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Non-mixité

La non-mixité est une pratique consistant à organiser des rassemblements réservés aux personnes appartenant à un ou plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés ou discriminés, en excluant la participation de personnes appartenant à d'autres groupes considérés comme potentiellement discriminants (ou oppressifs), afin de ne pas reproduire les schémas de domination sociale.

Cette pratique est utilisée par certains groupes de divers courants militants, notamment du féminisme, de l'antiracisme, du mouvement LGBT ou de personnes en situation de handicap.

Cette stratĂ©gie fait rĂ©guliĂšrement polĂ©mique, y compris au sein mĂȘme de ces mouvements, car elle oppose deux visions de la lutte contre les discriminations ou inĂ©galitĂ©s. Les dĂ©tracteurs considĂšrent que la non-mixitĂ© — excluant certaines catĂ©gorie de personnes des espaces « rĂ©servĂ©s » — recrĂ©e une inĂ©galitĂ© entre individus, au lieu de la supprimer, et prĂ©sente un caractĂšre discriminatoire. Les partisans de la pratique soutiennent que de tels moments ponctuels en non-mixitĂ© sont une nĂ©cessitĂ©, l'absence de remises en cause par des personnes ne partageant pas leur expĂ©rience permettant de libĂ©rer la parole et de favoriser l'auto-Ă©mancipation.

Description

Les rĂ©unions en non-mixitĂ© sont des « espaces revendiquĂ©s de non-cohabitation, [constituant] un mode de militantisme caractĂ©ristique de certains mouvements fĂ©ministes, LGBT ou anti-racistes »[1]. Adoptant la mĂȘme description, ElĂ©a Pommiers, du Monde prĂ©cise :

« Dans les annĂ©es 1970, la non-mixitĂ© est devenue une forme de militantisme, caractĂ©ristique de certains mouvements fĂ©ministes, ou encore des mouvements antiracistes ou LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). Dans cette perspective, il s’agit de rĂ©server ponctuellement des espaces de rĂ©union et de parole Ă  des groupes perçus comme opprimĂ©s, en excluant des personnes considĂ©rĂ©es comme appartenant Ă  un groupe de « dominants », voire d’« oppresseurs »[2]. »

Pour Christine Delphy, en situation de mixitĂ©, les rapports de domination sociale[n 1] et les discriminations sont reproduits[4]. La sociologue soutient que la mise en pratique de la non-mixitĂ© « participe en rĂ©alitĂ© d’un processus d’auto-Ă©mancipation, que chaque gĂ©nĂ©ration politique vient Ă  redĂ©couvrir »[1]. Selon cette derniĂšre ou Caroline De Haas, « les individus appartenant au groupe dominant ont tendance Ă  imposer leurs vues et Ă  monopoliser la parole par rapport aux groupes discriminĂ©s ». Par exemple, dans les groupes qui mĂ©langent hommes et femmes, des hommes auraient tendance Ă  recentrer le sujet sur eux en assurant qu'ils ne sont pas sexistes, ou encore, selon Christine Delphy, dans les rassemblements antiracistes, « les dominants tirent la discussion sur les sujets qui les intĂ©ressent, se plaignent, rappellent qu'eux ne sont pas racistes »[4] - [5] - [6].

La non-mixitĂ© est conçue comme un moyen pour des personnes s'estimant subir des discriminations systĂ©miques de partager des expĂ©riences communes et de s'exprimer librement dans un endroit oĂč elles risquent moins d'ĂȘtre remises en cause par des personnes ne partageant pas cette caractĂ©ristique et oĂč leur expĂ©rience vĂ©cue risque moins d'ĂȘtre questionnĂ©e ou dĂ©lĂ©gitimĂ©e. Les participants doivent pouvoir s'exprimer sans ressentir le besoin de s'autocensurer ou de se justifier ni la crainte de blesser[4] - [7] - [8] - [9].

« Car dans les groupes mixtes, Noirs-Blancs ou femmes-hommes, et en gĂ©nĂ©ral dans les groupes dominĂ©s-dominants, c’est la vision dominante du prĂ©judice subi par le groupe dominĂ© qui tend à
 dominer. Les opprimĂ©s doivent non seulement diriger la lutte contre leur oppression, mais auparavant dĂ©finir cette oppression elles et eux-mĂȘmes. C’est pourquoi la non-mixitĂ© voulue, la non-mixitĂ© politique, doit demeurer la pratique de base de toute lutte ; et c’est seulement ainsi que les moments mixtes de la lutte – car il y en a et il faut qu’il y en ait – ne seront pas susceptibles de dĂ©raper vers une reconduction douce de la domination[10]. »

Il est parfois souligné que les espaces non mixtes sont utiles pour libérer la parole, en permettant à certaines personnes d'oser livrer des expériences qu'elles n'auraient pas exprimées autrement[5] - [7] - [9].

Parmi les effets positifs avancés en justification de la pratique de la non-mixité figurent notamment la possibilité[7] - [11] :

  • de s'exprimer dans un espace sĂ©curisant, ou Safe space ; la militante afrofĂ©ministe KiyĂ©mis explique : « Pourquoi j’aime la non-mixitĂ©? Parce que pour moi, c’est l’impression d’ĂȘtre en sĂ©curitĂ©. Je sais que je ne serai pas victime de micro-agressions racistes, sexistes. » ;
  • de favoriser l'auto-Ă©mancipation, la non-mixitĂ© Ă©tant conçue comme une dĂ©marche d'empowerment qui permet aux participants de prendre confiance en eux et de s'affirmer, y compris dans d'autres contextes, de « dĂ©finir leur oppression et donc leur libĂ©ration elles/eux-mĂȘmes [
] » ;
  • d'Ă©viter la reproduction de la domination ; Caroline De Haas, fondatrice d'Osez le fĂ©minisme ! « s'est rendu compte que, lors des rĂ©unions [mixtes] de l'association, les hommes prenaient plus souvent et plus longuement la parole que les femmes. »

Les réunions non mixtes sont ainsi employées par différents groupes sociaux considérés, notamment par les organisateurs, comme opprimés : les femmes, les personnes trans, « racisés » ou les minorités sexuelles ainsi que des personnes se situant à l'intersection de plusieurs groupes[7].

La non-mixité est toutefois critiquée, y compris au sein des mouvements militants[8] : en excluant certaines catégories de personnes, elle est parfois considéré comme discriminatoire[7]. Cet argument est cependant rejeté par des militants, comme la féministe française Caroline De Haas, en raison du caractÚre ponctuel des évÚnements non mixtes, qui ne s'inscriraient donc pas dans le cadre d'une discrimination systémique[7].

La militante antiraciste Rokhaya Diallo dĂ©fend l'usage ponctuel des rĂ©unions en non-mixitĂ© raciale mais les distingue de leur finalitĂ© : « les rĂ©unions afrofĂ©ministes non mixtes n’ont en aucun cas vocation Ă  proposer un projet de sociĂ©tĂ© sĂ©grĂ©gationniste dĂ©finitif puisqu’elles s’inscrivent dans la temporalitĂ© d’un Ă©vĂ©nement ponctuel »[12] - [13]. Un point de vue soutenu par Julien Talpin[n 2], qui note :

« La non-mixitĂ© temporaire constitue une stratĂ©gie, pas un projet de sociĂ©tĂ©. Il s’agit de permettre Ă  ceux qui subissent le racisme de s’auto-organiser pour mettre Ă  mal les formes de hiĂ©rarchisation et de sĂ©grĂ©gation qui structurent la sociĂ©tĂ©, afin d’accĂ©der au mĂ©lange si les gens le souhaitent, et surtout Ă  l’égalitĂ©[15]. »

Description critique des identités et remise en question

À l’intĂ©rieur du mouvement anarchiste, anarcha-fĂ©ministe et plus largement des milieux radicaux et autonomes, la non-mixitĂ© est un sujet clivant, sa pratique est parfois remise en question ; « une ligne de dĂ©marcation est ainsi tracĂ©e, enfermant d’une part des victimes et de l’autre des coupables a minima, voire des bourreaux, imposant Ă  chacun Ă  la fois une identitĂ© et un rĂŽle dont il ne veut pas forcĂ©ment (peut-ĂȘtre mĂȘme ne veut-il pas d’identitĂ© du tout) »[16] - [17] - [18].

Dans le féminisme

Historique

En France, la non-mixitĂ© a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre dĂšs le dĂ©but de la RĂ©volution française : notamment par Pauline LĂ©on et Claire Lacombe — proches des Jacobins — qui fondent, le , le club des Citoyennes rĂ©publicaines rĂ©volutionnaires comptant uniquement des femmes (environ 170)[19] - [20]. Au bout de quelques mois, la Convention montagnarde dissout la sociĂ©tĂ© des Citoyennes () et interdit ensuite par dĂ©cret tous les clubs fĂ©minins, considĂ©rĂ©s « comme incompatibles avec la vocation naturelle de la femme qui est de s'occuper de son foyer et de ses enfants[19] ».

Lors de la TroisiĂšme RĂ©publique, seule une minoritĂ© d'associations fĂ©ministes et suffragistes est non mixte. Cette non-mixitĂ© est alors censĂ©e garantir l'expression des femmes, Ă©viter que les hommes ne se mettent en avant et ne menacent l'autonomie du mouvement, mais surtout elle montrait que les femmes Ă©taient capables de prendre en charge, seules, des tĂąches en gĂ©nĂ©ral dĂ©volues aux hommes[21]. Le journal La Fronde, par exemple, fondĂ© par Marguerite Durand en 1897 — considĂ©rĂ© comme le « premier quotidien fĂ©ministe au monde »[22] —, est « entiĂšrement Ă©crit et administrĂ© par des femmes »[21].

La non-mixitĂ© dans le mouvement fĂ©ministe en France est cependant considĂ©rĂ©e comme issue des annĂ©es 1970 et du Mouvement de libĂ©ration des femmes (MLF)[23] - [24]. Des groupes de parole non-mixtes sont ainsi organisĂ©s Ă  la CFDT, oĂč la secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale adjointe, Jeannette Laot, est Ă©galement prĂ©sidente du Mouvement pour la libertĂ© de l'avortement et de la contraception (MLAC)[25]. InfluencĂ©es par les mouvements des droits civiques et fĂ©ministes amĂ©ricains et Ă  la suite d'un certain sexisme constatĂ© dans les mouvements militants de mai-juin 1968, des « femmes excluent les hommes et thĂ©orisent la non mixitĂ© »[26] :

« Nous en sommes arrivées à la nécessité de la non mixité. Nous avons pris conscience qu'à l'exemple de tous les groupes opprimés, c'était à nous de prendre en charge notre propre libération. En effet, si désintéressés soient-ils, les hommes ne sont pas directement concernés et retirent objectivement des avantages de leur situation d'oppresseurs[27]. »

Pour l'historienne Christine Bard, « Les groupes de conscience qui ont Ă©clos Ă  ce moment-lĂ  ont jouĂ© un rĂŽle fondamental dans la libĂ©ration de la parole des victimes de violences sexuelles. Ça n'Ă©tait pas possible dans des groupes mixtes »[28].

Dans les années 1980 et 1990, la mixité dans les mouvements militants féministes revient[23], encouragée par des personnes ayant évolué dans un environnement scolaire mixte[21].

ExpĂ©rimentations d’espaces non-mixtes dans les Ă©coles

En 2010, Martine ChaponniÚre, professeure en sciences de l'éducation à l'université de GenÚve, évoque quelques difficultés liées à la mixité dans les écoles[29] :

  • « En Suisse romande, dans les centres de loisirs, les travailleurs sociaux ont de grosses inquiĂ©tudes car les filles ne viennent plus. Cet absentĂ©isme est dĂ» aux violences sexistes (verbales ou physiques) qu’elles subissent et au fait que les garçons monopolisent l’espace et les installations (jeux, parc informatique) et qu’elles ont beaucoup de peine Ă  y avoir accĂšs. Finalement les adolescentes s’excluent d’elles-mĂȘmes de ces ambiances machistes, basĂ©es sur des rapports de force et sur un langage vulgaire et irrespectueux » ;

et l'intĂ©rĂȘt de conduire des expĂ©rimentations de non-mixitĂ© chez les plus jeunes ;

  • « les Ă©valuations de ces expĂ©rimentations sont contrastĂ©es : Ă  l'abri des remarques sexistes, les filles plus en confiance opteraient davantage pour des orientations moins stĂ©rĂ©otypĂ©es, rĂ©ussiraient mieux dans des matiĂšres considĂ©rĂ©es comme masculines. Mais dans ces mĂȘmes classes, les enseignants adaptent les contenus ou mĂ©thodes d'enseignement au sexe des Ă©lĂšves. Ils risquent de renforcer les reprĂ©sentations sexistes, les garçons et les filles Ă©tant rĂ©assignĂ©s Ă  leur catĂ©gorie respective. »

Le sociologue de l'Ă©ducation GaĂ«l Pasquier[n 3] voit un effet « paradoxal » dans ce recours Ă  la non-mixitĂ© scolaire, « Dans les arguments en faveur de ces expĂ©riences ciblĂ©es se retrouvent les justifications de certains mouvements fĂ©ministes des annĂ©es soixante-dix, qui ont parfois pu considĂ©rer la dĂ©cision de se retrouver uniquement entre femmes comme un « acte fondateur » ». Cependant, une singularitĂ© rĂ©side dans le fait que l'Ă©cole ne s'inscrit pas dans une logique d'engagement militant — contrairement Ă  l'activisme afroamĂ©ricain ou au fĂ©minisme — et ces expĂ©rimentations confrontent « les Ă©lĂšves Ă  des injonctions paradoxales : alors que les textes officiels de l’Éducation nationale demandent Ă  l’école d’affirmer l’égalitĂ© des filles et des garçons, de les inviter Ă  dĂ©construire les stĂ©rĂ©otypes de sexe, de lutter contre l’homophobie, celle-ci les sĂ©pare et les rĂ©assigne dans une catĂ©gorie Ă  laquelle elle leur demande de ne pas se limiter »[31]. La sociologue Marie Duru-Bellat (elle aussi, spĂ©cialiste de l'Ă©ducation) « pense que les situations de non-mixitĂ© peuvent ĂȘtre profitables, aux filles notamment, qui se libĂšrent ainsi de la « menace du stĂ©rĂ©otype », Ă  condition qu’elles soient temporaires »[32].

Points de vue

La militante fĂ©ministe Caroline De Haas affirme qu'il est souvent jugĂ© qu'au sein d'une assemblĂ©e mixte, la situation de parole n'est pas Ă©galitaire[5]. Les hommes prĂ©sents auraient tendance Ă  monopoliser la parole au dĂ©triment des femmes[5] - [6] - [21], reproduisant ainsi au sein du milieu militant les inĂ©galitĂ©s et les rapports de pouvoir entre hommes et femmes[23]. Selon Christine Delphy, sociologue française, en plus de l'aspect selon lequel les hommes monopolisent le discours, les hommes fĂ©ministes ont Ă©galement tendance Ă  substituer leur parole Ă  celle des femmes, mais aussi Ă  imposer leur conception de la libĂ©ration des femmes Ă  celles-ci, dans une optique oĂč ils pourraient contrĂŽler ce mouvement[33]. Pour elle, la non-mixitĂ© choisie est une consĂ©quence de l'« auto-Ă©mancipation », c'est-Ă -dire de la lutte par et pour les personnes opprimĂ©es[8] - [34].

Pour le courant du féminisme radical, la non-mixité a pour but de rendre la situation plus égalitaire au niveau des relations sociales. Il s'agit alors de se regrouper, tout en se passant de la domination masculine, de prendre confiance en soi, aboutissant ainsi à une analyse politique collective à partir des expériences individuelles[11]. La non-mixité peut s'inscrire dans une démarche d'empowerment[9].

Selon plusieurs personnalités militantes, dont Caroline de Haas[5], Christine Delphy[34], certaines féministes radicales[11] et des chercheurs[6], le principe de la non-mixité est une nécessité pour le féminisme militant, sans pour autant que les rassemblements non mixtes aient vocation à remplacer les réunions mixtes[6] qui sont jugées comme demeurant nécessaires[9].

La rĂ©alisatrice afrofĂ©ministe Amandine Gay raconte son expĂ©rience Ă  Osez le fĂ©minisme ! : « Nous n’étions pas non mixte mais il y avait trĂšs peu d’hommes. Se retrouver entre femmes, ça a Ă©tĂ© plus facile pour discuter de certains enjeux parce qu’on ne se coupait pas la parole. Tu apprends beaucoup mieux en non-mixitĂ© sans qu’on dĂ©lĂ©gitime ton expĂ©rience, qu’on te coupe la parole ou qu’on t’attaque ». Toutefois, elle estime que « la non-mixitĂ© est un outil trĂšs important pour prendre confiance. AprĂšs, j’émettrais des rĂ©serves quant au fait de la prĂ©senter comme une fin en soi. C’est un outil vers lequel on peut toujours se tourner quand on a besoin de faire le point, de rĂ©flĂ©chir Ă  certains enjeux et de dĂ©velopper des stratĂ©gies qui nous soient propres. Mais, mon objectif, c’est de vivre dans la sociĂ©tĂ© dans laquelle j’évolue : je veux que cette sociĂ©tĂ© change, pas en ĂȘtre exclue »[35].

En 2018, la prĂ©sidente d'un syndicat Ă©tudiant "LilĂą Le Bas" explique l'apport de la non-mixitĂ© pour faire face aux violences sexuelles Ă  l'UNEF : « Les rĂ©unions non mixtes, que certains dĂ©crient, sont un instrument important : elles ont permis que les femmes se rendent compte que ce qu’elles vivaient n’était pas individuel mais collectif et qu’il fallait rĂ©pondre de maniĂšre collective. D’ailleurs les dĂ©briefings de ces rĂ©unions non mixtes sont, eux, mixtes : les femmes ne sont pas seules dans ce combat »[36].

Certains avancent que les opposants aux rĂ©unions non mixtes sont gĂ©nĂ©ralement des personnes qui n'auraient de toute maniĂšre pas participĂ© aux rĂ©unions mixtes habituellement[8]. Selon le chercheur français Alban Jacquemart, « en instaurant la non-mixitĂ©, les fĂ©ministes [mettent] en Ă©vidence la position de dominant des hommes. Or, les dominants n’acceptent pas d’ĂȘtre renvoyĂ©s Ă  leur position de dominants »[37].

Dans l'antiracisme

Mouvement des droits civiques

Les rĂ©unions non mixtes ont notamment Ă©tĂ© employĂ©es lors du mouvement des droits civiques aux États-Unis dans les annĂ©es 1960[8] - [9], oĂč les personnes blanches Ă©taient exclues de certains rassemblements[8], comme au sein des collectifs des Black Panthers, du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et du Congress of Racial Equality (CORE)[38]. La pratique de la non-mixitĂ© s'inscrit la dĂ©marche du Black Power et de la radicalisation du mouvement civique. Pour Stokely Carmichael, les Noirs doivent s'organiser entre eux, la non-mixitĂ© permet l'autodĂ©termination et l'empowerment des Noirs, face aux Blancs qui se retrouvaient nĂ©cessairement dans une position de dominants lors de leurs rassemblements, comme lors des rĂ©unions du SNCC et du CORE[38]. Cette Ă©volution vers une radicalisation est critiquĂ©e par des militants modĂ©rĂ©s, qui sont pour certains exclus du mouvement. Le Times juge alors le Black Power de « philosophie raciste » tandis que Roy Wilkins, activiste depuis les annĂ©es 1930, considĂšre que « peu importent leurs efforts pour l’expliquer, le terme « Black power » signifie “pouvoir anti-Blancs” »[38].

Polémique des régionales de 2021

Les polĂ©miques sur la non-mixitĂ© culminent lors de la campagne Ă©lectorale des rĂ©gionales de 2021 en Île-de-France, plus grande rĂ©gion française, quand la tĂȘte de liste du Parti socialiste s'en empare et subit un recul ensuite dans les sondages. QuestionnĂ©e le [39] par BFM TV au sujet des « rĂ©unions non mixtes racisĂ©es » organisĂ©es par le syndicat Ă©tudiant UNEF, Audrey Pulvar rĂ©pond que « si vient Ă  cet atelier une femme blanche, un homme blanc, etc., j'aurais tendance Ă  dire qu'il n’est pas question de le jeter dehors. En revanche, on peut lui demander de se taire, lui demander d'ĂȘtre spectateur silencieux ». Plusieurs personnalitĂ©s politiques, membres du RN et de LR, dĂ©noncent des dĂ©clarations jugĂ©es racistes[40] - [41] et elle chute dans les sondages.

La prĂ©sidente du Rassemblement national Marine Le Pen dĂ©clare alors sur Twitter que la justice « doit engager des poursuites pour provocation Ă  la discrimination raciale »[40]. Deux vice-prĂ©sidents LR de la rĂ©gion, Geoffroy Didier et Patrick Karam, sont Ă©galement choquĂ©s[40], le premier lui demandant de s’excuser auprĂšs de la RĂ©publique[40], tandis que la dĂ©putĂ©e parisienne LREM Laetitia Avia souligne que « la lutte contre le racisme ne passe pas par l’exclusion et la discrimination, mais par le dialogue »[40]. Jean-Luc MĂ©lenchon dĂ©clare au contraire qu'« Audrey Pulvar n'est pas raciste » et dĂ©plore que « le dĂ©bat public s'effondre »[40].

De son cĂŽtĂ©, le journaliste Daniel Schneidermann lui reproche une rĂ©ponse nombriliste et de ne pas avoir Ă©ludĂ© la question, ni rappelĂ© que le sujet est purement polĂ©mique, marginal, sans faits prĂ©cis ni lien avec l'actualitĂ© ni avec l'Ă©lection rĂ©gionale en cours[42]. La dĂ©putĂ©e de la France insoumise DaniĂšle Obono a dĂ©fendu la non-mixitĂ© dans le cas de groupes de paroles pour « personnes victimes de violence sexiste, par exemple », mais Adrien Quatennens et Alexis CorbiĂšre, du mĂȘme parti, l'ont immĂ©diatement contredite, estimant qu'il ne fait « rentrer » dans ce systĂšme concernant des rĂ©unions syndicale[43].

Collectif Mwasi

En , le collectif Mwasi organise une projection du film Black Panther « en non mixitĂ© pour les personnes noires quel que soit le genre » en mettant en vente les tickets sur Internet[44], la non-mixitĂ© n'Ă©tant ici pas justifiĂ©e par la nĂ©cessitĂ© de favoriser un Ă©change libre la soirĂ©e Ă©tant un divertissement[45]. À la suite de cela, la LICRA dĂ©nonce un acte de « sĂ©grĂ©gation » et annonce avoir dĂ©posĂ© plainte.

Camp décolonial

En 2016, se tient Ă  Reims un « camp d'Ă©tĂ© dĂ©colonial » non-mixte, rĂ©servĂ© aux personnes considĂ©rĂ©es comme « subissant Ă  titre personnel le « racisme d'État » en contexte français ». L'Ă©vĂšnement se dĂ©finit comme s'inscrivant « dans la tradition des luttes d’émancipation dĂ©coloniales, anti-capitalistes et d’éducation populaire » « afin de se former, de partager et de renforcer [les personnes invitĂ©es] pour les luttes et mobilisations Ă  venir »[46]. La non-mixitĂ© y est dĂ©fendue par les organisatrices comme une nĂ©cessitĂ© politique, car selon elles ; « les paroles blanches sont survalorisĂ©es, surinterprĂ©tĂ©es, surlĂ©gitimĂ©es comparĂ©es aux paroles et pensĂ©es non blanches »[47].

L'évÚnement suscite la polémique en France, il est notamment critiqué par des associations antiracistes comme la LICRA[n 4] ou SOS Racisme[n 5].

La ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem dĂ©clare — dans une rĂ©ponse Ă  Bernard DebrĂ© — qu'elle « condamne absolument la tenue de ces rĂ©unions comme celle du camp d’étĂ© que vous avez Ă©voquĂ© [
] Ces initiatives sont inacceptables, car, bien loin de l’objectif qu’elles prĂ©tendent poursuivre, elles confortent une vision racialiste et raciste de la sociĂ©tĂ© qui n’est pas la nĂŽtre [
] Au bout de ce chemin, je le dis Ă  tous ceux qui l’empruntent, il n’y a que le repli sur soi, la division communautaire et le chacun chez soi »[49].

D'autres observateurs qualifient l'Ă©vĂ©nement de « racisme Ă  l’envers »[50], de racisme culturel, ou d'apartheid opposĂ© Ă  l'« universel humain »[51], de « remix de l‘extrĂȘme-droite identitaire » cultivant les divisions[52], de « forme d’apartheid mental qui aboutit Ă  des manifestations racialistes sous prĂ©texte de lutte contre le racisme »[53], d'ostracisme assumĂ© qui exclut une partie des individus du dĂ©bat au nom de la lutte contre un «systĂšme» dominant[54].

Fania NoĂ«l, coorganisatrice du camp d'Ă©tĂ© avec Sihame Assbague, pense que « l’autonomie est vue comme un danger par les personnes qui ont des choses Ă  perdre dans l’émancipation[55]. ». Selon Sylvia Zappi[n 6], journaliste au Monde, les rĂ©unions rĂ©servĂ©es aux « non blancs » se multiplient et « rassemblent des jeunes militants dĂ©sireux de dĂ©fendre un “antiracisme politique”, qu’ils opposent Ă  l’antiracisme “moral” des annĂ©es 1980 ».

En , un collectif d'une cinquantaine d'universitaires, militants et artistes prend la défense de l'événement sur un blog de médiapart[57].

La politologue Audrey CĂ©lestine[n 7] considĂšre la polĂ©mique comme incarnant parfaitement la difficultĂ© « Ă  avoir une discussion critique non hystĂ©rique »[60]. Pour FaĂŻza Zerouala, cette polĂ©mique a finalement « phagocytĂ© le fond, dont il a peu Ă©tĂ© question. En rĂ©alitĂ©, le camp d’étĂ© dĂ©colonial pourrait se rĂ©sumer Ă  une sĂ©rie de confĂ©rences, imprĂ©gnĂ©es de sociologie et d’outils conceptuels »[55].

MalgrĂ© les critiques et la polĂ©mique, le rassemblement n'est pas interdit ; le prĂ©fet estimant « qu'il n'y avait eu ni “expression publique de racisme ou d'exclusion”, ni de “trouble Ă  l'ordre public” pouvant justifier l'interdiction de l'Ă©vĂ©nement ».

Une deuxiĂšme Ă©dition du camp d'Ă©tĂ© dĂ©colonial est organisĂ© en dans un lieu confidentiel. Marianne voit dans la stratĂ©gie qui consiste Ă  rĂ©server la rĂ©union « uniquement aux personnes subissant Ă  titre personnel le racisme d’État en contexte français » l'effet d'une « rhĂ©torique identitaire »[61].

Festival Nyansapo

Du 28 au , le festival Nyansapo, qui se dĂ©crit comme un festival « afrofĂ©ministe militant Ă  l’échelle europĂ©enne »[62], est organisĂ© par le collectif Mwasi et doit se tenir dans les locaux de la GĂ©nĂ©rale Nord-Est (qui loue ses locaux Ă  la mairie de Paris), dans le onziĂšme arrondissement de Paris[63]. Le festival est organisĂ© en quatre espaces, dont trois sont annoncĂ©s en non-mixitĂ© : un espace non mixte pour les femmes noires (80 % du festival), un espace non mixte pour les personnes « noires » ou « afro-descendante » (les deux termes sont utilisĂ©s comme synonyme) et un espace non mixte pour les femmes « racisĂ©es » ; le dernier espace est ouvert Ă  tous[62]. L'Ă©lu du Front National Wallerand de Saint-Just, la LICRA et la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo Ă©voquent un festival « interdit aux blancs ». La maire de Paris publie ainsi le une sĂ©rie de tweets oĂč elle dit « demander l’interdiction du festival » et annonce qu’elle va « saisir le prĂ©fet de police en ce sens »[63]. Le lendemain, elle annonce qu'une solution a Ă©tĂ© trouvĂ©e, les ateliers organisĂ©s en non-mixitĂ© se tenant dans un lieu privĂ© sans lien avec la mairie de Paris ; les organisateurs du festival rĂ©pondent que c'Ă©tait dĂ©jĂ  ce qui Ă©tait prĂ©vu[64].

Le prĂ©sident d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, Michel Tubiana, qui se dit « sceptique sur le processus utilisĂ© », y voit « surtout le signe « d’un symptĂŽme dont il faut tenir compte » : la frustration de la jeune gĂ©nĂ©ration de militants face aux Ă©checs de l’antiracisme « universaliste » ou « moral » »[65].

Pierre-André Taguieff écrit à propos du festival Nyansapo : « L'impératif d'auto-émancipation peut ainsi venir légitimer un communautarisme identitaire séparatiste »[66].

Stages Sud-Ă©ducation

En , le syndicat d'enseignants Sud-Éducation 93 organise un stage visant notamment Ă  analyser le « racisme d'État » en France. Des confĂ©rences donnĂ©es par des proches du Parti des IndigĂšnes de la RĂ©publique et du CCIF, ainsi que des ateliers en non-mixitĂ© raciale font polĂ©miques. L'annonce du stage publiĂ©e sur le site du syndicat le est relevĂ©e un mois plus tard par Nassim Seddiki, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Printemps rĂ©publicain et membre du Parti socialiste. La LICRA reproche au syndicat d'« Ă©tiqueter les enfants des Ă©coles de la RĂ©publique et leurs enseignants en fonction de critĂšres dignes d’une exposition coloniale », tandis que le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dĂ©nonce un « projet d'une rĂ©union syndicale triant les membres sur la base de leur origine », le jugeant « inconstitutionnel et inacceptable ». Sud-Éducation rĂ©pond par un communiquĂ©, dĂ©nonçant « des messages mensongers, de haine et d'attaques sur les rĂ©seaux sociaux » et « la coĂŻncidence des agendas des rĂ©seaux d'extrĂȘme droite et de notre ministĂšre »[67] - [68]. Une plainte pour « discrimination » et « exploitation des personnes vulnĂ©rables » dĂ©posĂ©e en par Jean-Michel Blanquer est classĂ©e sans suite[69].

Le mĂȘme syndicat organise, en , un nouveau stage de formation sur le thĂšme « Comment entrer en pĂ©dagogie antiraciste ? » — dont le but revendiquĂ© est de « donner des outils pour lutter contre le racisme que rencontrent, au sein de l'institution scolaire, diffĂ©rentes catĂ©gories de personnes membres de la communautĂ© Ă©ducative » — comprenant un atelier non-mixte intitulĂ© « Comment se dĂ©fendre dans son environnement professionnel ». L'entourage de Jean-Michel Blanquer dĂ©nonce une initiative « contraire aux valeurs de l'Ă©cole rĂ©publicaine ». Le syndicat soutient que la non-mixitĂ© est un outil militant « qui n'a pas pour but d'ĂȘtre "gĂ©nĂ©ralisĂ©" mais de permettre "Ă  un moment donnĂ©, dans un endroit donnĂ©" Ă  des personnes de "discuter des discriminations" et "des problĂ©matiques propres" qu'elles subissent »[70].

La justice dĂ©boute et condamne en juin 2022 cinq parlementaires LR qui avaient rĂ©clamĂ© la dissolution du syndicat (Thibault Bazin, Bernard Fournier, BĂ©rengĂšre Poletti, Patrice VerchĂšre, Julien Aubert) aprĂšs l’organisation du stage en avril 2019[71]. Le tribunal estime notamment que les plaquettes annonçant l’organisation de ces ateliers dĂ©montraient « sans ambiguĂŻtĂ© que l’objectif poursuivi n’était pas de prĂŽner la discrimination entre les personnes mais au contraire de critiquer de prĂ©tendues discriminations raciales Ă  l’école », et que les transformations prĂŽnĂ©es par le syndicat « ont pour objectif essentiel le respect du principe de non-discrimination dans l’école »[72].

Points de vue

Pour Jean-Loup Amselle, « La non-mixitĂ© est une nouveautĂ© en Europe ». « La non-mixitĂ© est dramatisĂ©e en France sur le plan politique, notamment par la droite et l'extrĂȘme droite qui fustigent ces rĂ©unions non mixtes, alors que dans la pratique — par exemple les rĂ©unions non mixtes qui ont eu lieu Ă  l'universitĂ© Paris 8 et qui ne regroupaient en principe que des Noirs — on a pu observer que, dans ces rĂ©unions, les Blancs Ă©taient acceptĂ©s. »

« Mais, par ailleurs, cette idĂ©e de rĂ©union non mixte est difficile Ă  dĂ©fendre, selon moi, parce qu'elle est aussi revendiquĂ©e par des associations d'extrĂȘme-droite, type « Riposte laĂŻque » dont les « apĂ©ros saucissons-vin rouge » sont destinĂ©s Ă  Ă©loigner les musulmans. »

« La non-mixitĂ© a Ă©tĂ© critiquĂ©e par la gauche rĂ©publicaine, par la droite et par l’extrĂȘme droite qui y voient un phĂ©nomĂšne de «communautarisme» ou de «sĂ©paratisme». »

Souleymane Bachir Diagne dĂ©clare dans ce mĂȘme entretien avec Jean-Loup Amselle : « S'il me fallait avoir un Ă©noncĂ© gĂ©nĂ©ral sur ces rencontres de non-mixitĂ©, je crains pour l'exigence d'universalitĂ© sur laquelle j'insiste particuliĂšrement, et je ne voudrais pas que la rĂ©flexion devienne un enfermement dans une expĂ©rience que l'on jugera incommunicable »[73].

DĂ©fense des personnes en situation de handicap

Dans certaines organisations luttant pour les droits des personnes handicapĂ©es, la pratique de la « pairĂ©mulation » (traduction de l'anglais « peer counseling »[74]), se rĂ©pand. Il s'agit, lors de rĂ©unions entre des personnes atteintes d'un handicap, de partager des expĂ©riences relatives Ă  la vie de tous les jours mais aussi de parler de l'oppression souvent vĂ©cue par les personnes handicapĂ©es dans la sociĂ©tĂ©. La « pairĂ©mulation » vise en premier lieu Ă  rendre la parole Ă  celui ou celle qui doit se construire ou se reconstruire, et Ă  la rĂ©instauration d’une paritĂ© pour trouver ou retrouver la confiance[74]. Pour ce faire, cette pratique se fait souvent en non-mixitĂ© : « Pour obtenir la paritĂ©, seules les personnes qui surmontent des restrictions de capacitĂ© sont en effet invitĂ©es Ă  participer et, surtout, Ă  prendre la parole. Cette rĂšgle destinĂ©e Ă  libĂ©rer la parole de celles et de ceux qui n’ont que rarement l’occasion de s’exprimer en dehors de la prĂ©sence des personnes qui les accompagnent dans le quotidien est parfois difficile Ă  mettre en Ɠuvre, surtout avec les personnes dites « handicapĂ©es mentales »[74].

Certains groupes de personnes en situation de handicap se rassemblent en statut associatif spĂ©cifique pour se prĂ©server de la prĂ©sence des personnes non handicapĂ©es, parents, professionnels de santĂ© (ou du handicap) et bĂ©nĂ©voles, comme le RĂ©seau des diplĂŽmĂ©s ou Ă©tudiants de l'enseignement supĂ©rieur et cadres Asperger ou autistes (DÉesCAa)[75].

Critiques

Pour ElĂ©a Pommiers (Le Monde), « La non-mixitĂ© fait rĂ©guliĂšrement polĂ©mique car elle oppose deux visions de la lutte contre les discriminations et heurte le principe d’égalitĂ© entre les individus ». Dans le cas de la non-mixitĂ© raciale, ses dĂ©tracteurs y voient une pratique raciste, qualifiĂ©e parfois de « racisme Ă  l’envers » et « estiment que la non-mixitĂ© recrĂ©e une inĂ©galitĂ© au lieu de la supprimer et encourage le communautarisme plutĂŽt qu’elle ne le fait reculer. Dans cette conception, la mixitĂ© permettrait un mĂ©lange des groupes sociaux nĂ©cessaire Ă  leur connaissance, Ă  leur respect mutuel. C’est la diversitĂ© qui serait la condition de l’égalitĂ© entre les personnes »[2].

Fin 2017, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer prend position contre la non-mixitĂ©, dĂ©nonçant « des pratiques contraires Ă  la Constitution » et qui portent atteinte Ă  la « cohĂ©sion nationale »[2]

Auteur de recherches sur la notion de « racisme institutionnel », le sociologue Michel Wieviorka juge qu'organiser des ateliers de « non-mixitĂ© raciale » est « dangereux et malsain, c'est aller en sens inverse de ce qu’il faut faire pour faire respecter, comprendre et partager les valeurs universelles. En disant que pour partager certaines expĂ©riences, il faut appartenir Ă  un groupe racialisĂ©, on joue la fragmentation de la sociĂ©tĂ©, on s'Ă©loigne des idĂ©aux universels. Mais le discours universaliste, incarnĂ© en France par l'idĂ©al rĂ©publicain, lance des promesses d'Ă©galitĂ© ou de fraternitĂ© qui ne sont pas tenues pour tout le monde. Il devient alors abstrait, incantatoire, rĂ©pressif et contre-productif. Pour rĂ©sister aux tentations de fragmentation, on met en avant des valeurs sans les appliquer Ă  tous. La situation est donc dĂ©licate, il faut combattre sur deux fronts : Ă  la fois dĂ©fendre les valeurs de la RĂ©publique et, en mĂȘme temps, reconnaĂźtre que le racisme se fixe sur des populations plutĂŽt que d'autres »[76].

Pour l'essayiste Barbara Lefebvre, la non-mixité : « C'est le modÚle autoségrégatif des minorités ethniques et des féministes américaines importé par les décoloniaux depuis plus de quinze ans en France » ; « Sans vergogne les décoloniaux défenseurs de la non-mixité se réclament de Frantz Fanon pour en caricaturer la pensée et la racialiser alors qu'il écrivait dÚs 1952 : « Seront désaliénés NÚgres et Blancs qui auront refusé de se laisser enfermer dans la Tour substantialisée du passé ». Nous sommes au contraire dans l'aliénation volontaire d'identitaires obsédés par la race, au sens raciste de Gobineau et non dans l'acception culturelle et naturellement ethnocentrée de Lévi-Strauss ! »[77].

Identitarisme

En 2016, le philosophe et professeur des universités François Noudelmann écrit une tribune dans le journal Le Monde pour dénoncer la non-mixité, la considérant comme étant une « rhétorique identitaire dépassée », « une logique séparatrice » et une « dangereuse régression »[78].

Ghetto

En 1981, lors d'une interview, Marguerite Yourcenar suggĂšre la non-mixitĂ© liĂ©e au sexe en ces termes : « Ce qui m’inquiĂšte dans le fĂ©minisme de nos jours, avec lequel je suis tout Ă  fait d’accord quand il s’agit d’égalitĂ© des salaires Ă  mĂ©rite Ă©gal [
], c’est l’élĂ©ment de revendication contre l’homme, une tendance Ă  se dresser contre l'homme en tant que femme qui ne me paraĂźt pas naturelle, qui ne me paraĂźt pas nĂ©cessaire et qui tend Ă  Ă©tablir des ghettos. Des ghettos, on en a dĂ©jĂ  assez [
][79] - [80].

Racialisme

En 2016, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem dĂ©nonçait la non-mixitĂ©, dĂ©clarant que « ces initiatives sont inacceptables, car, bien loin de l’objectif qu’elles prĂ©tendent poursuivre, elles confortent une vision racialiste et raciste de la sociĂ©tĂ© qui n’est pas la nĂŽtre [
] Au bout de ce chemin, je le dis Ă  tous ceux qui l’empruntent, il n’y a que le repli sur soi, la division communautaire et le chacun chez soi »[49].

Cette pratique est aussi critiquĂ©e par des associations qui luttent contre les diffĂ©rentes formes de discriminations. Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisĂ©mitisme, la non-mixitĂ© raciale est « un scandale ». Elle affirme que « le mot « racisĂ© » est une rĂ©surgence raciste qui vise Ă  assigner Ă  des groupes une identitĂ© victimaire » et la considĂšre comme Ă©tant « digne d’une exposition coloniale »[81]. Pour SOS Racisme, « la non-mixitĂ© est un trĂšs fumeux concept en vogue », affirmant « que cette façon de procĂ©der renvoie Ă  une vision racialiste que nous condamnons avec la plus grande fermetĂ© car ne correspondant en rien Ă  une dynamique antiraciste fondĂ©e, tout au contraire, sur le vivre ensemble et la rencontre »[82]. Son prĂ©sident Dominique Sopo considĂšre que le concept de non-mixitĂ© est « aberrant et irresponsable » dĂ©plorant un « retour aux catĂ©gories raciales » et s'indigent que les gens qui la dĂ©fendent « s’arrogent le droit de dĂ©terminer qui est afrodescendant »[83].

Racisme

Alors prĂ©sident de la LICRA, Alain Jakubowicz Ă©crit en 2016 : « DĂ©signer “le Blanc” comme symbole dominateur d’un prĂ©tendu “racisme d’État” qui sĂ©virait en France, c’est ĂȘtre raciste. Quitter une rĂ©union fĂ©ministe en raison du trop grand nombre «de meufs blanches et assimilationnistes», c’est aussi ĂȘtre raciste. Revendiquer le communautarisme et accueillir Ă  bras ouverts le fondamentalisme religieux pour “guĂ©rir la France de l’islamophobie”, c’est offrir Ă  l’extrĂȘme droite un boulevard pour promouvoir une conception contre-nature de la laĂŻcitĂ©[84]. » Il critique aussi le caractĂšre identitaire, symĂ©trique de l'extrĂȘme droite, de rĂ©union en non-mixitĂ© racisĂ©e d'un groupuscule Ă  l'universitĂ© Paris-8[85].

Proche des mouvements syndicaux, le parti politique La France insoumise est aussi majoritairement opposĂ© Ă  la non-mixitĂ©. Bien que la dĂ©putĂ©e DaniĂšle Obono aille Ă  contre-courant de l'avis du parti en affirmant que « la pratique de la non-mixitĂ© n'est pas dangereuse dans le sens oĂč c'est une pratique qui rĂ©pond, Ă  un moment donnĂ©, Ă  des besoins d'une catĂ©gorie », le dĂ©putĂ© Alexis CorbiĂšre affirme ĂȘtre « universaliste et rĂ©publicain » et considĂšre que « ce qu'il y a de formidable dans notre pays, c’est qu’il est basĂ© sur la dĂ©claration des droits de l’Homme et du citoyen. Les Hommes naissent et demeurent libres et Ă©gaux en droit. Et si on rentre dans un systĂšme, fĂ»t-ce au nom du fait qu’il y a des discriminations qu’il faut combattre, oĂč des rĂ©unions sont ouvertes Ă  certains et pas Ă  d’autres, je crois que nous avons perdu ». De son cĂŽtĂ©, son collĂšgue Adrien Quatennens affirme que « le fait de tenir des rĂ©unions syndicales qui font le tri de maniĂšre raciale me pose un problĂšme Ă©vident. Moi je suis pour que les rĂ©unions soient ouvertes Ă  tous »[86]. Jean-Luc MĂ©lenchon affirme quant Ă  lui « ĂȘtre choquĂ© mĂȘme par l'idĂ©e qu'on puisse appeler une rĂ©union 'racialisĂ©e' », indiquant « qu'il ne croit pas Ă  l'existence des races », tout en affirmant qu'« il y a plein de gens qui ont souffert de racisme, de la discrimination, qu'ils Ă©prouvent une espĂšce de sentiment rĂ©confort parfois Ă  se retrouver ensemble. Ça c'est l'Ă©chec de la RĂ©publique »[87].

FrĂ©dĂ©ric Potier, dĂ©lĂ©guĂ© interministĂ©riel Ă  la lutte contre le racisme, l'antisĂ©mitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), dit ĂȘtre « gĂȘnĂ© » par le concept de non-mixitĂ© raciale, tout comme ceux de « blanchitĂ© », « souchiens » ou « non-souchiens ». Selon lui « on est dans de l’assignation identitaire. Je suis un homme blanc, donc il faudrait que je sois forcĂ©ment un mĂąle dominant ou un post-colonisateur
 ». Il s’interroge Ă©galement de la maniĂšre dont ceux qui dĂ©fendent la non-mixitĂ© considĂšrent « la question des personnes mĂ©tisses »[88].

Notes et références

Notes

  1. Un postulat de base de la thĂ©orie de la dominance sociale — qui vise Ă  apporter une explication scientifique aux phĂ©nomĂšnes de prĂ©jugĂ©s, d'oppression ou de discrimination entre groupes sociaux — Ă©nonce que « chaque sociĂ©tĂ© peut se caractĂ©riser par l'existence de hiĂ©rarchie sociale avec au sommet un groupe hĂ©gĂ©monique et des groupes dominĂ©s Ă  la base. Ainsi la plupart des formes de conflits et d'oppression rĂ©sulteraient de la lutte des groupes dominants et dominĂ©s pour maintenir et/ou amĂ©liorer leur position sociale au sein de la hiĂ©rarchie sociale[3]. »
  2. Julien Talpin, chercheur en sciences politiques, est directeur adjoint du Centre d'Ă©tudes et de recherches administratives, politiques et sociales (CNRS, Lille)[14].
  3. GaĂ«l Pasquier soutient en 2013 sa thĂšse « Les pratiques enseignantes en faveur de l’égalitĂ© des sexes et des sexualitĂ©s Ă  l’école primaire : vers un nouvel Ă©lĂ©ment du curriculum ». Ses recherches portent sur les politiques Ă©ducatives et les pratiques enseignantes en faveur de l’égalitĂ© des sexes et des sexualitĂ©s Ă  l’école primaire[30].
  4. Son président, Alain Jakubowicz, y voyant un « racisme qui ne dit pas son nom »[48].
  5. Pour l'association : le camp, « un rassemblement ouvertement raciste organisé par des individus qui ont choisi de transformer leurs névroses identitaires en haines politiques », n'a aucun rapport avec l'antiracisme[47]
  6. Pour Les Inrocks, S. Zappi, ex-militante d’extrĂȘme gauche, est « la voix des banlieues au journal Le Monde »[56].
  7. Audrey CĂ©lestine, Docteure en science politique de l’IEP de Paris[58], est maĂźtre de confĂ©rence Ă  l’universitĂ© de Lille et chercheuse au CECILLE et Ă  l’Institut des sciences sociales du politique (ISP-Nanterre)[59].

Références

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