AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

FĂ©minisme

Le fĂ©minisme est un ensemble de mouvements et d'idĂ©es politiques, sociales et culturelles ayant pour objectif de promouvoir l'Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes en militant pour les droits des femmes[1] - [2], et ce, sur le principe fondamental que les hommes et les femmes sont Ă©gaux et doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme tels dans la sociĂ©tĂ©[3].

Célébration de la Journée internationale des droits des femmes au Bangladesh, à l'initiative d'un syndicat de travailleuses (2005).
Journée internationale des droits des femmes au Nicaragua (1988).
Graffiti féministe anonyme « Démocratie dans le pays et à la maison » à Bucarest (2013).

Le terme « féminisme » est utilisé en 1872 par Alexandre Dumas fils avec un sens péjoratif dans un pamphlet anti-féministe, puis employé et popularisé à partir de 1882 par Hubertine Auclert, militante féministe et suffragiste française, qui lui donne son sens actuel. Cependant, les idées de libération et d'émancipation des femmes prennent leurs racines dans le siÚcle des LumiÚres et se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques.

Le mouvement féministe a produit, selon les époques, différents courants de pensée avec des revendications principales spécifiques.

L’objectif principal de la premiĂšre vague fĂ©ministe qui dĂ©bute au milieu du XIXe siĂšcle est que les hommes et les femmes deviennent Ă©gaux devant la loi.

La deuxiÚme vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Women's Lib, a ainsi élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé par les hommes sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de patriarcat, élaboré celui de sexisme et que l'accent est mis sur la sphÚre privée comme lieu privilégié de la domination masculine : « le privé est politique »[4]. Les revendications touchant au contrÎle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan, mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxiÚme vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes.

Sous le nom de troisiÚme vague féministe, on désigne à partir des années 1990, un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes issues de groupes minoritaires, dans le sillage du Black feminism. Cette troisiÚme vague, née aux Etats-Unis, se démarque des deux autres vagues précédentes en se voulant moins blanche, moins bourgeoise, moins occidentale et plus inclusive dans la poursuite de la défense des droits des femmes en y intégrant des minorités auparavant délaissées comme les personnes invalides, les personnes au foyer, les personnes racisées, les travailleurs et travailleuses du sexe et les membres de la communauté LGBTQ+, etc.[5].

Histoire

Le terme « fĂ©minisme » a longtemps Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  tort Ă  Charles Fourier. En 1872 Alexandre Dumas fils, l'utilise de maniĂšre ironique pour qualifier les partisans du droit des femmes[6] en Ă©crivant dans L'Homme-femme : « Les fĂ©ministes, passez-moi ce nĂ©ologisme, disent : Tout le mal vient de ce qu'on ne veut pas reconnaĂźtre que la femme est l'Ă©gale de l'homme, qu'il faut lui donner la mĂȘme Ă©ducation et les mĂȘmes droits qu'Ă  l'homme ». Le terme est repris en 1882 et popularisĂ© par la militante fĂ©ministe Hubertine Auclert, premiĂšre « fĂ©ministe » auto-proclamĂ©e[7], qui lui donne son sens moderne de lutte en faveur des droits des femmes[8].

C'est au cours de la RĂ©volution française, avec l’affirmation des droits naturels, que naĂźt le mouvement de revendication sociale et politique qu'il dĂ©signe. Dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, le mouvement fĂ©ministe apparaĂźt en pointillĂ©, sans parvenir Ă  fĂ©dĂ©rer d’organisations durables. Il Ă©pouse les grandes secousses politiques du siĂšcle, Ă  l’occasion desquelles resurgissent ses revendications. L’objectif large de cette « premiĂšre vague du fĂ©minisme » est de rĂ©former les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent Ă©gaux devant la loi : droit Ă  l'Ă©ducation, droit au travail, droit Ă  la maĂźtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette pĂ©riode.

Avec l’émergence des dĂ©mocraties occidentales, le mouvement fĂ©ministe s’incarne progressivement dans des groupes organisĂ©s, sans jamais prĂ©senter un visage monolithique, au point que les Ă©tudes contemporaines mettent l’accent sur la diversitĂ© des fĂ©minismes[9].

Les configurations nationales imposent souvent leurs cadres et leurs calendriers ; les objectifs et les mĂ©thodes varient selon les groupes constituĂ©s et les dĂ©bats sont constants pour dĂ©finir les orientations stratĂ©giques et les Ă©tapes intermĂ©diaires Ă  atteindre en prioritĂ©. Les fĂ©ministes se trouvent en particulier confrontĂ©s Ă  un dilemme : doivent-elles pour mener leur combat mettre en avant les qualitĂ©s spĂ©cifiques qui sont attribuĂ©es aux femmes (voir FĂ©minitĂ©) ou au contraire affirmer l’universalitĂ© des propriĂ©tĂ©s humaines (voir Être humain) ? La premiĂšre position au risque de figer la nature des femmes ; la seconde au risque de choquer l’évidence de la diffĂ©rence des sexes sur laquelle s’appuient les reprĂ©sentations et la structure sociale.

Féminisme dans l'Antiquité

Certains auteurs[10] affirment que le fĂ©minisme existe depuis tout temps[11] : ils parlent de protofĂ©minisme, mĂȘme si d'autres pensent qu'il s'agit bien d'un mĂȘme fĂ©minisme qui apparaĂźt puis disparaĂźt de maniĂšre cyclique[12]. On trouve chez Robert FlaceliĂšre l'idĂ©e que dans la GrĂšce antique, certains AthĂ©niens contestaient l'enfermement des AthĂ©niennes au foyer, situation courante de cette Ă©poque considĂ©rĂ©e comme injuste, et s'appropriaient ainsi la revendication d'une idĂ©ologie fĂ©ministe[11]. De mĂȘme, l'Ă©galitĂ© fonciĂšre entre les deux sexes fut retenue et dĂ©veloppĂ©e par AntisthĂšne, fondateur de l'Ă©cole cynique, et par Eschine de Sphettos, deux disciples de Socrate. AntisthĂšne disait que « l'homme et la femme ont la mĂȘme vertu »[11]. Plus tard, le cynique CratĂšs de ThĂšbe Ă©pousa la sƓur du philosophe MĂ©troclĂšs, de la mĂȘme Ă©cole que lui : la riche et noble Hipparchie. Elle se fit pauvre et devint philosophe comme son Ă©poux, tous deux allant mendier leurs repas de maison en maison. Ce modĂšle des mĂ©nages de philosophes fit passer dans la rĂ©alitĂ© le principe thĂ©orique de l'Ă©galitĂ© des sexes, posĂ© par Socrate et admis par AntisthĂšne dans sa philosophie[11].

FĂ©minisme dans le christianisme

Lors du quatriĂšme concile du Latran organisĂ© en 1215 Ă  l'initiative du pape Innocent III, le mariage est dĂ©clarĂ© comme Ă©tant l'objet de deux volontĂ©s plutĂŽt que de deux corps, ce qui a notamment pour objectif d'empĂȘcher les mariages clandestins et de s'assurer que le mariage est consenti par les deux mariĂ©s[13].

Lors de la rĂ©volution anglaise de 1688-1689, les femmes de l’Église anglicane proclamĂšrent que si Dieu aime les femmes en tant que telles, le Parlement devait agir de mĂȘme[14].

En 1906, le pape Pie X dĂ©clare Ă  Camille Theimer[n 1] : « Il est bon que les femmes se libĂšrent du joug pesant sous lequel les courbe, depuis des siĂšcles, la sociĂ©tĂ©. Il est bon qu'elles sachent conquĂ©rir leurs moyens d'existence. [
] Les femmes ne doivent en aucun cas s'immiscer dans les affaires publiques. Elles ne seront ni Ă©lectrices ni dĂ©putĂ©s »[15] - [16] - [17].

FĂ©minisme au Moyen Âge

Christine de Pizan présente son livre à Marguerite de Bourgogne, illustration de 1475.

Christine de Pizan est, aprĂšs ChrĂ©tien de Troyes *, la premiĂšre Ă©crivaine en France (hommes et femmes confondus) Ă  pouvoir vivre de son mĂ©tier d'Ă©crivaine[18]. Son Ɠuvre, notamment la CitĂ© des Dames, est Ă©crite pour mettre en avant la grandeur et la valeur des femmes et de leur matrimoine (Christine de Pizan emploie le mot dans son livre[19] - [20]) Ă  travers la description de femmes notoires considĂ©rĂ©es comme des modĂšles de courage et de vertu. Christine de Pizan a sĂ©vĂšrement critiquĂ© l'ouvrage de Jean de Meung faisant suite au Roman de la Rose, pour la virulence des propos qu'il y tient contre les femmes[21] et lui rĂ©pond avec un livre L’ÉpĂźtre au Dieu Amour (1399), puis elle approfondit sa rĂ©ponse avec la CitĂ© des Dames.

« Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communément on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu'elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font », Christine de Pizan dans La Cité des dames[22].

La thĂšse du fĂ©minisme avant la lettre de Christine de Pizan est soutenue par les mĂ©diĂ©vistes ThĂ©rĂšse Moreau et RĂ©gine Pernoud, qui voit en elle une fĂ©ministe, pour sa thĂšse de l'Ă©galitĂ© intellectuelle des hommes et des femmes dues Ă  l'Ă©ducation et non pas Ă  la nature. Éliane Viennot souligne le rĂŽle important de Christine de Pizan dans la dĂ©fense des droits des femmes Ă  son Ă©poque[23].

De l’égalitĂ© des deux sexes, François Poullain de La Barre, 1679.

FĂ©minisme dans la Renaissance et le XVIIe siĂšcle

« Enfin, pour comprendre la sociĂ©tĂ© Ă  l'Ă©poque de la Renaissance dans ce qu'elle a d’élevĂ©, il est essentiel de savoir que la femme Ă©tait considĂ©rĂ©e Ă  l'Ă©gal de l'homme. [
] Le plus grand Ă©loge qu'on pĂ»t faire des Italiennes remarquables de cette Ă©poque consistait Ă  dire qu'elles avaient un esprit viril, une Ăąme virile. On n'a qu'Ă  considĂ©rer l'attitude toute virile de la plupart des hĂ©roĂŻnes Ă©piques, surtout de celles de Boiardo et L'Arioste, pour savoir qu'il s'agit ici d'un idĂ©al bien dĂ©fini. Le titre de « virago », que notre siĂšcle regarde comme un compliment trĂšs Ă©quivoque, Ă©tait alors la plus flatteuse des distinctions. [
] En ce temps-lĂ , la femme Ă©tait considĂ©rĂ©e capable, aussi bien que l'homme, d'atteindre Ă  la plus haute culture. »

— Jacob Burckhardt, Civilisation de la Renaissance en Italie[24]

Révolution française et droit des femmes

Olympe de Gouges, féministe du XVIIIe siÚcle.

MalgrĂ© les contributions fĂ©minines Ă  la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances et le rĂŽle que jouent les femmes du peuple parisien —notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes —, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la DĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau rĂ©gime leur reconnaĂźt une personnalitĂ© civile, elles n'auront pas le droit de vote Ă  cette Ă©poque.

Elles n'en continuent pas moins Ă  investir l'espace public, organisĂ©es en clubs mixtes ou fĂ©minins et en sociĂ©tĂ©s d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion Ă  toutes les luttes politiques de l'Ă©poque. Parmi les personnalitĂ©s fĂ©minines notoires des dĂ©buts de la RĂ©volution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la DĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir Ă©galement celui de monter Ă  la Tribune »[25].

Aussi ThĂ©roigne de MĂ©ricourt qui appela le peuple Ă  prendre les armes et participa Ă  la prise de la Bastille, ce dont elle sera rĂ©compensĂ©e par le don d'une Ă©pĂ©e par l'AssemblĂ©e nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou RenĂ©e Audou que fut organisĂ©e la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.

Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle aprÚs avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires, Olympe de Gouges guillotinée. Si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservées des chùtiments réservés aux hommes, et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud à la suite de leurs actions publiques ou politiques.

Club patriotique de femmes, gouache de J.-B. Lesueur, 1791.

À partir de 1792, l'entrĂ©e en guerre de la France conduit certaines Ă  se battre aux frontiĂšres, tandis qu'en 1793, se dĂ©veloppe Ă  Paris un militantisme fĂ©minin, portĂ© par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les deux cents femmes du Club des citoyennes rĂ©publicaines rĂ©volutionnaires crĂ©Ă© le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline LĂ©on, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Convention et apostrophent les dĂ©putĂ©s, entendant reprĂ©senter le peuple souverain. Claire Lacombe propose d’armer les femmes. Leurs appels vĂ©hĂ©ments Ă  la Terreur et Ă  l'Ă©galitĂ©, leur participation Ă  la chute des Girondins, ainsi que les autres manifestations spectaculaires des « enragĂ©es », allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui entretiendrait longtemps les rĂ©pulsions du pouvoir masculin.

Cependant, plus que les excĂšs d'une violence largement partagĂ©e Ă  l'Ă©poque, ce sont d'abord les rĂ©ticences des hommes au pouvoir qui excluent les femmes de la sphĂšre politique. La plupart des dĂ©putĂ©s partagent les conceptions exposĂ©es dans Émile ou De l'Ă©ducation de Rousseau d'un idĂ©al fĂ©minin restreint au rĂŽle de mĂšres et d'Ă©pouses, rares Ă©tant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhĂ©rents au genre humain, lesquels, Ă  la mĂȘme Ă©poque, inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.

Le 9 brumaire an II (30 octobre 1793), toute association politique fĂ©minine est interdite par la Convention, un seul dĂ©putĂ© s'y oppose Louis-Joseph Charlier, mais les femmes vont continuer Ă  jouer un rĂŽle jusqu'Ă  l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la rĂ©pression gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui marque la fin de la RĂ©volution ne mette un terme provisoire Ă  cette premiĂšre prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.

Échos en Grande-Bretagne

Frontispice de Vindication of the Rights of Woman: with Strictures on Political and Moral Subjects de Mary Wollstonecraft, 1792.

En 1792, une femme de lettres britannique, Mary Wollstonecraft fait paraĂźtre Vindication of the Rights of Woman, un ouvrage traduit en français la mĂȘme annĂ©e sous le titre DĂ©fense du droit des femmes. L'auteure, qui participe aux dĂ©bats passionnĂ©s suscitĂ©s outre-Manche par la RĂ©volution en France, n'hĂ©site pas Ă  assimiler le mariage Ă  une forme lĂ©gale de prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salariĂ© ou Ă  la rĂ©munĂ©ration de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie, privĂ©es de toute perspective professionnelle par les prĂ©jugĂ©s et le dĂ©faut d'Ă©ducation, et rĂ©duites Ă  chercher un « beau » parti.

Mary Wollstonecraft sera vite oubliĂ©e en France, avant d'ĂȘtre redĂ©couverte par Flora Tristan en 1840, cette derniĂšre considĂ©rĂ©e comme une pionniĂšre du fĂ©minisme[26].

Monarchie de Juillet

Éteintes sous l’Empire et la Restauration, les revendications fĂ©ministes renaissent en France avec la RĂ©volution de 1830. Un fĂ©minisme militant se dĂ©veloppe Ă  nouveau dans les milieux socialistes de la gĂ©nĂ©ration romantique, en particulier chez les saint-simoniens et les fouriĂ©ristes de la capitale. Les fĂ©ministes participent Ă  l'abondante littĂ©rature de l'Ă©poque, favorisĂ©e par la levĂ©e de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes[27], Ă©ditĂ© Ă  Lyon par EugĂ©nie Niboyet, est le premier journal fĂ©ministe de province.

Page-titre du livre de Claire DĂ©mar, 1833.

Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majoritĂ© de la population française, le combat des femmes rejoint celui des premiers dĂ©fenseurs des ouvriers et des prolĂ©taires, mais les femmes se mobilisent Ă©galement contre le statut civil de la femme, soumise en matiĂšre juridique et financiĂšre Ă  son mari — « La femme doit obĂ©issance Ă  son mari » affirme le Code civil —, et pour le rĂ©tablissement du divorce interdit sous la Restauration en 1816.

Certaines femmes revendiquent le droit Ă  l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. Claire DĂ©mar se livre ainsi dans son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme (1833) Ă  une critique radicale du mariage dans lequel elle dĂ©nonce une forme de prostitution lĂ©gale. Elle n’est toutefois pas suivie par l’ensemble des saint-simoniennes qui tiennent Ă  se dĂ©marquer des accusations d’immoralisme qui frappent le mouvement[28].

Les dĂ©buts du rĂ©gime laissent entrevoir quelques espoirs d’évolution. Les pĂ©titions en faveur du rĂ©tablissement du divorce placent ce sujet sur l’agenda politique : en 1831 et 1833, les dĂ©putĂ©s votent par deux fois en faveur de la loi, laquelle est toutefois repoussĂ©e par la Chambre des pairs[29]. Les revendications fĂ©ministes deviennent inaudibles. Quand Louise Dauriat adresse en 1837 aux dĂ©putĂ©s une demande en rĂ©vision des articles du Code civil qui lui paraissent contraires aux droits des femmes, elle ne rĂ©colte en retour que les rires de l’assemblĂ©e[30].

Révolution française de 1848
Jenny d'HĂ©ricourt, fondatrice de la SociĂ©tĂ© pour l’émancipation des femmes, annĂ©es 1870.

Comme en 1789, les femmes participent activement aux journĂ©es rĂ©volutionnaires de fĂ©vrier 1848. Elles s'expriment publiquement par le biais d’associations et de journaux. Les lois proclamant la libertĂ© de la presse profitent ainsi Ă  nouveau Ă  la presse fĂ©ministe : EugĂ©nie Niboyet crĂ©e, le 20 mars, La Voix des femmes qui est dans un premier temps le principal relais des revendications fĂ©minines, Ă©cartĂ©es de la presse traditionnelle. Puis viendront en juin La Politique des Femmes de DĂ©sirĂ©e Gay ou encore L’Opinion des femmes publiĂ©e en janvier 1849 par Jeanne Deroin.

À la suite de leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au travail au mĂȘme titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec retard, le 10 avril. Elles goĂ»tent aux prĂ©mices d’une participation citoyenne en Ă©lisant des dĂ©lĂ©guĂ©es Ă  la Commission du Luxembourg[31], en proposant des rĂ©formes pour leurs conditions de travail, la crĂ©ation de crĂšches ou de restaurants collectifs[32].

Le droit de vote pour l’élection de la future AssemblĂ©e nationale constituante est au centre de leurs prĂ©occupations : Jenny d'HĂ©ricourt, la fondatrice de la SociĂ©tĂ© pour l’émancipation des femmes imagine que, une fois conquis, ce droit permettra d’agir par la voix lĂ©gislative sur l’ensemble des revendications au nombre desquelles figurent toujours l’abrogation du Code civil et le droit au divorce. Elles lancent des pĂ©titions, sont reçues par les instances politiques. Le ComitĂ© des droits des femmes prĂ©sidĂ© par Allix Bourgeois se voit rĂ©pondre, par la voix d’Armand Marrast, le maire de Paris, que la dĂ©cision ne pourra ĂȘtre prise que par la future instance lĂ©gislative[33].

Les pĂ©titions en faveur du rĂ©tablissement du divorce ne rencontrent pas plus de succĂšs que celles de leurs devanciĂšres des annĂ©es 1830 : la proposition du Ministre de la Justice Adolphe CrĂ©mieux Ă  la Chambre en mai 1848 est accueillie sous les quolibets[34]. On s’inquiĂšte notamment de la menace que la parole libĂ©rĂ©e des femmes pourrait faire peser sur la famille. Le Club des femmes, ouvert en avril 1848, est un lieu de dĂ©bat qui provoque de virulentes rĂ©actions ; certaines de ses sĂ©ances tournent Ă  l’émeute et sa prĂ©sidente — EugĂ©nie Niboyet — est Ăąprement caricaturĂ©e dans la presse[35]. Le Club des femmes sera finalement fermĂ© pour ne pas troubler l’ordre public.

En Allemagne
Louise Aston par J. B. Reiter, av. 1890.

En Allemagne, un premier courant fĂ©ministe trouve son origine dans les idĂ©es libĂ©rales du VormĂ€rz et Ă©merge vĂ©ritablement Ă  la faveur de la RĂ©volution de mars 1848. Louise Aston ou Louise Dittmar tentent de lancer les premiers journaux vouĂ©s Ă  la cause des femmes. Louise Otto, Ă©levĂ©e dans un milieu bourgeois qui aspire Ă  des rĂ©formes libĂ©rales, est la premiĂšre Ă  pouvoir pĂ©renniser son entreprise ; le Frauen-Zeitung (1849-1852), lequel s’adresse prioritairement Ă  la classe moyenne, relaie des revendications essentiellement Ă©conomiques, insistant sur l’éducation des femmes, leur indĂ©pendance Ă©conomique et le refus des mariages arrangĂ©s. Le retour Ă  l’ordre freinera pour quinze ans ce premier Ă©lan[36].

En Espagne

Au XIXe siÚcle, le mouvement suffragiste s'affirme en Espagne en faveur du droit de vote des femmes, notamment avec l'Asociación para la Enseñanza de la Mujer, créée en 1870, de Concepción Arenal. Dans le domaine de l'éducation, la pédagogue Juana Whitney fonde, en 1894, à Bilbao, l'Académie anglo-française[37], un établissement d'avant-garde qui dispense un enseignement laïque et progressiste aux jeunes filles[38].

Des militantes progressistes, comme la musicienne Clotilde CerdĂ  Ă  Barcelone, mĂšnent le combat, tant dans les droits des femmes que dans la lutte contre l'esclavage[39].

Elle fait partie de celles, avec Gertrudis Gómez de Avellaneda et Dolors Monserdà, qui collaborent au journal féminin La Ilustración de la Mujer, magazine bimensuel consacrée à la littérature, aux sciences et aux beaux-arts et adressé aux femmes, dont le premier numéro est édité en Catalogne le 1er juin 1883 à Barcelone[40].

La Sociedad Autónoma de Mujeres de Barcelona est fondée par Ángeles López de Ayala, avec Teresa Claramunt et Amalia Domingo, qui en 1897 cÚde la place à la Sociedad Progresiva Femenina[41].

La féministe catalane Teresa Claramunt, autrice de l'essai Femmes, unissons-nous!.

La mĂȘme annĂ©e, la journaliste et militante fĂ©ministe BelĂ©n de SĂĄrraga crĂ©e l'AsociaciĂłn General Femenina de Valencia et la FĂ©dĂ©ration des sociĂ©tĂ©s de rĂ©sistance, Ă  Malaga, en Andalousie[42].

Aux États-Unis

Si la premiĂšre manifestation collective du fĂ©minisme amĂ©ricain coĂŻncide chronologiquement avec le Printemps des peuples europĂ©ens, ses origines intellectuelles diffĂšrent sensiblement. Les sectes protestantes dissidentes, en particulier celle des quakers, sont le principal vecteur des idĂ©es favorables Ă  l’émancipation des femmes. Mouvement abolitionniste et mouvement du droit des femmes (Women’s right movement) sont Ă©troitement imbriquĂ©s ; les sƓurs Angelina et Sarah GrimkĂ©, Lucretia C. Mott ou Elizabeth Cady Stanton figurent en premiĂšre ligne sur ces deux fronts. Mott et Stanton organisent de concert en 1848 la Convention de Seneca Falls dont le texte final — la « dĂ©claration de sentiments » —, calquĂ© sur le modĂšle de la dĂ©claration d'indĂ©pendance des États-Unis, est traditionnellement considĂ©rĂ©e comme l’acte fondateur du fĂ©minisme amĂ©ricain[43].

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l’enseignement est dispensĂ© aux jeunes filles de la bourgeoisie par des prĂ©ceptrices, un des seuls mĂ©tiers socialement acceptables pour les veuves et les jeunes filles issues de la bonne sociĂ©tĂ©. Outre les connaissances de base en matiĂšre de lecture, d’écriture et de calcul, il est focalisĂ© sur les activitĂ©s d’agrĂ©ments qui fondent « l’art de plaire » et exclut les disciplines scientifiques telles que le grec et le latin, alors indispensables pour poursuivre un cursus dans l’enseignement supĂ©rieur[44].

L'Ă©ducatrice Frances Mary Buss.

ÉduquĂ©es et indĂ©pendantes, les femmes qui s’improvisent institutrices fournissent historiquement une part importante des effectifs militants fĂ©ministes. Elles souffrent nĂ©anmoins d’un dĂ©ficit de formation, provenant de leur exclusion de l’universitĂ©. Le Queen’s College for women puis le Bedford College d’Elizabeth Jesser Reid sont crĂ©Ă©s Ă  la fin des annĂ©es 1840 pour permettre aux Ă©ducatrices de bĂ©nĂ©ficier d’une formation de niveau supĂ©rieur[45]. Les nouvelles diplĂŽmĂ©es sont Ă  la pointe du mouvement pour l’éducation des femmes. Le North London Collegiate School (1850) puis le Cheltenham Ladies' College (1853), dirigĂ©s par deux anciennes Ă©lĂšves de Bedford, Frances Mary Buss et Dorothea Beale, proposent une pĂ©dagogie rĂ©visĂ©e, alignĂ©e sur les standards masculins.

Les fĂ©ministes se tournent alors progressivement vers l’universitĂ©. Conduit par Emily Davies, le ComitĂ© pour l’accĂšs des femmes aux examens universitaires revendique l’ouverture aux filles des examens de fin d’études secondaires (The Cambridge and Oxford Local Examination) ; aprĂšs une premiĂšre expĂ©rimentation en 1863, il obtient l’autorisation officielle du SĂ©nat de l'UniversitĂ© de Cambridge en 1865[46].

L’étape suivante est l’ouverture de l’accĂšs aux examens d’entrĂ©e Ă  l’universitĂ© (Matriculation Examinations). Face au refus des instances universitaires, Davies inaugure, malgrĂ© de nombreuses difficultĂ©s matĂ©rielles, un Ă©tablissement fĂ©minin conçu sur le modĂšle des colleges masculins Ă  Hitchin dans le Hertfordshire (1869)[47], avant de se rapprocher de Cambridge en s’installant Ă  Girton l’annĂ©e suivante. Un autre projet du mĂȘme type voit le jour peu aprĂšs, toujours Ă  Cambridge, avec la crĂ©ation du Newnham College sous le patronage d’Henry Sidgwick et d’Anne Clough[48].

France

Le Second Empire est le thĂ©Ăątre de plusieurs avancĂ©es dans le domaine de l'Ă©ducation des femmes. Sous la IIe RĂ©publique, la loi Falloux avait fixĂ© en mars 1850 l'objectif d'une Ă©cole primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[49]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant Ă  500[50].

L'Ă©ducatrice Élisa Lemonnier, av. 1866.

Les programmes restent dĂ©finis en fonction des rĂŽles sociaux assignĂ©s aux femmes (y figurent les travaux mĂ©nagers et la puĂ©riculture) ; les couvents et congrĂ©gations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libĂ©rale au rĂ©gime, notamment dans les milieux saint-simoniens. Elisa Lemonnier crĂ©e en 1862 les premiĂšres Ă©coles professionnelles pour jeunes filles. Julie-Victoire DaubiĂ© sollicite, avec le soutien de François BarthĂ©lemy ArlĂšs-Dufour, influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se prĂ©senter Ă  l’épreuve du baccalaurĂ©at, qu’elle obtient Ă  Lyon en 1861, Ă  l’ñge de 37 ans. Madeleine BrĂšs doit, quant Ă  elle, son inscription en facultĂ© de mĂ©decine Ă  sa pugnacitĂ©, Ă  l’intervention de l’impĂ©ratrice EugĂ©nie et du ministre de l'instruction publique, Victor Duruy. Ces pionniĂšres restent toutefois encore isolĂ©es : la deuxiĂšme bacheliĂšre française, Emma Chenu, obtient son diplĂŽme en 1863, deux ans aprĂšs DaubiĂ©[51]. L’amĂ©lioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des fĂ©ministes françaises : en 1866, AndrĂ© LĂ©o crĂ©e ainsi une association consacrĂ©e spĂ©cifiquement Ă  cette question[52].

L'engagement des femmes dans la Commune de Paris est considĂ©rable. Les femmes y sont nombreuses et peuvent mĂȘme prendre part aux combats, notamment lors de la semaine sanglante, tandis qu'un mouvement fĂ©ministe avancĂ© se structure autour de Union des femmes pour la dĂ©fense de Paris et les soins aux blessĂ©s. MalgrĂ© sa briĂšvetĂ©, la Commune tente de mettre en Ɠuvre des mesures favorables Ă  l'Ă©galitĂ© des sexes. Mais les revendications fĂ©ministes effraient les conservateurs versaillais et cela dĂ©bouche sur une rĂ©pression particuliĂšrement violente Ă  leur Ă©gard. Selon l'historienne Odile Krakovitch "la rĂ©pression des communardes, la violence des commentaires dont elles furent l'objet, est l'aboutissement de la responsabilitĂ© toujours plus grande attribuĂ©e aux femmes dans les malheurs de la sociĂ©tĂ© aprĂšs 1848 ; elle est l'aboutissement aussi d'une aggravation de la sĂ©paration des classes et des sexes, sous le Second Empire, et donc d'une peur et d'une mĂ©fiance accentuĂ©es de part et d'autre. Elles sont aussi le rĂ©sultat d'une volontĂ© dĂ©terminĂ©e chez les Versaillais et les RĂ©publicains d'Ă©teindre dĂ©sormais, chez la femme, toute tentative de participation au pouvoir, toute vellĂ©itĂ© de paraĂźtre Ă  l'avenir sur la scĂšne politique"[53].

Les rĂ©formes de structure dans l’enseignement secondaire et supĂ©rieur interviennent sous la IIIe RĂ©publique. Les collĂšges pour filles, dont les programmes restent spĂ©cifiques, sont instituĂ©s par la loi SĂ©e (1880). Les femmes se voient Ă©galement garantir une formation Ă  l’enseignement : les Ă©coles normales fĂ©minines, rendues obligatoires dans chaque dĂ©partement en 1879[54], et l’école normale supĂ©rieure de SĂšvres (1881) forment institutrices et professeurs.

TroisiĂšme RĂ©publique

La sportive et musicienne Camille du Gast Ă  la course de vitesse du Paris-Berlin 1901.

La TroisiĂšme RĂ©publique se caractĂ©rise en France par la constitution d’organisations fĂ©ministes rĂ©formistes, plus durables et structurĂ©es. La SociĂ©tĂ© pour l'amĂ©lioration du sort de la femme, prĂ©sidĂ©e par Maria Deraismes, voit le jour en 1878 ; la Ligue française pour le droit des femmes, d’orientation modĂ©rĂ©e, est crĂ©Ă©e en 1882 par LĂ©on Richer[55]. En 1891, la FĂ©dĂ©ration française des sociĂ©tĂ©s fĂ©ministes symbolise l’entrĂ©e du terme « fĂ©minisme » dans le vocabulaire militant.

Le Conseil national des femmes françaises, fondĂ© dans le sillage de la loi sur les associations de 1901, se veut apolitique et laĂŻque. Ses militantes, issues principalement de la bourgeoisie, sont des rĂ©publicaines, des socialistes ou des protestantes, initiĂ©es Ă  l’action publique Ă  travers les activitĂ©s sociales et philanthropiques. L’Union française pour le suffrage des femmes fĂ©dĂšre en 1909 les fĂ©ministes favorables au droit de vote des femmes[56].

Le féminisme n'est pas en France un mouvement uniforme ; il est fragmenté. Les militantes s'orientent selon leurs différences de classe ou de religion, et selon les choix politiques dont elles se sentent proches. La militante typique vient de la philanthropie, c'est une bourgeoise, elle est protestante ou juive ; elle fait partie d'une élite instruite, son époux a une situation politique ou économique enviable, elle mÚne sa vie de façon relativement autonome[57].

Il y a Ă©galement beaucoup de fĂ©ministes catholiques, mais les tensions affĂ©rentes Ă  la sĂ©paration de l'Ă©glise et de l'État rendront leur position difficile ; de tendance conservatrice, elles se mobiliseront pour dĂ©fendre l'Église et voudront rĂ©soudre les difficultĂ©s des ouvriĂšres par des actions de bienfaisance. Elles s'inspirent des valeurs traditionnelles, tel le sacrifice de soi pour la famille, l'Église et la Nation. Certaines soutiennent les campagnes antisĂ©mites qui accompagnent l'affaire Dreyfus. D'autres en arrivent Ă  rejeter le fĂ©minisme, jugĂ© contraire Ă  la fĂ©minitĂ©. Mais d'autres encore, comme Hubertine Auclert, rejetĂšrent leur Ă©ducation catholique, et s'associĂšrent Ă  d'autres mouvements, comme la franc-maçonnerie ou la libre pensĂ©e[57].

Trois journaux, que l'on peut qualifier de féministes, créés au début du XXe siÚcle, vont donner une audience nationale et médiatique au mouvement. Il s'agit de : La Fronde, créé et réalisé entiÚrement par des femmes, premier du genre en France, se déclarant quelquefois plus féminin que féministe ; Femina, créé par un homme, au départ sur un projet d'ordre commercial mais qui, vers 1906, changera de style éditorial et adhÚrera et défendra la cause féministe, en particulier le vote des femmes ; La Française enfin, créé pour donner une audience nationale à la cause du suffrage féminin, qui militera pour un féminisme capable de rassembler les points de vue, mais ne réussit pas à associer les plus radicaux d'entre eux[57].

Refusant l’activisme des suffragettes britanniques, ces grandes fĂ©dĂ©rations rĂ©formistes entendent prouver la responsabilitĂ© des femmes et s’intĂšgrent dans le modĂšle rĂ©publicain en tissant des liens avec le monde politique masculin (le Parti radical notamment), avec l’objectif d’influer sur l’activitĂ© lĂ©gislative[58]. Cependant, cette politique d'alliance avec des hommes comprĂ©hensifs se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre un Ă©chec : le Parti radical, en particulier, a bloquĂ© tout progrĂšs au SĂ©nat sur le front lĂ©gislatif, empĂȘchant pendant plus d'un demi siĂšcle l’accĂšs des femmes aux Ă©lections. L'une de leurs inquiĂ©tudes Ă©tait qu'ils considĂ©raient l'Ă©lectorat fĂ©minin comme plus religieux, donc sous la coupe de l'Église catholique. Pour eux, le fĂ©minisme Ă©quivalait Ă  donner des voix aux prĂ©lats de cette Ă©glise. Une autre de leurs inquiĂ©tudes venait de l'Ă©cart dĂ©mographique des genres consĂ©cutif Ă  la Grande Guerre : pendant de nombreuses annĂ©es, accorder le droit de vote aux femmes revenait, de fait, Ă  mettre les hommes en minoritĂ©[57].

Royaume-Uni
Emmeline Pankhurst, leader du mouvement des suffragettes anglaises, arrĂȘtĂ©e devant le palais de Buckingham alors qu'elle essayait de prĂ©senter une pĂ©tition au roi George V, mai 1914.

Au Royaume-Uni, un mouvement pour le droit de vote des femmes se dĂ©veloppe Ă  partir de 1866, date du dĂ©pĂŽt de la premiĂšre pĂ©tition adressĂ©e au Parlement, pour en faire la requĂȘte[59] ; le philosophe John Stuart Mill en est le principal relais dans l’enceinte parlementaire. À l’initiative de Barbara Bodichon et Emily Davies, un Women’s suffrage committee (ComitĂ© pour le droit de vote des femmes) est constituĂ© ; il est rapidement dĂ©clinĂ© en de multiples comitĂ©s locaux, coordonnĂ©s au niveau national par la National society for women’s suffrage (1867)[60]. Un mouvement de masse s’organise rapidement ; 1 500 lors de la pĂ©tition initiale de 1866, les fĂ©ministes sont capables de rĂ©unir 250 000 signataires en 1894[61].

Proche d’aboutir Ă  plusieurs reprises, mais bloquĂ© par la frange conservatrice du Parlement, le mouvement se radicalise en 1903 avec la crĂ©ation de la Women's Social and Political Union par Emmeline et Christabel Pankhurst. Ses militantes, dĂ©signĂ©es sous le nom de « suffragettes », optent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illĂ©gales (incendies volontaires, bris de vitres, grĂšves de la faim
)[62]. La popularitĂ© du mouvement s'accroĂźt encore, et en 1908, les organisations suffragistes rĂ©unissent 500 000 personnes lors d’une manifestation Ă  Hyde Park[63]. Le bras de fer engagĂ© avec les autoritĂ©s dure jusqu’au dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale. Pendant la guerre, des nĂ©gociations sont ouvertes par le gouvernement Asquith avec les reprĂ©sentantes de la National Union of Women's Suffrage Societies de Millicent Fawcett, qui prĂ©sentent une orientation plus modĂ©rĂ©e. Elles aboutissent au Representation of the people act qui autorise le vote des femmes de plus de trente ans[64].

États-Unis
Manifestation pour le droit de votes des femmes Ă  New York, le 6 mai 1912.

Aux États-Unis, le front commun entre fĂ©ministes et antiesclavagistes s’effrite progressivement aprĂšs la guerre de SĂ©cession. Alors qu’on s’oriente vers un XVe amendement pour le droit de vote des Noirs, une partie des fĂ©ministes souhaiterait y voir Ă©galement associĂ©es les femmes qu’elles estiment laissĂ©es pour compte par les leaders masculins du mouvement[65]. Deux organisations rivales naissent en 1869 des dĂ©saccords survenus au sein de l’American Equal Rights Association. Susan B. Anthony et Elizabeth Cady Stanton constituent la National Woman Suffrage Association, qui milite pour un amendement Ă  la Constitution qui garantirait le vote des femmes. Ses revendications, qui dĂ©passent le cadre des droits politiques, s’inspirent du texte Ă©laborĂ© lors de la Convention de Senecca Falls. L’organisation rivale — l’American Woman Suffrage Association crĂ©Ă©e par Lucy Stone — est plus modĂ©rĂ©e et prĂ©fĂšre concentrer son action sur le seul droit de vote, dĂ©laissant le niveau fĂ©dĂ©ral pour agir au niveau des États[66]. En 1890, les deux associations finissent par se regrouper dans la National American Woman Suffrage Association. Dans l’intervalle, en 1869 et 1870, les territoires du Wyoming et de l’Utah autorisent le vote des femmes blanches.

En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les Américaines blanches obtiennent le droit de vote.

Autres pays

Des féministes sont actives dans d'autres pays, particuliÚrement en Europe du Nord, par exemple Emilie Mundt et Marie Luplau au Danemark.

ContrĂŽle des naissances

Annie Besant (en col noir) prÚs d'Herbert Burrows au comité de grÚve des ouvriÚres de la manufacture d'allumettes Bryant & May, 1888.

La question de l’amour libre et du contrĂŽle des naissances divise profondĂ©ment les fĂ©ministes de la seconde partie du XIXe siĂšcle.

Au Royaume-Uni, une partie du mouvement fĂ©ministe s'est engagĂ©, durant la pĂ©riode victorienne dans un combat, pour la rĂ©gĂ©nĂ©ration morale de la nation. À partir de 1869, elle se mobilise contre une sĂ©rie de lois visant Ă  lutter contre les maladies vĂ©nĂ©riennes — les Contagious Diseases Acts — qui imposent un examen gynĂ©cologique aux prostituĂ©es. Bien que d’orientation conservatrice, ce mouvement, menĂ© notamment par Josephine Butler, prend parti pour les prostituĂ©es et rĂ©clame la criminalisation des clients et la fermeture des maisons de prostitution. Il entend plus largement rĂ©tablir la puretĂ© des mƓurs et la moralitĂ© publique, et dĂ©fendre la famille. Le point d’orgue de cette mobilisation constitue un meeting rĂ©unissant 250 000 personnes dans Hyde Park en 1885[67].

Face Ă  ce mouvement, les militantes favorables Ă  l’amour libre et au contrĂŽle des naissances sont isolĂ©es. Quelques-unes adhĂšrent au mouvement nĂ©omalthusien, trĂšs actif en Grande-Bretagne mais aussi en France. Annie Besant est ainsi condamnĂ©e en 1877 pour avoir publiĂ© The Fruits of Philosophy, un pamphlet de Charles Knowlton, sans avoir reçu le soutien qu’elle rĂ©clamait des fĂ©ministes conservatrices[68]. À la fin du siĂšcle, les Ă©crits d’Edward Carpenter ou d’Havelock Ellis contribuent cependant Ă  rĂ©pandre plus largement ces idĂ©es. Elles trouvent parmi les fĂ©ministes un relais dans la revue The Freewoman (1911), qui rĂ©unit les signatures de Rose Witcop, Stella Browne ou Marie Stopes[69].

Travail des femmes

Homme et femmes islandaises au travail, aquarelle et encre, 1862.

Si le mot d’ordre « À travail Ă©gal, salaire Ă©gal » remporte l’adhĂ©sion de l’ensemble des composantes du mouvement fĂ©ministe[70], l’idĂ©e d’une protection spĂ©cifique des femmes sur le marchĂ© du travail divise. En 1906, la Convention de Berne, ratifiĂ©e par quatorze pays, prononce l’interdiction du travail industriel nocturne des femmes[71]. DĂ©jĂ  en vigueur dans certains pays, comme la France oĂč elle s'applique depuis 1892, cette lĂ©gislation rencontre l’opposition des fĂ©ministes Ă©galitaristes. MenĂ©es par la Hollandaise Marie Rutgers-Hoitsem, elles se regroupent dans le rĂ©seau « Correspondance internationale » qui recrute principalement parmi les laĂŻques et les libre-penseuses[72].

AprĂšs-guerre, le Bureau International du Travail reprend le mot d’ordre de protection des travailleuses. Toujours minoritaires dans les fĂ©dĂ©rations fĂ©ministes internationales, les partisanes de l’égalitĂ© constituent l’Open Door Council autour de la personnalitĂ© de Chrystal Macmillan, l'une des fondatrices de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la libertĂ©. Mouvement d’avant-garde qui rĂ©unit des intellectuelles de l’ensemble de l’Europe, l’Open Door Council Ă©labore un argumentaire qui s’oppose au « fĂ©minisme maternaliste » alors dominant[73] : il marque notamment son refus de voir la maternitĂ© devenir « une sorte de domaine clos oĂč les femmes se trouveraient parquĂ©es d'office, en marge de l'ensemble de la vie sociale et culturelle
 »[74].

XXe siĂšcle

Clara Zetkin (Ă  gauche) et Rosa Luxemburg se rendant au CongrĂšs de la SPD, Magdeburg, 1910.

La premiÚre manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, à la suite d'une proposition de la marxiste allemande Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, 1912. Auparavant, la premiÚre grande manifestation des femmes avait été celle pour la paix organisée en marge de la PremiÚre conférence de La Haye de 1899 par Margarete Lenore Selenka.

PremiĂšre Guerre mondiale

Aletta Jacobs, premiÚre femme médecin des Pays-Bas en 1879 et militante féministe, 1915.

Durant la PremiĂšre Guerre mondiale, la grande majoritĂ© des organisations fĂ©ministes des pays belligĂ©rants soutient l’effort de guerre. Certaines espĂšrent tirer parti de ce loyalisme : Ă  l’issue du conflit, les fĂ©ministes britanniques se verront ainsi rĂ©compensĂ©es par l’obtention partielle du droit de vote. L’opposition Ă  la guerre est surtout le fait de militantes des pays neutres et de quelques groupes isolĂ©s des pays engagĂ©s dans le conflit.

Aux États-Unis, le Women Peace Party de Jane Addams revendique 25 000 adhĂ©rentes mais ne rĂ©siste pas Ă  l’entrĂ©e en guerre du pays en 1917[75]. Le CongrĂšs international pour la paix future est organisĂ© par Addams et la physicienne Aletta Jacobs Ă  la Haye - cette derniĂšre luttant aussi pour le droit Ă  la contraception et au vote des femmes[76]. Parmi les 1 200 femmes, principalement hollandaises, qui se rĂ©unissent Ă  cette occasion, 9 nationalitĂ©s sont reprĂ©sentĂ©es dont une dĂ©lĂ©gation allemande menĂ©e par Anita Augspurg. Les Françaises en sont absentes[77].

Les milieux socialistes, et leurs organisations fĂ©minines, se sont Ă©galement rangĂ©s derriĂšre leurs nations respectives. Des voix discordantes se font nĂ©anmoins entendre : en France, HĂ©lĂšne Brion, Madeleine Vernet ou Louise Saumoneau. Cette derniĂšre est prĂ©sente en mars 1915 Ă  la confĂ©rence internationale des femmes socialistes, qui rĂ©unit Ă  Berne, Ă  l’initiative de Clara Zetkin, les militantes restĂ©es fidĂšles Ă  l’internationalisme[78].

Entre-deux-guerres

AprĂšs les multiples rejets du Parlement des propositions de lois, affiche pour le droit de vote des femmes en France, 1934.

À l’issue de la guerre, deux grandes tendances, hĂ©ritiĂšres des dĂ©bats du dĂ©but du siĂšcle, s’opposent : un « fĂ©minisme maternaliste »[79] ou « social »[80] et un « fĂ©minisme de l’égalitĂ© »[81], universaliste ou « intĂ©gral ».

La premiĂšre tendance, dominante sur le continent et en particulier en France, rĂ©clame des Ă©volutions lĂ©gislatives qui protĂšgent la spĂ©cificitĂ© des femmes[82]. Elle s’ajuste aux impĂ©ratifs des politiques natalistes qui se renforcent encore aprĂšs la saignĂ©e dĂ©mographique de la PremiĂšre Guerre mondiale. La valorisation de la participation des femmes Ă  l’équilibre de la nation, Ă  travers notamment l’exercice de la « fonction maternelle », occupe ainsi une place centrale dans l’argumentation des rĂ©formistes et des sociaux-dĂ©mocrates. Pour les reprĂ©sentantes de l’Union française pour le suffrage des femmes, « dĂ©truire le prestige de la maternitĂ©, c’est atteindre le plus sĂ»r prestige de la femme
 C’est au nom de la maternitĂ©, non point contre elle, que doit se faire la rĂ©forme indispensable de la condition fĂ©minine »[83]. Les fĂ©ministes radicales qui entendent abolir la diffĂ©rence entre les sexes ou lutter en faveur de la contraception et de l’avortement sont plus isolĂ©es et ont du mal Ă  faire entendre leur voix au sein des grandes coordinations rĂ©formistes[84].

Alors que le chef de famille détenait la puissance paternelle et avait priorité dans la signature des contrats, les féministes obtiennent, par la loi du 18 février 1938, la suppression de la puissance maritale, de l'incapacité juridique de la femme mariée ainsi que de son devoir d'obéissance[85].

En Allemagne, le fĂ©minisme se scinda en deux mouvements. Le premier – proche des mouvances libĂ©rales et socio-dĂ©mocrates – dĂ©fendait le principe d'Ă©galitĂ© des individus, tandis que le second proche du mouvement völkisch, dĂ©fendait la thĂšse antisĂ©mite d'un « complot judĂ©o-patriarcal », l'homme Juif Ă©tant accusĂ© d'avoir inventĂ© « la religion qui devait annihiler la grande force crĂ©atrice fĂ©minine en lui dĂ©niant toute reconnaissance, en la privant de toute possibilitĂ© d'action hors d'un cercle se rĂ©duisant peu ou prou Ă  la famille »[86]. Les officiels nazis n'apportĂšrent pas leur soutien Ă  ce fĂ©minisme völkisch, qui cessa d'exister en 1937.

En Espagne, le féminisme se développe rapidement avec le groupe artistique de Las Sinsombreros, dont le nom provient du geste d'Îter son chapeau en public[87], marqueur social et de genre décrié par les artistes espagnoles, ainsi que l'institution universitaire de la Residencia de Señoritas et l'association du Lyceum Club Femenino de Madrid, fondés par Maria de Maeztu à Madrid, ainsi que le Lyceum Club de Barcelone et l'institution de la Bonne en Catalogne[88].

Le succÚs de ces initiatives a préparé le terrain de la politique volontariste en faveur des droits des femmes de la Seconde République. La féministe libertaire Federica Montseny, proche de l'organisation Mujeres Libres, est nommée ministre et ouvre notamment le droit à l'avortement en Catalogne[89]. En 1939, à la fin de la guerre d'Espagne et à l'arrivée au pouvoir des troupes nationalistes, Franco engage la répression des mouvements féministes et annule les droits des femmes acquis durant période républicaine.

Le deuxiĂšme sexe, S. de Beauvoir, Gallimard, 1949.

AprĂšs-guerre

Simone de Beauvoir autrice du livre Le DeuxiĂšme Sexe.

La littĂ©rature militante connaĂźt un nouvel essor, notamment en France grĂące Ă  la parution en 1949 de l'essai Le DeuxiĂšme Sexe par Simone de Beauvoir. L’ouvrage rencontre un Ă©norme succĂšs dĂšs sa sortie mais fait Ă©galement scandale, dĂ» en grande partie Ă  son chapitre sur l’avortement qui reste considĂ©rĂ© comme un homicide Ă  l’époque. À l’instar de Mary Wollstonecraft et Claire DĂ©mar, Simone de Beauvoir assimile le mariage Ă  une forme de prostitution lorsque la femme est dominĂ©e par son mari et dans l’incapacitĂ© de s’en Ă©chapper. À la suite de cette publication, elle devient une figure emblĂ©matique du fĂ©minisme.

Mouvement de libération des femmes

À partir des annĂ©es 1960, aux États-Unis, l'Ă©galitĂ© des droits progresse. En 1963, la loi sur l'Ă©galitĂ© des salaires (Equal Pay Act) est votĂ©e. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit thĂ©oriquement toute forme de discrimination aux États-Unis.

À la fin des annĂ©es 1960, une nouvelle vague militante fĂ©ministe Ă©merge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement Ă©tudiant. Le Mouvement de libĂ©ration des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons dĂ©signent ce mouvement au pĂ©rimĂštre fluctuant.

Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des annĂ©es 1950 dĂ©bute avec la fondation en 1966 d’une organisation rĂ©formiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan[90]. Mais c’est principalement en rĂ©action Ă  la division sexuelle du travail militant qui, au sein mĂȘme des organisations de la Nouvelle Gauche, relĂšgue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes fĂ©ministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians
)[91].

Refusant l’organisation verticale et l’orientation rĂ©formiste de la NOW, elles ont recours Ă  des formes de mobilisation volontairement provocatrices qui visent Ă  attirer l’attention des mĂ©dias. En Islande, c'est par une grĂšve gĂ©nĂ©rale le que les femmes obtiennent l'Ă©galitĂ© en droits en 1976[92]. Se dĂ©veloppent Ă©galement des formes d’organisations originales, comme les groupes d’éveil de la conscience (consciousness-raising groups). Par le partage de l’expĂ©rience individuelle, ces groupes de discussion entendent faire prendre conscience de la communautĂ© de condition des femmes, de la spĂ©cificitĂ© de leur oppression et de la dimension politique inscrite dans les Ă©lĂ©ments les plus banals de la vie quotidienne[93].

La réalisatrice Helke Sander à la Berlinale, 2019.

Le coup de tomate de 1968 est un Ă©vĂ©nement jugĂ© fondateur dans l'histoire du fĂ©minisme moderne en Europe, en raison de son retentissement mĂ©diatique. Les deux fĂ©ministes les plus connues d'Allemagne Ă  cette Ă©poque, Helke Sander et Sigrid RĂŒger se font remarquer lors d'une confĂ©rence de l'Union socialiste allemande des Ă©tudiants pour protester contre le peu d'attention portĂ© au discours passionnĂ© tenu par la premiĂšre en faveur de l'Ă©galitĂ© homme-femmes dans le domaine de la vie privĂ©e[94]. Selon les sociologues et historiens, avec cette cĂ©lĂšbre farandole de six tomate, la deuxiĂšme vague du mouvement des femmes allemandes est nĂ©e[95]. Le « coup de tomate » de 1968 donne une visibilitĂ© dĂ©mocratique aux fĂ©ministes engagĂ©es mais respectueuses de la dĂ©mocratie, dans une Allemagne encore trĂšs conservatrice, souvent choquĂ©e par des gestes beaucoup plus violents commis par les jeunes hommes dans les combats de rue oĂč la police se fait souvent agresser. La cinĂ©aste Helke Sander se mobilise ensuite pour l'avortement et la contraception, domaines oĂč les mentalitĂ©s allemandes encore peu Ă©voluĂ©, avec d'importantes rĂ©sistances politiques et sociales. MalgrĂ© cela, le pays va lĂ©galiser l'avortement un peu avant son voisin français[96]. DĂšs 1970, seize professeurs de Droit PĂ©nal prĂ©sentent un premier projet de rĂ©forme de l'article 218 du Code PĂ©nal rĂ©gissant le Droit de l'avortement en Allemagne[96]. Le 26 avril 1974, la DiĂšte fĂ©dĂ©rale allemande adopte la loi lĂ©galisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse aprĂšs une consultation prĂ©alable[96], mais les menaces de recours constitutionnel de la droite, brandies depuis 1970, se concrĂ©tisent et 193 parlementaires obtiennent satisfaction pour dĂ©clarer la loi anticonstitutionnelle[96]. Une nouvelle version doit donc ĂȘtre adoptĂ©e le 12 fĂ©vrier 1976[96].

La pĂ©riode est marquĂ©e par une intense activitĂ© de thĂ©orisation de la condition fĂ©minine. Si un courant, menĂ© en France par Antoinette Fouque avec son groupe « Psychanalyse et politique », dĂ©fend des positions diffĂ©rentialistes et, selon certaines critiques, essentialistes, le mouvement est majoritairement constructiviste. Il approfondit la voie esquissĂ©e en 1949 par Simone de Beauvoir avec Le DeuxiĂšme Sexe et Ă©tudie les modalitĂ©s de la construction sociale de la diffĂ©rence des sexes, c'est-Ă -dire la maniĂšre par laquelle la socialisation impose des rĂŽles sociaux diffĂ©rents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se rĂ©pand[97] et les fĂ©ministes radicales et matĂ©rialistes Ă©laborent le concept de patriarcat pour dĂ©finir le systĂšme social d’oppression des femmes. Se refusant Ă  subordonner leur combat Ă  la lutte des classes, elles affirment que le domaine de la reproduction (maternitĂ©, corps, famille, travail domestique
) est un espace d'exploitation privilĂ©giĂ© des femmes. Elles rejettent l’objectif rĂ©formiste d'Ă©galitĂ© dans le systĂšme qui a prĂ©dominĂ© jusqu’alors. Pour elles, aucune Ă©galitĂ© entre les sexes ne peut ĂȘtre obtenue Ă  l'intĂ©rieur du systĂšme « patriarcal », sinon quelques compromis temporaires qui seraient perpĂ©tuellement menacĂ©s. Elles prĂ©conisent de renverser ce systĂšme et d'instaurer de nouveaux rapports entre les sexes.

Une tendance sĂ©paratiste s’affirme Ă©galement, notamment parmi les groupes militants lesbiens des grandes mĂ©tropoles que sont Londres ou New York.

MaĂźtrise du corps
Slogans inscrits le long d'une route de campagne (2010, France).

La maĂźtrise de leur corps est placĂ©e au centre des prĂ©occupations des fĂ©ministes de la deuxiĂšme vague. Longtemps sujet de division, le contrĂŽle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. Le libre accĂšs Ă  la contraception mais surtout le droit Ă  l’avortement concentrent leurs efforts. En France, le Mouvement pour la libertĂ© de l’avortement et de la contraception (MLAC) est fondĂ© en 1973. Il s’appuie notamment sur l’aile la plus radicale du Mouvement français pour le planning familial qui se prononce peu aprĂšs « en faveur de l’avortement et de la contraception libres et remboursĂ©s par la SĂ©curitĂ© sociale » et ouvre des cliniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG)[98].

La dissociation de la sexualitĂ© et de la reproduction s’inscrit dans le cadre plus large de la rĂ©volution sexuelle qui traduit une demande sociale pour plus de libertĂ© dans le domaine de la sexualitĂ©. Les fĂ©ministes en font cependant leur propre lecture qui passe par la critique de la normativitĂ© de la psychanalyse ou de la sexologie qui auraient dĂ©fini sexuellement les femmes « en fonction de ce qui fait jouir les hommes »[99], minorant par exemple le plaisir clitoridien. La sexualitĂ© est ainsi analysĂ©e comme un domaine oĂč s’exerce la domination masculine. Le viol fait l’objet de nombreuses mobilisations : des manifestations citadines nocturnes (Reclaim the night) entendent regagner un espace dont la peur de l’agression maintient les femmes exclues[100]. Sur le plan juridique, les fĂ©ministes françaises luttent pour que la loi de 1832 soit appliquĂ©e Ă  des faits qui sont jusqu'alors dĂ©qualifiĂ©s en « coups et blessures »[101].

La neurophysiologiste féministe Ruth Bleier à son microscope électronique, années 1980.
Études fĂ©ministes

Dans le sillage de l’effort de thĂ©orisation de la condition fĂ©minine inhĂ©rent Ă  la deuxiĂšme vague, les Ă©tudes fĂ©ministes pĂ©nĂštrent dans le monde acadĂ©mique Ă  partir des annĂ©es 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagĂ©s sous l’angle de la critique fĂ©ministe : philosophie fĂ©ministe, anthropologie fĂ©ministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se dĂ©veloppent en lien Ă©troit avec les luttes militantes[102] - [103]. À la fin des annĂ©es 1970 et au dĂ©but des annĂ©es 1980, la critique fĂ©ministe des sciences prend Ă©galement son essor (Ruth Bleier, Ruth Hubbard (en), Evelyn Fox Keller, Helen Longino).

L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis oĂč sont crĂ©Ă©s des dĂ©partements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le dĂ©veloppement de l’usage du concept de genre se dĂ©veloppent par la suite des dĂ©partements d'Ă©tudes de genre. En 2003, on dĂ©nombrait ainsi 600 dĂ©partements de ce type aux États-Unis[104].

Au-delĂ  de cette conquĂȘte de l'espace gĂ©ographique universitaire, Francine Descarries, professeure de sociologie Ă  l'UQAM, constate en 2004 la difficultĂ© des Women’s Studies au QuĂ©bec « Ă  s'extraire de la pĂ©riphĂ©rie, de la marge du champ scientifique pour convaincre de sa lĂ©gitimitĂ© et de la compatibilitĂ© de ses approches thĂ©oriques et mĂ©thodologiques avec l'esprit scientifique ». D'aprĂšs cette sociologue, peu de recherches sont parvenues Ă  pĂ©nĂ©trer le « mainstream scientifique »[105].

DerniÚres décennies

Graffiti féministe anonyme Dieu est femme à Bucarest (2013).

DĂ©sormais les femmes votent dans la plupart des pays industrialisĂ©s, dont la majoritĂ© des parlements ont votĂ© des lois sur le divorce. La lĂ©galisation de la contraception et de l'avortement n'est pas effective pour l'ensemble des pays industrialisĂ©s, les situations sont donc trĂšs variables d'un pays (voire d'une rĂ©gion) Ă  un autre. Ces droits sont frĂ©quemment remis en cause par des courants conservateurs et des institutions religieuses, telle que l'Église catholique et en particulier la mouvance traditionaliste en son sein, et le courant fondamentaliste des protestants Ă©vangĂ©liques.

Depuis la fin des années 1990, divers groupements, se réclamant ou non du féminisme, ont été créés. Parmi les plus médiatisés, on peut citer :

  • les Chiennes de garde, mouvement français se rĂ©clamant de l'hĂ©ritage du Mouvement de libĂ©ration des femmes (MLF).
  • le mouvement Ni putes ni soumises (depuis 2003) qui s'est donnĂ© pour but d’interpeller sur la situation des femmes notamment dans les quartiers populaires, en soulevant le problĂšme des mariages forcĂ©s, des viols, ou de l'excision.
  • La Barbe, collectif dont l’arme est l’ironie, et dont les militantes portent des barbes postiches quand elles font irruption dans des tribunes Ă  majoritĂ© masculine : La Barbe indique par de telles intrusions le chemin vers un partage harmonieux de la parole publique, des postes et des responsabilitĂ©s[106]. La paritĂ© au sein des directions, et la diffusion paritaire de la crĂ©ation, Ă  titre d’exemples dans les mĂ©dias[107], dans les Ă©coles de formation des Ă©lites[108], dans les grandes entreprises, au thĂ©Ăątre[109], au cinĂ©ma[110], sont parmi les objectifs qui inspirent des actions de La Barbe.
  • Osez le fĂ©minisme ! est un mouvement de fĂ©ministes, mixte, universaliste, laĂŻc et progressiste crĂ©Ă© en 2009. S'inspirant des fĂ©ministes de la 2de et de la 3e vague, son objectif est de sensibiliser le grand public aux inĂ©galitĂ©s qui perdurent entre les femmes et les hommes et d'obtenir des mesures concrĂštes pour avancer vers l'Ă©galitĂ© : Ă©galitĂ© professionnelle, lutte contre la prĂ©caritĂ©, droit Ă  disposer de son corps, libertĂ© sexuelle, paritĂ©, lutte contre le sexisme ordinaire, les violences faites aux femmes, y compris la prostitution. L'association utilise des moyens d'action traditionnels comme le collage d'affiches, les diffusions de tracts, manifestations mais aussi les rĂ©seaux sociaux, le web, la vidĂ©o.

Les années 2000

Discussion MeToo Ă  Dacca (Bengladesh), 2017.

#BalanceTonPorc, ce mouvement de 2017, en revenant sur le corps féminin et son respect, réactiverait les revendications du MLF. Il met en lumiÚre une nouvelle génération de militantes interconnectées qui ne se satisfont plus du seul principe égalitaire, estimant que le changement des textes de lois ne suffit plus et qu'un réel changement des mentalités est nécessaire pour lutter contre les persécutions.

ChloĂ© Delaume publie Mes bien chĂšres sƓurs en 2019[111]. Dans ce manifeste, elle Ă©voque la quatriĂšme vague fĂ©ministe qui selon elle, serait nĂ©e dans les annĂ©es 2010 ; elle se serait formĂ©e avec les rĂ©seaux sociaux : celle des Ă©crans du 2.0. La premiĂšre vague Ă©tait composĂ©e des suffragettes du dĂ©but du XXe, suivies par la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration des annĂ©es 1960-70 et d’une troisiĂšme vague amorcĂ©e dans les annĂ©es 1990 avec l’exigence paritaire et le dĂ©ploiement de la notion de genre[112].

Le collectif #NousToutes, créé en 2018, lutte contre les violences sexistes et sexuelles en France. Il organise réguliÚrement des actions d'interpellation du gouvernement et de sensibilisation, dont des marches chaque mois de novembre. Ces manifestations rassemblent des milliers de personnes dans toute la France[113].

Femen, le mouvement ukrainien créée en 2008, organise en France depuis 2011 des manifestations et happenings seins nus pour la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits des femmes, de la protection de l'environnement, et milite contre la corruption, la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme et la pauvreté.

Ancienne esclave, l'abolitionniste et militante féministe Sojourner Truth, en 1828.

En 2010 en Australie, c'est la premiĂšre fois dans l'histoire d'un État que le chef d'État (Élisabeth II), le chef de gouvernement (Julia Gillard) et le gouverneur gĂ©nĂ©ral (Quentin Bryce) sont toutes des femmes.

Des grÚves générales s'organisent en Europe pour obtenir des avancées des droits, comme la grÚve féministe du 8 mars 2018 en Espagne, et la grÚve des femmes du 14 juin 2019 en Suisse.

Si dans les annĂ©es 1797-1883, d'anciennes esclaves comme Sojourner Truth ou Harriet Tubman (vers 1820-1913) Ă©taient devenues des icĂŽnes de l'abolition de l'esclavage et des droits des femmes, elles ont Ă©tĂ© un temps oubliĂ©es, mais aujourd'hui, elles figurent dĂ©sormais dans le Black fĂ©minisme des Africaines-amĂ©ricaines dans les annĂ©es 1970. Elles sont mises Ă  l'honneur, officiellement puisqu'elles sont retenues pour figurer sur les billets de 20 dollars en 2020 pour l'anniversaire du droit de vote des AmĂ©ricaines, avant que le prĂ©sident Donald Trump n'annule cette disposition[114].

Le fĂ©minisme contemporain, dans la plupart des pays occidentaux, se diversifie et change de visage, du fait que les revendications fĂ©ministes initiales ont Ă©tĂ© traduites dans les systĂšmes juridiques, et font partie du pĂ©rimĂštre conventionnel des droits humains. La rĂ©flexion et l'action fĂ©ministes sont donc amenĂ©es d'une part Ă  s'attacher davantage Ă  l'analyse critique des pratiques sociales rĂ©elles (souvent dĂ©calĂ©es des principes) et Ă  reformuler l'expression de leurs enjeux et de leurs objectifs. Elles doivent aussi tenir compte de la rĂ©surgence de dĂ©bats ethniques, communautaires ou religieux qui compliquent la donne — certaines associations rĂ©futent ainsi la dichotomie Occident fĂ©ministe contre Orient sexiste[115]. Ce changement de paysage entraĂźne inĂ©vitablement des divergences de vues qui divisent les courants fĂ©ministes.

Courants de la pensée féministe

Banderole « Les filles affranchies ».

Féminisme libéral

Le fĂ©minisme libĂ©ral Ă©pouse les principes du libĂ©ralisme politique dont il rĂ©clame l’application aux femmes, au mĂȘme titre qu’à tous les hommes. À ce titre, il se fixe comme horizon l’indiffĂ©rence aux diffĂ©rences de sexe dans le cadre de l’espace public[116].

Sur le plan politique, sa mĂ©thode est rĂ©formiste ; il cherche Ă  obtenir une modification des dispositions lĂ©gales par la voix lĂ©gislative, le lobbying ou l’action militante Ă  destination de l’opinion publique (presse, pĂ©titions
). Confiant dans les valeurs du progrĂšs et les vertus de l’éducation, il entend Ă©galement agir sur les mentalitĂ©s, sans dĂ©velopper, Ă  la maniĂšre du fĂ©minisme marxiste ou radical, une analyse systĂ©mique du capitalisme ou du patriarcat[117].

Historiquement, il se structure dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle oĂč il s’incarne dans des groupes organisĂ©s, militants pour l’égalitĂ© civile et politique ainsi que pour l’égalitĂ© des droits dans les domaines de l’éducation ou du travail. L’ensemble de ces droits doivent ĂȘtre Ă  mĂȘme de garantir l’autonomie des femmes en tant que sujet.

FĂ©minisme socialiste

Au centre, Clara Zetkin et Alexandra KollontaĂŻ au VIIIe CongrĂšs de l'Internationale Socialiste des Femmes, Copenhague (Danemark), 1910.

Sur le plan thĂ©orique, la tradition marxiste puise principalement ses sources concernant la question des femmes dans L’origine de la famille, de la propriĂ©tĂ© privĂ©e et de l’État (1884) de Friedrich Engels et dans La femme dans le passĂ©, le prĂ©sent et l’avenir (1879) d’August Bebel. Clara Zetkin (future prĂ©sidente de l'Internationale socialiste des femmes qui y propose la tenue annuelle d'une JournĂ©e internationale des femmes) ou Alexandra KollontaĂŻ constituent les reprĂ©sentantes les plus marquantes de cette tradition marxiste de dĂ©fense des droits des femmes qui a nĂ©anmoins refusĂ© le qualificatif de « fĂ©ministe », jugĂ© « individualiste » et « bourgeois ».

Contre une reprĂ©sentation fixiste de la famille et du rĂŽle qu’y tiennent les femmes, le marxisme affirme l’historicitĂ© des structures familiales dont les formes Ă©voluent avec la structure Ă©conomique. S’inspirant de l’anthropologue Ă©volutionniste Lewis Henry Morgan, Engels dĂ©finit ainsi une origine historique Ă  l’oppression des femmes : il fait coĂŻncider l’apparition de la propriĂ©tĂ© privĂ©e avec la fin d’une pĂ©riode historique oĂč le droit maternel et la filiation en ligne fĂ©minine auraient rĂ©glĂ© les modalitĂ©s de l’hĂ©ritage.

Avec l’instauration du systĂšme patriarcal et du mariage monogamique qui marquent « la grande dĂ©faite historique du sexe fĂ©minin »[118], les femmes sont victimes d’une double oppression : assignĂ©es aux seules fonctions reproductives, elles sont maintenues par leurs maris hors du champ productif et de la vie publique ; quand elles accĂšdent au marchĂ© du travail, elles subissent, comme les autres travailleurs, les effets nĂ©fastes du mode de production capitaliste.

Les fĂ©minismes marxistes de la fin du XIXe siĂšcle militent pour l’accĂšs des femmes au marchĂ© du travail : leur entrĂ©e dans la sphĂšre productive doit permettre l’éveil d’une conscience de classe et la participation des femmes Ă  la lutte des classes. La doctrine reste attachĂ©e au respect de ce qui est dĂ©fini comme la « double tĂąche sociale de la femme » : production et reproduction. Stigmatisant les revendications Ă©galitaristes de certaines fĂ©ministes, il affirme ainsi respecter la spĂ©cificitĂ© biologique des femmes. Alexandra KollontaĂŻ met ainsi l’accent sur la nĂ©cessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections lĂ©gales des mĂšres[119].

Sur le plan stratĂ©gique, les mobilisations des femmes doivent rester subordonnĂ©es Ă  la lutte des classes. Seul le renversement du capitalisme peut en effet mettre un terme dĂ©finitif Ă  l’oppression des femmes[120]. La question de l’alliance avec des groupes fĂ©ministes est posĂ©e Ă  la fin du XIXe siĂšcle. Des organisations fĂ©minines, rattachĂ©es aux structures socialistes nationales, s’organisent en effet dans la majoritĂ© des pays d’Europe ; elles sont regroupĂ©es en 1907 dans l’Internationale socialiste des femmes, Ă  l’occasion de la premiĂšre ConfĂ©rence internationale des femmes socialistes qui se tient Ă  Stuttgart. Clara Zetkin en prend la tĂȘte et parvient notamment Ă  imposer le principe du refus de toute alliance avec le « fĂ©minisme bourgeois » et rĂ©formiste[121].

À la fin des annĂ©es 1960, la rĂ©flexion marxiste sur l’oppression des femmes s’est considĂ©rablement renouvelĂ©e en questionnant notamment l’articulation entre patriarcat et capitalisme[122].

FĂ©minisme radical

Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaßt à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes par les hommes (ou patriarcat) le fondement du systÚme de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées. Il se démarque des mouvements féministes qui visent à l'amélioration de la condition féminine par des aménagements de législation (réformisme) sans mettre en cause le systÚme patriarcal, bien que certaines féministes radicales (Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin) aient précisément centré leur lutte sur des réformes législatives.

Féminisme matérialiste

En France, le fĂ©minisme radical s'est notamment manifestĂ© Ă  travers le fĂ©minisme matĂ©rialiste. Pour ce courant, profondĂ©ment anti-essentialiste, l'origine du patriarcat ne doit surtout pas ĂȘtre cherchĂ©e dans une quelconque nature spĂ©cifique des femmes, qu'elle soit biologique ou psychologique, mais bien dans l'organisation de la sociĂ©tĂ©. Les fĂ©ministes matĂ©rialistes se sont donc attachĂ©es Ă  analyser les « rapports sociaux de sexe » (c'est-Ă -dire le genre), comme un rapport entre des classes sociales antagonistes (la classe des hommes et la classe des femmes), et non entre des groupes biologiques. La perspective politique qui en dĂ©coule est donc rĂ©volutionnaire, car la lutte des classes de sexe doit aboutir Ă  la disparition de ces classes et donc du genre[123].

Ce courant, malgré des prémisses semblables est trÚs divers. Christine Delphy a notamment mis en lumiÚre le mode de production domestique, versant économique de l'exploitation du travail des femmes dans le foyer[124]. Colette Guillaumin a théorisé le sexage, systÚme d'appropriation physique du corps des femmes par les hommes[125]. Paola Tabet a démontré l'exclusion des femmes des outils complexes et des armes[126]. Monique Wittig a réinterprété l'hétérosexualité comme un régime politique fondé sur l'oppression des femmes[127].

Simone de Beauvoir a apporté un soutien sans faille à cette école, notamment à travers la position de directrice de publication de ses revues, Questions féministes puis Nouvelles Questions féministes, poste qu'elle gardera jusqu'à sa mort[128].

Féminisme différentialiste

Julia Kristeva en 2017.

Le fĂ©minisme diffĂ©rentialiste de psychanalystes comme Julia Kristeva, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque postule que le patriarcat est si profondĂ©ment enracinĂ© dans les mentalitĂ©s qu'il impose un systĂšme de valeurs qui empĂȘche l'existence d'une diffĂ©rence authentique entre hommes et femmes, les femmes Ă©tant sans cesse dĂ©finies, construites comme antithĂšses (idĂ©alisĂ©es ou dĂ©monisĂ©es) des hommes. Le fĂ©minisme de la diffĂ©rence a mis en valeur la parole des femmes, les relations mĂšres-filles, l'importance rĂ©volutionnaire de la crĂ©ation de groupes de femmes, et a critiquĂ© le logocentrisme de la pensĂ©e occidentale (en particulier), y compris chez certaines fĂ©ministes. QualifiĂ© d'antifĂ©minisme par certaines fĂ©ministes radicales[129] - [130], ce mouvement se dĂ©finit par sa valorisation des diffĂ©rences, la diffĂ©rence sexuelle Ă©tant la principale, sans Ă©clipser les autres.

« L'Ă©galitĂ© est un principe juridique. Par consĂ©quent, c'est au dĂ©nominateur commun de tous les ĂȘtres humains que justice doit ĂȘtre rendue. Mais la diffĂ©rence est un principe existentiel qui concerne les modes d'ĂȘtre humain, les particularitĂ©s des expĂ©riences, des buts et des possibilitĂ©s propres, et le sens propre d'exister dans une situation donnĂ©e et dans la situation que la personne veut se crĂ©er. La diffĂ©rence homme-femme est la diffĂ©rence de base dans l'humanitĂ©. [
] L'Ă©galitĂ© est ce qui est offert comme droits lĂ©gaux aux peuples colonisĂ©s. Et ce qui leur est imposĂ© comme culture, c'est le principe par lequel les dĂ©tenteurs du pouvoir hĂ©gĂ©monique continuent Ă  contrĂŽler les autres. »

— Crachons sur Hegel. Carla Lonzi[131]

Publicité américaine s'appuyant sur l'éthique de la sollicitude des femmes, 1941.

Ce mouvement, contemporain de l'apparition du féminisme radical français, a eu un profond impact à l'époque :

« En effet, l'inversion des valeurs et l'affirmation d'une force dynamique, contestatrice du fĂ©minin rĂ©primĂ© et refoulĂ© constituent une position plus aisĂ©ment identifiable, et plus facile Ă  tenir que la critique de la bicatĂ©gorisation, ou le choix d'un entre-deux [
]. La revendication d'une reconnaissance et d'une place, le passage par l'Ă©nonciation en nous (les femmes
), l'affirmation d'un dessein collectif ont Ă©tĂ© de puissants moteurs dans les mouvements fĂ©ministes occidentaux des annĂ©es 1970. Le comprendre et le dire n'invalide pas la critique des thĂ©ories de l'Ă©criture fĂ©minine, qui ont eu longtemps des effets pernicieux dans le champ français[132]. »

De fait, le fĂ©minisme de la diffĂ©rence a ensuite reçu davantage d'attention dans le monde anglo-saxon, jusqu'Ă  ĂȘtre appelĂ© « French Feminism », sans Ă©gards pour le fait que le fĂ©minisme français s'est graduellement opposĂ© au fĂ©minisme diffĂ©rentialiste. Carol Gilligan a ravivĂ© le fĂ©minisme diffĂ©rentialiste anglosaxon avec la publication d'« In a Different Voice », dans les annĂ©es 1980. Cet ouvrage met en Ă©vidence des trajectoires de dĂ©veloppement moral qui se distinguent de celles, rĂ©putĂ©es plus masculines, de Lawrence Kohlberg. L'Ă©thique de la sollicitude est un dĂ©veloppement contemporain du fĂ©minisme de la diffĂ©rence.

Théologie féministe

La théologie féministe est un ensemble de courants féministes qui se fondent sur une étude des textes sacrés pour affirmer l'égalité des genres.

Le féminisme islamique, ou féminisme musulman, est un mouvement féministe proche de l'Islam libéral, qui revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes au sein de la communauté musulmane.

FĂ©minisme pro-sexe

Virginie Despentes - Prix Landerneau, 2015.

Le fĂ©minisme pro-sexe est un courant du fĂ©minisme, issu du milieu queer, qui apparaĂźt dans les annĂ©es 1980 aux États-Unis et qui voit en la sexualitĂ© un domaine qui doit ĂȘtre investi par les femmes et les minoritĂ©s sexuelles. En faisant « du corps, du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes doivent s'emparer », il s'oppose au fĂ©minisme radical.

Dans la mouvance pro-sexe, on trouve des organisations comme la SlutWalk ou Marche des Salopes en français, dont le slogan est : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas nous violer ».

Des écrivaines comme Virginie Despentes ont contribué à la vulgarisation des thÚses pro-sexes, avec notamment des livres comme Baise-moi et plus tard King Kong Théorie. Un artiste queer Lazlo Pearlman[133] a produit un film intitulé Fake Orgasm[134], et la productrice de films pornographiques Erika Lust se réclame également d'une mouvance pro-sexe qui considÚre le potentiel libératoire dans l'éclatement de la norme genrée des pratiques sexuelles. La réalisatrice Ovidie en est également un exemple, qui s'investit dans ce mouvement à la fois comme actrice et réalisatrice de films pornographiques, et comme réalisatrice et autrice de documentaires qui développent une pensée théorique et critique. On trouvera également une approche plus théorique dans les ouvrages[135] de Paul B. Preciado.

Anarcha-féminisme

L'anarcha-fĂ©minisme ou fĂ©minisme libertaire, qui combine fĂ©minisme et anarchisme, considĂšre la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premiĂšres manifestations de la hiĂ©rarchie dans nos sociĂ©tĂ©s. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-fĂ©ministes partie intĂ©grante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulĂ© Susan Brown :

« Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsÚquement féministe[136]. »

Emma Goldman vers 1911.

En 1896 et 1897, paraĂźt en Argentine La Voz de la Mujer (La Voix de la Femme), premiĂšre publication anarcha-fĂ©ministe au monde[137]. En Ă©pigraphe : « Ni dios, ni patron, ni marido » (soit « Ni dieu, ni patron, ni mari »). La figure de proue en est Virginia Bolten, fĂ©ministe rĂ©volutionnaire et communiste libertaire. Ce n’est pas le premier journal fĂ©minin en AmĂ©rique latine, mais c'est le premier journal fĂ©ministe et rĂ©volutionnaire au sein de la classe ouvriĂšre[138].

En Espagne, à partir de 1922, Estudios est à l'avant-garde d'une campagne en faveur de l'éducation sexuelle et de l'émancipation féminine[139]. Ouverte aux débats sur les sexualités, cette revue éclectique et libertaire aborde le nudisme, l'amour libre et l'éducation sexuelle. Elle a une influence décisive sur la classe ouvriÚre espagnole en contribuant à faire évoluer radicalement les mentalités[140].

Fondée par Lucía Sånchez Saornil[141], Mercedes Comaposada[142] et Amparo Poch y Gascón[143] lors de la Révolution sociale espagnole de 1936, la fédération des Mujeres Libres, proche de la Confédération nationale du travail, se réclame d'un « féminisme prolétarien »[144] et défend à la fois les idées anarchistes et féministes[145]. La féministe Consuelo Berges et la ministre Federica Montseny ont notamment participé à ce mouvement.

Aux États-Unis, Emma Goldman[146], Voltairine de Cleyre[147], Lucy Parsons et Kate Austin en sont les principales thĂ©oriciennes. D'autres figures marquantes de ce courant sont les Françaises Madeleine Vernet et Nelly Roussel, la Suissesse Paulette Brupbacher[148] ou la Polonaise Eva Kotchever et la SuĂ©doise Elise Ottesen-Jensen qui rĂ©sume son combat en une phrase :

« Je rĂȘve du jour oĂč chaque enfant nĂ© sera le bienvenu, oĂč hommes et femmes seront Ă©gaux et vivront leur sexualitĂ© dans la passion, le plaisir et la tendresse[149]. »

L'anarchiste italien Sante Ferrini publie deux longs articles, Ă  dix annĂ©es d'intervalles, sur le fĂ©minisme. En 1909, dans « Femminismo », il dĂ©veloppe dĂ©jĂ  une thĂšse proche de celle du fĂ©minisme radical, attribuant au patriarcat la seule responsabilitĂ© du maintien des femmes dans une condition infĂ©rieure Ă  celle des hommes : « l’homme veut ĂȘtre supĂ©rieur Ă  la femme et il contrarie autant qu’il le peut les moyens qui faciliteraient son Ă©mancipation, sachant qu’un esclave qui s’instruit devient un mauvais esclave. À la jeune fille, on donne donc une Ă©ducation de servante ». Conscient que les grands principes se dissolvent devant l'assaut rĂ©pĂ©tĂ© des tĂąches quotidiennes, « balayons devant notre porte », Ă©crit-il, « commençons par Ă©manciper notre famille », « daignons les aider dans le travail quotidien » et arrĂȘtons de ne laisser aux femmes que « des choses qui ne sont pas dangereuses pour les prĂ©rogatives masculines »[150].

FĂ©minisme intersectionnel

Femmes investies dans les clubs de la Northeastern Federation of Colored Women, illustration de 1902.

Aussi appelĂ© fĂ©minisme inclusif, le fĂ©minisme intersectionnel s'appuie sur les travaux de la fĂ©ministe amĂ©ricaine KimberlĂ© Williams Crenshaw, la premiĂšre Ă  avoir popularisĂ© le terme d'intersectionnalitĂ©, concept importĂ© en France par Éric Fassin ou Elsa Dorlin et que Christine Delphy dĂ©veloppe dans ses travaux de recherche[151]. Il a pour objectif de mieux prendre en compte les problĂšmes des femmes subissant d'autres discriminations en plus du sexisme, c'est-Ă -dire les personnes qui subissent plusieurs oppressions en mĂȘme temps. Ce courant cherche principalement Ă  porter les revendications des femmes non blanches victimes de racisme afin de lutter contre ce qu'il considĂšre ĂȘtre le dĂ©tournement du fĂ©minisme Ă  des fins racistes[152].

Les féministes intersectionnelles ne s'intéressent pas à chaque discrimination de façon séparée, mais cherchent à comprendre comment les différentes discriminations se conjuguent et forment une oppression spécifique. Elles reprochent aux associations féministes plus traditionnelles de parler de problÚmes qui ne les concernent pas directement, à la place des femmes qui vivent réellement ces situations. Elles déplorent également le caractÚre excluant de ces associations qui, selon elles, n'incluent pas suffisamment les femmes non blanches dans leur luttes[153].

Plusieurs courant féministes post-coloniaux relÚvent du féminisme intersectionnel, comme le black feminism[154] ou le féminisme chicana[155].

Afroféminisme en France

En France, le mouvement est principalement porté par des militantes noires, se réclamant de l'afroféminisme, qui critiquent notamment l'invisibilité médiatique des femmes noires et les diktats de beauté qu'elles subissent, comme l'estime Rokhaya Diallo :

« Les fĂ©ministes blanches veulent se dĂ©partir des attributs de beautĂ© que les diktats leur imposent et qui les infĂ©riorisent vis-Ă -vis des hommes. Mais pour les Noires, auxquelles on a toujours dit que leurs traits Ă©taient laids, le fait de se battre pour que ces attributs soient reconnus comme beaux prend tout son sens. Notre revendication est d’affirmer que notre corps est aussi beau que les autres alors que nous sommes invisibles mĂ©diatiquement[156]. »

La premiĂšre astronaute noire dans l'espace, Mae Jemison, 1992.

Comme la majoritĂ© des courants fĂ©ministes, l'afrofĂ©minisme critique les normes de beautĂ© imposĂ©es par la sociĂ©tĂ©. Mais il explique que les femmes noires – et Ă©galement celles issues des autres minoritĂ©s ethniques – subissent une double peine car l'idĂ©al de beautĂ© fĂ©minin occidental est destinĂ© Ă  des femmes blanches et correspond aux caractĂ©ristiques physiques de ces derniĂšres (peau claire, nez fin et cheveux clairs). Ainsi, Myriam Keita Brunet[n 2] estime que le budget consacrĂ© Ă  la beautĂ© par les femmes non blanches est neuf fois plus Ă©levĂ© que celui des femmes blanches. Elles dĂ©pensent leur argent dans des produits Ă©claircissants, des dĂ©frisages, voire des opĂ©rations de chirurgie esthĂ©tique afin de ressembler au modĂšle occidental[158].

Ces militantes critiquent le manque de reprĂ©sentation des femmes noires dans les mĂ©dias. Peu de fictions françaises mettent en scĂšne des femmes noires dans des rĂŽles principaux et, lorsque c'est le cas, c'est souvent pour incarner des jeunes femmes issues des quartiers populaires. Les militantes noires rĂ©clament, par consĂ©quent, une reprĂ©sentation plus positive et rĂ©aliste des noires dans les fictions tĂ©lĂ©visuelles. Selon le magazine Slate, seules 5 % des mannequins qui ont fait la couverture de Vogue en 2013 Ă©taient noires ou mĂ©tisses, 9 % asiatiques, % issues d'autres minoritĂ©s ethniques, contre 75 % de mannequins blancs[159]. En ce qui concerne le domaine politique, parmi les dĂ©putĂ©s de la France mĂ©tropolitaine qui siĂšgent Ă  l'AssemblĂ©e, six sont des femmes noires : Aude Amadou (4e circonscription de la Loire-Atlantique) ; Laetitia Avia (8e circonscription de Paris) ; DaniĂšle Obono (17e circonscription de Paris) ; Maud Petit (4e circonscription du Val-de-Marne) ; Sira Sylla (4e circonscription de Seine-Maritime) ; Huguette Tiegna (2e circonscription du Lot). Les afrofĂ©ministes critiquent cette quasi-absence des femmes noires et militent en faveur d'une prĂ©sence accrue de celles-ci dans l'espace public. Enfin, elles luttent contre les stĂ©rĂ©otypes racistes que subissent les femmes noires, souvent associĂ©es, selon elles, Ă  l'animalitĂ© et Ă  un fantasme sexuel exotique[160].

Féminisme et antispécisme

L'écrivaine féministe vegan Carol J. Adams.

Pour certaines autrices fĂ©ministes, comme Carol J. Adams ou Emily Gaarder, il existe une relation forte entre le fĂ©minisme et l'antispĂ©cisme. Dans les faits, selon les Ă©tudes, il y aurait entre 68 % et 80 % de femmes parmi les activistes pour la cause animale[161]. À l'opposĂ©, les mĂ©tiers impliquĂ©s dans l'exploitation animale sont majoritairement effectuĂ©s par des hommes[162]. Selon les tenantes de cette approche du fĂ©minisme, cette sur-reprĂ©sentation de femmes dans le milieu vĂ©gane s’expliquerait par le fait que les corps des animaux d'Ă©levage, notamment celui des femelles, seraient perçus et utilisĂ©s de façon similaire par les hommes que le sont les corps des femmes, ces derniers Ă©tant d'ailleurs parfois dĂ©crits comme « des morceaux de viande »[163] - [164].

De plus, certaines études affirment que la « société patriarcale » érigerait la consommation de viande comme un symbole fort de virilité. Les féministes et les antispécistes voient ainsi le virilisme comme un ennemi commun[165] - [166].

Toutefois, cette idée est critiquée par d'autres auteures féministes comme Carrie Hamilton qui explique que, selon elle : « sa version [celle de Carol J. Adams] du féminisme végane se base sur une comparaison sans fondement entre la violence faite aux femmes et celle contre les animaux »[167].

Le féminisme dans l'environnement scolaire

Plusieurs personnalitĂ©s dĂ©plorent une sensibilisation trop faible au fĂ©minisme dans l'espace scolaire[168]. C'est le cas notamment de la cinĂ©aste AgnĂšs Varda, qui a dĂ©clarĂ© que « le fĂ©minisme n'est pas trĂšs actif dans l'Ă©ducation, dans les collĂšges et dans les lycĂ©es. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'Ă©ducation sexuelle est un peu aplatie. On n'en parle pas assez aux jeunes femmes et aux jeunes hommes »[169]. Mais aussi, cette question se pose car les collĂ©giens et lycĂ©ens seraient de plus en plus informĂ©s et sensibilisĂ©s aux questions fĂ©ministes et au fĂ©minisme de maniĂšre gĂ©nĂ©rale et de plus en plus tĂŽt, notamment par le biais des rĂ©seaux sociaux et des mĂ©dias. Ainsi, il serait opportun de pouvoir Ă©tudier l'histoire du fĂ©minisme et la philosophie fĂ©ministe dans les salles de classe[170]. Également, dans certains lycĂ©es, les Ă©tudiants se sont rassemblĂ©s et ont manifestĂ© contre le sexisme en classe et dans les Ă©tablissements scolaires et les attitudes discriminatoires et plus particuliĂšrement, les gestes et propos dĂ©placĂ©s voire des cas de harcĂšlement sexuel[171].

Critiques du féminisme

« À aucune Ă©poque le sexe faible n’a Ă©tĂ© traitĂ© avec autant d’égards de la part des hommes qu’à notre Ă©poque. C’est une consĂ©quence de notre penchant et de notre goĂ»t fonciĂšrement dĂ©mocratiques, tout comme notre manque de respect pour la vieillesse. Faut-il s’étonner si ces Ă©gards ont dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en abus ? On veut davantage, on apprend Ă  exiger, on trouve enfin ce tribut d’hommages presque blessant, on prĂ©fĂ©rerait la rivalitĂ© des droits, le vĂ©ritable combat. En un mot, la femme perd de sa pudeur. Ajoutons de suite qu’elle perd aussi le goĂ»t. Elle dĂ©sapprend de craindre l’homme. Mais la femme qui « dĂ©sapprend la crainte » sacrifie ses instincts les plus fĂ©minins. (
) On veut mĂȘme, de ci de lĂ , changer les femmes en libres-penseurs et en gens de lettres. Comme si la femme, sans piĂ©tĂ©, n’était pas pour l’homme profond et impie une chose parfaitement choquante et ridicule. (
) On les rend de jour en jour plus hystĂ©riques et plus inaptes Ă  remplir leur premiĂšre et derniĂšre fonction, qui est de mettre au monde des enfants solides. »

— Friedrich Nietzsche, Par delà le bien et le mal, VII, 239.

Le féminisme est critiqué, avec des arguments trÚs divers.

Sur le plan politique, le fĂ©minisme est qualifiĂ© par des marxistes-lĂ©ninistes de « diversion »[172] car dans cette analyse, toutes les classes sociales sont composĂ©es de femmes et d'hommes et les premiĂšres ne constituent pas une caste ou une classe particuliĂšre caractĂ©risĂ©e par une rĂ©elle solidaritĂ© d'intĂ©rĂȘts. De ce fait, l'invocation d'un conflit d'intĂ©rĂȘts entre sexes ou la lutte pour l'Ă©mancipation d'un sexe Ă  l'Ă©gard de l'autre serait un « artifice » ayant pour consĂ©quence (voire pour but) de « masquer les vrais rapports de domination et les vraies lignes de fracture sociale ».

Dans un ordre d'idées différent, le féminisme est aussi relativisé parce qu'il minimiserait l'importance des critÚres de différenciation physique entre individus (sexe, ùge, état de santé, couleur de peau, morphologie) qui sont pourtant autant facteurs essentiels de discrimination sociale et d'exclusion[173].

Dans la mouvance de la critique de Simone de Beauvoir, certaines auteurs comme Julia Kristeva, Sylviane Agacinski, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque pensent que l'Ă©galitarisme abstrait efface les diffĂ©rences sexuelles et prolonge ainsi l'androcentrisme de l'universalisme masculin. Ce discours critique diffĂ©rentialiste, de l'intĂ©rieur du mouvement fĂ©ministe, est frĂ©quemment reçu comme un recul essentialiste en France[129], moins au QuĂ©bec (oĂč les diffĂ©rentes mouvances sont exprimĂ©es, notamment au sein de l'Institut de Recherches et d'Études FĂ©ministes (UQÀM), au Simone de Beauvoir Institute (UniversitĂ© Concordia) et grĂące Ă  diverses politiques d'État)[174], et s'exprime dans plusieurs fĂ©minismes hors de l'Occident (voir aussi Politiques d'identitĂ©).

Le terme « virilisme » est parfois employĂ© pour qualifier l'alignement de certaines fĂ©ministes sur les droits et les mƓurs masculines au dĂ©triment d'une vĂ©ritable promotion du fĂ©minin dans l'humanitĂ©[175].

En novembre 2019, l'Arabie saoudite dĂ©cide d'inscrire le fĂ©minisme sur la liste des idĂ©es extrĂ©mistes. Celui-ci tombe ainsi sous le coup de la loi antiterroriste et pourra ĂȘtre sanctionnĂ© de peines de prison et de coups de fouet[176].

Liens entre le féminisme et les hommes

Place et image des hommes

bell hooks en 2014.

La fĂ©ministe amĂ©ricaine bell hooks affirme que les hommes souffrent Ă©galement d'un systĂšme patriarcal Ă©touffant et dĂ©shumanisant. Elle appelle les hommes Ă  refuser les codes du patriarcat qui les encouragent Ă  devenir froids, violents et Ă  refouler tous sentiments. Obtenir un tel changement passe par la prise de conscience de la souffrance masculine mais Ă©galement par l'arrĂȘt de la prolifĂ©ration du patriarcat dans la culture populaire notamment[177].

En 2010, l'Organisation mondiale de la santé a émis des recommandations sur la place des hommes et des garçons dans le processus d'accession à l'égalité. L'OMS donne des exemples de politiques qui ont aidé les hommes de façon significative à contribuer à la condition des femmes :

  • CongĂ©s de paternitĂ©. Les États scandinaves ont fait la preuve que les congĂ©s de paternitĂ© sont bĂ©nĂ©fiques pour les mĂšres (qui bĂ©nĂ©ficient d’un partage des activitĂ©s de la sphĂšre domestique), les enfants (en matiĂšre de santĂ© et de bon dĂ©veloppement) et les pĂšres (en matiĂšre de santĂ© mentale et de bien-ĂȘtre). En NorvĂšge, entre 1993 et 1998, les taux de participation Ă  ce programme a grimpĂ© de 4 % Ă  85 %.
  • Interventions intĂ©grĂ©es auprĂšs des maris violents. Plus l'intervention intĂšgre les diffĂ©rents aspects (scientifiques, juridiques, policiers, mais aussi psychologiques et communautaires), meilleures sont les chances de prĂ©venir la violence sexiste.
  • PrĂ©vention des comportements sexuels Ă  risque : le dĂ©veloppement d'une culture de comportements sexuels responsables et respectueux des femmes illustre combien les hommes homosexuels peuvent aider les hommes hĂ©tĂ©rosexuels. En effet, c'est de la culture gay que provient « une des transformations les plus profondes dans les pratiques que les sciences sociales et la santĂ© publique aient observĂ©es ».
  • Politiques pour Ă©viter l'abus d'alcool et la violence par armes Ă  feu. L'alcool et les armes, dans la plupart des cultures, sont associĂ©s au genre masculin, en mĂȘme temps qu'Ă  la violence envers les femmes, en plus d'ĂȘtre associĂ©s avec des troubles spĂ©cifiques chez les hommes. Les interventions sur ces deux problĂ©matiques fortement genrĂ©es sont habituellement menĂ©es indiffĂ©remment de cet Ă©tat de fait. L'OMS invite Ă  reconnaĂźtre les valeurs sociales qui les sous-tendent et ainsi facilitent la violence sexiste[178].

Soutiens masculins au féminisme

Logo de HeForShe.

Si le féminisme mobilise avant tout les femmes (puisqu'il les concerne directement), il existe aussi des hommes féministes, soit parce qu'ils se sentent solidaires, soit parce qu'ils estiment que les hommes sont également concernés.

Par ailleurs, en 2014, l'ONU Femmes lance une campagne intitulée « HeForShe » pour inciter les hommes et les garçons à participer au combat pour l'égalité des sexes et les droits des femmes.

Plusieurs chercheurs ont Ă©crit sur le fĂ©minisme, comme Ivan Jablonka ou Éric Fassin[179].

Mouvements masculins en réaction au féminisme

Plusieurs mouvements de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts spĂ©cifiques des hommes se sont crĂ©Ă©s en parallĂšle ou en rĂ©action au fĂ©minisme. Le masculinisme, souvent liĂ© Ă  l'antifĂ©minisme, se dit favorable Ă  l'Ă©galitĂ© des genres et se prĂ©occupe de certaines inĂ©galitĂ©s en dĂ©faveur des hommes[180].

Littérature et féminisme

Certaines Ɠuvres sont devenues des icĂŽnes littĂ©raires du fĂ©minisme :

On peut Ă©galement citer Le Pouvoir de Naomi Alderman ou Vox de Christina Dalcher.

Il existe d'autres romans portant des réflexions féministes :

Le complexe de la sorciĂšre (2020) et sa suite La femme est l'oiseau (2021) de Isabelle Sorente

Science-fiction

La thématique féministe est trÚs présente en littérature de science-fiction.

L’Ɠuvre emblĂ©matique Ă  cet Ă©gard est La Main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin.

Un autre roman de rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de science-fiction fĂ©ministe est Chroniques du Pays des MĂšres (1992) d'Élisabeth Vonarburg.

Publié en juin 2020, Anan : le prince, premier tome d'une trilogie écrite par Lili Boisvert, est un autre exemple de littérature fantastique féministe[181] - [182].

Viendra le temps du feu, Wendy Delorme, 2021

Essais

King Kong Theory, Virginie Despentes

Le capitalisme patriarcal, Silvia Federici

Une chambre Ă  soi, Virginia Woolf

Tout le monde peut ĂȘtre fĂ©ministe, bell hooks

Liste de féministes reconnues

Annexes

Écrits fĂ©ministes

  • Simone de Beauvoir, Le DeuxiĂšme Sexe, 2 tomes, Paris, Gallimard, 1949 ; rĂ©Ă©d. Gallimard, "Folio", 1986 (ISBN 9782070323517) ; (ISBN 9782070323524).
  • Judith Butler, Trouble dans le genre. Pour un fĂ©minisme de la subversion, Paris, La DĂ©couverte, 2005 (ISBN 978-2-7071-5018-9).
  • Françoise VergĂšs, Un FĂ©minisme dĂ©colonial, Paris, La Fabrique, 2019 (ISBN 978-2-35872-174-5).
  • Silvia Federici, Le Capitalisme patriarcal, Paris, La Fabrique, 2019 (ISBN 978-2-35872-178-3).

Dictionnaires

  • Helena Hirata, Françoise Laborie, HĂ©lĂšne Le DoarĂ© et DaniĂšle Senotier, Dictionnaire critique du fĂ©minisme, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d'aujourd'hui », , 299 p. (ISBN 2-13-050009-9). Édition revue, corrigĂ©e et augmentĂ©e (2004), chez le mĂȘme Ă©diteur, mĂȘme collection : ... + 315 p. (ISBN 2-13-052417-6).
  • Christine FaurĂ© (dir.), Nouvelle EncyclopĂ©die Politique et Historique des Femmes (Europe-AmĂ©rique), Paris, Les Belles Lettres, , 1215 p. (ISBN 978-2-251-44380-5).
En Europe
  • Hans Derks, « Un Mal Splendide : hommes et femmes dans une 'AntiquitĂ© postfĂ©ministe' », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 27, no 2,‎ , p. 7-43 (lire en ligne).
  • (en) Karen Offen, European feminisms, 1700-1950 : A political history, Stanford, CA, Stanford University Press, , 554 p. (ISBN 978-0-8047-3419-6 et 978-0-804-73420-2, OCLC 43167893).
  • Eliane Gubin (dir.), Catherine Jacques (dir.), Florence Rochefort (dir.), Brigitte Studer (dir.), Françoise ThĂ©baud (dir.), MichĂšle Zancarini-Fournel (dir.) et al. (prĂ©f. Michelle Perrot), Le siĂšcle des fĂ©minismes, Paris, Éditions de l'Atelier, , 463 p. (ISBN 978-2-7082-3729-2, OCLC 868501894, lire en ligne).
  • Aurore Koechlin, La RĂ©volution fĂ©ministe, Amsterdam, 176 p. (ISBN 978-2354801946).
En France
  • MaĂŻtĂ© Albistur et Daniel Armogathe, Histoire du fĂ©minisme français. Éditions des Femmes, collection « Pour chacune », Paris, 2 volumes :
    • vol. 1 : Du Moyen Âge Ă  nos jours, 1977. 508 p. (ISBN 2-7210-0133-7) ;
    • vol. 2 : De l'Empire napolĂ©onien Ă  nos jours, 1978 (ISBN 2-7210-0134-5).
  • Christine Bard, Les Filles de Marianne, Histoire des fĂ©minismes, 1914-1940, Paris, Fayard, 1995 (ISBN 2-213-59390-6).
  • Christine Bard dir et Sylvie Chaperon, Dictionnaire des fĂ©ministes, France XVIIIe -XXIe siĂšcle, Paris, PUF, , 1700 p. (ISBN 978-2-13-078720-4).
  • Marie-Jo Bonnet, Histoire de l'Ă©mancipation des femmes, Rennes, Ouest-France, 2012.
  • Sylvie Chaperon, Les AnnĂ©es Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 2000 (ISBN 2-213-60542-4).
  • Laurence Klejman et Florence Rochefort, L’ÉgalitĂ© en marche. Le FĂ©minisme sous la TroisiĂšme RĂ©publique, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1989 (ISBN 2-7210-0382-8).
  • Laurie Laufer, « La psychanalyse est-elle un fĂ©minisme manquĂ© ? », Nouvelle Revue de psychosociologie, 2014/1 (no 17), p. 17-29. DOI : 10.3917/nrp.017.0017. [lire en ligne]
  • Danielle Le Bricquir, O.Thibault, FĂ©minisme et Pacifisme, mĂȘme combat, Éditions Les lettres libres, 149 pages, 1985 (ISBN 2-86751-074-0).
  • Danielle Le Bricquir, La Paix, les femmes !, Presses universitaires de Grenoble (prĂ©face d'Albert Jacquard), 173 pages, 1987 (ISBN 978-2706102967).
  • Johanna Luyssen, Les 30 fĂ©ministes que personne n'a vus venir, Paris, Éditions Le Contrepoint, 2015 (ISBN 2-37063-031-0) (prĂ©face de Beth Ditto et illustration d'Enora Denis).
  • Françoise Picq, LibĂ©ration des femmes, les annĂ©es-Mouvement, Paris, Seuil, 1993 (ISBN 2-02-012239-1).
  • GeneviĂšve Poujol, Un fĂ©minisme sous tutelle : les protestantes françaises, 1810-1960, 2003 (ISBN 9782846210317).
  • MichĂšle Riot-Sarcey, Histoire du fĂ©minisme, La DĂ©couverte, collection RepĂšres, Paris, 2002 (ISBN 978-2-7071-5472-9).
  • Christelle Taraud, Les FĂ©minismes en questions - ÉlĂ©ments pour une cartographie, entretiens avec Christine Bard, Marie-HĂ©lĂšne Bourcier, Christine Delphy, Eric Fassin, Françoise Gaspard, Nacira GuĂ©nif-Souilamas et Marcela Iacub, Paris, Éditions Amsterdam, 2005 (ISBN 2-915547-07-6).
Au Royaume-Uni
  • Françoise Barret-Ducrocq, Le Mouvement fĂ©ministe anglais d’hier Ă  aujourd’hui, Paris, Ellipses, 2000 (ISBN 2-7298-5950-0).
  • Martine Monacceli (dir.), Ces hommes qui Ă©pousĂšrent la cause des femmes : Dix pionniers britanniques, Éditions de l'Atelier, 2010 (ISBN 2708241052).
En Espagne
Aux États-Unis
  • Ginette Castro, Radioscopie du fĂ©minisme amĂ©ricain, Les Presses de Sciences Po, Paris, 1984 (ISBN 2-7246-0506-3).
  • Colette Colomb-Bourreau et Claudette Fillard, Les Mouvements fĂ©ministes amĂ©ricains, Ellipses, Paris, 2003 (ISBN 2-7298-1307-1).
En France
Ailleurs dans le monde

Revues universitaires

Note : certaines revues universitaires rejoignent le public des journaux ; elles apparaissent dans les deux listes.

En anglais
  • Affilia
  • Camera Obscura
  • Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies
  • Feminist Collections
  • Feminist Periodicals
  • Feminist Review
  • Feminist Studies
  • Feminist Teacher
  • Feminist Theory
  • Frontiers: A Journal of Women's Studies
  • Gender and Society
  • Gender Issues
  • Genders
  • Hypatia: A Journal of Feminist Philosophy
  • International Journal of Gender, Science and Technology
  • Journal of Feminist Studies in Religion
  • Journal of International Women's Studies
  • Journal of Lesbian Studies
  • Journal of Women, Politics and Policy: A Quarterly Journal of Research and Policy Studies
  • Journal of Women's History
  • Meridians: Feminism, Race, Transnationalism
  • MS
  • Nashim: A Journal of Jewish Women’s Studies and Gender Issues
  • New Books on Women and Feminism
  • NWSA Journal
  • off our backs: A Women's News Journal
  • Psychology of Women Quarterly
  • Signs: Journal of Women in Culture and Society
  • Social Politics: International Studies in Gender, State and Society
  • Tulsa Studies in Women's Literature
  • Women: A Cultural Review
  • Women and Health: A Multidisciplinary Journal of Women's Health Issues
  • Women and Therapy
  • Women's Review of Books
  • Women's Studies: An Indisciplinary Journal
  • Women's Studies International Forum
  • Women's Studies Quarterly
Écrits historiques
Écrits rĂ©cents

Dossiers

  • Revue Sciences Humaines :
    • « L'Ăšre du postfĂ©minisme », no 214, 2010 ;
    • « Femmes, combats et dĂ©bats », HSS, no 4, 2005 ;
    • « Hommes / femmes, quelles diffĂ©rences ? », no 146, 2004 ;
    • « Les hommes en question », no 112, 2001 ;
    • « Nouveaux modĂšles fĂ©minins », no 85, 1998 ;
    • « Masculin-fĂ©minin », no 42, 1994 ;
  • Revue Krisis : « Sexe(s) ? / Genre(s) ? », no 41, 2015.

Conférences

Articles connexes

Histoire du féminisme

Types de féminisme

Organisations et actions

Féminisme appliqué à des domaines particuliers

Chants et hymnes féministes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. romanciÚre viennoise « bien connue pour son active propagande en faveur du féminisme », Colette Cosnier, Les dames de Femina : un féminisme mystifié, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 297.
  2. Myriam Keita Brunet est la fondatrice et dirigeante de Training Angel, une entreprise dont l'objectif est d'« aider les DRH et les Directions FinanciÚres et Générales à valoriser le Capital Humain en prouvant son retour sur investissement financier et extra financier[157] ».

Références

  1. Angélique Gérard, Pour la fin du sexisme!, Editions Eyrolles, (lire en ligne), p. 57
  2. feminism, noun. In: Merriam-Webster’s Collegiate Dictionary.
  3. George Ritzer, J. Michael Ryan, The Concise Encyclopedia of Sociology, John Wiley & Sons, (lire en ligne), p. 223
  4. Carol Hanisch (en), « The Personal Is Political », in Notes from the Second Year: Women’s Liberation in 1970, repris par Kate Millett dans La Politique du mĂąle, 1970. Une formulation traduite littĂ©ralement de l'anglais, « le personnel est politique », ne souligne pas la division entre le privĂ© et le public.
  5. Clémence Bideaux, « Du féminisme de la 3Úme vague », sur http://www.cs3r.org/
  6. CLIO , différents auteurs, Les mots de l'histoire des femmes, Presses Univ. du Mirail, (lire en ligne), p. 37
  7. Eliane Gubin, Le siÚcle des féminismes, Editions de l'Atelier, (lire en ligne), p. 23
  8. Christine Guionnet, Erik Neveu, FĂ©minins / Masculins : Sociologie du genre, Armand Colin, (lire en ligne)
  9. Voir par exemple sur ce point, Eliane Gubin, Catherine Jacques, Florence Rocherfort, Brigitte Studer, Françoise ThĂ©baud, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Le SiĂšcle des fĂ©minismes, Éditions de l’Atelier, 2004.
  10. SĂ©verine Auffret, « “Les femmes Ă  travers l’histoire” », L'inactuelle,‎ (lire en ligne).
  11. Voir sur persee.fr, p. 700.
  12. Otto Weininger, Sexe et caractĂšre (titre original : Geschlecht und Charakter: eine prinzipielle Untersuchung), pages 104 et 105, Ă©dition KontreKulture.
  13. « Ouverture du concile Latran IV », sur Hérodote (consulté le ).
  14. « Le christianisme a-t-il favorisĂ© l’émancipation des femmes ? », sur Questions Aleteia (consultĂ© le ).
  15. Max RiviÚre, « Le Pape et le féminisme. Mme Camille Theimer interviewe le pape sur les grandes questions du féminisme et le rÎle des femmes dans la vie publique. » [Max RiviÚre y rend compte d'une interview de Camille Theimer par Berthe Delaunay], Femina, 1er juin 1906, p. 141.
  16. « Le Neues Wiener Tagblatt (de) a reçu de Rome le compte-rendu d'une audience privée que le pape a accordée à une des notabilités du mouvement féministe autrichien Mlle C. Thiemer » dans : « Une interview du pape Pie X », Le Temps, 1er mai 1906, p. 2 lire en ligne sur Gallica.
  17. Camilla Theimer, Antisemitismus u. Nationaljudentum, Wien, 1907, p. 11 [lire en ligne].
  18. « Sisyphe - Christine de Pizan, prestigieuse Ă©crivaine du Moyen Âge », sur sisyphe.org (consultĂ© le ).
  19. Mouvement HF, « Vous avez dit « matrimoine » ? par Aurore Évain », sur Club de Mediapart (consultĂ© le ).
  20. « Le "matrimoine" déchaßne les passions sur Wikipédia », sur terrafemina.com (consulté le ).
  21. « Christine de Pizan - Femme de lettres du Moyen Âge », sur La Compagnie LittĂ©raire, (consultĂ© le ).
  22. (en) « Si la coustume estoit de mettre les petites filles a l'escole, et que communement on les fist apprendre les sciences comme on fait aux filz, qu'elles apprendroient aussi parfaitement et entenderoient les subtilités de toutes les arz et sciences comme ils font. », sur YourDictionary (consulté le ).
  23. Christine Viennot, La France, les Femmes et le Pouvoir : l'invention de la loi salique (Ve – XVIe siĂšcle), Paris, Perrin, (), chap. 10 (« La goutte d'eau : Christine de Pizan,clergesse fĂ©ministe »).
  24. Tome 2, Le Livre de poche, 1966, p. 343-347.
  25. « La femme a le droit de monter Ă  l'Ă©chafaud; elle doit avoir [
] - Olympe de Gouges », sur dicocitations.lemonde.fr (consultĂ© le ).
  26. « Flora Tristan, la paria révoltée », sur retronews.fr,
  27. Le Conseiller des femmes (Wikisource)
  28. MichÚle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, Paris, 2008, p. 26.
  29. MichĂšle Riot-Sarcey (2008), p. 26.
  30. Paulette Bascou-Bance, La mĂ©moire des femmes : anthologie, Elytis Éditions, Cestas, 2004, p. 205.
  31. Riot-Sarcey (2008), p. 38.
  32. MichĂšle Riot-Sarcey, « Émancipation des femmes, 1848 », GenĂšses, 1992, no 7, p. 196.
  33. Riot-Sarcey (2008), p. 41.
  34. Riot-Sarcey (2008), p. 43.
  35. Riot-Sarcey (2008), p. 44.
  36. Marianne Walle, « La Frauen-Zeitung de Louise Otto ou la prise de conscience politique des Allemandes », in Marita Gilli (dir.), L'idée d'Europe, vecteur des aspirations démocratiques : les idéaux républicains depuis 1848 : actes du colloque international organisé à l'Université de Franche-Comté les 14, 15 et 16 mai 1992, Presses universitaires de Franche-Comté, 1994, p. 251-261.
  37. « Whitney, Juana - Auñamendi Eusko Entziklopedia », sur aunamendi.eusko-ikaskuntza.eus.
  38. (es) « MARÍA DE MAEZTU: La maestra », sur CIRCULO DE ORELLANA.
  39. (es) « Barcelona rescata la fascinante historia de Clotilde, la hija insurrecta de Cerdà », sur La Vanguardia, .
  40. Isabel Segura Soriano Historiadora, « Clotilde CerdĂ , entre la mĂșsica y el activismo social | Barcelona MetrĂČpolis ».
  41. « frame1 », sur www.ub.edu.
  42. « Belén de Sårraga Hernåndez | Real Academia de la Historia », sur dbe.rah.es.
  43. Claudette Fillard, Colette Collomb-Boureau, Les mouvements féministes américains, Ellipses, Paris, 2003, p. 30.
  44. Barret-Ducrocq (2000), p. 34.
  45. Barret-Ducrocq (2000), p. 37.
  46. Barret-Ducrocq (2000), p. 38.
  47. Barret-Ducrocq (2000), p. 45.
  48. Barret-Ducrocq (2000), p. 47.
  49. Riot-Sarcey (2008), p. 50.
  50. Yvette Delsaut, La place du maĂźtre : une chronique des Ă©coles normales d'instituteurs, L'Harmattan, 1992, p. 38.
  51. Carole Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l'étudiante », Clio, numéro 4-1996.
  52. Riot-Sarcey (2008), p. 52.
  53. Odile Krakovitch, Violence des communardes : une mémoire à revisiter, 1997.
  54. Yvette Delsaut, La place du maĂźtre: une chronique des Ă©coles normales d'instituteurs, L'Harmattan, 1992, p. 40.
  55. Riot-Sarcey, (2008), p. 57.
  56. Riot-Sarcey (2008), p. 62 et s.
  57. Helen Chenut, « L’esprit antifĂ©ministe et la campagne pour le suffrage en France, 1880-1914 », Recherches fĂ©ministes, vol. 25, no 1,‎ , p. 37–53 (ISSN 0838-4479 et 1705-9240, DOI 10.7202/1011115ar, lire en ligne, consultĂ© le ).
  58. Karen Offen, « Des modĂšles nationaux ? », dans Éliane Gubin (et al.), Le SiĂšcle des fĂ©minismes, Les Éditions de l’Atelier, Paris, 2004, p. 70.
  59. Françoise Barret-Ducrocq, Le mouvement fĂ©ministe anglais d’hier Ă  aujourd’hui, Ellipses, Paris, 2000, p. 83.
  60. Barret-Ducrocq (2000), p. 84.
  61. Barret-Ducrocq (2000), p. 85.
  62. Barret-Ducrocq (2000), p. 90.
  63. Barret-Ducrocq (2000), p. 88.
  64. Barret-Ducrocq (2000), p. 91.
  65. Fillard, Collomb-Boureau (2003), p. 37.
  66. Fillard, Collomb-Boureau (2003), p. 38.
  67. Barret-Ducrocq (2000), p. 104.
  68. Barret-Ducrocq (2000), p. 107.
  69. Barret-Ducrocq (2000), p. 109.
  70. Eliane Gubin, p. 167.
  71. Eliane Gubin, « Pour le droit au travail : entre protection et Ă©galitĂ© », in Eliane Gubin (et al.), Le SiĂšcle des fĂ©minismes, Les Éditions de l’Atelier, 2004, p. 165.
  72. Eliane Gubin (2004), p. 166.
  73. Éliane Gubin (2004), p. 171.
  74. CitĂ© in Éliane Gubin (2004), p. 173.
  75. Françoise Thébaud. « La Grande Guerre. Le triomphe de la division sexuelle », in Françoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes, Tome 5, « Le XXe siÚcle », Plon, 1992, p. 61.
  76. AndrĂ©e LĂ©vesque, « Militer », Eliane Gubin (et al.), Le SiĂšcle des fĂ©minismes, Éditions de l’Atelier, Paris, 2004, p. 90 et s.
  77. Thébaud (1992), p. 62.
  78. Thébaud (1992), p. 64.
  79. Cette notion est notamment développée dans Gisela Bock et Pat Thane (dir.), Maternity and gender policies. Women and the rise of the European welfare states, Routledege, Londres et New York, 1994. Cité in Ute Gerhard, « Concept et controverses », in Gubin (et al.) (2004), p. 54.
  80. Olive Banks, Faces of feminism, Blasil Blackwell, Oxford, 1986, p. 153-154.
  81. Ute Gerhard (2004), p. 54.
  82. Yannick Ripa, Les femmes, actrices de l’Histoire. France, 1789-1945, Armand Colin, Paris, 1999, p. 116.
  83. La Française, 8 mai 1915.
  84. Yannick Ripa (1999), p. 116.
  85. E. Chauveau, Abolition de la puissance maritale et du devoir d'obéissance. Octroi à la femme mariée d'une capacité restreinte. Loi du 18 février 1938, Impr. réunies, , 80 p.
  86. Quelle a été l'influence du féminisme sur le racisme en Allemagne?, Liliane Crips.
  87. RĂ©daction MER47, « Qui sont “Las Sinsombrero” ? », sur MĂ©moire de la deuxiĂšme RĂ©publique Espagnole, (consultĂ© le )
  88. (ca) « Inici », sur La Bonne
  89. « Montseny, la mĂšre de l’IVG en Espagne », sur L'HumanitĂ©, .
  90. Fillard et Colomb-Bourreau, p. 71.
  91. Fillard, Colomb-Bourreau (2003), p. 75 et s.
  92. (en) Max Rennebohm, « Icelandic women strike for economic and social equality, 1975 », sur Global Nonviolent Action Database, (consulté le ).
  93. Fillard, Colomb Bourreau (2003), p. 79.
  94. « Le coup de tomate libérateur de 1968 », par Rebecca Hillauer dans Deutschlandfunkkultur du 12.09.2018 .
  95. (en) Kaja Silverman, « Helke Sander and the Will to Change », Discourse,‎ (prĂ©sentation en ligne).
  96. "L’avortement en RFA" par Christina Ottomeyer-Hervieu, dans les Cahiers du CEDREF revue pluridisciplinaire fĂ©ministe, en 1995 .
  97. Fillard, Collomb-Bourreau (2003), p. 78.
  98. Pascale Le Brouster, « Contribution Ă  l’histoire du Planning familial : le partenariat CFDT-MFPF au cours des annĂ©es soixante-dix », Genre & Histoire, no 2 | Printemps 2008, mis en ligne le 13 juillet 2008.
  99. Anne Koedt, « Le mythe de l’orgasme vaginal », Partisans, no 54-55, Maspero, 1970, p. 55. CitĂ© in Sylvie Chaperon, « Contester normes et savoirs sur la sexualitĂ© » in Eliane Gubin (et al.), Le SiĂšcle des fĂ©minismes, Les Éditions de l’Atelier, 2004, p. 343.
  100. Sylvie Chaperon (2004), p. 342.
  101. Chaperon (2004), p. 343.
  102. Nicole-Claude Mathieu, L’anatomie politique : CatĂ©gorisations et idĂ©ologies du sexe, Paris, iXe, , « Critiques Ă©pistĂ©mologiques de la problĂ©matique des sexes dans le discours ethno-anthropologique », p. 73-74.
  103. Colette Guillaumin, « Femmes et thĂ©ories de la sociĂ©tĂ© : remarques sur les effets thĂ©oriques de la colĂšre des opprimĂ©es », Sociologie et sociĂ©tĂ©s, no 13 (2),‎ (lire en ligne).
  104. Éliane Elmaleh, « Les Women’s Studies aux États-Unis. Le fĂ©minisme et l’universitĂ© », Transatlica, 1 | 2003.
  105. Francine Descaries, « Victoires incomplĂštes, avenir incertain : les enjeux du fĂ©minisme quĂ©bĂ©cois », communication Ă  l’UniversitĂ© fĂ©ministe d’étĂ© 2004 (UniversitĂ© Laval), Enjeux et dĂ©fis pour l’action et la recherche fĂ©ministes, en ligne sur Sisyphe.
  106. (en) La Barbe, « French feminism is back – with beards », sur theguardian.com, (consultĂ© le ).
  107. « Des fĂ©ministes s’invitent Ă  Radio France », sur Le site du Figaro, consultĂ© le 24 dĂ©cembre 2012.
  108. « ParitĂ© : Sciences-Po Ă  l’arriĂšre-garde »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur Le site de LibĂ©ration, consultĂ© le 21 dĂ©cembre 2012.
  109. « Nancy Huston, Les auteurs hommes aussi sont sexués ».
  110. (en) Associated Press, « French feminist group La Barbe protests lack of female directors at Cannes Film Festival »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur washingtonpost.com, (consultĂ© le ).
  111. ChloĂ© Delaume, Mes bien chĂšres sƓurs, Paris, Seuil, .
  112. CĂ©cile Daumas, « #Me Too », libĂ©ration,‎ .
  113. Virginie Ballet, « Marche #NousToutes : «Etre ici, c'est comme un cri de rage» », sur Libération.fr, (consulté le ).
  114. Rochefort, Florence., Histoire mondiale des féminismes, Paris, PUF, , 122 p. (ISBN 978-2-13-073284-6 et 2130732844, OCLC 1049986302).
  115. « Contretemps "Nous, fĂ©ministes" »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  116. Chris Beasley, What is feminism ? An introduction to feminist theory, SAGE, 1999, p. 52.
  117. Le féminisme de tradition marxiste.
  118. Cité dans GeneviÚve Fraisse, « De la destination au destin. Histoire philosophique de la différence des sexes », dans GeneviÚve Fraisse et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes. Le XIXe siÚcle, Plon, 1991, p. 79.
  119. Alexandra Kollontaï, « Le mouvement féministe et le rÎle de la femme travailleuse dans la lutte de classe », Conférences à l'université Sverdlov sur la libération des femmes, 1921.
  120. Françoise Navailh, « Le modÚle soviétique », in Françoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes, Tome 5, « Le XXe siÚcle », Plon, 1992, p. 213 et s.
  121. Liliane Kandel et Françoise Picq, « Le mythe des origines, Ă  propos de la journĂ©e internationale des femmes »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), La Revue d’En face, no 12, automne 1982.
  122. Lorena Parini, Le systĂšme de genre. Introduction aux concepts et thĂ©ories, Éditions Seismo, ZĂŒrich, 2006, p. 77.
  123. Monique Wittig, La pensée straight, Paris, Amsterdam, , « La catégorie de sexe », p. 43-50.
  124. Christine Delphy, « L'ennemi principal », Partisan, nos 54-55,‎ (lire en ligne).
  125. Colette Guillaumin, « Pratique du pouvoir et idĂ©e de Nature (1) L'appropriation des femmes », Questions fĂ©ministes, no 2,‎ (lire en ligne).
  126. Paola Tabet, « Les Mains, les outils, les armes », L'Homme, no 19,‎ (lire en ligne).
  127. Monique Wittig, La pensée straight, Paris, Amsterdam, , « Introduction de Monique Wittig », p. 13-17.
  128. Christine Delphy, « Trente ans de Nouvelles Questions FĂ©ministes », Nouvelles Questions FĂ©ministes, no 30,‎ (lire en ligne).
  129. « L'invention du "French Feminism": une dĂ©marche essentielle. » Christine Delphy. Nouvelles Questions FĂ©ministes Vol. 17, No. 1, FRANCE, AMÉRIQUE: Regards croisĂ©s sur le fĂ©minisme (1996 FÉVRIER), p. 15-58.
  130. « HĂ©lĂšne Cixous a Ă©crit l'un des grands textes fondateurs sur l'Ă©criture fĂ©minine, «Le rire de la MĂ©duse» (1975). En le retravaillant cet automne avec mes Ă©tudiants, je me suis aperçue que ce texte conserve une pertinence Ă©tonnante pour les jeunes femmes, au niveau de leur vĂ©cu et de la façon dont elles conçoivent le rapport Ă  leur corps et leur crĂ©ativitĂ©, et qu'il fait partie de tout cursus d'Ă©tudes fĂ©minines et Ă©tudes de genres, que ce soit en sciences sociales ou en sciences humaines. On est donc loin de la lecture rĂ©ductrice et essentialiste qui a souvent Ă©tĂ© faite de ce texte. [
] Le dĂ©bat a Ă©tĂ© repris dans les mĂȘmes termes souvent trompeurs, de part et d'autre de l'Atlantique: parler de diffĂ©rence sexuelle, c'est donner un contenu aux deux sexes, c'est fixer les dĂ©finitions et les identitĂ©s du masculin et du fĂ©minin. Alors que parler des diffĂ©rences des sexes, c'est une maniĂšre diffĂ©rente de poser la question, en dehors d'une logique identitaire fondĂ©e sur le corps et les donnĂ©es biologiques. » Catherine Nesci, dans Fabula, Atelier. « Genre - Gender ».
  131. Rivolta Femminile sur columbia.edu
  132. Christine Planté, dans Fabula, Atelier. « Genre - Gender.
  133. Voir sur lazlopearlman.com.
  134. Voir sur disorientations.com.
  135. Paul B. Preciado, Testo Junkie : sexe, drogue et biopolitique, Grasset, 2008.
  136. Susan Brown, The Politics of Individualism: Liberalism, Liberal Feminism and Anarchism, Montreal, Black Rose Books, 1993, p. 208.
  137. Libcom, No God, no boss, no husband : The world’s first anarcha-feminist group, texte intĂ©gral en anglais, Ni dieu, ni maĂźtre, ni mari : La Voz de la Mujer - Argentine 1896-97, texte intĂ©gral en français, 3 janvier 2012.
  138. Joël Delhom, « La voix solitaire de la femme anarchiste argentine à la fin du XIXe siÚcle », colloque international Les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques, HCTI, université de Bretagne-Sud, avril 2011, texte intégral.
  139. Thyde Rosell, « Femmes libertaires, femmes en lutte
 femmes libres ! », Alternative libertaire, no 233, novembre 2000, texte intĂ©gral.
  140. L'ÉphĂ©mĂ©ride anarchiste : Estudios.
  141. (ca) « Lucía Sånchez Saornil », Gran EnciclopÚdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
  142. (es) Miguel Iñiguez, Esbozo de una Enciclopedia histórica del anarquismo español, Fundación de Estudios Libertarios Anselmo Lorenzo, Madrid, 2001, page 158.* (es) Miguel Iñiguez, Esbozo de una Enciclopedia histórica del anarquismo español, Fundación de Estudios Libertarios Anselmo Lorenzo, Madrid, 2001, page 158.
  143. Mary Nash, Femmes Libres : Espagne, 1936-1939, La pensée sauvage, 1977, page 7.
  144. (ca) « Mujeres Libres », Gran EnciclopÚdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
  145. Martha A. Ackelsberg, « SĂ©parĂ©es et Ă©gales » ? Mujeres Libres et la stratĂ©gie anarchiste pour l’émancipation des femmes, Feminist studies, vol. 11, no 1, printemps 1985.
  146. Emma Goldman, « Qu’est-ce que l’anarchie offre Ă  la femme ? », Sunday Magazine Post Dispatch, Saint Louis, 24 octobre 1897, texte intĂ©gral.
  147. Femmes et anarchistes, recueil de textes de Voltairine de Cleyre et Emma Goldman, Éditions BlackJack, prĂ©f. Émilie NotĂ©ris, traduction de l’anglais (États-Unis) LĂ©a Gauthier, Yves Coleman, Marco Sylvestro, Anna Gruzynski, Jean RenĂ© David, Les Presses du rĂ©el, 2014, notice Ă©diteur.
  148. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Paulette Brupbacher.
  149. L'ÉphĂ©mĂ©ride anarchiste : Elise Ottesen-Jensen.
  150. Pascal Dupuy, Folgorite, parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poÚte (1874-1939), Lyon, Atelier de création libertaire, , 348 p., p. 216-218.
  151. « La gauche identitaire en guerre avec une partie de la recherche française », Slate, 21 mars 2013.
  152. Voir sur madame.lefigaro.fr.
  153. Patricia Hill Collins, La pensée féministe noire : savoir, conscience et politique de l'empowerment, Montréal, Les éditions du remue-ménage, , 477 p. (ISBN 978-2-89091-566-4, 2-89091-566-2 et 978-2-89091-567-1, OCLC 991432366), p. 41-42.
  154. (en-US) Sharon Smith, « Black feminism and intersectionality », International Socialist Review, no 71 « The education shock doctrine »,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  155. Laetitia Dechaufour, « Introduction au fĂ©minisme postcolonial », Nouvelles Questions FĂ©ministes, vol. 27 « L’ambivalence du travail : entre exploitation et Ă©mancipation », no 2,‎ , p. 99-110 (DOI 10.3917/nqf.272.0099, lire en ligne, consultĂ© le ).
  156. Naya Ali, « L’afro-fĂ©minisme, c’est quoi ? — Je veux comprendre », sur madmoiZelle.com (consultĂ© le ).
  157. « L’équipe Training Angel : Myriam », sur training-angel.com (consultĂ© le ).
  158. Rokhaya Diallo, Racisme : mode d'emploi, Paris, Larousse, , 224 p. (ISBN 978-2-03-584790-4 et 2-03-584790-7, OCLC 1111736404), p. 157.
  159. AnaĂŻs Bordages, « OĂč sont les mannequins noires? », sur slate.fr, 3 novembre 2013 (mis Ă  jour le 5 novembre).
  160. Charlotte Pudlowski, « Être invisible en France », sur slate.fr, 22 octobre 2014 (mis Ă  jour le 15 octobre 2019).
  161. (en) Emily Gaarder, Women and the Animal Rights Movement, Rutgers University Press, , 196 p. (ISBN 978-0-8135-5081-7, lire en ligne).
  162. Christiane Bailey et Axelle Playoust-Braure, « Féminisme et cause animale », sur revue-ballast.fr, (consulté le ).
  163. (en) Samita Sarkar et ContributorAuthor, « 3 Reasons All Feminists Should Support Animal Rights », sur HuffPost, (consulté le ).
  164. (en) Carol J. Adams, The Sexual Politics of Meat : A Feminist-Vegetarian Critical Theory, Continuum, , 272 p. (ISBN 0-8264-1184-3).
  165. (en) The University of Western Australia, « Angella Duvnjak », sur outskirts.arts.uwa.edu.au (consulté le ).
  166. (en) Hank Rothgerber, « Real men don’t eat (vegetable) quiche: Masculinity and the justification of meat consumption. », Psychology of Men & Masculinity, vol. 14, no 4,‎ , p. 363–375 (ISSN 1939-151X et 1524-9220, DOI 10.1037/a0030379, lire en ligne, consultĂ© le ).
  167. (en) Carrie Hamilton, « sex, work, meat: the feminist politics of veganism », Feminist Review, vol. 114, no 1,‎ , p. 112–129 (ISSN 1466-4380, DOI 10.1057/s41305-016-0011-1, lire en ligne, consultĂ© le ).
  168. Christelle Murhula, « Quelle place pour le féminisme dans les collÚges et lycées ? », sur leparisien.fr, (consulté le )
  169. A.-C. D., « Pour AgnĂšs Varda, le fĂ©minisme n’est «pas assez actif» dans les Ă©coles et les lycĂ©es », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )
  170. Christelle Murhula, « Quelle place pour le féminisme dans les collÚges et lycées ? », sur leparisien.fr, (consulté le )
  171. Julie MĂ©nard, « Val-d’Oise : blocus des lycĂ©ens de Pontoise contre le sexisme en classe », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )
  172. Elsa Dorlin, Sexe, race, classe : pour une épistémologie de la domination, Paris, PUF, coll. « Actuel Marx/Confrontations », 2009.
  173. Elsa Dorlin et Myriam Paris, Genre, esclavage et racisme : la fabrication de la virilité, revue Contretemps no 16, 2006, p. 96-105.
  174. (Extrait d'une table ronde intitulĂ©e « La critique fĂ©ministe et La domination masculine ») Helena Hirata : « À Toulouse, on a beaucoup parlĂ© de la question de la transmission et dans mon atelier, il y a eu une discussion : c’est trĂšs français, d’une certaine maniĂšre, cette prĂ©occupation de la transmission des concepts du fĂ©minisme. Et les Canadiennes, les AmĂ©ricaines, les QuĂ©bĂ©coises disaient : « Pourquoi les Françaises parlent-elles tant de transmission et si peu d’innovation ? nous, les jeunes, nous voulons inventer d’autres choses, pas celles que les plus anciennes nous transmettent ». » Anne-Marie Devreux : « Pour le coup, il me semble que c’est en effet une question d’histoire, de dĂ©calages historiques entre l’état des sciences fĂ©ministes ici et lĂ . Pour les QuĂ©bĂ©coises en particulier, la question de la transmission est beaucoup moins pressante puisqu’elles ont acquis de leurs institutions, et mĂȘme si ce n’est que partiel, la mise en place de voies de transmission au sein des cursus de formation, bien plus tĂŽt et de maniĂšre bien plus pluridisciplinaire que nous. Par ailleurs, on peut sans doute dire que le souci de la transmission des concepts est une affaire bien française : d’une certaine façon, c’est ce qui nous reste Ă  nous, la conceptualisation, tant qu’on n’a pas les moyens de mettre en pratique politique les acquis de nos connaissances, tant qu’on n’a pas de fĂ©minisme d’état. On avance lĂ  oĂč on peut
 »« La critique fĂ©ministe et La domination masculine » sur le site Mouvements. Des idĂ©es et des luttes.
  175. V., par ex. Fausse route, p. 52-54, d'Élisabeth Badinter, Odile Jacob, 2003 (ISBN 273811265X et 9782738112651).
  176. Arabie Saoudite.Le fĂ©minisme, un “extrĂ©misme” puni comme les autres, courrierinternational.com, 13 novembre 2019.
  177. (en) bell hooks, The Will to Change: Men, Masculinity, and Love, Square Press Inc., 2004.
  178. « Policy approaches to engaging men and boys in achieving gender equality and health equity ». (2010) OMS. Department of Gender, Women and Health (ISBN 978 92 4 150012 8). Consulté le 17 janvier 2013.
  179. « Le sexe politique : genre et sexualité au miroir transatlantique », sur France Culture (consulté le ).
  180. Pierrette Bouchard, « La stratégie masculiniste, une offensive contre le féminisme ».
  181. « «Anan»: Lili Boisvert veut changer une culture, une fiction à la fois », sur Le Devoir (consulté le ).
  182. Marie-France Bornais, « Premier roman de Lili Boisvert: un univers oĂč les femmes dominent », sur Le Journal de QuĂ©bec (consultĂ© le ).
  183. « À la redĂ©couverte de Louky Bersianik, fĂ©ministe et prĂ©curseure quĂ©bĂ©coise », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le )
  184. « Le féminisme arabe - Revue Relations », sur Centre justice et foi (consulté le ).
  185. Lisbeth Koutchoumoff, Daniel de Roulet rend hommage aux femmes qui voulaient changer la vie, Le Temps, 21 octobre 2018, lire en ligne.
  186. InChanto DelMar, « Giovanna Daffini - Bella Ciao - (Mondina).wmv », (consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.