Johann Heinrich Füssli
Johann Heinrich Füssli ou Henry Fuseli ( à Zurich – à Putney Hill) est un peintre et écrivain d'art d'origine suisse naturalisé britannique. Il montre très tôt dans sa carrière un attrait particulier pour les sujets fantastiques, nouveaux à l'époque. Dès la cinquantaine, il a vécu en Angleterre où il a réalisé des illustrations d'œuvres de Shakespeare, de Dante, ainsi que de l'épopée germanique des Nibelungen. Il a été reconnu par les surréalistes comme un de leurs précurseurs.
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Hans Rudolf Füssli (d) Johann Kaspar Füssli Anna Füssli (en) |
Le Cauchemar (1781) |
Filiation
- Il est le fils de Johann Caspar Füssli (1706 – 1782) et Anna Elisabeth Waser.
- Il est le frère de Johann Kaspar Füssli (1743 – 1786), entomologiste
- Il épousa Sophia Rawlins en 1788, mais ils n'eurent pas d'enfant.
Biographie
Johann Heinrich Füssli naît, deuxième de cinq enfants, tous doués dans le domaine artistique, à Zurich. Son père, Johann Caspar Füssli, peintre de portraits et de paysages, destine son fils au pastorat, et l'envoie à l'université Caroline de Zurich, où il reçoit une excellente éducation classique. Un de ses camarades de classe, Johann Kaspar Lavater, plus tard poète et théoricien de la physiognomonie, devient l'un de ses plus proches amis.
Après avoir été ordonné pasteur en 1761, Füssli est forcé de quitter la Suisse pour avoir publié en collaboration avec Johann Caspar Lavater et Felix Hess un pamphlet contre la mauvaise administration et la corruption de l'huissier Grebel[1]. Il traverse l'Allemagne et, en 1765, visite pour la première fois l'Angleterre, où il vit quelque temps grâce à l'écriture. Joshua Reynolds à qui il montre ses dessins, lui conseille de se consacrer entièrement à la peinture. Dans les années 1770, il fait un pèlerinage artistique en Italie où il reste jusqu'en 1778, changeant son nom de "Füssli" en "Fuseli" pour lui donner une consonance italienne.
Au début de l'année 1779, il revient en Grande-Bretagne, en passant par Zurich. Il obtient alors une commande du conseiller municipal Boydell, qui organise à cette période « sa galerie de Shakespeare ». Füssli peint un certain nombre d'œuvres pour Boydell, certaines sont gravées et publiées dans l'édition anglaise de la Physiognomonie de Lavater. Parallèlement, il aide le poète William Cowper à une traduction d'Homère.
En 1788, il épouse Sophia Rawlins, l'un de ses modèles. Peu après, il devient membre associé de la Royal Academy. La féministe Mary Wollstonecraft, dont il avait peint le portrait, projette de faire avec lui un voyage à Paris qui ne se fera jamais en raison de l'opposition de Sophia. Deux ans plus tard, Füssli est promu académicien le [2]. Il présente à cette occasion Thor luttant contre le serpent de Midgard.
En 1799, Füssli expose une série de 47 peintures inspirées des œuvres du poète John Milton, et il ouvre une « galerie Milton » sur le modèle de la « galerie de Shakespeare » de Boydell. Cependant l'exposition est un échec commercial, et la galerie ferme dès l'année suivante, en 1800.
En 1799 Füssli est nommé professeur de peinture à la Royal Academy. Il démissionne quatre ans plus tard lors de sa nomination au poste de conservateur à l'Académie. En 1810, il reprend son poste de professeur, qu'il conserve jusqu'à sa mort. Le sculpteur italien Antonio Canova, lors d'une visite en Angleterre, s'intéresse aux travaux de Füssli, et de retour à Rome en 1817, le fait élire membre de la prestigieuse Académie de Saint-Luc.
Après une vie confortable et sans problèmes de santé, Füssli meurt à Putney, un quartier de la banlieue de Londres, à l'âge avancé de 84 ans. Il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul de Londres.
Œuvre
Musée du Louvre
Peintre inventif et romantique, Füssli, comme son contemporain William Blake, croit nécessaire une certaine exagération dans la peinture d'histoire qui lui vient des œuvres de Michel-Ange et des statues de marbre de la fontaine de Monte-Cavallo, qu'il admire lors de son séjour à Rome. Il aime représenter dans sa peinture des actions violentes dont une illustration saisissante est son Hamlet et le spectre de son père. Füssli a rarement tiré ses personnages de la vie réelle, basant son art sur l'étude de l'Antiquité et de Michel-Ange. Il n'a jamais représenté de paysages et n'a peint que deux portraits.
Il excelle aussi dans l'art de représenter ses personnages en mouvement, comme dans le tableau Entre Scylla et Charybde, représentant Ulysse faisant face au choix des monstres.
Füssli a peint plus de deux cents tableaux, mais en a peu exposé. Sa première peinture est Joseph interprétant les rêves du boulanger et du maître d'hôtel du pharaon, et la première à avoir attiré l'attention, Le Cauchemar, exposée en 1782, existe en trois versions. Il a également peint, de manière à peu près identique, La Sorcière de la Nuit visitant les sorcières de Laponie.
Il a réalisé environ huit cents croquis ou dessins, d'une facture originale. Dans ses dessins et ses peintures, il exagère délibérément les proportions des éléments et représente ses personnages dans des attitudes contorsionnées.
Dans son travail d'écriture, Füssli écrit en français, en italien, anglais, tout en privilégiant l'allemand pour exprimer ses pensées. Son principal ouvrage est une série de douze conférences à la Royal Academy, débutée en 1801.
- Satan touché par la lance d'Ithuriel (1779), huile sur toile, 230 × 276 cm, Staatsgalerie, Stuttgart[3]
- Le Cauchemar (deux versions)
- 1781, huile sur toile, 102 × 127 cm, Detroit Institute of Arts[4]
- 1790−1791 (Nachtmahr), huile sur toile, 75 × 64 cm, Maison de Goethe (Francfort-sur-le-Main)[5]
- Didon (1781), huile sur toile, 244 × 183 cm, Centre d'art britannique de Yale
- Les Trois Sorcières (1783), huile sur toile, 65 × 91 cm, Kunsthaus de Zurich[6]
- Lady Macbeth somnambule (1784), 221 × 160 cm, Musée du Louvre, Paris[7]
- Titania et Bottom (vers 1790), huile sur toile, 217,2 × 275,6 cm, Tate Britain
- Titania enlaçant Bottom à la tête d’âne (1793-1794), huile sur toile, 169 × 135 cm, Kunsthaus de Zurich[8]
- La Sorcière de la Nuit visitant les sorcières de Laponie (1796), huile sur toile, 102 × 126 cm, Metropolitan Museum of Art, New York[9]
- Le Silence
Satan touché par la lance d'Ithuriel, (1779)
Staatsgalerie, Stuttgart.- The incubus leaving two sleeping young women (fin 1780), collection privée, Paris.
Silence (1799-1801). Cavalier attaqué par un serpent géant (vers 1800).
Dessins
- L'Artiste ému par la grandeur des ruines antiques, sanguine, Kunsthaus, Zurich
- L'artiste ému tout court, Zürich
- L'artiste ému par le tout
Hommages
Dans sa nouvelle La couleur tombée du ciel, Lovecraft évoque une vision de Johan Heinrich Füssli.
Notes et références
- « JOHANN HEINRICH FÜSSLI - HENRY FUSELI », sur www.rodoni.ch (consulté le )
- (en) Fiche sur le site de la Royal Academy of Arts
- (de) « Satan, Stuttgart », sur Staatgalerie (consulté le )
- (en) « Cauchemar, Detroit », sur Detroit Institut of Art (consulté le )
- (de) « Cauchemar, Francfort », sur Maison de Goethe, Francfort (consulté le )
- Martin Myrone, « Frissons gothiques », Connaissance des arts, , p. 75
- « Notice du Louvre », sur Musée du Louvre (consulté le )
- (de) « Titania, Zurich », sur Kunsthaus de Zurich (consulté le )
- (en) « Night-Hag, Metropolitan », sur Metropolitan Museum (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Carolyn Keay, Henry Fuseli, Londres, Academy Editions, 1974.
- Franziska Lentzsch, Füssli : Le Suisse sauvage, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2005.
- Martin Myrone, Cauchemars gothiques : Füssli, Blake et l'imagination romantique, Londres, Tate Publishing, 2006.
- Nicolas Powell, Füssli : Le Cauchemar, Londres, Allen Lane, 1973.
- Nancy Pressly, Le cercle de Füssli à Rome : L'art romantique précoce des années 1770, New Haven, Yale Center for British Art, 1979.
- P. A. Tomory, La vie et l'œuvre d'Henry Füssli, New York, Praeger, 1972.
- David H. Weinglass, Prints and engraved illustrations by and after Henry Fuseli, a catalogue raisonné, Vermont: Ashgate Publishing, 1994.
- [cat. exp.], Johann Heinrich Füssli, 1741-1825, Paris, France, Musée du Petit Palais, 1975.
- Guillaume Faroult, Johann Heinrich Füssli, « Lady Macbeth marchant dans son sommeil », Paris, Somogy, 2011.
- (de) Arnold Federmann, Johann Heinrich Füssli. Dichter und Maler, 1741-1825, Orell Füssli Verlag, Zürich und Leipzig, 1927 (lire en ligne)
- Musée Jacquemart-André, Füssli : entre rêve et fantastique, Paris, Beaux-arts éditions, 2022. (ISBN 979-10-204-0766-5)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Bridgeman Art Library
- J. Paul Getty Museum
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- Royal Academy of Arts
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- (en) Te Papa Tongarewa
- (en) Union List of Artist Names
- « Füssli, Johann Heinrich » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- (en) Henry Fuseli & William Blake dans The Art History Archive.
- (en) John Henry Fuseli Gallery
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
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- Deutsche Biographie
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