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Puck (magazine)

Puck est un magazine hebdomadaire satirique illustré américain publié de à .

Puck
Image illustrative de l’article Puck (magazine)
Columbia en couverture du numéro du . Gravure d'Ehrhart d'après un dessin de Dalrymple.

Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue Anglais, allemand (1871-1882 ?)
Périodicité hebdomadaire
Genre satirique humoristique
Date de fondation 1871
Date du dernier numéro 1918
Ville d’édition St. Louis, puis New York

Propriétaire Keppler & Schwartzmann Publishing Co.
ISSN 1094-6489

Histoire du magazine

Puck est fondé en par le dessinateur autrichien Joseph Ferdinand Keppler, réfugié[1] aux États-Unis depuis au moins 1867, à Saint-Louis (Missouri). Il s'associe à son compatriote Adolph Schwartzmann (1838-1904)[2] et c'est d'abord une édition hebdomadaire en langue allemande destinée à la communauté germanophone qui est publiée. Puck appartient ainsi à la catégorie de la presse ethnique. En outre, le magazine est illustré de caricatures, pour la plupart dessinées par Keppler et exécutées à partir de gravures sur bois ; il n'est pas certain que l'impression fut en plusieurs couleurs. Cette édition prend fin en [3].

Le périodique se voulant satirique, il emprunte son nom à un personnage espiègle de l'œuvre de William Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été : Puck. Plus tard, un sous-titre est ajouté, « What fools these mortals be » (« Quels fous que ces mortels »), tiré de la même œuvre shakespearienne[4].

La rédaction s'installe ensuite à New York, pour une nouvelle série qui démarre le , toujours en allemand ; l'édition anglophone de Puck: A Humorous and Satirical Weekly démarre véritablement, le au prix de 10 cents pour 16 pages en moyenne (et ira jusqu'à 32 pages). Progressivement, les unes passent en couleurs, grâce à un emploi de la chromolithographie. Au fil des années, Keppler fait appel à de nouveaux dessinateurs comme Opper, Louis Dalrymple, Tom Merry, etc. L'édition germanophone semble s'arrêter au début des années 1880. Le principal concurrent est l'Illustrated Newspaper dirigé par Frank Leslie, que Puck dépasse bientôt par des ventes de plus en plus élevées, atteignant les 85 000 exemplaires par semaine.

En 1884, Puck soutient le candidat démocrate Grover Cleveland à la présidence. Les Républicains décident de contre-attaquer en créant Judge, débauchant même des dessinateurs[5].

En 1885, débute la construction d'un nouveau siège social, qui va devenir le Puck Building, énorme bâtisse de couleur rouge, située entre Lafayette et Houston Street, à Manhattan. C'est bientôt une maison d'édition, la Puck Publishing Company, qui édite, en plus du périodique, de nombreux suppléments, des albums illustrés, etc. Les bâtiments incluent un étage dévolue à l'impression (rotatives en noir, presses lithogravure).

En 1888-1890, il existe une édition londonienne du magazine.

L'année 1893 fut particulièrement lourde pour Keppler, il avait décidé d'associer Puck à l'exposition internationale de Chicago, l'organisation d'une édition spéciale lui pesa, sa santé en souffrit et il mourut peu de temps après, en . Henry Cuyler Bunner (1855-1896), associé de longue date, prit le relais jusqu'à sa mort.

Entre 1902 et 1916, c'est le fils de Keppler, Udo dit « Joseph Keppler Junior » (1872-1956), qui prend la direction du magazine. Puck évolue et passe sur papier glacé et à une formule en quadrichromie. Les tirages restent stables à près de 100 000 exemplaires tandis que les illustrations du magazine deviennent des véritables références en matière de dessin de presse[6].

Par ailleurs, au début du XXe siècle, la publication de Puck s'inscrit dans l'ère progressiste aux États-Unis. La magazine, très engagé, prend position contre les profondes inégalités de la société américaine de son temps et notamment contre les entreprises monopolistiques qui paralysent l'économie du pays, à l'image de la Standard Oil[7]. Puck fait ainsi pleinement partie de la presse réformatrice qui souhaite que le Gouvernement fédéral agisse contre les dérives de certaines entreprises et pour la moralisation d'une vie politique minée par la corruption[8]. Ce sont les présidents républicains William McKinley (1897-1901), Theodore Roosevelt (1901-1909) et William Taft (1909-1913) qui vont permettre une mise en œuvre de ces « politiques progressistes »[9]. Pour autant, Puck ne s'aligne toujours pas sur le Grand Old Party et n'hésite pas à critiquer la présidence de Theodore Roosevelt dont il estime la politique trop modérée[10].

Au cours des années 1910, malgré un relatif succès, le magazine connaît des difficultés croissantes. À l'heure de la société de consommation, un tirage à 90 000 exemplaires est trop faible pour faire face aux périodiques concurrents qui, pour certains, tirent à environ 1 000 000 d'exemplaires. Puck vit en fait sur un lectorat qui lui est fidèle depuis ses débuts mais qui peine à s'agrandir et à se renouveler[11]. Fin 1916, le magazine est vendu au groupe de presse de William Randolph Hearst, qui passe à une formule mensuelle mais ne parvient pas à enrayer la chute des ventes. Le dernier numéro du magazine satirique est publié le .

Direction

  • Joseph Ferdinand Keppler (1871-1894)
  • Sydney Rosenfeld (1877-1878), rédacteur en chef
  • Henry Cuyler Bunner (1894-1896), rédacteur en chef
  • Harry Leon Wilson (1897-1901)
  • Udo Joseph Keppler Jr (1902-1916)
  • John Kendrick Bangs (1904-1905), rédacteur en chef
  • Arthur H. Folwell (1905-1916), rédacteur en chef
  • Karl Schmidt (1916), rédacteur en chef
  • William Randolph Hearst (1917-1918)

Contributeurs

Galerie

  • Évolution graphique de la couverture
  • « The Country is in a dreadful state! » par Joseph Keppler, nouvelle série, no 2 (mars 1877)
    « The Country is in a dreadful state! » par Joseph Keppler, nouvelle série, no 2 ()
  • « Look before you eat » par Opper, no 366 (12 mars 1884)
    « Look before you eat » par Opper, no 366 ()
  • « Jack The Ripper » par Tom Merry (édition londonienne, 21 septembre 1889)
    « Jack The Ripper » par Tom Merry (édition londonienne, )
  • « The democratic microbes » (les microbes démocratiques) de J. S. Pughe (27 avril 1904)
    « The democratic microbes » (les microbes démocratiques) de J. S. Pughe ()
  • « The Harem Girl » par Bert Green (29 mars 1911)
    « The Harem Girl » par Bert Green ()
  • « The Queen of Hearts » par Walter Dean Goldbeck (25 mars 1914)
    « The Queen of Hearts » par Walter Dean Goldbeck ()
  • « The Lie of the Last Minstrel » par Ralph Barton (19 mai 1917)
    « The Lie of the Last Minstrel » par Ralph Barton ()
  • Quelques pages célèbres
  • « Typographical Art », un avant-goût des émoticônes (30 mars 1881)
    « Typographical Art », un avant-goût des émoticônes ()
  • « Monopoly Millionaires Dividing the Country » par Opper (double-page centrale, 1885)
    « Monopoly Millionaires Dividing the Country » par Opper (double-page centrale, 1885)
  • « School Begins » par Dalrymple (25 janvier 1899)
    « School Begins » par Dalrymple ()
  • « The Infant Hercules and the Standard Oil serpents » par Nankivell (23 mai 1906)
    « The Infant Hercules and the Standard Oil serpents » par Nankivell ()

Notes et références

  1. Deux hypothèses expliquent ce voyage définitif de Keppler et cette volonté de quitter Vienne : son père y vivait déjà, ayant fui l'Autriche après la révolution de 1848 ; d'autre part, en 1866, eut lieu la guerre austro-prussienne : Keppler, plus ou moins comédien, marié à l'actrice Mina Rubens, voulait peut-être échapper à la conscription.
  2. (en)Nécrologie d'Adolph Schwartzmann, in Los Angeles Herald, 5 février 1904.
  3. (en) « Keppler, Joseph » par Catherine Palmer Mitchell, in Dictionary of American Biography, volume V, New York, Charles Scribner's Sons, p. 352–353.
  4. Harter 2022, p. 153
  5. Source d'autorité : Notice du Sénat américain, en ligne.
  6. Harter 2022, p. 155
  7. Harter 2022, p. 156
  8. Harter 2022, p. 156-157
  9. Postel 2016, p. 3-16
  10. Harter 2022, p. 158
  11. Harter 2022, p. 158-159

Bibliographie

  • Hélène Harter, « Puck. Un journal engagé au temps du progressisme », Parlement[s]. Revue d’histoire politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, no 35 « Le progressisme existe-t-il ? », , p. 153-159 (ISSN 1768-6520, e-ISSN 1760-6233, BNF 41395271, SUDOC 131778463, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Charles Postel, « TR, Wilson, and the Origins of the Progressive Tradition », dans David B. Woolner et John M. Thompson (dir.), Progressivism in America: Paste, Present, and Future, Oxford et New York, Oxford University Press, , 276 p. (ISBN 978-0-19-023141-5, OCLC 978298185, BNF 44497812, LCCN 2015016948, SUDOC 199578281), partie 1, p. 3-16.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Richard Samuel West, Satire On Stone, Chicago, University of Illinois Press, 1988, (ISBN 0-252-01497-9).
  • (en) Dan Backer, Puck's Role in Gilded Age Politics, University of Virginia, 1996 — en ligne.
  • (en) Michael Alexander Kahn et Richard Samuel West, Puck: What Fools These Mortals Be. America's first and most influencial magazine of color political cartoons , San Diego, IDW Publishing, 2014, (ISBN 978-1631400469).

Liens externes

Articles connexes

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