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Racisme

Le racisme est une idĂ©ologie qui, partant du postulat[1] de l'existence de races au sein de l'espĂšce humaine[2], considĂšre que certaines catĂ©gories de personnes sont intrinsĂšquement supĂ©rieures Ă  d'autres[2]. Il se diffĂ©rencie ainsi du racialisme qui, partant du mĂȘme postulat, ne considĂšre pas les races comme inĂ©gales[3]. Cette idĂ©ologie peut amener Ă  privilĂ©gier une catĂ©gorie de personne Ă  une autre, qui se trouve relĂ©guĂ©e Ă  une classe sociale jugĂ©e infĂ©rieure et subit alors, de maniĂšre intersectionnelle, le mĂ©pris de classe en plus du racisme[4]. Le Petit Larousse a deux dĂ©finitions du racisme, au sens strict du terme, comme « idĂ©ologie fondĂ©e sur la croyance qu'il existe une hiĂ©rarchie entre les groupes humains, les « races » ; comportement inspirĂ© par cette idĂ©ologie », et au sens large du terme, comme « une attitude d’hostilitĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e voire systĂ©matique Ă  l’égard d’une catĂ©gorie dĂ©terminĂ©e de personnes ».

Cette hostilitĂ© envers une autre appartenance sociale (que la diffĂ©rence soit culturelle, ethnique – ou tout simplement due Ă  une couleur de peau) – se traduit aussi par des formes de xĂ©nophobie ou d’ethnocentrisme. Certaines formes d’expression du racisme, comme les injures racistes, la diffamation raciale, la discrimination, sont considĂ©rĂ©es comme des dĂ©lits dans plusieurs pays.

Les idĂ©ologies racistes ont servi de fondement Ă  des doctrines politiques conduisant Ă  pratiquer des discriminations raciales, des sĂ©grĂ©gations ethniques et Ă  commettre des injustices et des violences pouvant aller, dans les cas extrĂȘmes, jusqu'au gĂ©nocide.

Selon certains sociologues, le racisme s’inscrit dans une dynamique de domination sociale Ă  prĂ©texte racial[5]. Le « racisme inversĂ© » est pour sa part une expression qui use du terme « racisme », mais dĂ©crit un acte ou un propos venant non des membres d'un groupe social dominant, mais d'un groupe anciennement ou actuellement dominĂ© ; la dĂ©nonciation d'un racisme inversĂ© ne suppose pas l'adhĂ©sion aux idĂ©es racistes qui sous-tendent par exemple le suprĂ©macisme blanc.

Un Afro-Américain buvant de l'eau uniquement réservée aux gens « de couleur » (colored men).
- Oklahoma City, 1939
Propagande américaine contre les japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Le texte dit : "Qu'allez-vous faire pour contrer ça ? Restez au travail jusqu'à ce que tous les meurtriers Jap' soient balayés !"

Étymologie

Selon le CNRTL, le mot racisme serait apparu en 1902[6] alors que le mot raciste daterait de 1892[7].

Selon Charles Maurras[8], Gaston MĂ©ry (1866-1909), pamphlĂ©taire, journaliste collaborateur Ă  La Libre Parole — le journal antisĂ©mite et polĂ©miste d'Édouard Drumont — est la premiĂšre personne connue Ă  avoir utilisĂ© le mot « raciste » en 1894[9] - [10] - [11].

Toutefois l'adjectif « raciste »[12] et le nom « racisme » ne s'installent dans le vocabulaire général en France qu'à partir des années 1930[13]. Léon Trotski l'emploie en 1930 dans son Histoire de la révolution russe, pour qualifier les tenants modernes des théories racistes[14], ce qu'il développera encore en 1933 vis-à-vis du nazisme[15].

Les deux mots font leur entrée pour la premiÚre fois dans le dictionnaire français Larousse en 1932[16].

Idéologies, perception et pratique

La littérature met, au XIXe siÚcle, en avant le caractÚre pluridimensionnel du racisme. On peut distinguer :

  • sa dimension conceptuelle et idĂ©ologique : il s’appuie sur des systĂšmes de discours qui prĂ©tendent Ă  la scientificitĂ©[17] ;
  • sa dimension perceptive : il constitue un regard, un prisme qui oriente et instruit notre perception de « l'Autre »[18] ;
  • sa dimension pratique : le racisme en actes se manifeste par des actions individuelles (violences, insultes
) ou des systĂšmes de domination institutionnalisĂ©s (apartheid, sĂ©grĂ©gation, colonisation, esclavage
)[19].

Race en tant que construction sociale

Si la notion de « race humaine » et le concept du racisme sont partie liĂ©e, l’étude de leurs relations nĂ©cessite d’opĂ©rer une premiĂšre distinction entre la race en tant que concept biologique et la race en tant que constructivisme social que l’on peut dĂ©finir comme « un signe ou un ensemble de signes par lesquels un groupe, une collectivitĂ©, un ensemble humain est identifiĂ©, dans certains contextes historiques prĂ©cis, cette apparence socialement construite variant suivant les sociĂ©tĂ©s et les Ă©poques »[20].

Au cours de l'histoire, les dĂ©finitions sociales de la « race » se sont souvent appuyĂ©es sur de prĂ©supposĂ©s caractĂšres de nature biologique. La race (en tant que construction sociale) est cependant devenue largement indĂ©pendante des travaux menĂ©s sur la classification biologique des ĂȘtres humains qui ont montrĂ© que la notion de race humaine n'est pas pertinente pour caractĂ©riser les diffĂ©rents sous-groupes gĂ©ographiques de l'espĂšce humaine, car la variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique entre individus d'un mĂȘme sous-groupe est plus importante que la variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique moyenne entre sous-groupes gĂ©ographiques[21] - [22]. Cette conclusion est cependant contestĂ©e par A. W. F. Edwards (en) qui critique, dans son article La diversitĂ© gĂ©nĂ©tique humaine : l'erreur de Lewontin (en) (2003), l'argument, prĂ©sentĂ© en 1972 par Richard C. Lewontin The Apportionment of Human Diversity (La rĂ©partition de la diversitĂ© humaine)[23], soutenant que la division de l'humanitĂ© en races est taxonomiquement invalide[24].

Le consensus scientifique actuel rejette l’existence d'arguments biologiques qui pourraient lĂ©gitimer la notion de race[25], relĂ©guĂ©e Ă  une reprĂ©sentation arbitraire selon des critĂšres morphologiques, ethnico-sociaux, culturels ou politiques[26]. Cette autonomie se manifeste pleinement depuis la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle[27] oĂč les effets du systĂšme de perception raciste perdurent en dĂ©pit d'un usage moins frĂ©quent, et malgrĂ© le rejet du concept de race par la communautĂ© scientifique.

Théories raciales au XIXe siÚcle

Essai sur l'inĂ©galitĂ© des races humaines est un ouvrage du Français Joseph Arthur de Gobineau paru en 1853 et visant Ă  Ă©tablir l'existence de races et de diffĂ©rences les sĂ©parant. L’ouvrage sera l’un des fondements des idĂ©ologies racistes du XXe siĂšcle[28].

SystĂšme de perception

Dessins provenant d'Indigenous races of the earth (1857) de Josiah C. Nott et George Gliddon, qui suggÚrent que les Noirs sont aussi distincts des Blancs que le sont les chimpanzés.

Le mĂ©canisme perceptif du racisme peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en plusieurs opĂ©rations logiques.

Focalisation

Le racisme se fonde sur la focalisation du regard du raciste sur une diffĂ©rence, souvent anatomique. Elle peut ĂȘtre « visible » – la pigmentation de la peau – mais ne l’est pas nĂ©cessairement : le regard raciste peut exister sans s’appuyer sur des diffĂ©rences visuelles Ă©videntes. La littĂ©rature antisĂ©mite a ainsi abondamment cherchĂ©, sans succĂšs, Ă  dĂ©finir les critĂšres qui pourraient permettre de reconnaĂźtre visuellement les Juifs et a finalement dĂ» mettre en avant des diffĂ©rences invisibles, imperceptibles pour l'Ɠil humain.

Totalisation

Le racisme associe des caractĂšres physiques Ă  des caractĂšres moraux et culturels. Il constitue un systĂšme de perception, une « vision syncrĂ©tique oĂč tous ces traits sont organiquement liĂ©s et en tout cas indistinguables les uns des autres »[29]. L'identification des traits physiques ou la reconnaissance du signe distinctif (l'Ă©toile juive par exemple) gĂ©nĂšre immĂ©diatement chez le racisant une association avec un systĂšme d'idĂ©es prĂ©conçues. Dans le regard du racisant, « l'homme prĂ©cĂšde ses actes »[30]. Si la focalisation du regard raciste rend le corps visĂ© plus visible que les autres, il a donc aussi pour effet de faire disparaĂźtre l’individualitĂ© derriĂšre la catĂ©gorie gĂ©nĂ©rale de la race[31].

Essentialisation et limitation

Le raciste considĂšre les propriĂ©tĂ©s attachĂ©es Ă  un groupe comme permanentes et transmissibles, le plus souvent biologiquement. Le regard raciste est une activitĂ© de catĂ©gorisation et de clĂŽture du groupe sur lui-mĂȘme.

Hiérarchisation

Le racisme s’accompagne souvent d’une pĂ©joration des caractĂ©ristiques du groupe visĂ©. Le discours raciste n’est toutefois pas nĂ©cessairement pĂ©joratif. Pour Colette Guillaumin, les « bonnes caractĂ©ristiques font, au mĂȘme titre que les mauvaises caractĂ©ristiques, partie de l’organisation perceptive raciste »[32]. La phrase « Les Noirs courent vite » constitue ainsi un Ă©noncĂ© raciste malgrĂ© son apparence mĂ©liorative.

Le discours raciste peut Ă©voquer la supĂ©rioritĂ© physique des groupes visĂ©s (ainsi la vigueur ou la sensualitĂ© des Noirs) pour souligner par contraste leur infĂ©rioritĂ© intellectuelle. Les qualitĂ©s qui leur sont attribuĂ©es (l’habiletĂ© financiĂšre des Juifs par exemple) sont la contrepartie de leur immoralitĂ© ou alimentent la crainte de leur pouvoir souterrain.

Mais plus encore, au-delĂ  du contenu — positif ou nĂ©gatif — des stĂ©rĂ©otypes racistes, l’activitĂ© de catĂ©gorisation, de totalisation et de limitation de l’individu Ă  des propriĂ©tĂ©s prĂ©conçues n’est en soi pas une activitĂ© neutre du point de vue des valeurs. Dans cette perspective, voir et penser le monde social dans les catĂ©gories de la race relĂšve dĂ©jĂ  d'une attitude raciste.

Origines

Historiens et ethnologues ne sont pas d'accord sur la question de l’origine du racisme ; deux conceptions principales s'opposent Ă  ce propos. La premiĂšre considĂšre que le racisme est un sous-produit du capitalisme europĂ©en, en lien avec le colonialisme[33]. La seconde que diffĂ©rentes formes de racisme se sont succĂ©dĂ© au cours de l’histoire en Europe, et ce depuis l'AntiquitĂ©[33].

Le terme « race », appliquĂ© Ă  des ĂȘtres humains, est Ă©crit pour la premiĂšre fois en 1684 par François Bernier, dans un article du Journal des Sçavans. Il y Ă©crit « quatre ou cinq espĂšces ou races d’hommes dont la diffĂ©rence est si notable qu’elle peut servir de fondement Ă  une nouvelle division de la Terre »[34] - [35].

Sociétés prémodernes

Il existait entre les historiens, depuis la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, un consensus relativement large pour considĂ©rer que l'utilisation de la notion de racisme dans l’AntiquitĂ© est un anachronisme. En effet, toutes les sociĂ©tĂ©s antiques et primitives sont, de notre point de vue contemporain, des sociĂ©tĂ©s racistes et xĂ©nophobes.

Les Anciens Grecs distinguent les peuples de l'Hellade, des autres peuples qu'ils appellent barbares. Presque tous les autres peuples antiques avaient la mĂȘme reprĂ©sentation duale du Monde en deux races, les peuples apparentĂ©s, et les peuples Ă©trangers ou ennemis; cette opposition entre deux collectifs est ce qui dĂ©finit le domaine politique[36] et le droit des gens[37]. Parmi les peuples considĂ©rĂ©s comme Ă©trangers, tous ne sont pourtant pas ennemis : les relations militaires, commerciales et diplomatiques instituaient des peuples amis, clients, alliĂ©s ou invitĂ©s qui pouvaient alors ĂȘtre reconsidĂ©rĂ©s fictivement comme des peuples apparentĂ©s.

L'utilisation du terme « race » en tant que synonyme intĂ©gral de peuple/nationalitĂ© perdure jusqu'Ă  la fin du XIXe siĂšcle. Ainsi, les Ɠuvres littĂ©raires de Jules Verne abondent de formules stĂ©rĂ©otypĂ©es comme « les Allemands, race industrieuse et organisĂ©e », « les Français, race romantique et galante » ou « les AmĂ©ricains, race entreprenante et dynamique », jusque dans les conversations entre bons amis d'origines diffĂ©rentes, sans la moindre intention nĂ©gative dans l'usage du mot.

Race et parenté

Les structures de parentĂ©, donc les questions de race[38], sont toujours fondamentales et fondatrices dans la reprĂ©sentation que les peuples antiques ou primitifs ont d'eux-mĂȘmes et des autres peuples[39]. Tout le systĂšme d'obligation et de solidaritĂ© sociale des sociĂ©tĂ©s antiques ou primitives est basĂ© sur l'appartenance au groupe familial, et Ă  la plus ou moins grande proximitĂ© de parentĂ©: l'affiliation (phylai)[40]. On note que celle-ci n'est pas nĂ©cessairement biologique, mais peut ĂȘtre la fiction rĂ©sultant d'une adhĂ©sion ou d'une adoption, et d'apparentements de convenance. À cĂŽtĂ© de la sociĂ©tĂ© grecque avec son genĂš et ses phratries, on trouve des structures politiques claniques chez d'autres peuples comme les Celtes avec les notions de peuples apparentĂ©s/alliĂ©s[41]. Cette conception dure pendant tout le Moyen Âge et une partie des Temps modernes[42].

La mythologie et les prescriptions religieuses fixent les rĂšgles d'exogamie qui favorisent les alliances hors du groupe consanguin, tout en interdisant celles avec les membres des peuples Ă©trangers. De ce fait, depuis la plus haute AntiquitĂ©, jusqu'Ă  ces derniers siĂšcles, les peuples du Monde restent extrĂȘmement endogames, qu'ils soient sĂ©dentaires et sans contacts avec des Ă©trangers, ou qu'ils soient au contraire nomades au milieu des peuples Ă©trangers. Dans ce dernier cas, l'identitĂ© du groupe est maintenue par des prescriptions sociales ou religieuses[43] interdisant une trop grande proximitĂ© de vie et des alliances Ă©trangĂšres qui finiraient par provoquer son assimilation[44]. C'est pourquoi, plus on s'Ă©loigne dans l'histoire, plus on remarque que les peuples qui sont traditionnellement des migrants ou crĂ©ent une colonie, continuent Ă  se marier dans la moitiĂ© du gĂ©nome dont ils se sont dĂ©tachĂ©s[45], et non dans le peuple au milieu duquel ils vivent. Il faut remarquer qu'Ă  ces Ă©poques, ces rĂšgles concernent l'immigration qui ne se fait pas individuellement, mais comme pour les colonies phĂ©niciennes, grecques ou carthaginoises, par groupes complets[46] capables de recrĂ©er ailleurs une nouvelle sociĂ©tĂ© identique et fermĂ©e.

Les questions de guerre et de paix entre les tribus ou les peuples débutent par des refus ou des ruptures d'alliances matrimoniales[47], et se terminent par des alliances, ou des enchaßnements d'alliances, entre les lignages des chefs[48], et à partir de là la possibilité de relation et d'alliance entre toutes les autres familles. Il importe de préciser que ces prescriptions s'imposent aux groupes, mais pas à des individus isolés ou à des familles désaffiliées.

Bible

Le rĂ©cit biblique fait recommencer l'histoire de l'HumanitĂ© aprĂšs le dĂ©luge, avec les trois fils de NoĂ©, Sem, Cham, et Japhet, dont descendent les trois lignĂ©es qui peuplent les rives de la MĂ©diterranĂ©e. La Table des peuples de la GenĂšse donne[49], avec la descendance de ces trois frĂšres, l'origine gĂ©nĂ©alogique de tous les peuples de la Terre qui sont prĂ©sentĂ©s Ă  la fois comme des peuples gĂ©nĂ©alogiquement distincts, et en mĂȘme temps apparentĂ©s. Ce dernier trait, qui rappelle l'unicitĂ© du rĂšgne humain, le monogĂ©nisme, est une originalitĂ© qu'on ne trouve pas chez beaucoup de peuples primitifs qui se rĂ©servent l'appellation d'homme, rejetant les autres dans le monde animal.

Une interprĂ©tation de la malĂ©diction de Canaan dans le Livre de la GenĂšse[50] et de la « Table des peuples » qui en dĂ©rive, peut ĂȘtre Ă  l'origine d'idĂ©ologies racistes dans cette rĂ©gion du monde ou pour les croyants s'inspirant de la Bible[51].

La destruction du temple de Jérusalem par Titus fils de lŽempereur Vespasien s'accompagne d'une destruction des généalogies, qui sera pour le peuple Juif la cause de sa dispersion et d'un grand désarroi quant à son identité[52]. Ce genre de représentation généalogique totalisante des différents groupes ethniques connus se retrouve souvent dans les descriptions ethnologiques des peuples primitifs.

Antiquité gréco-romaine

La conception selon laquelle l'utilisation de la notion de racisme dans l’AntiquitĂ© est un anachronisme, est remise en question par les travaux de l'historien Benjamin Isaac qui propose la notion de « proto-racisme » traversant l'AntiquitĂ© grecque puis romaine, notion qui relĂšve dĂ©jĂ  d'un « racisme conceptualisĂ©, fondĂ© sur une argumentation d’allure scientifique qui se veut dĂ©monstrative »[53]. La pensĂ©e proto-raciste, qui Ă©voluera Ă©videmment au fil des siĂšcles et des dĂ©placements de centres d'influence et de pouvoir, se fonde, selon l'historien, sur deux thĂ©ories qui ne seront que peu remises en question : d'une part, suivant le traitĂ© Des airs, des eaux, des lieux datant du Ve siĂšcle av. J.-C. et attribuĂ© Ă  Hippocrate, un classement dĂ©terministe des groupes humains basĂ© sur la gĂ©ographique qui dĂ©finirait « des traits de caractĂšre collectifs immuables », dans une conception qui induit rapidement une hiĂ©rarchisation des peuples.

Maurice Sartre nuance toutefois le propos, expliquant qu'il existe des conceptions divergentes, voire opposĂ©es, Ă  cette reprĂ©sentation, citant notamment l'explorateur et historien antique HĂ©rodote ou encore le gĂ©ographe Strabon qui « montre avec une force tout aussi convaincante les limites de la thĂ©orie environnementaliste » dont il ne fait pas usage dans la description qu'il fait des peuples et de leurs mƓurs[54].

Le philosophe Christian Delacampagne perçoit, quant Ă  lui, dans l’attitude paĂŻenne – Ă©gyptienne, grecque puis romaine – face aux juifs et dans la partition entre hommes libres d’un cĂŽtĂ©, femmes, enfants et esclaves de l’autre, des « classifications biologiques », de « type raciste »[55].

Il convient nĂ©anmoins de noter que si les arguments de type raciste ont pu servir Ă  justifier la domination des Grecs et des Romains, ils n'ont jamais dĂ©bouchĂ© sur des politiques d'exclusion ni – a fortiori – d'extermination. Au contraire, la capacitĂ© d'intĂ©gration, d'assimilation voire promotion des Ă©trangers dans l'Empire grĂ©co-romain – dans un relatif respect de leur culture et de leurs traditions – est bien connue des historiens. NĂ©anmoins, on peut voir un lien entre le proto-racisme antique et les thĂ©ories racistes contemporaines dans une commune « nĂ©gation des Ă©vidences au profit de thĂ©ories prĂ©conçues dont peu importe le bien-fondĂ© scientifique pourvu qu’elles justifient la situation dominante et le statut privilĂ©giĂ© d’un groupe »[54].

Moyen Âge

C’est surtout le Moyen Âge qui donne des arguments aux partisans de l’existence d’un racisme antĂ©rieur Ă  la modernitĂ©. Pour l’historien spĂ©cialiste de l'antisĂ©mitisme Gavin I. Langmuir, l'une de ses manifestations serait la cristallisation de l’antijudaĂŻsme des premiers thĂ©ologiens chrĂ©tiens en un antisĂ©mitisme chrĂ©tien dĂšs le XIIIe siĂšcle[56]. D’autres en voient les premiĂšres manifestations dĂšs la fin du XIe siĂšcle et les premiers pogroms qui jalonnent la premiĂšre croisade populaire menĂ©e par Pierre l'Ermite. Au XIIIe siĂšcle, la crise rencontrĂ©e par l’Église catholique, menacĂ©e par les hĂ©rĂ©sies cathares, albigeoises, vaudoises aboutit Ă  une rigidification de sa doctrine qui se manifeste notamment par la crĂ©ation de l'Inquisition dans les annĂ©es 1230 et par ce que Delacampagne dĂ©signe comme la « dĂ©monisation » des « infidĂšles »[57].

Selon Delacampagne, l’idĂ©e que la conversion absout le Juif s’efface alors devant la croyance que la judĂ©itĂ© est une condition hĂ©rĂ©ditaire et intangible. Ce mouvement n’épargne d’ailleurs pas d’autres catĂ©gories de la population. Sa manifestation la plus probante est la mise en place progressive Ă  partir de 1449 d’un systĂšme de certificat de puretĂ© de sang (limpieza de sangre) dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique pour accĂ©der Ă  certaines corporations ou ĂȘtre admis dans les universitĂ©s ou les ordres. Ce mouvement, qui se traduit par le dĂ©cret de l'Alhambra de 1492, concerne quatre groupes prĂ©cis : les Juifs, les musulmans convertis (morisques), les pĂ©nitenciĂ©s de l’Inquisition et les cagots, c’est-Ă -dire les descendants prĂ©sumĂ©s de lĂ©preux[58].

Delacampagne mentionne la sĂ©grĂ©gation qui touche cette derniĂšre catĂ©gorie de population comme une Ă©tape majeure dans la constitution du racisme moderne. Selon lui, c'est la premiĂšre fois que la discrimination d’un groupe social reçoit au XIVe siĂšcle une justification appuyĂ©e sur les conclusions de la science. Les chirurgiens, tel Ambroise ParĂ©, apportent en effet leur caution Ă  l’idĂ©e que les cagots, descendants prĂ©sumĂ©s de lĂ©preux, continuent de porter la lĂšpre bien qu’ils n’en manifestent pas les signes extĂ©rieurs[59].

Dans les sociétés non européennes

 Huit hommes enchaßnés sont conduits par un homme agitant un fouet sous le regard de deux hommes en habit d'officier.
Esclaves européens menés au fouet par un Arabe (1815). L'esclavagisme musulman a été souvent bien moins évoqué que celui de l'Occident, poussant certains auteurs à parler de « tabou bien gardé »[60].

Plusieurs Ă©tudes ont mis en avant l’existence d’attitudes que leurs auteurs considĂšrent comme racistes dans des sociĂ©tĂ©s extĂ©rieures Ă  l’aire culturelle europĂ©enne. Au Japon, la transmission hĂ©rĂ©ditaire de l’appartenance Ă  la caste des burakumins jusqu’au dĂ©but de l'Ăšre Meiji a pu ĂȘtre analysĂ©e comme le produit d’une construction symbolique de type raciste.

Les travaux menĂ©s par l’historien Bernard Lewis sur les reprĂ©sentations dĂ©veloppĂ©es par la civilisation musulmane Ă  l’égard des autres ĂȘtres humains concluent sur l’existence d’un systĂšme perceptif qu’il qualifie de raciste, notamment Ă  l’égard des populations noires[61].

Au Moyen Âge, le racisme des Arabes Ă  l'Ă©gard des Noirs, en particulier des Noirs non musulmans, fondĂ© sur le mythe[62] de la malĂ©diction de Cham, le pĂšre de Canaan, prononcĂ©e par NoĂ©[63], servit de prĂ©texte Ă  la traite nĂ©griĂšre et Ă  l'esclavage, qui, selon eux, s'appliquait aux Noirs, descendants de Cham qui avait vu NoĂ© nu lors de son ivresse (une autre interprĂ©tation les rattache Ă  Koush). (Histoire extraite de la Bible). Les Noirs Ă©taient donc considĂ©rĂ©s comme « infĂ©rieurs » et « vouĂ©s » Ă  l'esclavage. Plusieurs auteurs arabes les comparaient Ă  des animaux[64]. Le poĂšte al-Mutanabbi mĂ©prisait le gouverneur Ă©gyptien Abu al-Misk Kafur au Xe siĂšcle Ă  cause de la couleur de sa peau[64]. Le mot arabe aabd Űčۚۯ (pl. aabid ŰčŰšÙŠŰŻ) qui signifiait esclave est devenu Ă  partir du VIIIe siĂšcle plus ou moins synonyme de « Noir »[65], prenant une signification similaire au terme "nĂšgre" dans la langue française du XXe siĂšcle. Quant au mot arabe zanj, il dĂ©signait de façon pĂ©jorative les Noirs[66], avec une connotation raciale officielle que l'on retrouve dans les textes et discours racialistes. Ces jugements racistes Ă©taient rĂ©currents dans les Ɠuvres des historiens et des gĂ©ographes arabes : ainsi, Ibn Khaldoun a pu Ă©crire au XIVe siĂšcle : « Les seuls peuples Ă  accepter vraiment l'esclavage sans espoir de retour sont les nĂšgres, en raison d'un degrĂ© infĂ©rieur d'humanitĂ©, leur place Ă©tant plus proche du stade de l'animal »[67]. À la mĂȘme pĂ©riode, le lettrĂ© Ă©gyptien Al-Abshibi Ă©crivait : « Quand il [le Noir] a faim, il vole et lorsqu'il est rassasiĂ©, il fornique »[68]. Les Arabes prĂ©sents sur la cĂŽte orientale de l'Afrique utilisaient le mot « cafre » pour dĂ©signer les Noirs de l'intĂ©rieur et du Sud. Ce mot vient de kāfir qui signifie « infidĂšle » ou « mĂ©crĂ©ant »[69].

Racisme moderne

Les diffĂ©rents auteurs qui conçoivent le racisme comme une spĂ©cificitĂ© de la modernitĂ© europĂ©enne s’accordent pour mettre en avant la conjugaison de trois facteurs dans la genĂšse de cette nouvelle attitude :

  • Le dĂ©veloppement de la science moderne. Il inaugure un systĂšme de perception essentialiste de l’altĂ©ritĂ© et un systĂšme de justification des conduites racistes qui s'appuient sur des thĂ©ories Ă  prĂ©tention scientifique de la race.
  • Le dĂ©veloppement de la libre-pensĂ©e antichrĂ©tienne qui s'oppose au monogĂ©nisme que soutient l'Église catholique.
  • L’expansion europĂ©enne qui dĂ©bute au XVe siĂšcle[70]. Elle entraĂźne la mise en place d’un systĂšme Ă©conomique et social esclavagiste, et de traites nĂ©griĂšres Ă  destination des colonies ; parallĂšlement, elle s'accompagne du dĂ©veloppement d’une attitude coloniale Ă  l’égard des populations non europĂ©ennes qui pĂ©nĂštre progressivement la mĂ©tropole[71].

Biologisation du social

Pour Colette Guillaumin[72] le racisme est contemporain de la naissance d’un nouveau regard portĂ© sur l’altĂ©ritĂ© ; il est constituĂ© par le dĂ©veloppement de la science moderne et la substitution d’une causalitĂ© interne, typique de la modernitĂ©, Ă  une dĂ©finition externe de l’homme qui prĂ©valait avant la pĂ©riode moderne.

Alors que l’unitĂ© de l’humanitĂ© trouvait auparavant son principe Ă  l’extĂ©rieur de l’homme, dans son rapport Ă  Dieu, l’homme ne se rĂ©fĂšre dĂ©sormais qu’à lui-mĂȘme pour se dĂ©terminer. Comme l'attestent les dĂ©bats thĂ©ologiques sur l’ñme des Indiens ou des femmes, le rejet de la diffĂ©rence et les hiĂ©rarchies sociales s’appuyaient sur une justification religieuse ou basĂ©e sur un ordre sacrĂ© (caste) ; ils se parent dĂ©sormais des habits de la justification biologique, renvoyant Ă  l’ordre de la nature[73]. La conception de cette Nature elle-mĂȘme connaĂźt une mutation profonde : elle devient mesurable, quantifiable, rĂ©ductible Ă  des lois accessibles Ă  la raison humaine.

Ce changement de regard engendre un systĂšme perceptif essentialiste : l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© au sein de l’espĂšce humaine ne doit son existence qu’à une diffĂ©rence logĂ©e dans le corps de l’homme, que les scientifiques europĂ©ens s’acharneront Ă  mettre en Ă©vidence tout au long du XIXe siĂšcle et au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Pour Pierre-Henri Boulle, on peut percevoir en France dĂšs la fin du XVIIe siĂšcle les premiĂšres expressions de ce mode de perception. C’est au XVIIIe siĂšcle qu’il se rĂ©pand parmi les Ă©lites politiques, administratives et scientifiques, avant de se gĂ©nĂ©raliser au plus grand nombre dans le courant du XIXe siĂšcle[74].

Pour Colette Guillaumin, ce mode de perception se gĂ©nĂ©ralise au tournant des XVIIIe siĂšcle et XIXe siĂšcle[75]. Dans la premiĂšre partie de son ouvrage Les origines du totalitarisme, Hannah Arendt date l’apparition de l’antisĂ©mitisme, qu’elle diffĂ©rencie de l’antijudaĂŻsme, du dĂ©but du XIXe siĂšcle ; c’est aussi la date d’origine qu’assigne le philosophe Gilbert Varet aux « phĂ©nomĂšnes racistes expressĂ©ment dits »[76].

La propagation hors de l’Europe apparaĂźt dans cette optique comme un produit de l’influence europĂ©enne : AndrĂ© BĂ©teille dĂ©veloppe ainsi la thĂšse d’une « racialisation » du systĂšme de castes en Inde aprĂšs la colonisation britannique[77]. Au Japon, des travaux menĂ©s par John Price, Georges De Vos, Hiroshi Wagatsuma ou Ian Neary au sujet des Burakumin parviennent Ă  des conclusions identiques[78].

Colonisation et esclavage

Enseigne parisienne en 1890

La question de l’antĂ©rioritĂ© ou de la postĂ©ritĂ© du racisme au dĂ©veloppement de l’esclavage dans les colonies europĂ©ennes fait l’objet de nombreux dĂ©bats. Le consensus s’établit nĂ©anmoins au sujet du rĂŽle jouĂ© par le dĂ©veloppement de l’esclavage sur le durcissement et la diffusion de l’attitude raciale. L'esclavage colonial se dĂ©veloppe en effet, paradoxalement, Ă  une Ă©poque oĂč, en Europe, l'humanisme, la philosophie des LumiĂšres (philosophie) et la thĂ©orie du droit naturel devraient logiquement mener Ă  sa condamnation. Le racisme pourrait ĂȘtre le produit (conscient ou non) de cette contradiction, le seul artifice permettant de refuser Ă  certaines populations le bĂ©nĂ©fice de droits fondamentaux reconnus Ă  l'Homme en gĂ©nĂ©ral consistant Ă  croire Ă  l'existence d'une hiĂ©rarchie entre les races.

Selon l’historien amĂ©ricain Isaac Saney, « les documents historiques attestent de l'absence gĂ©nĂ©rale de prĂ©jugĂ©s raciaux universalisĂ©s et de notions de supĂ©rioritĂ© et d'infĂ©rioritĂ© raciales avant l'apparition du commerce transatlantique des esclaves. Si les notions d'altĂ©ritĂ© et de supĂ©rioritĂ© existaient, elles ne prenaient pas appui sur une vision du monde racialisĂ©e »[79].

DĂ©veloppement de l’esclavage et de la science moderne ont Ă©troitement interagi dans la construction du racisme moderne. La catĂ©gorie de « nosopolitique » qualifie chez la philosophe Elsa Dorlin l’usage des catĂ©gories de « sain » et de « malsain » par le discours mĂ©dical appliquĂ© dans un premier temps aux femmes, puis aux esclaves. Alors que le Blanc, considĂ©rĂ© comme « naturellement » supĂ©rieur par les mĂ©decins, est dĂ©fini comme l’étalon de la santĂ©, le tempĂ©rament des Noirs est par contraste dĂ©clarĂ© « pathologique » ; il est porteur de maladies spĂ©cifiques, que seule la soumission au rĂ©gime de travail imposĂ© par les colons peut attĂ©nuer, mais difficilement guĂ©rir, tant elles paraissent intrinsĂšquement liĂ©es Ă  sa nature[80].

Page de couverture du Samedi, hebdomadaire francophone de Montréal, montrant une fillette noire accoutrée comme un bébé et un garçon noir, avec la légende : « Refusés au concours des bébés », 22 avril 1899

Racisme scientifique

Le « racisme scientifique », ou « racialisme » (ou « raciologie »), classifie les ĂȘtres humains d'aprĂšs leurs diffĂ©rences morphologiques en application d'une mĂ©thode hĂ©ritĂ©e de la zoologie.

Les thĂ©oriciens du racialisme comptent des personnes telles que l'anthropologue allemand Johann Friedrich Blumenbach, le français Georges Vacher de Lapouge, partisan de l'eugĂ©nisme, l'Ă©crivain français Joseph Arthur de Gobineau, cĂ©lĂšbre pour son Essai sur l'inĂ©galitĂ© des races humaines, paru en 1853, le Britannique de langue allemande Houston Stewart Chamberlain, dont l'Ɠuvre thĂ©orise le rĂŽle historique de la race aryenne comme ferment des classes dirigeantes indo-europĂ©ennes et le français d'origine suisse George Montandon, auteur d'une taxonomie des races dans son ouvrage La race, les races. Mise au point d'ethnologie somatique, paru en 1933.

Idéologie

Affiche attaquant les candidats amĂ©ricains voulant donner le droit de vote aux Noirs, Pennsylvanie, États-Unis, 1866.

En Europe et aux États-Unis, le paradigme racial s’est Ă©troitement articulĂ© Ă  partir du XIXe siĂšcle, Ă  l’extĂ©rieur avec la politique impĂ©rialiste et, sur le plan intĂ©rieur, avec la gestion politique des populations minoritaires. Pour Hannah Arendt, « la pensĂ©e raciale » est ainsi devenue une idĂ©ologie avec l’ùre de l’impĂ©rialisme dĂ©butant Ă  la fin du XIXe siĂšcle[81]. L’idĂ©ologie raciste devient alors un « projet politique » qui « engendre et reproduit des structures de domination fondĂ©es sur des catĂ©gories essentialistes de la race »[82]. Le racisme, explique-t-elle, est d'abord la transformation des peuples en races, la diversitĂ© humaine n'Ă©tant plus expliquĂ©e par les influences culturelles acquises par chacun aprĂšs son arrivĂ©e dans le monde, mais au contraire par l'origine.

À l’image de la diversitĂ© des positions racistes dans le monde acadĂ©mique, les formes de racisme et donc les usages politiques de la race ont fortement variĂ© selon les contextes nationaux et la position occupĂ©e par leurs promoteurs dans l’espace politique.

Hantise du métissage

Racisme scientifique irlandais : illustration de l'Irlande de Henry Strickland Constable montrant une prĂ©tendue similitude entre les traits « irlandais ibĂ©riques » et « nĂšgres » en contraste avec les traits « anglo-teutoniques » supĂ©rieurs. La lĂ©gende qui l'accompagne se lit comme suit : « On pense que les IbĂšres Ă©taient Ă  l'origine une race africaine, qui, il y a des milliers d'annĂ©es, s'est propagĂ©e Ă  travers l'Espagne sur l'Europe occidentale. Leurs restes se trouvent dans les tumulus, ou lieux de sĂ©pulture, dans diverses parties de ces pays. les crĂąnes sont de faible type prognathe. Ils sont venus en Irlande et se sont mĂ©langĂ©s avec les indigĂšnes du Sud et de l'Ouest, qui sont eux-mĂȘmes supposĂ©s avoir Ă©tĂ© de faible type et descendants de sauvages de l'Âge de pierre, qui, par suite de l'isolement du reste du monde, n'avaient jamais Ă©tĂ© surpassĂ©s dans la saine lutte de la vie, et ainsi ont fait place, selon les lois de la nature, aux races supĂ©rieures. », 1899

En 2006, théorisant le « mélange humain » (et le distinguant du « métissage », à fortes connotations racialistes), le philosophe Vincent Cespedes utilise le concept de « mixophobie » (mixo, « mélange », phobia, « peur ») pour rendre compte de « la peur du mélange », fondement psychologique du repli des racistes sur leur race, opposée aux autres « races » avec lesquelles ils ne veulent pas se mélanger[83]. Il oppose à ce concept un autre néologisme : la « mixophilie »[84] (« l'amour du mélange »).

L’un des points fondamentaux d’opposition des doctrinaires racistes est la question de la mixitĂ© raciale. La position « mixophobe » se caractĂ©rise par un rejet du « mĂ©tissage », prĂ©sentĂ© comme un facteur de dĂ©gĂ©nĂ©rescence des groupes humains. Il existe toutefois un large spectre de positions mixophobes, depuis le rejet pur et simple de tout contact entre les « races » jusqu’à la promotion du mĂ©tissage, sous rĂ©serve du respect des conditions de son efficacitĂ©.

Mixophobie radicale

La position mixophobe radicale est le corollaire de la construction du mythe de la puretĂ© de la race qui affirme la supĂ©rioritĂ© des races pures sur les races dites mĂ©tissĂ©es. L’imaginaire mĂ©dical de la souillure ou de la contamination du sang en constitue l’un des motifs rĂ©currents. Au milieu du XIXe siĂšcle, deux des chefs de file du racisme biologique, Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) et Robert Knox (1791-1862), contribueront largement Ă  l’introduction de cette position en France et en Grande-Bretagne[85]. Les promoteurs du mythe de la race aryenne – Vacher de Lapouge, Houston Stewart Chamberlain, et plus tard Adolf Hitler – qui voient dans la « race germanique » la survivance Ă  l’état pur de la « race indo-europĂ©enne » se caractĂ©risent tous par une mixophobie radicale.

MĂ©tissage sous condition

Le rejet de la mixitĂ© peut connaĂźtre des gradations. Nombreux sont les scientifiques qui rĂ©futent la thĂšse du « choc des hĂ©rĂ©ditĂ©s » de Vacher de Lapouge selon laquelle le mĂ©tissage peut ĂȘtre tenu pour un facteur d’infĂ©conditĂ©[86]. Pour les partisans du mĂ©tissage, les bienfaits de celui-ci restent toutefois conditionnĂ©s au respect de certaines rĂšgles. Comme l’affirment la majoritĂ© des raciologues, pour que le mĂ©tissage soit profitable, il convient notamment que « la distance entre les races ne soit pas trop grande ». Pour ces mixophobes modĂ©rĂ©s, comme les philosophes Gustave Le Bon, Ernest Renan, ThĂ©odule Ribot ou la grande majoritĂ© des polygĂ©nistes rĂ©publicains, seul le mĂ©tissage entre les races blanches ne prĂ©sente aucun risque et devrait ĂȘtre prĂ©conisĂ©[87].

Pour les rares mixophiles, le métissage peut répondre à deux préoccupations :

  • « l’acclimatement », qui figure au centre des prĂ©occupations des colonialistes. Les EuropĂ©ens sont en effet jugĂ©s inaptes Ă  s’adapter aux climats tropicaux des colonies. Le mĂ©tissage apparaĂźt comme le moyen d’acquĂ©rir, en s’unissant aux indigĂšnes, les caractĂ©ristiques qui leur permettront de surmonter ce handicap physiologique[88].
  • l’amĂ©lioration des races infĂ©rieures. Le « sang rĂ©gĂ©nĂ©rateur » du Blanc peut pour certains raciologues, ĂȘtre un facteur d’amĂ©lioration de la race. Un mĂ©tis sera ainsi jugĂ© pour le monogĂ©niste Armand de Quatrefages comme plus Ă©voluĂ© qu’un Noir[89].

Conséquences politiques de la mixophobie

Transport public réservé aux Noirs, avec l'inscription NET VIR NIE-EUROPEANE (« Seulement pour les non-Européens »), à Johannesburg (Afrique du Sud), 1910-1940.

La hantise du mĂ©tissage ne s’accompagne pas nĂ©cessairement d’une prescription politique : dans l’Essai sur l'inĂ©galitĂ© des races humaines, qui Ă©nonce la premiĂšre philosophie de l'histoire basĂ©e sur le concept de race, le pessimisme ne fait que ruminer la dĂ©cadence de la civilisation occidentale dont l’essence aurait Ă©tĂ© altĂ©rĂ©e par la contamination du sang de la race blanche[90]. S’il voit dans la pĂ©nĂ©tration des idĂ©es rĂ©publicaines l’une des manifestations de cette dĂ©gĂ©nĂ©rescence, il n’en tire pas de consĂ©quences politiques : le processus en cours lui semble irrĂ©versible. Cette position est toutefois restĂ©e extrĂȘmement marginale et la longue liste des suiveurs de Gobineau a tirĂ© de ses postulats des conclusions nettement plus volontaristes.

La position mixophobe conduit Ă  la dĂ©fense d’une stricte sĂ©paration des groupes humains constituĂ©s en races. Sur le plan de la politique extĂ©rieure, les mixophobes se caractĂ©risent souvent par des positions anti-colonialistes, consĂ©quences de leur refus du modĂšle assimilationniste produit par la colonisation. Gobineau, Robert Knox, Gustave Le Bon, ou Hitler marquent tous leur rĂ©probation devant les aventures coloniales de leurs pays respectifs[85]. Le philosophe Pierre-AndrĂ© Taguieff considĂšre que l’ethno-diffĂ©rentialisme est l’actualisation sur des bases culturalistes de cette position mixophobe[91].

Sur le plan de la politique intĂ©rieure, la consĂ©quence logique de ce racisme d’exclusion est l’instauration d’un systĂšme sĂ©grĂ©gationniste : les lois de Nuremberg en Allemagne, les lois Jim Crow aux États-Unis ou l’apartheid sud-africain en sont autant de manifestations. La dĂ©fense de la puretĂ© de la race peut aussi aboutir Ă  un racisme « purificateur » ou d’extermination ; c’est celui qui sera mis en Ɠuvre par le rĂ©gime nazi avec le gĂ©nocide des Juifs et des Tziganes. La mixophobie est aussi, comme pour Vacher de Lapouge ou le rĂ©gime nazi, l’une des positions idĂ©ologiques compatibles avec l’eugĂ©nisme.

À l’opposĂ©, le racisme mixophile s’incarne au XIXe siĂšcle dans une position colonialiste et assimilationniste dont l’objectif est la « rĂ©duction universelle des diffĂ©rences [
] Ă  un modĂšle unique », celui de l’impĂ©rialisme occidental[92].

Suprématie de la « race blanche » et idéologie coloniale

Le Wilmington Messenger s'adresse aux Hommes blancs (1898)

La suprĂ©matie de la race blanche ou caucasienne est un postulat sur lequel s’accordent trĂšs largement les scientifiques, philosophes et hommes politiques du XIXe siĂšcle. CombinĂ© avec la mission civilisatrice, le suprĂ©macisme blanc est un Ă©lĂ©ment fondamental de l’idĂ©ologie coloniale. Une fois opĂ©rĂ©e la conquĂȘte, il constitue aussi le principe justificatif des lĂ©gislations opĂ©rant des distinctions de droit sur une base raciale, la forme paroxystique de cet ordre juridique inĂ©galitaire Ă©tant la sĂ©grĂ©gation raciale.

Dans le cadre de la colonisation britannique apparaĂźt l’expression « suprĂ©matie blanche ». La conception racialiste naĂźt au croisement du dĂ©veloppement des États coloniaux et des thĂ©ories scientifiques contemporaines. À la fin de XIXe siĂšcle, le racisme est pour l’historien Nicolas Lebourg « une rĂ©action dans tous les sens du terme » : c’est une impulsion Ă  l’encontre de l’évolution du monde qui fait se cĂŽtoyer de nombreuses ethnies et une aspire Ă  le « restaurer »[93].

Les idĂ©ologies coloniales des pays se rĂ©clamant d’un fonctionnement dĂ©mocratique se sont trouvĂ©es confrontĂ©es au problĂšme de leur lĂ©gitimitĂ©, au regard des principes censĂ©s rĂ©gir leur ordre politique et juridique. En France tout particuliĂšrement, elle doit surmonter sous la TroisiĂšme RĂ©publique le paradoxe de l’affirmation d’une volontĂ© de conquĂȘte et d’assujettissement d’une part, et de principes Ă©mancipateurs et Ă©galitaires d’autre part. Le programme colonial français ne peut se rĂ©aliser que par l’affirmation d’une infĂ©rioritĂ© tenue pour Ă©vidente et incontestable des populations visĂ©es, laquelle justifie une mission civilisatrice dont le fardeau repose sur les seules Ă©paules de la race blanche[94].

Darwinisme social

Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, les rapports entre science et politique Ă©voluent considĂ©rablement. Les personnalitĂ©s politiques recourent non seulement Ă  l’autoritĂ© des scientifiques, dont le prestige va croissant, pour lĂ©gitimer leurs dĂ©cisions. Mais plus encore, ils sont imprĂ©gnĂ©s d’une reprĂ©sentation du monde qui voit dans le mĂ©canisme de la nature la loi organisatrice de la destinĂ©e humaine : la vogue du paradigme Ă©volutionniste constitue la toile de fond scientifique de l’idĂ©ologie coloniale de la fin du XIXe siĂšcle.

Le systĂšme Ă©volutionniste d’Herbert Spencer, traditionnellement tenu pour le prĂ©curseur du « darwinisme social », marque un glissement de la thĂ©orie darwinienne du monde naturel au monde social. Postulant, avec Lamarck mais contre Darwin, l’hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis, Spencer considĂšre que le libre jeu du marchĂ©, qui est selon lui le plus Ă  mĂȘme d’assurer efficacement « la sĂ©lection des plus aptes », doit ĂȘtre le moteur du progrĂšs humain. Le libĂ©ralisme de Spencer, qui se traduit notamment par un refus des visĂ©es coloniales Ă©tatistes, ne prĂŽne pas d'interventions de l'État dans le processus civilisateur (les États y sont au contraire amenĂ©s Ă  disparaĂźtre). Étendu aux collectifs, nationaux ou ethniques, conçus comme des entitĂ©s homogĂšnes, le mot d’ordre Ă©volutionniste de Spencer connaĂźtra cependant une large fortune dans le camp colonialiste, au travers du concept de « lutte des races »[95].

Selon cette conception, la lutte que se livreraient depuis l’origine les diffĂ©rents groupes humains doit conduire Ă  la domination des races les plus aptes et Ă  la disparition inexorable des races infĂ©rieures. AprĂšs la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie par la France, les mĂ©decins français, constatant la baisse de la population « indigĂšne », n'y verront que la confirmation d’une extinction prochaine et prĂ©visible de la race arabe, qu’ils jugent inadaptĂ©e aux nouvelles conditions de leur temps[96]. La lutte des races n’implique ainsi pas nĂ©cessairement un processus violent d’extermination : les tenants du darwinisme social sont persuadĂ©s que les races infĂ©rieures disparaĂźtront silencieusement de la surface du globe, « sans que l’homme blanc et civilisĂ© ait Ă  se souiller les mains d’un sang innocent »[97].

Loisir de masse : zoos humains

Sur le continent europĂ©en lui-mĂȘme, le succĂšs Ă©norme des zoos humains constitue pour Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire l’une des modalitĂ©s de transmission du « racisme scientifique » Ă  une large partie de la population[98]. À partir des annĂ©es 1870, ces zoos exposent dans les grandes capitales europĂ©ennes et amĂ©ricaines, jusque dans les annĂ©es 1930, des hommes et des femmes issus des peuples colonisĂ©s dans un environnement reconstituĂ©, aux cĂŽtĂ©s des bĂȘtes sauvages. Le Jardin d'acclimatation de Paris par exemple, lors d'expositions, a exhibĂ© - Ă  cĂŽtĂ© des animaux - des ressortissants d'ethnies diverses derriĂšre des barreaux, et ceci jusqu'en 1931[99]. Le principe en sera repris pour les Expositions universelles, les Expositions coloniales et jusqu'aux foires rĂ©gionales. Ces exhibitions humaines contribuent Ă  fixer « un rapport Ă  l’autre fondĂ© sur son objectivation et sa domination »[100]. Elles s'insĂšrent dans le schĂ©ma Ă©volutionniste en mettant en scĂšne la frontiĂšre entre civilisĂ©s et sauvages et s’accompagnent du dĂ©ploiement d'un racisme populaire dans la grande presse[101].

Perfectibilité des races et question de l'assimilation

Couverture illustrĂ©e par Paul de SĂ©mant pour le roman d'Émile Driant (alias capitaine Danrit), La guerre au XXe siĂšcle. L'invasion noire, tome III. La fin de l'Islam devant Paris (1913).

Une fois les territoires conquis, la question de l’administration des populations colonisĂ©es fut Ă  l’origine de nombreux dĂ©bats. Dans quelle mesure ces peuples infĂ©rieurs pouvaient ĂȘtre associĂ©s Ă  la gestion de leurs territoires ? La France, initialement porteuse d'un modĂšle assimilationniste qui visait Ă  l’exportation des institutions françaises sur le territoire colonial, se tourna progressivement vers une politique d’association pendant qu’elle appliquait Ă  travers l’indigĂ©nat un rĂ©gime d’exception aux populations conquises.

Cet ordre juridique exorbitant au droit commun trouvait sa justification dans deux principes qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme complĂ©mentaires. D’un cĂŽtĂ©, un principe pragmatique considĂ©rait que le maintien de l’ordre colonial nĂ©cessitait des rĂšgles et des sanctions plus sĂ©vĂšres Ă  l’encontre des indigĂšnes. Rien ne devait laisser paraĂźtre que la pression du colonisateur se desserrĂąt un jour. De l’autre, un principe idĂ©ologique, qui prenait racine dans une perception raciste du colonisĂ©, n’entendait pas laisser voix au chapitre Ă  des peuples qui n’était pas dignes, pas aptes ou pas murs pour exercer un pouvoir Ă  l’égal des colonisateurs.

L’étude des races, Ă  travers l’anthropologie ou l’ethnologie, fut largement mobilisĂ©e : elle devait permettre de dĂ©terminer avec qui le pouvoir colonial pouvait s’associer, quelles Ă©taient les races civilisables et celles qui Ă©taient par nature rĂ©tives ou incapables d’accĂ©der Ă  un niveau supĂ©rieur de civilisation. En AlgĂ©rie, ce travail aboutit Ă  la construction de l'opposition entre Arabes et Kabyles. ConsidĂ©rĂ© comme plus proche biologiquement et culturellement de la « race française », le Kabyle est prĂ©sentĂ© comme un alliĂ© potentiel contre l’Arabe, prĂ©sentĂ© comme fier, nomade, insoumis et fainĂ©ant.

La notion de « race » qui s’élabore dans la situation d’occupation coloniale n’est cependant pas uniforme. Des prĂ©supposĂ©s plus ou moins biologisants s’opposent dans des conceptions concurrentes de la race. Une grande partie des anthropologues conclut ainsi Ă  l’origine biologique de l’inĂ©gale perfectibilitĂ© des races. Cependant, selon l’historienne Emmanuelle Saada, les reprĂ©sentations de la majoritĂ© des Ă©lites coloniales empruntent peu au modĂšle anthropologique des « raciologues » mais se fondent sur une conception « organique » des rapports entre le milieu et la culture[102]. L’imprĂ©gnation du milieu et les habitudes multi-sĂ©culaires sont considĂ©rĂ©es comme les dĂ©terminants de comportements sociaux largement rĂ©ifiĂ©s et essentialisĂ©s : chaque « race » possĂšde des caractĂ©ristiques psychologiques et des aptitudes qui lui sont propres. Seul un travail de longue haleine, basĂ© sur l’éducation de plusieurs gĂ©nĂ©rations successives, peut conduire les indigĂšnes Ă  s’arracher Ă  leur civilisation originelle pour embrasser les principes supĂ©rieurs qui gouvernent les « races europĂ©ennes »[103].

Ces deux conceptions partagent toutefois le prĂ©supposĂ© du diffĂ©rentialisme racial et se rejoignent dans leurs conclusions pratiques. Dans tous les cas, le retard biologique ou civilisationnel des races infĂ©rieures nĂ©cessite de prolonger leur mise sous tutelle et le maintien d’un ordre juridique et politique diffĂ©renciĂ© entre mĂ©tropole et colonies et, sur le territoire colonial, entre colons et colonisĂ©s. La mission civilisatrice imposa donc des mesures Ă  double tranchant. Si elle fut un frein Ă  la mise en Ɠuvre d’une politique radicalement sĂ©grĂ©gationniste, elle justifia le maintien d’une tutelle prĂ©sentĂ©e comme indispensable Ă  l’accomplissement du dessein civilisateur que s’octroyaient les colonisateurs.

Antisémitisme et nationalisme

Librairie antisémite, 45 rue Vivienne à Paris (1901)

Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, la question de la hiĂ©rarchisation au sein de la race blanche est sur le continent europĂ©en au cƓur de deux phĂ©nomĂšnes appelĂ©s Ă  jouer un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans les deux conflits mondiaux du XXe siĂšcle : l’exacerbation des rivalitĂ©s nationales et la montĂ©e de l’antisĂ©mitisme.

Distinction entre l'Aryen et le SĂ©mite

Caricature antisémite par Raphaël Viau (1900)

La distinction opĂ©rĂ©e au sein de la « race blanche » entre Aryens et SĂ©mites constitue l’un des vecteurs de la biologisation de l’antisĂ©mitisme. En France, Vacher de Lapouge est parmi les premiers Ă  prĂ©tendre donner une caution scientifique Ă  la doctrine aryaniste, en s’appuyant « sur des bases anthropomĂ©triques, et plus particuliĂšrement craniomĂ©triques » (morphomĂ©trie)[104].

Si la mĂ©thode de Lapouge est rapidement discutĂ©e, la distinction entre Aryens et SĂ©mites est d’usage courant au sein des milieux politiques ou savants europĂ©ens. Le philosophe Ernest Renan distingue ainsi les Indo-europĂ©ens des SĂ©mites ; les seconds, novateurs quand ils ont introduit le monothĂ©isme, doivent selon lui s’effacer devant les premiers qui sont dĂ©sormais appelĂ©s Ă  gouverner le genre humain[105].

En Allemagne, particuliĂšrement Ă  l'UniversitĂ© de Göttingen, autour de Karl Otfried MĂŒller (1797-1840), se met en place la doctrine du miracle grec : les Grecs athĂ©niens auraient Ă©tĂ© les plus purs de la race aryenne, ce qui permettait d'Ă©vacuer les hypothĂšses sĂ©mites, mĂ©sopotamiennes ou Ă©gyptiennes des origines dudit miracle grec.

Mythe aryen nationalisé

Comme le note l’historien George L. Mosse, le racisme est Ă  l’origine d’un systĂšme symbolique de mythes et de symboles qui, s’emparant de la question des origines, des difficultĂ©s et des triomphes de la race, dessine une trajectoire qui tend Ă  se confondre avec le rĂ©cit national en construction[106]. Le stĂ©rĂ©otype national physique, qui s’élabore au XIXe siĂšcle prend, en Allemagne par exemple, une apparence raciale (l’Allemand blond
).

L’usage du mythe aryen, rapidement rĂ©cupĂ©rĂ© en Allemagne par le nationalisme de droite, illustre bien les effets de cette concurrence nationale. Si pour le Français Vacher de Lapouge la race aryenne a une signification strictement zoologique, elle prend avec Houston Stewart Chamberlain un tournant nationaliste[107]. La « race germanique » devient, sous la plume de cet essayiste d’origine britannique Ă©voluant dans les milieux wagnĂ©riens, la plus pure des branches de la race aryenne. Outre des Juifs, la doctrine aryaniste permet aux Allemands de se distinguer des Latins et en particulier des Français, considĂ©rĂ©s comme infĂ©rieurs car mĂ©tissĂ©s.

Pour faire face Ă  ce glissement de l’usage de l’aryanisme, dĂ©favorable Ă  la nation française, Ernest Renan refuse, comme nombre de ses compatriotes, notamment rĂ©publicains, le concept de « race pure » et dĂ©fend la thĂšse du mĂ©tissage historique des peuples europĂ©ens[108]. Le refus de l’aryanisme se prĂ©sente comme le refus du jeu de l’exacerbation des rivalitĂ©s nationales. Le sentiment anti-allemand influencera nĂ©anmoins en France les Ă©tudes de psychologie des peuples et de leurs caractĂšres nationaux. S’il place la race aryenne au sommet de la hiĂ©rarchie des races, Hippolyte Taine distingue en son sein les « races germaniques » des races latine et hellĂ©nique. Les premiĂšres, « inclinĂ©es vers l’ivrognerie et la grosse nourriture » par la frĂ©quentation des forĂȘts humides et froides, s’opposent aux secondes dont l’environnement favorable a permis le dĂ©veloppement d’une culture raffinĂ©e[109].

Anglo-saxonisme contre l’immigration

Caricature montrant le rejet des immigrĂ©s par d'anciens immigrĂ©s aux États-Unis qui y ont rĂ©ussi, par J. F. Keppler, parue dans Puck, 11 janvier 1893.

Les enjeux diffĂšrent considĂ©rablement outre-Atlantique oĂč la problĂ©matique raciale est essentiellement concentrĂ©e sur la distinction entre Blancs et Noirs. Toutefois, en rĂ©action Ă  l’immigration irlandaise massive des annĂ©es 1840 due Ă  la « crise de la pomme de terre », et dans le contexte de la guerre avec le Mexique, est forgĂ© aux États-Unis le concept d’« anglo-saxonisme »[110], Ă©galement nommĂ© par l'acronyme WASP (White Anglo-Saxon protestant).

Il connaĂźtra une grande fortune lorsqu’à la fin du XIXe siĂšcle une campagne visant Ă  restreindre l’immigration en provenance du sud et de l’est de l’Europe, menĂ©e notamment par Madison Grant, cherchera Ă  vanter la supĂ©rioritĂ© de la « race nordique » sur les autres « races blanches ».

Politique

Racisme d’État

Panneau bilingue (anglais / afrikaans) formalisant la ségrégation raciale au profit de la population blanche dans le cadre de la politique d'apartheid, en Afrique du Sud.

Le racisme d'État est historiquement une sĂ©grĂ©gation raciste institutionnalisĂ©e et, Ă  l'Ăšre moderne, une discrimination systĂ©mique qui implique l'État.

L’historien amĂ©ricain George M. Fredrickson recense trois rĂ©gimes politiques « ouvertement racistes » au XXe siĂšcle : le sud des États-Unis sous les lois Jim Crow (1865-1963), l’Afrique du Sud sous l’apartheid (1948-1991), l’Allemagne nazie (1933-1945)[111]. Ces rĂ©gimes prĂ©sentent la caractĂ©ristique commune d’afficher une idĂ©ologie officielle explicitement raciste et d’avoir institutionnalisĂ© dans la loi une hiĂ©rarchie prĂ©sentĂ©e comme naturelle et indĂ©passable entre le groupe dominant et le groupe dominĂ©. L’une des mesures les plus significatives de cet arsenal juridique sĂ©grĂ©gationniste est la prohibition des mariages interraciaux ; elle transcrit dans l’ordre juridique l’idĂ©ologie mixophobe de la « puretĂ© de la race ». Sur le plan Ă©conomique, la restriction des opportunitĂ©s du groupe sĂ©grĂ©guĂ© le maintient dans un Ă©tat de pauvretĂ© qui alimente le discours sur sa prĂ©tendue infĂ©rioritĂ©.

AprĂšs l'abolition de la sĂ©grĂ©gation raciale aux États-Unis, en 1967, les militants Stokely Carmichael et Charles V. Hamilton (en) publient le livre Le Pouvoir Noir: pour une politique de libĂ©ration aux États-Unis (en) oĂč ils conceptualisent, sous les appellations de « racisme institutionnel » et « racisme systĂ©mique », l'idĂ©e d'un racisme voilĂ© qui continuerait Ă  structurer l'ordre social. Carmichael et Hamilton y Ă©crivent que le racisme individuel est souvent identifiable, mais que le racisme institutionnel est moins perceptible en raison de sa nature « moins ouverte, beaucoup plus subtile »[112].

Racisme actuel

Au début du XXIe siÚcle, le terme de « race » reste toujours d'usage courant dans certains milieux et le racisme se manifeste toujours sur les cinq continents sous des formes plus ou moins directes.

Racisme individuel

Le racisme Ă  l'Ă©chelle des relations individuelles se traduit par des paroles ou des actes racistes envers d'autres individus. Le racisme individuel est Ă©troitement liĂ© d'une part Ă  la xĂ©nophobie, la haine, le bellicisme, l'ethnisme, l'intolĂ©rance et l'idĂ©ologie de supĂ©rioritĂ© culturelle ou personnelle, d'autre part au dĂ©classement social et au ressentiment. GĂ©nĂ©ralement le racisme, comme position directrice, est dĂ©duit (de signes extĂ©rieurs) ; il peut aussi ĂȘtre induit (de comportements). Il est affirmation d'une logique identitaire ou rĂ©action Ă  une logique identitaire. C'est le passage de l'induction Ă  la dĂ©duction qui est fondateur pour la politisation du racisme.

Racisme politique

DĂ©filĂ© du Ku Klux Klan en 1928 Ă  Washington (États-Unis).

En raison de la connotation trĂšs nĂ©gative du mot en Occident, peu de partis politiques se revendiquent ouvertement comme racistes. De nombreux partis d'extrĂȘme droite ont cependant Ă©tĂ© accusĂ©s de vĂ©hiculer des discours de ce type Ă  travers des positions xĂ©nophobes. L'apologie du racisme Ă©tant condamnĂ©e, ils peuvent promouvoir des doctrines dĂ©rivĂ©es comme l'ethno-diffĂ©rencialisme ou le racialisme.

Au Zimbabwe, le parti ZANU du prĂ©sident Robert Mugabe a mis en place une politique visant Ă  exproprier les fermiers blancs, invoquant une redistribution corrigeant l'injustice passĂ©e oĂč ceux-ci recevaient prĂ©fĂ©rentiellement les terres[113] - [114] - [115].

Dans les pays occidentaux, des mouvements suprémacistes noirs prÎnent la supériorité de la race noire. Ce fut notamment le cas du New Black Panthers Party[116] - [117], un temps représenté par Khalid Abdul Muhammad. En France, la Tribu Ka de Kémi Séba, qui prÎnait la supériorité de la race noire et la séparation des races, a été dissous pour provocation à la haine raciale[118].

« Néo-racisme »

Dans la pĂ©riode post-coloniale, est apparu ce que les auteurs appellent le nĂ©o-racisme, un « racisme sans races », diffĂ©rentialiste et culturel, qui se focalise sur les diffĂ©rences culturelles et non sur l’hĂ©rĂ©ditĂ© biologique comme le racisme classique. Dans ce nĂ©o-racisme, la catĂ©gorie « immigration » est devenue un substitut contemporain Ă  la notion de « race ». Le racisme diffĂ©rentialiste consiste Ă  dire que puisqu'il ne peut y avoir hiĂ©rarchie des races ni des cultures, celles-ci ne doivent cependant pas se mĂ©langer mais rester sĂ©parĂ©es et cloisonnĂ©es[119] - [120].

Panneau dans un jardin américain (2017)

Lutte contre le racisme

RĂ©futation du concept de race

Le gĂ©nĂ©ticien suĂ©dois Svante PÀÀbo, qui a dĂ©couvert que quelque 4 % du gĂ©nome des EuropĂ©ens actuels est hĂ©ritĂ© de l'homme de NĂ©anderthal, considĂšre que la lutte antiraciste ne relĂšve pas du champ scientifique[121]. La publication de la « dĂ©claration sur la race » en 1950 par l'UNESCO encouragera nombre de biologistes Ă  rappeler rĂ©guliĂšrement l'absence de validitĂ© scientifique de la notion de « races humaines ». On peut citer notamment Albert Jacquard, auteur de L'Équation du nĂ©nuphar en 1998[122].

Carte postale raciste sur le péril jaune représentant un Chinois, par Fred C. Lounsbury. Le texte dit : « C'est un Péril jaune chintoc d'une polyvalence surprenante. Et il s'est frayé un chemin dans notre pays avec une facilité étonnante ; il lavera un tee-shirt pour le Melican Gentility et s'assiéra avec des filles à l'école du dimanche dans une humilité studieuse. Ah Sin est le nom d'un païen », 1907

La revue Science a publiĂ© en fĂ©vrier 2008 l'Ă©tude gĂ©nomique la plus complĂšte effectuĂ©e Ă  cette date. Les chercheurs ont comparĂ© des fragments d'ADN de 650 000 nuclĂ©otides chez 938 individus appartenant Ă  51 ethnies. La conclusion de ces travaux est qu'il existe sept groupes biologiques parmi les hommes : les Africains subsahariens, les EuropĂ©ens, les habitants du Moyen-Orient, les Asiatiques de l'Est, les Asiatiques de l'Ouest, les OcĂ©aniens et les Indiens d'AmĂ©rique. Howard Cann, chercheur de la Fondation Jean-Dausset, cosignataire, prĂ©cise :

« Tous les hommes descendent d'une mĂȘme population d'Afrique noire, qui s'est scindĂ©e en sept branches au fur et Ă  mesure du dĂ©part de petits groupes dits fondateurs. Leurs descendants se sont retrouvĂ©s isolĂ©s par des barriĂšres gĂ©ographiques (montagnes, ocĂ©ans
), favorisant ainsi une lĂ©gĂšre divergence gĂ©nĂ©tique ».

En approfondissant encore leur étude, les généticiens ont pu déterminer des sous-groupes : huit en Europe et quatre au Moyen-Orient, mais avec moins de certitude[123].

Selon une Ă©tude de l'expert Chao Tian, en 2009, ayant calculĂ© les distances gĂ©nĂ©tiques (Fst) entre plusieurs populations en se basant sur l’ADN autosomal, les EuropĂ©ens du Sud tels que les Grecs et Italiens du Sud apparaissent soit Ă  peu prĂšs autant distants des Arabes du Levant (Druzes, Palestiniens) que des Scandinaves et Russes, soit plus proches des premiers. Un Italien du Sud est ainsi gĂ©nĂ©tiquement deux fois et demie plus proche d'un Palestinien que d'un Finlandais[124] - [125] - [126] mais une telle distance avec les Finlandais n'est pas reprĂ©sentative des distances entre les EuropĂ©ens, elle s'explique parce que les Finlandais sont mĂ©langĂ©s avec des Asiatiques sibĂ©riens, d'affinitĂ© proche des Sami, les Finlandais sont donc un peuple gĂ©nĂ©tiquement assez isolĂ© des autres europĂ©ens (y compris des Scandinaves et des Russes), ce qui les Ă©loigne du reste des EuropĂ©ens sur le plan des distances gĂ©nĂ©tiques[127]. De mĂȘme, les Italiens du Sud constituent un groupe plus distant[128]. Plus globalement, les principaux peuples europĂ©ens montrent une grande proximitĂ© gĂ©nĂ©tique entre eux, qui les diffĂ©rencie nettement des populations extra-europĂ©ennes[129].

En outre, la portion du gĂ©nome humain relative Ă  la couleur de la peau humaine, en l'occurrence le gĂšne codant la production de la mĂ©lanine, ne reprĂ©sente qu'une infime partie de l'ensemble de ce gĂ©nome (trois gĂšnes communs aux vertĂ©brĂ©s sur les 36 000 gĂšnes du gĂ©nome). Cf. Ă  ce sujet, l'article Couleur de la peau.

LĂ©gislation

Les pratiques racistes constituent une violation des droits de l'homme et sont réprimées par de nombreux pays (parfois sous l'appellation de hate speech, ou « discours de haine »: voir Législation internationale sur le discours de haine).

Pour la plupart des pays occidentaux, la discrimination et le racisme sont beaucoup plus que des délits, punis pénalement ; ils représentent également une atteinte aux valeurs qui fondent la démocratie. Celle-ci reconnaßt l'égale dignité de chaque citoyen à participer à la chose publique, à poursuivre son bonheur et son épanouissement indépendamment de sa naissance.

En France, par exemple, le lĂ©gislateur n'a cessĂ© au fil du temps, et particuliĂšrement aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, de complĂ©ter le dispositif lĂ©gislatif afin de rĂ©primer plus efficacement toutes les formes de racisme. DĂšs 1881, la loi sur la libertĂ© de la presse punit la diffamation raciste « d'un emprisonnement de un mois Ă  un an et d'une amende de 1 000 F Ă  1 000 000 de francs »[130].

Il a pour cela créé ou modifié en 1990 (loi Gayssot[131]) un certain nombre d'incriminations d'une part dans le code pénal, d'autre part dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et dans la loi relative à la communication audiovisuelle. La loi de 1881 avait déjà été modifiée par la loi du relative à la lutte contre le racisme[132], qui punit entre autres l'injure raciste, la discrimination raciale effectuée par un agent dépositaire de l'autorité publique.

La loi de 1972 introduit en outre Ă  l'art. 24 de la loi de 1881 la disposition suivante :

« Ceux qui, par l'un des moyens Ă©noncĂ©s Ă  l'article 23, auront provoquĂ© Ă  la discrimination, Ă  la haine ou Ă  la violence l'Ă©gard d'une personne ou d'un groupe de personnes Ă  raison de leur origine ou de leur appartenance Ă  une ethnie, une nation, une race ou une religion dĂ©terminĂ©e, seront punis d'un emprisonnement d'un mois Ă  un an et d'une amende de 2 000 F Ă  300 000 F ou de l'une de ces deux peines seulement[132]. »

La peine prĂ©vue est aujourd'hui « d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euro d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement »[133] - [134]

Sur le plan international, c'est en premier lieu à l'Unesco qu'il incombe de promouvoir la lutte contre le racisme, comme le déclare ouvertement la charte constitutive de l'institution de 1945. En pratique, la visibilité de l'action de cette organisation onusienne dans ce domaine est aujourd'hui trÚs réduite quand on la compare à la protection du patrimoine mondial[135].

Sondages

D'aprĂšs un sondage menĂ© sur 1 011 personnes entre les 17 et par l'institut CSA, un tiers des Français se dĂ©clarait raciste, sans toutefois prĂ©ciser dans quelle acception de ce terme[136]. Toujours selon la mĂȘme enquĂȘte, 63 % de la population pensait que « certains comportements peuvent justifier des rĂ©actions racistes ». Un sondage similaire rĂ©alisĂ© au QuĂ©bec du au par l'institut LĂ©ger Marketing[137], prĂ©tendait donner comme analyse que 59 % des QuĂ©bĂ©cois Ă©taient faiblement, moyennement ou fortement racistes. Comme le prĂ©cĂ©dent, ce sondage rĂ©alisĂ© dans le contexte d'un dĂ©bat parfois tendu sur la question des accommodements raisonnables a dĂ©clenchĂ© une polĂ©mique dans la province, en particulier sur la mĂȘme absence de dĂ©finition claire au concept de « racisme ». La question posĂ©e Ă©tait « Vous, personnellement, Ă  quel point vous considĂ©rez-vous raciste ? »[138].

Les études scientifiques sur le racisme ne sont jamais menées de maniÚre aussi directe, mais par l'utilisation de différentes questions servant à définir des indicateurs de racisme[138].

Bibliographie

Ouvrages généraux analysant le racisme

  • Benedetto Croce, « Formations historiques et formations naturelles », in L'Histoire comme pensĂ©e et comme action, 1938.
  • Hannah Arendt, « La PensĂ©e raciale avant le racisme » in Les Origines du totalitarisme, Tome II, Chapitre 2. 1951.
  • Gordon Allport, The Nature of Prejudice, MA : Addison-Wesley Pub. Co., 1954.
  • John Howard Griffin, Dans la peau d'un Noir, 1961.
  • Marcel Lucien Goldschmid, Black Americans and White Racism, MA : Holt McDougal., 1970,384 p. (ISBN 978-0030776854).
  • Colette Guillaumin, L'IdĂ©ologie raciste, 1972.
  • Christian Delacampagne, L'invention du racisme, AntiquitĂ© et Moyen Âge, Paris, Fayard, , 353 p. (ISBN 2-213-01117-6).
  • Pierre-AndrĂ© Taguieff, La Force du prĂ©jugĂ©. Essai sur le racisme et ses doubles, La DĂ©couverte, Paris, 1987.
  • Albert Memmi, Le racisme, Folio. 1994.
  • Étienne Balibar et Immanuel Wallerstein, Race, nation, classe - Les identitĂ©s ambiguĂ«s, La DĂ©couverte, 1988 rĂ©Ă©dition 1997.
  • Michel Wieviorka, Le Racisme : une introduction, Paris - La DĂ©couverte, 1998.
  • Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliquĂ© Ă  ma fille, Seuil, 1998.
  • Christian Delacampagne, Une histoire du racisme, Le livre de poche, Paris, 2000.
  • George M. Fredrickson, Le Racisme. Une histoire, Liana Levi, 2003.
  • Denis Blondin, Les deux espĂšces humaines. Autopsie du racisme ordinaire, 2004.
  • Hanania Alain Amar, Thierry FĂ©ral, Le Racisme, tĂ©nĂšbres des consciences : essai, Paris, L'Harmattan, 2004, 209 pages, « Avertissement » de Thierry FĂ©ral, p. 10 (ISBN 978-2-7475-7521-8).
  • Margarita Sanchez-Mazas, Racisme et xĂ©nophobie, Paris: Presses universitaires de France, 2004.
  • Margarita Sanchez-Mazas et Laurent Licata, L'Autre: Regards psychosociaux, Saint-Martin d'HĂšres: Presses Universitaires de Grenoble, 2005[139].
  • Marie-HĂ©lĂšne Parizeau et Soheil Kash, NĂ©oracisme et dĂ©rives gĂ©nĂ©tiques, Les Presses de l'universitĂ© Laval, 2006.
  • Victor N'Gembo-Mouanda, Le Racisme, la honte d'une sociĂ©tĂ© qui se dit civilisĂ©e, Éditions Le Manuscrit, Paris, 2007.
  • Pierre Tevanian, La MĂ©canique raciste, Dilecta, 2008 (ISBN 978-2-916275-44-4).
  • AndrĂ© Pichot, La SociĂ©tĂ© pure. De Darwin Ă  Hitler, 2009.
  • Esther Benbassa (dir.), Dictionnaire des racismes, de l'exclusion et des discriminations, Larousse, Paris, 2010, 728 p. (ISBN 978-2-03-583787-5).
  • Pierre-AndrĂ© Taguieff (dir.), Dictionnaire historique et critique du racisme, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige. Dicos poche », , XLII-1964 p. (ISBN 978-2-13-055057-0, prĂ©sentation en ligne).
  • Patrick Tort, Sexe, race et culture, Textuel, , 112 p. (ISBN 978-2845974944, lire en ligne).
  • Robert, M et Rousseau, N. (2017). Racisme anti-Noirs, entre mĂ©connaissance et mĂ©pris, Bruxelles : Couleur Livres).
  • Orban, A-C. (2015). Peut-on encore parler de racisme ?, Bruxelles : Couleur Livres).

En France

  • Michel Wieviorka (dir.), La France raciste, Seuil, Paris, 1992
  • Benjamin Stora, Le Transfert d'une mĂ©moire - De l'« AlgĂ©rie française » au racisme anti-arabe, La DĂ©couverte, 1999
  • VĂ©ronique De Rudder, Christian Poiret, François Vourc'h, L'InĂ©galitĂ© raciste. L'universalitĂ© rĂ©publicaine Ă  l'Ɠuvre, PUF, 2000
  • Didier Fassin et Éric Fassin (dir.), De la question sociale Ă  la question raciale. ReprĂ©senter la sociĂ©tĂ© française, La DĂ©couverte, Paris, 2006
  • Olivier Le Cour Grandmaison, La RĂ©publique impĂ©riale - Politique et racisme d’État, Fayard, 2009
  • Jean-Luc Yacine, Aux sources du racisme antimaghrĂ©bin, un impensĂ© post-colonial : de Moreau de Tours Ă  Albert Camus, Édition L’Harmattan, , 78 p. (ISBN 978-2-14-035098-6)

Sur le racisme « scientifique »

  • George Montandon, La race, les races. Mise au point d'ethnologie somatique, Paris, Payot, 1933
  • Stephen Jay Gould, La Mal-mesure de l'homme : l'intelligence sous la toise des savants, (The Mismeasure of Man), 1981 (ISBN 978-0-393-31425-0)
  • Elazar Barkan, The retreat of scientific racism : changing concepts of race in Britain and the United States between the world wars, Cambridge university press, Cambridge, 1992
  • Carole Reynaud-Paligot, La RĂ©publique raciale. Paradigme racial et idĂ©ologie rĂ©publicaine (1860-1930), Presses universitaires de France, Paris, 2006

Articles

TĂ©moignages

Ouvrages ayant influencé les doctrines racistes

Notes et références

  1. La gĂ©nĂ©tique et la biologie humaine constatent l'existence, d'un cĂŽtĂ©, de diffĂ©rents haplogroupes dans l'ADN des ĂȘtres humains, et d'un autre cĂŽtĂ© de groupes de diffĂ©rents phĂ©notypes et couleurs de peau, des yeux ou des cheveux, mais ces groupes ne se recoupent pas (c'est l'une des raisons pour lesquelles on ne peut pas parler de « races ») et les diffĂ©rences de phĂ©notype ne sont pas tranchĂ©es d'un groupe Ă  l'autre, mais prĂ©sentent de nombreuses nuances intermĂ©diaires (cf.: Georges Peters, Racismes et races : histoire, science, pseudo-science et politique, Éditions d'en bas, Paris 1986 sur consultĂ© le 22 novembre 2010) : les Grecs anciens, contrairement Ă  une idĂ©e rĂ©pandue, n'utilisaient pas de concept de ce type (c'est donc par abus que l'on peut lire en français race hellĂ©nique pour ΈλληΜÎčÎșÎź áŒ”ÎžÎœÎżÏ‚) mais dĂ©signaient les groupes humains par les termes de ÎłÎ­ÎœÎżÏ‚ / genos signifiant « famille, clan, tribu », de Î»ÎŹÎżÏ‚ / laos signifiant « peuple assemblĂ©, foule », de ÎŽáż†ÎŒÎżÏ‚ / dĂȘmos signifiant « peuple du lieu, citoyens » et de áŒ”ÎžÎœÎżÏ‚ / Ă©thnos signifiant « gens de mĂȘme origine » (cf.: Gilles FerrĂ©ol (dir.), Dictionnaire de sociologie, Armand Colin, Paris 2010, (ISBN 9782200244293)).
  2. Dans l'article « Racisme » de l'Encyclopaedia Universalis, l'Ă©crivain Albert Memmi souligne que « Pour affirmer les supĂ©rioritĂ©s raciales, il faut supposer l'existence de races humaines ; le raciste sous-entend ou pose clairement qu'il existe des races pures, que celles-ci sont supĂ©rieures aux autres, enfin que cette supĂ©rioritĂ© autorise une hĂ©gĂ©monie politique et historique. Or ces trois points soulĂšvent des objections considĂ©rables. D'abord, la quasi-totalitĂ© des groupes humains actuels sont le produit de mĂ©tissages, de sorte qu'il est pratiquement impossible de caractĂ©riser des « races pures ». Il est dĂ©jĂ  trĂšs difficile de classer les groupes humains selon des critĂšres biologiques toujours imprĂ©cis. Enfin, la constante Ă©volution de l'espĂšce humaine et le caractĂšre toujours provisoire des groupes humains rendent illusoire toute dĂ©finition de la race fondĂ©e sur des donnĂ©es ethniques stables. Bref, l'application du concept de puretĂ© biologique aux groupes humains est inadĂ©quate. Ce concept est un terme d'Ă©levage, oĂč la race, prĂ©tendument pure, est d'ailleurs obtenue par des mĂ©tissages contrĂŽlĂ©s. Quand on l'applique Ă  l'homme, on confond souvent groupe biologique et groupe linguistique ou national ; ainsi en est-il de la notion d'homme aryen, dont se sont servis Gobineau et ses disciples nazis. Il n'est pas impossible enfin que cette notion contienne implicitement la rĂ©fĂ©rence Ă  un phantasme de la puretĂ©. », extrait « PrĂ©supposĂ©s du racisme, sur universalis.fr
  3. Gilles Ferréol (dir.), Dictionnaire de sociologie, Armand Colin, Paris 2010, (ISBN 9782200244293)
  4. Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, Gallimard, Paris 1990.
  5. M. Desmond et M. Emirbayer, article What is racial domination ? in : Du Bois Review: Social Science Research on Race 6(2), p. 335-355, 2009.
  6. Informations lexicographiques et étymologiques de « racisme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  7. Informations lexicographiques et étymologiques de « raciste » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  8. Jeannine VerdĂšs-Leroux, Scandale financier et antisĂ©mitisme catholique : le krach de l'Union gĂ©nĂ©rale, Éditions de Centurion, 1969, 256 pages, p. 111.
  9. Grégoire Kauffmann, « Qu'est-ce qui fait courir Drumont ? », L'Histoire, no 326, décembre 2007, p. 65.
  10. Hanania Alain Amar, Thierry Féral, Le Racisme, ténÚbres des consciences : essai, Paris, L'Harmattan, 2004, 209 pages, « Avertissement » de Thierry Féral, p. 10 (ISBN 978-2-7475-7521-8).
  11. Jacques Vier, Missions et démarches de la critique, C. Klincksieck, 850 pages, p. 568 (ISBN 978-2-252-01590-2).
  12. Georges-Elia Sarfati, Discours ordinaires et identités juives, Berg, 1999, 287 pages, p. 192 (ISBN 978-2-911289-18-7).
  13. Edmond Rostand, Mots, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980, p. 75.
  14. Léon Trotski, Histoire de la révolution russe, t. 1 février (lire en ligne), Chapitre 1 « Particularités du développement de la Russie »
  15. LĂ©on Trotski, Qu'est-ce que le national-socialisme ?, (lire en ligne)
  16. Albert Dauzat, Nouveau dictionnaire Ă©tymologique, Paris, Larousse, 1962.
  17. Pierre Tévanian parle de racisme comme concept (La Mécanique raciste, Dilecta, Paris, 2008), Pierre-André Taguieff de racisme-idéologie (La Force du préjugé, Gallimard, Paris, 1990).
  18. Pierre Tévanian parle du racisme comme percept, Taguieff du racisme-préjugé, Colette Guillaumin de « systÚme perceptif raciste ».
  19. Taguieff parle de racisme-discrimination.
  20. Pierre-Jean Simon, Pour une sociologie des relations interethniques et des minorités, Rennes, PU Rennes, , 347 p. (ISBN 2-7535-0248-X, présentation en ligne).
  21. Y a-t-il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ?, hominides.com.
  22. Alberto Piazza, « Un concept sans fondement biologique », Aux origines de la diversité humaine - la science et la notion de race, 30/09/1997, La Recherche no 302, p. 64.
  23. (en) R. C. Lewontin, « The Apportionment of Human Diversity », Evolutionary Biology, vol. 6,‎ , p. 381–398 (ISBN 978-1-4684-9065-7, DOI 10.1007/978-1-4684-9063-3_14)
  24. (en) A. W. F. Edwards, « Human genetic diversity: Lewontin's fallacy », BioEssays: News and Reviews in Molecular, Cellular and Developmental Biology, vol. 25, no 8,‎ , p. 798–801 (ISSN 0265-9247, PMID 12879450, DOI 10.1002/bies.10315, lire en ligne, consultĂ© le )
  25. Katharine Tyler, « ComprĂ©hension publique des notions de race et de gĂ©nĂ©tique : un aperçu des rĂ©sultats d’une rĂ©cente recherche au Royaume-Uni », sur L'Observatoire de la gĂ©nĂ©tique, (consultĂ© le ).
  26. (en) Tony Fitzpatrick, « Evolutionary biologist: race in humans a social, not biological, concept », sur Washington University in St. Louis, (consulté le ).
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  28. Klemperer, Victor, 1881-1960 Brady, Martin, 1962- translator, Language of the Third Reich : LTI : Lingua Tertii Imperii, Bloomsbury Academic, (ISBN 978-1-4725-0721-1, 1-4725-0721-5 et 2-01-302024-4, OCLC 900354312, lire en ligne)
  29. Colette Guillaumin, « Race », Pluriel-recherches : Vocabulaire historique et critique des relations inter-ethniques, Cahier no 2, p. 67.
  30. Zygmunt Bauman, Modernité et Holocauste, La Fabrique, Paris, 2002, p. 110.
  31. Pour une évocation littéraire de cette invisibilité voir par exemple Ralph Ellison, Homme invisible, pour qui chantes-tu ?, 1952.
  32. Colette Guillaumin, L’IdĂ©ologie raciste. GenĂšse et langage actuel, Gallimard, 2002, p. 275.
  33. Christian Delacampagne 1983, p. 11-12.
  34. David Hamelin et Sébastien Jahan, « La fabrique européenne de la race (17e-20e siÚcles) » (consulté le )
  35. « François Bernier and the Origins of the Modern Concept of Race », dans The Color of Liberty, Duke University Press, (lire en ligne), p. 11–27
  36. CĂ©lĂšbre dĂ©finition de Carl Schmitt. Voir aussi : ArchĂ©ologie de la violence. La guerre dans les sociĂ©tĂ©s primitives (1977) de Pierre Clastres, et pour l'histoire une Ă©tude ancienne, mais solide de la BibliothĂšque de synthĂšse historique, sur l'origine clanique des États : A. Moret, G. Davy, Des Clans aux empires. L'organisation sociale chez les primitifs et dans l'Orient ancien, Paris, 1922, collection l'Évolution de l'HumanitĂ©, Flammarion.
  37. Ou droit de la guerre
  38. Voyez les dĂ©finitions classiques : « Parent : qui est de la mĂȘme famille. (...) ParentĂ© : consanguinitĂ© (...) Race : collectif. LignĂ©e de tous ceux qui viennent de la mĂȘme famille (...) », in Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, 4e Ă©dition 1768. Voyez aussi de Claude LĂ©vi-Strauss, l'introduction des Structures Ă©lĂ©mentaires de la parentĂ©, et ses considĂ©rations sur le mĂ©tissage dans Race et culture (1971).
  39. « Chacune de ces communautĂ©s s'identifie politiquement Ă  un lignage, bien que la plupart de ses membres n'appartiennent pas Ă  ce lignage, et tous les lignages sont des branches d'un seul et unique clan. Chacune des divisions territoriales d'une tribu se trouve ainsi coordonnĂ©e avec une branche correspondante de ce clan dominant, de sorte que les relations entre les diverses parties d'une tribu, qu'elles soient sĂ©parĂ©es ou qu'elles soient unies, sont conceptualisĂ©es et exprimĂ©es au sein d'un systĂšme de valeur basĂ© sur la filiation ». Evans Pritchard, Anthropologie sociale, 1969, Payot, Paris, "Les Études anthropologiques modernes", p. 130-136.
  40. L'assistance, le conseil, l'aliment, sont des dettes privĂ©es, intĂ©rieures au groupe de solidaritĂ©: la famille ou Ă  la citĂ©. L'idĂ©e d'assistance publique, c'est-Ă -dire offerte aussi bien aux parents ou aux familiers qu'aux Ă©trangers, est impensable avant le christianisme et ses ƒuvres de misĂ©ricorde. Le premier hĂŽpital public est mentionnĂ© sous le Bas Empire Ă  Marseille.
  41. En particulier tout l'exposĂ© sur la gĂ©nĂ©alogie des peuples des Gaules chez Henri Hubert, Marcel Mauss, Les Celtes et l'expansion celtique jusqu'Ă  l'Ă©poque de la TĂšne, Paris, 1932, Albin Michel, p. 139 Ă  311. Les Germains cessent d'ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme parents lorsqu'ils cessent d'ĂȘtre militairement alliĂ©s.
  42. Voir Jacques Heers, Le Clan familial au Moyen Âge, Paris, 1993, PUF, Quadriges. Voir aussi l'organisation politique des peuples claniques comme la RĂ©publique de GĂȘnes ou les clans Ă©cossais.
  43. L'« impuretĂ© des frontiĂšres extĂ©rieures », selon la formule de Mary Douglas, est territoriale, mais avant tout celle qui interdit les alliances matrimoniales Ă©trangĂšres comme dans le rĂ©gime des castes. De la souillure, chapitre 7, "Les frontiĂšres extĂ©rieures", Paris, 1971, Payot, p. 138-141. Louis Moulinier, Le Pur et l'impur dans la pensĂ©e des Grecs, d'HomĂšre Ă  Aristote, Paris, 1952, Études et commentaires
  44. C'est ce que remarque Max Weber dans La Ville, Ă  propos des rĂšgles d'impuretĂ© interdisant aux anciens Juifs de frĂ©quenter les gentils, et Ă©videmment de se marier avec eux. On trouve des rĂšgles Ă©quivalentes chez les Arabes, ainsi que chez les GĂ©nois, les Auvergnats ou les Irlandais formant des colonies migrantes. Sur ces derniers, cf. Evans Pritchard, Anthropologie sociale, 1969, Payot, Paris, "Les Études anthropologiques modernes", p. 130-136
  45. Sur l'échange des épouses entre les deux moitiés d'un groupe consanguin, voir l'étude ancienne, mais toujours classique de Claude Lévi-Strauss, Les RÚgles élémentaires de la parenté
  46. On mentionnera aussi les Celtes avec le ver sacrum au cours duquel une partie importante d'un peuple se mettait en marche pour chercher un nouveau lieu d'installation oĂč ils fondaient une nouvelle citĂ©.
  47. Le rapt, c'est-à-dire l'alliance forcée qui est refusée, se retrouve à l'origine de nombreuses guerres, ainsi que l'évoque l'Iliade concernant les causes de la guerre de Troie.
  48. L'histoire des familles royales est l'histoire des relations diplomatiques entre leurs peuples. Nombreux sont les exemples, comme l'alliance d'IsraĂ«l et de l'Égypte Ă  l'Ă©poque de la XXIe dynastie, avec celle de Salomon, fils du roi David et la fille de Simamon, roi de Tanis, puis son union lĂ©gendaire avec la reine de Saba, et plus prĂšs de nous la soumission et la sĂ©dentarisation du peuple Viking avec la conversion et l'alliance de leur chef, Rollon avec la princesse GisĂšle, fille du roi Charles le Simple en 912. Cette alliance ou cet apparentement originel qui permet Ă  deux peuples de se dire amis, peut ĂȘtre une reconstruction mythique comme celle qu'on trouve entre les Grecs et Rome oĂč plusieurs gentes qui se donnaient une origine troyenne, ou celle entre les Bretons et les Romains avec l'arrivĂ©e lĂ©gendaire des Albins pour peupler Albion au commencement de certaines versions du Roman du roi Arthur.
  49. GenÚse 10. De nombreux Atlas se sont plu à cartographier les aires de dispersion des tribus issues des fils de Noé.
  50. Gn 9. 27) : « Que Dieu étende le territoire de Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave ! »
  51. Selon cette interprĂ©tation Japhet est considĂ©rĂ© comme l'ancĂȘtre des EuropĂ©ens : cf.: Eric Foner & Randall Kennedy, (en) Brown at 50.
  52. Destruction et conséquences rapportées par l'historien Flavius JosÚphe
  53. Benjamin Isaac, The Invention of Racism in Classical Antiquity, éd. Princeton University Press, 2004 ; cité par Maurice Sartre, Les Grecs et les Romains étaient-ils racistes ?, in revue L'Histoire, no 291, octobre 2004, extrait en ligne
  54. Maurice Sartre, Les Grecs et les Romains Ă©taient-ils racistes ?, in revue L'Histoire, no 291, octobre 2004
  55. Christian Delacampagne, Une histoire du racisme, Paris : Librairie gĂ©nĂ©rale française, 2000, p. 28. Voir aussi une version abrĂ©gĂ©e de sa thĂšse L’Invention du racisme : AntiquitĂ© et Moyen Âge, Paris : Fayard, 1983.
  56. Gavin I. Langmuir, History, Religion and Antisemitism, University of California Press, 1993.
  57. Delacampagne, Une histoire du racisme, p. 80.
  58. Christian Delacampagne, Une histoire du racisme/, p. 88.
  59. Delacampagne, « Une fausse énigme : les cagots », dans Une histoire du racisme, p. 92-106
  60. Revue de L'Esclavage en terre d'islam : un tabou bien gardé, par Malek Chebel
  61. Bernard Lewis, Race et couleur en terre d’Islam, Paris : Payot, 1982. On se reportera aussi Ă  David Brian Davis (spĂ©cialiste amĂ©ricain de l'Ă©tude sur l'esclavage), Slavery and human progress, chap. 4.
  62. Simone Bakchine Dumont, « Le thĂšme chamatique dans les sources rabbiniques du Proche-Orient, du dĂ©but de l'Ăšre chrĂ©tienne au XIIIĂšme siĂšcle », Éthiopiques – Revue trimestrielle de culture nĂ©gro-africaine, Dakar, vol. III, nos 40-41 « 1-2 »,‎ 1er trimestre 1985 (lire en ligne, consultĂ© le )
  63. Ancien Testament, (GenĂšse 9:20-27).
  64. Serge Bilé, Quand les noirs avaient des esclaves blancs, Pascal Galodé éditeurs, Saint-Malo, 2008 (ISBN 978-2-35593-005-8), p. 43
  65. Catherine Coquery Vidrovitch, « Le postulat de la supériorité blanche » dans Marc Ferro, Le Livre noir du colonialisme, p. 867
  66. Serge Bilé, Quand les noirs avaient des esclaves blancs, Pascal Galodé éditeurs, Saint-Malo, 2008 (ISBN 978-2-35593-005-8), p. 30
  67. Jacques Heers, Les Négriers en terre d'islam, Perrin, coll. « Pour l'histoire », Paris, 2003 (ISBN 978-2-262-01850-4), p. 117
  68. Bernard Lewis, Race et couleur en pays d'islam, Payot, p. 40.
  69. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006 (ISBN 978-2-02-048003-1), p. 59
  70. Pierre-Henri Boulle, Race et esclavage dans la France de l’Ancien RĂ©gime, Perrin, 2007, p. 19
  71. Pierre-Henri Boulle, Race et esclavage
, p. 73-80.
  72. Colette Guillaumin, L'Idéologie raciste, Paris : Gallimard, 2002. 1re édition, Mouton and Co, 1972.
  73. Colette Guillaumin, L'Idéologie raciste, p. 25 et s.
  74. Pierre-Henri Boulle, Race et esclavage
, p. 79-80.
  75. Colette Guillaumin, L'idéologie raciste, p. 24.
  76. Gilbert Varet, Racisme et philosophie, essai sur une limite de la pensée, Paris : Denoël, 1973, p. 47.
  77. André Béteille, Caste old and new. Essays in social culture and social stratification, Bombay : Asian publishing house, 1969, p. 38-55.
  78. Georges De Vos et Hiroshi, Wagatsuma (dir.). « Introduction » p. 4 dans Japan’s invisible race : caste in culture and personality, Berkeley : California university press, 1967 ; John Price, « A history of the outcaste : untouchability in Japan », dans Ibid, p. 6-40 ; Ian Neary, Political protest and social control in pre-war Japan : the origin of Bukaru liberation, Humanities Press International, 1989, p. 12-29.
  79. Isaac Saney est professeur à l'université de Dalhousie, à Halifax. « Les origines du racisme », Shunpiking Magazine, no 38, janvier 2007, article sur le site shunpiking.com
  80. Elsa Dorlin, La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française, Paris : La Découverte, 2006. Version remaniée de sa thÚse de doctorat « Au chevet de la Nation : sexe, race et médecine, XVIIe-XVIIIe siÚcle », sous la direction de Pierre-François Moreau, université Paris-IV-Sorbonne, 2004
  81. Arendt Hannah, Les Origines du totalitarisme. L’ImpĂ©rialisme, Paris, Le Seuil, « Points essais », 2002, p. 70-71.
  82. Michael Omi, Howard Winant, Racial formation in the United States, New York, 1994, p. 71. Cité dans George M. Fredrickson, Le Racisme. Une histoire, Liana Levi, 2003, p. 86.
  83. Vincent Cespedes, MĂ©langeons-nous. EnquĂȘte sur l'alchimie humaine (Maren Sell, 2006) : « MalgrĂ© des discours irrationnels, rĂ©visionnistes et malintentionnĂ©s qui devraient en dissuader plus d’un-e, la mixophobie demeure encore le flĂ©au universel, instigateur de haines identitaires, propagateur de guerres larvĂ©es, dĂ©clencheur de boucheries sans nom. » (p. 267) ; « Si je suis mixophobe, si je fuis le mĂ©lange, la diffĂ©rence de l’Autre empĂȘche toute rencontre ou bien fait inĂ©vitablement tourner celle-ci en lutte de pouvoir. » (p. 270)
  84. Vincent Cespedes, Ibid., « La mixophilie, l’amour du mĂ©lange, consiste d’abord Ă  chercher la rencontre avec l’Autre, et non Ă  apprendre la culture de l’Autre – que celui-ci peut d’ailleurs fort mal reprĂ©senter. » (p. 269).
  85. Georges Fredrickson, Racisme, une histoire, p. 120.
  86. Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, Gallimard, Paris, 1990, p. 339.
  87. Carole Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 164.
  88. Carole Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 94.
  89. Carole Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 93-94
  90. Delacampagne, Une histoire du racisme, p. 159 et s.
  91. Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, p. 331.
  92. Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, p. 323.
  93. Nicolas Lebourg, « Aux sources du suprĂ©macisme: haĂŻr son prochain comme on s’aime soi-mĂȘme », sur mediapart.fr, (consultĂ© le )
  94. Rudyard Kipling, Le Fardeau de l'homme blanc, 1899. Sur les implications politiques de la mission civilisatrice en France, voir Dino Costantini, Mission civilisatrice. Le rĂŽle de l’histoire coloniale dans la construction de l’identitĂ© politique française, La DĂ©couverte, Paris, 2008.
  95. Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé, p. 325.
  96. Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’État colonial, Fayard, Paris, 2005, p. 78.
  97. Jules Duval (1813-1870), Les Colonies et la politique coloniale de la France, Arthus Bertrand, 1864, p. 449. Cité dans Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, exterminer, p. 79.
  98. Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, « Les zoos humains : le passage d'un « racisme scientifique » vers un « racisme populaire et colonial » en Occident », in Nicolas Blancel et al., Zoos humains, La Découverte, Paris, 2002, p. 63-71.
  99. Voir l'article Wikipédia, Jardin d'acclimatation (Paris) sous Loisir de masse : zoos humains
  100. Nicolas Bancel et al., Zoos humains, p. 63.
  101. Nicolas Bancel et al., Zoos humains, p. 66
  102. Emmanuelle Saada, « Un racisme de l’expansion. Les discriminations raciales au regard des situations coloniales », dans Didier Fassin et Éric Fassin (dir.), De la question sociale Ă  la question raciale. ReprĂ©senter la sociĂ©tĂ© française, La DĂ©couverte, Paris, 2006, p. 55-71.
  103. Voir sur l’ensemble de ces points, Carole Reynaud-Paligot, La RĂ©publique raciale, op. cit., « RĂ©ception et usages des problĂ©matiques raciologiques au sein du monde colonial, p. 221-279.
  104. Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang, p. 92-93.
  105. Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 163.
  106. George L. Mosse, La RĂ©volution fasciste, Seuil, Paris, 2003, p. 85-86.
  107. Christian Delacampagne, Une histoire du racisme, p. 172.
  108. Carole Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 165.
  109. Reynaud Paligot, La RĂ©publique raciale, p. 158.
  110. Reginald Horsman, Race and manifest destiny : the origins of American racial Anglo-Saxonism, Cambridge, Massachusetts, 1981.
  111. Le Racisme, une histoire, p. 111
  112. Carmichael, Stokely, (1941-1998),, Pidoux, Odile, et Bourcier, Marie-HĂ©lĂšne, (trad. de l'anglais), Le Black power : pour une politique de libĂ©ration aux États-Unis, Paris, Payot et Rivages, , 240 p. (ISBN 978-2-228-90481-0, OCLC 690328387)
  113. (en) Human Right Watch Š Zimbabwe: Mass Evictions Lead to Massive Abuses
  114. (en) BBC NEWS Š Africa Š Zimbabwe vows to defy land ruling
  115. (en) BBC NEWS Š Africa Š Upset over latest Zimbabwe farm death
  116. (en) "ADL Condemns Racist, Anti-Semitic Tirades At Rep. Cynthia Mckinney's Concession Speech", Anti-Defamation League, 9 août 2006.
  117. (en) Justice Department Files Suit Against New Black Panthers, Anti-Defamation League, 9 janvier 2009.
  118. Site legifrance.gouv.fr JORF no 174 du 29 juillet 2006 page 11299 texte no 2, DĂ©cret du 28 juillet 2006 portant dissolution d'un groupement de fait.
  119. Etienne Balibar, Race, nation, classe: les identités ambiguës, 1988, éd. La Decouverte, 1988
  120. Pierre-André Taguieff, Le Racisme, 1998, Cahier du CEVIPOF no 20
  121. « votre objectif est-il aussi de lutter contre le racisme? - [
] je ne prĂ©tends pas combattre le racisme car il ne s’agit pour moi pas d’une question scientifique, mais plutĂŽt d’un positionnement Ă©thique et politique. »
    «Je cherche à identifier ce qui rend les hommes modernes uniques», sur letemps.ch,
  122. Albert Jacquard, L'Équation du nĂ©nuphar, Paris, Éditions Calmann-LĂ©vy, 1998.
  123. (en) Jun Z. Li, Devin M. Absher, Hua Tang et Audrey M. Southwick, « Worldwide human relationships inferred from genome-wide patterns of variation », Science (New York, N.Y.), vol. 319, no 5866,‎ , p. 1100–1104 (ISSN 1095-9203, PMID 18292342, DOI 10.1126/science.1153717, lire en ligne, consultĂ© le )
  124. C.Tian et .al 2009, European Population Genetic Substructure: Further Definition of Ancestry Informative Markers for Distinguishing among Diverse European Ethnic Groups
  125. Nelis et al. 2009, Genetic Structure of Europeans: A View from the North–East
  126. Distances génétiques (Fst) autosomales calculées par Chao Tian et al. 2009 :
    • Grec-Druze : 0.0052, Grec-BĂ©douin : 0.0064, Grec-Palestinien : 0.0057, Grec-Russe : 0.0108, Grec-SuĂ©dois : 0.0084,
    • Italiens du Sud-Druze : 0.0057, Italien du Sud-BĂ©douin : 0.0079, Italien du Sud-Palestinien : 0.0064, Italien du Sud-Russe : 0.0088, Italien du Sud-SuĂ©dois : 0.0064
    Autres distances génétiques (Fst) autosomales calculées par Nelis et al. 2009 :
    • Italiens du Sud - Lettoniens : 0.0150, Italiens du Sud - Finlandais (Helsinki) : 0.0160
    • Espagnols - Lettoniens : 0.0100, Espagnols - Finlandais (Helsinki) : 0.0110
    • EuropĂ©ens – Chinois 0.1100, EuropĂ©ens – Africains (Yoruba) 0.1530
  127. (en) « A genome-wide analysis of population structure in the Finnish Saami with implications for genetic association studies », Nature,‎ (lire en ligne)
  128. (en) Mari Nelis, TĂ”nu Esko, Reedik MĂ€gi et Fritz Zimprich, « Genetic Structure of Europeans: A View from the North–East », PLOS ONE, vol. 4, no 5,‎ , e5472 (ISSN 1932-6203, DOI 10.1371/journal.pone.0005472, lire en ligne, consultĂ© le ) :
    « several distinct regions can be distinguished within Europe: 1) Finland, 2) the Baltic region (Estonia, Latvia and Lithuania), Eastern Russia and Poland, 3) Central and Western Europe, and 4) Italy, with the southern Italians being more “distant” »
  129. (en) « Genes mirror geography within Europe », Nature,‎ (lire en ligne)
  130. Article 32 de la loi de 1881, version en vigueur de 1881 Ă  1972: « La diffamation commise par les mĂȘmes moyens envers un groupe de personnes non dĂ©signĂ©es par l'article 31 de la prĂ©sente loi, mais qui appartiennent, par leur origine, Ă  une race ou Ă  une religion dĂ©terminĂ©e, sera punie d'un emprisonnement de un mois Ă  un an et d'une amende de 1 000 F Ă  1 000 000 de francs [*10 Ă  10 000 F*], lorsqu'elle aura eu pour but d'exciter Ă  la haine entre les citoyens ou habitants. »
  131. Loi no 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe
  132. Loi du 1er janvier 1972 relative Ă  la lutte contre le racisme, LĂ©gifrance
  133. « Article 24 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la peine minimale d'un an ayant été introduite à l'occasion de la réforme du Code pénal en 1992 »
  134. « Loi no 92-1336 du 16 décembre 1992 relative à l'entrée en vigueur du nouveau code pénal et à la modification de certaines dispositions de droit pénal et de procédure pénale rendue nécessaire par cette entrée en vigueur »
  135. SILVA, A. J. M., Le régime UNESCO, Charleston, Create Space, , 219 p. (ISBN 978-1-5329-9711-2 et 1-5329-9711-6, lire en ligne), p. 186-188.
  136. Laetitia Van Eeckhout, « En 2005, les opinions racistes ont gagné du terrain en France » dans Le Monde web, 21 mars 2006
  137. « La Grande EnquĂȘte sur la tolĂ©rance au QuĂ©bec »[PDF], rĂ©sultats du sondage LĂ©ger Marketing
  138. « TempĂȘte "identitaire" au QuĂ©bec », Le Devoir,
  139. L'Autre: Regards Psychosociaux
  140. Au cƓur du racisme

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Relatif au racisme :

Opposé au racisme :

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