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Raphaël Viau

Raphaël-Marie Viau, né à Nantes le [1] et mort à Paris le [2], est un journaliste français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Raphaël Viau
Image illustrative de l’article Raphaël Viau

Naissance
Nantes
Décès
Paris
Nationalité Drapeau de la France Français
Profession Journaliste
Années d'activité 1889-1922
Historique
Presse Ă©crite La Libre Parole

Biographie

Fils de Victoire-Marie Viau, une tailleuse nantaise, Raphaël-Marie Viau est né de père inconnu[1].

Avant 1892

Républicain aux idées « teintées d'un vague socialisme idéaliste »[3], Viau se lance dans le journalisme en 1889, en fondant l'hebdomadaire Le Peuple avec son ami Louis Guillet. Influencé par La France juive d'Édouard Drumont, qu'un ami lui avait fait découvrir à la fin de l'année 1887, il fait du Peuple une feuille antisémite dont le ton, volontiers diffamatoire, vaut au jeune journaliste une condamnation en correctionnelle ainsi que trois provocations en duel. Lors de l'un de ces affrontements, il est d'ailleurs grièvement blessé, une balle lui ayant traversé les côtes.

Dix ans Ă  La Libre Parole (1892-1902)

Affiche pour un ouvrage de Viau préfacé par Drumont (1898).
Dessin antisémite publié par Viau en 1900.

En , Viau quitte Nantes pour s'installer à Paris, où il entre comme journaliste à La Libre Parole fondée et dirigée par Drumont, qu'il sert brièvement comme secrétaire particulier entre le mois d' et le début de l'année 1894. Écrivant sous son véritable nom ou sous le pseudonyme de Passavant, il gagne une relative notoriété à partir de 1895. L'année suivante, il couvre la grève des allumettières, en faveur desquelles il organise une souscription, suivant en cela l'idée de son confrère et ami Marius Gabion, rédacteur au Temps[4]. À cette époque, il est également en bon termes avec le directeur du journal de gauche La Lanterne, le socialiste Aristide Briand, lui aussi d'origine nantaise[5]. Cette même année 1896 et jusqu'en 1900, il est chargé d'une campagne contre le jeune Henri de Rothschild, dont un garde avait abattu un braconnier coyen dans la forêt du Lys à Lamorlaye[6].

En 1898, en collaboration avec son collègue François Bournand, Viau fait paraître Les Femmes d'Israël, que l'historien Éric Fournier considère comme « l'un des plus ignobles ouvrages antisémites de l'époque »[7].

Ses articles dans La Libre Parole lui valent neuf duels :

  • le , une rencontre au pistolet avec Maurice Schwob, directeur du Phare de la Loire (deux balles, sans rĂ©sultat)[8] ;
  • le , un duel Ă  l'Ă©pĂ©e avec Maxime Dreyfus (celui-ci est blessĂ© au bras gauche)[4] ;
  • le , un duel Ă  l'Ă©pĂ©e avec Albert Verelst, ancien sous-prĂ©fet et collaborateur de La Revue moderne sous le pseudonyme d'Ernest Jungle (Viau est blessĂ© au bras droit)[4] ;
  • le , un duel avec F. Bloch, directeur de la manufacture d'allumettes de TrĂ©lazĂ© (deux balles Ă©changĂ©es sans rĂ©sultat)[4] ;
  • le , un duel Ă  l'Ă©pĂ©e avec Germain Mayer, directeur de la manufacture de Saintines (Mayer est blessĂ© Ă  l'aisselle)[4] ;
  • le , une rencontre Ă  l'Ă©pĂ©e avec le dreyfusard belge Lucien Anspach (Viau est blessĂ© au poignet droit)[9] ;
  • le , un duel au pistolet avec le dreyfusard Laurent Tailhade (deux balles, sans rĂ©sultat)[10] - [11] ;
  • le , un duel Ă  l'Ă©pĂ©e avec le lieutenant Bickart-Dreyfus (Viau a la joue gauche percĂ©e)[12] - [13] ;
  • fin , un duel Ă  l'Ă©pĂ©e avec Jules Huret du Figaro (Viau est blessĂ© Ă  l'Ă©paule droite)[14] - [15].

Le , Viau est violemment frappĂ© par un diplomate bruxellois, Maurice Bischoffsheim (père de Marie-Laure de Noailles), qui avait Ă©tĂ© ulcĂ©rĂ© de se voir citer comme « juif Â» dans le compte-rendu de l'agression du prĂ©sident Loubet par le baron Christiani Ă  l'hippodrome d'Auteuil[16]. L'annĂ©e suivante, un article diffamatoire contre Henri de Rothschild vaut au journaliste une nouvelle condamnation en correctionnelle[6].

À l'instar de plusieurs autres journalistes de La Libre Parole, Viau collabore en 1899 au supplément illustré de L'Antijuif de son ami Jules Guérin, pour lequel il réalise certaines caricatures (les autres étant l’œuvre du dessinateur L. Roze)[17]. Quelques mois après l'épisode du siège de Fort Chabrol, Viau témoigne en faveur de Guérin et de Jacques Cailly devant la Haute Cour[14].

Après 1902

En 1902, GuĂ©rin et Drumont s'Ă©tant brouillĂ©s, Viau et plusieurs de ses collègues (Bournand, Émile Duranthon et Henri Vernier) quittent La Libre Parole pour rejoindre, aux cĂ´tĂ©s de Gyp, un nouveau journal intitulĂ© La Tribune française et lancĂ© le 1er septembre par l'ancien assiĂ©gĂ© de Fort Chabrol[18]. Mais ce nouveau titre, peu lu, pĂ©riclite rapidement et cesse de paraĂ®tre au bout d'un an. Quelques annĂ©es plus tard, il renonce Ă  l'antisĂ©mitisme, dont il retracera la grande Ă©poque dans Vingt ans d'antisĂ©mitisme en 1910, mais reste fidèle Ă  la mĂ©moire de son « maĂ®tre Â» Drumont : en 1917, Viau et sa fille Esther figurent parmi les rares assistants du transfert du tombeau de l'Ă©crivain au Père-Lachaise[19].

Devenu le rédacteur en chef du Petit indépendant de la Dordogne et du Journal de la Dordogne, bihebdomadaire conservateur, il confie la critique artistique et littéraire de ce dernier périodique à son ami Bournand, tandis que le secrétariat est assuré par Gabrielle Viau, née Piraux[20] (que Raphaël a épousée en 1899)[21]. Il collabore régulièrement au Gaulois à partir de 1915.

Le , Raphaël Viau meurt subitement en son domicile du no 15 de la rue Carrier-Belleuse. Ses obsèques sont célébrées le en l'église Saint-Lambert de Vaugirard[22].

Références

  1. Registre des naissances du 3e canton de Nantes, acte no 243 du 15 juillet 1862.
  2. Archives de Paris, 15D 302 : registre des décès du 15e arrondissement, acte no 547.
  3. Vingt ans..., p. 2.
  4. Vingt ans..., p. 103-108.
  5. Vingt ans..., p. 171-173.
  6. Vingt ans..., p. 111-122, 134-135 et 272-274.
  7. Éric Fournier, La Cité du sang (illustrations de Gil), Libertalia, 2008, p. 82.
  8. Vingt ans..., p. 91.
  9. Vingt ans..., p. 183.
  10. Vingt ans..., p. 186.
  11. Gil Blas, 11 juillet 1898, p. 1.
  12. Vingt ans..., p. 221-223.
  13. Gil Blas, 18 mars 1899, p. 1.
  14. Vingt ans..., p. 260-261.
  15. Gils Blas, 1er décembre 1899, p. 1.
  16. Vingt ans..., p. 199-202.
  17. Vingt ans..., p. 191.
  18. Vingt ans..., p. 313-314.
  19. Le Gaulois, 8 novembre 1917, p. 1.
  20. Paul Bluysen (dir.), Annuaire de la presse française et étrangère et du monde politique, 1908, p. 723.
  21. Registre des mariages du 10e arrondissement de Paris, acte no 846 du 29 juin 1899. Les témoins sont l'avocat Joseph Ménard, le négociant Paul Seuret, ainsi que deux journalistes de La Libre Parole, Bournand et le commandant Octave Biot.
  22. Le Radical, 4 février 1922, p. 2.

Ĺ’uvres

  • (Avec François Bournand) Les Femmes d'IsraĂ«l, Paris, A. Pierret, 1898.
  • Ces Bons Juifs ! (prĂ©face d’Édouard Drumont), Paris, A. Pierret, 1898.
  • Le Manuscrit de MoĂŻse-Isidore-Abraham LĂ©vy, Paris, Librairie antisĂ©mite, 1900.
  • Bonne idĂ©e de Mme Kahn, pièce crĂ©Ă©e au Théâtre de l'AthĂ©nĂ©e le .
  • Oh ! Ces JĂ©roboam !, Paris, Librairie antisĂ©mite, 1901.
  • (Avec Eugène Rouzier-Dorcières) OhĂ©, la Sorcière !, revue en un acte et deux tableaux, crĂ©Ă©e le au Théâtre de la Grande-Roue.
  • (Avec Paul de Martigny) La Tiare de Salomon, 1907.
  • Vingt ans d'antisĂ©mitisme 1889-1909, Paris, Fasquelle, 1910.
  • (Avec François Bournand, sous le pseudonyme collectif F.-R. HervĂ©-Piraux) Histoire des petites maisons galantes, Paris, Daragon, 3 volumes, 1910-1912.
  • (Avec Alfred Pierret), Les Plumes d'Icare (pièce), 1911.
  • Une Femelle, Éditions Modernes, 1921.
  • Les Charmes de l'amour conjugal : Mon « Mien Â» joli !! MĹ“urs contemporaines, Éditions Modernes, 1921.
  • Une Lune de miel en vacances (roman).
  • Les Trompettes de JĂ©richo (roman).
  • FĂ©licitĂ© est naĂŻve, comĂ©die en un acte.

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