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Kimberlé Williams Crenshaw

Kimberlé Williams Crenshaw, née en 1959 à Canton, est une féministe américaine majeure de la critical race theory, juriste et professeure à la UCLA School of Law (en) et à la Columbia Law School, spécialisée dans les questions de race et de genre ainsi qu'en droit constitutionnel. Elle est également la fondatrice du Center for Intersectionality and Social Policy Studies (CISPS) de la Columbia Law School et de l'African American Policy Forum (AAPF), ainsi que la présidente du Center for Intersectional Justice (CIJ), basé à Berlin. Elle est particuliÚrement connue pour avoir développé et popularisé le concept d'intersectionnalité.

Kimberlé Crenshaw
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
Kimberlé Williams Crenshaw
Nationalité
Formation
Activités

CarriĂšre universitaire

Elle obtient un Bachelor of Arts de l'universitĂ© Cornell en 1981, oĂč elle est membre de la Quill and Dagger society (en), un Juris Doctor de la FacultĂ© de droit de Harvard en 1984, un LL.M. de l'universitĂ© du Wisconsin Ă  Madison en 1985 et rejoint l'University of California, Los Angeles School of Law (en) en 1986.

C'est une professeure de rĂ©fĂ©rence aux États-Unis. En 1986, KimberlĂ© Crenshaw devient enseignante Ă  la facultĂ© UCLA School of Law. Elle y donne des cours sur la thĂ©orie critique de la race, sur les droits civiques ainsi que sur le droit constitutionnel. Actuellement, elle enseigne Ă©galement les cours Perspectives intersectionnelles sur la race, le sexe et la criminalisation des femmes et des filles ainsi que Race, droit et reprĂ©sentation. En 1995, elle devient professeure titulaire Ă  la Columbia Law School, oĂč elle est la fondatrice et la directrice du Centre pour l'intersectionnalitĂ© et les Ă©tudes de politique sociale (Center for Intersectionality & Social Policy Studies) depuis 2011. À Columbia, ses cours portent sur l’intersectionnalitĂ© et les droits civiques.

Ses objets de recherche sont les droits civiques, le Black feminism, le concept de race, le racisme et leurs liens avec la loi. Elle est élue professeure de l'année en 1991 et en 1994[1].

CarriĂšre militante

Les travaux de KimberlĂ© Crenshaw ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans la Harvard Law Review, le National Black Law Journal, la Stanford Law Review et la Southern California Law Review[1]. Elle a donnĂ© des confĂ©rences sur les questions raciales Ă  travers le monde et notamment en Europe, en Afrique et en AmĂ©rique du Sud. En tant que spĂ©cialiste des questions de race et d’égalitĂ© des sexes, elle a aussi animĂ© des ateliers Ă  destination de militants des droits civiques au BrĂ©sil et en Inde, ainsi que pour des juges des cours constitutionnelles en Afrique du Sud[1].

KimberlĂ© Crenshaw a rĂ©digĂ© le document d’information sur la race et la discrimination fondĂ©es sur le sexe Ă  l’occasion de la ConfĂ©rence mondiale des Nations Unies sur le racisme, la discrimination raciale, la xĂ©nophobie, et l'intolĂ©rance qui s'est tenue Ă  Durban[2]. Elle a aussi participĂ© Ă  l'inclusion du genre dans la WCAR Conference Declaration.

Depuis 1996, elle est cofondatrice et directrice exĂ©cutive du think tank African American Policy Forum (« Forum Politique Afro-AmĂ©ricain Â»), qui se concentre sur la dĂ©construction des inĂ©galitĂ©s structurelles et met en Ă©vidence l’importance du genre dans le discours sur la justice raciale[2]. KimberlĂ© Crenshaw est aussi un membre fondateur de la Women’s Media Initiative et Ă©crit pour Ms Magazine, The Nation et d’autres magazines[1].

Elle Ă©tait Ă©galement membre de la Fondation nationale pour la science (National Science Foundation), qui finançait ses recherches dans le domaine de l’intersectionnalitĂ© et dans l’étude des violences faites aux femmes[2].

Elle a organisĂ© un sĂ©minaire de formation du premier ComitĂ© prĂ©paratoire de l’ONU. Cet Ă©vĂ©nement s'est dĂ©roulĂ© Ă  GenĂšve en 2000, afin de prĂ©senter sa thĂ©orie de l’intersectionnalitĂ© dans nombreux pays comme BrĂ©sil, Inde, Portugal, Royaume-Uni, IsraĂ«l, Guatemala, Philippine, Mali et Ouganda[3].

En 2016, KimberlĂ© Crenshaw est nommĂ©e laurĂ©ate des bourses d’excellence par l’American Bar Foundation. En 2015, elle figure dans le Ebony Power 100, une liste honorant les personnalitĂ©s contemporaines de la communautĂ© noire et figure Ă  la premiĂšre place du classement des personnalitĂ©s fĂ©ministes Ă©tabli par le magazine Ms Magazine[2].

Elle fait partie du service juridique qui soutient Anita Hill. Elle intervient réguliÚrement dans The Tavis Smiley Show (en).

En , elle donne une conférence sur l'intersectionnalité au TedWoman de San Francisco[4].

Un certain nombre de femmes noires de France se réclamant de l'afroféminisme ont adopté son concept d'intersectionnalité[5].

Elle anime depuis novembre 2018 le podcast Intersectionality Matters diffusĂ© par l'African American Policy Forum (en) (AAPF), oĂč elle traite avec ses invitĂ©s de l'actualitĂ©, de la politique et de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine via le prisme de l'intersectionnalitĂ©[6].

Influence

KimberlĂ© Crenshaw a participĂ© Ă  une confĂ©rence au Rapaporte Treasure Hall, dans laquelle elle explique le rĂŽle que joue l’intersectionnalitĂ© dans les sociĂ©tĂ©s modernes[7]. Elle a aussi Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  animer un jury sur le harcĂšlement sexuel (« Sexual Harrassment Panel »), modĂ©rĂ© par les organisations « Women in Animation » et « The Animation Guild ». Elle est intervenue sur l’histoire du harcĂšlement au travail et ses implications contemporaines. L’ensemble des intervenants ont alors convenu que des mesures de protection contre le harcĂšlement au travail avaient Ă©tĂ© mises en place, bien que de nombreux problĂšmes continuent de perdurer pour que le sujet soit considĂ©rĂ© comme rĂ©glĂ©[8].

Elle a aussi contribuĂ© Ă  l’article « Traffic at the Crossroads : Multiple Oppressions », Ă©ditĂ© en 2003 par Robin Morgan. Crenshaw compare de façon imagĂ©e l’intersectionnalitĂ© Ă  une intersection routiĂšre, dont la circulation s’effectue dans les quatre directions, de sorte que lorsqu’un accident survient, ce dernier peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le rĂ©sultat de voitures venant de n’importe quelle direction. Elle Ă©crit plus tard que la reconstitution d’un accident Ă©tait compliquĂ©, au sens oĂč il Ă©tait difficile de visualiser le responsable des marques de dĂ©rapage et de trouver le conducteur responsable. Ce qui implique notamment que personne n’est responsable et que chaque individu retourne ensuite Ă  sa vie[9].

Elle a participĂ© au festival « Women of the world Â», organisĂ© entre le 8 et le 13 mars 2016 Ă  la Southbank Centre Ă  Londres en Angleterre[10]. Le discours inaugural qu'elle a prononcĂ© Ă  cette occasion portait sur les dĂ©fis auxquels font face les femmes de couleur en matiĂšre d’égalitĂ© des genres et de justice raciale.

L'intersectionnalité

KimberlĂ© Crenshaw a introduit le concept d’intersectionnalitĂ© en 1989, dans son article Ă©crit pour le Forum juridique de l’UniversitĂ© de Chicago et intitulĂ© « DĂ©marginaliser l’intersection de la race et du sexe : une critique fĂ©ministe noire de la doctrine de l’anti-discrimination, de la thĂ©orie fĂ©ministe et de la politique anti-raciste » (traduction française, par Emmanuelle DelanoĂ«, Ă  paraĂźtre en 2023 dans la Petite BibliothĂšque Payot[11]). Dans cet article, elle livre une Ă©tude mettant en lumiĂšre de façon concrĂšte les discriminations auxquelles sont sujettes les femmes noires et prĂ©caires aux États-Unis[12].

HĂ©ritĂ©e des thĂ©ories fĂ©ministes noires amĂ©ricaines, KimberlĂ© Crenshaw dĂ©finit l’intersectionnalitĂ© comme Ă©tant une situation dans laquelle une personne regroupe « des caractĂ©ristiques raciales, sociales, sexuelles et spirituelles qui lui font cumuler plusieurs handicaps sociaux et en font la victime de diffĂ©rentes formes de discrimination »[5]. Elle milite particuliĂšrement en soutien du mouvement Say Her Name, qui cherche Ă  rendre plus visibles les femmes noires victimes de violences policiĂšres[13].

En 2020, Kimberlé Crenshaw revient dans une interview sur ce qu'elle considÚre comme une dénaturation opérée par les groupes identitaires de son concept : « Il y a eu une distorsion [de ce concept]. Il ne s'agit pas de politique identitaire sous stéroïdes. Ce n'est pas une machine à faire des mùles blancs les nouveaux parias »[14].

Publications

  • Words that Wound: Critical Race Theory, Assaultive Speech and the First Amendment.
  • Critical Race Theory: Key Documents That Shaped the Movement

Distinctions

  • 1985 : William H. Hastie Fellow
  • 1991 : Professor of the Year, de la facultĂ© de droit de UCLA
  • 1994 : Professor of the Year, de la facultĂ© de droit de UCLA
  • 2007 : Chair for Latin America in Brazil du Programme Fulbright[15]
  • 2008 : rĂ©cipiendaire du Alphonse Fletcher Fellowship[16]
  • 2008 : fellow du Center for Advanced Behavioral Studies in the Social Sciences, universitĂ© Stanford[16]
  • 2015 : No. 1 Most Inspiring Feminist, de Ms. Magazine[15]
  • 2015 : Power 100 du magazine Ebony Magazine[17]
  • 2016 : Outstanding Scholar Award, Fellows of the American Bar Foundation[18]
  • 2017 : Gittler Prize[19]
  • 2020 : doctorat honoris causa de KU Leuven, sur la proposition des professeures Elise Muir et Gleider Hernandez et du personnel acadĂ©mique junior et associĂ© de la FacultĂ© de droit[20] - [21]

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. « Biography Page », sur law.ucla.edu (consulté le ).
  2. (en-US) « Kimberlé Crenshaw », sur AAPF (consulté le ).
  3. Sirma Bilge, « Le blanchiment de l’intersectionnalitĂ© », Articles, vol. 28, no 2,‎ , p. 9–32 (ISSN 1705-9240 et 0838-4479, DOI 10.7202/1034173ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. « TED L'urgence de l'intersectionnalité », sur ted.com, (consulté le )
  5. (en) « Kimberlé Williams Crenshaw et le concept d'intersectionnalité », sur NOFI, (consulté le )/
  6. (en) « Intersectionality Matters Podcast Exposes Attacks on Black Motherhood », sur www.colorlines.com, (consulté le )
  7. "The Joseph B. and Toby Gittler Prize Lecture". October 25, 2017. Retrieved October 7, 2018
  8. Wolfe, Jennifer, "Sexual Harassment Panel Offers Definitions, Strategies". Animation World Network. Retrieved December 16, 2017
  9. Puar, Jasbir K, "I Would Rather Be a CyborgThan a Goddess": Becoming Intersectional in Assemblage Theory. New York: Routledge, 2017, p. 602.
  10. WOW – Women of the World | Southbank Centre". wow.southbankcentre.co.uk. Retrieved March 23, 2017
  11. https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/intersectionnalit%C3%A9-9782228933445
  12. (en + en) KimberlĂ© W. Crenshaw, Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics, University of Chicago, , 31 p. (lire en ligne AccĂšs libre [PDF])
  13. (en) « #SayHerName: why Kimberlé Crenshaw is fighting for forgotten women », sur the Guardian, (consulté le )
  14. (en) Katy Steinmetz, « She Coined the Term ‘Intersectionality’ Over 30 Years Ago. Here’s What It Means to Her Today », sur Time magazine, .
  15. « Canton native Kimberlé Crenshaw receives legal scholar award », sur The Repository (consulté le )
  16. « Canton native wins fellowships to study race », sur The Repository (consulté le )
  17. CantonRep.com staff report, « Kimberlé Crenshaw named to Ebony Magazine's 'Power 100' », sur The Repository (consulté le )
  18. American Bar Foundation, « UCLA and Columbia Law Professor KimberlĂ© Crenshaw to Receive 2016 Fellows Outstanding Scholar Award – American Bar Foundation », sur www.americanbarfoundation.org (consultĂ© le )
  19. (en) Jarret Bencks, « Kimberlé Crenshaw honored with Gittler Prize », sur BrandeisNOW, (consulté le )
  20. (en) « Honorary doctorate Kimberlé Crenshaw », sur KU Leuven, (consulté le )
  21. (en) « Laudatio - Motivatio Kimberlé Crenshaw », sur KU Leuven, (consulté le )
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