988, p. 223.
  33. Dictionnaire du CNRTL.
  34. Vandendorpe 1999, p. 83.
  35. Morier, p. 69.
  36. Morier, p. 67.
  37. Morier, p. 71-73.
  38. Tableau de la vie humaine
  39. Aulu Gelle, Nuits attiques, XIV, 4. Cité par Hayaert & Garapon 2014, p. 9.
  40. GĂ©netiot, p. 11.
  41. Toutefois, les animaux de la fable ne prĂ©sentent pas toujours le mĂȘme caractĂšre Ă  chacune de leurs apparitions. Voir GĂ©netiot, p. 62.
  42. Daniel Assefa, « L'Apocalypse des animaux (1 Hen 85-90) une propagande militaire ?», éd. Brill, Leiden, 2007, p. 169-170.
  43. Discordia demens vipereum crinem vittis innexa cruentis, au chant VI (268-281). On retrouve la Discorde vaincue par la Joie dans l'Ode à la Joie de Schiller, mise en musique par Beethoven dans sa 9e symphonie et choisie comme hymne européen
  44. Hayaert & Garapon 2014, p. 10.
  45. Daniel Poirion, article « Allégorie », Encyclopaedia Universalis.
  46. Pioffet, p. 109.
  47. Le Temple de la Paresse
  48. Collinet 1976, p. 115.
  49. Michel Charles, « MĂ©nestrier C.-F., PoĂ©tique de l’énigme », PoĂ©tique, 1981, numĂ©ro 45, p. 40.
  50. Couton 1976, p. 100.
  51. Recueil de piÚces en prose, les plus agréables de ce temps, 1659
  52. Collinet 1975, p. 105.
  53. Hegel, Cours d'esthétique 2, Flammarion, p. 118.
  54. Vandendorpe 1999, p. 86.
  55. Alain, SystĂšme des beaux-arts, Gallimard, 1926, p. 259.
  56. Krieger, p. 13.
  57. Vandendorpe 1999, p. 88.
  58. SĂ©bastien.
  59. Jean Ricardou, ProblÚmes du nouveau roman, chapitre « Le caractÚre singulier de cette eau ».
  60. Morier 1975, p. 76.
  61. Dolan 2020.
  62. (en) Laura Marris, « Camus Inoculation against Hate », The New York Times Book review,‎ (lire en ligne)
  63. Victoria Gairin, « Pinocchio » : du grand au petit écran, Le Point, 5-05-2020.
  64. Les Schtroumpfs schtroumpfent leur 50e, Le Devoir, 15-01-2008.
  65. Dictionnaire du CNRL
  66. Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, lire en ligne
  67. Pierre Larousse, p. 210.
  68. (la) Christi Dei nostri humana forma characterem in imaginibus deinceps erigi ac depingi jubemus (Pierre Larousse, p. 210)
  69. L'importance du concile Quinisexte pour les icÎnes sacrées, Traditions monastiques, 12-09-2019.
  70. Michel Butor cité dans Vandendorpe 2005, p. 7.
  71. Denoël 2007, p. 157.
  72. (en) Fritz Saxl, Lectures, Londres, The Wartburg Institute, , p. 250
  73. Hayaert & Garapon 2014, p. 22.
  74. Chevalier, p. 35.
  75. Vandendorpe 2005, p. 19.
  76. Hayaert & Garapon 2014, p. 16.
  77. Rolet 2012, p. 21.
  78. Pastoureau 1983, p. 520.
  79. Philippe Dagen, « Arcimboldo, derriÚre le miroir », Le Monde, 15-09-2007.
  80. Pastoureau 1983, p. 522.
  81. Vers 1665, comme Louis XIV souhaitait un portrait de sa maĂźtresse, « Brienne voulait faire peindre La ValliĂšre en Madeleine. Le roi protesta : Non, il faut la peindre en Diane ; elle est trop jeune pour ĂȘtre peinte en pĂ©nitente (citĂ© par Couton 1976, p. 95 ». Voir Louise de la ValliĂšre en Diane chasseresse.
  82. Couton 1976, p. 95-98.
  83. Marc Fumaroli, L’École du silence. Le sentiment des images au XVIIe siĂšcle, Paris, Flammarion, 1998, pp. 115-116. CitĂ© dans Hayaert & Garapon 2014, p. 37.
  84. Voir Mundus Symbolicus
  85. Voir Grand chambre du Parlement de Flandre.
  86. Hayaert & Garapon 2014, p. 7 et 11.
  87. Hayaert & Garapon 2014, p. 20.
  88. Vandendorpe 2005, p. 10.
  89. Moritz, cité par Todorov 1977, p. 194
  90. John Knowles, Vie et écrits d'Henry Fuseli, 1831, réédité par H. Colburn et R. Bentley en 2007.
  91. Vandendorpe 2005, p. 33.
  92. Magritte 1994, p. 133.
  93. Avant-propos de Hayaert & Garapon 2014.
  94. Vandendorpe 2005, p. 49.

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